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LE COIN DU NANAR : FATAL

Avant-première à l’UGC-Ciné Cité de Bordeaux du franco-canadien « Fatal », le 03 juin, avec une présentation sommaire de Michaël Youn, Armelle, Isabelle Furnardo et Fabrice Eboué, ce dernier faisant ses débuts au cinéma – manképluksa ! – Il y avait également un chien forcément cabot, acteur du film, mais il faut rester au générique de fin pour le voir. Le tout était vaguement animé par un animateur d’une radio N.R.Vée – un certain Yanis, je sais pourtant que ce n’est pas bien de dénoncer -, il a posé une question existentielle à son auteur, montre-t-il son cul dans le film ? Michaël Youn, casquette, chaleureux et décontracté a mis en avant ses interprètes, il annonce que c’est son meilleur travail (sic, merci pour les autres). Armelle montrait une grande timidité, Youn animait l’ensemble avec entrain, avec le classique « si vous n’aimez pas le film, envoyez les gens que vous n’aimez pas ». Programme chargé et marathon pour ces comédiens au programme, au Mégarama à 19h00, à l’UGC à 20h15 au CGR Français à 20h92, à l’Appolo de Pontault Combault à 5h20, etc… Fatal Bazooka – joué par un Youn qui ne se ménage pas – est une institution du rap, a son propre parc d’attraction, vend des parfums basés sur son odeur corporelle, et vit comme un nabab. Lors d’une party, un nouveau venu Chris Proll veut en découdre avec lui et lui voler sa place de star, en surfant sur la vague écolo. Suit une compétition à grande dose de testostérone… Stéphane Rousseau, dans ce rôle, bradpittise avec beaucoup d’autodérision, son grand talent de showman est ici au service de ce rôle de chanteur à la mode qu’il campe avec conviction. La distribution est un mélange de comédiens pas encore trop compromis à l’écran, Ary Abittan en cynique animateur tête à claque, Jérôme Le Banner proprement tordant en gros bras avec une âme d’enfant, et l’inévitable Vincent Desagnat en musicien déglingué. Eboué ne convainc pas toujours tout à fait, et Isabelle Funardo parishiltonise à souhait. D’autres comédiens plus aguerris complètent le tableau comme Armelle qui y va franco dans un personnage d’Heidi d’opérette se montrant volcanique, le toujours parfait Jean Benguigui excelle en producteur véreux et Catherine Allégret surprend en mère savoyarde adepte de l’internet. On retrouve même, et c’est un come-back, Perrette Souplex en odieuse vieille dame hospitalisée raciste et haineuse. Elle a toujours une formidable présence, souhaitons que ce soit pour elle un nouveau renouveau pour sa carrière, selon IMDB, elle serait à l’affiche de « Les amours imaginaires ». Vu dans des conditions pas trop optimales, avec 3 bobos trentenaires, assis à côté de moi, l’un dormait presque sur mon épaule, un autre utilisait allègrement son portable, le troisième jouait au foot avec le fauteuil de la spectatrice devant lui, visiblement rétive à ce sport. Au final elle se fera même insulter en prime car elle se défendait tout de même.

 

Michaël Youn & Armelle Lesniak dans « Fatal », photo source Universal Pictures International France   

Le premier film de Michaël Youn n’a rien de déshonorant. Pour rappel, la notion « coin du nanar » distingue les films pour lesquels on peut avoir de la sympathie. Malgré quelques maniérismes de mise en scène, le film a parfois un ventre mou, mais il y a une volonté évidente de garder un rythme, de faire un maximum de vannes. Il flirte carrément avec le potache, voir la scène « du pruneau cuit, pruneau cru, la statue femme fontaine ». Il y a même des moments d’authentique délire, telle la scène de l’attaque de la meule de fromage infernale dévalant une montagne, digne des meilleurs cartoons. Il égratigne les mœurs de son temps et de ses contemporains – tel le chanteur Gaëtan, on en reconnaît aisément la cible – Mine de rien, son portrait de rappeur vivant une descente aux enfers, a des échos sur sa propre personnalité, sur son comportement d’écorché vif qui voudrait tourner avec Patrice Chéreau et toujours sur la défensive, et de son expérience télévisée où il fut adulé pour être décrié au cinéma. Il y a même un constat assez amer du vedettariat, et voire même complètement désabusé, le public ne se laissant pas attendrir, ils veulent toujours plus de trash, ce que l’on constate de plus en plus, voir la dernière merdaille proposée par l’ineffable Alexia Laroche-Joubert. Il démontre toujours son talent, j’ai eu un jugement par trop réducteur pour  le cornichonesque « Incontrôlable », et  le mésestimé « Héros », ou même « Coursier » pas totalement antipathique. Selon le dernier numéro de Brazil, Michaël Youn remet le couvert en septembre prochain comme réalisateur, on ne peut que l’encourager, nous avons peut-être notre Mike Myers français.

LE COIN DU NANAR : JOURS TRANQUILLES À CLICHY

Planquez vous, profitant de l’abandon d’une certaine tendance nécrophage de ce blog foutraque, voici le retour du « Coin du nanar »… On reproche souvent à Claude Chabrol – dont je suis un inconditionnel -de toujours faire le même film, mais dans un canevas semblable il a toujours su se renouveler ressuscitant même Gérard Depardieu ces derniers temps, c’est dire… « Jours tranquilles à Clichy » est un film curieux, comme « Docteur M. », hommage à Fritz Lang tourné par la suite, souffrant un peu de la mode « euro-puddinge » encore en vigueur dans cette fin des années 80, et aube des années 90. Marin Karmiz a refusé de le produire – il avait alors du nez, curieux itinéraire pour ce réalisateur de « Camarades », devant tomber sous le charme des sirènes de Nicolas S. -. Une analyse de Thierry Jousse dans le numéro des Cahiers du cinéma, spécial Claude Chabrol, paru en octobre 1997,  résume d’ailleurs parfaitement ce film : « Collection de souvenirs d’un vieil érotomane fatigué, ce film est un fantasme égaré dans le monde du cinéma. Un fantasme hautement improbable. Parce qu’il est saugrenu de voir les mots de Henry Miller sous la caméra de Chabrol. Parce que tout y est toc : casting, décors, doublage, coproduction franco-italo-allemande, parlée en anglais. Même la chair des filles prend l’air lisse des peaux sans histoire ». Bon ça commence plutôt mal avec un Andrew McCarthy mal grimé façon vieux, en Henry Miller égrillard devant une jeune femme nue qui se refuse, un mystérieux cortège en deuil attendant derrière une porte vitrée. Il y a un décor assumé type Cinecitta lourdingue, type coucher de soleil, annonciateur d’un Chabrol nous déclarant en catimini ne pas croire à ce film ? Là on comprend très vite qu’il faut laisser en berne les souvenirs affriolants à l’adolescence de lecture d’Henry Miller en visionnant une sublimation du sordide de ce génial écrivain. Que celui qui n’a jamais été émoustillé par la lecture de « Sexus » et autre me jette la première bobine de film… Suit un plan sur un exemplaire du journal du « Temps » gisant dans un caniveau, et des badauds marchant allégrement, dont le pas est égaillé par une post synchro des plus approximatives. Un Nigel Havers émacié et McCarthy campant Miller jeune homme se recueillent devant le corps de Manouche, une prostituée embaumée façon baroque, dont le corps va être incinéré. « Le cul de plus chaud de Paris, réduit en cendres ! » pérore le Havers. Havers et Mc Carthy sympathisent parlant de Proust et d’huîtres – de la chair bien vivante -sur fond de bière puis de Montrachet… Henri Attal passant par là, frime, prend son canotier et sort du restaurant. Les deux zigues ramènent une blonde platine « : « L’obscénité est la sainteté, le bien de la chair », citant D. H. Lawrence, déclare l’un…. « Pas de littérature, on est saturé » répond l’autre… Le ton est donné. Les compères sympathisent, les mouvements de caméras sont trop présents, le reste est une visite licencieuse des lieux mal famés de Paris version « cartepostalesque ».

Une orgie selon Chabrol, photo source « Toutlecine.com »

Un saugrenu propose à Miller de se détendre « … Comme la fleur du lotus prise par la neige ». L’érotisme soft, façon fin de soirée de la sinistre M6, est assez terne, mais la désabusion – chère à Nino Ferrer – est assez communicative. Arrive Stéphane Audran – Jeanharlowisée aussi – accompagnant tardivement les pérégrinations nocturnes des deux gus qui dissertent sur la cruauté du Pernod. Les deux larrons vont naviguer de fantasmes en fantasmes, sur fond de nostalgie proustienne. Arrive la supposée petite fille de Manouche – Stéphanie Cotta, fille de Michèle, disparue de nos écrans désormais -, dont la venue va gripper un peu un certain mécanisme d’insouciance forcée. La distribution est au final assez incongrue, les personnages féminins sont décrits avec une rare misogynie – elles sont vénales –comme la belle Barbara de Rossi mariée à un notable rouannais, jaloux et amateur de fromage, campé par… Dominique Zardi, répondant au doux prénom de Gustave. Il faut le voir affublé d’une fausse moustache envahissante et en prime l’entendre doublé en anglais… On retrouve Henri Attal se promenant durant tout le film, Mario Adorf en éditeur roublard, Anna Galiéna qui seule apporte un peu de charme dans un rôle amusant de femme quelque peu borderline, Thomas Chabrol, qui devait passer par là, et même Paul Bisciglia en poinçonneur du métro vindicatif – info ou intox ? -. Une arnaque chère à Chabrol, mais ce dernier jurait que « Le sang des autres » fut la dernière. Quand on lit au sujet de ce dernier film, la définition suivante semble répondre parfaitement à ces « jours tranquilles » : « ..C’est faire des trucs qui me font chier pour faire du pognon tout en montrant bien aux copains que ça me fait chier en même temps. Mentir au mec en lui promettant un beau film. Dieu sait si j’ai pratiqué !, mais je ne le fais plus. Réfléchissons : sur les dix ans, me suis-je tellement plus baladé qu’avant ? » (« Les cahiers du cinéma » N°437, novembre 1990). La vision de cette bizarrerie nous laisse un tantinet perplexe mais Chabrol devait nous régaler d’un de ces plus grands films par la suite avec « Betty », le plus grand rôle de Marie Trintignant.

LE COIN DU NANAR : LA GRANDE MAFFIA…

Une pensée pour ce pôôôvre Vincent Bolloré qui est dans la tourmente…. Il est difficile de ne pas s’émouvoir devant le sort de cet homme, 451ème fortune mondiale, ce qui est assez chiche, convenons-en, même pour la France qui se lève tôt. Pourtant, pour recevoir un nouvel élu de la république – confit dans son arrogance – dans son joyeux yacht Paloma, il a dû en faire des efforts et des sacrifices. Prenons en exemple sa chaîne, Direct 8, petit prodige du PAF… En effet, on peut faire une chaîne de la TNT dans l’improvisation, avec le budget d’une télé locale ou d’un pays de l’Europe de l’Est au P.I.B. anémique. Enfin les amateurs, les hésitants peuvent faire leurs premières armes sans être dérangés par le CSA, qui touchée par cette maladresse, a enfin l’occasion de baisser les armes, en louant cette capacité de faire de la télévision sans la moindre idée saugrenue d’innovation. On exhume en passant quelques animateurs de la trash TV, trouvant le moyen d’expier leurs fautes dans l’honneur, la France du mérite, quoi… Mine de rien, cette chaîne, au moins, montre la grande richesse de l’identité nationale notre grand cinéma. Prenons en exemple, « La grande maffia…. », film de 1971 de notre génial Philippe Clair, une rareté, s’il en est… Merci Vincent, grâce à vous, enfin, nous avons l’occasion de voir cet incunable de notre cinéma. L’histoire est assez édifiante, Modeste Miette – Francis Blanche qui semble moyennement être concerné par l’agitation ambiante -, est employé timoré de la banque Rotfeller – mort de rire ! -. Ce bureaucrate est en prime allergique à la paperasse… qui lui déclenche une allergie ! Trois truands se sont infiltrés dans les lieux – les « Tontos » (sic), trio de comique italiens dont Aldo Maccione, 1 an après sa découverte en France dans « Le voyou » de Claude Lelouch -. Ces criminels maffieux sont assez potaches, allant jusqu’à humilier constamment le pauvre Modeste, qui trompe sa frustration en lorgnant sur la superbe plastique de Chantal Nobel, figurant une secrétaire sexy. Il y a bien Mlle Pussiau – Micha Bayard irrésistible et pour une fois dans un rôle sympathique -, qui est amoureuse transie de Modeste, mais son air rébarbatif et son improbable perruque filasse, n’aident pas beaucoup à sa séduction. Les facéties continuent, entre deux entraînements forcés d’un petit chef de service énervé et bondissant, qui pousse ses troupes à l’excellence – joué par Sim, toutes ressemblances… -. Epuisé, Modeste finit par avoir une crise cardiaque, après avoir trouvé une souris blanche tontosienne placée dans son tiroir. Le bouche-à-bouche de Mlle Pussiau, n’étant pas très efficace – elle aspire… -, un interne survolté qui se prend pour un toréro – André Gilles, comédien souvent sous-utilisé -, finit par se prendre pour le professeur Barnard, et lui greffe le cœur du chef des Tontos, celui d’Al Cartone – re-mort de rire…-. Modeste avec son nouveau cœur finit par se prendre pour le célèbre gangster. Les pères des tontos – Michel Galabru, Achille Zavatta et Serge Davri, qui heureusement pour eux n’ont que deux scènes, finissant en prison, Norbert devient le nouveau chef maffieux, gageons que Francis Coppola, a du s’inspirer de ce film pour son célèbre « Parrain ». 

Francis Blanche

Philippe Clair, avec son bagou, habituel, aime à envoyer valdinguer le bon goût, il raille tout ce qui est à sa portée, en franchissant allégrement la ligne jaune, en se moquant des nains, des obèses, des déviants de toutes sortes. Mais concédons lui d’avoir voulu sortir le cinéma comique français de l’ornière du vaudeville. Mais c’est pour se planter assez lamentablement, il fait de grands efforts assez vains d’accélérations, de distorsions d’images, et d’accélération généralisée des plans à défaut de lui donner du rythme. On sourit à quelques gags, comme un liquide vert coulant d’un feu rouge détruit, mais l’ensemble est assez vain. Il était pourtant visible que Philippe Clair avait pensé aux Marx Brothers, de par la manière de laisser toujours une dizaine de personnes dans chaque plans. L’absurdité générale finit par avoir son charme, comme Francis Blanche attaquant une banque déguisé en « Papa Schultz » du film de Christian-Jacque « Babette s’en va-t-en guerre », en déclarant : « C’est un costume qui me restait d’un vieux film » ! Les dialogues sont débiles à souhait, ce qui ne gâte rien, exemple : – les Tontos (avec accent italien) : « On était sûr Jour H, que c’était l’heu(o)re J », Michel Galabru : « L’orgie ? Ah non, l’heure J »… Mais il y a une distribution hallucinante, Jean Rupert, Gilbert Servien et le cher Henri Attal en employés de bureaux, Annick Berger en mamma envahissante, Dominique Zardi et Gérard Croce en gangsters idiots, les nains Roberto – dans trois rôles – et Jimmy Karoubi en petit président de la banque, dont la petite taille est jugée comme nuisant à la crédibilité de sa fonction – toutes ressemblances…- , Rudy Lenoir en fumeur de cigare chauve, Bernard Lavalette en notaire bafoué, Ibrahim Seck en gangster noir qui bien évidemment veut manger Francis Blanche, Georges Douking en faux aveugle, Yves Barsacq en policier, Pierre Repp sempiternel bafouilleur dans son sketche habituel – il se définit comme premier sinistre !, Amarande en veuve délurée, Carlos – soutien de…-  en gendarme de campagne, et même Sidney Chaplin – fils de Charles Spencer – en banquier idiot. On retrouve même Philippe Clair agité au-delà du burlesque en curé pied noir énergique. Tous ce petit monde est bien évidemment en roue libre, et semble beaucoup s’amuser… Nous un peu moins. Mais ne disons pas trop de mal des ringards, car s’ils vous soutiennent, ils peuvent vous apporter la victoire… Le film vaut bien un label nanar culte, car Philippe Clair a une énergie débordante et le film se voit sans trop de déplaisir. L’excellent site Nanarland en parle d’ailleurs avec brio, comme « une coke filmique ». A lire leur analyse jubilatoire de ce film ici. Message personnel à Monsieur Vincent et son Direct 8 : Encore ! le potentiel de nanars du cinéma français étant inépuisable…

ARRÊTES DE RAMER, T’ATTAQUES LE VIEUX PORT

Restons dans l’acrimonie sur le cinéma français, malgré la bouffée d’air frais de la déclaration de Pascale Ferran dans la cérémonie des Césars. On le sait bien que l’on ne doit pas compter sur un Besson – que ce soit Eric et Luc -, mais prenons donc des nouvelles du maquignon du cinéma français. Ce Besson là, dépense beaucoup plus d’énergie à parfaire son image de vieux gamin sincère et citoyen – il est aussi convainquant que Nicolas Dupont-Aignan, quand il essaie de nous faire croire qu’il se sent concerné par la banlieue ou l’écologie -. On attend donc qu’il nous déclare qu’il ne « va pas révolutionner » le cinéma français mais « l’amender » et « l’améliorer » sur un certain nombre de points… On ne peut pas dire qu’il est passé à la quatrième vitesse avec ce « T4XI », en nous livrant sa dernière séquelle. Le seul gag probant du film est la mention du générique « scénario de Luc Besson » ! Il nous annonce que c’est le dernier opus de la série, mais doit-on le croire quand on a vu la fin ouverte de son fadasse « Arthur et les minimoys », quand il annonçait arrêter la réalisation, c’est cruel de nous faire de fausses joies… On retrouve donc l’équipe habituelle des crétins bessonniens, sans Marion Cotillard, heureusement pour elle. Le commissaire Gilbert – Pauvre Bernard Farcy brassant beaucoup d’air, mais on n’a pas tous les jours l’occasion de jouer le rôle de Charles De Gaulle -, doit recevoir à Marseille un grand truand belge pour qu’il soit jugé au Congo… Passons sur le cas de Samy Naceri, qui défraye souvent la chronique et qui n’a d’ailleurs pas grand chose à faire ici, et qui me fait penser à la déclaration du personnage joué par Peter Ustinov dans « Lola Montès » de Max Ophuls : « Si le récit de vos scandales ne suffit pas à emplir une soirée, on en inventera d’autres ». Frédéric Diefenthal, Edouard Montoute doivent meubler comme ils peuvent. Il a aussi deux gamins et Emma Sjöbert-Wyklund, créature bessonnante par excellence qui se partagent les vacuités du scénario. Quant à Jean-Christophe Bouvet en général déjanté, alors qu’il nous avait arraché un sourire ou deux dans les autres versions, est même ici carrément pathétique. Luc Besson qui a abandonné tout espoir de créativité ce dernier temps, nous sert un synopsis proche du vide abyssal. 

François Damiens, Jean-Luc Couchard & Mourade Zeguendi, où comment sauver les meubles

De plus il pille sans vergogne, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîîîtttreuuuu, tel « Les ripoux » (1984), – le coup de l’annuaire, les délires d’un commissaire après une prise de coke involontaire, gag que sublimait le génial Julien Guiomar -. Il nous ressert aussi l’idée des « Fugitifs » de Francis Veber, avec le grand Jean Carmet, où un vétérinaire voulant soigner le commissaire Gilbert, s’étant administré un calmant pour grands fauves, trouve qu’il a la truffe un peu chaude (mort de rire !). On connaissait son côté plagiaire, voilà qu’il assume ici sans états d’âmes. On a droit a deux guest stars Djibril Cissé et Patrick Poivre d’Arvor -co-prod avec TF1 oblige -, qui semblent se demander ce qui font là. Ses attaques contre Nicolas S., qui devraient nous être sympathique ne volent pas très haut, Bernard Farcy évoquant le « karcher », un gros sac sur lequel il est écrit « Ministère de l’Intérieur », servant à capturer une femme de ménage, sont plats et très loin d’être corrosives. C’est à la fois démagogue et ridicule. En prime, il fait parler ses silhouettes – car il n’y a aucun second rôle, Frédérique Tirmont ou Marc Andréoni, ne faisant que passer -… avec l’accent méridional, alors que l’on sait à la vision de la série de France 3 « Plus belle la vie », que plus personne ne parle de cette manière à Marseille… à part Michel Cordes bien sûr ! La seule bonne idée du film, est d’avoir repris les interprètes du réjouissant « Dikkenek », produit par « Europacorp » d’ailleurs, de manière assez opportuniste. Jean-Luc Couchard et François Damiens en grands méchants belges ont beaucoup de talent pour nous amuser ici, avec des situations aussi minimalistes, voir la pitoyable parodie du « Scarface » version De Palma.  Ils doivent avoir un talent certain d’improvisation… Retour donc à ses premières amours pour le sieur Besson, qui ne l’oublions pas était assistant réalisateur sur « Les bidasses aux grandes manœuvres » de Raphaël Delpard en 1981. Mais notre « mogulet » roublard et français a finalement raison, à quoi bon faire preuve de dignité quand on méprise son public, puisque cela marche. De la fumisterie hissée jusqu’au niveau des beaux-arts… Mais qui nous en débarrassera ? Passons charitablement sur le rôle de yes-man de Gérard Krawczyk – qui apparaît ici dans la salle des coffres d’une banque de Monaco -. On sait qu’il a beaucoup de talent, voir son film précédent La vie est à nous. Souhaitons qu’il revienne à une veine un peu plus personnel, que son prochain film, remake de « L’auberge rouge ».

LE COIN DU NANAR : ODETTE TOULEMONDE

Tout fout le camp, mon brave M. E.E. Schmitt, François Berléand vire à droite et soutient François Bayrou, après avoir évoqué son « charisme de nouille »… dans « Voici » ! – il est vrai « Politic circus » confine au grotesque ces derniers temps, mais tout de même… – le couple Chazal/Torreton bat de l’aile, Patrick Le Lay quitte TF1 – mais qui va nous vendre désormais du cerveau disponible ? -, Maurice Papon même mort, continue à être indigne, Jean-Luc Delarue mord un steward – encore un mythe qui s’effondre -. Bref, le moral général est en berne comme dit l’insupportable publicité « Ikéa » – que celui qui a réalisé cette pub, se dénonce -, pourquoi ne pas tenter une overdose de rose, un petit bain rafraîchissant de cuculterie, que vous nous proposez avec ce « film »,  « Odette Toulemonde » ! Il est tout même élu « Coup de foudre du public » (sic), comme vous l’annoncez avec grande modestie dans votre site officiel. A l’instar des ineffables « écrivains » Alexandre Jardin avec « Fanfan » et Didier Van Cauwelaert avec « Les amis de ma femme », passés à la réalisation, tout en atteignant des sommets dans le style des films gravissimes, on attendait donc beaucoup de vous comme réalisateur. De plus, un auteur qui a massacré l’œuvre de Dumas pour Josée Dayan, ne peut que ravir les amateurs de nanars, dont je suis. Attendant, la fin de la séance précédente, je commence à m’inquiéter, le public est content, trouve le film… rafraîchissant… Hein ? Le naufrage annoncé serait-il évité, le film convenable, j’en frémis d’avance…  Je suis très vite rassuré, c’est bien un naveton : Odette Toulemonde – Catherine Frot qui reprend son personnage d’ »Un air de famille », en plus gnangnan -, est une vendeuse modeste d’un grand magasin en Belgique. Mais elle semble avoir le don du bonheur, ce qui l’aide à subsister dans la « mornitude » comme dirait Ségolène, en compagnie de sa fille, une adolescente ingrate flanquée d’un jeune beauf aux pieds sales et son fils, un coiffeur homosexuel. Elle doit son optimisme béat à la lecture d’un écrivain populaire qui n’aspire qu’à la reconnaissance critique, – Albert Dupontel qui fait ici le grand écart, qui d’autre peut se targuer de passer d’ »Irréversible » de Gaspar Noé à ce type de film ? -. Odette est une fan maladroite, qui perd ses moyens à la vue de son idole. L’écrivain qui tente de se suicider après bien des malheurs – il s’appelle Balhazar Balsan, ce qui du meilleur goût quand on pense au suicide du producteur Humbert Balsan -. Il trouve du réconfort auprès d’Odette, après bien des péripéties ineptes. Le film est porté par ses deux interprètes, qui n’ont pas l’air d’y croire beaucoup, et les décors de Belgique – pour cause de co-prod – apportent une consistance, face à une absence de scénario et d’idées.

Catherine Frot, il faut que tu lévites ? non, il faut que tu l’évites !

Il faut voir Catherine Frot léviter à la moindre émotion, et voir comment vous répétez à l’envi la moindre de vous « trouvailles » – Pôôôvre personnage de Jésus -. Vous assumez vos clichés, mais on n’est pas obligé de vous suivre dans le premier degré. Grande première, Jacques Weber s’échappe du film de Catherine Corsini, « Les ambitieux » pour atterrir chez vous. Est-ce un effet secondaire d’abus de Danacol, mais il retrouve exactement le même rôle de critique infatué de lui-même – un rôle de composition de toute évidence… -. Mais bonne nouvelle, il ne fait que passer, vous avez eu pitié de nous… Vous transformez la pétulante et trop rare Camille Japy en nunuche intégrale, ce qui tient de l’exploit. Le sympathique Alain Doutey est réduit à l’état d’ectoplasme et les autres comédiens font ce qu’ils peuvent. On attend un peu d’ironie, mais il est en rien, vous essayez de faire rire avec le cancer du sein, de manière irresponsable, mais n’est pas Pierre Desproges qui veut. Vous lorgnez allégrement sur l’œuvre de Jacques Demy ou de Jaco Van Dormael, mais « roséifier » un film ne signifie pas avoir leurs talents. Nicolas Piovani fait ce qu’il peut pour sauver les meubles avec son talent habituel de musicien. Il faut saluer aussi votre exploit de transformer la légèreté de Joséphine Baker en balourdise absolue. Il faut vous concéder que vous osez aller ici, très loin dans la mièvrerie, sans peur du ridicule, ce qui est courageux. Mais même le lénifiant « Pretty woman », c’est du Zola en comparaison…. On attend une « unhappy ending », qui semble venir et qui sauverait l’ensemble, mais non ! vous sombrez sans états d’âmes dans la guimauve. Il faut voir comment vous essayer de contrer les critiques du film, en mettant le public dans « votre poche ». Votre film est idéal pour nous refourguer du cerveau disponible. La mémoire de Patrick Le Lay perdure, je prends rendez-vous pour me faire une lobotomie générale, mes congénères spectateurs ayant « la banane », mon côté pisse-froid ne va pas me permettre de survivre ici-bas… J’abandonne toute espérance, me désolant de ne voir rien de propant à cette nouvelle mode de films de peoples… Je cours voir Taxi 4, histoire de me donner le coup de grâce…

LE COIN DU NANAR : C’EST PAS PARCE QU’ON A RIEN A DIRE…

« …Qu’il faut fermer sa gueule ! ». Non ce n’est pas le sous-titre du « support-technique » – je mets des guillemets, bien sûr – de mon ancien hébergeur de blog, où un énervé destitué insulte les blogueurs, avant de censurer ensuite une de ses notes vipérine. Ce n’est pas non plus, le résumé général de l’actuelle campagne présidentielle… C’est en fait le titre de l’un des sommets de la comédie désolante franchouillarde. On doit ce monument au cinéastes Jacques Besnard, sorti en janvier 1975, d’après une idée originale de Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Christian Clavier – ce dernier étant alors, coïncidence, le beau-fils du producteur Yves Rousset-Rouard -. L’histoire est simple, une minable histoire de casse, entre « Le pigeon » et « Faites sauter la banque ». Riton et Max – Jean Lefebvre et Michel Serrault -, deux escrocs pathétiques et benêts, sont renvoyés par Phano, receleur qui se prend pour un génie – Bernard Blier, au mieux de sa forme -, vu la petitesse des résultats. Mais Phano a l’idée du siècle, fracasser le mur dans les toilettes publiques de la Gare de l’Est, dans le WC N°3, qui se trouve être mitoyen avec une pièce contenant un coffre-fort richement pourvu… L’idée n’est pas fracassante, rajoutant à cela les poussifs dialogues de Jean Halain et Albert Kantoff, louchant méchamment sur l’écriture de Michel Audiard, le talent en moins, à l’exemple de cette phrase de Blier à Serrault : « Le jour où on mettra les cons dans un panier, tu ne seras pas sur le couvercle ». Evidemment, à la lourdeur ambiante, aux vapeurs d’urine, vient un petit côté scatologique. Notre trio de bras cassés, doivent percer le mur en plein jour, dans un lieu de forts passages, histoire de voler les recettes de la SNCF. Et il y a un obstacle colossal, le cerbère local qu’est la dame-pipi, – Tsilla Chelton, hilarante, excentrique, et professeur de l’équipe du théâtre du Splendid -. Il faut la voir véritable furie, gouverner son petit monde, déployer ses dons pour les langues avec les touristes étrangers. Mais elle ménage les habitués, dont Gaston, un contrôleur SNCF – mais qui contrôle plus l’accès des quais que sa vessie -. Gaston c’est Gérard Jugnot, dans un running-gag désolant, accompagné d’une petite musiquette de Gérard Calvi.

Tsilla Chelton, Bernard Blier, Michel Serrault & Jean Lefebvre

Evidemment, difficile pour le trio infernal de passer inaperçu avec cette terreur. Ils ne trouvent rien de mieux, que d’aligner les déguisements les plus improbables, un moine, un anglais, un pêcheur, des plombiers, et se disputent même certains costumes – moment culte où Michel Serrault chiale comme un gosse, parce que Lefebvre lui a piqué son costume d’Écossais -. Pas un modèle de discrétion ! Le petit monde trouble des sanisettes n’arrange rien à l’affaire, c’est une série de trognes qui défilent – dont Marcel Gassouk et Sébastien Floche, noms que je viens de soumettre dans la fiche du film chez IMDB -. Cerise sur le pudding, arrive Christian Clavier, en policier homosexuel. Il faut le voir draguer Bernard Blier, grand moment de n’importe quoi, il hume amoureusement sa nuque à grande force de mimiques. Le Clavier 75, ressemblant furieusement à Nicolas S., version minaude, cette représentation des forces de la loi a un petit côté furieusement subversif. Pas de Thierry Lhermitte pourtant souvent crédité dans se film – rôle coupé au montage ? -, mais on retrouve quelques seconds rôles comme Maurice Travail en automobiliste pressé, Max Amyl en agent de police narquois, Marion Game qui ne fait que passer, et Armel de Lorme me signale aussi Henri Coutet en contrôleur et Madeleine Bouchez en vieille dame outragée. Mais le film malgré l’absence de mise en scène chère à Jacques Besnard – déjà évoqué ici même – a un charme fou, un petit côté transgressif dans le mauvais goût assumé, malgré tous les clichés du cinéma comique d’alors. Bernard Blier est superbe, il fait preuve de grandeur même avec ces dialogues frelatés, Michel Serrault joue la carte du décalage amenant un brillant non-sens, et Jean Lefebvre, en improbable tombeur qui a du « Peps » ne démérite pas de ses deux partenaires monstres sacrés, ce qui prouve à nouveau que son talent est sous-estimé. Combien de nos nanars actuels auront ce même charme dans trente ans, tant nos comiques actuels se galvaudent rapidement… 

LE COIN DU NANAR OU LA REVANCHE DE DANACOL

Curieux parcours pour la sympathique Charlotte de Turckheim, de l’infirmière, joyeusement massacrée et disséquée par des membres d’une maison de retraite dans « La nuit de la mort » de Raphaël Delpard, à son improbable « Marie-Antoinette » chez l’académique James Ivory, dans « Jefferson à Paris », en passant par sa prestation style chaînon manquant entre Danièle Delorme et Eva Darlan dans « Mme le (la) proviseur ». Rien de très probant, mais un petit côté agressif, il fallait la voir dans un talk-show, régler ses comptes avec le cinéaste Claude Confortès, qualifié de libidineux. C’est sa seconde réalisation après « Mon père, ma mère… » (1999) – pas vu, pas pris… -, il y avait eu aussi une captation assez mollassone de ses spectacles avec « Une journée chez ma mère » (1992).  La réalisatrice chasse comme d’habitude, sur la terre de l’aristocratie désargentée. Pourquoi pas, ce thème a donné lieu a de superbes réussites, du « Diable par la queue », un grand Philippe de Broca, cuvée 1968, ou le chef d’œuvre absolu « Noblesse oblige », où Dennis Price avait une méthode bien a lui pour survivre à ses revers de fortune. Le comte Charles Valerand d’Arbac de Neuville et son épouse Solange, née Poitou Castilla de la Taupinière – Jacques Weber et la Charlotte, se livrant à une compétition de cabots, résultat match nul -, doivent au Trésor Public – je mets une majuscule, on ne sait jamais -, la modique somme de 1 991 753 euros. Le château familial tombe en ruine, ils sont réduits à la débrouille, Weber fait des faux meubles en les vieillissants avec du yaourt – encore un qui crache dans la soupe, il doit se venger de son image ternie à faire des pubs pour Danacol, le laitage anti-cholestérol -. La châtelaine en fait de même en vendant de la pâtée pour chiens aux gogos dans de jolis bocaux, imitation « Comtesse du Barry » – métaphore sur ce film ? -. L’huissier débarque, cerise sur le gâteau c’est Sébastien Cauet qui l’incarne – Le Bill Murray français, ben quoi, la voix du dessin animé « Garfield » aux États-Unis, c’est Murray, en France, c’est Cauet, CQFD -. Le regrettable vendeur de cerveau disponible, qui sévit non seulement sur TF1, mais dans la presse trash et la mal-bouffe, – une sorte de synthèse donc… -, peine à composer un personnage intraitable. Il faut le voir avec sa moumoute, essayer de faire valoir son petit regard vicelard en fantasmant sur Mme la châtelaine, garanti culte en 2058.

Armelle, Jacques Weber & Charlotte de Turckheim

La petite famille composée de quatre générations, des de Turckheim partout, en rejetons à rejeter, + Vincent Desagnat, pitoyable en alcoolique mondain, Edith Perret en aïeule liquéfiée, Armelle qui ne se renouvelle guerre dans une composition lourdingue, avec un accent teuton d’une rare bêtise, le falot Rudi Rosenberg – pourtant formidable dans « Le tango des Rashevski » – fait gravure de mode, va chercher à travailler pour la première fois de sa vie… Suit une pantalonnade sans rythme, égaillée par quelques caméos amusants,  Rossy de Palma et Victoria Abril en aubergistes parvenues, Hélène de Fougerolles – enlaidie, si, si – et Éric Le Roch en cousins radins, Catherine Hosmalin et Chantal Ladesou, en aristos dégénérées, Catherine Jacob et Urbain Cancelier en nobles fortunés cyniques. Trois petits tours et puis s’en vont. On a même droit à Stéphane Bern, qui nous livre son fond de commerce habituel, qui commence à devenir lassant, une autodérision forcée. Compatissons pour la pauve Gaëlle Lebert dans son rôle de Marie-Astrid, laideron frappé de stupidité, mais reconnaissons qu’elle est finalement la seule ici à tirer son épingle du jeu. Impossible d’imaginer une distribution plus hétéroclite. L’enchaînement de saynètes outrées peut amuser, si vous avez comme moi une petite perversité à voir tout ce petit monde s’enliser allégrement. Charlotte de Turckheim et son comparse Jean-Marie Duprez, nous régalant en prime d’un dialogue faisandé : « Le trésor Public, c’est le seul trésor que tu ne peux pas trouver, mais lui il te trouve toujours !. ». La caricature peut avoir un charme salutaire, chez Jean-Pierre Mocky par exemple – Christophe Bier citait très justement Daumier à son sujet -, tout est ici un simple prétexte à meubler une historiette minimale. Le bâclage global est ici patent, et l’enfilage des clichés haineux,  pourtant portés disparus depuis belle lurette, ne sert qu’à conforter la bêtise ambiante. Si le cinéma français continue ces oeuvrettes, il ne faudra pas s’étonner de la désertion des salles du public visé, qui certes cherche un peu de gaudriole, mais ne mérite pas un pareil mépris. On est en train de dépasser les périodes fastes des années 50, et celle du début des années 80, dans le style de la comédie désolante. Chapeau bas donc pour Charlotte de Turckheim, pour arriver à baisser encore le niveau de cette année cinématographique, ce qui tient, en ce moment, de l’exploit.

LE COIN DU NANAR : STAY

Attention navet de compétition ! L’été est souvent l’occasion pour les Majors, qui arrivent pour permettre la sortie de leurs blockbusters, d’imposer celle de leurs fonds de tiroirs. On devait à Marc Foster de culture européenne, deux films très honorables, « À l’ombre de la haine » (2001) et « Neverland » (2004). On attendait légitimement mieux avec ce cauchemar expérimental que ce pensum, qui rate à la fois le spectacle et la réflexion. Dès les premiers plans, on comprend rapidement l’inanité d’une telle œuvre. Un jeune dépressif annonce à son psychiatre – improbable Erwan McGregor -, son suicide prochain sur le pont de Brooklin. Il prend pour cette issue fatale, modèle sur un obscur peindre new-yorkais. Le plus fou des deux, n’étant pas forcément celui auquel on pense, notre vaillant thérapeute, de plus en plus « borderline » va tout faire pour éviter le pire. Pour tenter d’évoquer la tragique frontière entre la réalité/phantasme, la vie et la mort. On sent bien que le réalisateur veuille reproduire un film schizophrénique, à l’exemple du magistral « Lost higway » de David Lynch, mais il ne fait que d’aligner la gratuité des effets dans un exercice de style poussif. On part également sur la piste du « Sixième sens » et on finit par déplorer qu’il n’y ait pas un M. Night Shyamalan, qui arrive à installer un climat avec des scénarios moyens ou un David Fincher initialement annoncé. On reste sidéré devant tant de suffisance, la multiplication de plans alambiqués – genre caméra au fond d’un casier et d’effets d’inversion – finit allégrement par avoir son petit effet comique. C’est peut-être l’humour involontaire du film qui finit par tromper l’ennui…  À l’image d’une femme qui laisse son chien attaquer le bras du psychiatre, ce qui lui donne l’idée… d’aller faire à manger ! – le chien affamé voulant en fait se nourrir ? -. On en vient non pas à anticiper l’histoire qui nous passionne moyennement, mais à trouver quel effet bizarre suivra. Le symbolisme est lourdinguissime, surligné et le montage à la serpe n’arrange rien.

Erwan McGregor

En prime, les citations hitckockienne, comme celle gratuite de « Vertigo-Sueurs froides » sont révélatrice d’une panne visible d’inspiration, et le petit jeu avec la notion de »Déjà vu » – en V.O. dans le texte -, ne sont que des pirouettes assez vaines. Mais il y a un côté prétentiard assez énervant en prime, exacerbation du propre savoir-faire du metteur en scène. Ca devrait faire illusion la durée d’un clip musical, mais sur la longueur du long-métrage c’est proprement insipide. Les interprètes sauf Ryan Gosling -… à la rigueur -, sont ectoplasmiques. Erwan McGregor s’agite vainement sans trop y croire, c’est tout juste s’il imprime la pellicule, l’habituelle photogénie de Naomi Watts est ici bien en berne,  Bob Hoskins se livre à une piètre composition dans une fausse sobriété et la pauvre Jeanine Garafolo joue les simples utilités. L’image d’un New York aseptisé – et vitré -, idée déjà prise dans « Basic instinct 2 », n’est qu’une stylisation gratuite malgré le savoir-faire indéniable –mais très dans l’esbroufe – de son chef opérateur Roberto Schaeffer. La révélation finale attendue est simplement désolante, avec une astuce de scénario que tout le monde a abandonné depuis au moins trente ans. Le climax final finit par achever cette baudruche infâme avec un amer sentiment d’inachèvement. Le scénario faussement compliqué n’est qu’une compilation de roublardise assez vaine. Louons le réalisateur Marc Foster, pour avoir réussi la performance d’avoir livré l’un des pires films de cette année pourtant déjà fortement cornichone. Et le titre « Stay » devient une évidence c’est une injonction au spectateur à rester jusqu’au bout du film, performance difficile devant tant de monument de vacuité et d’ennui.

LE COIN DU NANAR : LA MORT DU CHINOIS

« La mort du Chinois » est un film réalisé en 1997, troisième film de Jean-Louis Benoît, après « Les poings fermés » (1984), et « Dédé » (1989), un CV théâtral à tomber. Le problème à l’issue de ce film, c’est que l’on se pose des questions sur sa santé mentale. Je vais essayer de vous raconter l’histoire du film, « Hellzapoppin » c’est du Bernanos en comparaison… 0 minute, zéro seconde, le générique débute sous fond de hard rock tonitruant, apparaît le titre « La mort du Chinois » en jaune sous fond noir, ça dépote, je me jette sur la télécommande, il convient de baisser un peu…1 minute 25 secondes, on entend un râle dans un appartement en bordel – deux figurines de cochons en plein coït, un plateau repas renversé, une vieille paire de basket -, ça pannote jusqu’à deux pieds remuants, on aperçoit une paire de ciseau, Denis Podalydès (de la Comédie Française) téléphone, « Allô Michel, Françoise m’a coupé les couilles ! ». 2 minutes, zéro seconde, José Garcia en complet blanc et chemise rouge, fonce furieusement la civière de son ami Podalydès au grand dame d’un infirmier – Eriq Ebouaney, énervé également -. Il est collant le Garcia, Podalydès hurle à la mort en crachant des cachets multicolores, Ebouaney furibard vitupère « Qu’est-ce que c’est que ses dingues ». Podalydès se met à gueuler, il vient de se faire esmaculer ce qui n’est pas idéal, il doit interpréter Don Juan au théâtre, et le faire sans couilles ce n’est pas très sérieux, on peut en convenir. Il veut donc qu’on les lui recouse. Trois membres du personnel médical arrivent à neutraliser le Garcia, période surcharge pondérale. 2 minutes 46, Garcia prend l’ascenseur, rencontre un malade sous perf qui lui demande des nouvelles. Il est au bout du rouleau, et son couple bat de l’aile. Pas facile de vivre à deux, mais pas « facile de vivre tout seul », lui rétorque le malade. – Ca c’est ben vrai, ça -.3 minutes 45, Garcia remonte chez lui, et pousse un cri… Il y a un Asiatique, une culotte de sa femme à ma main, qui lui parle des malheurs de son pote. Garcia demande qu’il est, ce à quoi notre intrus répond obligeamment qu’il se nomme Tong et vient récupérer les affaires de la femme adultère. Désabusé de voir que sa femme le quitte et qu’il est cocu en prime, il répond « elle me quitte pour un homme qui à un nom de pantoufle » – c’est très subtil comme jeu de mots, d’autant plus qu’en 98, les « tongs » ne bénéficiaient pas de l’effet « Camping » -. Il demande depuis quand le Tong connaît sa femme – qui attend dans une camionnette -, depuis que « tu un con ». Tong part une guitare sous le bras, ergotant sur les rapports du couple « trop de dissonances…. 6 minutes 10, Garcia demande un délai à son employeur, François Morel, qui tente de le rassurer en mimant des oreilles de lapins, c’est normal il édite des livres pour enfants et Michel écrit pour eux.

Vous suivez toujours ? 6 minutes 55, Michel essaie d’écrire sous fond de musique, dans sa bibliothèque figure un livre de Pierre Desporges, « Marcel le poulet, roi des châtaignes » qu’il a écrit – il s’appelle Passepont en prime, prédestiné aux malheurs, pov’ gars -, et « Un homme sans qualité » de Robert Musil – C’est le livre préféré de Jean-Pierre Bacri, bon d’accord je digresse en plus, ça n’aide pas beaucoup à la compréhension. Son texte – « ne sois pas triste, grosse bête ! Je vais aller trouver le rhinocéros il d’aidera à retrouver tes… ». Il écrit couilles au lieu des oreilles – c’est une histoire de lapin -. Sonnerie de téléphone, Gérard Podalydès – de la Comédie Française – au téléphone, José Passepont lui demande « t’es où ? », « où tu veux que je sois connard, à l’hosto ! » – il est encore sous l’émotion du limogeage de Marcel Bozonnet, le Denis, euh non je mélange, Bozonnet c’est en 2006, le film c’est 98. On reprend. 7 minutes 57, Poda lui demande – à Garcia pas à Bozonnet – de le faire porter pale vis à vis de ces camarades de jeux. 8 minutes 04, la troupe théâtrale est baba, Passepont les informes d’une opération de l’appendicite pour le futur Don Juan – le temps que ça cicatrise -, Garcia raconte ses malheurs, mais Podalydès devrait pouvoir venir le lendemain. Le metteur en scène pète les plombs, et François Toumarkine plus hagard que jamais et fumant la pipe se propose de jouer le Don. Un jaloux déclare qu’il est trop jeune. Garcia saute comme un cabri devant ses énergumènes. 9 minutes 22, le Podalydès sort de l’hôpital, pas très assuré, disons que sa démarche peut se décrire entre le pas d’une oie et Yvette Horner jouant de l’accordéon, il est plus mal en point qu’un footballeur tatoué italien qui reçoit un coup de boule d’une icône nationale qui aime beaucoup sa mère. Podalydès en marre, et prend un taxi. Garcia tout en petit déjeunant – pub clandestine pour « Candia » et les « Confitures bonne maman », en passant -, reprend ses malheurs, et là grande discussion si l’amant est Chinois ou Vietnamien. A bout d’arguments Garcia rétorque, et là c’est à noter dans vos tablettes les soirs de grand spleen : « Qu’est que ça change, elle se serait barré avec un Auvergnat que je me serais retrouvé seul comme une huître ». Avec gravité, Passepont décide de tuer l’amant, et comme chantait Brel « Comment tuer l’amant de sa femme… ». 11 minutes 24, première de « Don Juan », Podalydès emperruqué marche comme Saturnin, le canard, surprise, il y a Isabelle Carré qui surgit brusquement dans le rôle de Lise, frisottée blonde, coiffure rasta – si, si Isabelle Carré -, avec une sorte de poulpe sur la tête comme disait Benoît Poelvoorde dans « Podium ». Elle gueule à le voir ainsi marcher, en plein spectacle, abandonnant sa distinction habituelle, « Mais qu’est-ce que tu as dans la culotte, connard ! ». Bisbille avec l’habilleuse, Gérard a trouvé le pantalon trop serré dans l’entrejambe, elle fulmine et lui promet un pantalon de zouave, la prochaine fois. Poda est en « convalo », il veut que son théâtre communiste (?) le sache…12 heures 42, Poda se met à rouspéter, la Carré lui a fait, de rage, péter les « sutures aux olives ». Bon, nous en sommes qu’à 13 minutes du film…. On est pas rendu… Vous saurez presque tout au prochain épisode. A suivre ! Euh, non, je renonce ! Regardez le film…

François Berléand m’avait expliqué – il est formidable en policier décalé -, qu’en fait les personnages étaient dans le scénario original sous l’emprise de drogues, ayant fumés des pétards. Il ne reste plus de trace de ces faits dans le film, ce qui pouvait expliquer le ton général du film.

LE COIN DU NANAR : THE DAVINCI CODE

 Attention nanar de (hors-)compétition – à Cannes -. Dernier avatar de l’exploitation d’un filon – circuits touristiques, filme porno, livres parodiques, pas de pin’s hélas, la mode est passée -, voici donc avec la grâce d’un rouleau-compresseur – à l’image de la promo-,  l’adaptation cinéma du désormais livre culte « The Da Vinci Code ». Quelle drôle d’idée d’avoir pris Ron Howard, habile faiseur tout terrain, pas méprisable, mais souvent laborieux et académique. Passée la bonne surprise de retrouver Jean-Pierre Marielle, en conservateur de musée, on comprend avec l’incursion d’un corps comique, celui de Paul Bettany en moine albinos, le parti à prendre pour regarder le film, celui d’en rire ! Le moine se nomme Silas – c’est logique il s’auto mutile avec un silice -, il est donc l’un des méchants du film, et l’occasion de prouver combien Ron Howard est inadéquat dans ce registre. On tente d’anticiper de quel côté du cadre il va surgir, avant de son gondoler allégrement à chacune des apparitions. Son personnage n’attitre ni la compassion – il est instrumentalisé par un infâme membre du clergé – Alfred Molina qui fait ce qu’il peut-, ni la peur. Clovis Cornillac a eu du nez de le refuser pour participer aux « Brigades du tigre ». L’utilisation plate du Louvres dans une ambiance feutrée, est malhabile, nous faisant même regretter celui du « Belphégor » version Jean-Paul Salomé, c’est dire… Arrive Robert Langdon, spécialiste de l’étude des symboles, en conférence en France – Tom Hanks, c’est un réflexe mais on s’attend toujours à retrouver du persil dans ses narines -. Le conservateur étant assassiné – on ne va retrouver Marielle que dans des Flash-backs -, arrive Jean Reno, policier qui a fait son coming out opusdeien en arborant fièrement un signe d’appartenance sur sa boutonnière, convenez que c’est original pour une milice religieuse secrète…Il est curieux de voir tant de monde si mal dirigé par un Ron Howard, pourtant ancien comédien. Arrive la nièce de du conservateur Sophie Neveu, cryptologue de son état qui veut mener son enquête en parallèle… Le tandem Hanks-Tautou ne fonctionne pas du tout, on n’a rarement vu aussi peu d’affinités chez un couple de vedette, l’alchimie ne fonctionnant absolument pas. Je ne suis hélas pas assez charitable pour passer la distribution française sous silence, outre Reno tragiquement absent, Etienne Chicot bougonne, Jean-Yves Berteloot – pourtant excellent chez René Féret – est sinistre, quand il ne fait pas rire comme dans sa dernière scène, Marie-France Audollent est ridicule en nonnette, Xavier de Guillebon est hautement improbable en toxicomane et cerise sur le gâteau on a droit à Denis Podalydès en contrôleur aérien aux prises avec un Jean Reno énervé dans une des scènes les plus stupides du film.  Côté international ce n’est guerre mieux pour ne citer qu’un revenant Jürgen Prochnow, en banquier burlesque. Le seul qui se tire sans dommage du film c’est l’excellent Ian McKellen qui confère une dignité à son rôle  de Sir Leigh Teabing, qui de démarque d’une tétanisation crispée générale. Il apporte une bonne dose d’humour apportée à des situations dont il ne semble pas trop croire.

Ian McKellen, Audrey Tautou & Tom Hanks

C’est une belle performance d’acteur, d’autant plus méritoire que son personnage est assez chargé. Il se tire sans dommages dans la description de toiles de maîtres, ou explications digestes et diverses. C’est l’humour involontaire patent du film qui nous permet de digérer ce pensum de 150 mn, qui ne réussit ni le divertissement, ni ces délires théologiques – essayez de voir la fin du film, sans vous esclaffer ! -. Difficile de sortir d’une torpeur globale, heureusement le rocambolesque de certaines situations, digérables sans doutes sur la durée d’un livre, confine ici au grotesque total. Le film est un salmigondis ésotérique parfaitement sentencieux, et qui reste sur l’estomac. L’adaptation de Akiva Goldsman est assez fade, utilisant fort mal certaines idées, comme la claustrophobie du personnage de Tom Hanks. L’omniprésente musique de Hans Zimmer, poussive au possible, n’arrange rien… Reste que malgré des tentatives de reconstitutions virtuelles du passé assez habiles, amenées pour aider la compréhension, le réalisateur surligne tout comme s’il avait peur de ne pas être compris, ce qui nous vaut nombre de lourdeurs, comme sa façon d’insister sur un code rentré qui est correct. Ca n’empêche pas le film de battre des records, des vertus d’un marketing parfaitement amené, aidé par la foire cannoise proposant ce blockbuster pachydermique comme film d’ouverture. Il faut souligner l’accueil glacial des festivaliers – sauf ceux interrogés par M6. comme le soulignait « Arrêt sur image » sur France 5, ces derniers étant coproducteurs -.  Quant au côté blasphématoire tout décrié – difficilement compréhensible, tant le film est pathétique -, il n’est ici qu’une occasion pour les intégristes de tous poils de redorer leurs images et de profiter ce l’engouement des médias, comme l’ineffable représentant de l’Opus Dei – déjà très controversé bien avant Dan Brown -, dans l’émission « Arrêt sur images » toujours De plus pas d’ombrage à avoir, les grands méchants ne sont que des isolés infiltrant le Vatican et l’Opus Dei, pour leurs sinistres besognes. Mais y a des parts de gâteaux à prendre dans ce marché, le clergé ne s’en prive donc pas de manière opportuniste. Un joyeux naufrage qui malgré un budget conséquent, finit par rater toutes ses cibles et assurément un des plus mauvais films de l’année, dans un semestre pourtant riche en médiocrités. C’est aussi une vaste opération commerciale peu inspirée, réjouissante cependant au 54ème degré.