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LES BALLETS ÉCARLATES

6ème salve des films de Jean-Pierre Mocky en DVD, disponible depuis le 25 avril dernier. Loin d’êtres des fonds de tiroirs, ces films montrent l’originalité du cinéaste, qui n’est finalement jamais où on l’attend. Mon préféré de cette série reste « Chut ! » (1971), avec le génial Jacques Dufilho, charge féroce sur le petit monde des épargnants, mais le film est hélas disponible dans la version courte, faite pour la sortie VHS sous le titre « Mocky s’moque N°1 » – « Mocky s’moque N°2 » étant « Les rois des bricoleurs » (1976), c’est également cette version courte, sans générique (!) qui figure dans le DVD du film- . On retrouve aussi « Les vierges » (1962), évocation de la première expérience sexuelle de 5 jeunes femmes , « Divine enfant » (1989), amusant film pour enfant, « Noir comme le souvenir » (1994), film d’atmosphère, et « Le mari de Léon » (192) excellente adaptation de l’œuvre de Frédéric Dard. Cerise sur le gâteau, il y a deux films inédits en salle, tournés en 2004, la même année que « Grabuge » : « Touristes ? oh yes ! » – j’y reviendrai – et « Les Ballets écarlates ». Petit rappel avant de m’arrêter sur ce dernier, l’article de ce blog sur Les couilles en or, est en fait un poisson d’avril. Le film est bien entendu invisible, difficile de vérifier si c’est une affabulation mockienne… « Les ballets écarlates », co-écrit par le fidèle Alain Moury, est l’un des films les plus noirs de l’œuvre du cinéaste. Difficile de comprendre le système Mocky, sur la distribution de ses films. Malgré son omniprésence sur les écrans TV – il fallait le voir insulter injustement Philippe Torreton dans la soirée électorale proposée par M6 -, il rechigne à financer la publicité autour de la sortie de ses films. La raison évoquée pour que « Les ballets écarlates » soit resté inédit trois ans est … la censure ! Il évoque dans son dernier ouvrage « Mocky s’affiche » (Éditions Christian Pirot, 2007), « Film censuré, médias muets ». Pour DVDrama il évoquait plus longuement ce film – le lire dans son intégralité ici : « Il a été interdit par la censure, ce qui est rare de nos jours. Il devait sortir à l’époque où on brûlait des bagnoles. J’en ai profité pour aller voir Renaud Donnedieu de Vabres en lui disant: «moi, si vous me faîtes chier, avec mon copain du Monde, on va faire un scandale dans le journal». (…) Au départ donc, ils l’ont interdit; ensuite, ils l’ont autorisé après ma visite et les chantages. (…) Ce film, je l’ai fait en souvenir de cette petite fille. J’ai pensé que tout le monde serait ému. En plus, j’ai donné l’argent aux enfants. (…) Et là-dessus, on me l’interdit. Pathé qui sont mes amis l’avaient inscrit dans leur convention de septembre dernier et il a été resucré. Il y a une sorte de cabale. (…) Alors, finalement, Pathé l’a acheté en dvd mais n’a pas pu le présenter en officieux. (…). Pour vous donner une idée, il y avait un festival du film noir à Besançon il y a trois mois. L’organisateur qui est un jeune comme vous avait vu le film, le trouvait excellent et ne comprenait pas pourquoi il était refusé. Donc il l’a pris dans son festival. J’arrive à Besançon il y a quelques mois. Je présente le film à 20h30. La salle était bourrée, les gens ont applaudi à la fin et ne sont pas sortis pour assister au débat. (…) Le lendemain, un journaliste de L’Est républicain fait un article sur moi et? pas un mot du film! (…) J’ai déjà eu des problèmes avec mes anciens films comme Snobs qui était interdit en Afrique noire et La cité de l’indicible peur qui a été mutilé. Tout ça, ça ne me choque pas. Mais là, vraiment, c’est clair qu’il y a une obstruction totale, comme si personne ne voulait en parler. (…) ». Je vous laisse juge…

Patricia Barzyk & Jean-Pierre Mocky

Quoi qu’il en soit le film est désormais visible, Mocky le présente dans un bonus comme un mélo. L’histoire dans une petite ville province, un rabatteur – Alain Fourès – achète à un père alcoolique et désœuvré – François Toumarkine dans la monstruosité -, la présence de sa fille – Hortense Belhôte – et de son très jeune fils Éric – Florian Junique -, pour assister à une « partie fine » pour des pédophiles. Ces pervers immondes sont en fait des notables « respectables ». Mais Éric arrive à s’enfuir. Il est recueilli par Violaine, qui vit près d’un bois – Patricia Barzyk dans la conviction -, femme d’un garde-forestier. Elle vit seule depuis l’hospitalisation de son mari, devenu fou de douleur depuis la disparition de leur petit Guillaume… Le film, il faut bien le dire laisse dans un état nauséeux. Sans le raconter, disons qu’il a une morale discutable, proche d’un film récent, le contestable  « Contre-enquête » de Franck Mancuso -, idées que l’on retrouvait souvent dans le cinéma des années 70. Mocky montre sa défiance aussi bien pour les politiques que les instutions. renâcle avec beaucoup d’amertume sur ses personnages. Les exécutants sont pitoyables, comme les personnages joués par Alain Fourès  sinistre homme de main ou Michel Bertay, qui incarne un tueur déchu obligé pour vivre d’exécuter les basses œuvres. Les élites d’une province étriquée incarnés par  Dominique Zardi odieux voyeur ou Christian Chauvaud en redoutable manipulateur, n’œuvre que pour leur bon plaisir. Si Violaine trouve des aides vengeresses, Jean Abeillé conseiller désabusé sitant Freud, Nadia Vasil sœur d’un politique indigné et Mocky lui même qui incarne Mathieu, un armurier opportuniste. Le film malgré ses faibles moyens est assez prenant, Mocky film la ville de Vienne de manière insolite et le chef opérateur Edmond Richard connaît son métier. Signalons la musique de Vladimir Cosma, qui comme à l’accoutumée, recycle allégrement ses anciennes musiques. On attend par exemple dans un restaurant chinois, la musique du « Banzaï » de Claude Zidi ! Ce qui constitue un curieux décalage dans ce film très âpre. Le film met vraiment mal à l’aise, l’organisation d’un dispositif mettant en scène des enfants dont l’innocence va être pervertie pour les fantasmes monstrueux d’hommes mûrs est particulièrement éprouvant. Je préfère le Mocky satiriste à celui vindicatif du film, mais le sujet ne le prédisposait pas à l’exercer. Après « Le témoin » (1978) et « Noir comme le souvenir », il évoque une nouvelle fois la pédophilie mais en radicalisant son propos. J’avais crée une fiche pour ce film sur IMDB, qui sera actualisée sous peu.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Roscoe Lee Browne

img262/8285/roscoeleebrownexz3.jpg Annonce de la mort de Roscoe Lee Browne, décédé des suites d’un cancer à Los Angeles ce 11 avril 2007, à l’âge de 81 ans. Son décès a été injustement omis des médias français, hormis des internautes avisés signalant sa disparition dans un des forum de DVD Classik.  C’était un comédien solide et attachant, très discret finalement au grand écran. Il avait été un athlète remarqué dans la course à pieds. Il avait gagné notamment les 804 mètres courus dans les jeux de 1952 de Millrose. Il avait enseigné la littérature comparative et le français à l’université noire de Lincoln en Pennsylvanie, lieu où il avait été diplômé. Il débute au théâtre en 1956, avec une adaptation du « Jules César » de William Shakespeare, lors d’un festival.  Il continue son parcours notamment à New York, passant de l’univers de Shakespeare à celui de Brecht. En 1961, il avait joué l’adaptation américaine de la pièce « Les nègres » de Jean Genet, où il tenait le rôle principal. Au cinéma, on se souvient de lui dans « L’étau » d’Alfred Hitchcock, où il incarne un fleuriste espion. Curiosité il était un droïde dans « L’âge de Cristal » – Le film –  (Michael Anderson, 1976), affublé d’un curieux costume en fer blanc. Paul Vecchiali dans la « Saison cinématographique 1972 » avait bien résumé son jeu à propos de « John Wayne et les Cow-Boys » (Mark Rydell, 1971) : « …Au milieu d’une troupe exceptionnelle, on peut retenir Roscoe Lee Browne qui joue le cuisinier avec une élégance et une maîtrise inégalables ». Il incarne souvent des hommes d’autorités, magistrats ou chefs de la police, mais il peut incarner aussi des hommes humbles ou des maître d‘hôtels. A la télévision, on le retrouve aussi souvent comme des « guest » dans des séries comme « Columbo », « Falcon Crest », ou plus récemment dans « The Shield » ou « New York police judiciaire ».  Il avait gagné un « Emmy Award »  en 1986 pour son rôle du professeur Barnabus Foster dans « Le Cosby Show ». Soucieux d’éviter d’incarner les stéréotypes, il a préféré privilégier sa voix de baryton, à l’instar de James Earl Jones, sa voix a beaucoup été utilisée dans des narrations multiples. Il est le récitant des deux films « Babe », narrant les aventures du cochon parlant. Sa voix de baryton était très célèbre pour les spectateurs anglo-saxons. Ce serviteur discret de la scène américaine fut également un poète. Il avait sillonné les États Unis avec Anthony Zerbe, dans une création poétique « Behind the broken words », dont il était le co-auteur.

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Filmographie : 1962  The connection (Connection) (Shirley Clarke) – 1963  Terror in the city (Allen Baron) – 1964  Bertholt Brecht : Practice pieces (Nick Havinga, CM) – Black like me (Carl Lerner) – 1967  The comedians (Les comédiens) (Peter Glenville) – Up Tight ! (Point noir) (Jules Dassin) – 1968  Me and my brother (Robert Frank) – 1969  Topaz (L’étau) (Alfred Hitchcock) – 1970  The liberation of L.B. Jones (On n’achète pas le silence) (William Wyler) – 1971  Cisko Pike (Bill L. Norton) – The cowboys (John Wayne et les cow-boys) (Mark Rydell) – 1973  The world’s greatest athlete (Robert Scheerer) – Super Fly T.N.T. (Ron O’Neal) – 1974  Uptown saturday night (Sidney Poitier) – 1976  Logan’s run (L’âge de Cristal) (Michael Anderson) – 1977  Twillight’s last gleaming (L’ultimatum des trois mercenaires) (Robert Aldrich) – 1979  Double take (Richard Quine) – 1980  Nothing personal (George Bloomfield) – 1985  Legal eagles (L’affaire Chelsea Deardon) (Ivan Reitman) – 1986  Jumpin’Jack Flash (Id) (Penny Marshall) – 1990  Moon 44 (Id) (Roland Emmerich) – 1991  The Mambo Kings (Les Mambo Kings) (Arme Glincher) – 1993  Naked in New York (Daniel Algrant) – Eddie Presley (Jeff Burr) – 1994  Last summer in the Hamptons (Henry Jaglom) – 1995  The beast (Rhoderic C. Montgomery, CM) – 1996  Muppet treasure island (L’île au trésor des Muppets) (Brian Henson) – The pompatus of love (Richard Schenkman) – Dear gold (Escroc malgré lui) (Garry Marshall) – Forest warrior (Aaron Norris) – 1998  Judas kiss (id) (Sebastian Gutierrez) – 1999  Morgan’s Ferry (Sam Pillsbury) – 2002  Sweet deadly dreams (Walter Stewart) – 2003  Behind the broken words (David Sern, captation).

 

Voxographie : (notamment) 1986  The nativité (Bruce Johnson, court-métrage d’animation) – 1988  Oliver & company (Oliver et compagnie) (George Scribner) – 1989  Night angel (Dominique Othenin-Girard, récitant) – 1995  Babe (Id) (Chris Noonan) – 1998  Babe : Pig in the city (Babe, le cochon dans la ville) (George Miller) – 2002  Treasure island (La planète aux trésors – Un nouvel univers) (Ron Clements) – 2006  Garfield : A tail of two cities (Garfield 2) (Tim Hill, Récitant) – Epic movie (Big movie) (Jason Friedberg, récitant) .

A noter que Les gens du cinéma, signale le décès de la comédienne Ariane Borg.

LE CANDIDAT

Bon on digère un peu le traumatisme du 21 avril 2002 avec les résultats d’hier soir, avec la petite satisfaction de voir l’échec – relatif – d’un vieux cabotin d’extrême droite qui a peut être mené son combat de trop. « Le candidat », premier film de Niels Arestrup tombe donc à point nommé, même si son auteur de défend d’avoir voulu coller avec l’actualité dans ce projet vieux de 4 ans. Michel Dedieu – non n’insistez pas je ne ferai pas de jeu de mots ! -, est un homme politique influent dans un pays que l’on arrive pas définir. Il est incarné par un Yvan Attal formidable de justesse, montrant avec sobriété les états d’âmes de son personnage. Il remplace au débotté, aux élections présidentielles, le candidat titulaire, obligé de se retirer pour des raisons de santé. Il s’isole dans son luxueux château, pour préparer le débat télévisé du second tour, avec une équipe de spécialistes, faisant partie des apparatchiks de son parti. L’équipe a fort à faire, car Dedieu a une image négative et austère auprès de l’opinion publique.  Eric Carson son opposant  – Thierry Hancisse dans une excellente composition – est lui beaucoup plus convivial et à l’aise dans ce joyeux monde, il est le favori dans les sondages… Michel s’applique à bien faire, mais doit également gérer son couple qui bat de l’aile, une crise internationale qui se prépare, et la suffisance de la petite équipe qui l’entoure. Le chef du parti – Niels Arestrup en personne qui « brando-ise » – avec brio, semble surveiller tout ce petit monde avec condescendance. L’atmosphère est lourde, cette réunion est la dernière chance de Michel d’éviter le désastre. Même s’il y a une distanciation, dans cette observation de ces petits arrangements avec la politique, on finit inévitablement par faire des recoupements avec notre campagne électorale actuelle. Ainsi le staff de Michel Dedieu donne comme excuse de l’absence du candidat dans un important meeting… un retard de son avion. Ce qui, rétrospectivement ne manque pas que piquant, quand Nicolas S, invoque cette raison pour annuler la visite d’un quartier lyonnais, alors qu’il était attendu par des manifestants hostiles à sa venue. L’ineffable Renaud Bertrand avait d’ailleurs déclaré : « Est-ce qu’on voulait y aller? La réponse est non parce qu’on n’a pas vocation à mettre en valeur la gauche et l’extrême gauche qui n’attendaient que ça“. Source : NouvelObs.com. Le film privilégie l’épure en se servant des liens parfois étroits entre politique et théâtre – Jean-François Balmer et Jacques Weber rejouant actuellement avec succès les débats télévisés entre Valery Giscard d’Estaing et François Mitterrand -« .

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Yvan Attal

On suit le destin presque désincarné de Michel, au bord de l’épuisement. Le film montre avec subtilité, la manière de corriger ses insuffisance – ce qui ne manque pas de sel quand on voit l’importance de l’image dans cette campagne -. Le candidat est ici déshumanisé, modelé pour coller au mieux avec l’idée d’un grand homme d’état. Le protocole est éprouvant, une nouvelle venue est même sérieusement réprimandée car elle donne son avis, qui est d’ailleurs plein de bon sens. Arestrup nous montre des politiques coupés du monde, qui vivent en microcosmes, s’épient, attendent le moindre signe de faiblesse pour affirmer une autorité qui n’est qu’un leurre. Le metteur en scène s’entoure de comédiens remarquable, pour incarner cette équipe peu sympathique. Yvan Attal impressionne dans son incarnation subtile d’un angoissé, dans sa manière de portraitisé les doutes et les réactions de son personnage pour évoluer selon sa conscience. Autour de lui, outre Thierry Hancisse, deux autres sociétaires de la Comédie Française excelle, la trop rare Clotilde Bayser en conseillère désabusée et Guillaume Galllienne monstrueux d’arrogance. Laurent Grévill, en homme fidèle à son parti, Isabelle Le Nouvel en nouvelle venue fragile, devant subir l’arrogance des autres, Cyril Couton – révélé chez Stéphane Brizé – est amusant en rédacteur de discours, toujours affamé. Luc Thuillier en chauffeur énigmatique et Sophie Broustal en femme bafouée sont au diapason. L’actrice italienne Stefania Rocca joue la femme de Michel avec les failles de son personnages, faisant exister son personnage dans l’effacement et le prodigieux Maurice Bénichou nous livre une composition remarquable en mentor charismatique. Sans viser au réalisme – on suit le film sans trop réfléchir aux invraisemblance du scénario – autour du personnage d’Alain Doutey, excellent d’ailleurs ici, c’est normal on n’est pas ici chez Eric-Emmanuel Schmitt -, la vision distanciée du petit monde politique amène à la réflexion. L’écueil de la caricature et du « tous pourri » est ici plutôt évité, pour voir la manipulation générale, dans ce petit jeu des apparence. Arestrup ayant signé le scénario seul, le résultat final est assez convaincant. La manière de voir comment des individus peuvent abandonner ce en quoi il croient pour suivre une sorte d’intérêt général lénifiant me semble probante. L’idée de privilégier l’arrière-plan, l’anti-spectaculaire, la préparation aux meetings et au débats, nous donne une idée de correspondre parfaitement à l’envers du décors. Niels Arestrup a donc réussi son entrée dans la mise en scène, en nous livrant l’acuité de son regard. C’est une proposition de cinéma salutaire dans ce monde charmant en évolution sur les coulisses d’un monde qui nous échappe.

J-1

Jour J-1… Seule certitude, Roland Cayrol, va nous expliquer dimanche soir la fiabilité de ses sondages, surtout s’il se trompe. C’est le grand gagnant de ses élections, moins il est crédible, plus il s’exprime ! La politique et le cinéma, n’étant jamais très éloigné, « Studio », nouvelle formule – comprendre version light -, nous propose les films préférés de 5 candidats – on y apprend que Nicolas S. et Segolène R. ont le même acteur préféré, Gérard Philipe -. Histoire d’être au niveau désolant de cette campagne,  « Je veux mettre mon bulletin dans ton urne » chante sans rire un fan de François Bayrou dans un petit bijou de propagande ! -. Petit jeu idiot des titres, histoire de se détendre un peu entendant dimanche.

François B. : La grande combine (Billy Wilder) / Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara)

Olivier B. : Le facteur s’en va-t-en guerre (Claude Bernard-Aubert) / L’ange ivre (Akira Kurosawa)

José B. : Astérix aux Jeux Olympiques (Frédéric Forestier) / Le voleur de feuilles (Pierre Trabaud)

Marie-George B. : Les longues vacances de 36 (Jaime Camino) /  Jamais je ne t’ai promis un jardin de roses (Anthony Page)

Frédéric F. : La dernière chasse (Richard Brooks) / Je me tiens, tu te tiens par la barbichette (Jean Yanne)

Arlette L. : Vive la sociale ! (Gérard Mordillat) / L’inspecteur ne renonce jamais (James Fargo)

Jean-Marie L.P. : Tais-toi quand tu parles (Philippe Clair) / Rendez-vous avec le déshonneur (R. McCahon)

Ségolène R. : Sartana, si ton bras gauche te gêne, coupe-le (Dick Spitfire) / Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman)

Nicolas S. : On se calme et on boit frais à Saint-Tropez (Max Pécas) / Fais-moi très mal… mais couvre-moi de baisers (Dino Risi)

Gérard S. : Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ? (Philippe Clair) / Les nains ont aussi commencé petit (Werner Herzog)

Philippe de V. : Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) / Y a t’il un Français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky)

Dominique V. : La chambre verte (François Truffaut) / Y aura-t-il de la neige à Noël ? (Sandrine Veysset)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Pierre Cassel

Annonce de la mort de Jean-Pierre Cassel. C’était un artiste complet, comédien, mais aussi danseur, il avait connu un grand succès sur la scène internationale dans « Chorus line ». Pour l’anecdote, il avait fait en 1956 de la figuration dans « La route joyeuse », film de Gene Kelly de 1957, mais à l’époque il ne dansait pas encore. Après trois années de cours chez René Simon, il commence sa carrière par de petits rôles. Il est amusant de le retrouver dans  » À pied, à cheval et en voiture », mettant en vedette Noël-Noël, en 1957. Il est alors le prototype du jeune premier, face à Jean-Paul Belmondo qui doit se contenter d’un rôle de bon copain. Il devient très vite un jeune premier très demandé au cinéma. Philippe de Broca l’emploie dès 1959 dans des rôles légers et charmeurs, le jeu de Jean-Pierre Cassel étant en parfaite adéquation avec le rythme rapide du cinéaste : « …Philippe est venu me voir en douce au théâtre dans le rôle d’Oscar », que je reprenais après Delon. Ses potes étaient sûrs que mes yeux bleus et mon grand pif allaient lui plaire (rires !) Et ça marché, il m’a proposait le rôle. Le film a signé l’explosion de sa carrière et de la mienne par la même occasion » (1). On le retrouve souvent dans des rôles de naïfs, à l’instar de « Candide », libre adaptation du conte de Voltaire, signé Norbert Carbonnaux. En 1961, il excelle dans le rôle du caporal dans « Le caporal épinglé » signé par un Jean Renoir galvanisé de diriger une troupe de jeunes comédiens. Son personnage cherche à s’évader d’un camp de prisonniers du Nord-est de la France en 1940. Jean-Pierre Cassel confiait à Roger Viry-Babel dans « Jean Renoir, le jeu et la règle » Éditions Denoël, 1986″ :  « …Ce qui est merveilleux avec Renoir, c’est le respect qu’il nous manifeste. Avec lui, on ose oser des trucs. On sait que ça peut l’aider, et que si l’on se trompe, il saura vous le faire comprendre sans que l’on se sente ridicule ». Il est idéal pour incarner le panache d’un D’Artagnan, face à José Ferrer en Cyrano, dans « Cyrano et D’Artagnan »(1962), amusant film d’Abel Gance, entièrement écrit en vers ! La comédie reste son domaine de prédilection, il est irrésistible dans le rôle de Gaspard, violoncelliste bougon dont la vie est chamboulée par l’arrivée de Brigitte Bardot dans l’excellent « L’ours et la poupée » (Michel Deville, 1969). Le même année on le retrouve dans une tonalité plus âpre dans « L’année des ombres », dans le rôle d’un résistant frère de Paul Meurisse. Il évoquait les tensions sur le tournage avec Jean-Pierre Melville, dans le bonus DVD du film « Jean-Pierre Melville et l’armée des ombres », même s’il avait eu de bons rapports avec lui. C’est dans les années 70, qu’il trouve des rôles plus graves et plus complexes. Claude Chabrol lui donne le rôle d’un aventurier suffisant et d’une bêtise redoutable, qui essaie de compromettre le personnage de Stéphane Audran qui est en froid avec son beau-père, incarné par Michel Bouquet dans « La rupture » (1970).

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Avec Fernando Rey et Paul Frankeur dans « Le charme discret de la bourgeoisie »

Il est formidable en bourgeois suffisant dans le dévastateur « Le charme discret de la bourgeoisie »  (Luis Buñuel, 1972). Michel Deville, en 1973, fait de lui un homme boiteux et aigri, manipulant Jean-Louis Trintignant pour transformer un timide employé de banque en « mouton enragé ».  Il aime aussi à égratigner son image, comme dans le « Prêt-à-porter » de Robert Altman, où il incarne un « cador » de la mode qui meurt étouffé par un sandwiche face à Marcello Mastroianni. Mais il est toujours dans la nuance, que se soit l’homme d’affaires trouble dans « La truite » (Joseph Losey, 1982), le directeur de l’hôtel homosexuel ballotté par les événements dans « Casque d’or » (Gérard Jugnot, 1993) ou le bourgeois mélomane n’anticipant le drame à venir dans « La cérémonie » (Claude Chabrol, 1995). Au théâtre, il joue Molière, Feydeau, Guitry, Bourdet ou Jean-Claude Brisville sous la direction de Jean Vilar, Jacques Charon ou Jean Meyer, Pierre Dux ou Marcel Bluwal. Il passe avec aisance du théâtre de boulevard « La fille sur la banquette arrière » de Jean-Claude Carrière, en 1983, mise en scène de Pierre Mondy, au drame, comme dans l’adaptation théâtrale du film « Festen », en 2002-2003, mise en scène par Daniel Benoin et Mogens Rukov. En 1999, il adapte, produit et interprète  » Le Désenchanté  » de Budd Schulberg. Il chante et danse également dans de nombreux spectacles, comme dans « Jean-Pierre Cassel chante et danse Fred Astaire (1994-1995), « Jean-Pierre Cassel fait son petit journal » (1999), « Je n’peux pas vivre sans amour » (2002), dont il tire un album, « Jean-Pierre Cassel chante Serge Gainsbourg » (1985). Il signe également des disques comme « Et maintenant » (Wagram, 2001). Sur la danse, il confiait à Guy Braucourt dans « La revue du cinéma » N°246 de janvier 1971 : « Je trouve qu’il faut faire de la danse comme l’on pratique la compétition sportive, en amateur, comme une activité accessoire et parallèle à autre chose, car le drame de ce métier c’est qu’il accapare entièrement, qu’il arrête complément la vie. Mais il est très important pour un acteur de savoir danser, même si cela ne ne lui sert jamais directement et je pense que pour jouer Shakespeare il est utile de connaître les claquettes. Je ne fais que reprendre là l’opinion de Laurence Olivier qui, recevant un jeune homme venu lui demander des conseils après une représentation de « Jules César », releva sa toge, fit quelques pas de claquette et répondit : « Apprenez cela et peut-être pourrez-vous jouer Shakespeare »… ». Au cinéma, on le retrouve ces dernières années, dans les personnages parfois mutiques, tel le père paralysé à l’oeil inquisiteur d’Olivier Gourmet dans « Congorama » (Philippe Falardeau, 2005), sensible tel son interprétation de l’homme âgé qui tombe amoureux de Françoise Fabian dans la subtile adaptation de l’œuvre de Noëlle Chatelet dans « La femme Coquelicot » pour France 3, ou le père juif déstabilisé par le fait que le compagnon de sa fille soit arabe dans le subtil « Mauvaise foi » (Roschdy Zem, 2005). Il peut être aussi féroce, comme dans « Bunker Paradise » (Stefan Liberski, 2005), où il agresse son dégénéré de fils campé par Jean-Paul Rouve, avec un cynisme inouïe. J’avais eu la chance de le rencontrer lors de l’avant-première du film de Mabrouk El Mechri « Virgil ». Dans ce rôle d’Ernest, ancien boxeur condamné à perpétuité, il offre une excellente composition dans l’extraversion. Je me souviens de sa grande élégance, et de la pudeur qu’il avait pour évoquer sa maladie sans aucune plainte. Il était très malade sur le tournage de « Narco », mais il était toujours disponible pour travailler avec de jeunes metteurs en scène, rencontrés souvent auprès de sa fille Cécile et de ses fils Vincent et Mathias – alias Rockin’Stat,  leader du groupe rap « Assassin » -. Il évoquait librement sa carrière dans son livre « À mes amours » (Éditions Stock, 2004), évocation sensible de ses rencontres avec Philippe de Broca et Claude Chabrol, mais aussi avec celle des grands maîtres du cinéma, Luis Buñuel, Jean-Pierre Melville, Robert Altman, Jean Renoir ou Joseph Losey. Ce grand comédien a eu une brillante carrière internationale, sans se préoccuper de l’importance d’un rôle, tout en restant disponible pour les nouveaux talents : « …J’ai toujours fait mon petit bonhomme de chemin en diversifiant mes activités et en choissant selon l’envie. Je suis content de continuer à tourner et de rester sur le qui-vive. Si on axe sa carrière sur la réussite et l’argent, on se plante forcément. Il vaux mieux miser sur le plaisir. » (1) Il va beaucoup nous manquer. Nos pensées vont à sa famille.

(1) Dossier de presse de « Virgil »

img294/8861/jeanpierrecasselbc6.jpg DR

Filmographie (initialement élaboré pour le site « Les gens du cinéma ») : 1950  Pigalle St-Germain-des-Prés (André Berthomieu) – 1953  La route du bonheur (Maurice Labro & Giorgio Simonelli) – Un acte d’amour / Act of love (Anatole Litvak) – 1956  The happy road (La route joyeuse) (Gene Kelly) – 1957  La peau de l’ours (Claude Boissol) – À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Les surmenés (Jacques Doniol-Valcroze, CM) –  Comme un cheveu sur la soupe (Maurice Régamey) – Trois pin-up comme ça (Robert Bibal) – 1958  Le désordre et la nuit (Gilles Grangier) – En cas de malheur (Claude Autant-Lara) – Et ta soeur ? (En Belgique : Ma soeur exagère) (Maurice Delbez) – Sacrée jeunesse (André Berthomieu) – Cabriole ou la journée d’une danseuse (Robert Bibal, CM, voix du récitant) – 1959 La marraine de Charley (Pierre Chevalier) – Les jeux de l’amour (Philippe de Broca) – 1960  Le farceur (Philippe de Broca) – Candide (Norbert Carbonnaux) – L’amant de cinq jours (Philippe de Broca) – 1961  Goodbye again ? (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les sept péchés capitaux [épisode « L’avarice »] (Claude Chabrol) – La gamberge (Norbert Carbonnaux) – Le caporal épinglé (Jean Renoir) – Napoléon II, l’aiglon (Claude Boissol) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Cyrano et d’Artagnan (Abel Gance) – 1963  Nunca pasa nada (Une femme est passée) (Juan Antonio Bardem) – Alta infedelta (Haute infidélité) [épisode « La sospirose / La jalousie »] (Luciano Salce) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode « L’homme qui vendit la Tour Eiffel »]  (Claude Chabrol) – 1964  Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Those magnificent men in their flying machines (Ces merveilleux fous volants dans leur drôle de machines)  (Ken Annakin) – 1965  Les fêtes galantes (René Clair) – Paris brûle-t-il ? (René Clément) – 1966  Jeu de massacre (Alain Jessua) – 1967  Le dolce signore (Pas folles, les mignonnes) (Luigi Zampa) – La révolution d’octobre (Frédéric Rossif, documentaire, voix du récitant) – 1969  Oh ! what a lovely war (Ah ! Dieu que la guerre est jolie) (Richard Attenborough) – L’armée des ombres (Jean-Pierre Melville) – L’ours et la poupée (Michel Deville) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Le bateau sur l’herbe (Gérard Brach) – 1971  Baxter (En Belgique « R. comme Roger ») (Lionel Jeffries) – Malpertuis (Harry Kümel) – 1972  Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel) – Il magnate (Le magnat) (Gianni Grimaldi) – 1973  Le mouton enragé (Michel Deville) – 1974  The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four musketeers (La revance de Milady) (Richard Lester) – Murder on the Orient-Express (Le crime de l’Orient-Express) (Sidney Lumet) – 1975  That lucky touch (Le veinard) (Christopher Miles) – Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni) – 1976  Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1977  Who is killing the great chiefs of Europe (La grande cuisine) (Ted Kotcheff) – 1978  Les rendez-vous d’Anna (Chantal Akerman) – Contro 4 bandiere/From hell to victory (De l’enfer à la victoire)(Hank Milestone) – Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (Jean Yanne) – 1979  La giacca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) –  La ville des silences (Jean Marboeuf) –  Alicja / Alice (Jacek Bromski & Jerzy Gruza) – Le soleil en face / Les morts de Marat (Pierre Kast) – Grandison (Joachim Kurz, inédit en France) –  5 % de risque (Jean Pourtalé) – 1980  Superman II (Richard Lester, cameo) –  1981  La vie continue (Moshé Mizrahi) –  Nudo di donna (Nu de femme) (Nino Manfredi) – La guerrillera (Pierre Kast) –  1982   Ehrengard (Emilo Greco) (+ version TV) – La truite (Joseph Losey) – 1983  Désir (Jean-Paul Scarpitta, inédit) – Vive la sociale (Gérard Mordillat) – 1984  Tranches de vie (François Leterrier) – 1986  Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli, téléfilm parfois diffusé en salles) – 1987  Chouans ! (Philippe de Broca) – Vado a riprendermi il gatto (Giuliano Biagetti) – Migrations / Seobe / La guerre la plus glorieuse (Migrations) (Aleksandar Petrovic, présenté au Festival de Cannes en  1989) – 1988  Mangeclous (Moshé Mizrahi) – The return of the Musketeers (Le retour des mousquetaires) (Richard Lester) – 1989  Mister Frost (Philippe Setbon) – Vincent & Theo (Vincent et Théo) (Robert Altman) (+ version TV) – 1990  The favour, the watch and the very big fish (La montre, la croix et la manière) (Ben Lewin) – 1991  Sur la terre comme au ciel (Marion Hänsel) – The maid (En France, présenté comme un téléfilm sous le titre « Un amour de banquier ») (Ian Toyton) – Aqui d’el Rei ! (António Pedro Vasconcelos) – 1992  Pétain (Jean Marboeuf) – L’oeil écarlate (Dominique Roulet) – Coup de jeune (Xavier Gélin) – Métisse (Mathieu Kassovitz) – Chá forte com limao (Thé  noir au citon) (Antonio de Macedo) – 1993  L’enfer (Claude Chabrol) – Casque bleu (Gérard Jugnot) – 1994  Prêt-à-porter (Robert Altman) – 1995  La cérémonie (Claude Chabrol) – Amores que matan (Juan Manuel Chumilla) – Valse nocturne / Valse bleue (Christopher Barry, CM) – Les Bidochon (Serge Korber) – 1996  La lettre (Pierre Anaïs, CM) – 1997  La patinoire (Jean-Philippe Toussaint) – Con rabbia e con amore (Alfredo Angeli) – 1998  Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – 1999  Sade (Benoît Jacquot) – Les rivières pourpres (Mathieu Kassovitz) – 2002  Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire) – À l’abri des regards indiscrets (Ruben Alves & Hugo Gélin, CM) – 2003  The wooden camera (La caméra de bois) (Ntshaveni Wa Luruli) – Narco (Tristan Aurouet  Gilles Lellouche) –  2004  Dans tes rêves (Denys Thibaud) – Virgil (Mabrouk El Mechri) – Judas (Nicolas Barry, CM) – 2005  Bunker paradise (Stefan Liberski) – Call me Agostino (Christine Laurent) – Fair play (Lionel Baillu) – J’aurais voulu être un danseur (Alain Berliner) – Congorama (Philippe Falardeau) – Mauvaise foi (Roschdy Zem) – 2006  Où avais-je la tête (Nathalie Donnini) – J’ai plein de projets (Karim Adda, CM) – Astérix aux Jeux Olympiques (Frédéric Forestier) – Contre-enquête (Franck Mancuso) – Acteur (Jocelyn Quivrin, CM) – Le scaphandre et le papillon (Julian Schnabel) – Vous êtes de la police ? (Romuald Beugnon). 

 

Avec Françoise Fabian dans « La femme coquelicot »

Télévision :  1956  La famille Anodin (André Leroux) – 1958  Les cinq dernières minutes : Le théâtre du crime (Claude Loursais) – 1959  La nuit de Tom Brown (Claude Barma) – En votre âme et conscience : L’affaire Benoît (Claude Barma) – Le fameux coup de chapeau (Michel Mitrani) – Les vacances de Brutus (Michel Mitrani) – 1960  La mariage de Figaro ou la folle journée (Marcel Bluwal) – 1966  L’avare (Robert Valey) – Le jeu de l’amour et du hasard (Marcel Bluwal) – 1967  La double inconstance (Marcel Bluwal) – 1969  Mesure pour mesure (Marcel Bluwal) – 1977  L’oeil de l’autre (Bernard Queysanne) – 1978  La giaca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) – 199  Love in a cold climate (Donald Mc Whinnie) – 1980  Shillingburry tale (Val Guest) – Ca, ça va plaire (Bernard Lion, + co-réalisation) – La mise à nu (André Gazuts) – Il caso Grasiosi (Michele Massa) – 1982  Le fleuve étincelant (Patrick Bureau) – 1983  Le dernier banco (Claude de Givray) – 1985  La méthode rose (Claude de Givray) – Série noire : La lune d’Omaha (Jean Marboeuf) – Padre Brown (Vittorio de Sisti) – Vous êtes avec moi Victoria (Claude Barma) – Sei delitti per Padre Brown (Vittorio de Sisti) – L’été 36 (Yves Robert) – Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli) – 1985  Liberty (Richard C Sarafian) – Nel gorgo del peccato (Andrea et Antoine Frazzi) – Casanova (Sidney Langton) – Les temps difficiles (Georges Folgoas, captation) – 1987  Talkie walkie (Daniel Moosman) – Sahara secret (Le secret du Sahara) (Alberto Negrin) – A matter of convenience (Le prix à payer) (Ben Lewin) – Sentimental journey (Peter Patzak) – Emma, quatro storie di donne / Una moglie (Carlo Lizzani) – La chaîne (Claude Faraldo) – Tu crois pas si bien dire (Giovanni Fago) – 1989  Le piège infernal (Richard Martin) – The phantom of the Opera (Le fantôme de l’Opéra) (Tony Richardson) – Aqui d’El Rei ! (Lieutenant Lorena) (António-Pedro Vasconcelos) – 1990  Avanti (Patrick Bureau, captation) – Disperatamente Giulia (Enrico Maria Salerno) – The fatal image / French kill (Meutre en vidéo) (Thomas J Wright) – Fantaghirò / Cave of the Golden Rose (La caverne de la rose d’or) (Lamberto Bava) – Une affaire d’état (Jean Marboeuf) –  Mountain of diamonds (La montagne de diamants) (Jeannot Szwarc) – Warburg : A man of influence (Warburg, le banquier des princes) (Moshé Mizrahi) – Puissance 4 : Déshabillés fatals (Jean Marboeuf) – 1991  Talky-Walkie : Barbara a du punch Daniel Moosmann) – Haute tension : Adriana (Juan Luis Buñuel) – Salut les coquins (Marcel Zemour) – Notorious (Colin Bucksey) – The Young Indiana Jones Chronicles : Petrograd, July 1917 (Les aventures du jeune Indiana Jones) (Simon Wincer) – De terre et de sang (Jim Goddard) – 1992  La treizième voiture (Alain Bonnot) – Le secret d’Élisa Rhais (Jacques Otmezguine) – 1993  Héritage (Maurice Frydland) – 1994  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1995  Tatort – Eine todsichere Falle (Vol & envol) (Hans-Christoph Blumenberg) – Le fils de Paul (Didier Grousset) – Le cœur étincelant (Henri Helman) – L’embellie (Charlotte Silvera) – Le match de notre vie (Gareth Davies) – Le neuvième jour (David Delrieux) – 1996  Flairs ennemis (Robin Davis) – Le président et la garde-barrière (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – Un printemps de chien (Alain Tasma) – Les tiers mondains (Éric Civanyan) – 1998  Il cuore e la spada (Le cœur et l’épée) (Fabrizzio Costa) – Les montagnes bleues (Fabrizzio Costa) – Mai con i quadri (Mario Canaio) – Les Cordier, juge et flic : Les tables de la loi (Pascale Dallet) – 1999  Crimes en série : Histoires d’amour (Patrick Dewolf) – Le coup du lapin (Didier Grousset) – 2000  Double emploi (Bruno Carrière) – Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – Un pique-nique chez Osiris (Nina Companéez) – Ma vie en l’air (Arnaud Sélignac) – Méditerranée (Henri Helman) – 2001  La memoria e il perdono (Giorgio Capitani) – La faux (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – La chanson du maçon (Nina Companéez) – 2002  La maison du canal (Alain Berliner) – Une deuxième chance (Frédéric Krivine) – 2003  Fabien Cosma : D’un battement de cils (Jean-Claude Sussfeld) – 2004  Menteur ! menteuse ! (Henri Helman) – 2005  La femme coquelicot (Jérôme Foulon) –  2006  Le vrai coupable (Francis Huster). 

(2) Petit commentaire : Pour la petite histoire, Jean-Pierre Cassel, ne fait qu’une brève apparition dans « Superman 2 ». J’avais d’ailleurs rajouté son rôle sur la fiche IMDB du film, qui manifestement ignorait sa participation dans ce second opus. Il est assez fréquent de voir un journaliste un peu hâtif, donner une importance à un rôle mineur après avoir consulté cette célèbre base de données.

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

EL CUSTODIO

img339/5765/elcustodiosz0.jpg « El custodio – Le garde du corps » nous donne une nouvelle fois une bonne nouvelle du cinéma argentin, nous consolant un peu de la mort de leur cinéaste les plus doués Fabian Bielinsky. Ce film « una historia minima » pour détourner le titre d’un film de Carlos Sorin, narre le quotidien de Rubén, monolithique garde du corps du ministre de la Planification. Il officie son métier d’une manière morne, se raccrochant à des petits rituels d’approches et de surveillance. Il n’a que des rapports distants avec son supérieur qui l’ignore superbement, sauf quand il humilie parfois de manière peut être inconsciente – confère la scène du dessin avec les invités français, d’une violence inouïe… mais ordinaire -. Le cinéaste Rodrigo Moreno livre une mise en scène remarquable pour un premier film. C’est grâce au festival de Sundance qui l’a honoré du prix du meilleur scénario d’Amérique Latine qu’il a réussi à tourner son film. Il dresse un constat amer sur le poids des classes sociales. Le comédien argentin Julio Chávez est absolument remarquable dans le rôle du garde du corps, il a d’ailleurs reçu depuis l’ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin, pour « El Otro ». Comme encombré par son corps massif, qui est aussi son instrument de travail, il nous fait comprendre son personnage.  Il nous permet de suivre son itinéraire et son intimité, et de sa manière froide de ne plus rester installé dans la résignation. Il est prodigieux dans le rôle de cet homme fondu dans le décors, contenant ses émotions. Le film laisse deviner qu’il avait tout pourtant pour réussir, mais on ne connaît pas les raisons de son échec à vivre autrement que la situation qu’il subit désormais. Il semble se contenter de la routine, de faire partie du décorum de l’entourage du ministre. Souffrant d’une grande solitude, il reste cependant à l’affût, déformation professionnelle oblige, de la vie qui lui semble extérieure.

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Julio Chávez

Rodrigo Moreno a un sens aiguë de l’observation, traquant l’insolite qui peut surgir à tout moment de bureaux aseptisés et impersonnels tout en verre. Rubén semble avoir des difficultés à meubler la vacuité de son quotidien, entre l’ennui qui continue dans son petit appartement. Moreno fait aussi un portrait implacable de la société argentine, montrant le désarroi des petites gens, une révolte sourde qui est près à exploser à tout moment. Il montre aussi les difficultés de la majorité de la population, à l’instar d’une vieille mère déambulant dans l’appartement de sa fille qui se prostitue, offrant un peu de réconfort à Rubèn. Tel un veilleur, Rubén observe de manière froide les vaines agitations politiques, ne pouvant que contenir son dépit, des désillusions sur un monde qui vit de compromissions. Il respecte des codes et des convenances admises de manière implicite, mais ces habitudes rassurantes finalement ne montre que la limite d’une soumission à notre société, renvoyant à nous à réfléchir lui-même sur son propre sort. Il y a dans ce film une manière assez inédite de faire coexister deux mondes, du premier plan sécurisé et en surveillance perpétuelle, et à l’arrière plan, l’exhibition manifeste des arcanes du pouvoir. De ces micros événements, il finit pourtant par naître une grande tension dramatique dans l’expression de l’indicible. A signaler la photographie magnifique signée Alvarez. On reste constamment attentif du sort de Rubèn, qui doit anticiper, toujours toute menace extérieure. De ce fait, il est pour nous une sorte de passeur, entre deux mondes. Il ne trouve d’ailleurs plus aucun réconfort dans aucun d’entre eux. « El custodio » est une proposition de cinéma admirable, annonçant la naissance d’un grand cinéaste, qui en partant d’un état des lieux de la vie en Argentine, finit par toucher à des thèmes universels sur la condition humaine et nous livre mine de rien à notre propre reflet.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gilles Gaston-Dreyfus

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Le spectateur lui sera toujours redevable, la moindre de ses apparitions anime l’ensemble et nous amène dans un univers déjanté. Dans « Hellphone », il est irrésistible en proviseur « cartoonesque », amateur de poissons rouges, trônant dans un bureau, infatué de lui même pour finir par être malmené par la puberté de Jean-Baptiste Maunier dont un téléphone portable satanique est tombé amoureux – Christophe Lambert et son porte-clefs criant à tout bout de champ « I love you » dans le film homonyme de Marco Ferreri, peut aller se rhabiller… -. En œnologue surlignant sa compétence, hallucinant de roublardise, il arrive même à réveiller Russel Crowe dans le pachydermique « Une bonne année » en suscitant la méfiance, et dans « Incontrôlable » il est un médecin ayant gravi depuis longtemps la plus haute échelle de la folie, laissant Michael Youn sidéré d’avoir son corps qui parle avec la voix de Med Hondo.

Je vous propose simplement de lui porter un culte, l’acteur qui nous sauve de l’ennui  pour nous amener directement dans la jubilation.

Cela fait un petit moment qu’il nous est familier, on se souvient de ses mémorables scènes d’engueulades avec Catherine Frot dans « Escalier C », amusant Robin Renucci par leurs éternelles disputes. Yves Boisset en fait un moment l’un de ses acteurs fétiches.

C’est avec Édouard Baer qu’il connaît un regain de popularité, notamment avec le cultissime « Centre de visionnage » de l’émission « Nulle part ailleurs » sur Canal plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire » (sic ! ) de 1997 à 1999. Il fallait le voir en éternel rouspéteur, il incarne le sentencieux Me Morissard, qui a même droit à sa phrase culte : « Je suis une merde ! ». A l’aise dans l’univers Baerien, il nous livre toujours de véritables morceaux d’anthologies, en collaborateur fatigué dans « La Bostella » et en narrateur lunaire et envahissant dans « Akoibon ».

Il participe aussi à la série de Nicolas & Bruno « Cogip 2000 », version pré- « Bureau », il figure aussi dans l’originale émission « L’œil du cyclone », toujours pour Canal + et perturbe même sérieusement la campagne électorale 2007 – qui n’arrête pas de nous faire rire jaune d’ailleurs -, dans des détournements pour le site de Karl Zéro. Multicarte, il a une carrière prestigieuse au théâtre, avec les plus grands metteurs en scène, comme Jorge Lavelli, André Engel, Roger Planchon ou Bernard Murat. Il fut aussi le directeur de la compagnie théâtrale du « Chapeau ».

Il vient véritablement du moule cassé des « excentriques du cinéma français » chers à Raymond Chirat et Olivier Barrot, on l’aurait vu volontiers animer de sa folie quelques films des années 30 à 60. Le délire chez lui n’est jamais loin, et le rencontrer c’est une entrée directe dans l’insolite, comme son personnage de l’inconnu du cimetière dans « Je pense à vous ». Il est le convoyeur toujours en train de faire des quêtes et répondant au doux sobriquet de « Butagaz » dans « Le convoyeur » et le bon copain s’amusant de sa libido dans « Monique ».

On le retrouve aussi en président haineux sous perfusion qui ne s’exprime que par « borborygmes », et en fantôme homosexuel, trompant son éternel ennui en repassant sans cesse, tous les vêtements qu’il trouve.

On ne lui aura finalement pas souvent demandé d’être dans une tonalité « normale » à l’instar du père qui retrouve le goût de vivre dans « La maison de Nina » et du prof soucieux d’équitation dans « Danse avec lui », que l’on devine sensible et pudique, ne montrant pas sa joie de retrouver le personnage joué par Mathilde Seigner après des années d’absences.

Comme souvent pour les comédiens, c’est Bertrand Tavernier qui l’utilise avec le plus de subtilité, en lui offrant le rôle d’Yves Fontaine, dans « Holy Lola ». Il est un père adoptif rigoriste, maladroit et buté, s’évertuant à faire répéter l’alphabet à sa fille adoptive, braquant toute la petite communauté des Français cherchant à adopter au Cambodge. Trop probe finalement, il ne va pas comprendre une société de compromission qui le dépasse, et derrière une attitude sur la défensive, il n’arrive pourtant pas à cacher sa trop grande humanité. Dans « Cherche fiancé tous frais payé », il vole allégrement, avec Isabelle Gélinas, la vedette du couple Alexandra Lamy-Bruno Salomone. Dans le rôle du mari trop idéal pour ne pas cacher quelques failles, il excelle quand ses excès de boissons révèlent chez lui des penchants homosexuels. Dans « Cortex », il est un malade qui perd sa mémoire, mais qui reste avisé d’une situation trouble malgré son handicap. Dans «  »Hello Goodbye » », il est un médecin vivant en Israël et amateur de taxidermie, qui promet un peu trop rapidement un poste de gynécologue à notre Gégé Depardieu national un peu chloroformé. Il compose un « Beria » saisissant en deux scènes dans « Une exécution ordinaire ». Dans l’une, il se renseigne auprès d’un médecin prisonnier politique de l’état de santé de Staline, et dans l’autre, assez drolatique, il visionne avec ce dernier un film de John Wayne, avec une traduction simultanée décalée.

Au final, son apparence tranquille cache toujours quelques secrets bien gardés, comme le voisin de Kad Merad, qui semble très contrarié qu’il ait une inclinaison pour Christiana Reali dans « Le grand méchant loup », ou le père de famille qui a peur de ne pas y arriver dans « Tirez, la langue mademoiselle ». Il est toujours à l’aise dans le délire, en centurion ivrogne dans la quatrième mouture d’Astérix, ou le retraité qui termine « façon puzzle » dans « 9 mois ferme ».

Quoi qu’il en soit, nous avons beaucoup à attendre de ce fabuleux comédien, capable de toujours nous expédier dans de hautes sphères délirantes.

Gilles Gaston-Dreyfus

Gilles Gaston-Dreyfus dans « Bad timing »

Filmographie : 1983  La fiancée qui venait du froid (Charles Némès) – 1984  Escalier C (Jean-Charles Tacchella) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Edwige et l’amour (Cécile Decugis, CM) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987  Bernadette (Jean Delannoy) – La travestie (Yves Boisset) – 1988  Les cigognes n’en font qu’à leur tête (Didier Kaminka) – Radio corbeau (Yves Boisset) – L’étudiante (Claude Pinoteau) – Vampitreries (Éric Delatour, CM) – Envoyez les violons (Roger Andrieux) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – 1989  Chanson à ma mère (Deva-Sugeeta Fribourg, CM) – 1990  Déminage (Pierre-Oscar Levy, CM) – La double vie de Véronique ( Krzystof Kieslowski) – La tribu (Yves Boisset) – 1991  La gamine (Hervé Palud) – Les improductifs (Pierre Isoard, CM) – Mauvais garçon (Jacques Bral) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – Décroche, Pénélope ! (Sylvie Flepp & Didier Fontan, CM) – 1993  Neuf mois (Patrick Braoudé) – 1994  Interview (Benoît Di Sabatino, CM) – 1995  (Sic) (Matthieu Poirot-Delpech, CM) – Sept ans et  demi de réflexion (Sylvie Flepp, CM) – 1997  La vieille barrière (Lyèce  Boukhitine) – Qui va Pino va sano (Fabrice Roger-Lacan, CM) – 1998  Moi j’ai pas la télé (Raphaël Meltz & Pauline Bauer, CM) – Les frères Sœur (Frédéric Jardin) – 1999  Sur un air d’autoroute (Thierry Boscheron) – La Bostella (Édouard Baer) – 2000 Cy-belle (Grégory Baubeau, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – Un oiseau dans le plafond (Cécile Macherel, CM) – 2002  Pauvre de moi (Olivier Gorce, CM) –  L’esprit du jeu (Philippe Dorison, CM) – Bois ta suze (Thibault Staib, CM) – Monique (Valérie Guignabodet) – 2003  Le convoyeur (Nicolas Boukhrief) – Mariages ! (Valérie Guignabodet) – Holy Lola (Bertrand Tavernier) –  2004  Akoibon (Édouard Baer) – Sanctus (Alain Boegner, CM) – La maison de Nina (Richard Dembo) – 2005  Incontrôlable (Raffy Shart) – Roucoulements sourds et inquiets (Jean-Christophe Thormann, CM) – Enfermés dehors (Albert Dupontel) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Je pense à vous (Pascal Bonitzer) – A good year (Une grande année) (Ridley Scott) – Danse avec lui (Valérie Guignabodet) – Hellphone (James Huth) – Mr. Bean’s holiday (Les vacances de Mr. Bean) (Steve Bendelack) – 2007  Cherche fiancé tous frais payés (Aline Issermann) – Cortex (Nicolas Boukhrief) – Les dents de la nuit (Vincent Lobelle & Stephen Cafiero) – Hello Goodbye (Graham Guit) – Les vieux sont nerveux (Thierry Boscheron) – 2008  Sale timing (Olivier Barma, CM) – 2009  Une exécution ordinaire (Marc Dugain) – Gardiens de l’ordre (Nicolas Boukhrief) – Divorces (Valérie Guignabodet) – Un mystérieux mystère (Céline Macherel, CM, + scénario) – Machination (Arnaud Demanche, CM) – 2010  Station Pir (Gilbert Glogowski, CM) – 2011  Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (Laurent Tirard) – 2012  Le grand méchant loup (Nicolas & Bruno) – Tire ta langue, mademoiselle (Axelle Robert) – Neuf mois ferme (Albert Dupontel) – Parenthèse (Bernard Tanguy, CM). Voxographie : 2009  Logorama (H5 , Hervé de Crécy , François Alaux & Ludovic Houplain, CM, animation).

Télévision : 1984  Deux filles sur un banc (Alain Ferrari)-– 1986  À nous les beaux dimanches (Robert Mazoyer) – La dame des dunes (Joyce Buñuel) – 1987  Marie Pervenche : La dernière patrouille (Claude Boissol) – 1988  L’éloignement (Yves-André Hubert) – La belle anglaise : S’il vous plaît chauffeur – Palace (Jean-Michel Ribes) – 1989  Le retour d’Arsène Lupin : La robe de diamants (Nicolas Ribowski) – A tale of two cities (Un comte de deux villes) (Philippe Monnier) – 1990  Haute tension : Meutre en douces (Patrick Dromgoole) – Notre Imogène (Sylvain Madigan) – 1991  Navarro : Mort clinique (Gérard Marx) – Strangers dans la nuit (Sylvain Madigan) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – Aldo tous risques : Mascarade (Michel Lang) – 1992  Aldo tous risques : La guigne (Michel Lang) – 1993  L’affaire Seznec (Yves Boisset) – Charlemagne (Id) (Clive Donner) – Ascension express (Nicolas Ribowski) – 1994  Couchettes express (Luc Béraud) – 1995  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1996  Le galopin (Serge Korber) – Maigret a peur (Claude Goretta) – 1997  Une femme en blanc (Aline Issermann) – Navarro : Le parfum du danger (Nicolas Ribowski) – Un et un font six : Crise de confiance (Franck Appréderis) – Un et un fonx six : Ca passe ou ça casse (Franck Appréderis) – 1998  Une grosse bouchée d’amour (Michaëlla Watteaux) – Venise est une femme (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marc Eliot : Ces flics qu’on dit sauvage (Patrick Jamain) – 2001  Thérèse et Léon (Claude Goretta) – La mort est rousse (Christian Faure) – 2002  La kiné : Double drame (Aline Issermann) – 2003  Cogip 2000) (Nicolas & Bruno) – Louis Page : Un enfant en danger (Chantal Picault) – 2006  Sartre, l’âge des passions (Claude Goretta) – 2008  Central nuit : Comme des soeurs (Olivier Barma) – 2009  L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct) – 2010  Les Bleus : premiers pas dans la police (Chambre avec vue) (Olivier Barma) – 2012  Trafics (Olivier Barma & Laure Diaz, série) – Fais pas ci, fais pas ça (Saison 5) (Gabriel Julien-Laferrière) – 2013  Kaboul Kitchen (Frédéric Berthe & Frédéric Belekjdian).

Dernière mise à jour du 12/10/2013

 

ANNA M.

  Avant-première à l’UGC-Cité-Ciné Bordeaux, le 27 mars dernier du film de Michel Spinosa, en sa présence et celle toujours aussi chaleureuse d’Isabelle Carré. Anna – Isabelle Carré saisissante -, vit avec sa mère joué par Geneviève Mnich, toute en subtilité dans un personnage retenant ses émotions. Pour la petite histoire elle qui fut aussi sa partenaire au théâtre -. Elle restaure avec minutie les vieux livres de la Bibliothèque nationale. Un soir de désespoir, elle se jette sous les roues d’une voiture. Hospitalisée, elle est soignée par le docteur Zanevsky. Ce dernier est joué par le toujours impeccable Gilbert Melki dans un rôle voisin de celui qu’il tenait dans « Ca brûle », étonnant film de Claire Simon -. Elle focalise totalement son attention sur lui, malgré la distance qu’il installe en tant que soignant… Michel Spinosa a mis 5 ans à réussir à faire ce film. Il voulait raconter une histoire d’amour fou, dont le modèle était « L’histoire d’Adèle H » – voir l’allusion dans le titre -. Le scénario ne laisse rien au hasard, la narration est au service du personnage d’Anna, de son évolution et dans l’élaboration contruite de sa pathologie – voir l’évocation du « Cantique des cantiques ». On rentre dans son mode de pensée, ses priorités – les personnages de son entourage existent surtout selon qu’ils peuvent la servir dans son délire psychologique. Les personnages secondaires sont donc souvent dans l’ellipse, comme Anne Consigny probante en épouse dépassée par les événements, Samir Guesmi irrésistible en réceptionniste d’hôtel – grand moment d’humour, Eric Savin en papa de fillettes – elles sont dans des situations parfois fortes, mais sont restée dans l’amusement pour les jouer -, Francis Renaud en paumé ou Gaëlle Bona en bonne copine attentive -. Le personnage joué par Melki, est une victime désabusée, souffrant de la manipulation d’Anna et réduit au silence par les circonstances – voir le personnage dubitatif de l’inspecteur joué par le toujours étonnant Pascal Bongard. Il dresse le constat du problème de l’érotomanie – difficilement curable dit-il -, mais en évitant le côté clinique. La grande idée est d’avoir pris ici, d’avoir pris Isabelle Carré pour incarner Anna. Elle apporte une grande empathie à son personnage, même quand il est difficilement défendable. Le personnage joué par Catherine Deneuve dans le génial « Répulsion » de Polanski, était vu par exemple, au travers d’un prisme assez froid. Michel Spinoza assume ses nombreuses références cinématographiques et picturales, mais en ajoutant une observation baroque… On évite les roublardises de ce type de scénario, se limitant souvent qu’à une vaine manipulation du public en vu d’un twist final, les exemples sont légions, y compris dans le cinéma français – citons « A la folie… pas du tout » de Laetitia Colombani, avec déjà Isabelle Carré dans un rôle secondaire – .

Isabelle Carré

Le film génère une grande tension, un attachement qui bascule à une aversion pour l’héroïne du film… Le public riait parfois, d’un rire défensif, ce qui a valu quelques discussions avec le réalisateur, l’atmosphère du film pesait visiblement sur le public. Isabelle Carré, vive et toujours souriante, discute très volontiers avec le public, j’ai eu le plaisir de l’entendre sur sa rencontre avec Alain Resnais, qu’elle évoque avec chaleur. Elle le décrit comme secret, mais aussi très bavard, mais aussi à l’affut de tout – voir son grand intérêt sur les séries américaines -. Elle parle aussi de ses partenaires avec bonheur et reconnaissance, elle n’oublie pas de saluer Pierre Arditi, qu’il l’avait réconforté par téléphone à ses début, quand elle fut refusée par un casting à ses débuts. C’était passionnant de l’entendre parler de son travail, elle n’est d’ailleurs pas très tendre avec elle-même – elle était déçue par son jeu, lors du monologue de l’hôpital aux yeux rougis, elle se trouvait peu crédible alors que le public trouve la scène saisissante. Elle évoquait les méthodes de travail opposées d’Alain Resnais – qui privilégie les répétitions -, et de Michel Spinosa, qui préférait la spontaneité. Elle s’est donc nourrie d’œuvres musicales, littéraires ou cinématographique. Elle dit joliment que préparer son rôle, c’est comme répondre à une invitation à diner en venant avec un présent. Elle dit avoir été bluffé par le culot d’Ingrid Thulin dans l’un des chefs d’œuvres d’Ingrid Bergman « Le silence », où elle pratique l’onanisme, elle a d’ailleurs une scène similaire d’une même force. Elle qui se définit volontiers comme étant un G.O. – gentil organisateur – sur les tournages. Mais elle est resté dans l’isolement sur le tournage pour trouver les émotions du personnage. C’était un régal de l’entendre, de converser librement avec elle, toujours plus enthousiaste envers les autres qu’elle-même, et d’évoquer avec d’autres le tournage de « La reine blanche » ou du superbe « La femme défendue ». Je ressort un cliché déjà bien usé sur ce blog, mais elle est véritablement « Le stradivarius » du cinéma français – même pas foutu d’être original, je sais… -. Michel Spinosa confirme son talent – il avait signé un « Emmene-moi » claustrophobique révelant Karin Viard. Et Isabelle Carré, nous montre un nouvel aspect de son grand talent et de l’intensité de son jeu, régalant de sa grande gentillesse – c’est la troisième fois que je la rencontre et elle est toujours aussi agréable – . « Anna M. » est un film angoissant, minutieusement mis en scène, et une exploration probante d’une âme meutrie, teinté d’un romantisme noir.

MORT DE LUIGI COMENCINI

Luigi Comencini en 1984

Annonce de la mort, ce jour à Rome, du cinéaste italien, Luigi Comencini, à l’âge de 90 ans : Il avait dit « Je pense qu’un film doit susciter les sentiments et non représenter des idées, parce que les idées suivent les sentiments et non le contraire ». Cette citation en exergue de son portrait par Dominique Rabourdin dans Le numéro spécial de « Cinéma 74 N°190-191, consacré au cinéma italien des années 60 ans, définissait bien cet admirable artiste. Rabourdin l’évoquait en parlant de sa démarche  » …ce qui nous frappe de prime abord, dans son œuvre, c’est sa modestie : il ne s’agit pas de prouver ni de démontrer, mais de montrer, de témoigner, c’est au spectateur qu’il appartient de tirer les conclusions… », et d’évoquer à propos de ces films « …On passera du rire aux larmes, ce qui est le privilège de quelques rares et très grands cinéastes (Lubistch par exemple)… ». Rabourdin évoquait alors la méconnaissance de ses films en France en prenant l’exemple de « L’incompris » (1966) avait eu 5 jours d’exclusivité ! Il connu une réédition en 1978, le film fut enfin apprécié à sa juste valeur. C’est finalement grâce à la télévision – si je prends mon propre exemple, car Comencini est l’un des mes artistes préférés -, grâce aux « Ciné-clubs » de Claude-Jean Philippe et de Patrick Brion,  nous familiarisant avec ses films. Il débute comme critique de cinéma, documentariste et de scénariste (Il écrit par exemple Alberto Lattuada, « Il mulino del Po » (« Le moulin du Pô », 1948), Pietro Germi, « La città si defende » (« Traqué dans la  ville », 1951), « Il segno de venere » (« Le signe de Vénus », Dino Risi, 1954), etc…). Avec Alberto Lattuada et Mario Ferrari, il avait fondé la Cinémathèque italienne. Comme réalisateur il connaît un grand succès, avec « Pain, amour et fantaisie » (1953), puis « Pain, amour et jalousie » (1954), comédie villageoise porté par l’énergie du tandem et Vittorio De Sica. Dans ses comédies, souvent acerbe, il fait un portrait tout en finesse, de la société italienne des années 60-70, montrant par exemple le jubilatoire « L’argent de la vieille » (1972), ou la confrontation cinglante d’une américaine excentrique – Bette Davis flanquée de Joseph Cotten -, passionnée de jeux de cartes, et qui régulièrement s’affronte avec des habitants pauvres d’un quartier populaire de Naples – Alberto Sordi et Silvana Mangano, inoubliables -, au jeu du « scopone scientifico ».

Comencini, se sert souvent de la fable, pour montrer les mœurs dissolues de la société turinoise dans « La femme du dimanche » (1975), avec Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset, où l’égoïsme global des victimes du « Grand embouteillage » (1978). Le ton est souvent pessimiste, irrespectueux, mais il montre toujours une grande tendresse pour les faibles et les marginaux. C’est aussi, celui qui a le mieux, rendu le monde de l’enfance, il analyse parfaitement l’état d’esprit de cet âge, son innocence et des petits drames. Le très subtil « L’incompris », montre un père veuf et consul de Grande Bretagne à Florence – Anthony Quayle, très juste – indifférent au sort de son fils aîné Andréa -, « l’incompris »  tente de lui montrer qu’il existe en changeant son comportement, histoire d’attirer son attention. Ce mélodrame, est l’un des films les plus émouvants de l’histoire du cinéma. Il signe avec réalisme en 1969, un autre chef d’œuvre « Casanova, un adolescent à Venise » , montrant une Venise magnifique mais en déclin. Il narre avec élégance, la jeunesse du célèbre Giacomo Casanova de Seingalt, et de son passage de la pauvreté, au séminaire avant de devenir l’un des grands de son temps grâce au libertinage. Il adapte aussi avec brio l’œuvre de Carlo Collodi avec « Les aventures de Pinocchio », un film picaresque ou l’on retrouve le génial Nino Mandredi interprétant un émouvant Gepetto. En 1987, avec « Un enfant de Calabre » avec le grand Gian-Maria Volonté, d’après un récit de Demetrio Casile, il dresse le portrait d’un jeune garçon déshérité, qui ne vit que pour la course à pied. Comencini a toujours montré l’espoir d’une lutte des classes, et la grande ressource qu’il peut sortir de grands drames. Il était un auteur complet, pouvait illustrer l’opéra de Puccini « La bohème » (1987) pour Daniel Toscan du Plantier, offrir l’un des ses  plus grands rôles à Claudia Cardinale avec « La storia » (1985) – qui connut une version télé -, d’après l’œuvre d’Elsa Morante et nous attendrir avec un couple inattendu – Michel Serrault et Virna Lisi -, dans « Joyeux Noël, bonne année », obligés de séparer en raison de problèmes économiques. Son livre « Enfance, vocation expérience d’un cinéaste » avait été traduit par Jean Resnais et édité en France chez Jacqueline Chambon en 2000. Cet humaniste, père des cinéastes Cristina et Francesca, a contribué de manière remarquable à ce que le cinéma soit qualifié de 7ème art.

Filmographie : 1937  La noveletta (CM documentaire) – 1946  Bambini in città (CM documentaire) – 1948  Proibito rubare (De nouveaux hommes sont nés) – 1949  L’imperatore di Capri – Il museo de sogni (CM documentaire) – 1950  L’ospedale del delitto (documentaire) – Persiane chiuse (Volets clos) – 1952  Heidi  (Id) – La tratta delle bianche (La traite des blanches) – 1953  La valigia dei sogni – Pane, amore e fantasia (Pain, amour et fantaisie) – 1954  Pane, amore e… gelosia (Pain, amour et jalousie) – 1955  La bella di Roma (La belle de Rome) – 1656  La finestra sul Luna Park (Tu es mon fils) – 1957  Mariti in città (Maris en liberté) – 1958  Mogli pericolose – Appunti du reggia (CM) – 1959  La sorprese dell’amore / …und das am montagmorgen (Belgique : Lendemain de week-end) – 1960  Tutti a casa (La grande pagaille) – 1961  A cavallo della Tigre (À cheval sur le tigre) – Il commissario – 1963  La ragazza di Bube (La ragazza) – 1964  Tre notti d’amore (sketche « Fatebenefratelli ») – La mia signora (sketche : « Eritrea ») – Le bambole (Les poupées) (sketche « Il trattato di Eugenetica ») – 1965  La bugiarda (Le partage de Catherine ou une fille qui mène une vie de garçon) – Il compagno Don Camillo (Don Camillo en Russie) – 1966 Incompreso / Misenderstood (L’incompris) – 1967  Italian secret service (Les russes ne boiront pas de coca-cola) – 1968 Senza sapere niente di lei – 1969 Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, Veneziano (Casanova, un adolescent à Venise / Giacomo Casanova, Vénitien…) – 1970 I bambini e noi (enquête TV) – 1971 Le avventure di Pinocchio (Les aventures de Pinocchio) (+ version TV) – 1972 Lo scopone scientifico (L’argent de la vieille) – 1973 Delitto d’amore (Un vrai crime d’amour) – 1974 Moi Dio come sono caduta in basso ! (Mon Dieu comment suis-je tombé si bas ?) – Educazione civica (CM) – 1975 La donna dela domenica (La femme du dimanche) – Quelle strane occasioni (La fiancée de l’évêque) (sketche « L’ascensore ») – Basta che non si sappia in giro ! (Gardez le pour vous) (sketche : L’équivoc) – 1976 Signore e signori, buenanotte (Mesdames et messieurs bonsoir) (un sketche) – 1977 Il gatto (Qui a tué le chat ?) – 1978 L’incorgo, una storia impossibile (Le grand embouteillage) – 1979 Voltati Eugenio (Eugenio) – 1981 Il matrimonio di Caterina (TV) – 1982 Cercasi Gesù (L’imposteur) – 1983 Cuore (Id) (+ version TV) – La Storia (Id) (+ version TV) – 1986  Un ragazzo di Calabria (Un enfant de Calabre) – 1987 La bohème – Les Français vu par… (TV) (un sketche) – 1989 Buon natale… buon anno (Joyeux Noël, bonne année) – 1991 Marcelino, pan y vino / Marcellino pane e vino (Marcelino).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

DANS LES CORDES

Avant-première à l’UGC-Ciné Bordeaux le 23 mars dernier, du premier long métrage de Magaly Richard-Serrano, en sa présence et celle des comédiens Richard Anconina, Louise Szpindel et Stéphanie Sokolinski. Après le premier film de Carine Tardieu, c’est à nouveau une excellente surprise – on était plus habitué à la mode assez laborieuse des premières réalisations de « pipoles » ces derniers temps -. La réalisatrice met en scène le milieu de la boxe française, loin des stéréotypes habituels de ces types de films – le chant du cygne de Sylvester Sallone dans son curieux retour aux sources dans « Rocky Balboa », flirtant avec le hautement improbable -.  A la voir ainsi charmante, enceinte de 8 mois, la grossesse rayonnante, on ne se douterait pas qu’elle fut deux fois championne de France de ce noble art dans son adolescence. Elle a bien connu le parcours des deux jeunes héroïnes de son film. L’histoire, Joseph  vivote en affrontant les difficultés économiques d’un petit club de boxe qu’il dirige en région parisienne. Il entraîne avec sévérité sa fille Angie – Louise Szindel, étonnante de colère rentrée – et sa nièce Sandra – Stéphanie Sokolinski, un joli tempérament frondeur -, pour les prochains championnats de France. Elles sont complices, même si une petite rivalité sourde existe entre elle, les deux comédiennes font d’ailleurs preuve de beaucoup de justesse. Joseph ignore souvent sa femme Térésa – Maria de Medeiros, surprenante en blonde -, dont la sœur décédée était la mère de Sandra, elle tente de s’échapper de sa condition en se confiant parfois à une animatrice radio – la voix de Macha Béranger -. Le jour de la finale arrive, Angie semble être submergée par le trac… A l’évocation du film, on s’attend de voir une variation sur « Million dollar baby ». En fait le scénario est écrit avant la sortie du film, la réalisatrice ayant eu des difficultés à monter son film. Mais bien qu’ayant adoré le film de Clint Eastwood,  l’approche n’est pas du tout la même, personnellement je n’ai plus du tout pensé à son auguste prédécesseur en voyant l’univers de Magaly Richard-Serrano.

Louise Szpindel, Richard Anconina et Stéphanie Sokolinski.

Richard Anconina saluait la ferveur et la maîtrise de sa réalisatrice qui a réussi à imposer son univers, malgré les contraintes d’un budget restreint. Cinéphile, elle parle avec ferveur de « Fat city » de John Huston et de « Nous avons gagné ce soir », deux des plus beaux films sur ce sport. Elle concilie son amour du cinéma, à sa connaissance remarquable de la boxe, toute sa famille venant de ce milieu. Elle fait exister la cité, elle filme la banlieue sans clichés – ici Vitry-sur-seine -, malgré certains refus de tournage de quelques municipalités. Elle a réussi avec des lieux de tournage composites, à faire exister un cadre, évoquant un cadre social avec beaucoup de subtilité. Les combats de boxes, sont également superbement mis en scène, évoluant en fonction des états d’âmes du personnage d’Angie. Elle passe d’un réalisme âpre à un combat empreint d’onirisme. La distribution est probante de Richard Anconina, à l’aise dans la maturité, son personnage mettant beaucoup de pression sur les épaules des jeunes filles. Il défendait le film avec ardeur, même s’il me semblait un peu dans la distance avec le public, surtout quand un cinéphile lui ressortait la comparaison hasardeuse de l’ineffable Jean Tulard,  avec Marcel Mouloudji acteur – réponse du comédien mais je vais signer les autographes Adamo, alors -. Louise Szindel – remarquée par la réalisatrice dans un téléfilm « Des épaules solides » où elle incarnait également une sportive – a donné une très grande force à son personnage et Stéphanie Sokolinski, enthousiaste de faire découvrir ce film à sa famille bordelaise, faisait preuve d’un grand charme, elle était tout étonnée que je la reconnaisse après l’avoir vue en jolie maîtresse de François Cluzet dans « Ma place au soleil » d’Éric de Montalier à l’affiche en ce  moment également. Elles évoquaient l’entraînement et la chorégraphie apprise pour incarner ces boxeuses avec beaucoup de modestie. Maria de Medeiros donne une belle épaisseur à son personnage de femme meurtrie, Bruno Putzulu est très attachant en boxeur, remontant sur le ring après des années d’absence, et les comédiens non-professionnels sont tous remarquables. Saluons le trop rare Jean-Pierre Kalfon – qui revient enfin plus régulièrement à l’écran, il y a 5 films tournés en 2006 dans son CV – compose avec son habituel côté dandy, un saisissant arbitre de boxe, attendri par les difficultés du personnage de Joseph. Touché par l’univers de la boxe, il a selon la réalisatrice réalisé un documentaire à l’issue du film. C’est toujours une belle émotion que de découvrir les premiers plans d’un premier film et de découvrir la naissance d’une artiste. C’est le cas avec ce film ci, alternant lyrisme et une approche documentaire. Ce n’est pas si fréquent en ce moment dans le cinéma français.