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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dominique Zardi

 Dominique Zardi dans "Les misérables" (Robert Hossein, 1982)

Dominique Zardi dans « Les misérables » (Robert Hossein, 1982)

« Au pays du cinéma, il possède la double nationalité. Tantôt chabrolien, tantôt mockyste. Il incarne dans les deux troupes la francité dans toute son horreur. Son crâne rasé et son allure de catcheur le renforcent dans le rôle du méchant d’opérette. Inutile de préciser que les deux grands cinéastes de l’anti-France ne  résistent jamais au plaisir de charger son personnage au maximum ». Telle était la définition de Dominique Zardi par Hervé Le Roux et Alain Philippon dans leurs « Fragments d’un dictionnaire amoureux » – dont j’ai repris le titre de manière éhontée pour faire cette rubrique -, dans « Les Cahiers du cinéma » N°408″ (Mai 1988). On peut dire de lui qu’il est connu, mais pas vraiment reconnu, car tout le monde connaît son visage, roux avec calvitie, désormais chauve et sa silhouette trapue. J’avais évoqué ses débuts, voir la fiche de ce blog consacrée à son ami Henri Attal, mais il est intéressant de s’occuper de son parcours « cavalier seul ». Il est difficile de l’éviter quand on suit le cinéma français, il prétend avoir arrêter de comptabiliser ses films à partir du N° 500.  On se demande d’ailleurs, si ce grand prolifique, n’avait pas le don de l’ubiquité, d’autant plus que volontiers bagarreur, il était à ses débuts, selon Claude Chabrol… interdit de séjour ! Sa filmographie est un véritable casse-tête, même s’il est vrai que son CV officiel reste très précieux pour les recherches, mais il est difficile de prétendre avec lui à l’exhaustivité d’autant plus qu’il avait déclaré à l’émission « Le club » sur « CinéClassic » en 1998, avoir fait une trentaine de film de dos ! – (1) d’où une tentative d’une seconde filmographie « dorsale » donc difficilement vérifiable -. Dans cette émission, il nous embrouille encore plus en parlant d’une participation au film « Malaria » de Jean Gourguet en 1942, – le sieur étant né en 1930, il avait donc 12 ans ! – face à Sessue Hayakawa, avec un débutant nommé… Jean-Pierre Mocky. Mais si on se met à penser qu’il affabule, il est vrai qu’il a souvent raison, on le voit finalement partout en passager du métro dans « Pickpockett » (1959) de Robert Bresson, qu’en voyageur dans une gare derrière Paul Newman, dans « Paris Blues » (1961), en badaud à deux reprises dans un décor de rue avec Brigitte Bardot dans « La vérité » (1960), un spectateur dans un cabaret dans « Strip-tease » (1962), etc… Il a toujours un art assez remarquable de se mettre en avant, même dans une scène de groupe. Au petit jeu de rajouter sur sa fiche IMDB des films oubliés de son CV, je n’avais trouvé après nombre de visionnages, que « Les yeux de l’amour » (Denys de la Patellière), où il suit Danielle Darrieux dans une gare – décidément ! -, ou dans « Les bonnes causes » (Christian-Jaque, 1962), en participant d’une audience au tribunal. Dans cette quête métaphysique d’optimiser sa filmographie, sans tomber dans l’extrême du dispositif barbare élaboré pour que Malcolm McDowell dans « Orange mécanique », pour qu’il garde les yeux ouverts, on finit par s’interdire de cligner de l’œil à la vision des films français de des années cinquante à 70, de peine de le manquer. Né à Belleville-près-Paris, selon sa formule, ses copains de classe lui disant « Ah ! t’es pas de Paris ! », il raconte que son parrain était le célèbre « Pierrot le fou ». Ironie du sort, il tournera dans le film homonyme de Jean-Luc Godard – qui n’a pas grand chose à voir, il est vrai avec le truand notoire -, avec le rôle titre Jean-Paul Belmondo qui fut le parrain de sa fille. L’homme multiplie « les casquettes » et est un auteur complet, conférencier passionné – pour l’avoir rencontre en avril 2004, il est très disert sur sa carrière, il m’avait évoqué le tournage de « Touristes, oh yes ! », de Jean-Pierre Mocky – toujours inédit -, où il me racontait la difficulté des comédiens de parler tous… hollandais, durant tout le film, pour une sorte d’hommage à Jacques Tati -. Il est d’ailleursamusant dans ce film disponible en DVD en guide sourd. Il faut l’entendre comme souvent dans les émissions de TV, ou les bonus DVD se présenter comme – exhausteur de goût -, voir l’anecdote de la gousse d’ail dans sa fiche « Wikipédia » qui répertorie de plus ses rôles. Il est également écrivain, « Le génie du judaïsme » (1971), « Dublin des étoiles  » (1972), « Le monde des truands » (Éditions Tatamis, 2008), etc…, quelques-uns uns de ses livres, dont certain serait dit-on controversé sont disponibles aux éditions « Dualpha », « Tendre ghetto, si le Marais m’était conté » (2003), « Les immortels de la boxe » (2003),  « Le génie du judaïsme » (2004, réédition de son livre de 1971), « L’Algérie des mirages » (2006). Passionné par la boxe il dirigea pendant vingt-huit ans la revue « Euro Boxes show », référence pour les amoureux de ce noble art. Il aussi acteur compositeur de chansons pour Claude Chabrol : – « La tabatière » dans « La femme infidèle », « Isabel » dans « La rupture », « Le petit chien » dans « Docteur Popaul », ect… »Capri petite île » virera même au culte dans « Le boucher » -,  Pierre Granier-Deferre –  « Le petit yoyo » dans « Noyade interdite » – , ou Jean-Pierre Mocky : – « O Manon » dans « La bête de miséricorde » -.

 

 

Dominique Zardi dans « Fleur d’oseille »

 

L’acteur est souvent cantonné dans les rôles de bagnards  – il se paiera le luxe de l’être dans plusieurs adaptations des « Misérables » d’après Victor Hugo chez Marcel Bluwal (1972), Robert Hossein (1982) et l’ineffable Josée Dayan (2000), dans cet emploi,  il paniquera dans une scène de déminage dans « Un nommé la Rocca » de Jacques Becker. On le retrouve très souvent dans des rôles d’affreux, tel l’admirateur odieux de Brigitte Bardot dans « Vie privée » (1961) de Louis Malle, ou le satyre harcelant Marlène Jobert dans « Le dernier domicile connu » (1968). Il déclarait à « Travelling Avant N°10 » : « On m’a donné les pires rôles dans le cinéma français : J’ai joué des psychopathes, des tordus, des tarés, des violeurs d’enfants, des assassins, des pourris, des tueurs aux abattoirs, j’ai fait des choses ignobles, j’ai tué des chiens, des cochons, des poules, des petites filles, des vieillards, j’ai fait des choses abominables… Jamais personne ne m’en a tenu rigueur… ». Mais il est aussi à l’aise dans la farce, en braconnier roublard dans « Le gendarme en balade », l’auto-stoppeur remuant, énervant Eddie Constantine, dans « Les femmes d’abord » (1963), le nageur idiot malmené par Johnny Hallyday dans le cornichonesque « Les poneyttes » (1967),  le notaire trop obséquieux pour être vraiment honnête dans « O.K. Patron » (1973) ou dernièrement le papy séquestré par un François Levantal d’anthologie dans « L’amour aux trousses » (2004). Il a même droit à sa réplique culte chez Michel Audiard dans « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages » : Blier : « J‘ai bon caractère mais j’ai le glaive vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse », Zardi : « C’est pas une métaphore, c’est une périphrase », un comparse : « Ah, fais pas chier ! »,  Zardi : « Ca c’est une métaphore ! ». Il fait finalement de belle rencontre notamment avec Jean-Pierre Melville, Claude Sautet –  pour 4 films -, Luc Moullet – voir son jubilatoire rôle de propriétaire combinard d’une salle de cinéma dans « Les sièges d’Alcatraz » (1988) .Maurice Ronet qui le citera avec chaleur dans son autobiographie, lui donnera l’un de ses meilleurs rôles dans « Bartleby » (1976), où avec Maurice Biraud, il forme un duo réjouissant d’huissiers mesquins. Trois metteurs en scènes en font l’un de leurs acteurs fétiches Pierre Granier-Deferre – 17 films et un téléfilm – qu’il qualifie de « demoiselle d’autrefois » ! en raison de ses bonnes manières, l’utilise souvent avec inventivité, on se souvient du clochard fou face à Yves Montand dans « Le fils » (1972), notamment. Claude Chabrol – 26 films et trois téléfilms -, l’emploi également très souvent, jusqu’à son rôle de gardien du musée dans « Au cœur du mensonge » en 1998. Il le sort très souvent de ses emplois habituels tel l’inspecteur soucieux dans « Que la bête meure » (1969), ou le chefaillon de la poste dans « Poulet au vinaigre » (1964). Il lui fera même jouer un sympathique marchand de ballons, que Stéphane Audran droguée par Jean-Pierre Cassel, finit par prendre pour Dieu, dans un délire psychédélique, dans l’étonnant « La rupture » (1970). Jean-Pierre Mocky – 39 films et deux courts-métrages – lui restera fidèle jusqu’à ces dernières années, il est l’un des supporters les plus virulents d’ « A mort l’arbitre ». Mais il lui donne souvent ces derniers temps des rôles de notables comme dans « Vidange », ou d’importants personnages comme dans « Tout est calme » et l’humanise parfois comme l’ouvrier au chômage qui tente de se suicider en se jetant dans la mer dans « Robin des mers ». On le retrouve dans les derniers films de Mocky, ne dédaignant pas jouer des rôles troubles, comme l’odieux pédophile voyeur dans « Les ballets écarlates ». Saluons ce comédien atypique, parfois virulent, délaissé selon sa formule par les « boutiques » de « Georges Cravenne » – Les Césars – et Bernard Pivot, l’un des comédiens les plus singuliers du cinéma français. Il convient de visiter son site officiel, d’où sont tirées les photos qui illustrent cette note. En juin 2007, paraît enfin son livre de souvenirs de cinéma « Le comédien fétiche du cinéma » – qui semblait faire peur aux éditeurs par son ton polémiste – aux éditions Dualpha. Le livre est réédité, légèrement remanié aux éditions Alphée – Jean-Paul Bertrand. On retrouve son mordant dans cet ouvrage riche en anecdotes et dévoilant quelques facettes de la personnalité de son compère Henri Attal. 

Bibliographie : « L’autre journal N°7 » décembre 1990.

« Travelling Avant » N°10 

 

Dominique Zardi dans le rôle de « Dieu » ! dans « La rupture » 

Filmographie : 1958  Christine (Pierre Gaspard-Huit) – La femme et le pantin (Julien Duvivier) – Pourquoi viens-tu si tard ? (Henri Decoin) – Maxime (Henri Verneuil) – Croquemitoufle / La femme des autres (Claude Barma) – 1959  Pickpocket (Robert Bresson) – Les bonnes femmes (Claude Chabrol) – Le trou (Jacques Becker) – Le dialogue des Carmélite (Philippe Agostini & R.L. Bruckberger) – Austerlitz (Abel Gance) – Tête folle (Robert Vernay) – À rebrousse-poil (Pierre Armand) – Les yeux de l’amour (Denys de la Patellière) – 1960  La vérité (Henri-Georges Clouzot) – Crack in the mirror (Drame dans un miroir) (Richard Fleischer) – Goodbye again (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les godelureaux (Claude Chabrol) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara) – Saint-Tropez Blues (Marcel Moussy) – Comment qu’elle est (Bernard Borderie) – 1961  Les trois mousquetaires : Les ferrets de la reine (Bernard Borderie) – Un nommé La Rocca (Jean Becker) – Ophélia (Claude Chabrol) – Un cheval pour deux (Jean-Marc Thibault) – Gigot (Gigot, le clochard de Belleville) (Gene Kelly) – Les Parisiennes [épisode : « Sophie »] (Marc Allégret) – Les petits matins (Jacqueline Audry) – Vie privée (Louis Malle) – 1962  Un chien dans un jeu de quille (Fabien Collin) – The longest day (Le jour le plus long) (Ken Annakin, Andrew Marton, Gerd Oswald, Bernhard Wicki & Darryl Zanuck) – Les ennemis (Édouard Molinaro) – Le monte-charge (Marcel Bluwal) – L’assassin est dans l’annuaire (Léo Joannon) – Paris Blues (Id) (Martin Ritt) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Dossier 1413 (Alfred Rode) – Les femmes d’abord (Raoul André) – L’empire de la nuit (Pierre Grimblat) – Landru (Claude Chabrol) – Le vice et la vertu (Roger Vadim) – Les vierges (Jean-Pierre Mocky) – L’aîné des Ferchaux (Jean-Pierre Melville) – Le doulos (Jean-Pierre Melville) – Les grands chemins (Christian Marquand) – Les bonnes causes (Christian-Jaque) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky) – À toi de faire, mignonne (Bernard Borderie) – Blague dans le coin (Maurice Labro) – Peau de banane (Marcel Ophuls) – Château de Suède (Roger Vadim) – Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Méfiez-vous Mesdames (André Hunebelle) – Coup de bambou (Jean Boyer) – La bande à Bobo (Tony Saytor) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode « L’homme qui vendit la Tour Eiffel »] (Claude Chabrol) – La ronde (Roger Vadim) – Faites sauter la banque (Jean Girault) – Le journal d’une femme de chambre (Luis Buñuel) – Des frissons partout (Raoul André) – L’assassin connaît la musique… (Pierre Chenal) – La mort d’un tueur (Robert Hossein) – 1964  Le Tigre aime la chair fraîche (Claude Chabrol) – La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Échappement libre (Jean Becker) – Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil) – Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – Fantômas (André Hunebelle) – Nick Carter va tout casser (Henri Decoin) – La grande frousse ou la cité de l’indicible peur (Jean-Pierre Mocky) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein) – Le majordome (Jean Delannoy) – Comartiment tueurs (Costa-Gavras) – Ces dames d’en mêlent (Raoul André) – Fifi la Plume (Albert Lamorisse) – 1965  Pierrot le fou (Jean-Luc Godard) – Hotel Paradiso (Paradiso, hôtel du libre-échange (Peter Glenville) – La grosse caisse (Alex Joffé) – Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Furia à Bahia pour O.S.S. 117 (André Hunebelle) – Le gendarme à New York (Jean Girault) – Fantômas se déchaîne (André Hunebelle) – La métamorphose des cloportes (Pierre Granier-Deferre) – Angélique et le Roy (Bernard Borderie) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – Masculin, féminin (Jean-Luc Godard) – Paris au mois d’Août (Pierre Granier-Deferre) -1966  La curée (Roger Vadim) – La ligne de démarcation (Claude Chabrol) – Brigade anti-gangs (Bernard Borderie) –  Monsieur le Président-Directeur Général (Jean Girault) – L’attentat (Jean-François Davy, inédit en salles) – Le scandale (Claude Chabrol) – Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – Le soleil des voyous (Jean Delannoy) – Fantômas contre Scotland Yard (André Hunebelle) –  Un idiot à Paris (Serge Korber) – Roger-la-Honte (Riccardo Freda) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le grand dadais (Pierre Granier-Deferre) – Les risques du métier (André Cayatte) – Les Poneyttes (Joël Le Moigne) – Les grandes vacances (Jean Girault, rôle coupé au montage ?) – Les biches (Claude Chabrol) – La petite vertu (Serge Korber) – Caroline Chérie (Denys de la Patellière) – Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvage (Michel Audiard) – Ho ! (Robert Enrico) – Le gendarme se marie (Jean Girault) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – Le cerveau (Gérard Oury) – La femme infidèle (Claude Chabrol) – L’amour (Richard Balducci) – L’amour c’est gai, l’amour c’est triste (Jean-Daniel Pollet) – 1969  Que la bête meure (Claude Chabrol) – Une veuve en or (Michel Audiard) – Delphine (Éric Le Hung) – Solo (Jean-Pierre Mocky) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause (Michel Audiard) – La horse (Pierre Granier-Deferre) – Les choses de la vie (Claude Sautet) – Dernier domicile connu (José Giovanni) – La promesse de l’aube / Promise at dawn (Jules Dassin) – Qu’est-ce qui fait courir les crocodiles ? (Jacques Poitrenaud) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Sortie de secours (Roger Kahane) – Les novices (Guy Casaril) – Ils (Jean-Daniel Simon) – Comme larrons en foire (Edmond Freess, CM) – Le gendarme en balade (Jean Girault) –Le cinéma de papa (Claude Berri) – Juste avant la nuit (Claude Chabrol) – L’albatros (Jean-Pierre Mocky) – Le cri du cormoran, le soir, au-dessus des jonques (Michel Audiard) –Max et les ferrailleurs (Claude Sautet) – On  est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – L’explosion (Marc Simenon) – 1971  La grande maffia (Philippe Clair) – Jo (Jean Girault) – Chut ! (Jean-Pierre Mocky) – L’odeur des fauves (Richard Balducci) – Les galets d’Étretat (Sergio Gobbi) – Une larme dans l’océan (Henri Glaeser) – 1972  Docteur Popaul (Claude Chabrol) – Elle cause plus… elle flingue (Michel Audiard) – Trop jolies pour être honnêtes (Richard Balducci) – La scoumoune (José Giovanni) – Le fils (Pierre Granier-Deferre) – Don Juan 73 ou Si Don Juan était une femme (Roger Vadim) – Le complot (René Gainville) – 1973  Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – Par ici la monnaie (Richard Balducci) – Deux hommes dans la ville (José Giovanni) – O.K. Patron (Claude Vital) – Nada (Claude Chabrol) – La race des seigneurs (Pierre Granier-Deferre) – Les quatre Charlots mousquetaires ! (André Hunebelle) – 1974  Les innoncents aux mains salles (Claude Chabrol) – Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – La cage (Pierre Granier-Deferre) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Adieu poulet (Pierre Granier-Deferre) – Andréa (Henri Glaeser) – L’intrépide (Jean Girault) – Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1976  Mado (Claude Sautet) – Dracula, père et fils (Édouard Molinaro) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – Bartleby (Maurice Ronet, téléfilm diffusé en salles) – Le pensionnat et ses intimités (Catherine Balogh [= René Gainville]) – 1977  L’homme pressé (Édouard Molinaro) – Violette Nozière (Claude Chabrol) – Comment se faire réformer (Philippe Clair) – 1978  Les réformés se portent bien (Philippe Clair) – Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1979  Le piège à cons (Jean-Pierre Mocky) – Le toubib (Pierre Granier-Deferre) – Le mors aux dents (Laurent Heynemann) – L’associé (René Gainville) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Un mauvais fils (Claude Sautet) – 1981  Une étrange affaire (Pierre Granier-Deferre) – Pour la peau d’un flic (Alain Delon) – Tais-toi quand tu parles ! (Philippe Clair) – L’Étoile du Nord (Pierre Granier-Deferre) – Les misérables (Robert Hossein, + version TV) – Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky) – 1982  Y a-t-il un français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky) – N’oublie pas ton père au vestiaire… (Richard Balducci) – Plus beau que moi, tu meurs (Philippe Clair) – 1983  L’ami de Vincent (Pierre Granier-Deferre) – On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – À mort l’arbitre ! (Jean-Pierre Mocky) – Le sang des autres (Claude Chabrol, + version TV) – 1984  Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir (Philippe Clair) – Y a pas le feu (Richard Balducci) – Poulet au vinaigre (Claude Chabrol) – 1985  Banana’s boulevard (Richard Balducci) – Le pactole (Jean-Pierre Mocky) – 1986  Masques (Claude Chabrol) – Cours privé (Pierre Granier-Deferre) – Le miraculé (Jean-Pierre Mocky) –1987  Noyade interdite (Pierre Granier-Deferre) – Le cri du hibou (Claude Chabrol) – Agent trouble (Jean-Pierre Mocky) – Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky) – La comédie du travail (Luc Moullet) – 1988  Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – Divine enfant (Jean-Pierre Mocky) – 1989  Les sièges de l’Alcazar (Luc Moullet, MM) – Jours tranquilles à Clichy (Claude Chabrol) – L’autrichienne (Pierre Granier-Deferre) – 1990  Madame Bovary (Claude Chabrol) – Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro) – 1991  Mocky story (Jean-Pierre Mocky, inédit) – Le huitième jour ou les pieds gelés (Roland Platte, CM) – La voix (Pierre Granier-Deferre) – Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – 1992  Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1993  Le petit garçon (Pierre Granier-Deferre) – 1994  Noir comme le souvenir (Jean-Pierre Mocky) – 1996  Jour de pêche (Brice Ansel, CM) – 1996  Alliance cherche doigt (Jean-Pierre Mocky) – 1997  Robin des mers (Jean-Pierre Mocky) – 1998  Au cœur du mensonge (Claude Chabrol) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999  Tout est calme (Jean-Pierre Mocky) – 2000 Vidocq (Pitof) – 2001  Les araignées de la nuit (Jean-Pierre Mocky) – La bête de miséricorde (Jean-Pierre Mocky) – 2002  Le furet (Jean-Pierre Mocky) – 2004  L’amour aux trousses (Philippe Chauveron) – Touristes ? oh yes ! (Jean-Pierre Mocky) – Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky) – Grabuge !  (Jean-Pierre Mocky) – 2005  Le bénévole (Jean-Pierre Mocky) – 2006  Le deal (Jean-Pierre Mocky) – 2007 13 French Street (Jean-Pierre Mocky).

 

 

Dominique Zardi, Ingrid Bergman et Henri Attal… de dos dans « Aimez-vous Brahms? »

(1) Filmographie « dorsale » : 1945  La ferme du pendu (Jean Dréville) – 1946  La revanche de Roger La Honte (André Cayatte) – 1947  Carré de valets (André Berthomieu) – Le bateau à soupe (Maurice Gleize) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Maternité clandestine (Jean Gourguet) – 1954  La fille perdue (Jean Gourguet) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve, figuration non confirmée) – La chatte (Henri Decoin, figuration non confirmée) – Le bossu (André Hunebelle, figuration non confirmée) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry, source sa fiche Wikipédia) – 1962  Charade (Id) (Stanley Donen, figuration non confirmée) – 1963   Carambolages (Marcel Bluwal) – 1965  Paris brûle-t’il ? (René Clément, figuration non confirmée) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, figuration non confirmée) – 1967  Jerk à Istambul (Francis Rigaud) – J’ai tué Raspoutine (Robert Hossein, figuration non confirmée) – 1970  Le boucher (Claude Chabrol, chanson seulement, « Capri petite île ») – Topaz (Alfred Hitchcock, rôle coupé au montage) – 1971  La décade prodigieuse (Claude Chabrol, chanson seulement « Pour moi mon chagrin ») – 1973  Le mâle du siècle (Claude Berri, rôle coupé au montage ?) – 1982  Surprise party (Roger Vadim , rôle coupé au montage ?) – La baraka (notifié « Aimé Prado » dans sa filmographie officielle) (Jean Valère) – 1988  La couleur du vent (Pierre Granier-Deferre) – 1989   Il gèle en enfer (Jean-Pierre Mocky, rôle coupé au montage ?).

Nota : crédité au générique, avec Henri Attal,  de « À nous quatre, Cardinal ! » (André Hunebelle, 1973), ils n’apparaissent pas dans ce second volet des « Quatre Charlots mousquetaires ».

 

 

 

Dominique Zardi dans « Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire »

Télévision(notamment) : 1953  Amédée et les hommes en rang (Jean-Claude Carrère, sous réserves) – 1963  Le scieur de longs (Marcel Bluwal) – 1964  L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – 1965  La famille Green (Abder Isker) – Docteur Grunel (Éric Le Hung) – Frédéric le guardian (Jacques R. Villa) – 1966  Antony (Jean Kerchbron) – La trompette de la Bérésina (Jean-Paul Carrère) – 1967 L’amateur / S.O.S. Fernand : Le coup de fil – Docteur Gundel (Éric Le Hung) – Pichi-Poï ou la parole donnée (François Billetdoux) – Vidocq :  L’auberge de la mère tranquille (Marcel Bluwal) – Malican père et fils : (épisode ?) –  Max le débonnaire : Le point d’honneur (Jacques Deray) – Jean de la Tour Miracle (Jean-Paul Carrère) – Lagardère : Les noces du bossu (Jean-Pierre Decourt) (1) – 1968  La boniface (Pierre Cardinal) – 1969  L’invité du dimanche : Claude Chabrol (Roger Kahane) – 1971  Les coups (Jacques Lefebvre) – Madame êtes vous libre ? (Jean-Paul Le Chanois) – 1972  Les misérables (Marcel Bluwal) – 1973  La ligne de démarcation : Guillaume (Jacques Ertaud) – Les nouvelles aventures de Vidocq : Les deux colonels (Victor Vicas) – 1974  Histoires insolites : Une invitation à la chasse (Claude Chabrol) – Les brigades du tigre : Ce siècle avait sept ans (Victor Vicas) – 1975  Jo Gaillard : Cargaison dangereuse (Christian-Jaque) –  Adieu Amédée (Jean-Paul Carrère) – 1976  Les brigades du tigre : L’homme à la casquette (Victor Vicas) – 1977  Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Richelieu (Jean-Pierre Decourt) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Au rendez-vous des Terre-Neuvas (Jean-Paul Sassy) – 1978  Claudine s’en va (Édouard Molinaro) – Il était un musicien : Monsieur Litz (Claude Chabrol) – 1979  Histoires insolites : Une dernière fois Catherine (Pierre Grimblat) – Le journal (Philippe Lefebvre) – Staline-Trotsky : Le pouvoir et la révolution (Yves Ciampi) – Fantômas : L’échafaud magique (Claude Chabrol) – 1980  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’affaire Saint-Fiacre (Jean-Paul Sassy, + chanson du film) – Les dossiers de l’écran : Le grand fossé (Yves Ciampi) – Jean Jaurès : vie et mort d’un socialiste (Ange Casta) – Arsène Lupin joue et perd (Alexandre Astruc) – 1981  Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – Histoires extraordinaires : Le scarabée d’or (Maurice Ronet) – L’atterrissage (Éric Le Hung) – 1982  Démobilisation générale (Hervé Bromberger) – 1983  Médecins de nuit : Jo Formose (Stéphane Bertin) – La veuve veuve rouge (Édouard Molinaro) – Thérèse Humbert (Marcel Bluwal) – 1984  L’âge vermeil (Roger Kahane) – 1985  Music Hall (Marcel Bluwal) – 1986  Maguy : Aux armes mitoyens (Ariane Ardiani, CM) – 1988  Marc et Sophie : Agents très spéciaux (Georges Bensoussan, CM) – Tourbillons (Josée Dayan, mini-série) – À corps et à cris (Josée Dayan) – 1989  Les deux frères (Roger Kahane) – La goutte d’or (Marcel Bluwal) – 1991  Le gang des tractions : Le dernier round (Josée Dayan) – Myster Mocky : La méthode Barnol (Jean-Pierre Mocky, CM) (diffusé en 2007 par « 13ème rue » dans la collection « Mister Mocky présente… d’après les nouvelles d’Alfred Hitchcock) – 1992  Aldo tout risque : Direct au cœur (Claude Vital) – Tout ou presque (Claude Vital) – 1994  Tribunal : Terrain glissant (George Bensoussan, CM) – 1995  La rivière espérance (Josée Dayan) – La dernière fête (Pierre Granier-Deferre) – 1996  La nouvelle tribu (Roger Vadim) – 2000  Les misérables (Josée Dayan) – 2002  Michel Audiard et le mystère du triangle des Bermudes (François-Régis Jeanne & Stéphane Roux, documentaire DVD) – 2006  Mocky circus (Emmanuel Barnault, documentaire) – 2008  Myster Mocky présente : Dans le lac (Jean-Pierre Mocky, CM) – Myster Mocky présente : Témoins de choix (Jean-Pierre  Mocky, CM) – 2009  Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire (Jean-Pierre Mocky, CM).

(1) il n’apparaît pas dans la version cinéma de la série, présenté en 1968, en deux parties sous le titre « Les aventures de Lagardère »

Mise à jour du 14/10/2009

ZONE LIBRE

« Zone libre » est le premier long-métrage de cinéma du comédien Christophe Malavoy, après avoir réalisé deux téléfilms « La ville dont le prince est un enfant » d’après Henry de Montherlant  en 1997, et « Ceux qui aiment ne meurent jamais  » en 2004, adaptation de son récit, hommage à son grand-père mort dans les tranchées lors de la première guerre mondiale. Il a choisi d’adapter la pièce éponyme de Jean-Claude Grumberg, dont la finesse et la justesse nous touchent toujours. Mais loin d’être une simple captation, la mise en scène fait sentir le climat singulier de la guerre dans nous faire ressentir une reconstitution factice, en prenant soin de nous donner une empathie avec ses personnages malgré leurs défauts comme le personnage de Maury, qui n’agit pas par simple altruisme. Maury, c’est Jean-Paul Roussillon, qui après « Mischka » de Jean-François Stévenin et son excellente interprétation dans « Rois et reines », d’Arnaud Desplechin – il fallait le voir se débarrasser des fâcheux l’agressant dans son épicerie – retrouve un rôle à la mesure de son talent, qu’il avait déjà joué au théâtre en 1990 dans une mise en scène de Maurice Bénichou, et qui lui avait valu le « Molière » du meilleur second rôle. Il campe, un paysan bourru qui va recueillir une famille juive, en fuite lors de la seconde guerre mondiale, et qui ne semble pas trop s’entendre avec sa bru qui attend le retour de son mari – saluons Mathilde Seigner, qui se font avec le reste de la distribution, sans jouer le statut de vedette auquel elle pourrait prétendre -. Il y a Simon – forcément formidable Lionel Abelanski, dont j’avais déjà salué le grand talent ici, ayant du mal à maîtriser son inquiétude, mais se révélant courageux -, sa femme Léa –Olga Grumberg, propre fille de Jean-Claude Grumberg, tout en nuances -, la belle-sœur Mauricette, enceinte – Elisa Tovati, absolument charmante -, le neveu Henri dit Riri, un tantinet remuant, – Frédéric Papalia, faux airs d’Alain Cohen, dans « Le vieil homme et l’enfant » et la mère des deux femmes, Mme Schwartz, aïeule qui ne parle que yiddish. Dans le rôle de cette dernière, on retrouve l’étonnante Tsilla Chelton, dont le personnage tient à rester coquet malgré la diversité. Elle compose un personnage haut en couleur, tout en jouant une langue qu’elle ne connaissait pas.

Lionel Abelanski & Jean-Paul Roussillon

Le petit groupe a donc réussi à regagner un coin de la Charente dans la « Zone Libre », appellation ironique pour définir le sud de la France, non occupé par les Allemands, mais dirigée par le gouvernement de Vichy. Le petit groupe tente de subsister, réconforté par la présence de Maury. La promiscuité développe des tensions entre la petite famille, le manque de sommeil aidant. Mais ils tentent de garder le moral. Ils s’amusent parfois d’un rien comme le personnage de Lionel Abelanski, faisant un numéro irrésistible à la « Chaplin », ou comme dans la mémorable partie de domino entre Jean-Paul Roussillon et Tsilla Chelton, tout en gouaille, Mme Schwartz étant mauvaise joueuse. L’accusation de mise en scène « téléfilmique » de certains critiques me semble particulièrement injuste. S’il y a sans doute un manque de moyens, le film privilégie l’aspect intimiste de ce drame, comme dans cette cabane qui devient refuge alors qu’elle n’offre aucun confort. Le soin apporté aux détails que la petite famille a pour reprendre ses affaires nécessaires en cas de fuite, lors des visites de la milice ou gendarme, me semble très juste. Notons la présence d’un « Rondo Hatton », comédien de forte corpulence dont je n’ai pas retenu le nom en milicien français inquiétant. Les petits rôles sont aussi très justes, comme Philippe Fretun, incarnant Apfelbaum, tailleur qui survit en faisant de la couture. La nature parfois hostile et un hiver rigoureux sont rendu avec beaucoup de finesse. Il capte la lumière magnifique de la Charente, pour nous sensibiliser au fil des saisons avec cette campagne tranquille. Le texte de Jean-Claude Grumberg, avec son humour habituel, est admirable, il évite les poncifs de ce type d’œuvre, montrant aussi le chaos de cette époque, en nous faisant perdre de vue l’un des personnages, ce qui semble coller au réalisme le plus juste. Un film authentique, drôle et poignant et d’actualité avec les cérémonies rendant hommage aux « justes » français, qui convient de recommander vivement. Christophe Malavoy dont on connaît la justesse comme comédien, se révèle un véritable cinéaste.

Article sur le tournage de « Zone libre » : LE FIGARO

Fuyant l’Occupation, une famille juive est accueillie en Charente par des paysans. Une confrontation qui «donne lieu à des situations cocasses, décalées», explique Christophe Malavoy. (Photo Moune Jamet.)

CINEMA – Pour sa première réalisation, il a choisi une pièce de Jean-Claude Grumberg qui avait été créée au Théâtre de la Colline
Christophe Malavoy tourne en «Zone libre» Par Marie-Noëlle Tranchant 28/04/2005

Dans un coin de campagne du Sud-Ouest, du côté d’Angoulême, une famille juive se retrouve après s’être séparée pour franchir la ligne de démarcation. Il y a Simon (Lionel Abelanski) et sa femme Lea (Olga Grumberg), sa belle-mère, Mme Schwartz (Tsilla Chelton), sa belle-soeur enceinte (Elisa Tovati), un neveu de onze ans. Ils vont être accueillis par un vieux paysan (Jean-Paul Roussillon) et sa bru (Mathilde Seigner) et trouver refuge auprès d’eux jusqu’à la Libération.

Pour sa première mise en scène de cinéma, Christophe Malavoy porte à l’écran la pièce de Jean-Claude Grumberg Zone libre. Un sujet qui lui a été proposé à la suite de sa collaboration avec Arte pour La ville dont le prince est un enfant. Le voilà au temps de la Seconde Guerre mondiale, après avoir évoqué la première dans son roman Parmi tant d’autres.

«Ce n’était pas voulu, dit l’acteur-réalisateur. Mais les guerres ont un intérêt dramatique parce que ce sont des moments où les gens se révèlent. Une grande partie de ma famille a fait de la Résistance très tôt, certains ont été arrêtés et déportés, à Mauthausen, à Ravensbrück. Même si on n’en parlait pas, notre éducation a été façonnée par leurs personnalités. Ce film est une façon pour moi de leur rendre hommage.»

Malavoy, qui tient aux rôles secondaires (pour lesquels il a engagé des acteurs de la région), a étoffé la pièce de quelques personnages inédits, et le travail d’écriture s’est fait en toute complicité avec Grumberg, qui signe les dialogues, très proches de la pièce. «C’est un de nos meilleurs auteurs, dans la lignée de Pagnol, de Spaak, de Jeanson, dit Christophe Malavoy. La confrontation entre les arrivants citadins et le monde rural donne lieu à des situations cocasses, décalées, et en même temps ancrées dans la vie quotidienne. C’est une comédie au coeur du drame. Grumberg a un regard ironique et acerbe, et il est d’une drôlerie incroyable quand il peint cette famille juive, avec ses excès et ses défauts.» Imaginez la rencontre de Tsilla Chelton, qui ne parle que yiddish, avec Mathilde Seigner, paysanne de Charente. «Elle a cette franchise et cette beauté des filles de la campagne, toujours à l’ouvrage, immédiatement dévouées.»

Zone libre est presque un huis clos, si ce n’est qu’on y voit passer les saisons, qu’on y vit au rythme de la terre : Malavoy attend maintenant le mois de juin pour terminer son tournage avec les feuillages d’été qui accompagnent la Libération. «Tout le film baigne dans la nature, dit Christophe Malavoy, et c’est un bonheur pour moi de filmer son aspect immuable, malgré les événements, les tragédies. Je trouve qu’elle nous enseigne beaucoup de choses, à travers le cycle des saisons, les animaux, les valeurs simples de la terre.» Des choses qui lui sont familières : il a passé son enfance dans la région, du côté de Confolens.

«Je n’éprouve pas la nostalgie du passé, dit-il, mais un plaisir certain à me situer de nouveau dans ce monde rural. C’est plein de sensations que j’ai tenté de reproduire. Un film doit faire naître des sensations très physiques, comme si les images passaient sous l’épiderme.»

Mais, surtout, Zone libre, selon lui, parle «sans message et sans discours» de «ces gens obscurs qui ont simplement agi avec coeur en accueillant les autres. On a fait des films sur des résistants, ou des collaborateurs, mais on a peu vu à l’écran de personnages comme Maury, qui se comporte simplement selon le bon sens paysan, avec cette beauté d’âme austère, sans pathos. Il fait son travail d’homme, voilà tout. Pas besoin d’appartenir à un parti ou à une confession. Ils ont été nombreux à agir ainsi, et c’est une chose à ne pas oublier, parce qu’elle garde toute son actualité.»

VOYAGE AU BOUT DE L’ENNUI : CASHBACK

« Il faut bien convenir que, Freud ou pas Freud, une grande œuvre nous plaît ou nous émeut parce qu’elle touche en nous un complexe inconscient », disait Gaston Bachelard. Mais que dire quand ce fichu « complexe inconscient » (je sais, la culture, moins on en a, plus on l’étale…), ne vous raconte rien quand vous assistez à un curieux cocktail de prétention et de puérilités potaches ? J’ai traversé un petit bout de vie, sans trop de certitudes, mais je croyais au  moins s’avoir ce que c’était l’ennui. C’était avant de voir « Cashback », film inter(minable), qui tient de l’épreuve, tant rien, mais vraiment rien n’accrochait mon esprit (enfin ce qu’il en reste). Le tâcheron, un certain Sean Ellis, anglais au physique d’ado attardé, est un photographe de mode, qui a travaillé au cinéma – pas besoin de lire son pedigree pour le savoir, son « savoir-faire » s’étale suffisamment sur l’écran pour le deviner –. L’histoire semble venir d’un de ses vieux devoirs d’école, nouvelle fantastique laborieuse où l’on rêve de geler les choses, ou alors le zigue est resté bloqué dans son adolescence. Il a juste développé un court-métrage qu’il avait déjà fait, en prime, il existe une version longue du film heureusement restée au placard. Quelque part, il a réussi à  retransmettre l’impression de l’interminable traversée du tunnel au sortir de l’adolescence. Car à l’instar de son personnage, un jeune étudiant aux Beaux-arts – Sean Biggerstaff, tête de minaud, échappé des versions filmées des « Harry Potter » -, il arrive à transformer les minutes en siècles ! Le personnage a, en effet, trouvé le moyen d’arrêter le temps, en employant une touche pause mentale, glaçant l’instant présent. Il illustre cette idée en vous sidérant de vacuités. Ce qui est curieux, c’est la subjectivité de l’ennui, le film semble plaire, mais rien à faire de reste hermétique. Il a même reçu  le prix CICAE au Festival du Film International de San Sebastian en 2006, – c’est un festival sous acide ? -, alors qu’à tout casser, il devait tout rafler aux « Razzy award », catégorie films lamentable.

Emilia Fox, nouveau, le film interactif, où comment s’ennuyer en même temps que les personnages…

L’histoire tiendrait sur un timbre-poste, Ben se fait plaquer par sa copine Suzy qui lui hurle dessus au ralenti – pépère Ellis est tellement content de sa trouvaille, qu’il nous la ressert dans la dernière partie du film… (pardon de ce salmigondis).. Devenu insomniaque – il ne dort plus du tout d’ailleurs, heureusement pour lui, un des spectateurs, ronflait ferme, je n’ai pas eu cette chance, j’ai dû mal à dormir dans les lieux publics -. Ben s’emmerde – et nous avec…-, il décide de travailler dans le supermarché du coin, régi par un chauve suffisant, échappé d’un film de Luc Besson tant il flirte avec le vide abyssal – c’est qu’il est doué le Besson, il a quand même transformé Mia Farrow en zombie dans son « dernier » avatar de cinéaste -. Deux post-ados s’amusent en faisant des farces d’une rare stupidité, Ben s’attache à l’une des caissières la sensible Sharon – Emilia Fox, la seule du lot à ne pas avoir l’air d’une endive -. Oui je sais, c’est méchant pour les endives, je vous recommande un site endive.net http://www.endive.net/, pour vérifier ma mauvaise foi évidente. Bon  Ben, libidineux, c’est de son âge, arrête le temps et peint nues, les clientes de la supérette. L’érotisme de David Hamilton est du niveau d’un Antonioni, en comparaison de la vision de Ellis – hélas est là -, qui se paie le luxe de n’avoir strictement aucune inventivité. Pour meubler l’ennui, j’ai donc tenté de trouver au moins une belle idée, un beau plan, un truc qui ne me pas regretter ma soirée. C’est vrai quand on tombe dans l’ineptie la plus totale, comme chez Josée Dayan ou dans la campagne électorale actuelle d’une grande tenue, le ricaneur finit toujours par tomber sur quelque chose. J’ai fini par trouver, le personnage du gérant chauve, a des pellicules sur sa veste ! et mon esprit tortueux se met en branle, est-ce volontaire, l’acteur a t’il mit un blouson d’un autre en dernière minute, bref c’est une énigme et au moins ça meuble. On trouvait François Truffaut injuste quand il disait : « On peut se demander s’il n’y a pas incompatibilté entre le mot cinéma et le mot Angleterre », on sait désormais qu’au moins sur ce film cette déclaration toniturante colle parfaitement.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Olivier Gourmet

 

Désormais, il ne faut plus se lamenter qu’il n’y ait plus de comédiens d’envergure, on peut toujours compter sur le talent d’Olivier Gourmet. C’est grâce aux frères Dardenne que nous avons fait connaissance avec cet acteur wallon, dans « La promesse », où il incarne un père frustre. Il reçoit le prix d’interprétation à Cannes pour « Le fils » en 2002, où il campe un professeur de menuiserie s’attachant à un de ses élèves. Même son dos impressionne- on pourrait écrire des pages sur ce fait -, le public international y découvre cet homme au jeu à la fois physique et sensible. Il retrouvera les deux frères pour « Rosetta » en employeur de restauration rapide d’Émilie Dequenne, et en policier pour « L’enfant ». Sa stature imposante le prédispose à jouer des rôles forts, on se souviendra du truand menaçant et propriétaire d’une boîte de nuit dans « Sur mes lèvres » chez Jacques Audiard. Mais il est aussi à l’aise dans des rôles plus légers, en commissaire bon enfant dans « Mercredi folle journée », il campe un truculent Roger Richebé dans « Laissez-passer », réalisateur qualifié de manière définitive par Henri Jeanson de « Richebé…, pauvre C… « , ou un policier goguenard dans « Pour le plaisir ».  Il est vrai qu’au théâtre il privilégiait les rôles comiques. Il fait une composition saisissante dans « Nationale 7 », vision pas très tendre du monde du handicap de Jean-Pierre Sinapi. Il y joue un myopathe insupportable et ingérable, obsédé par l’idée d’avoir un rapport sexuel, malgré son diabète. Il est un proviseur autoritaire et rigoriste des années 70, dans « Les fautes d’orthographe » de Jean-Jacques Zilbermann, très dur avec son fils joué par le brillant Damien Jouillerot. Mais même dans ses interprétations les plus antipathiques, il y a toujours une dose d’humanité. S’il y a une constante dans ses rôles, c’est sans doute la grande dignité des personnages qu’il incarne. Il garde une grande fidélité au cinéma d’auteur, et, notamment, à Dominique Cabrera comme dans le superbe « Adieu » d’Arnaud des Pallières, où il incarne un homme qui n’aspire qu’à avoir une vie simple. Il trouve un de ses plus grands rôles dans « La petite chartreuse », beau film de Jean-Pierre Denis face à la toute jeune Bertille Noêl-Bruneau. Il y interprète un libraire austère qui retrouve le sens de la vie en voulant sauver du coma une petite fille qu’il a percuté avec sa fourgonnette. Il s’obstine à s’occuper d’elle, en lui faisant la lecture, malgré la méfiance de sa mère – la toujours juste Marie-Josée Croze, il est bouleversant de sensibilité. S’il ne dédaigne pas le cinéma commercial, c’est pour cautionner la qualité comme dans  « Les brigades du tigre » de Jérôme Cornuau, où il reprend le célèbre rôle du « colosse de Rhodez » popularisé par Pierre Maguelon, s’il n’est pas toujours à l’aise avec l’accent méridional, sa bonhomie étincelle. Il apporte également des beaux moments aux films de Bruno Podalydès « Le mystère de la chambre jaune » et « Le parfum de la dame en noir », tout en marquant l’évolution de son personnage qui finit par devenir assez opaque pour son entourage… On le retrouve en curé bourru mais compatissant dans « Jacquou le croquant », donnant du souffle à ce film qui en manque cruellement. Dans « Le couperet », il nous livre une de ses performances le plus saisissante, en homme blessé, en parfait état d’ébriété, victime du stratagème diabolique de José Garcia, un rôle bref, mais inoubliable…  L’homme est de plus d’une grande probité, ce qui est tout à son honneur, interrogé par le « Film français » : « c’est une industrie puante ! Aujourd’hui, on crée souvent l’événement autour de rien, et ça marche. Et pourtant, je reste persuadé que la France, qui m’a accueilli à bras ouverts, demeure le pays le plus ouvert en matière de culture ». (…)  « je constate une baisse de qualité des scénarios par rapport aux années précédentes ».  (…) « le cinéma dit d’auteur a vraiment de plus en plus de mal à exister. Si je prends par exemple les dix scénarios qui sont sur mon bureau, je crois qu’un seul parviendra à se faire (…). Il est regrettable que des jeunes auteurs talentueux soient obligés de se battre contre des moulins pour monter leurs projets. « . Source :  « Cinéma.fluctuanet ». 

 

dans « La petite chartreuse »

L’homme reste engagé, comme dans « Sauf le respect que je vous dois« ,

en employé qui se révolte contre le harcèlement moral. Il participe ainsi au téléfilm original de William Karel, « Poison d’avril », critique acerbe évoquant le rôle des médias le 21 avril 2002, alternant scènes d’archives télévisées avec des scènes de comédie. Il y incarne Charles, un rédacteur en chef d’une grande probité. Il ne pourra contrecarrer les plans d’un journaliste cynique incarné par Bruno Todeschini, prêt à tout pour faire de l’audience, quitte à abandonner l’éthique des choix éditoriaux de l’équipe qu’il a désormais en charge. Charles doit se rendre à l’hôpital au chevet de son père mourant, regrettant finalement le temps passé à son métier. Olivier Gourmet fait preuve à nouveau d’une grande  émotion, notamment dans les échanges avec une infirmière. Il est formidable dans « Congorama », comédie décalée, où il est un inventeur laborieux – rôle écrit pour Benoît Poelvoorde ! -, inventant un curieux robot-tondeuse. Ses rapports avec son père mutique et grabataire, incarné superbement par Jean-Pierre Cassel, sont très touchants. Il y fait preuve aussi de tendresse avec sa femme d’origine congolaise et son jeune fils. La révélation de sa véritable identité, il a été abandonné par des parents canadiens, finissent par ébranler ses habitudes. La rencontre fortuite avec un Canadien azimuté – Paul Ahmarani, étonnant – et … d’un émeu, finiront par faire basculer sa vie, montrant une partie peu glorieuse de sa personnalité. Dans ce film, il est d’une grande drôlerie, mais finit comme toujours par éveiller notre empathie avec son personnage. Il déclare dans « Le soir » du 17 janvier 2007 à Philippe Manche : « …On m’a rarement proposé des personnages qui ont autant de légèreté humoristique tout en ayant un véritable ressort humain… ». Pour incarner « Mon colonel » en 2006, dans le film de Laurent Herbiet, il perd 25 kilos pour incarner un militaire sec, austère, et déterminé durant la guerre d’Algérie. Il manipule une jeune recrue incarnée par Robinson  Stévenin, un idéaliste qui finit par céder à son autorité, quitte à nier ses propres convictions. Sa prestation évite tout manichéisme, pour ce personnage convaincu de bien faire, quitte à pratiquer la torture, finissant par s’arranger avec « son sens du devoir ». Il réalise là une de ses meilleures performances. On retrouve sa silhouette affûtée dans « Pars vite et reviens tard », où il incarne un crieur public, livrant des messages dans le quartier de Beaubourg à Paris. Il y est tellement crédible que l’on finit par s’étonner que ce type de personnage ne figure pas dans notre quotidien. Dans une scène de bistrot, avec Michel Serrault, un comédien de sa trempe, il donne à son personnage une intégrité, refusant de monnayer de mystérieux messages. Il est convaincant en impresario de Coluche partagé entre ses intérêts et de l’empathie dans « Coluche, l’histoire d’un mec ». Il a toujours une belle exigence en participant à des films originaux, avec son rôle de père taiseux et pris par son travail dans « Mon fils à moi » ou dans celui de l’époux d’Isabelle Huppert habitant près d’un tronçon d’autoroute dans « Home ». Il est convainquant en policier rongé par la culpabilité de ne pas avoir retrouvé le fils disparu de « Miou-Miou » dans « Pour un fils ». Il amène une complexité dans sa composition de Réaux dans « Vénus noire », forain jouisseur se servant du personnage de Saartjie Baartman, entre manipulation perverse et empathie, pour ses propres intérêts. Il montre également sa vis comica en employé d’une quincaillerie dans Bancs Publics et le prêtre enthousiaste de « Rien à déclarer ». Il est aussi à l’aise dans les polars noirs, en frère marginal de François Cluzet et Jonathan Zaccaï, s’occupant d’un chenil dans « Blanc comme neige » et le truand implacable de « Légitime défense ». Il est saisissant dans sa composition de manager survolté d’un comédien raté dans « Robert Mitchum est mort », dans la démesure, il trouve avec ce film original l’un de ses meilleurs rôles. L’homme garde les pieds sur terre, même le succès venant. Il reste attaché à sa Belgique natale, et continue à s’occuper de l’hôtel familial avec sa femme, dans un petit village des Ardennes, à Mirwart, depuis 1999. Régis Wargnier, rencontré lors d’une avant-première, m’a confirmé qu’il répond même au téléphone, et s’occupe des clients, mais ne propose plus désormais que les petits déjeuners, abandonnant les autres repas. Sa gamme et sa puissance de jeu étant absolument remarquable, et ses choix judicieux, c’est un comédien à suivre assurément… Génial dans son métier, et humainement remarquable.

dans « Mon fils à moi » DR

Filmographie : 1988  Hostel Party (Roland Lethem, CM) – 1991 Couru d’avance (Xavier Chitaens, CM) – 1995  Le huitième jour (Jaco Van Dormel) – La promesse (Luc et Jean-Pierre Dardenne) – 1997  Le bal masqué (Julien Vrebos) –  Sombre (Philippe Grandrieux) – Je suis vivante et je vous aime (Roger Kahane) – Le signaleur (Benoît Mariage, CM) -Toreros (Éric Barbier) – Cantique de la racaille (Vincent Ravalec) – Ceux qui m’aiment prendront le train (Patrice Chéreau) – 1998  Le voyage à Paris (Marc-André Dufresne) –  Rosetta (Luc et Jean-Pierre Dardenne) –  J’adore le cinéma (Vincent Canoo, CM) – Peut-être (Cédric Klapisch) – 1999  Nadia et les hippotames (Dominique Cabrera) (+ version TV : Retiens la nuit) – Princesses (Sylvie Verheyde) – Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi) –  De l’histoire ancienne (Orso Miret) – L’héritier (Philippe de Pierpont, CM) – Sauve-moi (Christian Vincent) – 2000  Mercredi, folle journée (Pascal Thomas) – Le lait de la tendresse humaine (Dominique Cabrera) – Petite sœur (Ève Deboise, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – 2001 Sur mes lèvres (Jacques Audiard) – Une part du ciel (Bénédicte Liénard) – Un moment de bonheur (Antoine Santana) – Le fils (Luc et Jean-Pierre Dardenne) – Peau d’ange (Vincent Perez) – Le temps du loup (Michael Haneke) – 2002  Le mystère de la chambre jaune (Bruno Podalydès) – Adieu (Arnaud des Pallière) –  Les mains vides (Marc Recha) – Trouble (Harry Cleven) – 2003  Pour le plaisir (Dominique Derrudderre) – Folle embellie (Dominique Cabrera) – Quand la mer monte (Yolande Moreau et Gilles Porte) – Les fautes d’orthographes (Jean-Jacques Zilbermann) – Le pont des arts (Eugene Green) – 2004  La petite Chartreuse (Jean-Pierre Denis) – Le parfum de la dame en noir (Bruno Podalydès) – Le couperet (Costa-Gavras) – L’enfant (Luc & Jean-Pierre Dardenne)  – Sauf le respect que je vous dois (Fabienne Godet) – 2005  Un homme ordinaire (Vincent Lannoo) – Mon fils à moi (Martial Fougeron) – Jaquou le croquant (Laurent Boutonnat) – Les brigades du tigre (Jérôme Cornuau) – Congorama (Philippe Falardeau) – Madonnen (Maria Speth) – Cow-boy (Benoît Mariage) – 2006  Mon colonel (Laurent Herbiet) – Madre e ossa (L’amour caché) (Alessandro Capone) – Pars vite et reviens tard (Régis Wargnier) – 2007  Go fast (Olivier Van Hoofstadt) – Mesrine : L’ennemi public N°1 (Jean-François Richet) – Home (Ursula Meier) – Bancs publics (Bruno Podalydès) – Coluche, l’histoire d’un mec (Antoine de Caunes) – Le silence de Lorna (Luc & Jean-Pierre Dardenne) – 2008  Pour un fils (Alix de Maistre) – Un ange à la mer (Frédéric Dumont) – Robert Mitchum est mort (Olivier Babinet & Fred Kihn) – Altiplano / Fragment of Grace (Jessica Woodworth & Peter Brosens) – 2009  Blanc comme neige (Christophe Blanc) – La vénus noire (Adbellatif Kechiche) – Le roman de ma femme (Djamshed Usmonov) – 2010  Rien à déclarer (Dany Boon) – Légitime défense (Pierre Lacan) – Le garçon à vélo (Jean-Pierre et Luc Dardenne) – L’exercice de l’État (Pierre Schoeller) – 2011  Montana (Stephan Streker) – Le guetteur (Michele Placido) – Hénaut président (Michel Muller) – 2012  Violette (Martin Provost) – Grand central (Rebecca Zlotowski) – SK1, la traque de Guy Georges (Frédéric Tellier) – 2013  La marche (Nadir Ben Yadir) – La tendresse (Marion Hänsel) – Terre battue (Stéphane Demoustier). Télévision : 1994  Maigret en vacances (Pierre Joassin) – 1995  Les Steenford, maîtres de l’orge (Jean-Daniel Verhaeghe) – Folle de moi / Y a pas de lézard (Pierre Joassin) – 1997  Papa est monté au ciel (Jacques Renard) – 2000  Dossier dopage : contre la montre (Jean-Pierre Sinapi) – 2006  Poison d’avril (William Karel) – Candidat libre (Jean-Baptiste Huber) – 2007  L’affaire Ben Barka (Jean-Pierre Sinapi) – 2012  Les anonymes – Ùn’ pienghjite micca (Pierre Schoeller, + diffusion en salles).

LE COIN DES DICTIONNAIRES

La vision dans la librairie du dictionnaire des acteurs de Christian Dureau, dernière version, avec toujours les mêmes erreurs, et celle de Jean Tulard dans l’émission chez « F.O.G. » dans son numéro habituel de fanatique bonapartiste… face à Nicolas S., me donne l’envie de vous resservir le premier texte de mon ancien blog. Il est toujours d’actualité concernant la reprise parfois abusive de certains textes. Il est vrai les infos vont et viennent, vous avez parfois la surprise de les retrouver ailleurs, je cite il est vrai nombre d’articles de journaux, mais dans un but d’information, au moins en citant mes sources et dans un blog, donc non lucratif par excellence. Il m’arrive parfois de retrouver mes infos ailleurs, une fois sur « Wikipédia « concernant François Berléand, mais son équipe est soucieuse du droit et a supprimé cet emprunt. Reste que « Wikipédia », à l’instar d’IMDB, est source de trouvailles – il y a des infos inédites sur des seconds rôles français, grâce à un internaute je connais enfin René Hell, spécialisé dans les vieillards chenus -. Voilà que je me retrouve depuis mi-décembre à compléter aussi certaines notules, je vais finir « bredin » à continuer ainsi en plus du blog et d’IMDB – quoi que le blog en ce moment je sèche un peu vous pouvez le constater, ma source aux platitudes se tarissant un tantinet…-. Mais prenons exemple d’une société qui met en ligne un site sur « Le cinéma français », que je ne vous citerai pas et qui ne trouve rien de mieux que de piquer des infos à droite à gauche, dans le style comment créer un site sans se fatiguer. Des infos, par exemple, de mes amis Yvan Foucart, pour son « dictionnaire des disparus du cinéma français » et des photos inédites de Philippe Schroeder, participant activement au site d’André Siscot « Les gens du cinéma »  – voir les explications dans sa rubrique « News » -, se retrouvent sans vergogne intégralement reprises par quelques fumistes, qui citent juste « Ces textes sont issus de la collection des fiches de « Les gens du cinéma », sans même un triste lien ! Une pratique déloyale, indigne et désobligeante pour le travail d’autrui, alors que le propriétaire du site trouvé dans le « Whois », base des noms de domaine de l’AFNIC, est une société qui a son petit chiffre d’affaires assez croquignolet. Un site entièrement constitué « d’emprunts divers », rentabilisation optimale des touches « Control » + « C » et « Control » + « V ». Les bénévoles et autres passionnés ont donc du souci à se faire, les vautours sont là !

Trois dictionnaires du cinéma : (texte déjà paru le 25 mars 2005, dans la précédente version de ce blog)

– Dictionnaire international des acteurs du cinéma de Christian Dureau (Editions La Mascare France, 2004) »seul dictionnaire du cinéma entièrement consacré aux acteurs et actrices du monde entier », …ou plutôt auto-proclamé comme tel par Christian Dureau. Certes il y a des corrections depuis la précédente édition qui fourmillait d’erreurs, avec une préférence pour « La semaine savate » au lieu de « La semaine sainte » (Wojtek Pszoniak) erreur corrigée depuis, suite à un mail à la maison d’édition. Mais cette édition est tout aussi décevante, en premier lieu le pillage sans vergogne des fiches de « Monsieur Cinéma » (James Whitmore, Robert Loggia, Jacques Marin, Olivier Hussenot, etc… » ) ou de la rubrique de « Ciné-Revue » :  « Les immortels du Cinéma » (Bella Darvi, Michel Etcheverry, Jean Rougerie, etc…) bien sûr sans les citer, procédé particulièrement odieux, mais avec des circonstances largement atténuantes pour « Ciné Revue », pour les deux derniers noms Daniel de Belie ayant recopié littéralement les articles de « La lettre des comédiens », revue de Jean-Jacques Jouve, hélas disparue depuis. La boucle est bouclée, ironie du sort que de voler un voleur. Second lieu la notion « filmographie complète » et « principaux films » disparaissent au profit d’une « filmographie » belle manière de palier aux manques pour lecteurs hâtifs. Les filmos sont visiblement l’oeuvre d’un fumiste. Prenons un seul exemple la filmo de François Berléand on retrouve inévitablement les films de son presque homonyme François Berland – de « La galette des rois » à « Je préfère qu’on reste amis », des films jamais tournés par Berléand – « Je t’aime je t’adore », « Arsène Lupin » -, et un film cité deux fois – « Je suis votre homme » – etc… Mais le pire est encore à venir André Siscot et Yvan Foucart (deux modèles de rigueur, tordant le cou à des erreurs récurrentes , comme l’exemple de Laurent Terzieff auquel on attribuait souvent le véritable nom de Ludmilla Tcherina, par la faute d’un recopieur maladroit, erreur à la vie dure et enfin rectifiée ) ont communiqué leurs recherches d’états civils (un travail colossal) bénévolement au désinvolte sieur Dureau, qui en a pris certaines en considération et d’autres pas (Bourvil, par exemple) jetant ainsi un discrédit sur les travaux d’André Siscot, en laissant des erreurs perdurer, ce qui montre bien le côté dilettante du personnage.

Le dictionnaire des acteurs par Jean Tulard

Jean Tulard, … de l’institut

« Les Charlots sont à l’original ce qu’un joueur de tennis non classé de Romorantin est à Connors ou Mac Enroe » Tel est le style du sieur Tulard (… de l’Institut) dans son « dictionnaire du cinéma – les acteurs », . Premier temps (1984-1996) : Un style à l’emporte-pièce, une misogynie certaine (« boudins » ou autres « Teutonnes », sur de nombreuses fiches), des omissions à la pelle (qui n’a pas annoté les premières versions sur les marges?), de vagues filmos bien qu’annoncées complètes, erreurs sur les prénoms (Maurice! Dalio), confusions entre les personnes (Jill Clayburgh avec Jill Ireland, résultat Jill Clayburgh joua l’agonie de Jill Ireland dans un téléfilm, en plus il donne des idées aux producteurs !), Hélène Surgère se retrouve avec des films de Marthe Villalonga ! (« Inspecteur La Bavure »/ »Nous irons tous au paradis »/ »Trois hommes et un couffin ») les deux fiches se faisant suite dans un numéro de feu « La Revue du cinéma ».
Pour les seconds rôles aucun ajout sur les titres recopiés dans l’excellent « Dictionnaire du cinéma et de la télévision » de Maurice Bessy et Jean-Louis Chardans (dernière édition en 1966), exemple pour Robert Dalban aucun film après 1963 (même pas les célèbres « Tontons flingueurs », toujours absent de la version 2004 !) sous le fallacieux prétexte « que la plupart des films deviennent de plus en plus médiocres »! Et le Tulard (…de l’Institut !) faisait le beau chez Pivot, comme la référence des dictionnaires. Bref Bérézina, nougat et chocolat comme chantait Sophie Marceau, certains cinéphiles nommait ce dictionnaire le « Nulard », son dictionnaire des réalisateurs étant cependant plus honorable. Second temps l’arrivée d’un certain Gregory Alexandre (1999-20??), Malgré la persistance de l’ancienne formule, (« Le vicomte règle ses comptes » réalisé par Godard ! pour la filmo de Jean Yanne), l’apport de Gregory Alexandre rédacteur sur « Ciné-Live » est considérable (500 000 signes au bas mot pour l’édition 2001). La part belle est laissée aux seconds couteaux. Cinéphile passionné, je retrouve aussi son nom dans la liste de fin d’année des « fourmis » complétant le site IMDB (ouf , je ne suis pas le seul grand malade !) Grégory Alexandre nous offrant enfin un ouvrage plus digne. Il méritait des encouragements. Hélas, la septième version 2004, semble sonner le glas de sa collaboration avec Jean Tulard (…de l’Institut). Toujours pas de relecture en aval (pour les anciennes fiches, « Eugènie Grandet » réalisé par Balzac ! (filmo d’Alida Valli), « White Fang (Croc Blanc) » deviennent « White » réalisé par Fang ! (John Carradine), et des vagues mises à jour ici ou là, et pas systématiquement. Il y a peu de compléments, telle une fiche sur François Chaumette, ignorant superbement les années 60 à 90. Bref, une réédition « light », Jean Tulard (…de l’Institut) semblant avoir repris les rennes seul, hélas… Si vous avez la version 2001 de ce dictionnaire évitez de vous faire avoir, en achetant la réédition 2004.
– Que certains livres trouvent un éditeur laisse perplexe tel « Le dictionnaire des grands acteurs de séries télévisées » de Jacques Foucart, qui se contente pour le plus gros de recopier les apparitions TV du site IMDB (c’est flagrant pour les Français). Certes l’effort était louable mais ce listing est paresseux, il n’y a pas de photos, malgré la présence de seconds couteaux, aucun texte, aucun effort, aucun réalisateur. L’originalité du site d’IMDB est que de nombreuses précisions proviennent directement des internautes. Pour prendre l’exemple de ma pomme, il m’arrive de rentrer de nombreuses TV (séries et téléfilms français notamment), venant d’anciens Téléramas, « Ciné Revue » ou de génériques TV (« Antoine Rives », « Le tribunal de l’impossible », « Les cinq dernières minutes »…), histoire de sauvegarder une mémoire collective. Ces infos sont alors disponibles pour tous, tant mieux si un petit malin réussit à publier ces informations. Mais le comique de l’histoire est que l’auteur de ce livre se targue avoir passé… 10 000 heures à rechercher ses informations !. 10 000 heures à recopier IMDB, à ce compte l’achat d’une imprimante s’impose…

TRUANDS

Avant-première le 10 janvier dernier, de « Truands », à l’UCG Cité-Ciné Bordeaux, en présence de son réalisateur, Frédéric Schoendoerffer. Après avoir démythifié le milieu de la police : « Scènes de crimes  » et de l’espionnage « Agents secrets », il s’attaque ici au monde des truands. Tel un entomologiste, avec son scénariste Yann Brion, il dissèque les mécanismes du grand banditisme. Il présente d’ailleurs son film – avec une formule répétée à l’envi durant la promotion du film -, comme un « Microcosmos chez les voyous » – on retrouve d’ailleurs Bruno Coulais à la musique -. La violence réelle n’est pas complaisante ou graphique à l’instar du sinistre Mel Gibson et son nauséeux « Apocalypto ». Il a tiré les leçons d’un Martin Scorsese, on s’attendrait presque à voir déboulé Joe Pesci sur l’écran. Schoendoeffer, a d’ailleurs dû édulcorer certains faits réels, il en était question dans l’excellente émission de Frédéric Taddeï sur France 3, « Ce soir ou jamais », en présence de spécialiste. Le parti pris n’est pas de faire une stylisation d’un Jean-Pierre Melville, qui prenait son inspiration dans le cinéma américain – il avait une adoration pour le coup de l’escalier de Robert Wise. Olivier Marchal avait dû faire quelques concessions pour son « 36, quai des orfèvres », pour éviter l’interdiction au moins de 16 ans. Le romantisme du « voyou » au grand cœur, est abandonné pour une vérité frontale. Nous sommes loin du folklore et des poncifs habituels sur les milieux de la pègre en région parisienne. Le doigt est mis ici, comme le dit son auteur, sur l’esprit gaulois, frondeur et indépendant, expliquant l’échec du système mafieux en France. La femme est traitée comme un objet, la brutalité est le langage basique de cette poignée d’hors-la-loi. Il y a des codes, des lois, le réalisateur démontant les trafics et braquages divers. Une poignée d’hommes règne sur des hommes de mains corvéables à merci, et vivent dans un luxe ostentatoire, dominant un petit territoire. Le réalisateur révèle qu’il a voulu éviter toute sympathie avec ses personnages, évoquant la petite famille de la saga des « Parrains » de Coppola, avec laquelle on finit mine de rien par s’y attacher. Le réalisme ici apporte une distance, des détonations des armes, à la manière de ces bandits à vivre dans une autarcie.

Benoît Magimel & Philippe Caubère

La distribution est assez étonnante, notamment Philippe Caubère en caïd fat, parfois grotesque, se fiant à son instinct avec un peu trop de sûreté. On aurait pu craindre que son parcours théâtral brillant pouvait peser sur son interprétation – il n’a plus fait de cinéma depuis 1989, depuis l’adaptation de l’œuvre de Marcel Pagnol par Yves Robert. Mélange de rage, de folie furieuse, Caubère sidère et est très crédible dans ce rôle de Claude Corti, quinquagénaire cruel. Pour la petite histoire Schoendoerffer l’a choisi pour l’avoir vu dans…. Thalassa, le magazine de la mer de France 3 ! Il ne connaissait pas le parcours théâtral du comédien – ni les captations remarquables de Bernard Dartigues -, en l’entandant parler, il a trouvé ainsi son personnage… Benoît Magimel échappé Mevillien, dans un rôle assez trouble excelle. Le polar est un genre patent dans l’histoire du cinéma français, en crise désormais, la télévision donnant dans l’aseptisation général en crééant ses héros irréalistes de la police. Olivier Marchal trouve également un poids dans cette histoire, en homme défait mais encore confiant sur l’amour, Béatrice Dalle, en compagne de Claude Corti, amène une humanité remarquable, figurant la raison dans ce cahos général. Tout comme dans « Virgil » on retrouve également Tomer Sisley, également probant dans le registre du polar, en truand tenté par l’islamisme. La gallerie des truands est aussi remarquable jusqu’à la moindre silhouette, du cascadeur Alain Figlarz, Dominque Bettenfeld, Moussa Maaski, sans oublier Ludovic Schoendoerffer, propre frère du réalisateur dans un jeu assez expressionniste. Frédéric Schoendoerffer, qui cite ici son père – un extrait de la « 317ème section », avec reconnaissance, comme Oliver Marchal,  en partant de la réalité, sans renouveller le genre, font perdurer au moins une certaine tradition, c’est emminamment louable, et c’est suffisamment rare pour le signaler. Le dosage divertissement et côté documentaire fonctionne au final dans ce film âpre dont la noirceur peut désorienter les habitués de petits thrillers roublards, qui sont la constante en ce moment.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Soleig Dommartin

Annonce du décès de Solveig Domamartin, à l’âge de 48 ans qui fut la muse et la compagne de Wim Wenders, à l’âge de 48 ans, d’une crise cardiaque, le 11 janvier dernier. Elle reste inoubliable dans le rôle de Marion dans « Les ailes du désir » et sa suite le curieux « Si loin, si proche », réflexion d’une Allemagne après la chute du mur de Berlin. Elle était radieuse dans son rôle de trapéziste et on pouvait comprendre que Bruno Ganz abandonne son statut d’ange pour devenir un simple humain, par amour pour elle. Dans le mésestimé « Jusqu’au bout du monde », elle figurait une femme énigmatique que suivait William Hurt. Elle en avait proposé le sujet, mais le film semble avoir souffert d’avoir beaucoup été coupé au montage. Elle était également l’héroïne du confidentiel « Je t’ai dans la peau », où elle jouait une femme meurtrie devenue religieuse après la mort de son enfant, et qui découvre l’engagement politique en rencontrant un syndicaliste communiste joué par Philippe Clévenot. Elle figurait la douceur, dans un monde d’homme dans le saisissant « S’en fout la mort » de Claire Denis, et elle traversait « J’ai pas sommeil ». Elle avait une grâce particulière subtilement évoquée par Véronique Cayla, directrice générale du CNC , vendredi dernier dans les médias : « Elle était une actrice magique qui illuminait l’écran, et comme dans l’ange dans les « Ailes du désir », éblouissait chacun d’entre nous ». En 1998, elle était passée à la réalisation avec le court-métrage « Il suffirait d’un pont » bénéficiant d’une brillante distribution, Luis Rego, Catherine Frot, Romane Bohringer, Philippe Clévenot, Elli Medeiros, Garance Clavel, Georges Claisse… Dans le  quartier du Canal Saint-Martin, elle observait 4 couples, entre une écluse, deux barrières et un pont. Elle a été inhumée hier dans les Vosges. Remerciements à Marc Lacroix.

Solveig Dommartin dans « Les ailes du désir »

Filmographie : 1983  Lettre de la Sierra Morena (Jacques Rozier) 1986  Der himmel über Berlin (Les ailes du désir) (Wim Wenders)  – 1988  The prisoner of St. Petersburg (Ian Pringle) – Je t’ai dans la peau (Jean-Pierre Thorn) – 1990  S’en fout la mort (Claire Denis) – 1991  Bis ans ende der welt (Jusqu’au bout du monde) (Wim Wenders) – 1992  In weiter ferne, so nah ! (Si loin, si proche) (Wim Wenders) – 1993  J’ai pas sommeil (Claire Denis) – 1997  Eiffel Tower tilogy : Height, weight & gravity (Paul Nalin, CM) – 2005  Ma folie, ma liberté (Michel de Linas, documentaire, CM, voix seulement). Télévision : 1994  Navarro : Sentiments mortels (Nicolas Ribowski) – 1996  Commandant Nerval : À qui profite le crime ? (Henri Helman) – Montage : Tôkyô-Ga (Wim Wenders, documentaire) – Comme réalisatrice : 1998 Il suffirait d’un pont, CM. 

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

DOROTHÉE BLANCK PAR DOROTHÉE BLANCK

Dorothée Blanck dans « L’or du duc » de Jacques Baratier

Note du 4/02/2016 : Je suis très attristé d’apprendre la disparition de Dorothée Blanck sur la page facebook d’Agnès Varda Officiel : « Je considère que mon seul métier, c’était ni d’être une femme, ni une maîtresse, ni une mère de famille, mais une égérie. »
Dorothée Blanck vient de nous quitter : amoureuse dans « L »opéra-Mouffe » & modèle amie de Cléo dans « Cléo de 5 à 7 » chez Varda, qui l’avait repérée en danseuse à la Cigale dans « Lola » de Demy. Sa gentillesse, sa bonne humeur, ses yeux de chat vont nous manquer… » Je garderai en mémoire le souvenir de cette femme lumineuse aux multiples talents. Merci à Frédéric Norbert

En navigant sur le web, en cherchant des informations sur « L’or du duc » de Baratier, je découvrais le blog de la comédienne Dorothée Blanck, Le journal d’une dériveuse, montrant ses qualités d’observations et d’écritures, aussitôt il figurait dans mes favoris. On retrouve aussi ses textes et beaucoup de documents sur son site.  Puis Agnès Varda nous donna de ses nouvelles, en la retrouvant avec Corinne Marchand dans l’un des formidables boni du DVD de « Cléo de 5 à 7 ». Malicieusement, la réalisatrice lui fit redescendre la rue qu’elle arpentait dans le film, nommée… « Rue des artistes » à Paris. J’eu la bonne surprise de découvrir un jour un courriel de Dorothée après avoir fait une note sur « Cléo… », film que j’estime énormément. Grâce à nos échanges qui suivirent, j’eu le temps d’apprécier les qualités humaines de cette personne et son grand talent de plume. Profitant de nos échanges, je lui ai proposé de commenter sa filmographie, remarquable s’il en est. Ce qu’elle fit volontiers avec modestie et faconde, en annonçant sur son blog « C’est plus amusant d’écrire sur commande, et cela règle les problèmes d’identité: Lira…Lira pas… ». S’il elle n’avait fait que « Cléo de 5 à 7 » et les films de Jacques Demy, ça lui suffirait pour rester dans le coeur des cinéphiles. Mais le parcours de celle qui fut le modèle de Josef Von Sternberg pour une leçon de cinéma pour un documentaire d’Harry Kümel, est encore plus riche, et ainsi elle vous propose une réponse au court-métrage que lui a consacré Haydée Caillot « Qui êtes-vous Dorothée Blanck ? », en 1987. Elle n’a pas finit de nous surprendre…

Longs-métrages :

1953 Les Enfants de l’amour, (Léonide Moguy)

De ce mélo avec une ravissante Etckika Choureau larmoyante, je ne me souviens que des seins de Nadine Tallier. J’étais danseuse aux Capucines où elle menait la revue avec son charme canaille de titi parisien. Nos lits étaient côte à côte dans un grand dortoir. Nous avions toutes la même blouse grise de l’orphelinat, il faisait très chaud sur le plateau, elle s’éventait, je pouvais donc voir sa gorge parfaite. En dehors de ça, Léonide Moguy avait un charme slave auquel je n’étais pas insensible.

1954 La Reine Margot, (Jean Dreville).

Quelques danseuses du Mogador avait auditionné pour danser une Pavane. J’adore ces danses anciennes où l’on ne fait que des grâces, des révérences.

1955 French Cancan, (Jean Renoir) (1)

« … J’avais 15 ans et je donnais tous les soir à Mogador quand Renoir est venu nous auditionner pour son film « French-Cancan ». Après avoir vu toutes les danseuses de Paris, il en a retenu 24, je faisais partie du lot… Sur les 24, il y en avait 4 qui jouaient un petit rôle. Je faisais aussi partie des 4, mais j’ignorais tout de mon rôle. Je l’ai apris par le régisseur qui m’a annoncé que je devais tourner une scène nue dans un tub, j’étais mortifiée, mais de peur d’être renvoyée je n’ai pas osé dire non. (…) Il n’y a pas eu de scène du tub. Le jour du « costume », c’est-à-dire, le jour de la scène, j’ai vu Renoir et je lui ai avoué que cela me gênait beaucoup car j’étais une vraie « Jeune fille », et je me gardais pour l’homme que j’aimerais ! Il a dit : « O.k., je comprends, tu danserais dans le balais » (…) L’atmosphère était joyeuse et bon enfant. Comme nous avions toutes le même costume, Renoir craignait d’avoir oublié de nous dire « bonjour ». Alros, toute la journée, il nous retournait en disant : « Toi, je t’ai dit bonjour ! » et il nous embrassait de nouveau, ce qui d’ailleurs nous ravissait car nous étions bien entendue amoureuse de lui (…) Il était d’une politesse exquise, et dès qu’une femme entrait dans le studio ou à la cantine, il se levait pour la saluer. Mais sa courtoisie ne s’adressait pas qu’aux femmes. Pour saluer un machiniste, il traversait le plateau s’il le fallait…

1956 Elena et les hommes , (Jean Renoir) (1)

« Je me souviens que les figurants étaient presque au nombre de mille. Il était impossible aux principaux acteurs d »étre dans le champ de la caméra et l’opérateur, son fils Claude le lui a signalé. Alors Renoir a pris un porte-voix et s’est adressé à la foule des figurants qui encombrait le champ car tout le monde rêve d’être du film. « Vous êtes tous des artistes », leur a-t-il dit, « Alors, faites les choses comme vous le sentez, bougez, embrassez-vous, courrez, sautez ». Et le miracle s’est produit. Tous les figurants étaient tellement émus, qu’ils n’on plus encombré le devant du plateau sauf dans les limites qu’il fallait, et Renoir a pu filmer ses acteurs…

1959 Enigme aux Folies Bergère, (Jean Mitry).

J’ai rencontre Jean Mitry qui était alors critique de cinéma dans un cinéma d’art et essai que Jacques Loew fréquentait. Il en avait lui même été un certain temps le directeur. Nous avons tourné cette scène d’une loge de danseuses en train de se préparer au spectacle Aux Bouffes Parisiens, joli théâtre à l’italienne.

1960 Une femme est une femme, (Jean-Luc Godard)

Jean-Luc Godard avait vu Opéra Mouffe de Varda, il a imaginé me faire faire un pastiche de Belmondo dans à bout de souffle en streaptiseuse avec l’imper et le chapeau melon de celui-ci, en dessus j’avais un collant entier vert. Mais le temps a manqué pour cette improvisation, Godard tournait avec Anna Karina de jour dans une petite boite de nuit de Pigalle. Alors, il a demandé à Agnès de lui donner un plan de son film avec moi nue. C’est ainsi que je figure de dos dans la scopitone que regardent Jean paul Belmondo et Jacques  Brialy.

1961 Lola, (Jacques Demy)

Jacques Demy accompagnait Agnès Varda dans la rue, elle m’a présentée à lui et proposé de danser dans le film de celui-ci qui serait tourné à Nantes. J’ai tout de suite dit oui! Comme le costume que l’on me montrait au studio lors d’essai n’était pas particulièrement sexy, je me suis acheté une guépière et je l’ai agrémentée de bas résilles noirs et d’une rose sur une jarretière, mon cachet y passait mais c’était pour la gloire, nous étions une demi-douzaine de danseuses je voulais me démarquer. Quand arrivées à l’hôtel on nous a demandé de mettre nos costumes pour nous présenter à Demy, j’ai plaqué mes mains sur les hanches et bombé la poitrine. Agnès toute petite se trouvait là. J’ai demandé à la costumière ce qu’elle faisait là: « Comment, tu ne sais pas, C’est la femme de Jacques! » Génée, j’ai rengorgé mes avantages. Avec le charleston en musique de fond, cela a été un plaisir de tourner durant huit jours. Anouk Aimée fait partie de mon phantéon d’actrice et Corinne Marchand en simple collant noir et chapeau claque faisait rêver. Ce film est un bijou… 

1961 Cléo de cinq à sept, (Agnès Varda)

Agnès Varda, pendant que son mari tournait, elle écrivait Cléo. J’ai dû apprendre à conduire, je m’y suis reprise à deux fois avant d’avoir le permis, sinon je ne pouvait tourner ce rôle de modèle, métier que je pratiquais à l’époque. Les étrangères, sans carte de travail avait cette ressource pour vivre, dans les ateliers le massier passait avec un chapeau à la fin des poses pour rétribuer le modèle. Retrouver la superbe Corinne qui grande, généreuse, et très directe me traitait comme une petite soeur était aussi un plaisir. Mes scènes préférées sont celles où elle répète avec ses musiciens Serge Korber et Michel Legrand. Je revois le film il n’a pas pris une ride.

1962 Il segno del vendicatore, (Roberto Mauri)

Roberto Mauri, quand les cancans allaient bon train : »Voilà les concierges de la culotte! Il faut dire que nous étions à Gubbio, une petite ville moyennageuse tenue par les curés. Le moindre écart de conduite, la permission de tourner dans les lieux était otée. Pour ma part, j’étais sage comme une image car amoureuse d’un amant resté à Paris. Et puis l’équipe sicilienne n’otait pas son chapeau lors des repas et faisaitmine d’ignorer la gente féminine. La production ne donnait que des bouts de pellicules, si bien que ne sachant jamais le métrage qu’il y avait dans le magasin, il fallait retourner la scène sans savoir si l’on arriverait au bout; J’étais assignée à résidence avec mon passeport polonais, je devais me présenter chaque semaine au consulat à Rome; Quand quelqu’un est venu me proposer de jouer Maris-Madeleine, j’ai voulu d’abord retrouver Paris.

1962 Le Vice et la vertu, (Roger Vadim)

Roger Vadim Vadim lui aussi avait vu le court- métrage de Varda, il m’a convoquée ainsi que plusieurs vestales, filles enlevées par des allemands pour leur plaisir dans un chateau fort. A la cantine du studio Robert Hossein usait de son charme slave. Il m’a regardé: « Toi, je ne te fais pas la cour tu ne me croirais pas! » Vadim est un seigneur, il nous mettait sur le planning même s’il n’était pas sûr de nous faire tourner, c’est la seule fois où j’ai gagné de l’argent, manque de pot, je n’avais pas le temps de déposer mon cachet à la banque, à l’époque on recevait des enveloppes en liquides, un photographe indélicat hébergé par mon partenaire s’est chargé de me délester.

1963 Les Parapluies de Cherbourg, (Jacques Demy)

Jacques Demy à toujoujours fait référence dans tous ses films aux personnages des précédents, c’est ainsi qu’il m’a permit de remettre ma guépière dans une boite de nuit à Cherbourg.

1963 Le Journal d’un fou, (Roger Coggio)

J’avais vu Roger Coggio dans sa prestation au théâtre, génial. Je l’avais rencontré dans les couloirs du Trocadéro lorsqu’il jouait pour Vilar, moi, j’étais élève au Cours Dullin. Pour le film, il a voulu visualisr les personnages avec lesquels il dialoguait dans sa folie, nous étions donc des comparses muets. Sa mégalomanie a fait qu’il n’a mit personne au générique, les techniciens lui en ont voulu et le film a quitté l’affiche jusqu’à ce qu’il fasse un générique. Un an a passé, le film n’a plus été distribué en France, ma mère l’a vu au Canada

1964 Ces dames s’en mêlent, (Raoul André)

C’est Serge Valin, connu lors de French Cancan,le plus réputé des premiers assistants qui m’encourageait face à Eddy Constantine,   » Soit plus chatte! Encore plus chatte! » J’en ai tellement fait que je n’ai jamais osé aller voir le film de Raoul André.

1965 L’Or du duc, (Jacques Baratier)

Je n’avais pas de rôle dans l’Or du Duc, Baratier filmait des gags au fur et à mesure qu’il les trouvait au bistrot le soir, cela se rajoutait sur le plateau, le producteur fâché lorsqu’il m’y  voyait: Vous avez encore passé la soirée avec Baratier, vous allez  finir par  me couter cher! Une fille qui se douche dans un immeuble en construction et qui reçoit le jet des laveurs de vitres; Une malle offerte par Jacques Dufilho vient des Indes pour le maharaja joué par Pierre Brasseur, une  femme nue est dedans; Puis je fais la danse du ventre déguisée en  indienne toujours pour Pierre Brasseur lequel meurt du coeur; Une soirée parisienne très snob avec Dutilho j’ai une perruque et un costume 1920; Une jeune fille à vélo double un autobus dans lequel se trouve Claude Rich, Monique Tarbès et leur famille dans le film, ainsi qu’une belle  passagère Elsa Martinelli. Jacques Baratier voulait un petit personnage multiple à la Helsapoppin qui n’a rien à faire dans le scénario mais apparait et disparait.

1965 La Métamorphose des cloportes, (Pierre Granier-Defferre)

Je ne sais plus comment j’ai atterri sur ce plateau, je crois que le journaliste avec qui je vivais alors, Gilles Durieux, connaissait le metteur en scène. Lorsque celui-ci à demandé à Lino Ventura sur qui il fallait rester à la fin du plan,celui-ci a répondu: « Sur la petite bien sûr! » Ma soeur qui n’a fait aucune remarque sur ma courte prestation était jalouse que j’ai pù approcher Lino Ventura…

1965 Pleins feux sur Stanislas, (Jean-Charles Dudrumet)

Je me souviens que j’ai complètement occulté ce film car Jacques Sternberg y jouait son propre rôle d’auteur dramatique. Dans la loge il y avait une petite blonde très sexy dans ses cuissardes sur des jambes grêles et une grosse bouche. J’ai tout de suite su que je serais cocue. Sternberg a disparu puis est venu me trouver: « laissez-moi encore une quinzaine, voir si j’en ai toujours envie! » Je n’ai jamais disputé le bout de gras, j’ai pris mes cliques et mes claques et suis partie travailler en Suisse.

1965 Lady L, (Peter Ustinov)

C’est Margot Cappelier qui faisait les beaux jours du casting des petits rôles pour les films américains tournés en France à l’époque.Toujours une floppée de starlettes pour un boxon célèbre Le One….. Catherine Allégret était si belle à seize ans, un vrai Renoir, j’en étais jalouse. et Peter Ustinov :  « De toi, je ne connais que le dos! »  Ces dames se disputaient les créneaux devant la caméra en plan américain, je n’avais pas envie de me battre. Je me disais qu’un comédien doit être bon de dos.

1967 J’ai tué Raspoutine, (Robert Hossein)

Robert Hossein rencontré sur le plateau « Du Vice et de la Vertu » m’a fait l’honneur d’interprêter le Tsarine qui acceuille Gagliostro. Au cinéma, je n’ai pas vu passer la scène, peut-être y a t-il eu des coups de ciseaux au montage!

1967 Les Demoiselles de Rochefort, (Jacques Demy)

Toujours par réminiscence, Demy m’a fait descendre à Rochefort pour dire une seule phrase à Gene Kelly: » Vous avez de la chance »! Celui ci n’a pas voulu me faire cadeau du plan, il se retournait comme un danseur et j’étais de trois-quart dos. Alors Demy me dit : » Tu t’en va lentement en arrière, en le regardant! Comme ça je t’aurais dans le champ! En bon professionnel,  Kelly me dit: « Chérie, tu n’es pas gentille! » Alors, j’ai lâché, je suis partie droit devant moi, tel un soldat. Il m’a remercié par un baise main: »tu dines avec moi, ce soir? -Non! Je reprends le train! » Quand je pense qu’en le voyant à l’écran je le trouvais si sexy… Lors d’une projection privée, François Chalais qui était devant moi s’est retourné  » Excusez-moi Dorothée, j’ai éternué, je ne vous ai pas vu passer! »

1969 A Quelques jours près, (Yves Ciampi)

Je me souviens avoir fait des essais, Corinne Marchand qui avait refusé cette épreuve à eu le rôle. Le lendemain l’assistant m’a téléphoné, que je ne l’apprenne pas par les journaux, j’ai ri, « Au moins, avec votre franchise on pourra se dire bonjour lorsqu’on se rencontrera dans la
rue! » (c’était Yves Boisset) Je ne me souviens de rien d’autre.

1969 Une Femme douce, (Robert Bresson)

Je suis une infirmière qui soigne Dominique Sanda dans le fond du décor derrière un paravent. Bresson m’a mise au générique, comme nous n’étions que trois en tout, tout le monde a pensé que j’avais eu un grand rôle et qu’il avait été coupé.

1970 Peau d’âne, (Jacques Demy)

Je vais finir par croire que j’étais sa mascotte, ce qu’il avait dit
lorsqu’il m’a fait venir pour Les Demoiselles.

1971 Hellé, (Roger Vadim).

( Je ne sais plus quoi!)

1993 La lumière des toiles mortes, (Charles Matton).

Le titre est si triste, j’ai eu peur pour son impact commercial. Toujours le plan
unique, j’ai été la femme d’un seul plan dans les grands films, et j’avais
le rôle titre dans les courts-métrages…

2001 Tanguy (Étienne Chatiliez)

Ils ont demandé à des habitués de la « Brasserie Lipp » de figurer, nous avons été payés comme figurants, j’ai vu le film, je ne suis pas dans le champ.

Les herbes folles (Alain Resnais, 2008)

Rôle d’une passagère

Jours de France (Jérôme Reybaud, 2015)

Court-métrages :

L’Opéra-mouffe, (Agnès Varda 1957)

Agnès Varda cherchait » un nu froid » Le contraire d’une » streepteaseuse », elle est allé voir du côté des peintres. Je posais dans l’atelier de Roederer à la grande Chaumière, il m’a présentée; je venais de voir le film d’Ingmar Bergman « Elle n’a dansé qu’un seul été » J’avais été très émue par la les deux amoureux dans l’herbe. » Est-ce que ce sera aussi pur? – Ce ne sera pas pareil mais aussi pur que ça! m’a répondu Agnès Varda. »  Pour les scènes de lit avec José Varela, Agnès nous a demandé: « Vous êtes des dauphins, retournez-vous l’un sur l’autre en jouant comme eux! »

Fabliau, (Annie Tresgot 1957)

Une bleuette tournée au bois de Boulogne avec deux amoureux. Annie, beaucoup plus tard a fait un très beau documentaire sur l’école de Strasber- Kasan. C’est une leçon extraordinaire de voir ces vedettes Hollywoodiennes se ressourcer au milieu de débutants.

La leçon de beauté, (Fernand Aubry 1961)

Un documentaire sur le maquillage et les masques. à force de m’épiler, j’ai perdu mon côté sauvageonne et pris dix ans d’âge. Aubry voulait une image à la Hollywood. Heureusement, Agnès a mit le « holla! » pour le rôle de modèle de peintre dans  » Cléo de cinq à sept ». Le plaisir que j’ai eu a été de présenter les masques en improvisant des attitudes pour les photographes italiens dans les arenes. On se sent protégé derrière un masque,on ose tout.

Concerto pour violoncelle, (Monique Lepeuve 1962)

J’étais une jeune fille qui passe par tous les trous des instruments de musique, façon de présenter ceux-ci; le film a été à Locarneau, je n’ai rien vu, ce que c’est que de jouer les passe-muraille.

Coup de feu à 18h, (Daniel Costelle 1962)

Oui, c’est ce polar que j’ai joué avec l’acteur américian parisien Jess Hann, scénarisé par Philippe Labro.

L’Annonciation, (Philippe Durand 1963)

Philippe revenait de la guerre d’algérie, il était légèrement subversif et dénonçait « les barres, cités dortoirs » Il m’avait enduite de glaise, ne permettant plus qu’un cri. On s’est fai huer au festival de Tours.  Jean-Claude Averty avait aussi fait les frais de cette vindicte avec « Les petits vieux de Nanterre. » Nos retraités étaient filmés lors d’une sortie du samedi, revenant à la maison de retraite passablement éméchés, tentant encore de bousculer leurs camarades féminines dans le fossé avec le litron sous le bras. Cela a été un tollé.

Plus qu’on ne peut donner, (François Chevassu – Claude Aveline 1963)

Une jeune fille aime un jeune homme joué par Gilles Durieux mon partenaire à la ville comme à l’écran à ce moment là. Le jeune homme porte un masque qu’il refuse d’enlever avant le mariage, demandant une pleine confiance à sa fiancée. Celle-ci craque, le garçon se suicide, elle enlève le masque pour voir le pur visage de son futur, intact de tout tare.

Le producteur, Bromberger voulait faire tourner sa femme, le réalisateur a résisté, le film à été gelé.

Le Maître, (Paul Carotti, 1963)

C’est le scénario d’un écrivain Jacques Cousseau qui joue son propre rôle. Il avait écrit chez Gallimard, « le chien gris »

La Folie avec Jacques Dufilho (Éric Duvivner, film d’entreprise) 1964

Nous avons tourné cette histoire de stop sur les routes du Midi, une femme prend plusieurs fois Dufilho dans sa voiture, à chaque fois, celui-ci joue une autre forme de folie, c’était une démonstration pour des médecins. J’ai été surprise et charmée par le raffinement de cet acteur. Mais lors des prises, comme tout comique, tant qu’il n’avait pas fait rire sa partenaire, il se jugeait mauvais, et quand je riais, je ne pouvait pas être à l’écran… Visible sur Canal-U

Entends-tu la mer ?, (Jacques Rouland 1966)

Je ne sais pourquoi, Rouland qui est un grand marchand d’art a refusé de me donner la fiche technique, il préfère oublier cet épisode. A Etretat, sur le haut de la falaise, je devais simuler une femme prête à se suicider, l’assistant, couché au sol, me retenait par les chevilles afin
que je ne m’envole pas par le vent, la caméra placée en contre bas  sur le sable.

Faire quelque chose, (César Polognio 1966)

Je venais de quitter le domicile conjugal, ce jeune portugais m’a hébergée dans sa mansarde, sous prétexte de calins du matin, il fouinait sous mon oreiller et finissait par: tu n’aurais pas un ticket de métro?

L’Espace vital, (Patrice Leconte 1969)

Bruno Nuytten qui avait tourné pour Jacques Ledoux (cinémathèque belge) le reportage sur le tournage de von Sternberg m’a présenté à Patrice Leconte. je n’ai jamais vu le film, le réalisateur n’en à guère de copie, à cette époque, il n’y avait pas de cassettes, les tirages coutant chers, seul le producteur détenait la pellicule et partait avec en cas de faillite, c’est pour ça qu’il n’y a pas de témoignages des courts tournés dans ce temps là. J’en ai tournés 26, et les trois-quart, je ne les ai jamais vus.

Pour que Jeanne et Pierre, (René Gilson 1984)

Je ne sais même pas si Gilson a fait tirer ce film au labo.

Qui êtes-vous Dorothée Blanck ?, (Haydée Caillot 1987)

Nous avions fait notre stage de montage au studio Eclair, ensemble avec Haidée. Nous courions avec les bobines dans les couloirs pour satisfaire l’étalonneur vedette Pierre…qui riait des facéties d’Haidée laquelle en bonne marseillaise avait une tchatche redoutable. Quant on a tourné ensemble, on a moins rit, Sternberg me disait: « Elle veut que vous soyez née d’elle! » C’est toujours un rapport de force entre le créateur et sa créature, et je ne me suis jamais laissée faire même par mes amants aimés, alors avec les femmes…
( Documentaire de fiction, 27mn)

L’Anniversaire de Paula, (Haydée Caillot 1993)

C’est Eric Rhomer qui a produit le film d’Haidée, il avait été interessé par le premier. J’ai adoré tourner dans le froid, le vent, c’est salvateur.

François vous aime, (Frédéric Tachou 1993)

Frédéric Cousseau était copain de Tachou. C’est le grand-père âgé de 80 ans de l’autre Frédéric qui à acceuilli toute l’équipe du petit-déjeuner au souper, nous faisant la tambouille, j’étais sous le charme, je l’aidais pour la vaisselle.

Commerce, (Philippe-Emmanuel Sorlin 1998)

Personnage troublant et pervers que ce Sorlin, impossible de communiquer, sauf s’il a besoin de vous charmer, comme beaucoup de metteurs en scène qui ne s’embarrassent pas de vos désiratas.

Problèmes de hanche, (Frédéric Tachou 2003)

Tachou s’est inspiré de la vie de deux comédiennes, l’une ancienne bourge et l’autre toujours bohémienne, nous avons joué nos rôles sur l’écran comme dans la vie.

Première prise, kino de Christian Laurence, Festival Off-Court Trouville 2004 avec Christian Cardon

2 femmes, kino de Jean Antoine Charest, Festival Off-Courts Trouville 2005), avec Lucie Muratet

Cléo de 5 à 7 : Souvenirs et anecdotes (Agnès Varda, bonus DVD, 2005)

Les petits sablés (Cloé Micout) (Kino off-courts Trouville, 2006), avec Diane Dassigny et Dorothée.

La mort vous aime aussi, (Simon Laganière & Carol Courchesne-Marco Andréoni – Documenteur Trouville 2007) visible sur MySpace

Une fois de plus (Sandra Coppola, 2009) visible sur MySpace

Voyageuse (Sergueï Vladimirov, 2010) visible sur MySpace

Naufragée (Juliette Chenais, 2010)

7 kinos, cuvée 2011, à Off-Courts -Trouville :

Quelques premières fois (Kristina Wagerbauer, 2011)

Contaminés (Dorothée de Silguy, 2011)

La méthode du docteur Blousemental (Anne Revel, 2011)

À tous mes Jules (Émilie Rosas, 2011)

Tiamoti kino (Alexis Delamaye, 2011)

Sois belle et tais-toi (Sido Nie, 2011)

Excuse(s)-moi (Stephen Morel-Mogan, 2011)

Red Tales : Mad Tales (Hugues Fléchard, 2012)

La fin de la pellicule (Laetitia Lambert, 2014)

Fantômes (Ariane Boukerche, 2015)

Télévision :

Le Mariage de Figaro (Marcel Bluwal, 1961)

Télé mon droit et Décor pour un auteur (1966)

Leçon d’éclairage, Joseph von Stenberg (RTF) 1968 (repris dans l’émission « Cinéma, Cinéma » de Michel Boujut, en 1985)

Les dossiers de Jérôme Rendax : Pola, (Jean-Paul Carrère 1966)

Anna, (Pierre Koralnik, 1967) (Comédie musicale de Serge Gainsbourg)

(1) Sur Jean Renoir : extraits d’un article de « Ouest-France », propos confiés à Dominique Wallard.

MORT D’YVONNE DE CARLO

Annonce de la mort, lundi dernier d’Yvonne de Carlo, à Los Angeles à l’âge de 84 ans. Son rôle le plus célèbre reste celui de « L’esclave libre » (Raoul Walsh, 1957), une femme métisse, vendue comme esclave à Clark Gable, qui l’affranchit. Une grande sensualité du cinéma américain, fidèle à un certain « cinéma de quartier ». Jean-pierre Coursodon et Bertrand Tavernier n’était pas très tendre avec elle dans « 30 ans de cinéma américain  » : « … Une beauté réelle, bien qu’un peu vulgaire, une volonté évidente, un certain talent de chanteuse et finalement une carrière assez médiocre. Peu de metteurs en scène surent exploiter ses possibilités érotiques et sensuelles… « . Cette canadienne née le 1 septembre 1922, à Vancouver, Colombie-britannique, Canada, arriva à Hollywood, en 1941, après avoir obtenu un prix de beauté à Venice Beach. Elle y fait essentiellement des silhouettes, après la signature d’un contrat avec Paramount. C’est avec Universal qu’elle devient une vedette en incarnant « Salomé ». A l’aise des les films historiques elle fut Séphora, la femme de Moïse joué par Charlton Heston, dans « Les dix commandements » (Cecil B. De Mille, 1956). Elle connut un regain de popularité en interprétant à la télévision Lily Munster, la mère vampire, dans « The Munters » / « La famille Addams », de 1964 à 1966, aux côtés de Fred Gwynne. Pour la petite histoire, elle avait accepté ce rôle pour payer les frais médicaux de son mari, le cascadeur Bob Morgan, qui fut grièvement blessé sur le plateau de « La conquête de l’Ouest » (1963). Elle termina sa carrière dans quelques séries B horrifique, son couple de fermier diabolique avec Rod Steiger dans « American’s horror » qui semble jouir d’une certaine réputation. Elle avait obtenu pour ce film selon IMDB, le seul prix de sa carrière, dans le festival de film fantastique de Rome, « Fantastival », en 1988. On retiendra son apparition dans le curieux remake de John Landis en 1991, de la pièce de Claude Magnier pour « Oscar », où elle incarnait la tante de Sylvester Stallone. Elle avait signé avec Doug Warner, son autobiographie « Yvonne » en 1987). New York: St. Martin’s Press, 1987. C’était en définitive une bonne actrice de l’âge d’or du cinéma américain. Il serait vain de réduire statut à sa seule beauté exotique et à son glamour. A voir les photos de Briansriveintheather, et à lire également le l’excellent blog à son sujet: Les légences du cinéma.  Annonce également de la mort du producteur Carlo Ponti.

Bibliographie : « Stars N°22 » (Printemps 1995)

Filmographie : 1941  I look at you (CM) – Harvard, here I come! (Lew Landers) – 1942 King of the campus (Del Lord, CM) – This gun for hire (Le tueur à gages) (Frank Tuttle) – The lamp of Memory (CM) – Youth on parade (Albert S. Rogell) – Road to Morocco (En route vers le Maroc) (David Butler) – Lucky Jordan  (Jordan le révolté) (Frank Tuttle) – 1943 The crystal ball (La boule de cristal) (Elliott Nugent) –  Rhythm parade (Howard Bretherton) – Salut for three (Ralph Murphy) – True to life (George Marshall) So proudly we hail !  (Les anges de miséricorde) (Mark Sandrich) – For whom the bell tolls (Pour qui sonne le glas) ( Sam Wood) – Let’s face it (Sidney Lanfield) – The deerslayer (Lew Landers) – 1944  Standing room only (L’amour cherche un toit) (Sidney Lanfield) – The story of Dr. Wassell (L’odyssée du docteur Wassell) (Cecil B. DeMille) – Kismet (Id) (William Dieterle) – Rainbow island (Lona la sauvageonne) (Ralph Murphy) – Here come the waves (La marine en jupons) (Mark Sandrich) – Practically yours (Mitchell Leisen) – 1945  Bring on the girls (L’or et les femmes) (Sidney Lanfield) – Salome, where she danced (Salomé) (Charles Lamont) – Frontier gal (La taverne du cheval rouge) (Charles Lamont) – 1947  Song of  Scheherazade (Shéhérazade) (Walter Reisch) – Brute force (Les démons de la liberté) (Jules Dassin) – Slave girl (La belle esclave) (Charles Lamont) – 1948  Black Bart (Bandits de grands chemins) (George Sherman) – Casbah (John Berry) – River lady (Le barrage de Burlington) (George Sherman) – 1949  Criss cross (Pour toi, j’ai tué) (Rohert Siodmak) – Calamity Jane and Sam Bass (La fille des prairies) (George Sherman) – The gal who tock the West (La belle aventurière) (Frederick De Cordova ) – 1950  Buccaneer’s girl (La fille des boucaniers) (Frederick De Cordova) – The desert hawk (L’aigle du désert) (Frederick De Cordova) – Tomahawk  (La révolte des Sioux) (George Sherman) – 1951  Hotel Sahara (Hôtel Sahara) (Ken Annakin) – Silver City (La ville d’argent) (Byron Haskin) – 1952  The San Francisco story (La madonne du désir) (Robert Parrish) – Scarlet angel (Une fille à bagarres) (Sidney Salkow) – Sea devils (La belle espionne) (Raoul Walsh) Hurricane Smith (Maître après le diable) (Jerry Hooper) – Sombrero (Id) (Norman Foster) – 1953  The captain’s Paradise (Capitaine Paradis) (Anthony Kimmins) –  Fort Algiers (Fort Alger) (Lesley Selander) – Border iver (Les rebelles) (Vincent Sherman) – 1954  Happy ever after (Héritage et vieux fantômes)  (Mario Zampi) – Passion (Tornade) (Alan Dwan) – La contessa di Castiglione (La Castiglione) (Georges Combret) – 1955  Shotgun (Son dernier combat) (Lesley Selander) – Magic fire (Feu magique) (William Dieterle) – Flame of the islands (La femme du hasard) (Edward Ludwig) – 1956  Death of a scoundrel (Les amours d’une canaille) (Charles Martin) –  The ten commandments (Les dix commandements) (Cecil B. DeMille) – Raw edge (La proie des hommes) (John Sherwood) – 1957  Band of angels (L’esclave libre) (Raoul Walsh) – 1958  La spada e la croce / Mary Magdalene (L’épée et la croix) (Carlo Ludovico Bragaglia) – 1959 Timbuktu (Tombouctou) (Jacques Tourneur) – 1963  McLintock ! (Le grand McLintock) (Andrew V. McLaglen) – Law of the lawless (Condamné à être pendu (William F. Claxton) – 1964  A global affair (Jack Arnold) – Tentazioni proibiti (Voluptés diaboliques) (Osvaldo Civirani) – 1966  Munster, go home (En Belgique : « Frankenstein et les faux-monnayeurs ») (Earl Bellamy) – 1967  Hostile guns (R.G. Springsteen) – The power (La guerre des cerveaux) (Byron Haskin) – 1968  Arizona bushwhackers (Les rebelles de l’Arizona) (Lesley Selander) – 1970  The delta factor (Opération traquenard)  (Tay Garnett) – 1971  The seven minutes (Russ Meyer) – 1974  Fuego negro  (Raúl Fernández) – 1975  Blazing stewardesses / Cathouse callgirls (Al Adamson) – Won Ton Ton the dog who saved Hollywood (Michael Winner) – 1976  La casa de las sombras / House of shadows (Ricardo Wullicher) – It seemed like a good idea at the time ( John Trent) –  1977  Satan’s cheerleaders (Greydon Clark) – 1978  Granddaughter of Dracula (Nocturna) (Harry Hurwitz) – Silent scream (Le silence qui tue) (Denny Harris) – 1979  Guyana : Crime of the century (La secte de l’enfer)  (René Cardona Jr.) – The man with Bogart’s face  (Détective comme Bogart) (Robert Day) – 1981  Liar’s moon (Le challenger) (David Fisher) – 1982  Class reunion / National lampoon’s class reunion (Michael Miller) – Play dead / Satan’s dog (Peter Wittman) – 1983  Vultures in paradise / Flesh and bullets (Paul Leder) – 1984   Flesh and bullets (Efraim Tobalina) – 1987   American gothic (John Hough) – 1988  Cellar dweller (John Carl Buechler) – 1989  Mirror, mirror (Marina Sargenti) – 1991 Oscar (L’embrouille est dans le sac) (John Landis) – 1992  The naked truth (Nico Mastorakis) – Desert kickboxer (Isaac Florentine) – 1993  Seasons of the heart (T.C. Christensen).

MON MEILLEUR AMI

Est-ce un effet post blues d’avoir traversé les inévitables fêtes de fin d’années sans trop d’ambages, mais « Mon meilleur ami » dernier avatar de Patrice Leconte est une excellente surprise. Cette comédie teintée d’amertume évite la mièvrerie. Je dois confesser avoir un peu décroché de ses derniers films – depuis « Ridicule » en fait. Le cinéaste inventif du « Mari de la coiffeuse »  me semblait s’être un peu dévoyé, pour avoir signé trop de pubs sans doute, dans un glacis général. Les bronzés 3 finissait par nous décourager à son propos, d’autant plus que la polémique à son sujet à propos des critiques semblait l’avoir affecté. L’histoire sans être très originale, on finit par traîner les pieds après avoir vu la bande-annonce, surtout que Daniel Auteuil semblait sérieusement faire avoir mon d’exigences ces derniers temps – jetons un voile pudique sur « Son Napoléon et moi » pantalonnade assez sinistre – . Mais on retrouve une écriture assez ciselée, grâce à Jérôme Tonnerre on peut le supposer. François Coste – Daniel Auteuil, probant -, un marchand d’art qui ne laisse que peu de place à ses émotions, après un enterrement, discute avec son associée, Catherine – lumineuse Julie Gayet, dont on apprécie toujours la subtilité de son jeu – et des amis, sur le nombre de présents à ses propres funérailles. L’homme étant assez antipathique, il fait le pari stupide avec elle de trouver en 10 jours son meilleur ami. Un vase grec de grand prix, que convoite un producteur de TV déterminé – Henri Garcin, épatant – est l’enjeu de son pari. Il délaisse comme à l’accoutumée sa maîtresse discrète – Elizabeth Bourgine que l’on a plaisir à revoir – et sa fille, qui refuse de soigner son asthme – Julie Durand, la révélation du film « Du poil sous les roses » -.

Daniel Auteuil & Julie Gayet

Malgré son tempérament affairiste est ombrageux, il finit par se lier avec un chauffeur de taxi loquace et un peu cuistre féru de culture – Dany Boon, qui impressionne par son jeu, entre drôlerie et émotion, définitivement un grand comédien -. On se laisse très vite prendre par l’histoire, inversant la célèbre phrase de Jean Cocteau « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Patrice Leconte garde le cap, il est même admirable de voir comment il fait naître une tension, avec l’utilisation casse-gueule d’une célèbre personnalité de TF1, dans une partie du film – la polémique sur le fait que TF1 soit co-producteur du film me semble assez vaine – Il y a un soin particulier aux  – seconds rôles, habitués ou non de l’œuvre  du cinéaste, ce qui se perd un peu dans les comédies actuelles de Jacques Mathou et Marie Pillet touchants en  parents attentifs de Bruno , Jacques Spiesser en marchand d’art cinglant, Anne Le Ny et Pierre Aussedat en sélectionneurs perplexes, Marie Mergey en veuve blessée, Andrée Damant en passagère bretonne et alerte, Philippe du Janerand irrésistible « ami d’enfance » marié à Fabienne Chaudat, Etienne Draber en orateur, le désormais incontournable Eric Naggar – présent de plus en plus sur les écrans, en bigleux timide, soit un grand nombre de nom à rajouter à la fiche d’IMDB du film. Pour faire allusion aux sinistres « Bronzés 3 » , félicitons-nous de voir que Patrice Leconte ait retrouvé sa petite flamme.