Attention nanar de (hors-)compétition – à Cannes -. Dernier avatar de l’exploitation d’un filon – circuits touristiques, filme porno, livres parodiques, pas de pin’s hélas, la mode est passée -, voici donc avec la grâce d’un rouleau-compresseur – à l’image de la promo-,  l’adaptation cinéma du désormais livre culte « The Da Vinci Code ». Quelle drôle d’idée d’avoir pris Ron Howard, habile faiseur tout terrain, pas méprisable, mais souvent laborieux et académique. Passée la bonne surprise de retrouver Jean-Pierre Marielle, en conservateur de musée, on comprend avec l’incursion d’un corps comique, celui de Paul Bettany en moine albinos, le parti à prendre pour regarder le film, celui d’en rire ! Le moine se nomme Silas – c’est logique il s’auto mutile avec un silice -, il est donc l’un des méchants du film, et l’occasion de prouver combien Ron Howard est inadéquat dans ce registre. On tente d’anticiper de quel côté du cadre il va surgir, avant de son gondoler allégrement à chacune des apparitions. Son personnage n’attitre ni la compassion – il est instrumentalisé par un infâme membre du clergé – Alfred Molina qui fait ce qu’il peut-, ni la peur. Clovis Cornillac a eu du nez de le refuser pour participer aux « Brigades du tigre ». L’utilisation plate du Louvres dans une ambiance feutrée, est malhabile, nous faisant même regretter celui du « Belphégor » version Jean-Paul Salomé, c’est dire… Arrive Robert Langdon, spécialiste de l’étude des symboles, en conférence en France – Tom Hanks, c’est un réflexe mais on s’attend toujours à retrouver du persil dans ses narines -. Le conservateur étant assassiné – on ne va retrouver Marielle que dans des Flash-backs -, arrive Jean Reno, policier qui a fait son coming out opusdeien en arborant fièrement un signe d’appartenance sur sa boutonnière, convenez que c’est original pour une milice religieuse secrète…Il est curieux de voir tant de monde si mal dirigé par un Ron Howard, pourtant ancien comédien. Arrive la nièce de du conservateur Sophie Neveu, cryptologue de son état qui veut mener son enquête en parallèle… Le tandem Hanks-Tautou ne fonctionne pas du tout, on n’a rarement vu aussi peu d’affinités chez un couple de vedette, l’alchimie ne fonctionnant absolument pas. Je ne suis hélas pas assez charitable pour passer la distribution française sous silence, outre Reno tragiquement absent, Etienne Chicot bougonne, Jean-Yves Berteloot – pourtant excellent chez René Féret – est sinistre, quand il ne fait pas rire comme dans sa dernière scène, Marie-France Audollent est ridicule en nonnette, Xavier de Guillebon est hautement improbable en toxicomane et cerise sur le gâteau on a droit à Denis Podalydès en contrôleur aérien aux prises avec un Jean Reno énervé dans une des scènes les plus stupides du film.  Côté international ce n’est guerre mieux pour ne citer qu’un revenant Jürgen Prochnow, en banquier burlesque. Le seul qui se tire sans dommage du film c’est l’excellent Ian McKellen qui confère une dignité à son rôle  de Sir Leigh Teabing, qui de démarque d’une tétanisation crispée générale. Il apporte une bonne dose d’humour apportée à des situations dont il ne semble pas trop croire.

Ian McKellen, Audrey Tautou & Tom Hanks

C’est une belle performance d’acteur, d’autant plus méritoire que son personnage est assez chargé. Il se tire sans dommages dans la description de toiles de maîtres, ou explications digestes et diverses. C’est l’humour involontaire patent du film qui nous permet de digérer ce pensum de 150 mn, qui ne réussit ni le divertissement, ni ces délires théologiques – essayez de voir la fin du film, sans vous esclaffer ! -. Difficile de sortir d’une torpeur globale, heureusement le rocambolesque de certaines situations, digérables sans doutes sur la durée d’un livre, confine ici au grotesque total. Le film est un salmigondis ésotérique parfaitement sentencieux, et qui reste sur l’estomac. L’adaptation de Akiva Goldsman est assez fade, utilisant fort mal certaines idées, comme la claustrophobie du personnage de Tom Hanks. L’omniprésente musique de Hans Zimmer, poussive au possible, n’arrange rien… Reste que malgré des tentatives de reconstitutions virtuelles du passé assez habiles, amenées pour aider la compréhension, le réalisateur surligne tout comme s’il avait peur de ne pas être compris, ce qui nous vaut nombre de lourdeurs, comme sa façon d’insister sur un code rentré qui est correct. Ca n’empêche pas le film de battre des records, des vertus d’un marketing parfaitement amené, aidé par la foire cannoise proposant ce blockbuster pachydermique comme film d’ouverture. Il faut souligner l’accueil glacial des festivaliers – sauf ceux interrogés par M6. comme le soulignait « Arrêt sur image » sur France 5, ces derniers étant coproducteurs -.  Quant au côté blasphématoire tout décrié – difficilement compréhensible, tant le film est pathétique -, il n’est ici qu’une occasion pour les intégristes de tous poils de redorer leurs images et de profiter ce l’engouement des médias, comme l’ineffable représentant de l’Opus Dei – déjà très controversé bien avant Dan Brown -, dans l’émission « Arrêt sur images » toujours De plus pas d’ombrage à avoir, les grands méchants ne sont que des isolés infiltrant le Vatican et l’Opus Dei, pour leurs sinistres besognes. Mais y a des parts de gâteaux à prendre dans ce marché, le clergé ne s’en prive donc pas de manière opportuniste. Un joyeux naufrage qui malgré un budget conséquent, finit par rater toutes ses cibles et assurément un des plus mauvais films de l’année, dans un semestre pourtant riche en médiocrités. C’est aussi une vaste opération commerciale peu inspirée, réjouissante cependant au 54ème degré.