Yvan Foucart nous offre un nouvel hommage inédit de son « Dictionnaire des comédiens disparus » avec Tony Taffin. On retrouvera également d’autres hommages à Madeleine Robinson et Philippe Lemaire dans le site de l’Encinémathèque
HOMMAGE à TONY TAFFIN par Yvan FOUCART
Trop de décès passent inaperçus et nous ne pouvons que les regretter. C’est ce qui amène certains sites d’annoncer et de propager d’invraisemblables erreurs. C’est ainsi que nous apprîmes très étonnés que Claude Lehmann et Laure Paillette étaient respectivement l’un, le doyen et l’autre, la doyenne du cinéma français alors que leurs disparitions remontent à 35 ans et plus.
Prudemment, avant qu’on le désigne comme nouveau doyen, rendons aujourd’hui hommage à Tony Taffin qui nous quitta il y a… 17 ans.
Pierre Taffin, pour le monde artistique Tony Taffin, naît au domicile de ses parents à Paris le 19 mai 1917, tout proche de l’hôpital de la Salpêtrière. Le papa, dont il hérite le prénom est dentiste et la maman femme au foyer.
En 1946, il entre à la Comédie Française et la quitte trois ans plus tard après avoir été un superbe Horace dans la tragédie du même nom signée Corneille. Cette même année, il succombe au charme de Lise Delamare, future sociétaire honoraire, avec laquelle il convolera et divorcera huit ans plus tard. A défaut du théâtre où ils furent peu partenaires, c’est le grand écran qui les réunira avec « Un certain monsieur » dirigé par Yves Ciampi.
Tony Taffin fut veuf en secondes noces d’avec Françoise Grassin, une artiste peintre passionnée de théâtre pour lequel elle avait d’ailleurs signé certains décors. Laurent Terzieff, ami du couple, fut témoin à leur mariage. Son veuvage fut de courte durée car il rejoignit son épouse deux mois plus tard.
Homme des planches avant tout, que ce soit à la maison de Molière, au palais des Papes d’Avignon ou au Théâtre de l’Oeuvre à Paris, Tony Taffin avait un actif cinématographique assez restreint. Il commença avec le célèbre « Monsieur Vincent » de Maurice Cloche, lequel lui confia un rôle plutôt effacé.
On le vit par la suite, entre autres, en mondain cynique pour « Le feu follet »; en prisonnier abattu sur le quai de gare sous les yeux de Leslie Caron (sa sœur) et d’Orson Welles (le consul de Suède) venus implorer sa libération dans le mémorable « Paris brûle-t-il ? »; en gangster, patron de Belmondo dans « Ho »; en menuisier corse pour « Le fils »; en véreux magouillant dans de sombres affaires chinoises pour « Le jardin des supplices »; en président jugeant une spéculation crapuleuse d’achats massifs dans « Le sucre », belle adaptation du roman de Georges Conchon, etc.
Sa présence à la petite lucarne fut tout aussi étique, on se souviendra surtout de son interprétation du roi Artus dans le « Lancelot du lac » de Claude Santelli.
Son dernier rendez-vous avec le théâtre fut pour « Lear » de William Shakespeare au TNP de Villeurbanne. Patrice Chéreau en fit le partenaire de François Simon, fils de Michel, dans le rôle éponyme, lui aussi passionné des planches.
Addenda du 3/08/2012 : Nous vous remercions de l’intérêt porté à notre site dont la fonction première n’est pas de dresser un relevé des lieux et dates de décédés (ni de vivants), mais de rendre un hommage en particulier aux seconds rôles injustement oubliés, cela par le biais d’une biographie la plus vraie possible (d’où recherches parfois fastidieuses) et d’une filmographie la plus complète possible. Cela nous semble bien plus primordial que de lancer des cocoricos… par ailleurs quelquefois erronés que nous laissons volontiers à d’autres. Bien sûr, vous avez dû le remarquer, il nous arrive de préciser certaines dates lorsque nous en jugeons l’opportunité. Il n’y a pas d’automatisme. Nos recherches sont destinées aux visiteurs qui nous font confiance et non à ces sites qui ne cessent de nous copier oubliant de faire référence de leurs sources. Sachez que Laure Paillette est décédée en 1968 et Tony Taffin en 1995.
@ Yvan Foucart (Dictionnaire des comédiens français disparus)
Filmographie
1947 Monsieur Vincent (Maurice Cloche) – 1949 Un certain monsieur (Yves Ciampi) – 1963 Le feu follet (Louis Malle) – 1966 Paris brûle-t-il ? (René Clément) -1968 Ho ! (Robert Enrico) – 1973 Le fils (Pierre Granier-Deferre) – 1974 Le troisième cri (Igaal Niddam) – 1975 Maîtresse (Barbet Schroeder) – 1976 Le jardin des supplices (Christian Gion) – 1978 Le sucre (Jacques Rouffio).
Télévision
1952 Le profanateur (René Lucot) – 1958 En votre âme et conscience : Un combat singulier ou l’affaire Beauvallon (Jean Prat) – 1965 Infarctus (Claude-Jean Bonnardot) – 1966 La roulette russe (Ange Casta) – 1967 Malican père et fils : La mort de Phèdre (François Moreuil) – 1970 Lancelot du lac (Claude Santelli) – 1972 Les dossiers de Maitre Robineau : Les cagnards (Jean-Marie Coldefy) – Les dernières volontés de Richard Lagrange (Roger Burckhardt) – 1973 Les cent livres : La divine comédie (Michel Treguer) – Hilda Muramer (Jacques Trébouta) – 1975 Messieurs les jurés : L’affaire Taillette (Michel Genoux).