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LE COIN DU NANAR : T’ES FOLLE OU QUOI ?

 Vision ce jour de « T’es folle ou quoi ? », un film de 1981, le seul bide d’Aldo Maccione, et grand sommet du nanar ! Une sous-préfète aux champs…, ou une commissaire de la république adjointe, c’est comme vous voulez ! C’est  Nicole Calfan, en short ça fait son petit effet… Elle est crédible en femme venant de l’E.N.A., une sorte de près-Ségolène, quoi…, son charme est le gros atout du film. Elle vole une souche d’arbre avec sa mère, une antiquaire à l’accent pied noir – Marthe Villalonga, s’auto caricaturant d’une manière éhontée -. Le propriétaire des lieux, un plombier libidineux, joué par Popeck, s’auto caricaturant d’une manière éhontée, s’insurge, il les traite de « bichonnes ». Nicole et Marthe arrivent à la préfecture, sous les invectives de la gardienne, dont le mari, « son Albert », est parti avec la coiffeuse – Jackie Sardou, la femme la plus vulgaire du cinéma français, avec Nadine Tallier bien sûr, s’auto-caricaturant d’une manière éhontée -. Popeck, lui est en colère mais comme il est bas du front – l’umpiste Steevy Boulay c’est Pierre-Gilles de Gennes en comparaison -, notre sous-préfète l’embrouille en lui parlant de « prérogatives ». Dialogue : Popeck : « Vous connaissez Prérogative » – Un quidam : « Non, je ne suis pas d’ici », Popeck : « encore un immigré ! ». La Villalonga louche sur la pendule d’époque et qui fait ding ding, Nicole descend la rampe des lieux, pour atterrir sur les bras d’un certain Lombardi – Aldo Maccione -. Mais le Aldo bien que galant reste de marbre il est homosexuel et directeur de l’information de la station régionale. L’animateur TV du crû, un certain Jean-François… Sevran (sic), journaliste introverti – Fabrice Luchini, quel parcours d’Eric Rohmer à « Emmanuelle 4 » ! -, reçoit Darry Cowl qui joue le rôle de Darry Cowl, en s’auto caricaturant d’une manière éhontée. Sevran bredouille pire que le Cowl, et se triture la mèche nerveusement. Les pauvres semblent improviser avec difficultés, mettent le feu dans le cendrier – heureuse époque où l’on pouvait fumer sur un plateau de télévision. Darry veut partir – il a du bricolage à faire -, Luchini pérore un peu perdu ses notes perdues, trouve que le Cowl, est « l’incarnation d’un message » (Lequel ?), lequel en représailles, lui fait tourner le dos à la caméra et lui déclare qu’un certain « pacte charnel se dégage de lui, alors qu’il n’a aucun charme particulier » ! C’est le carnage même pour une télé locale, pensez en 1981, « Direct 8 », n’existait même pas… Pour sauver les meubles Catherine Lachens, une nymphomane à motocyclette – s’auto caricaturant d’une manière éhontée -, présente la météo, comme s’il elle évoquait les fruits gourmands de la pub bien connue. Lombardi vitupère c’est normal, il vit en concubinage avec Sevran – Jean-François -. Mais ils vivent dans la clandestinité, c’est normal car Popeck est le voisin. Maccione, qui est mélomane cherche du calme, alors que Popeck pot de colle, déclare qu’il aime Schumann, « celui qu’il est mort », à ne pas confondre avec Mort –Schuman – « celui qu’il est vivant », bon d’accord désormais il est mort en 2006, mais en 1981, il était vivant, c’est normal puisque le boulanger de Popeck est en vacances (einh !)…

Pas très clair finalement, bon on reprend… Sevran, chausse ses chaussues planquées dans un sarcophage égyptien… Donc le Lombardi descend d’une échelle de corde, manquant de se casser la gueule, pour le rejoindre son amant qui habite l’appartement en dessous et qui est furax à cause d’une remarque du sieur Cowl, sur sa chemise. Bon c’est pas très subtil, « La cage aux folles », en comparaison c’est du Manoel de Oliveira. Luchini déclare avoir mal au dos, pour éviter tout rapport sexuel avec Maccione, ce qui est tout de même plus original que la migraine. Maccione met un fichu sur la tête pour peler les pommes… Il est classe ce Aldo ! Luchini se dérobe, il a installé une sonnette dans le placard, histoire d’obliger son amant à remonter chez lui, avec la grâce d’un jeune éléphant. Maccione démarche Calfan pour sa télé, mais la Villalonga dénigre Luchini… Pour se venger notre Aldo la tond, faut pas le chercher… Luchini fait donc son talk show, poudre les seins de la Nicole, et tombe amoureux de la belle – on le comprend -. Le Maccione devient jaloux, il va voir avec le couple « Mort à Venise » – normal c’est un film italien -, et se retrouve planté misérablement. Luchini prend confiance, la caméra le paniquait, désormais il est mûr pour cabotiner chez Drucker… Crise de jalousie Maccionienne, dans une petite ville de province bonjour la réputation, d’autant plus que Popeck est dans le voisinage… Résultat la sous-préfète s’active, vient voir la vache d’Annie Savarin, nommé Georgette. Mais la vache à du mal à vêler, Bernard Charlan, en maire local panique et Maccione, bonne poire, s’improvise vétérinaire ! Luchini suit la belle Nicole partout, qui vient à la rencontre de jeunes agriculteurs, dont… Florent Pagny – manquait plus que lui ! -, qui déplore ne plus pouvoir « baiser » pour cause d’exode rurale, et nous régale dans des considérations sur les femmes « aux grosses fesses » ou « aux tétons pointus », en buvant du champagne tiède ! Annie Savarin – sorte de tante Poum, dans « Pim, pam, poum », drague le Maccione, qui reste de marbre, en plus il est couvert de boue. Déconcerté par le coup de foudre bassement hétérosexuel, notre Aldo se maquille, s’habille en toge, appelle S.O.S. Amitié et tricote. La Nicole se retrouve enfermée aux toilettes lors d’une réception officielle, déguisée en hôtesse de l’air – un acte manqué ! -, Luchini, chevaleresque part la sauver, c’est l’Amûûr ! Suivent des sculptures érotiques de César – en personne, l’œil éteint -, Popeck qui suit partout la belle Nicole en disant « On n’est pas des sauvages », Maccione fatigue d’être une fée du logis, Luchini titille le sein de Nicole Calfan, avant de se retrouver le dos bloqué en elle, et est transporté en urgence par deux infirmiers – dont Gérard Loussine quasimodien -… Mais, ouf l’honneur est sauf, le zigue luchinien emprunte le droit chemin et Catherine Lachens le remplace aussi bien dans son appartement qu’à la télévision… Je vous rassure, je n’ai pas sombré dans la drogue, ni regardé André Santini sur canal+, j’ai juste vu un film de Michel Gérard. Beh oui, quoi, le réalisateur de « Mais qui donc m’a fait ce bébé », « les joyeux lurons », « les vacanciers », « Salut, les frangines », « Soldat Duroc, ça va être ta fête », ou « Retenez-moi où je fais un malheur » où Jerry Lewis se retrouvait en sous Jean Lefebvre. Il paraît qu’il a signé deux petits polars assez honnêtes « Blessure » et « Justice de flic » dans les années 80. Décidemment, on ne peut pas faire confiance à personne. Au final, c’est assez croquignolet, de l’incongruité du couple Maccione-Luchini, du charme de Nicole Calfan et d’une jolie musique de feu Michel Magne, dans ce film produit par Claude Jaeger – vu souvent comme acteur chez Buñuel – qui apparaît, non crédité, en industriel cupide. Luchini choisit désormais ces films, dommage…

LE COIN DU NANAR : CHERCHEZ L’IDOLE

   Sortie opportuniste à l’occasion de la sortie de « Jean-Philippe », d’un coffret de quatre films « Johnny Hallyday, ses premiers pas au cinéma », qui bénéficie même d’une version collector sous forme de guitare. Sur certains DVD, comme sur celui ci, il y a un petit clip anxiogène, « moi voler une télé, jamais ! », contre le piratage. Ca ne manque pas de sel, on le sait bien, il est difficile de voler un voleur, car cette édition, n’est qu’une sinistre arnaque pour les fans de Johnny. En effet, s’il est bien en vedette du jouissif « À tout casser » de John Berry, avec Eddie Constantine et Michel Serrault, il ne se contente que de simples apparitions dans « Cherchez l’idole » (1963), le somptueux « Les Ponettes » (1967), et un sketche face à Catherine Deneuve dans « Les parisiennes » (1961). On sait que la carrière de Johnny est parsemée d’apparitions ponctuelles, du gamin dans « Les diaboliques », au marin bagarreur dans « Malpertuis », où il devait passer par là puisqu’il vivait avec Sylvie Vartan, en passant par le sommet du film cornichon « Le jour se lève, et les conneries commencent » (Claude Mulot, 1981), où dans son propre rôle, il ne cessait de tomber de moto, dans une sorte de running gag assez désolant. Il fallait le voir enfourcher sa moto le bras dans le plâtre pour aller se viander un peu plus loin, saluons en passant sa capacité à l’autodérision. Si ce coffret ne peut qu’être décevant pour le plus grand inconditionnel de Johnny, c’est au moins l’occasion pour l’amateur de Nanar – dont je suis -, de retrouver quatre perles assez jubilatoire, dignes de figurer  dans « L’encyclopédie du cinéma ringard » de François Kahn, que je viens de découvrir, qui parle de « D’où viens-tu Johnny », traité également ici même. Traitons ici de « Cherchez l’idole », signé par Michel Boisrond, qui bon faiseur, donnait souvent d’honnêtes produits, souvent drôles et rythmés. Rien de déshonorant donc, et souvent il signait souvent des jolies comédies, non dénuées d’érotismes. Le film n’est qu’un prétexte pour présenter les idoles « yéyés » d’alors, et de ce fait devient un véritable document sur le début des années 60. Mylène Demongeot – en personne – emménage dans une belle villa en travaux. Invitée à l’Elysée, elle demande à sa bonne Gisèle – Berthe Grandval, une mignonne des sixties -, de veiller sur son diamant en forme de petit cœur, qu’elle souhaite porter pour l’occasion.

Mais Gisèle, tombe sur Richard, un carreleur aigrefin – Frank Fernandel, mauvais comme un cochon et qui prouve que le talent ne provient pas forcément d’un atavisme forcené -, qui s’empresse de la voler. Discret comme une vache, il réveille tout le quartier, et ne trouve rien de mieux que de planquer son larcin dans la réserve d’un magasin de disques, dans une guitare électrique avec l’aide d’un chewing-gum – mais il ressemble toujours à un ruminant, même quand FF ne le mastique plus avec nervosité -. Il envoie sa compagne Corinne, – Dany Saval, sorte de Frédérique Bel de la « La minute blonde », du pauvre, l’ironie en moins -, chercher l’objet volé auprès du disquaire – Pierre Doris, très drôle -. Mais ce dernier a envoyé tout les modèles de la dite guitare auprès des idoles de la chanson française. Corinne finit par faire cavalier seul avec une copine – Dominique Boschero, sexy -, quand Richard se met à préférer la jolie Gisèle – on le comprend -, et finit par basculer dans la probité. Suit une course au trésor où l’on retrouve, dans leurs propres rôles, Sylvie Vartan, tétanisée de trac et rassurée par Bruno Coquatrix, l’improbable Hector, chanteur à chapeau haut-de-forme, les sympathiques « Surfs », Frank Alamo tournant un scopitone déguisé en cow-boy, Harold Kay dépensant des trésors d’énergie pour tenir Jean-Jacques Debout éveillé, l’énergique et sensuelle Nancy Holloway, Johnny Hallyday, très poli, et Charles Aznavour, amusé, flanqué de l’insupportable Pierre Bellemare. On retrouve plusieurs seconds rôles, comme Claude Piéplu, crédité Piéplu et dont le nom du personnage est… Piéplu, en régisseur déguisé en cow-boy, Christian Marin en policier danseur dégingandé – moment le plus drôle du film -, Jacques Dynam en routier grincheux, Bernard Musson en passant indigné, Max Montavon en photographe homosexuel, dans son cabotinage habituel, Paul Bisciglia en inconditionnel aznavourien, les « Frères ennemis » – Teddy Vrignault et André Gaillard -, ici séparés, etc… On a même droit aux apparitions de Jean Marais, Daniel Gélin, Marcel Achard, Maurice Biraud, Juliette Gréco et Françoise Sagan, s’apprêtant à voir le spectacle de Sylvie Vartan. La cerise sur le gâteau c’est Dany Saval, l’une des plus mauvaises comédiennes de l’histoire du cinéma français, sa voix est aussi horripilante qu’une craie sur un tableau, elle s’agite énormément et finit par nous crisper sérieusement. Plus connue pour ses mariages avec Maurice Jarre et Michel Drucker, elle est tellement caricaturale, qu’on finit par croire que Fernandel junior a du talent, c’est dire ! Au final c’est plaisant, limite ringard et c’est un bel instantané de nos amis des « idoles des jeunes ».

CHRONIQUE D’UN NAVET ANNONCÉ

 « Basic instinct 2 : Risk addiction », rassurez-vous vous ne risquez rien ! Sur un canevas d’une inquiétante fragilité, Catherine Trammel, la romancière bien connue sévit à Londres et les meurtres imaginés dans ses livres prennent corps dans la réalité, voici donc cette séquelle tardive de « Basic Instinct ». On connaît la genèse mouvementée du film, plus intéressante que le résultat final. Côté thriller, esbrouffe, clinquant et ennui à signaler, côté scènes « hot », RAS, exit les scènes croquignolettes et l’obscénité bouffonne de Verhoeven, qui est lui, un grand metteur en scène… Saphisme, triolisme et tutti quanti figuraient dans trois scènes coupées au montage final. On n’aimerait pas être à la place d’Anne Caillon, belle comédienne qui se targuait partout de sa participation au film – à l’instar de son apparition dans l’émission « Tout le monde en parle » – et qui se retrouve à la trappe. A moins d’une hypothétique version intégrale DVD pour une roublardise de plus… Sharon Stone donne plus d’énergie à assurer une promo marathon qu’à donner un résulat probant. Nous avons droit à un grand numéro d’un opportunisme poussif – Sharon devant le « Mur des Lamentations », Sharon contre le CPE, Sharon met du vert à lèvres, Sharon contre « Mary Poppins », etc… -. On la préfère quand elle parle de rangements de placards chez Jarmusch, qu’ici, en appas pétrifié. Il aurait été plus intéressant de laisser éclater une beauté naturelle d’une femme de 48 ans, que de nous régaler de son joli minois échappé du musée Grévin. La comédienne est célèbre pour son Q.I. élevé, évidemment prouvé par ses choix artistiques assez désolants, à part Martin Scosese – Ah, le remake des « Diaboliques », sommet du film cornichon -. Elle a trouvé un partenaire qui ne risquait pas de lui faire de l’ombre, David Morrissey, falot membre de la prestigieuse « Royal Shakespeare Company », et qui nous montre tout son art en haussant les sourcils à la moindre contrariété. Il joue un psychiatre, qui est d’ailleurs l’un des plus improbables de l’histoire du cinéma mondial, il tombe évidemment amoureux de la belle, alors qu’il est chargé d’analysé le phénomène.

David Morrissey & Sharon Stone, le monde est stone…

Est-ce de l’humour d’avoir appelé le personnage « Andrew Glass », est-ce une allusion au regret de ne plus avoir Michael (Dou)glas, où est une petite perfidie de plus pour nous présenter un acteur transparent – Glass = Verre -. Je m’insurge contre l’article de « Libération », Gilles Renault qui en parlant de lui le déclare « aussi expressif qu’une méduse », pourquoi charger ce pauvre animal qui a déjà une si triste réputation. C’est donc le « miscast » de l’année.  Charlotte Rampling – même si elle cite Lacan -, n’a strictement rien à faire, on pouvait attendre un élément un peu vénéneux vu son parcours. Les autres comédiens sont des ectoplasmes. On peut d’ailleurs jeter un voile pudique On ne peut sauver ici que le cabotinage assez réjouissant de David Thewlis, en sous « Hank Quinlan » – le personnage joué par Orson Welles dans la « soif du mal ». Thewlis en rajoute, avec une bonne dose de drôlerie, retrouvera t’il un jour un personnage à la hauteur de son rôle dans « Naked », on le lui souhaite, car il se perd trop souvent en « guest » de luxe, de films improbables. Souvenons nous avec émotion de « L’île du docteur Moreau » où il arrivait presque à être aussi mauvais que Marlon Brando et Val Kilmer, ce qui tient de l’exploit. Peut-on tenir rigueur à l’honnête Michael Caton-Jones, qui devait avoir une latitude assez faible, il a dû penser pouvoir mettre quelques touches personnelles, comme une vision de Londres moderne, l’équivalent au fameux décroisement de jambes stonien, – largement commenté, mais assez subtil finalement -, et la vision d’un immeuble phallique. Le film est finalement à l’image du célèbre pic à glace, qui ici sert… à casser de la glace, c’est vain, à la hauteur de la non-attente du film. La machine tourne à vide, on attend la chute finale avec impatience, la vision du film nous faisant regretter de ne pas avoir de facilité à dormir en salle, elle signifie ici par son manque total d’intérêt au moins que le film touche à sa fin. Marketing, marketing… le cochon de payant ne te dit pas merci, pour cette oeuvrette que personne ne saura savourer même au 8627ème degré.

LE COIN DU NANAR : SI VOUS N’AIMEZ PAS ÇA, N’EN DÉGOUTEZ PAS LES AUTRES

Une réplique finale de Romain Bouteille résume assez bien ce que l’on ressent à l’issue de ce film, « Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres » : « J’ai vu des films mauvais, mais ça jamais ! ». L’idée est simple, on observe les commentaires et les réactions des spectateurs dans une salle où est projeté un film porno. Au moins on échappe à l’escroquerie habituelle, utiliser des séquences d’autres films pour des inserts olé-olé. Le faux film en question – soft bien sûr – vaut son pesant de cacahuètes. Quelques stéréotypes de Français moyens miment de manière absolument lourdingue les ébats sexuels… Les scènes sont interminables, il faut voir Roger Trapp – petite rondeur à petite moustache – escalader une plantureuse créature plus grande que lui, après usage abondant de beurre Lusigny – bon goût garanti et citation de circonstance -, et le méridional André Dupon apparaître en diablotin, du coton dans le nez et se faisant introduire une carotte… – rassurez-vous, ils font semblant -. De voir ces seconds rôles habitués du cinéma franchouillard sombrer dans une vulgarité colossale tient plus de la « quatrième dimension » que du malsain. De manière assez opportuniste ce film a été diffusé le 31 mai 1978, après le succès des troupes du « Café de la gare » et du « Splendid », selon certains témoignages il aurait été tourné en 1973. Le catalogue du CNC donne en fait comme date d’immatriculation le 26/01/1976, il y avait d’ailleurs un autre titre prévu « Quand les radis poussent, j’aime tout » (sic). Le sieur Raymond Lewin (monteur de films érotiques) se contente donc outre les scènes érotiques, de filmer avec une platitude inouïe les comédiens improviser sans grande inventivité…

 Romain Bouteille

Un groupe de jeunes zozos, les yeux exorbités, regarde les scènes égrillardes. Mais tout le monde cause, Romain Bouteille se plaignant de ne rien comprendre à l’histoire, tout en trouvant ça mieux que son séjour à Marienbad !, Josiane Balasko – créditée sous le nom de Josiane Balaskovic – demande tout le temps le silence. Gérard Jugnot plus excité par les comportements de la salle et l’évocation de documentaires animaliers, râle tout en regardant le film. Il mange les pilules contraceptives de la Balasko – qu’elle cherche durant tout le film -, croyant que ce sont des bonbons à la menthe trouvés par terre (!). Il passe son temps ensuite à vomir dans les toilettes et craint pour une éventuelle stérilité avant qu’un jeune prétende que cela fait pousser les cheveux… Arrive un couple tardif plus mûr joué par Pierre Doris et Perrette Souplex – pitoyable mais elle a de très beaux yeux -. Cette dernière, qui consent à retirer son grand chapeau attend Jean-Paul Belmondo puisque (c’est logique !) le titre affiché à l’entrée était « La charge fantastique ». Doris qui reprend son humour noir habituel du genre « mon frère était tellement en avance qu’il est mort-né » et « je fais l’amour debout sinon je m’endors ! » s’amuse visiblement, mais il frise ici le balourd, le salace et le consternant, même s’il cite Ben Turpin ! Seul Romain Bouteille fait preuve de brio nonsensique, fonçant franchement dans le mauvais goût . Quand une comédienne fait un usage inhabituel – allégrement d’ailleurs – d’une courgette, il y a un grand débat pour savoir si c’est une courgette ou un concombre… Et Bouteille de déclarer « heureusement que ce n’est pas une pomme de pin ! ». Il faut l’entendre parler de la dangerosité de faire l’amour dans la baignoire, et déblatérer à tous propos. Le reste de la troupe cachetonne, Christine Dejoux – Depoux au générique ! – cause sanitaire avec Martin Lamotte, Thierry Lhermitte a une réplique, François Dyrek roupille presque, Sotha – sous le nom de Catherine Sigaux -, Philippe Manesse s’emmerdent en même temps que nous par compassion sans doute. Tout le monde meuble ces 1h20 interminables. Jugnot foire une vanne sur l’éjaculation précoce et se tourne vers la caméra demandant de couper la scène… et la vache de metteur en scène la laisse ! J’ai fait le ménage sur la fiche IMDB + générique – le temps qu’ils valident, en ce moment ils sont 20sixiens hélas -, un petit malin ayant transformé la fiche en « documentaire » ! Tellement affligeant que ça en devient jubilatoire. Les mêmes (ou presque) – en pire – triomphent actuellement, mais long, très long est le chemin pour le succès. Ce petit bijou existe en DVD.

LE COIN DU NANAR : CÉLIBATAIRES

 On n’attendait pas grand chose de ce « Célibataires », sinon la vision d’un nanar opportuniste, il est vrai que le précédent film du comédien Jean-Michel Verner, « Jeu de con » en 2000 était un sommet du film cornichon, sauvé de l’oubli par une composition cocasse de Patrick Chesnais en commissaire survolté. Si on retrouve un peu, une captation de l’air du temps, le résultat est assez désolant, par l’utilisation à l’envi de l’effet pour l’effet – plan redoutable de l’exposition du derrière d’un chien en gros plan, au ras du trottoir par exemple -. Si on sourit à quelques dialogues, le résultat manque de consistance. Les comédiens font ceux qu’ils peuvent avec des archétypes prévisibles. Guillaume Depardieu – formidable pourtant chez Pierre Salvadori, essaie d’être léger, Patrick Mille – curieux parcours de l’amant de Michel Piccoli dans « Les équilibristes » au personnage de Chico chez Édouard Baer,ici assez falot -, Serge Hazanavicius – dans le registre râleur -, Cartouche – décidément pas gâté au cinéma – n’arrivent pas à installer la complicité de ces amis. Seul Olivia Bonamy donne une sensibilité à son personnage. Les personnages secondaires sont inexistants, saluons Jean Barney qui tire son épingle du jeu dans le rôle caricatural du père de Nelly, la pauvre Chantal Banlier ne doit se contenter que d’une apparition en mère de Ben.  Le pire c’est encore la prestation de Jean-Michel Verner lui-même, en psychiatre névrosé harcelé par sa mère au téléphone, grand numéro d’agitation vaine et de brassage d’air.

Jean-Michel Verner dans ses oeuvres

Et l’on déplore les stéréotypes abondants, les manques de rigueur, entre autres défauts, une production qui, de toute évidence, est conçue pour surfer sur la vague des comédies sur le malaise ambiant du célibataire trentenaire – vivement la quarantaine ! -. L’humour de service est d’une banalité et d’une pauvreté hélas commune au tout venant de la comédie. Dans la scène du gadget sonore, faut-il y voir une référence à la célèbre blague potache de « Mes chers amis » de Monicelli – les baffes dans une gare -, le cinéaste cite Yves Robert, mais n’évite en rien le lourdingue.  Si on peut trouver un intérêt à ce film, c’est en satellite. Il faut entendre la formidable langue de bois des productrices Jeanne-Rose Tremski et Stéphanie Vannier dans le making-off.  Elles minaudent allégrement et vantant (en pouffant tellement elles ont l’air convaincues), les difficultés pour monter le film – 54 décors, 80 acteurs ou inversement, où çà ? -, une comédie originale (sic), bien écrite et tutti quanti. Autre intérêt c’est Guillaume Depardieu en promo, électron libre, laissant un malaise partout où il passe, outrageant Joëlle Goron sur France Inter, commentant le passage de Nicolas Sarkozy par un « vous ne trouvez pas que cela sent la merde », tétanisant le trio Massenet/Denisot/Begbeder, – pourtant déjà bien chloroformé, qui avait évité de poser la question d’actualité qui fâche sur la connivence du ministre avec Jean-Pierre Elkabach – ou cassant le jouet du triste ludion Cauet traité de « fils de chien ». La télévision n’aime les artistes imprévisibles que morts, au moins Guillaume Depardieu donne dans un incorrect de parfait mauvais goût mais finalement assez salutaire. En souhaitant que nos deux apprentis-productrices fassent preuvent de moins de désinvolture dans l’avenir et que Guillaume Depardieu retrouve un auteur à la mesure de son talent.

SUPER SIZE NANAR

On attendait légitimement beaucoup de Raffy Shart, qui nous avait déjà régalé d’un monument de cornichonerie abyssale en signant la captation de sa pièce « Ma femme s’appelle Maurice », mis en scène de manière épileptique par Jean-Marie Poiré, avec le duo Chevallier/Laspallès de sinistre mémoire. C’est rien de dire que l’on atteint ici des sommets. « Incontrôlable », c’est le parangon de la nouvelle comédie française ramenant Max Pécas au niveau d’Eisenstein… On donne une fortune à un comique télévisuel qui a un petit tempérament, pour qu’il dégueule en gros plan, et on lui adjoint, par précaution, quelques vieux de la vieille aguerris. Dans la nouvelle génération des comiques, c’est ici Michaël Youn qui s’y colle, il y est d’ailleurs aussi drôle que Zeppo Marx – le moins connu des frères Marx -. A son actif, il mouille beaucoup sa chemise, risque sa santé en prenant 18 kilos, en désespoir de cause. Le film s’essouffle en seconde semaine, l’ayant vu hier dans une des plus petites salles de l’Ugc local, aux 3/4 vide, à côtés d’ados tellement passionnés qu’ils en tripotaient leurs portables – test d’une redoutable efficacité, quand on atteint des sommets de vacuité. Georges Pal – allusion au cinéaste presque homonyme, mais le cinéaste n’en retient que le nom pour la pâtée pour chien -, et un scénariste en péril, prenant son corps pour « une poubelle », et faisant le pied de grue devant un producteur véreux – Patrick Timsit, ami du cinéaste, co-scénariste de « Quasimodo del Paris », pas inspiré -. Ce dernier privilégie un auteur capricieux à succès – Jackie Nercessian, amusant -, et préfère que Georges signe un scénario dans le style de « Quand vous avez vu la bande-annonce, vous avez vu le film ». Petit moment de lucidité avant de subclaquer cinématographiquement lamentablement par la suite, car c’est exactement le cas ici. Donc le corps de Georges se rebelle avec la voix de Med Hondo – on y reviendra -, mais hélas on est plus proche du cucul que du trash, visiblement inspiré des comédies américaines à la mode – les frères Farrelly, comme « Fous d’Irène », lamentablement pillé ici, on compatit d’ailleurs avec le comédien Christophe Fluder, dans le rôle de l’agent Franky -. Ca va être très difficile de faire pire cette année, mais vu le niveau de la production française, on ne désespère pas trop.

Michaël Youn, Françoise Bertin & Thierry Lhermitte

Non content d’aligner les gags consternants, vidés de leurs substances par une mise en scène inexistante, Raffy Shaft, cite allégrement et nominativement Billy Wilder et Ernst Lubisch – quel intérêt ? -, et nous offre une des parodies les plus consternantes de la création, avec celle rougéifiée de « 8 et demi » de Fellini, avec Youn en Marcello. Pathétique ! On tombe tellement dans les limbes de l’imbécillité que ça en devient plus jubilatoire que les comédies traditionnelles plus soignées comme, « Un ticket pour les Bronzés 3 ». Dans ce carnage les comédiens font ce qu’ils peuvent, Hélène de Fougerolles, qui doit se demander ce qu’elle fait là, fait de gros efforts pour garder sa dignité – elle est pourtant probante dans le seul gag drôle du film, celui de la danse contre son gré -, Thierry Lhermitte Preskovicquifié en catho-chasseur,  et grand habitué des nanars Louisbeckeriens, nous  arrache quelques sourires, Cyrielle Clair garde sa classe habituelle dans ce naufrage, mais Hippolyte Girardot est absolument désolant  et poussif dans sa pitoyable reprise de son rôle azimuté de « Rois et reine ». Reste quelques seconds rôles comme Jo Prestia en videur vidé, Gilles Gaston-Dreyfus en médecin allumé, Urbain Cancelier en producteur perplexe, Jacques Ciron en militaire outragé, Éric Le Roch en ordonnateur des pompes funèbres dépassé, etc… Et il y a  la pauvre Françoise Bertin qui reprend son rôle de mémé « yoyotante » d’ « Une journée de merde » de Miguel Courtois, elle est ici particulièrement malmenée. Cette actrice fétiche d’Alain Resnais sombre ici en s’amusant visiblement, mais bonjour la chute !

 Med Hondo

Le seul qui s’en sort ici, c’est Med Hondo, dont le talent vocal dans le corps de Rex est formidable. Je vous recommande le livre d’entretiens à son sujet « Med Hondo, un cinéaste rebelle, par Ibrahima Signaté » (Présence africaine, 1994). C’est un réalisateur mauritanien,  exigeant qui a réalisé  6 films de « Soleil O » (1969) à « Watani un monde sans mal » (1996), qui est sous utilisé comme comédien pour cause d’ostracisme anti-doublage, alors qu’il était drolatique dans « Antilles sur Seine » de Pascal Légitimus. Homme lucide, engagé et qui a un humour constant, on ne peut que lui tirer notre chapeau, puisque c’est le seul à tirer son épingle du jeu. Un talent rare !

LE COIN DU NANAR : BANDIDAS

 Monsieur Besson,  la mode est à la pseudo-lettre pour un destinataire qui ne la recevra évidemment pas, du genre faussement intime. J’étais parti pour l’insulte genre  « A bas Luc Besson », à la vision de votre dernière bessonade « Bandidas », grâce au « Dictionnaire des injures » de Robert Édouard édité chez Tchou en 1970 et trouvé chez un bouquiniste. A bas signifie selon lui  : « Se lance sur le passage de quelqu’un qui n’a pas les pieds sur terre (qui est dans les nuages, ou dans la lune), pour l’inciter à reprendre contact avec le monde réel. Parfois, pour exprimer le désir – ou annoncer le projet qu’on a formé – de faire descendre un individu quelconque du piédestal où il est abusivement hisser… ou à qui l’on reproche, plus encore que d’être allé trop loin, d’en être revenu… » . Bon le début ça ne colle pas trop, vous avez les pieds sur la terre, mais la seconde partie est probante. Mais les insultes ne sont pas très constructives, et d’abord quand on va voir un film écrit par Luc Besson – je sais ça fait toujours rire -, il ne faut que s’en prendre à soi, on ne va pas se régaler quand on va voir un « speed rabbit movie ». Car j’ai changé de comportement depuis que je suis « ugécétifié »,  encarté quoi, je délaisse les films d’auteurs diffusés à l’UTOPIA uniquement, pour aller voir des divertissements sans âmes tel ce « Bandidas » bas de gamme. Je me dis pourquoi pas, c’est en V.O. dans l’UGC local, les deux comédiennes sont plaisantes, il y a Steve Zahn excentrique patenté, et même Sam Shepard, dans l’increvable cliché du mentor. Pour ce dernier, ce film est la seule ombre au tableau d’une filmographie exigeante, on dirait un des films tournés par son personnage d’Howard dans le film de Wim Wenders, « Don’t come knocking ». Le film est cornichon à souhait, même pas bandant, même pas plaisant. Penelope Cruz vous commande un projet pour qu’elle puisse tourner avec Salma Hayek. Ni une, ni deux, la machine à dupliquer les films déjà existants, est en marche, l’équation est simple « Les pétroleuses »,  film désinvolte, mais charmant de Christian-Jacque, avec le duo sensuel Claudia Cardinale – sublimissime – et Brigitte Bardot, + « Viva Maria » (1965) de Louis Malle avec Bardot toujours et Jeanne Moreau, à défaut d’être original. Donc on retrouve Sara – Salma Hayek -, fille d’un riche banquier et Maria fille d’un pauvre peone – Penelope Cruz -, aux prises avec un des méchants les plus pitoyables de ces dernières années, « Tyler Jackson » – joué par Dwight Yoakam zombiesque à souhait -.

Hayek + Cruz : Europacorp… fixe

Au final entre deux gags lamentables – le hoquet de Sara, répété à l’envi… -, l’esthétique publicitaire – et pour cause vous avez péché deux publicitaires norvégiens Joachim Roenning & Espen Sandberg, on dirait un canular -, des animaux crétins-malins à la Morris – on finit par regretter les « Dalton » de Philippe Haïm, c’est dire…-, on subit la musique poussive d’Éric Serra. Pourtant il y a des moyens, une belle photo de Thierry Arbogast mais que l’on préfère au service d’un Jean-Paul Rappeneau, des décors reconnus de l’État de Durango, si souvent utilisés. On ressort de ce film avec une triste impression de gâchis. Monsieur Besson, donc, non content de planquer votre cynisme derrière une roublardise, de celui qui n’a pas cédé aux sirènes hollywoodiennes, et est resté simple circulant à Paris en moto. Tout chez vous est calcul, entre les déclinaisons « Nikitesques », service minimum du film européen louchant sur l’International, vous faites même des petits comme Roselyne Bosch et son pathétique « Animals », la prétention en plus, les effets d’annonce et la stratégie du secret. Tout est assez vain chez vous, de l’apologie du suicide du « Grand bleu » – quand on attend un enfant de Rosanne Arquette céder à l’abîme c’est d’une noirceur inouïe -, à l’improbable cliché du tueur solitaire. Comme je suis un peu couillon  – d’ailleurs je suis resté chez 20six après migration, pensant naïvement qu’il va y avoir quelques progrès, c’est dire si j’ai ma dose d’imbécillité… -, j’attends de vous une prise de conscience, un changement de cap dans votre fumisterie généralisée, que vous aidiez quelques metteurs en scènes, et non d’utiliser certains talents qui font bien dans le CV – j’ai entendu le témoignage de Jean-Paul Rouve sur le film « Bunker paradise », distribué sans conviction par « Europacorp » -. Vous dites travailler pour le public, dont je fais parti, mais on vous soupçonne de participer à la restauration de votre château, et cessez votre chantage affectif et  puéril sur votre présumé abandon comme cinéaste après menace de largage de créatures Minimoys. Je suis assez naïf, mais un auteur qui avait pour acteur fétiche Jean Bouise, ne peut pas être foncièrement mauvais.

APPELEZ MOI COIN DU NANAR

Film distribué par « Europacorp » de l’ineffable tandem « Le Pogam / Besson », de voir la bestiole ailée qui sévit en long dans un des plus désastreux films de 2005, on s’attend à un petit miracle genre « Trois enterrements », mais sans trop y croire. Le film commence sur deux marginaux estampillés « Orange mécanique » et leur improbable rencontre avec un Anglais aisé – interprété par un habituel excentrique anglais dont je n’ai pu retrouver son nom et flanqué par Honor Blackman, toujours pimpante en digne lady -. La rencontre improbable vaguement inspiré de l’agression du personnage joué par Patrick Magee, donne le ton, pas de rythme, pas d’idées. Le sujet était pourtant en or avec cette histoire réelle d’Alan Conway se faisant passer pour Stanley Kubrick, profitant de la crédulité de personnages naïfs touchés par le mythe d’un réalisateur qui a vécu reclus dans son manoir anglais. Mais la trame ne sert qu’à un alignement poussif de scènettes, s’inspirant de la vie de cet escroc pathétique, alcoolique et homosexuel. Heureusement le film est sauvé de l’ennui, par le cabotinage éhonté de John Malkovich qui nous livre une composition hallucinante et hallucinée. Minaudant, vitupérant, chancelant, il s’amuse visiblement (ironie du sort un des personnages un critique cite Gore Vidal, sur une pièce où  les acteurs se complaisent entre eux). Il y avait l’idée d’une continuation du formidable « Dans la peau de John Malkovich », Alan Conway déclarant qu’il a engagé Malkovich pour son prochain film et son interlocuteur lui répond : « John qui ? », mais ça ne vas pas plus loin, et l’évocation de Spike Jonze ne fait qu’en rajouter à notre dépit.

Malkovich !

Dans une Angleterre plombée, tous les comédiens ne sont que des pantins – à l’exemple du pauvre Richard E. Grant, dans un rôle précieux d’un grotesque achevé -, et les citations de l’univers de Kubrick ne sont pas judicieuse, uen petite panouille de Marisa Berenson et la molle reprise des « tubes » musicaux de Kubrick (Rossini, Strauss and co). Reste à la lecture du générique quelques rendez-vous manqué,  il y a le comédien Robert Powell, oublié depuis les années 70, mais je ne l’ai pas reconnu, de même que le réalisateur Ken Russell, dans une scène de boîte de nuit, c’est dommage, ça pouvait être un petit jeu amusant pour tromper l’ennui. C’est d’autant plus déplorable que les auteurs de ce film sont des proches collaborateurs du maître, le réalisateur Brian W. Cook a été l’assistant réalisateur de nombreux de ces films – c’est son premier film comme réalisateur -, et le scénariste Anthony Frewin à produit un documentaire sur Stanley Kubrick, et a été son assistant depuis les années 60. John Malkovich fait son numéro, on a du mal pourtant à croire à son personnage qui en plus ignore superbement l’œuvre du grand artiste – un petit malin rajoute à sa filmographie « Le jugement de Nuremberg » de Stanley Kramer pour le piéger. Sa « performance » dans le style « chargeurs réunis », pouvant ranger le Rod Steiger dans ses grands jours au niveau d’acteur chez Robert Bresson en comparaison, est assez vaine, isolée du reste du film.  Mais sa composition finit par petre assez réjouissante à ce niveau de surcharge, et est le seul intérêt de ce film sans invention estampillé ici « coin du nanar », pour cette raison. Si vous détestez les numéros à épate, ce film est donc à fuir, si vous prenez une certaine délectation sadique à voir un comédien s’enliser dans un film pathétique, ce film est fait pour vous.

LE CRI DU NANAR

On connaît l’intérêt de Michel Audiard pour les cons. Aussi pour rendre hommage au XXème anniversaire de sa mort, les cons ont pris la parole, pour un petit hommage.Cette année, ils étaient de compétition, d’Alexia Laroche-Joubert, au député Grandidier et ses « youyous », certains sont mêmes internationaux comme la triste sire Paris Hilton, moi-même, à mon petit niveau, je me suis mis à écrire sur ce blog. Les cons sont omniprésents, sont très content d’eux-mêmes, dansent sur les plateaux de TV comme atteints de crises de spasmophilie, gueulent pour peu qu’ils se sentent légitimer par plus haut qu’eux (suivez mon regard), amalgame, réduit, flatte la connerie ambiante… Finissons donc cette sinistre année en évoquant « Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques » (1970), il vient de sortir une anthologie de Michel Audiard comme réalisateur, un de mes collègues partant en vacances m’a donc prêté ce petit coffret de 4 films – manquent à l’appel -. Ce film est présenté sans langue de bois par Jean-Marie Poiré qui ne mâche pas ses mots – notamment sur Paul Meurisse et Bernard Blier -. Michel Audiard réalisateur était assez désinvolte, ce qui fait le charme de ses films.  Jean-Marie Poiré explique qu’il prenait souvent pour base un roman noir, ici celui de Evan Hunter, connu aussi sous le nom d’Ed McBain, il signait Hunter, pour des œuvres plus loufoques. Le film vaut pour son côté absurde, Paul Meurisse souhaitant avoir un « stetson » comme couvre chef, Bernard Blier avait décidé d’en porter un auvergnat.  L’histoire n’est qu’un prétexte, et l’occasion pour Audiard dialoguiste de briller, confère le site Michelaudiard.com, dialogues magnifiés par trois comédiens hors pair, Michel Serrault – d’une folie jubilatoire et on peut le dire prodigieux -, Bernard Blier – l’un des acteurs les plus doués avec la langue audiardesque -, et Paul Meurisse dans son sillon « Monocle »…

Bernard Blier, Stéphane Bouy, Michel Serrault, Paul Meurisse & Dominique Zardi

Les situations sont suffisamment cocasses dans une vacuité patentée du scénario, pour donner de l’intérêt aux films – il est vrai que l’on a du mal à se souvenir véritable de l’histoire du film chez lui -. Paul Meurisse est Aldred Mullanet, turfiste poissard, vivant au crochet de sa femme, qui a un sex-shop – Françoise Giret coiffée d’une improbable perruque -. Obligé de rentré chez lui en stop, après une mise de trop, il est enlevé par une bande de gangster menée par un mystérieux M. K. Bernard Blier. Suit une bataille rangée avec un autre truand Melvillien, monsieur Kruger, Meurisse donc. Avec une évidente misanthropie, et misogynie – la pauvre Marion Game, nymphomane un peu nunuche -, et quelques scènes un peu limite – la soirée black avec Darling Légitimus, Nancy Holloway et James Campbell, où Serrault se fait traiter continuellement de « fromage blanc », flirtant avec la xénophobie -, le réalisateur se livre  à un joyeux jeu de massacre nonsensique. Il y a une galerie hallucinante de comédiens, du tandem de truands chevelus frappés de stupidité Gérard Depardieu à Stéphane Bouy, Roger Lumont, Carlos, Moustache, Dominique Zardi en truands auvergnats, Robert Dalban et Jacqueline Doyen en couple beauf, Maurice Biraud en chauffeur de taxi surréaliste, Michel Modo et Romain Bouteille, en flics épris de boisson – grand moment ! – ; Yves Robert commissaire circonspect, Bernard Musson et Jacques Hilling en adeptes de poupées gonflables, Carlo Nell et Yves Barsacq en turfistes, Jean Carmet et Claude Rollet en croque-morts conviviaux, et même la très digne Monique Mélinand en passante effarée,  que du bonheur – par contre pas de Jean Martin (« La bataille d’Alger », crédité pourtant dans la très complète fiche du dictionnaire de Raymond Chirat, qui oublie pourtant Moustache -. Il est des films, entreprises hasardeuse et désordonnée qui donnent beaucoup de plaisir. Je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année, en nous souhaitant quelques bonheurs cinématographiques pour 2006.

LE COIN DU NANAR : LES 4 CHARLOTS MOUSQUETAIRES & A NOUS QUATRE CARDINAL !

Premier round

Diffusion sur le câble hier soir des « Quatre Charlots mousquetaires », avec sa suite « À nous quatre cardinal ! », cette dernière étant rarement présentée à la télé, et étant inédite sauf erreur en DVD. Cette oeuvre réalisée en 1973, et sortie l’année suivante, est assez opportuniste, il s’agit de surfer sur la vague du succès des deux films pétillants de Richard Lester, adapté des « Trois mousquetaires » avec une interprétation prestigieuse. L’idée était de remplacer Claude Zidi, par un habile artisan, ici André Hunebelle, réalisateur des « Bossu », « Fantômas »…, qui sans être très inventif, est assez habile. L’adaptation parodique de l’œuvre de Dumas, est signée par son fils, Jean Halain, est assez laborieuse, et assez éloigné à l’esprit burlesque des « Charlots ». Il y a un co-réalisateur ici, de par les cascades d’Yvan Chiffre, qui tente un peu d’animer l’ensemble. Il devait prendre légitimement prendre le relais avec « Bons baisers de Hong Kong ». L’idée assez classique, étant de retracer l’histoire à travers les personnages secondaires des valets, de nos mousquetaires, Planchet – Gérard Rinaldi -, se retrouvant en vedette, avec Gérard Filipelli, Jean Sarrus et Jean-Guy Fechner – frère du producteur du film Christian Fechner -, manque à l’appel, Luis Régo, qui avait décidé de faire cavalier seul. Les valets avec malice, aide leurs maîtres assez falots ici – Jean Valmont, en D’Artagnan, Gib Grossac (sic) en Portos…-. Le film alterne donc des jeux de mots dignes de l’Almanach Vermot, son lot prévisible d’anachronismes, quelques scènes de duels, quelques scènes un peu burlesques étirées à l’envie sur plus de 200 minutes, si on regarde les deux parties. L’intérêt de ce film est le curieux mariage de raison entre deux univers différents. Si les Charlots, sont beaucoup moins drôle que chez Claude Zidi, qui avait trouvé un angle original pour ce quatuor de comiques, ils sont associés à une belle galerie d’acteurs excentriques.  Bernard Haller, qui dans le double rôle un Richelieu cadavérique et précieux et un duc de Buckinham, dépassé par les événements, et particulièrement réjouissant, de même Paul Préboist en père Joseph, personnage retord et égrillard, et l’un des chouchous de ce blog, Jacques Seiler, habituel, comparse des Charlots, est un jubilatoire Rochefort, gainé dans un costume austère, il est sans cesse humilié, finissant même par servir de monture à la perverse Milady de Winter, jouée par Karin Petersen, échappée de la série « La dame de Monsoreau ».

Second round

On retrouve dans les 2 parties, Daniel Ceccaldi dans le rôle de Louis XIII, avec un sérieux royal, Jocelyne Chaplin dans le rôle de Constance, se livrant à des chansons guimauves pour son D’Artagnan aimé, Catherine Jourdan, actrice fétiche d’Alain Fleischer, qui devait vouloir casser son image d’actrice « intello ». Le plaisir des films d’André Hunebelle, c’est la multitude de seconds rôles qui amène des touches de drôleries, dans le premier round « Les 4 charlots mousquetaires », dont le quatuor – André Badin-Philippe Castelli-Henri Attal et Dominique Zardi, en gardes du cardinal frappés de stupidité, – On retrouve toujours Dominique Zardi, en bourreau un peu plus tard -, Max Montavon en garde libidineux – forcément caricatural -, Jacques Legras, en écrivain public nommé Dumas ! ,qui note les aventures des mousquetaires, histoire d’inspirer un descendant éventuel, les « Frères ennemis » : Teddy Vrignault et André Gaillard, en garde du cardinal, dans leurs numéros habituels, Bernard Musson en garde-huissier, comme d’hab’, Paul Mercey en paysan bousculé, Jacques Dynam en aubergiste roublard, et même le jeunot Bernard Menez, en gardien intérimaire de la Bastille… Dans le second round « À nous quatre cardinal ! »,  il y a Georges Douking, en serviteur de Buckingham, Bernard Lajarrige et Jean-Marie Proslier, en aubergiste également. Curieusement le générique de fin est le même pour les deux volets, d’où la difficulté de compléter les fiches IMDB, certains noms crédités ne figurant pas dans la version susdite. Pour finir sur ce film, je me souviens d’une anecdote de Dominique Zardi, racontée dans l’émission « Le club », sur CinéClassic… Avec son compère Henri Attal il faisait souvent le forcing sur les plateaux. Voulant rencontrer, au début des années 60, le réalisateur Hunebelle, ils se présentent avec culot comme « Maîtres d’armes », et ils rencontrent une assistante, qui leur demande s’ils veulent voir « Hunebelle père », – Le fils étant donc Jean Halain, -. Dominique Zardi a réussit à outrager son interlocutrice, en lui répondant « Une belle paire » toi-même !.