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Les compagnons de la pomponette

Les compagnons de la pomponette

 

 

 

 

 

 

On voit beaucoup Jean-Pierre Mocky en ce moment dans les médias à l’occasion de la parution de son livre « Je vais encore me faire des amis ». Stéphane Bou parlait très justement de lui dans feu l’excellente émission « Après les travaux le cinéma continue», sur France Inter, co-animée par Jean-Baptiste Thoret. Il y a deux Mocky(s) assez distincts, le Mocky « Granowsky » (son personnage redresseur de torts dans « A mort l’arbitre »), et le Mocky – « Paul Wermus », bon client et provocateur sur les plateaux TV flirtant avec les limites .
Ce dernier est donc de sortie, on voit ainsi le petit jeu de quelques chroniqueurs pathétiques – la palme venant à l’ineffable Manon Ruggieri dans « C à vous » – pour le pousser dans ses provocations histoire de faire le buzz et nous régaler de quelques méchancetés. C’est dommage car ce dernier personnage dessert l’artiste, qui continue même avec une économie de moyens à nous surprendre. Paradoxalement plus Mocky est populaire dans les médias, moins le grand public connait ces films. Même si l’on peut reconnaître à son sujet un désintérêt à diffuser ses films et surtout en Province, trois de ces derniers films sortent en catimini dans sa salle Le Desperado depuis le 17 juin dernier. (« Tu es si jolie ce soir », « Les mystères de la Jonquille » et « Les compagnons de la Pomponette ».
La venue de Mocky au festival surréaliste au Théâtre du Pont Tournant à Bordeaux, le 5 mai dernier, fut l’occasion de le rencontrer et de visionner ces nouveaux compagnons (le titre évoque l’un de ses meilleurs films « Les compagnon de la marguerite ».) On retrouve ainsi le Mocky Granowsky affable et courtois, et toujours aussi passionné. On reste parfois pantois sur ces histoires, on en était resté sur des études de droits et de belles lettres dans son parcours, il a désormais 3 ans d’études de médecine. Il doit également rencontrer le Pape (qu’il surnomme le Père François), suite à ce film, mais on se régale toujours à ses histoires, sa passion et son empathie pour « les monstres », et ses évocations diverses.
La vision d’un film dans ce lieu reste un tantinet limite, tant l’envoi du DVD sur grand écran, ne semble toujours pas être maîtrisé par la technique (après une rencontre mémorable avec Pierre Étaix et son « Yoyo » dans les mêmes dispositions), et il faut affronter l’épreuve des sièges qui nécessitent d’avoir un bon ostéo, mais le film est en avant-première nationale.
Un petit couple charmant de défroqués, après avoir été surpris à forniquer en plein air, Victor et Marie-Ernestine (Arthur Defays, petit-fils de Pierre Richard et Prescillia Andréani), se retrouve à la rue et trouve refuge grâce à la générosité d’un gueulard (Victor Mu) qui travaille dans une boulangerie religieuse. Ils observent dans le voisinage l’attitude libre de deux couples les Mouton (Benoît de Gaulejac et Claire Corlier) et les Renard (Christian Chauvaud et Myriam Degaudez) qui pratiquent l’échangisme sans aucun état d’âme. Les deux jeunes gens, gardant leurs tenues épiscopales, voient ainsi un remède à l’adultère et décident de fonder une association « Les compagnons de la Pomponette », en prenant modèle sur une fleur du voisinage (et non, ce n’est pas une allusion à la fameuse chatte de la femme du boulanger). Apparaît ensuite l’ange gardien surmené Léonard – Mocky lui-même, forcément emplumé et débordé – qui les conforte dans cette mission, encouragée par Dieun que l’ange appelle « Patron ». Un théologien (Jean Abeillé) les encourage, l’échangisme apparaît dans la bible ! Un élan va prendre assez rapidement, les Français moyens étant ravis de céder à cette utopie, ce qui va occasionner la colère d’une adepte intégriste tendance Saint-Nicolas du Chardonnet (Françoise Michaud) aidée d’un cardinal pédophile (excellent Olivier Hémon), d’un policier désabusé (Lionel Laget) maqué à un travesti à la carrure d’un rugbyman – Miguel-Ange Sarmiento –
Côté technique on retrouve aussi les fidèles comme André Ruellan aux dialogues et Vladimir Cosma qui réutilise comme à son habitude des musiques déjà existantes, on passe ainsi le film à se demander où on les a entendues la première fois, ce qui est tout de même un tantinet désinvolte de la part de ce grand musicien même s’il donne à Mocky ses musiques gratuitement. De nombreux permanents du Mocky circus actuels acceptent d’être malmenés, outre Abeillé, Hémon et Chauvaud, on retrouve ainsi Guillaume Delaunay en policier protecteur, Jean-Pierre Clami en animateur de club de bridge particulier, Christophe Bier en peintre sur préservatif, Noël Simsolo et je dois en oublier, plus quelques petits nouveaux truculents, il y a même Patrice Dozier dans le rôle du pape.
Le film est assez réjouissant, sur le mode délirant tel « Le glandeur » ou « Le dossier Totoro », Mocky se révèle toujours comme le dernier des moralistes, l’échangisme étant un remède contre l’adultère ! Un politicien castré part à la recherche de ses testicules, victime d’une punition mockienne pour avoir fauté. Le Mocky circus est presque complet, il arrive à le renouveler et il nous livre une farce sur quelques travers de notre temps, tout en continuant à garder un espoir d’une utopie libertaire. Son œuvre est foisonnante, on a toujours trois ou quatre films, et trois courts de retard même, si on est fan, une constance à saluer, et un œuvre qui mérite d’être souvent revisitée. Ces films méritent d’être vus, à chaque fois on se dit qu’il faudra une grande dose d’indulgence pour les derniers films de Mocky, mais pour ma part je trouve toujours son inventivité et son côté Daumier du cinéma (comparaison souvent faite à son sujet), toujours intacts.

Pour vous tenir informé de l’actualité de Jean-Pierre Mocky il convient de visiter son excellent site officiel.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Claude Rémoleux

Jean-Claude Rémoleux dans « Litan »

1er avril 2010, une salle du Conservatoire régional de l’image de Nancy a été baptisée du nom de Jean-Claude Rémoleux « cet acteur singulier et sympathique au crâne chauve et à l’élocution particulière » (1), et là ce n’est pas du tout un poisson… Un groupe facebook fut même créé à l’occasion. Ce premier anniversaire est donc l’occasion de rendre hommage à une individualité fracassante. Beaucoup de personnes lui vouent un culte mérité, de Christophe Bier qui fit plusieurs hommages vibrant sur France Culture dans « Mauvais genres », au dessinateur Lefred Thouron en passant par Kafka-Francis Kuntz, grolandais bien connu. Depuis 25 ans, il existe une association « Marinella » – la chanson que fredonnait Rémoleux dans « La grande lessive », qui a pour but de promouvoir sa mémoire, il existe même un T-shirt à son effigie. Rémoleux crève l’écran à la moindre de ses apparitions, souvent en ahuri ahurissant, à la prononciation assez approximative. Flirtant avec l’inaudible, il est souvent adepte des onomatopées, et se révèle volontiers lymphatique. Armel de Lorme en fit son portrait dans son Aide-mémoire, volume 1, également disponible sur le web , qui en fit le portrait depuis sa première véritable apparition dans « Mon oncle ». Il faut le voir en égrillard spectateur d’une boîte de nuit qui participe à un groupe qui s’émoustille plus à la lecture d’une revue érotique qu’au spectacle vivant dans « Strip-tease », en élève dissipé d’un cours d’anglais, picoleur et égrillard dans « Bande à part », le candidat d’un jeu TV lunaire dans « Sans mobile apparent », ancien combattant hésitant dans « Na ! », ouvriers jumeaux le temps d’une apparition gag dans « Les Gaspard », ou notable balourd dans « Ils sont grands ces petits ». La découverte récente du DVD du formidable téléfilm de Jean L’Hôte « Confessions d’un enfant de chœur », nous permet de le voir encore plus délirant qu’à l’accoutumée en fou peignant les meubles en vert des gens dès qu’ils ont le dos tourné. Trois rencontres firent de lui un acteur ou non acteur c’est selon… culte ! Orson Welles tout d’abord qui lui confie avec Raoul Delfosse le rôle de l’un des bourreaux « radioactifs » d’Anthony Perkins dans « Le procès ». Pascal Aubier raconte la rocambolesque rencontre avec le grand metteur en scène dans son beau livre, voir citations jointes. Mocky lui donne une belle place dans ses films, l’affublant souvent de tenues l’engonçant dans des imperméables ou des cirés. Dans « La grande frousse ou la cité de la peur » (1964), il est un villageois sous cellophane, pilier de bar apeuré et inculte. Dans « La bourse et la vie » (1965), il est l’un des trois frères Robinhoude, comparses de Jean Poiret, du trio il se révèle le plus dubitatif devant des pérégrinations rocambolesques. Sa manière de dire « Mais alors, nous sommes tous de la Bourboule » est un absolu régal. A trois reprises, il fut avec Marcel Pérès, un des policiers adjoints de Francis Blanche. Il est l’auxiliaire ricaneur de Pérès dans « Un drôle de paroissien » (1963), en planque dans une église il lui lance la phrase culte «Comme dirait l’Évêque : ça pince, Monseigneur ! ». Il n’est pas très dégourdi dans « Les compagnons de la marguerite » (1966), plus prompt à trouver des graines afin d’attirer et manger les pigeons du quartier, plutôt que de mener des enquêtes. Dans « La grande lessive » (1968), le trio est toujours malmené, à la poursuite de Bourvil, chantonnant donc à longueur de temps « Marinella », de manière plus qu’essoufflée. Le duo est tellement grotesque, qu’il finira par se faire arrêter par un gendarme, ils sont pris pour des satyres, lors d’une poursuite sur les toits, après une pose voyeuriste. Il excelle aussi dans « L’étalon » (1969), il faut le voir en député, débarquer d’un bus avec une improbable moumoute, grosse lunettes et en faisant le V de la victoire, puis cueillant des fleurs, il nous amène dans les hautes sphères du surréalisme. Affligé de son habituel défaut d’élocution, il préfère s’exprimer avec des bruits de bouche, et quand il s’exprime enfin avec une infinie tristesse, il se définit en député muet. Il est un improbable cuistot et amateur de mouches et d’omelette à la banane (c’est un concept) ayant des rapports ambigus avec Jacques Dufilho dans le grinçant « Chut ! » (1971). En petit épargnant craintif, il trouve dans ce film l’un de ses meilleurs rôles, se rapprochant dangereusement de l’absurde en fermant des portes imaginaires… Il est un metteur en scène caractériel-mou dans « Un linceul n’a pas de poches » (1974), lunettes sur le front, dirigeant Sylvia Kristel, quelque peu anticonformiste, il souhaite une rencontre clandestine de nuit entre Jeanne D’Arc et le Roi d’Angleterre ! Dans « L’ibis rouge » (1975), il est de nouveau cuistot souffre-douleur de Jean Le Poulain et adepte du bras d’honneur. Il est un ouvrier rustre et musicien amateur quelque peu dissonant dans « Le roi des bricoleurs » (1976). Dans le « Témoin » (1978) il est doublé !, et en éboueur, indique sa route à Alberto Sordi. On le retrouve aussi en villageois inquiétant dans « Litan, la cité des spectres verts » (1981), comprenant le curieux patois d’une femme interrogée par Roger Lumont, et observateur muet et fantomatique d’un village pris dans un vent de folie. La troisième belle rencontre est celle avec Pascal Aubier, le temps de deux films. Dans « Valparaiso, Valparaiso » (1970),  il est le compère de Laszlo Sabo, ne pensant qu’à s’empiffrer et harcelant Alain Cuny en mettant un joyeux désordre. Il trouve son rôle le plus touchant dans « Le chant du départ » (1975), où il est l’un des membres d’une pension de famille, formant au final, une sorte de club des esseulés, qui ne trouvent pas leur place dans la société de consommation déjà envahissante des années 70. Il y est ouvreur d’un cinéma érotique ou de série Z, s’ennuyant de ces tâches répétitives. Exténué, il se couche tout habillé sur son lit dans un décor spartiate, n’ayant pour seul loisir que de contempler l’ampoule au plafond. Pour la première fois, il se dégage de sa composition, une humanité autre que burlesque. Si l’homme était profondément humain selon son cousin Olivier Thirion (1), on ne sait s’il se rendit compte de son extraordinaire singularité, la comédie franchouille ne voulut d’ailleurs pas de lui. L’homme, lui, fut sans histoire et vivait avec sa mère. Si l’une de mes devises est celle de Groucho Marx « Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre », s’il y a bien un groupe dont je voudrais faire partie c’est bien celui de « Marinella »…

Bibliographie : (1) « Le dernier grand rôle de Jean-Claude Rémoleux » par Benoît Gaudibert, « L’Est républicain » du 1/04/2010 ;  Armel de Lorme  »L’@ide-Mémoire — Volume 1 ». 2006. ; Yvan Foucart: Dictionnaire des comédiens français disparus, Mormoiron : Éditions cinéma, 2008 ; Serge Regourd « Les seconds rôles du cinéma français » (Éditions Archimbaud Klincksieck, 2010). Remerciements à Pascal Aubier et Christophe Bier (voir également le commentaire de ce dernier).

Jean-Claude Rémoleux dans « Le chant du départ »

Filmographie: établie avec Christophe Bier et Armel de Lorme : 1954  La Reine Margot (Jean Dréville, figuration) – 1955  Gervaise (René Clément, figuration) – Mémoires d’un flic (Pierre Foucaud, figuration) – Les Carnets du major Thompson (Preston Sturges) – Le secret de soeur Angèle (Léo Joannon) – The ambassador’s daughter (La fille de l’ambassadeur) (Norman Krasna, figuration non confirmée) – 1956  Fric-frac en dentelles (Guillaume Radot) – Le salaire du péché (Denys de La Patellière, figuration) – 1958  Mon oncle (Jacques Tati) – Le gentleman d’Epsom / Les grands seigneurs (Gilles Grangier, figuration non confirmée) – The trial (Le procès) (Orson Welles) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky) – Carambolages (Marcel Bluwal) – Faites sauter la banque (Jean Girault, figuration) – 1964  Bande à part (Jean-Luc Godard) – La grande frousse ou la cité de la peur (Jean-Pierre Mocky) – 1965  La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – 1968  La grande lessive ! (Jean-Pierre Mocky) – 1969  L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – 1970  Valparaiso, Valparaiso (Pascal Aubier) – 1971  Chut ! (Jean-Pierre Mocky) – Sans mobile apparent (Philippe Labro) – 1972  Na ! (Jacques Martin) – 1973  Les gaspards (Pierre Tchernia) – 1974  Dupont Lajoie (Yves Boisset) – Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Le chant du départ (Pascal Aubier) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni, figuration) – 1976  Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1978  Ils sont grands, ces petits (Joël Santoni) – Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1981  Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky). Télévision (notamment) : 1963  Le chevalier de Maison Rouge (Claude Barma, mini-série) – 1964  Six personnages en quête d’auteur (Jean L’Hôte) – Le théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (Marcel Cravenne) – Une fille dans la montagne (Roger Leenhardt) – 1976  Confessions d’un enfant de choeur (Jean L’Hôte) – 1979  Le violon du diable (Roger Viry-Babel, MM) – 1983 : Lettre d’un cinéaste : le mystère Mocky (Jean-Pierre Mocky, CM, diffusé dans le cadre de « Cinéma Cinémas » sur Antenne 2). Non datés : En votre âme et conscience (figuration dans plusieurs épisodes) – Les raisins verts .

Jean-Claude Rémoleux « en vert et contre tout » (petit clin d’œil à la « Maman et la putain ») dans « Les confessions d’un enfant de chœur »

Addenda : JEAN-CLAUDE RÉMOLEUX VU PAR… :

PASCAL AUBIER :

 » …La moindre silhouette dans ce film [Le procès] était un miracle d’invention, je percevais la jubilation qui avait présidé au choix des comédiens, et c’est comme ça que je me suis entiché de Jean-Claude Rémoleux. Dans « Le Procès », c’est un des deux tueurs qui suivent K, et qui à la fin l’entraînent dans le trou et se passent le couteau. Il avait ce visage étonnant, une espèce d’éléphant de mer à lunettes, avec ce strabisme… Je me disais que c’était extraordinaire d’avoir eu le nez de trouver quelqu’un comme ça. Quelques années plus tard, j’ai rencontré Marc Maurette, l’assistant de Welles sur le Procès, il m’a raconté comment Rémoleux avait été engagé. Pendant la préparation du film à Billancourt, Welles s’était fait installer une table et des chaises près de l’entrée dans la cour, il se faisait apporter des bouteilles de Bourgogne blanc et fumait son cigare. Un jour, il voit passer une ribambelle de machinos qui portaient des praticables, des pièces de décors, etc. Après le passage du dixième, un onzième surgit un peu en retard, un énorme gros mec à lunettes qui ne portait que trois planches ; d’un seul coup elles se croisent entre elles, il se prend le pied dedans avec une maladresse ahurissante, et boum, il se retrouve sur le cul… Welles se retourne alors vers Maurette et lui dit : « Maurette, je veux ce type dans le film ! ». De là, Rémoleux a eu une espère de carrière, dans « Bande à part », au fond de la classe, c’est lui qui fait mine de mettre la main au cul de la prof d’anglais. Et puis on l’a surtout vu dans les films de Mocky. Et dans les miens. Il était parfait. C’est triste qu’il soit mort si vite. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il n’a jamais compris ce qui lui était arrivé, il n’a pas compris qu’évidemment, il avait été choisi d’abord par Welles à cause de ce qu’il était. Il me disait : « Tu sais, moi, j’ai trois amis, Orson, Jean-Pierre et toi. » [« Les mémoires de Gascogne » par Pascal Aubier (Éditions Sybarite – Yellow Now, 1996).]

JEAN-PIERRE MOCKY :

« Jean-Claude Rémoleux, l’ami maousse. «A mes débuts comme acteur, j’ai tourné avec des grands seconds rôles, Pierre Larquey ou Saturnin Fabre, et j’ai toujours regretté que des trognes comme eux aient disparu des écrans. Il faut dire qu’aujourd’hui, les acteurs de premier plan n’ont pas le charisme d’un Jules Berry ou d’un Raimu : vu leurs physiques plutôt banals, un second rôle très typé risquerait de leur voler la vedette. Rémoleux, à la base, n’était pas un acteur. Il venait d’une famille très riche, actionnaire de Prisunic. C’était un type très important, mais complètement fou. Je l’ai repéré sur le plateau du Procès d’Orson Welles en 1962, où il jouait un flic. Un gros qui m’a heurté comme un ours en baragouinant… et que j’ai immédiatement engagé pour Un drôle de paroissien. Je l’ai utilisé dans 12 films, toujours comme un mastodonte ahuri : on dirait un phoque ! Même son enterrement s’est terminé par un gag : les croque-morts ont glissé sur le sol gelé et son cercueil est tombé à l’eau.» (Libération du 14/05/2004)

OLIVIER ASSAYAS :

« Tout de suite reconnaissable à sa large silhouette, son crâne chauve et sa myopie qui parfois semblait l’envelopper tout entier, il ne pouvait manquer de frapper par son improbable filet de voix, sa diction zozotante et hallucinée. Policier maladroit, écorchant « Marinella » comme en état de stupeur dans « La grande lessive », un des frères Robinhoude dans « La bourse et la vie » où il gémissait lamentablement sur sa banqueroute « Nous avons cru à une affaire mirobolante » , député Lacassagne dans « L’étalon  » où son aphonie l’empêchait de s’exprimer à la tribune (« Ve fuis un député muet » ), on n’aurait pas fini d’énumérer les apparitions mémorables de Jean-Claude Rémoleux qui était bien sûr devenu un signe de reconnaissance, de complicité parmi le clan apparemment de plus en plus large des inconditionnels de Mocky. On l’a vu chez Welles, dans « Le procès », on l’a vu chez Godard dans « Bande à part »  mais Rémoleux ne fut jamais acteur. Personnage de cinéma aussi bien à la ville qu’à l’écran il demeurera toujours irréductible à un rôle ou à plus forte raison à un emploi. Entier, monolithique, il était ce qu’il jouait sans distance, sans recul. En cela le rôle devenait Rémoleux et non l’inverse. On a ironisé sur Rémoleux. On a vu en lui un canular. C’est tout le contraire, non acteur Rémoleux était un être humain traversant le cinéma et l’émotion qu’on ne pouvait manquer d’éprouver en le retrouvant d’un film à l’autre était à la mesure de l’impossibilité théorique rationnelle de sa présence. Il était toujours là contre tout. Olivier Assayas ( Cahiers du Cinéma N°369 Mars 85 )

Digressions : Restons avec Jean-Pierre Mocky, alors qu’il  diffuse dans son nouveau cinéma « Le Despérado » trois de ses films, « Les insomniaques », « Crédit pour tous » et le délirant « Dossier Toroto »… Le 1 er avril 2007,  je faisais un poisson d’avril qui ne brillait pas par sa subtilité avec le compte-rendu d’un improbable visionnage des « Couilles en or » de Jean-Pierre Mocky, ici-même,  dont je suis assez surpris de voir qu’il est parfois pris au premier degré, pour rappel c’est bien un canular.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dominique Zardi

 Dominique Zardi dans "Les misérables" (Robert Hossein, 1982)

Dominique Zardi dans « Les misérables » (Robert Hossein, 1982)

« Au pays du cinéma, il possède la double nationalité. Tantôt chabrolien, tantôt mockyste. Il incarne dans les deux troupes la francité dans toute son horreur. Son crâne rasé et son allure de catcheur le renforcent dans le rôle du méchant d’opérette. Inutile de préciser que les deux grands cinéastes de l’anti-France ne  résistent jamais au plaisir de charger son personnage au maximum ». Telle était la définition de Dominique Zardi par Hervé Le Roux et Alain Philippon dans leurs « Fragments d’un dictionnaire amoureux » – dont j’ai repris le titre de manière éhontée pour faire cette rubrique -, dans « Les Cahiers du cinéma » N°408″ (Mai 1988). On peut dire de lui qu’il est connu, mais pas vraiment reconnu, car tout le monde connaît son visage, roux avec calvitie, désormais chauve et sa silhouette trapue. J’avais évoqué ses débuts, voir la fiche de ce blog consacrée à son ami Henri Attal, mais il est intéressant de s’occuper de son parcours « cavalier seul ». Il est difficile de l’éviter quand on suit le cinéma français, il prétend avoir arrêter de comptabiliser ses films à partir du N° 500.  On se demande d’ailleurs, si ce grand prolifique, n’avait pas le don de l’ubiquité, d’autant plus que volontiers bagarreur, il était à ses débuts, selon Claude Chabrol… interdit de séjour ! Sa filmographie est un véritable casse-tête, même s’il est vrai que son CV officiel reste très précieux pour les recherches, mais il est difficile de prétendre avec lui à l’exhaustivité d’autant plus qu’il avait déclaré à l’émission « Le club » sur « CinéClassic » en 1998, avoir fait une trentaine de film de dos ! – (1) d’où une tentative d’une seconde filmographie « dorsale » donc difficilement vérifiable -. Dans cette émission, il nous embrouille encore plus en parlant d’une participation au film « Malaria » de Jean Gourguet en 1942, – le sieur étant né en 1930, il avait donc 12 ans ! – face à Sessue Hayakawa, avec un débutant nommé… Jean-Pierre Mocky. Mais si on se met à penser qu’il affabule, il est vrai qu’il a souvent raison, on le voit finalement partout en passager du métro dans « Pickpockett » (1959) de Robert Bresson, qu’en voyageur dans une gare derrière Paul Newman, dans « Paris Blues » (1961), en badaud à deux reprises dans un décor de rue avec Brigitte Bardot dans « La vérité » (1960), un spectateur dans un cabaret dans « Strip-tease » (1962), etc… Il a toujours un art assez remarquable de se mettre en avant, même dans une scène de groupe. Au petit jeu de rajouter sur sa fiche IMDB des films oubliés de son CV, je n’avais trouvé après nombre de visionnages, que « Les yeux de l’amour » (Denys de la Patellière), où il suit Danielle Darrieux dans une gare – décidément ! -, ou dans « Les bonnes causes » (Christian-Jaque, 1962), en participant d’une audience au tribunal. Dans cette quête métaphysique d’optimiser sa filmographie, sans tomber dans l’extrême du dispositif barbare élaboré pour que Malcolm McDowell dans « Orange mécanique », pour qu’il garde les yeux ouverts, on finit par s’interdire de cligner de l’œil à la vision des films français de des années cinquante à 70, de peine de le manquer. Né à Belleville-près-Paris, selon sa formule, ses copains de classe lui disant « Ah ! t’es pas de Paris ! », il raconte que son parrain était le célèbre « Pierrot le fou ». Ironie du sort, il tournera dans le film homonyme de Jean-Luc Godard – qui n’a pas grand chose à voir, il est vrai avec le truand notoire -, avec le rôle titre Jean-Paul Belmondo qui fut le parrain de sa fille. L’homme multiplie « les casquettes » et est un auteur complet, conférencier passionné – pour l’avoir rencontre en avril 2004, il est très disert sur sa carrière, il m’avait évoqué le tournage de « Touristes, oh yes ! », de Jean-Pierre Mocky – toujours inédit -, où il me racontait la difficulté des comédiens de parler tous… hollandais, durant tout le film, pour une sorte d’hommage à Jacques Tati -. Il est d’ailleursamusant dans ce film disponible en DVD en guide sourd. Il faut l’entendre comme souvent dans les émissions de TV, ou les bonus DVD se présenter comme – exhausteur de goût -, voir l’anecdote de la gousse d’ail dans sa fiche « Wikipédia » qui répertorie de plus ses rôles. Il est également écrivain, « Le génie du judaïsme » (1971), « Dublin des étoiles  » (1972), « Le monde des truands » (Éditions Tatamis, 2008), etc…, quelques-uns uns de ses livres, dont certain serait dit-on controversé sont disponibles aux éditions « Dualpha », « Tendre ghetto, si le Marais m’était conté » (2003), « Les immortels de la boxe » (2003),  « Le génie du judaïsme » (2004, réédition de son livre de 1971), « L’Algérie des mirages » (2006). Passionné par la boxe il dirigea pendant vingt-huit ans la revue « Euro Boxes show », référence pour les amoureux de ce noble art. Il aussi acteur compositeur de chansons pour Claude Chabrol : – « La tabatière » dans « La femme infidèle », « Isabel » dans « La rupture », « Le petit chien » dans « Docteur Popaul », ect… »Capri petite île » virera même au culte dans « Le boucher » -,  Pierre Granier-Deferre –  « Le petit yoyo » dans « Noyade interdite » – , ou Jean-Pierre Mocky : – « O Manon » dans « La bête de miséricorde » -.

 

 

Dominique Zardi dans « Fleur d’oseille »

 

L’acteur est souvent cantonné dans les rôles de bagnards  – il se paiera le luxe de l’être dans plusieurs adaptations des « Misérables » d’après Victor Hugo chez Marcel Bluwal (1972), Robert Hossein (1982) et l’ineffable Josée Dayan (2000), dans cet emploi,  il paniquera dans une scène de déminage dans « Un nommé la Rocca » de Jacques Becker. On le retrouve très souvent dans des rôles d’affreux, tel l’admirateur odieux de Brigitte Bardot dans « Vie privée » (1961) de Louis Malle, ou le satyre harcelant Marlène Jobert dans « Le dernier domicile connu » (1968). Il déclarait à « Travelling Avant N°10 » : « On m’a donné les pires rôles dans le cinéma français : J’ai joué des psychopathes, des tordus, des tarés, des violeurs d’enfants, des assassins, des pourris, des tueurs aux abattoirs, j’ai fait des choses ignobles, j’ai tué des chiens, des cochons, des poules, des petites filles, des vieillards, j’ai fait des choses abominables… Jamais personne ne m’en a tenu rigueur… ». Mais il est aussi à l’aise dans la farce, en braconnier roublard dans « Le gendarme en balade », l’auto-stoppeur remuant, énervant Eddie Constantine, dans « Les femmes d’abord » (1963), le nageur idiot malmené par Johnny Hallyday dans le cornichonesque « Les poneyttes » (1967),  le notaire trop obséquieux pour être vraiment honnête dans « O.K. Patron » (1973) ou dernièrement le papy séquestré par un François Levantal d’anthologie dans « L’amour aux trousses » (2004). Il a même droit à sa réplique culte chez Michel Audiard dans « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages » : Blier : « J‘ai bon caractère mais j’ai le glaive vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse », Zardi : « C’est pas une métaphore, c’est une périphrase », un comparse : « Ah, fais pas chier ! »,  Zardi : « Ca c’est une métaphore ! ». Il fait finalement de belle rencontre notamment avec Jean-Pierre Melville, Claude Sautet –  pour 4 films -, Luc Moullet – voir son jubilatoire rôle de propriétaire combinard d’une salle de cinéma dans « Les sièges d’Alcatraz » (1988) .Maurice Ronet qui le citera avec chaleur dans son autobiographie, lui donnera l’un de ses meilleurs rôles dans « Bartleby » (1976), où avec Maurice Biraud, il forme un duo réjouissant d’huissiers mesquins. Trois metteurs en scènes en font l’un de leurs acteurs fétiches Pierre Granier-Deferre – 17 films et un téléfilm – qu’il qualifie de « demoiselle d’autrefois » ! en raison de ses bonnes manières, l’utilise souvent avec inventivité, on se souvient du clochard fou face à Yves Montand dans « Le fils » (1972), notamment. Claude Chabrol – 26 films et trois téléfilms -, l’emploi également très souvent, jusqu’à son rôle de gardien du musée dans « Au cœur du mensonge » en 1998. Il le sort très souvent de ses emplois habituels tel l’inspecteur soucieux dans « Que la bête meure » (1969), ou le chefaillon de la poste dans « Poulet au vinaigre » (1964). Il lui fera même jouer un sympathique marchand de ballons, que Stéphane Audran droguée par Jean-Pierre Cassel, finit par prendre pour Dieu, dans un délire psychédélique, dans l’étonnant « La rupture » (1970). Jean-Pierre Mocky – 39 films et deux courts-métrages – lui restera fidèle jusqu’à ces dernières années, il est l’un des supporters les plus virulents d’ « A mort l’arbitre ». Mais il lui donne souvent ces derniers temps des rôles de notables comme dans « Vidange », ou d’importants personnages comme dans « Tout est calme » et l’humanise parfois comme l’ouvrier au chômage qui tente de se suicider en se jetant dans la mer dans « Robin des mers ». On le retrouve dans les derniers films de Mocky, ne dédaignant pas jouer des rôles troubles, comme l’odieux pédophile voyeur dans « Les ballets écarlates ». Saluons ce comédien atypique, parfois virulent, délaissé selon sa formule par les « boutiques » de « Georges Cravenne » – Les Césars – et Bernard Pivot, l’un des comédiens les plus singuliers du cinéma français. Il convient de visiter son site officiel, d’où sont tirées les photos qui illustrent cette note. En juin 2007, paraît enfin son livre de souvenirs de cinéma « Le comédien fétiche du cinéma » – qui semblait faire peur aux éditeurs par son ton polémiste – aux éditions Dualpha. Le livre est réédité, légèrement remanié aux éditions Alphée – Jean-Paul Bertrand. On retrouve son mordant dans cet ouvrage riche en anecdotes et dévoilant quelques facettes de la personnalité de son compère Henri Attal. 

Bibliographie : « L’autre journal N°7 » décembre 1990.

« Travelling Avant » N°10 

 

Dominique Zardi dans le rôle de « Dieu » ! dans « La rupture » 

Filmographie : 1958  Christine (Pierre Gaspard-Huit) – La femme et le pantin (Julien Duvivier) – Pourquoi viens-tu si tard ? (Henri Decoin) – Maxime (Henri Verneuil) – Croquemitoufle / La femme des autres (Claude Barma) – 1959  Pickpocket (Robert Bresson) – Les bonnes femmes (Claude Chabrol) – Le trou (Jacques Becker) – Le dialogue des Carmélite (Philippe Agostini & R.L. Bruckberger) – Austerlitz (Abel Gance) – Tête folle (Robert Vernay) – À rebrousse-poil (Pierre Armand) – Les yeux de l’amour (Denys de la Patellière) – 1960  La vérité (Henri-Georges Clouzot) – Crack in the mirror (Drame dans un miroir) (Richard Fleischer) – Goodbye again (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les godelureaux (Claude Chabrol) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara) – Saint-Tropez Blues (Marcel Moussy) – Comment qu’elle est (Bernard Borderie) – 1961  Les trois mousquetaires : Les ferrets de la reine (Bernard Borderie) – Un nommé La Rocca (Jean Becker) – Ophélia (Claude Chabrol) – Un cheval pour deux (Jean-Marc Thibault) – Gigot (Gigot, le clochard de Belleville) (Gene Kelly) – Les Parisiennes [épisode : « Sophie »] (Marc Allégret) – Les petits matins (Jacqueline Audry) – Vie privée (Louis Malle) – 1962  Un chien dans un jeu de quille (Fabien Collin) – The longest day (Le jour le plus long) (Ken Annakin, Andrew Marton, Gerd Oswald, Bernhard Wicki & Darryl Zanuck) – Les ennemis (Édouard Molinaro) – Le monte-charge (Marcel Bluwal) – L’assassin est dans l’annuaire (Léo Joannon) – Paris Blues (Id) (Martin Ritt) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Dossier 1413 (Alfred Rode) – Les femmes d’abord (Raoul André) – L’empire de la nuit (Pierre Grimblat) – Landru (Claude Chabrol) – Le vice et la vertu (Roger Vadim) – Les vierges (Jean-Pierre Mocky) – L’aîné des Ferchaux (Jean-Pierre Melville) – Le doulos (Jean-Pierre Melville) – Les grands chemins (Christian Marquand) – Les bonnes causes (Christian-Jaque) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky) – À toi de faire, mignonne (Bernard Borderie) – Blague dans le coin (Maurice Labro) – Peau de banane (Marcel Ophuls) – Château de Suède (Roger Vadim) – Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Méfiez-vous Mesdames (André Hunebelle) – Coup de bambou (Jean Boyer) – La bande à Bobo (Tony Saytor) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode « L’homme qui vendit la Tour Eiffel »] (Claude Chabrol) – La ronde (Roger Vadim) – Faites sauter la banque (Jean Girault) – Le journal d’une femme de chambre (Luis Buñuel) – Des frissons partout (Raoul André) – L’assassin connaît la musique… (Pierre Chenal) – La mort d’un tueur (Robert Hossein) – 1964  Le Tigre aime la chair fraîche (Claude Chabrol) – La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Échappement libre (Jean Becker) – Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil) – Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – Fantômas (André Hunebelle) – Nick Carter va tout casser (Henri Decoin) – La grande frousse ou la cité de l’indicible peur (Jean-Pierre Mocky) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein) – Le majordome (Jean Delannoy) – Comartiment tueurs (Costa-Gavras) – Ces dames d’en mêlent (Raoul André) – Fifi la Plume (Albert Lamorisse) – 1965  Pierrot le fou (Jean-Luc Godard) – Hotel Paradiso (Paradiso, hôtel du libre-échange (Peter Glenville) – La grosse caisse (Alex Joffé) – Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Furia à Bahia pour O.S.S. 117 (André Hunebelle) – Le gendarme à New York (Jean Girault) – Fantômas se déchaîne (André Hunebelle) – La métamorphose des cloportes (Pierre Granier-Deferre) – Angélique et le Roy (Bernard Borderie) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – Masculin, féminin (Jean-Luc Godard) – Paris au mois d’Août (Pierre Granier-Deferre) -1966  La curée (Roger Vadim) – La ligne de démarcation (Claude Chabrol) – Brigade anti-gangs (Bernard Borderie) –  Monsieur le Président-Directeur Général (Jean Girault) – L’attentat (Jean-François Davy, inédit en salles) – Le scandale (Claude Chabrol) – Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – Le soleil des voyous (Jean Delannoy) – Fantômas contre Scotland Yard (André Hunebelle) –  Un idiot à Paris (Serge Korber) – Roger-la-Honte (Riccardo Freda) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le grand dadais (Pierre Granier-Deferre) – Les risques du métier (André Cayatte) – Les Poneyttes (Joël Le Moigne) – Les grandes vacances (Jean Girault, rôle coupé au montage ?) – Les biches (Claude Chabrol) – La petite vertu (Serge Korber) – Caroline Chérie (Denys de la Patellière) – Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvage (Michel Audiard) – Ho ! (Robert Enrico) – Le gendarme se marie (Jean Girault) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – Le cerveau (Gérard Oury) – La femme infidèle (Claude Chabrol) – L’amour (Richard Balducci) – L’amour c’est gai, l’amour c’est triste (Jean-Daniel Pollet) – 1969  Que la bête meure (Claude Chabrol) – Une veuve en or (Michel Audiard) – Delphine (Éric Le Hung) – Solo (Jean-Pierre Mocky) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause (Michel Audiard) – La horse (Pierre Granier-Deferre) – Les choses de la vie (Claude Sautet) – Dernier domicile connu (José Giovanni) – La promesse de l’aube / Promise at dawn (Jules Dassin) – Qu’est-ce qui fait courir les crocodiles ? (Jacques Poitrenaud) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Sortie de secours (Roger Kahane) – Les novices (Guy Casaril) – Ils (Jean-Daniel Simon) – Comme larrons en foire (Edmond Freess, CM) – Le gendarme en balade (Jean Girault) –Le cinéma de papa (Claude Berri) – Juste avant la nuit (Claude Chabrol) – L’albatros (Jean-Pierre Mocky) – Le cri du cormoran, le soir, au-dessus des jonques (Michel Audiard) –Max et les ferrailleurs (Claude Sautet) – On  est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – L’explosion (Marc Simenon) – 1971  La grande maffia (Philippe Clair) – Jo (Jean Girault) – Chut ! (Jean-Pierre Mocky) – L’odeur des fauves (Richard Balducci) – Les galets d’Étretat (Sergio Gobbi) – Une larme dans l’océan (Henri Glaeser) – 1972  Docteur Popaul (Claude Chabrol) – Elle cause plus… elle flingue (Michel Audiard) – Trop jolies pour être honnêtes (Richard Balducci) – La scoumoune (José Giovanni) – Le fils (Pierre Granier-Deferre) – Don Juan 73 ou Si Don Juan était une femme (Roger Vadim) – Le complot (René Gainville) – 1973  Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – Par ici la monnaie (Richard Balducci) – Deux hommes dans la ville (José Giovanni) – O.K. Patron (Claude Vital) – Nada (Claude Chabrol) – La race des seigneurs (Pierre Granier-Deferre) – Les quatre Charlots mousquetaires ! (André Hunebelle) – 1974  Les innoncents aux mains salles (Claude Chabrol) – Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – La cage (Pierre Granier-Deferre) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Adieu poulet (Pierre Granier-Deferre) – Andréa (Henri Glaeser) – L’intrépide (Jean Girault) – Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1976  Mado (Claude Sautet) – Dracula, père et fils (Édouard Molinaro) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – Bartleby (Maurice Ronet, téléfilm diffusé en salles) – Le pensionnat et ses intimités (Catherine Balogh [= René Gainville]) – 1977  L’homme pressé (Édouard Molinaro) – Violette Nozière (Claude Chabrol) – Comment se faire réformer (Philippe Clair) – 1978  Les réformés se portent bien (Philippe Clair) – Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1979  Le piège à cons (Jean-Pierre Mocky) – Le toubib (Pierre Granier-Deferre) – Le mors aux dents (Laurent Heynemann) – L’associé (René Gainville) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Un mauvais fils (Claude Sautet) – 1981  Une étrange affaire (Pierre Granier-Deferre) – Pour la peau d’un flic (Alain Delon) – Tais-toi quand tu parles ! (Philippe Clair) – L’Étoile du Nord (Pierre Granier-Deferre) – Les misérables (Robert Hossein, + version TV) – Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky) – 1982  Y a-t-il un français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky) – N’oublie pas ton père au vestiaire… (Richard Balducci) – Plus beau que moi, tu meurs (Philippe Clair) – 1983  L’ami de Vincent (Pierre Granier-Deferre) – On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – À mort l’arbitre ! (Jean-Pierre Mocky) – Le sang des autres (Claude Chabrol, + version TV) – 1984  Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir (Philippe Clair) – Y a pas le feu (Richard Balducci) – Poulet au vinaigre (Claude Chabrol) – 1985  Banana’s boulevard (Richard Balducci) – Le pactole (Jean-Pierre Mocky) – 1986  Masques (Claude Chabrol) – Cours privé (Pierre Granier-Deferre) – Le miraculé (Jean-Pierre Mocky) –1987  Noyade interdite (Pierre Granier-Deferre) – Le cri du hibou (Claude Chabrol) – Agent trouble (Jean-Pierre Mocky) – Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky) – La comédie du travail (Luc Moullet) – 1988  Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – Divine enfant (Jean-Pierre Mocky) – 1989  Les sièges de l’Alcazar (Luc Moullet, MM) – Jours tranquilles à Clichy (Claude Chabrol) – L’autrichienne (Pierre Granier-Deferre) – 1990  Madame Bovary (Claude Chabrol) – Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro) – 1991  Mocky story (Jean-Pierre Mocky, inédit) – Le huitième jour ou les pieds gelés (Roland Platte, CM) – La voix (Pierre Granier-Deferre) – Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – 1992  Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1993  Le petit garçon (Pierre Granier-Deferre) – 1994  Noir comme le souvenir (Jean-Pierre Mocky) – 1996  Jour de pêche (Brice Ansel, CM) – 1996  Alliance cherche doigt (Jean-Pierre Mocky) – 1997  Robin des mers (Jean-Pierre Mocky) – 1998  Au cœur du mensonge (Claude Chabrol) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999  Tout est calme (Jean-Pierre Mocky) – 2000 Vidocq (Pitof) – 2001  Les araignées de la nuit (Jean-Pierre Mocky) – La bête de miséricorde (Jean-Pierre Mocky) – 2002  Le furet (Jean-Pierre Mocky) – 2004  L’amour aux trousses (Philippe Chauveron) – Touristes ? oh yes ! (Jean-Pierre Mocky) – Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky) – Grabuge !  (Jean-Pierre Mocky) – 2005  Le bénévole (Jean-Pierre Mocky) – 2006  Le deal (Jean-Pierre Mocky) – 2007 13 French Street (Jean-Pierre Mocky).

 

 

Dominique Zardi, Ingrid Bergman et Henri Attal… de dos dans « Aimez-vous Brahms? »

(1) Filmographie « dorsale » : 1945  La ferme du pendu (Jean Dréville) – 1946  La revanche de Roger La Honte (André Cayatte) – 1947  Carré de valets (André Berthomieu) – Le bateau à soupe (Maurice Gleize) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Maternité clandestine (Jean Gourguet) – 1954  La fille perdue (Jean Gourguet) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve, figuration non confirmée) – La chatte (Henri Decoin, figuration non confirmée) – Le bossu (André Hunebelle, figuration non confirmée) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry, source sa fiche Wikipédia) – 1962  Charade (Id) (Stanley Donen, figuration non confirmée) – 1963   Carambolages (Marcel Bluwal) – 1965  Paris brûle-t’il ? (René Clément, figuration non confirmée) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, figuration non confirmée) – 1967  Jerk à Istambul (Francis Rigaud) – J’ai tué Raspoutine (Robert Hossein, figuration non confirmée) – 1970  Le boucher (Claude Chabrol, chanson seulement, « Capri petite île ») – Topaz (Alfred Hitchcock, rôle coupé au montage) – 1971  La décade prodigieuse (Claude Chabrol, chanson seulement « Pour moi mon chagrin ») – 1973  Le mâle du siècle (Claude Berri, rôle coupé au montage ?) – 1982  Surprise party (Roger Vadim , rôle coupé au montage ?) – La baraka (notifié « Aimé Prado » dans sa filmographie officielle) (Jean Valère) – 1988  La couleur du vent (Pierre Granier-Deferre) – 1989   Il gèle en enfer (Jean-Pierre Mocky, rôle coupé au montage ?).

Nota : crédité au générique, avec Henri Attal,  de « À nous quatre, Cardinal ! » (André Hunebelle, 1973), ils n’apparaissent pas dans ce second volet des « Quatre Charlots mousquetaires ».

 

 

 

Dominique Zardi dans « Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire »

Télévision(notamment) : 1953  Amédée et les hommes en rang (Jean-Claude Carrère, sous réserves) – 1963  Le scieur de longs (Marcel Bluwal) – 1964  L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – 1965  La famille Green (Abder Isker) – Docteur Grunel (Éric Le Hung) – Frédéric le guardian (Jacques R. Villa) – 1966  Antony (Jean Kerchbron) – La trompette de la Bérésina (Jean-Paul Carrère) – 1967 L’amateur / S.O.S. Fernand : Le coup de fil – Docteur Gundel (Éric Le Hung) – Pichi-Poï ou la parole donnée (François Billetdoux) – Vidocq :  L’auberge de la mère tranquille (Marcel Bluwal) – Malican père et fils : (épisode ?) –  Max le débonnaire : Le point d’honneur (Jacques Deray) – Jean de la Tour Miracle (Jean-Paul Carrère) – Lagardère : Les noces du bossu (Jean-Pierre Decourt) (1) – 1968  La boniface (Pierre Cardinal) – 1969  L’invité du dimanche : Claude Chabrol (Roger Kahane) – 1971  Les coups (Jacques Lefebvre) – Madame êtes vous libre ? (Jean-Paul Le Chanois) – 1972  Les misérables (Marcel Bluwal) – 1973  La ligne de démarcation : Guillaume (Jacques Ertaud) – Les nouvelles aventures de Vidocq : Les deux colonels (Victor Vicas) – 1974  Histoires insolites : Une invitation à la chasse (Claude Chabrol) – Les brigades du tigre : Ce siècle avait sept ans (Victor Vicas) – 1975  Jo Gaillard : Cargaison dangereuse (Christian-Jaque) –  Adieu Amédée (Jean-Paul Carrère) – 1976  Les brigades du tigre : L’homme à la casquette (Victor Vicas) – 1977  Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Richelieu (Jean-Pierre Decourt) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Au rendez-vous des Terre-Neuvas (Jean-Paul Sassy) – 1978  Claudine s’en va (Édouard Molinaro) – Il était un musicien : Monsieur Litz (Claude Chabrol) – 1979  Histoires insolites : Une dernière fois Catherine (Pierre Grimblat) – Le journal (Philippe Lefebvre) – Staline-Trotsky : Le pouvoir et la révolution (Yves Ciampi) – Fantômas : L’échafaud magique (Claude Chabrol) – 1980  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’affaire Saint-Fiacre (Jean-Paul Sassy, + chanson du film) – Les dossiers de l’écran : Le grand fossé (Yves Ciampi) – Jean Jaurès : vie et mort d’un socialiste (Ange Casta) – Arsène Lupin joue et perd (Alexandre Astruc) – 1981  Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – Histoires extraordinaires : Le scarabée d’or (Maurice Ronet) – L’atterrissage (Éric Le Hung) – 1982  Démobilisation générale (Hervé Bromberger) – 1983  Médecins de nuit : Jo Formose (Stéphane Bertin) – La veuve veuve rouge (Édouard Molinaro) – Thérèse Humbert (Marcel Bluwal) – 1984  L’âge vermeil (Roger Kahane) – 1985  Music Hall (Marcel Bluwal) – 1986  Maguy : Aux armes mitoyens (Ariane Ardiani, CM) – 1988  Marc et Sophie : Agents très spéciaux (Georges Bensoussan, CM) – Tourbillons (Josée Dayan, mini-série) – À corps et à cris (Josée Dayan) – 1989  Les deux frères (Roger Kahane) – La goutte d’or (Marcel Bluwal) – 1991  Le gang des tractions : Le dernier round (Josée Dayan) – Myster Mocky : La méthode Barnol (Jean-Pierre Mocky, CM) (diffusé en 2007 par « 13ème rue » dans la collection « Mister Mocky présente… d’après les nouvelles d’Alfred Hitchcock) – 1992  Aldo tout risque : Direct au cœur (Claude Vital) – Tout ou presque (Claude Vital) – 1994  Tribunal : Terrain glissant (George Bensoussan, CM) – 1995  La rivière espérance (Josée Dayan) – La dernière fête (Pierre Granier-Deferre) – 1996  La nouvelle tribu (Roger Vadim) – 2000  Les misérables (Josée Dayan) – 2002  Michel Audiard et le mystère du triangle des Bermudes (François-Régis Jeanne & Stéphane Roux, documentaire DVD) – 2006  Mocky circus (Emmanuel Barnault, documentaire) – 2008  Myster Mocky présente : Dans le lac (Jean-Pierre Mocky, CM) – Myster Mocky présente : Témoins de choix (Jean-Pierre  Mocky, CM) – 2009  Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire (Jean-Pierre Mocky, CM).

(1) il n’apparaît pas dans la version cinéma de la série, présenté en 1968, en deux parties sous le titre « Les aventures de Lagardère »

Mise à jour du 14/10/2009

Fragments d’un dictionnaire amoureux : François Toumarkine

François Toumarkine « soigné » par Jean-Pierre Mocky pour « Les ballets écarlates »

Je tente une nouvelle rubrique, sorte de laboratoire pour une série de portraits concernant des nouveaux « excentriques du cinéma français » selon l’expression heureuse d’Olivier Barrot et Raymond Chirat. Le titre « Fragments d’un dictionnaire amoureux » provient des « Cahiers du cinéma » à l’occasion d’un numéro spécial Acteurs.

François Toumarkine :

Ce Deschiens émérite fait souvent preuve de grandeur, de drôlerie, tout en pouvant changer de registre en une fraction de seconde. Outre les diffusions télévisées de ces programmes devenus cultissimes, il participe sur les planches aux spectacles de Jérôme Deschamps & Macha Makeïeff (« Les précieuses ridicules », « Le lapin chasseur », Molière du meilleur spectacle comique 1989). Il entre très vite dans le « Mocky circus » .  Dans l’un des ses premiers rôles, dans « Litan ou la cité des spectres verts », il amène un climat burlesque à un rôle particulièrement inquiétant de loubard au couteau, courant comme un dératé après Marie-José Nat. Il est aussi un clochard slave qui dissuade Michel Serrault de se suicider dans « Bonsoir » de Jean-Pierre Mocky. On l’imagine aisément transfuge d’un film des années 30, marqué par un certain « réalisme politique ». C’est l’humanité qui se dégage le plus dans son jeu, tel son personnage de Manu, un poil simplet dans « La discrète » aux côtés de Fabrice Luchini. Il est le souffre-douleur de Serge Riaboukine, un de ses rôles le plus touchant.  Il retrouve Luchini, dans « Jean-Philippe » en 2006, où il campe un clochard compatissant, qui réconforte le personnage de Fabrice, bouleversé de se retrouver dans une dimension fantastique. Ce dernier est d’ailleurs trop pris par son problème, pour être en empathie avec la misère de son compagnon d’infortune. Dans le supplément DVD de « Grégoire Moulin contre l’humanité » (film à réévaluer absolument), il est un badaud toisant Artus de Penguern, déguisé en Adolf Hitler. Il reconnaît son personnage en le prenant pour une vague célébrité TV, suit un dialogue de sourd surréaliste.

Il est à l’aise dans la drôlerie ou le picaresque (« Saint-Germain ou la négociation »), il devient l’instrument tragique du destin en frère de Line Renaud dans le superbe « Suzie Berton » en doux dingue qui ne vit que pour les sorties avec sa sœur pour aller voir les films de « Bruce Lee », un rôle proche du personnage de Radek du roman de Georges Simenon « La tête d’un homme ». En 2004, on le retrouve digne du cinéma expressionniste muet allemand dans « Rois et reine » où dans le rôle d’un infirmier nommé « Prospero » il forme un tandem étonnant avec son comparse au patronyme shakespearien également : Caliban, joué par Miglen Mirtchev, ce qui semble présager une  » tempête sous crâne », alors qu’ils viennent chercher Mathieu Amalric, en vue de l’hospitaliser dans un asile psychiatrique. Il est censé rassurer son patient, mais en une fraction de secondes, son regard halluciné développe une hystérie inattendue. Blessé par Amalric, il fulmine dans son coin, refusant de lui prêter son portable, pour finalement assister à une séance d’enregistrement avec un regard protecteur. S’il impressionne par sa haute stature, 1m84, il se révèle souvent touchant. C’est l’exemple typique du comédien, qui fait « mouche » à la moindre des ses apparitions. Il est irrésistible dans « Les ambitieux » de Catherine Corsini, quand il défonce la porte de toilettes, où se retrouve enfermé Éric Caravaca, pris de panique en raison de sa claustrophobie. Il faut voir Toumarkine s’acquitter de cette tâche en râlant, tout en disant « ce n’est pas parce que je suis gros, que je suis Ben Hur !… » Il reste fidèle à l’univers Mockyien, des « Ballets écarlates » où il compose un père immonde qui vend son fils à un pédophile à la série « Myster Mocky présente » à la télévision sur « 13ème rue ». Dans « Tellement proches » il est l’archétype du voisin hargneux dérangé par une fête juive, mais le bougre finit tout de même par s’humaniser et y participer. François Toumarkine est un des comédiens français les plus attachants.

Filmographie : 1981  Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky) – Elle voit des nains partout (Jean-Claude Sussfeld) – 1982  Le polar (Jacques Bral) – Le petite bande (Michel Deville)  –  À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky) – 1985  Le pactole (Jean-Pierre Mocky) – La machine à découdre (Jean-Pierre Mocky) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – 1987  Vent de panique (Bernard Stora) – Meutres (+ réalisation, CM) –  1988  Le crime d’Antoine (Marc Rivière) – Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – Drôle d’endroit pour une rencontre (François Dupeyron) –  Un père et passe (Sébastien Grall) –  1989  J’aurais jamais dû croiser son regard (Jean-Marc Longval) –  1990  La discrète (Christian Vincent) – Toto le héros (Jaco Van Dormael) – 1991  Cauchemar blanc (Mathieu Kassovitz, CM) – Mocky Story (Jean-Pierre Mocky) –  1992  Un été sans histoires (Philippe Harel, moyen-métrage) – Métisse (Mathieu Kassovitz) –  Zoé la boxeuse (Karim Dridi, CM) – Carlota (Joseph Morder, CM) – Le mari de Léon (Jean-Pierre Mocky) – Cible émouvante (Pierre Salvadori) – 1993  La vengeance d’une blonde (Jeannot Szwarc) – Loin des barbares (Liria Bégeja) – Le péril jeune (Cédric Klapisch) – Dressing room (Jean-Pierre Pozzi, CM) –  Regarde les hommes tomber (Jacques Audiard) –  1994  La haine (Peter Kassovitz) –  1995  Black Dju, vos papiers (Pol Cruchten) –  Le cri de la soie (Yvon Marciano) –  Paul et Virginie ou la clef du paradis (Maurice Cora Arama, CM)  –  Hercule et Sherlock (Jeannot Szwarc) –  La belle verte (Coline Serreau) – Le nez au vent / La nuit des cerfs-volants (Dominique Guerrier, CM) – 1996  Demain, dès l’aube (Stéphane Subiela, CM) – 1997  La mort du chinois (Jean-Louis Benoît) –  2000  Grégoire Moulin contre l’humanité (Artus de Penguern) – 2001  Sexy boy (Stéphane Kanzandjian) – Les araignées de la nuit (Jean-Pierre Mocky) – Monsieur Ibrahim et les fleurs du coran (François Dupeyron) – 2003  Conflit de canards (Paul Saintillan,court-métrage) –  2004  Rois et reine (Arnaud Desplechin) – Les amants réguliers (Philippe Garrel) – Touristes ? oh yes ! (Jean-Pierre Mocky) – Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky) – Grabuge (Jean-Pierre Mocky) 2005  Cauchemar du promeneur solitaire (Paul Saintillan, CM) – Ces jours heureux (Éric Tolédano & Olivier Nakache) – Jean Philippe (Laurent Tuel) – 2006  Les ambitieux (Catherine Corsini) – Molière (Laurent Tirard) – 2007  Le perroquet bleu (Jacques Rozier, inédit) – 2008  Ich Bombe (David Klein, CM) – Tellement proches (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Rumeurs, commérages, on dit que (Ingrid Lanzenberg, CM) – Bas-fonds (Isild Le Besco) – 2009  Célulloïd gangster (Hugo Pivois, CM) – Une semaine sur deux (et la moité des vacances scolaires) (Ivan Calderac) – 2010  Crédit pour tous (Jean-Pierre Mocky) – 2012  Le dernier rôle de Jacques Serres (Francois Goetghebeur et Nicolas Lebrun, CM).

Voxographie  : 2008  La véritable histoire du chat botté (Pascal Hérold, Jérôme Deschamps & Macha Makeïeff).

Télévision (notamment) : 1992  L’affaire Deschamps (Philippe Lallemant, documentaire) – 1994  Ferbac : Le carnaval des ténèbres (Sylvain Madigan) – 1995  Julie Lescaut : Recours en grâce (Joyce Buñuel) – 1996  Les cinq dernières minutes : Le quincailler amoureux (Jean Marboeuf) – 1997  Entre terre et mer (Hervé Baslé) – 1998  Marie Fransson : Un silence si lourd (Jean-Pierre Prévost) – 1999  P.J : Tango (Gérard Vergez) – Marie Fransson : Positif (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marie Fransson : S’il vous plaît (Christian Spiero) – Un flic nommé Lecoeur : Dans le béton (Alain Tasma) – 2001  Marie Fransson : Bonne chance, maman (Christiane Spiero) – 2003  Saint Germain ou la négociation (Gérard Corbiau) – 2004  Suzie Berton (Bernard Stora) – 2005  Allons petits enfants (Thierry Binisti) – La légende vraie de la Tour Eiffel (Simon Brook) – 2007  Rendez-moi justice (Denys Granier-Deferre) – Myster Mocky présente : Cellule insonorisée (Jean-Pierre Mocky) – 2009  Les petits meurtres d’Agatha Christie : Les meutres ABC (Éric Woreth) – Kaamelott – Livre VI (Alexandre Astier) – Le Bruno Vaigasse show (Gaël Malry) – Au siècle de Maupassant – Contes et nouvelles du XIXème siècle : L’affaire Blaireau (Jacques Santamaria) – Colère (Jean-Pierre Mocky) – 2012  La croisière : Les bons parents (Pascal Lahmani).