Annonce de la mort d’Alida Valli. Cette fille, née en 1921 du baron autrichien Gino Von Altenburger, ancien professeur de philosophie à l’université de Varsovie. Inscrite au centre expérimental de la Cinématographie crée par Mussolini. Elle passe un contrat en 1936 avec Italciné, pour quelques films à la mode des « téléfoni bianchi », mélodrames à la mode en Italie, notamment avec « le roi du mélo » Raffaello Matzrazzo. Cette fille du baron autrichien Gino Von Altenburger, ancien professeur de philosophie à l’université de Varsovie. Elle épouse en 1944, le compositeur Oscar de Mejo, avec lequel elle eut un fils, Carlos, comédien également. Elle s’éloigne de l’idéologie fasciste, en participant au film « We the living » composé en deux parties « »Noi vivi » et « Addio Kira » en 1944. Elle finit par céder aux propositions de David O. Selznik, en participant au dernier film d’Alfred Hitchcock sous le contrat de ce magnat exigent. Le grand réalisateur enfin libéré de ce joug étouffant, arrive à imposer sa marque avec le « Procès Paradine » (1947), où Alida Valli compose une suspecte de meurtre à la fois sensuelle et énigmatique. Elle est éblouissante alors que son partenaire Gregory Peck est assez improbable il faut bien le dire, en avocat anglais grisonnant, qui tombe amoureux de la belle, et finit par perdre sa clairvoyance. Son autre partenaire Charles Laughton, qui livrait une superbe composition de juge cynique, » la désignait comme un « stradivarius dans un bas nylon », comme le rappelait « Ciné-Revue ». Sa participation au mythique « Troisième homme », grand classique de Carol Reed, parachève de lui donner une opportunité d’une carrière internationale guidée par un grand éclectisme. Elle trouve sans doute son plus beau rôle dans le sublime « Senso » de Luchino Visconti, face à Farley Granger en 1954, dans le rôle de la comtesse Livia Serpieri, en femme jalouse et mortifiée par un amour trop intense. Elle est aussi la maîtresse d’un homme assassiné par un fasciste dans « La stratégie de l’araignée » chez Bernardo Bertolucci, en 1969, rediffusé il y a peu au « Cinéma de minuit » sur France 3 – elle devait le retrouver dans « La luna » et « 1900 » , une femme abandonnée dans « Le cri » (Michelangelo Antonioni, 1957), la mère soupçonnée par son fils d’avoir tué son père dans le méconnu « Ophélia » (Claude Chabrol, 1961), elle est Mérope dans « Œdipe roi » chez Pasolini en 1967. On se souvient aussi de sa composition sensible dans « Une aussi longue absence » (Henri Colpi, 1960), où elle retrouvait avec grand émotion Georges Wilson, son ancien amour perdu devenu amnésique. Autre prestation mémorable en France dans le chef d’œuvre de Georges Franju, « Les yeux sans visage », elle était l’étonnante assistante du docteur Genessier, campé par un magistral Pierre Brasseur. Elle devait d’ailleurs souvent participer à des films d’horreurs ou fantastique jusqu’à « La semena santa », film assez laborieux, sorti en 2002 en France, où elle était parfaite en vieille dame indigne, elle conservait une forte présence, mais dans ce rôle furtif. Il est vrai que même dans des films mineurs comme dans cette comédie d’humour noir « À notre regrettable époux » face à Jacques Dufilho et Jacqueline Maillan, elle arrivait toujours à tirer son épingle du jeu. On se souvient aussi de sa composition de professeur de danse revêche, claquant des talons et terrifiant les élèves danseurs dans « Suspiria », l’un des meilleurs films du réalisateur Italien Dario Argento. Elle avait également eu une grande carrière au théâtre à son actif. Elle est morte le matin du 22 avril 2006, et gardera toujours une place particulière dans le cœur des cinéphiles, par son subtil mélange de grâce et d’autorité, tout en gardant une grande fidélité à un cinéma contestataire. Elle avait reçu en 1997, un Lion d’or d’honneur au festival de Venise, pour l’ensemble de sa carrière. A son sujet on peut retrouver un excellent site alidavalli.net, dont des pages sont disponibles en français.
Bibliographie « Dizionario del cinema italiano – Le attrici » par Enrico Lancia et Roberto Poppi, (Gremese Editore)
Filmographie :
1934 Il cappello a tre punte (Le tricorne) (Mario Camerini) – 1936 I due sergenti (Les deux sergents) (Enrico Guazzoni) – L’utima nemica (Umberto Barbaro) – Sono stato io ! (Raffaello Matarazzo) – 1937 Il feroce saladino (Le féroce Saladin) (Mario Bonnard) – 1938 Mille lire al mese (Mille lires par mois) (Max Neufeld) – Ma l’amore mio non muore (Giuseppe Amato) – L’ha fatto una signora (Mario Mattoli) – 1939 La casa del peccato (La maison du péché) (Max Neufeld) – Ballo al castello (Bal au château) (Max Neufeld) – Assenza ingiustificata (Absence injustifiée) (Max Neufeld) – Taverna rossa (Max Neufeld) – La prima donna che passa (Max Neufeld) – La prima donna che passa (Max Neufeld) – 1940 Oltre l’amore (Plus fort que l’amour) (Carmine Gallone) – Manon Lescaut (Carmine Gallone) – Luce nelle tenebre (Lumière dans les ténèbres) (Mario Mattoli) – Piccolo mondo antico (Le mariage de minuit) (Mario Soldati) – 1941 L’amante segreta / Troppo bella (L’amant secret) (Carmine Gallone) – Catene invisibili (Chaînes invisibles) (Mario Mattoli) – Ore 9 lezione di chimica (Leçon de chimie à neuf heures / Scandale au pensionnat) (Mario Mattoli) – 1942 Noi vivi / Addio Kira ! (We the living) (Goffredo Alessandrini) – Strasera niente di nuova (Ce soir, rien de nouveau) (Mario Mattoli) – Le due orfanelle (Les deux orphelines) (Carmine Gallone) – 1943 Pagliacci / Bajazzo / I pagliacci (Tragique destin) (Giuseppe Fatigati) – Apparizione (Apparition) (Jean de Limur) – Circo equestre za-bum [épisode « Il postino »] (Mario Mattoli) – 1944 T’amerò sempre (Je t’aimerai toujours) (Mario Camerini) – La vita ricomincia (La vie recommence) (Mario Soldati) – 1945 Il canto della vita (Le chant de la vie) (Carmine Gallone) – 1946 Eugenia Grandet (Eugènie Grandet) (Mario Soldati) – 1947 The Paradine case (Le procès Paradine) (Alfred Hitchcock) – 1948 The miracle of the bells (Le miracle des cloches) (Irving Pichel) – 1949 The third man (Le troisième homme) (Carol Reed) – Walk softly, stranger (L’étranger dans la cité ) (Robert Stevenson) – 1950 The white tower (La tour blanche) (Ted Tetzlaff) – Les miracles n’ont lieu qu’une fois (Yves Allégret) – 1951 L’ultimo incontro (Dernier rendez-vous (Gianni Franciolini) – El tirano de Toledo / Gli amanti di Toledo/ Lovers of Toledo (Les amants de Tolède) (Henri Decoin & Fernando Palacios) – 1952 La mano dello straniero (Rapt à Venise) (Mario Soldati) – Il mondo le condanna (Les anges déchus) (Gianni Franciolini) – 1953 C’era una volta Angelo Mosco (Giorgio Walter Chili) – Siamo donne (Nous les femmes) [épisode « Alida Valli »] (Gianni Franciolini) – 1954 Senso (Luchino Visconti) – 1955 Il grido (Le cri (Michelangelo Antonioni) – 1956 Barrage contre le Pacifique (René Clément) – L’amore più bello / L’uomo dai calzoni corti / Tal vez mañana (Glauco Pellegrini) – 1957 Les bijoutiers du clair de lune (Roger Vadim) – La grande strada azzura / Die große blaue straße (Un dénommé Squarcio) (Gillo Pontecorvo) – 1959 Les yeux sans visage (Georges Franju) – Signé Arsène Lupin (Yves Robert) – Le dialogue des carmélites (Raymond Leopold Bruckberger & Philippe Agostini) – Il peccato degli anni verdi / L’assegno (Leopoldo Trieste) – 1960 Le gigolo (Jacques Deray) – Une aussi longue absence (Henri Colpi) – Treno di natale (Raffaello Matarazzo) – 1961 La fille du torrent (Hans Herwig) – The happy thieves (Les joyeux voleurs) (Georges Marshall) – Ophélia (Claude Chabrol) – 1962 Il disordine (Le désordre) (Franco Brusati) – The Castillan / El valle de las espadas / Valley of the swords) (Le Castillan / La vallée des épées) (Javier Setó ) – Homenaje al la hora de la siesta (Quatre femmes pour un héros) (Leopoldo Torre Nilsson) – Al otro lado de la ciudad (Alfonso Balcázar) – 1963 El hombre de papel (Ismael Rodríguez) – L’autre femme (François Villiers) – 1964 Umorismo in nero (Humour noir) [épisode « « La cornacchia » / « La corneille »] (Giancarlo Zagni) – The getaway face ( Barry Marshall) – 1967 Edipo re (Œdipe roi) (Pier Paolo Pasolini) – 1968 Amore in tutte le sue espressioni (réalisation seulement, documentaire) – 1969 La strategia del ragno (La stratégie de l’araignée) (Bernardo Bertolucci) – Concerto per pistola solista (Michele Lupo) – 1969 Le champignon (Marc Simenon) – 1971 L’occhio nelle labirinto (Mario Caiano) – La prima notte di quiete (Le professeur) (Valerio Zurlini) – La casa dell’esorcismo / The devil and the dead / The devil in the house of exorcism / El diavolo se lleva a los muestros / Il diavolo e i morti (La maison de l’exorcisme / Lisa et le diable) (Mario Bava) – Diaro di un italiano (Sergio Capogna) 1973 No es nada, mamá, sólo un juego (Vidéo : Le pervers) (José Maria Forqué ) – 1974 La chair de l’orchidée (Patrice Chéreau) – L’antecristo (L’Antéchrist / Le baiser de Satan) (Alberto de Martino) – La grande trouille / Tendre dracuma (Pierre Grunstein) – Ce cher Victor (Robin Davis) – 1974/75 Novecento (1900) (Bernardo Bertolucci) – 1975 Bertolucci secondo il cinema (Gianni Amelio, documentaire) – Il caso Raoul ( Maurizio Ponzi) – 1976 Le jeu du solitaire (Jean-François Adam) – The Cassandra crossing (Le pont de Cassandra) (George Pan Cosmatos) – Suspiria (Id) (Dario Argento) – 1977 Un cuore semplice (Giorgio Ferrara) – Porco mondo (Sergio Bergonzelli) – Berlinguer, ti voglio bene de Giuseppe Bertolucci) – Zoo zéro (Alain Fleischer) – 1978 Suor omicidi (Giulio Berruti) – Indagine su un delitto perfetto / The perfect crime (Giuseppe Rosati) – 1979 La luna (Id) (Bernardo Bertolucci) – Aquella casa en las afueras (Eugenio Martín) – Inferno (Id) (Dario Argento) – 1980 Oggetti smarriti (Giuseppe Bertolucci) – Une saison de paix à Paris / Sezona mira u Pariju) (Petrag Golubovic) – 1981 La caduta degli angeli ribelli (Marco Tullio Giordana) – Aspern (Eduardo de Gregorio) – 1982 Sogni mostruosamente proibiti (Neri Parenti) – 1984 Segreti, segreti (Giuseppe Bertolucci) – 1985 Hitchcock : Il brivido del genio / The thrilll of genius ( Francesco Bortolini & Claudio Masenda) – 1986 Le jupon rouge (Geneviève Lefebvre) – 1987 À notre regrettable époux (Serge Korber) – 1990 Zitti e Mosca (Alessandro Benvenuti) – 1991 La bocca (Luca Verdone & Mara Bronzoni) – 1992 Il lungo silenzio (Margarethe von Troffa) – Bugie rosso (Pierfrancesco Campanella) – 1993 Fatal frames / Fotogrammi mortali (Al Festa) – A mounth by the lake (Romance sur le lac) (John Irving) – 1998 Il dolce rumore della vita (Giuseppe Bertolucci) – L’amore probabilmente (L’amour probablement) (Giuseppe Bertolucci) – 2001 Semana Santa (Id) (Pepe Danquart).