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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Alida Valli

Annonce de la mort d’Alida Valli. Cette fille, née en 1921 du baron autrichien Gino Von Altenburger, ancien professeur de philosophie à l’université de Varsovie. Inscrite au centre expérimental de la Cinématographie crée par Mussolini. Elle passe un contrat en 1936 avec Italciné, pour quelques films à la mode des « téléfoni bianchi », mélodrames à la mode en Italie, notamment avec « le roi du mélo » Raffaello Matzrazzo. Cette fille du baron autrichien Gino Von Altenburger, ancien professeur de philosophie à l’université de Varsovie. Elle épouse en 1944, le compositeur Oscar de Mejo, avec lequel elle eut un fils,  Carlos, comédien également.  Elle s’éloigne de l’idéologie fasciste, en participant au film « We the living » composé en deux parties «  »Noi vivi » et « Addio Kira » en 1944. Elle finit par céder aux propositions de David O. Selznik, en participant au dernier film d’Alfred Hitchcock sous le contrat de ce magnat exigent. Le grand réalisateur enfin libéré de ce joug étouffant, arrive à imposer sa marque avec le « Procès Paradine » (1947), où Alida Valli compose une suspecte de meurtre à la fois sensuelle et énigmatique. Elle est éblouissante alors que son partenaire Gregory Peck est assez improbable il faut bien le dire, en avocat anglais grisonnant, qui tombe amoureux de la belle, et finit par perdre sa clairvoyance. Son autre partenaire Charles Laughton, qui livrait une superbe composition de juge cynique,  » la désignait comme un « stradivarius dans un bas nylon », comme le rappelait « Ciné-Revue ». Sa participation au mythique « Troisième homme », grand classique de Carol Reed, parachève de lui donner une opportunité d’une carrière internationale guidée par un grand éclectisme. Elle trouve sans doute son plus beau rôle dans le sublime « Senso » de Luchino Visconti, face à Farley Granger en 1954, dans le rôle de la comtesse Livia Serpieri, en femme jalouse et mortifiée par un amour trop intense. Elle est aussi la maîtresse d’un homme assassiné par un fasciste dans « La stratégie de l’araignée » chez Bernardo Bertolucci, en 1969, rediffusé il y a peu au « Cinéma de minuit » sur France 3 – elle devait le retrouver dans « La luna » et « 1900 » , une femme abandonnée dans « Le cri » (Michelangelo Antonioni, 1957), la mère soupçonnée par son fils d’avoir tué son père dans le méconnu « Ophélia » (Claude Chabrol, 1961), elle est Mérope dans « Œdipe roi » chez Pasolini en 1967. On se souvient aussi de sa composition sensible dans « Une aussi longue absence » (Henri Colpi, 1960), où elle retrouvait avec grand émotion Georges Wilson, son ancien amour perdu devenu amnésique. Autre prestation mémorable en France dans le chef d’œuvre de Georges Franju, « Les yeux sans visage », elle était l’étonnante assistante du docteur Genessier, campé par un magistral Pierre Brasseur. Elle devait d’ailleurs souvent participer à des films d’horreurs ou fantastique jusqu’à « La semena santa », film assez laborieux, sorti en 2002 en France, où elle était parfaite en vieille dame indigne, elle conservait une forte présence, mais dans ce rôle furtif. Il est vrai que même dans des films mineurs comme dans cette comédie d’humour noir « À notre regrettable époux » face à Jacques Dufilho et Jacqueline Maillan, elle arrivait toujours à tirer son épingle du jeu. On se souvient aussi de sa composition de professeur de danse revêche, claquant des talons et terrifiant les élèves danseurs dans « Suspiria », l’un des meilleurs films du réalisateur Italien Dario Argento. Elle avait également eu une grande carrière au théâtre à son actif.  Elle est morte le matin du 22 avril 2006, et gardera toujours une place particulière dans le cœur des cinéphiles, par son subtil mélange de grâce et d’autorité, tout en gardant une grande fidélité à un cinéma contestataire. Elle avait reçu en 1997, un Lion d’or d’honneur au festival de Venise, pour l’ensemble de sa carrière. A son sujet on peut retrouver un excellent site alidavalli.net, dont des pages sont disponibles en français.

Bibliographie « Dizionario del cinema italiano – Le attrici » par Enrico Lancia et Roberto Poppi, (Gremese Editore)

Filmographie :

1934  Il cappello a tre punte (Le tricorne) (Mario Camerini) – 1936  I due sergenti (Les deux sergents) (Enrico Guazzoni) – L’utima nemica (Umberto Barbaro) – Sono stato io ! (Raffaello Matarazzo) – 1937  Il feroce saladino (Le féroce Saladin) (Mario Bonnard)  – 1938  Mille lire al mese (Mille lires par mois) (Max Neufeld) – Ma l’amore mio non muore (Giuseppe Amato) – L’ha fatto una signora (Mario Mattoli) – 1939  La casa del peccato (La maison du péché) (Max Neufeld) – Ballo al castello (Bal au château) (Max Neufeld) – Assenza ingiustificata (Absence injustifiée) (Max Neufeld) – Taverna rossa (Max Neufeld) – La prima donna che passa (Max Neufeld) – La prima donna che passa (Max Neufeld) – 1940  Oltre l’amore (Plus fort que l’amour) (Carmine Gallone) – Manon Lescaut (Carmine Gallone) – Luce nelle tenebre (Lumière dans les ténèbres) (Mario Mattoli) – Piccolo mondo antico (Le mariage de minuit) (Mario Soldati) – 1941  L’amante segreta / Troppo bella (L’amant secret) (Carmine Gallone) – Catene invisibili (Chaînes invisibles) (Mario Mattoli) – Ore 9 lezione di chimica (Leçon de chimie à neuf heures / Scandale au pensionnat) (Mario Mattoli) – 1942  Noi vivi / Addio Kira ! (We the living) (Goffredo Alessandrini) – Strasera niente di  nuova (Ce soir, rien de nouveau) (Mario Mattoli) – Le due orfanelle (Les deux orphelines) (Carmine Gallone) – 1943  Pagliacci / Bajazzo / I pagliacci (Tragique destin) (Giuseppe Fatigati) – Apparizione (Apparition) (Jean de Limur) – Circo equestre za-bum [épisode « Il postino »] (Mario Mattoli) – 1944  T’amerò sempre (Je t’aimerai toujours) (Mario Camerini) – La vita ricomincia (La vie recommence) (Mario Soldati) – 1945  Il canto della vita (Le chant de la vie) (Carmine Gallone) – 1946  Eugenia Grandet (Eugènie Grandet) (Mario Soldati) – 1947  The Paradine case (Le procès Paradine) (Alfred Hitchcock) – 1948  The miracle of the bells (Le miracle des cloches) (Irving Pichel) – 1949  The third man (Le troisième homme) (Carol Reed) – Walk softly, stranger (L’étranger dans la cité ) (Robert Stevenson) – 1950  The white tower (La tour blanche) (Ted Tetzlaff) – Les miracles n’ont lieu qu’une fois (Yves Allégret) – 1951  L’ultimo incontro (Dernier rendez-vous (Gianni Franciolini) – El  tirano de Toledo / Gli amanti di Toledo/ Lovers of Toledo (Les amants de Tolède) (Henri Decoin & Fernando Palacios) – 1952  La mano dello straniero (Rapt à Venise) (Mario Soldati) – Il mondo le condanna (Les anges déchus) (Gianni Franciolini) – 1953  C’era una volta Angelo Mosco (Giorgio Walter Chili) – Siamo donne (Nous  les  femmes) [épisode « Alida Valli »] (Gianni Franciolini) – 1954  Senso (Luchino Visconti) – 1955  Il grido (Le cri (Michelangelo Antonioni) – 1956 Barrage contre le Pacifique (René Clément) – L’amore più bello / L’uomo dai calzoni corti / Tal vez mañana (Glauco Pellegrini) – 1957  Les bijoutiers du clair de lune (Roger Vadim) – La grande strada azzura / Die große blaue straße (Un dénommé Squarcio) (Gillo Pontecorvo) – 1959  Les yeux sans visage (Georges Franju) – Signé Arsène Lupin (Yves Robert) – Le dialogue des carmélites (Raymond Leopold Bruckberger & Philippe Agostini) – Il peccato degli anni verdi / L’assegno (Leopoldo Trieste) – 1960  Le gigolo (Jacques Deray) – Une aussi longue absence (Henri Colpi) – Treno di natale (Raffaello Matarazzo) – 1961  La fille du torrent (Hans Herwig) – The happy thieves (Les joyeux voleurs) (Georges Marshall) – Ophélia (Claude Chabrol) – 1962  Il disordine (Le désordre) (Franco Brusati) –  The Castillan /  El  valle  de  las  espadas / Valley  of the swords) (Le Castillan / La vallée des épées) (Javier Setó ) – Homenaje al la hora de la siesta (Quatre femmes pour un héros) (Leopoldo Torre Nilsson) – Al otro lado de la ciudad (Alfonso Balcázar) – 1963  El hombre de papel (Ismael Rodríguez) – L’autre femme (François Villiers) – 1964  Umorismo in nero (Humour noir) [épisode « « La cornacchia » / « La corneille »] (Giancarlo Zagni) – The getaway face ( Barry Marshall) – 1967  Edipo re (Œdipe roi) (Pier Paolo Pasolini) – 1968  Amore in tutte le sue espressioni (réalisation seulement, documentaire) – 1969  La strategia del ragno (La stratégie de l’araignée) (Bernardo Bertolucci) – Concerto per pistola solista (Michele Lupo) – 1969  Le champignon (Marc Simenon) – 1971  L’occhio nelle labirinto (Mario Caiano) – La prima notte di quiete (Le professeur) (Valerio Zurlini) – La  casa dell’esorcismo / The  devil  and  the dead / The devil in the house of exorcism / El diavolo se lleva a los  muestros / Il diavolo e i morti (La maison de l’exorcisme / Lisa et le diable) (Mario Bava) – Diaro di un italiano (Sergio Capogna) 1973  No es nada, mamá, sólo un juego (Vidéo : Le pervers) (José Maria Forqué ) – 1974  La chair de l’orchidée (Patrice Chéreau) – L’antecristo (L’Antéchrist / Le baiser  de  Satan) (Alberto de Martino) – La grande trouille / Tendre dracuma (Pierre Grunstein) – Ce cher Victor (Robin Davis) – 1974/75 Novecento (1900) (Bernardo Bertolucci) – 1975  Bertolucci secondo il cinema (Gianni Amelio, documentaire) – Il caso Raoul ( Maurizio Ponzi) – 1976  Le jeu du solitaire (Jean-François Adam) – The Cassandra crossing (Le pont de Cassandra) (George Pan Cosmatos) –   Suspiria (Id) (Dario Argento) – 1977  Un cuore semplice (Giorgio Ferrara) – Porco mondo (Sergio Bergonzelli) – Berlinguer, ti voglio bene de Giuseppe Bertolucci) – Zoo zéro (Alain Fleischer) – 1978  Suor omicidi (Giulio Berruti) – Indagine su un delitto perfetto / The perfect crime (Giuseppe Rosati) – 1979  La luna (Id) (Bernardo Bertolucci) – Aquella casa en las afueras (Eugenio Martín) – Inferno (Id) (Dario Argento) – 1980  Oggetti smarriti (Giuseppe Bertolucci) –  Une saison de paix à Paris  / Sezona mira u Pariju) (Petrag Golubovic) – 1981  La caduta degli angeli ribelli (Marco Tullio Giordana) – Aspern (Eduardo de Gregorio) – 1982 Sogni  mostruosamente proibiti (Neri Parenti) – 1984  Segreti, segreti (Giuseppe Bertolucci) – 1985  Hitchcock : Il  brivido del genio / The thrilll of  genius ( Francesco  Bortolini  & Claudio Masenda) – 1986  Le jupon rouge (Geneviève Lefebvre) – 1987  À notre regrettable époux (Serge Korber) – 1990  Zitti e Mosca (Alessandro Benvenuti) – 1991  La bocca (Luca Verdone & Mara Bronzoni) – 1992  Il lungo silenzio (Margarethe von Troffa) – Bugie rosso (Pierfrancesco Campanella) – 1993 Fatal frames / Fotogrammi mortali (Al Festa) – A mounth by the lake (Romance sur le lac) (John Irving) – 1998  Il dolce rumore della vita (Giuseppe Bertolucci) – L’amore probabilmente (L’amour probablement) (Giuseppe Bertolucci) – 2001  Semana Santa (Id) (Pepe Danquart).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Philippe Castelli

Philippe Castelli dans « Chut ! »

Annonce de la mort de Philippe Castelli, sa grande silhouette dégingandée, sa prononciation hésitante, l’incursion d’un corps comique lent, faisant souvent une pose dans un film au rythme trépidant, a fait de lui le second rôle idéal des comédies françaises, voire franchouillardes. Il avait pourtant débuté avec Claude Chabrol. On retient évidemment ses contributions radios et télévisées dans « Les grosses têtes » présentées par Philippe Bouvard, éternel souffre-douleur de l’ »odieux » Olivier de Kersauzon. Le cinéma l’utilisait souvent sur ce mode, tel l’inspecteur en retard, qui subit une engueulade d’anthologie de la part de Louis de Funès, dans « Fantômas se déchaîne » (1965). Mais le décalage était toujours au rendez-vous, il fallait l’entendre chanter au générique de « Ça va pas être triste » (Pierre Sisser, 1982), « Merde, merde, merde, y a que des emmerdes…, brouilles, brouilles, y a que des embrouilles ». Il avait souvent poussé la chansonnette, l’excellent Philippe Meyer le rappelait parfois en diffusant ses débuts au petit conservatoire de Mireille, sur France Inter et à la télévision dans « Le petit conservatoire de la chanson » des années 60 à 70. Il participe à 4 reprises, au bestiaire Mocky. Il fallait le voir en maître fromager vantant les différents goûts de fromages, avec beaucoup de condescendance face à l’improbable tandem Heinz Ruhmann – Fernandel ignares des subtilités gastronomiques (« La bourse et la vie », 1965). Il jouait dans « Chut ! » (1971) le double rôle d’un ministre, complotant et donnant rendez-vous à Michael Lonsdale, dans une gare, tout en se faisant passer pour un aveugle, avec des lunettes noires dont un des carreaux est cassé, et de son sosie un quidam mi-guindé, mi auvergnat. L’heure étant grave dans le film, suite à une escroquerie à l’épargne, il donne des ordres à son subordonné, en complotant tout en chantant et en jouant de l’accordéon ! C’est  un grand moment loufoque, nous faisant regretter une meilleure utilisation de sa folie à l’écran. On le retrouve essentiellement des années 60 à 80, dans de multiples emplois, décalé en garde en noir du Cardinal dans « Les quatre Charlots mousquetaire », et souvent en maîtres d’hôtel ou majordomes, dont le sérieux – ou l’ennui – est parfois malmené. Citons son rôle de concierge de l’hôtel Danieli, victime des guignolades belmondiennes dans « Le guignolo » (Lautner, 1978), ce dernier rentrant dans l’hôtel… en bateau. Il a été d’ailleurs l’un des acteurs fétiches de Georges Lautner, il fut le portier turc dans « Les barbouzes », le quidam trouillard, n’étant pas d’une grande aide à Mireille Darc dans un parking, dans « Les seins de glace » (1974), le buraliste ronchon dans « Mort d’un pourri » (1977).. On le retrouve stoïque face à Belmondo toujours dans « Flic ou voyou » (1978). Il est un examinateur au permis de conduire, ignorant qu’il couvre, malgré lui, sa fuite. Il le recale d’ailleurs, les cascades n’étant pas très réglementaires… De silhouettes à de simples apparitions, il savait souvent tirer son épingle du jeu. Ce type de comédiens nous manque beaucoup de nos jours.

Filmographie : établie avec Armel de Lorme : 1959  Les bonnes femmes (Claude Chabrol) – 1960  Les Godelureaux (Claude Chabrol) – 1961  À fleur de peau (Claude Bernard-Aubert) – Le caporal épinglé (Jean Renoir) –  Cartouche (Philippe de Broca) – 1962  Les bricoleurs (Jean Girault) – Landru (Claude Chabrol) – 1963  Carambolages (Marcel Bluwal) – La porteuse de pain (Maurice Cloche) – Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – Une ravissante idiote (Édouard Molinaro) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – Les durs à cuire ou comment supprimer son prochain sans perdre l’appétit (Jack Pinoteau) – 1964  Aimez-vous les femmes (Jean Léon) – Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – La grande frousse ou la cité de l’indicible peur (Jean-Pierre Mocky) – Fantômas (André Hunebelle) – Les barbouzes (Georges Lautner) – Patate (Robert Thomas) – Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Yoyo (Pierre Étaix) – 1965  Les bons vivants / Un grand seigneur [épisode « Les bons vivants »] (Georges Lautner) – Les enquiquineurs (Roland Quignon) – Quand passent les faisans (Édouard Molinaro) – Fantômas se déchaîne (André Hunebelle) – Galia (Georges Lautner) – La communale (Jean L’Hôte) – Pas de caviar pour tante Olga (Jean Becker) – Monnaie de singe (Yves Robert) – Ne nous fâchons pas (Georges Lautner) – Tant qu’on a la santé (Pierre Étaix) – La sentinelle endormie (Jean Dréville) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  The night of the generals (La nuit des généraux) (Anatole Litvak) – 1968  La grande lessive ! (Jean-Pierre Mocky) – 1969  La promesse de l’aube / Promise at dawn (Jules Dassin) – Borsalino (Jacques Deray) – 1970  Laisse aller… c’est une valse (Georges Lautner) – Doucement les basses (Jacques Deray) – 1971  Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – Le viager (Pierre Tchernia) – Chut ! / Pavane pour un crétin défunt (Jean-Pierre Mocky) – 1972  Quelques messieurs trop tranquilles (Georges Lautner) – Les volets clos (Jean-Claude Brialy) – La guerre des espions (Henri Boyer & Jean-Louis Van Belle) – 1973  Quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – Un amour de pluie (Jean-Claude Brialy) – 1974  Le bordel, 1ère époque (1900) (Jose Benazeraf) – Deux grandes filles dans un pyjama (Jean Girault) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – Les bidasses s’en vont-en guerre (Claude Zidi) – Borsalino and Co (Jacques Deray) – Les seins de glace (Georges Lautner) – Ce cher Victor (Robin Davis) -Soldat Duroc, ça va être te fête (Michel Gérard) – 1975  Black out (Philippe Mordacq, inédit) – C’est dur pour tout le monde (Christian Gion) – Bons baisers de Hong-Kong (Yvan Chiffre) – Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole (Norbert Terry) – 1976  L’intrus (Patrick Schulmann, CM) – 1977  Dialogue sous la lampe (Christian Riberzani, CM) – Mort d’un pourri (Georges Lautner) – On peut le dire sans se fâcher / La belle emmerdeuse (Roger Coggio) – 1978  One, two, two : 122 rue de Provence (Christian Gion) – Ils sont fous sorciers (Georges Lautner) – Brigade mondaine (Jacques Scandelari) – Judith Therpauve (Patrice Chéreau) – Le cavaleur (Philippe de Broca) – Le temps des vacances (Claude Vital) – Flic ou voyou (Georges Lautner) – 1979  Brigade des mœurs : La secte de Marrakech (Eddy Matalon) – Le guignolo (Georges Lautner) – Les aventures de Guidon Fûté (Jean-Marie Durand) – 1980  Une merveilleuse journée (Claude Vital) – Est-ce bien raisonnable ? (Georges Lautner) – Signé Furax (Marc Simenon) – 1981  Le jour se lève et les conneries commencent (Claude Mulot) – Prends ta rolls et va pointer (Richard Balducci) – Pour la peau d’un flic (Alain Delon) – Le secret des Sélénites (Jean Image, animation, voix) – 1982  On s’en fout… nous on s’aime (Michel Gérard) – Plus beau que moi tu m’aimes (Philippe Clair) – Rebelote (Jacques Richard) – Le battant (Alain Delon) – Ca va pas être triste (Pierre Sisser) – 1983  Retenez-moi… où je fais un malheur (Michel Gérard) – Aldo et Junior (Patrick Schulmann) – 1984  Par où t’es rentré… on t’as pas vu sortir (Philippe Clair) – Ave Maria (Jacques Richard) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – 1985  Banana’s boulevard (Richard Balucci) – 1988  À deux minutes près (Éric Le Hung).  Nota : Il n’apparaît pas dans  « À nous quatre, Cardinal ! » (André Hunebelle, 1973), bien que crédité au générique, et il n’apparaît pas dans la version VHS du « Temps des vacances » (1978).

 Photo source : GAF

Télévision: (notamment) : 1961  En votre âme et conscience : L’affaire Courtois (Jean-Pierre Marchand) – 1962  Le peintre exigeant (Jean Vernier) – 1964  Le théâtre de la jeunesse : La soeur de Gribouille (Yves-André Hubert) – La mégère apprivoisée (Pierre Badel) – Thierry la fronde : la chanson d’Isabelle (Robert Guez) – 1965  Les facéties du sapeur Camenber (Pierre Boursaus, série TV) – 1966  Vive la vie (Joseph Drimal, série TV) – L’écharpe (Abder Isker) – Comment ne pas épouser un milliardaire (Lazare Iglésis, série TV) – Sacrés fantômes (Stellio Lorenzi) – 1967  L’amateur / S.O.S. Fernand (Jean-Piere Decourt) – Max le débonnaire : Un bon petit Jules (Gilles Grangier) – 1968  Les dossiers de l’agence O : Le vieillard au porte-mine (Jean Salvy) – 1970  Tête d’horloge (Jean-Paul Sassy) – Les caprices de Marianne (Georges Vitaly) – Le fauteuil hanté (Pierre Bureau) – Rendez-vous à Badenberg (Jean-Michel Meurice, série TV) – La fille qui disait non (Yannick Andréi) – 1971  Quentin Durward (Gilles Grangier, série TV) –  Madame êtes-vous libre ? (Jean-Paul Le Chanois) – Bon an mal an ou chérie je me sens vieillir (Rémy Grumbach) – Les nouvelles aventures de Vidocq : Les banquiers du crime (Marcel Bluwal) – Au théâtre ce soir : Cherchez le corps M. Blake (Pierre Sabbagh) – La belle aventure (Jean Vernier) – 1972  La demoiselle d’Avignon (Michel Wyn, série TV) – Avec le coeur (Rémy Grumbach) – La bonne nouvelle (Guy Lessertisseur) – Kitsch-Kitsch (Janine Guyon) – Le voleur de riens (Janine Guyon) – 1973  Le bleu d’outre-tombe (Edouard Logereau) – Au théâtre ce soir : Le million (Georges Folgoas) – Poker d’as (Hubert Cornfield) – Poker d’as (Hubert Cornfield, série TV) – Gil Blas de Santillane (Hubert Cornfield) – Un curé de choc : Pension pour dames seules (Philippe Arnal) – 1974  Monsieur Badin (Jean Bertho) – Le droit aux étrennes (Jean Bertho) – Le commissaire est bon enfant (Jean Bertho) – Les balances (Jean Bertho) – 1975  La pluie sur la dune (Serge Piollet) – 1977  Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – 1980  Les incorrigibles (Abder Isker) – 1981  Au théâtre ce soir : Alain, sa mère et sa maîtresse (Pierre Sabbagh) – Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – 1982  Les scénaristes ou les aventures extraordinaires de Robert Michon (Nino Monti) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’homme tout seul (Jean-Paul Sasst) – 1986  Grand hôtel (Jean Kerchbron) – 1992  Aldo tous risques : Mascarade (Claude Vital) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny & Gian Luigi Polidoro) – Tout ou presque (Claude Vital) – Prêcheur en eau trouble (Georges Lautner) – 1996  Jamais deux sans toi : Le gendre idéal.

Mise à jour du 16/09/2011

Mort également du cinéaste ivoirien Henri Duparc, lire à son sujet l’article de Afrik.com.

FRÈRES D’EXIL

Ce film dédié à Pier Paolo Pasolini, dont on sent bien l’influence aussi bien politique que cinématographique. Entre « Los olvidados », « Pixote » et « Yol », Yilmaz Arslan, le réalisateur dépeint de manière implacable, le destin de deux jeunes kurdes, lIbo, un orphelin âgé de 9 ans, et trop mûr pour son âge, suite à un drame terrible. Il est obligé de quitter son grand-père pour intégrer un foyer d’accueil, en Allemagne et l’autre, plus âgé Azad qui va le prendre sous sa protection. Ce dernier est assez autonome, ne souhaitant pas dépendre de son frère qu’il juge indigne, un proxenète violent manipulant ses compatriotes femmes dans l’adversité, pour mieux les rendre opérationnelle. A la fratrie de sang refusée par Azad, se substitut celle avec Ibo, une solidarité indéfectible naît ainsi. Le foyer est bien encadré et régit par des règles. Mais les deux jeunes n’attendent pourtant peu de compassion, ils sont trop habitués à être livrés à eux mêmes. Azad ne veut pas d’un argent sale pour aider sa famille restée en Turquie, et il est fier d’être autonome, en rasant des quidams dans des toilettes de restaurant sordides, mais presque convenable, car il y a de l’eau courante. Le destin s’en même, révélant un monde d’une cruauté inouïe, où même le fait de partager les mêmes origines, n’est aucunement un gage de solidarité, mais au contraire est un révélateur de vieilles rancœurs qui ne demandent qu’à ce réveiller.

Xewat Gectan

L’humanité est très sombre, le petit Ibo – sa souffrance est commentée par l’enfant lui même qui intervient comme récitant -, kurde est presque déterminé à souffrir, aussi bien dans l’aridité de son lieu de naissance, comme dans une Allemagne repue. Azad tente de l’aider, lui donne même un peu d’argent, et devant son refus fier, il feint d’avoir trouvé de l’argent par terre. L’histoire bascule dans la tragédie, dans un climat de haine primitive. Son réalisateur, touché par la grâce de ces jeunes interprètes, en profite pour dénoncer le communautarisme, à l’exemple de la révolte d’Azad, qui déplore que ses compatriotes chérissent plus les morts, pour respecter la coutume, plutôt que les vivants, réduits à un semblant de compassion. On peut déplorer cependant une certaine complaisance avec la violence, visiblement voulue pour déstabiliser le spectateur, et une référence un peu surlignée au film de John Schlesinger « Macadam cowboy », finissent parfois par révéler l’artifice de l’ensemble, mais que compense une évidente sincérité. Le cinéaste évite tout naturalisme et tout misérabilisme. D’où quelques moments salutaires, comme la part d’enfance retrouvée par le jeune Ibo, avec une animation des personnages dessinés à la craie, sur un tableau, et la fratrie des deux personnages principaux qui s’épaulent dans l’adversité, interprétés avec humanité par  Xewat Gectan, le plus jeune qui a reçu la mention spéciale du festival de Locarno en 2005 pour son rôle et Erdal Celik, tout en colère rentrée. Le réalisateur a choisi le biais de la fiction, mais il reste proche du quotidien. Son constat social est amer, mais un petit souffle d’humanité naît entre ses enfants perdus, proche de ceux de « Bouge pas, meurs et ressuscite » de Kanevski. Trop dans la survie pour se lamenter sur leurs sorts, ils finissent pas gagner une dignité exemplaire. Poignants et solidaires, ils grandiront ensemble. Un cinéaste en rage, à suivre de toute évidence.

OMBRES ET LUMIÈRES

    

« … On aime les seconds rôles parce qu’ils nous ressemblent. Plus que les héros eux-mêmes, auxquels on aimerait ressembler, et qui dont donc plutôt des projections idéales. Par essence, le second rôle figure l’homme de la rue, le stylise, le personnalise, lui donne relief et singularité, mais ne le sublime pas. L’identification du spectateur opère donc de manière plus directe et plus immédiate – à la rigueur si le trait est trop rude ou trop peu flatteur, décidera-t-on d’y reconnaître son voisin de palier… » (Jacques Valot et Gilles Grandmaire « Stars deuxième », Édilig, 1989). Si on retrouve dans l’édition anglo-saxonne, plusieurs livres consacrés aux « heavies », « seconds couteaux », ou comédiens de seconds plan, on ne pouvait jusqu’à présent retrouver concernant les français quatre livres exemplaires, mais malheureusement épuisés – « Les excentriques du cinéma français » d’Olivier Barrot et Raymond Chirat, portraits de 250 comédiens, et livre de chevet pour moi, déclencheur d’un grand amour pour ce type de  comédiens, heureusement réédité dans « Noir & Blanc » (Flammarion, 2000), « Les grands seconds rôles du cinéma français » par Jacques Mazeau et Didier Thouart (Pac, 1984), « Stars deuxième » cité en exergue, « Le dictionnaire des comédiens français disparus » d’Yvan Foucart (Éditions Grand Angle, 2000), mine d’informations, largement reprises partout et dont on peut lire quelques portraits inédites dans www.lesgensducinema.com, en attendant une prochaine réédition. Par un hasard salutaire, deux livres sur ce sujet viennent de sortir en ce début d’année, comblant un manque évident, et proprement enthousiasmants.  

Christophe Bier avait fait une brillante chronique, il y a quinze jours, dans « Mauvais genre » sur France Culture, concernant L’aide-mémoire, encyclopédie des comédiens français et francophones de cinéma, théâtre et télévision, sous la direction d’Armel de Lorme, avec des textes de Christophe Bier, Raymond Chirat, Armel de Lorme, Tgabory Fernatos, Italo Manzi, Alain Petit et Jean Pieuchot. Ce brillant volume 1, nous permet enfin de retrouver et de découvrir, outre les vedettes d’hier et d’aujourd’hui – Jean Marais, Danielle Darrieux, Sacha Guitry, Marcel Herrand, Anouk Aimée, Jean-Paul Rouve, etc… -nombre de comédiens à la carrière régulière ou chaotiques, cantonnés dans des rôles d’officiers allemands, emplois ancillaires, gouailleurs, silhouettes, etc…. Ce livre est une mine d’informations, d’érudition, de sérieux, réalisés par des chercheurs passionnés et non par des compilateurs myopes qui se dépêchent à recopier des erreurs, suite à une lecture hâtive du site IMDB. L’auteur Armel de Lorme – il a signé un remarquable bonus hélas tronqué dans le DVD de « Mon oncle » -en signalant d’ailleurs quelques petits malins, vendant au prix fort des filmos parus dans des bonus DVD, simples copiés-collés ne faisant même pas la distinction avec la télé – je vois d’où ça vient, je retrouvé d’ailleurs quelques téléfilms des années 70 que j’avais mis sur IMDB, ce qui m’amusait beaucoup d’ailleurs -. J’ai découvert ainsi avoir colporté des erreurs récurrentes, en confondant Jacqueline Chambord avec Judith Magre, – elle se nommait Simone Chambord, à ses débuts -. Les auteurs tordent le cou aux erreurs habituelles, sachant bien que comme disait Bertrand Tavernier, rien n’est plus « menteur qu’un générique » ! Les rôles coupés au montage final sont signalés ici. On apprend que certains comédiens identifiés par Raymond Chirat à la sortie des films, ont proprement disparus dans les copies que nous pouvons voir, à l’exemple de Rudy Lenoir absent des « Portes de la nuit » dont « il manque une vingtaine de minutes par rapport à la durée d’origine » !

On se régale à retrouver les acteurs fétiches de Jean-Pierre Mocky – Jean-Claude Rémoleux, Jean Abeillé, Gaby Agoston, Rudy Lenoir, Antoine Mayor le « Rondo Hatton » français  -, les personnages hantant les films de Jacques Tati, et choisis avec minutie- Nicole Régnault, faisant un come-back tardif dans « Brice de Nice » ! -, Rémoleux à nouveau, Louis Jojot, Jean-Pierre Zola, Nicolas Bataille, Betty Schneider, Yvonne Claudie, Lucien Frégis, Edouard Francomme -, de destins tragiques – Pascale Ogier, Jean-Marc Tennberg -, des cascadeurs-comédiens – André Cagnard, Guy Delorme, Michel Berreur -, stars de cinéma bis – Véronique Vendell, Sabine Sun -, de comédiens truculents jouant les utilités dans les comédies françaises, souvent avec Louis de Funès – France Rumilly, Micheline Bourday, Max Montavon -, retrouver les excentriques du cinéma français chers à Chirat – Marcel Pérès, Jean Ozenne, Gabrielle Fontan, Jean Témerson, Aimos, Marguerite Pierry, Édouard Delmont, Alfred Adam -, et le retour des excentriques du cinéma français, pour la génération suivante – Georges Adet, Jacques Rispal, Jean Ozenne, Charlotte Barbier-Krauss, la sympathique Madeleine Barbulée, Florence Blot, nombre de comédiens attachants –Gabriel Jabbour, Darling Légitimus, la grand-mère de Pascal, Marc Mazza, Michel Peyrelon dont je déplorais, ici même,  le silence à sa mort, etc…- , les actrices fétiches de Paul Vecchiali – l’incroyable Paulette Bouvet, mère de Jean-Christophe, Germaine de France, Denise Farchy -, des sympathiques « Madeleine » : Bouchez, Cheminat, Clervanne, Damien, Marie, femmes menues, que l’on confond parfois -, de femmes confinées dans des emplois acariâtres ou autoritaires – Helena Manson, Marianne Borgo, Jeanne Herviale -, des comédiens souvent sous-utilisés – Jacques Herlin, Edith Scob, Catherine Lachens -, de destins « avant-garde et grands voyageurs » – Kiki de Montparnasse, Gina Manès, Florence Marly, Conchita Montenegro, Reggie Nalder, Enrique de Rivero, et Howard Vernon, avec cerise sur le gâteau une interview « long-drink » très mordante de ce dernier -, et de beaux hommage aux disparus récents, certains évoqués ici-même – Suzanne Flon, Maurice Baquet, Henri Génès, Paul Le Person, Pierre Trabaud, etc… -.

Ces visages vous les connaissez tous, sans pouvoir toujours les identifier. Cet une magnifique hommage pour ces comédiens, éternels non crédités, où figurant au générique de fin, que l’on ne peut désormais même plus lire dans un passage télé tant il est minuscule, tronqué ou passant à la vitesse « grand V ». Même si le cinéma d’hier et d’aujourd’hui ne vous intéresse que modérément, c’est aussi l’occasion de retrouver des destins tragiques, romanesques, singuliers, une masse d’informations inédites, vous saurez par exemple à quel occasion Jean Abeillé a été le dernier partenaire de Brigitte Bardot. Difficile de citer tous le monde, tellement ce livre est foisonnant, vous pouvez retrouver la table des matières via le forum de Dvdclassik. Personnellement je rêvais pouvoir avoir un livre tel que celui-ci dans ma bibliothèque, sans trop y croire d’ailleurs, c’est fait désormais. Il sera un compagnon idéal, à portée de main c’est obligatoire, lors de vos visionnages de films câblés, du patrimoine sur France 3 ou des DVD, quel meilleur hommage à « Mon oncle » peut-on trouver à ce livre. Les filmos sont en plus d’une exhaustivité inédite, difficile de les prendre en défauts, j’ai cherché une erreur pour ne trouver qu’une coquille confondant Bernard Lavalette avec Bernard Lajarrige, et encore pour une scène coupée au montage dans « Violette Nozière » de Chabrol, c’est dire si je suis vicelard, mais il n’y a rien à faire, c’est du sérieux. Entre cohérence éditoriale, une passion pour sauvegarder la mémoire du cinéma français, ce livre est sans forfanterie aucune, un absolu régal. Il n’y a peu d’échos hélas des médias, car c’est un livre auto-édité, mais vous pouvez avoir des renseignements pour l’obtenir via l’adresse aide-memoire@club-internet.net. Pour un livre qui fait du bien, surtout quand on voit la liste des disparus de l’année défiler de manière subliminale dans la cérémonie des Césars, et encore avec des coquilles, François pour Françoise Vatel, c’est pathétique. Heureusement il reste quelques amoureux enflammés.

  

Sorti du même moule, mais sans filmographies, c’est un peu dommage, pour rappel, il convient également d’acquérir « Caractères, moindres lumières à Hollywood » (Éditions Grasset, 2006), de Philippe Garnier, que les lecteurs de « Libération » connaissent bien. Ce sont des hommages flamboyants aux « characters actors », de la confrérie de la redingote – Eric Blore , Francklin Pangborn -, Edward Everett Horton, figurant en couverture, des visages singuliers du formidable « En quatrième vitesse », film culte de Robert Aldrich, « de Nick Dennis « Va Va Voum » à « Albert Dekker », d’individualités fracassantes de Simone Simon – évoquée aussi dans « l’@ide-mémoire -, mais aussi Frank Morgan, Arthur Kennedy, Thema Ritter, une sorte de Pauline Carton américaine, Eugene Pallette, une joyeuse rondeur, Edmond O’Brien, Jack Elam, présenté comme « L’homme qui a dit merde à Hollywood », Walter Brennan, etc…,  à l’ultime caractère Timothy Carey déjà évoqué dans le site « Retour à Yuma », formidable gueule passant de l’œuvre de Stanley Kubrick à John Cassavetes. A noter pour les éditeurs que l’ami Jean-Louis Sauger, a déjà un dictionnaire sur le même mode, qui ne demande qu’à être publié. Philippe Garnier, dresse ici un superbe hommage aux acteurs de « composition » de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, souvent cantonnés dans des rôles stéréotypes, contraints à suivre l’exigence des studios, mais donnant aussi un suppléments d’âme à des figures imposées.   Deux hommages magnifiques aux sans-grade ! Il y a d’ailleurs deux cahiers photos centraux, permettant d’identifier, J’en ai découvert beaucoup ainsi. 

 

  

Je profite de cette chronique, pour présenter le premier roman d’un autre grand amoureux des seconds rôles, leur vouant un culte, c’est Jean-Marcel Erre pour son livre « Prenez soin du chien ». Avec un sens aigu de l’observation, on retrouve tout un voisinage assez déjanté autour d’un écrivain pour la radio Max Corneloup. C’est à la fois un solide polar, un livre inventif et haletant, habité par des personnages hauts en couleurs, et par un humour ravageur. On peut d’ailleurs s’amuser à distribuer les rôles avec nos amis seconds rôles. Hautement recommandable, aux éditions Buchet-Chastel.

LE COIN DU NANAR : T’ES FOLLE OU QUOI ?

 Vision ce jour de « T’es folle ou quoi ? », un film de 1981, le seul bide d’Aldo Maccione, et grand sommet du nanar ! Une sous-préfète aux champs…, ou une commissaire de la république adjointe, c’est comme vous voulez ! C’est  Nicole Calfan, en short ça fait son petit effet… Elle est crédible en femme venant de l’E.N.A., une sorte de près-Ségolène, quoi…, son charme est le gros atout du film. Elle vole une souche d’arbre avec sa mère, une antiquaire à l’accent pied noir – Marthe Villalonga, s’auto caricaturant d’une manière éhontée -. Le propriétaire des lieux, un plombier libidineux, joué par Popeck, s’auto caricaturant d’une manière éhontée, s’insurge, il les traite de « bichonnes ». Nicole et Marthe arrivent à la préfecture, sous les invectives de la gardienne, dont le mari, « son Albert », est parti avec la coiffeuse – Jackie Sardou, la femme la plus vulgaire du cinéma français, avec Nadine Tallier bien sûr, s’auto-caricaturant d’une manière éhontée -. Popeck, lui est en colère mais comme il est bas du front – l’umpiste Steevy Boulay c’est Pierre-Gilles de Gennes en comparaison -, notre sous-préfète l’embrouille en lui parlant de « prérogatives ». Dialogue : Popeck : « Vous connaissez Prérogative » – Un quidam : « Non, je ne suis pas d’ici », Popeck : « encore un immigré ! ». La Villalonga louche sur la pendule d’époque et qui fait ding ding, Nicole descend la rampe des lieux, pour atterrir sur les bras d’un certain Lombardi – Aldo Maccione -. Mais le Aldo bien que galant reste de marbre il est homosexuel et directeur de l’information de la station régionale. L’animateur TV du crû, un certain Jean-François… Sevran (sic), journaliste introverti – Fabrice Luchini, quel parcours d’Eric Rohmer à « Emmanuelle 4 » ! -, reçoit Darry Cowl qui joue le rôle de Darry Cowl, en s’auto caricaturant d’une manière éhontée. Sevran bredouille pire que le Cowl, et se triture la mèche nerveusement. Les pauvres semblent improviser avec difficultés, mettent le feu dans le cendrier – heureuse époque où l’on pouvait fumer sur un plateau de télévision. Darry veut partir – il a du bricolage à faire -, Luchini pérore un peu perdu ses notes perdues, trouve que le Cowl, est « l’incarnation d’un message » (Lequel ?), lequel en représailles, lui fait tourner le dos à la caméra et lui déclare qu’un certain « pacte charnel se dégage de lui, alors qu’il n’a aucun charme particulier » ! C’est le carnage même pour une télé locale, pensez en 1981, « Direct 8 », n’existait même pas… Pour sauver les meubles Catherine Lachens, une nymphomane à motocyclette – s’auto caricaturant d’une manière éhontée -, présente la météo, comme s’il elle évoquait les fruits gourmands de la pub bien connue. Lombardi vitupère c’est normal, il vit en concubinage avec Sevran – Jean-François -. Mais ils vivent dans la clandestinité, c’est normal car Popeck est le voisin. Maccione, qui est mélomane cherche du calme, alors que Popeck pot de colle, déclare qu’il aime Schumann, « celui qu’il est mort », à ne pas confondre avec Mort –Schuman – « celui qu’il est vivant », bon d’accord désormais il est mort en 2006, mais en 1981, il était vivant, c’est normal puisque le boulanger de Popeck est en vacances (einh !)…

Pas très clair finalement, bon on reprend… Sevran, chausse ses chaussues planquées dans un sarcophage égyptien… Donc le Lombardi descend d’une échelle de corde, manquant de se casser la gueule, pour le rejoindre son amant qui habite l’appartement en dessous et qui est furax à cause d’une remarque du sieur Cowl, sur sa chemise. Bon c’est pas très subtil, « La cage aux folles », en comparaison c’est du Manoel de Oliveira. Luchini déclare avoir mal au dos, pour éviter tout rapport sexuel avec Maccione, ce qui est tout de même plus original que la migraine. Maccione met un fichu sur la tête pour peler les pommes… Il est classe ce Aldo ! Luchini se dérobe, il a installé une sonnette dans le placard, histoire d’obliger son amant à remonter chez lui, avec la grâce d’un jeune éléphant. Maccione démarche Calfan pour sa télé, mais la Villalonga dénigre Luchini… Pour se venger notre Aldo la tond, faut pas le chercher… Luchini fait donc son talk show, poudre les seins de la Nicole, et tombe amoureux de la belle – on le comprend -. Le Maccione devient jaloux, il va voir avec le couple « Mort à Venise » – normal c’est un film italien -, et se retrouve planté misérablement. Luchini prend confiance, la caméra le paniquait, désormais il est mûr pour cabotiner chez Drucker… Crise de jalousie Maccionienne, dans une petite ville de province bonjour la réputation, d’autant plus que Popeck est dans le voisinage… Résultat la sous-préfète s’active, vient voir la vache d’Annie Savarin, nommé Georgette. Mais la vache à du mal à vêler, Bernard Charlan, en maire local panique et Maccione, bonne poire, s’improvise vétérinaire ! Luchini suit la belle Nicole partout, qui vient à la rencontre de jeunes agriculteurs, dont… Florent Pagny – manquait plus que lui ! -, qui déplore ne plus pouvoir « baiser » pour cause d’exode rurale, et nous régale dans des considérations sur les femmes « aux grosses fesses » ou « aux tétons pointus », en buvant du champagne tiède ! Annie Savarin – sorte de tante Poum, dans « Pim, pam, poum », drague le Maccione, qui reste de marbre, en plus il est couvert de boue. Déconcerté par le coup de foudre bassement hétérosexuel, notre Aldo se maquille, s’habille en toge, appelle S.O.S. Amitié et tricote. La Nicole se retrouve enfermée aux toilettes lors d’une réception officielle, déguisée en hôtesse de l’air – un acte manqué ! -, Luchini, chevaleresque part la sauver, c’est l’Amûûr ! Suivent des sculptures érotiques de César – en personne, l’œil éteint -, Popeck qui suit partout la belle Nicole en disant « On n’est pas des sauvages », Maccione fatigue d’être une fée du logis, Luchini titille le sein de Nicole Calfan, avant de se retrouver le dos bloqué en elle, et est transporté en urgence par deux infirmiers – dont Gérard Loussine quasimodien -… Mais, ouf l’honneur est sauf, le zigue luchinien emprunte le droit chemin et Catherine Lachens le remplace aussi bien dans son appartement qu’à la télévision… Je vous rassure, je n’ai pas sombré dans la drogue, ni regardé André Santini sur canal+, j’ai juste vu un film de Michel Gérard. Beh oui, quoi, le réalisateur de « Mais qui donc m’a fait ce bébé », « les joyeux lurons », « les vacanciers », « Salut, les frangines », « Soldat Duroc, ça va être ta fête », ou « Retenez-moi où je fais un malheur » où Jerry Lewis se retrouvait en sous Jean Lefebvre. Il paraît qu’il a signé deux petits polars assez honnêtes « Blessure » et « Justice de flic » dans les années 80. Décidemment, on ne peut pas faire confiance à personne. Au final, c’est assez croquignolet, de l’incongruité du couple Maccione-Luchini, du charme de Nicole Calfan et d’une jolie musique de feu Michel Magne, dans ce film produit par Claude Jaeger – vu souvent comme acteur chez Buñuel – qui apparaît, non crédité, en industriel cupide. Luchini choisit désormais ces films, dommage…

MORT DE DANIEL RIALET

   Annonce du décès du comédien Daniel Rialet, à l’âge de 46 ans, d’une crise cardiaque. Il était très populaire et très sympathique, avec son partenaire et ami Christian Rauth. à la télévision pour avoir été l’un des « mulets » de « Navarro », depuis sa première diffusion en 1989, l’un des moniteurs des « Monos » sur France 2 en 1998, et le curé de « Père et maire » sur TF1 depuis 2002, dont un épisode sera diffusé sur la semaine prochaine le 19 avril intitulé « Une seconde chance ». Il avait eu une attaque en avril dernier. Il était l’époux de la comédienne Carole Richert et père de deux enfants. Après avoir fait le conservatoire national supérieurs des arts dramatiques, de 1984 à 1987, il n’avait fait que très peu de cinéma : « Zone rouge » (Robert Enrico, 1985), « Le grand chemin » (Jean-Louis Hubert, 1986), « Fréquence meurtre » (Élisabeth Rappeneau, 1987), « Baxter » (Jérôme Boivin, 1988), « Cherokee » (Pascal Ortéga, 1990) et « Bonimenteurs » (Emmanuel Descombes, CM, 1995). On se souvient de son rôle dans l’astucieux court-métrage oscarisé de Sam Karmann « Omnibus » en 1993, Palme d’or à Cannes, où il était très drôle en passager de train, inquiet de perdre son travail suite à un changement d’horaires, ne pouvant que lui provoquer le retard de trop. On le retrouve aussi dans un autre court-métrage de qualité, « Requiems » (Stéphan Tillé-Guérin, 2001), prémisse du film « Edy » – où la situation était reprise sur mode plus comique avec Laurent Bateau -. Face à François Berléand, il jouait un quidam aux prises avec un tueur.  A la télévision on l’avait vu dans plusieurs téléfilms, tels « Pépita » (Dominique Baron, 1993), « Les allumettes suédoises » (Jacques Ertaud, 1995), « Une femme en blanc » (Aline Issermann, 1996), aux côtés de Sandrine Bonnaire, et dans sa suite « La maison des enfants » (Issermann, 2002), « La tribu » (Gérard Marx, 1996), « L’aubaine » (Aline Issermann, 2000) et dans le pilote de « Mademoiselle Joubert » (Vincenzo Marano, 2005). Il avait joué également au théâtre à ses débuts  – « Tête d’or » de Claudel, « La traversée de l’empire » d’Arrabal, etc…  -. Nos pensées vont à sa famille.

Parmi les autres décès récents, Christophe Bier me signale la mort du cinéphile et critique Michel Azzopardi, des suites d’un cancer. Déplorons le silence – à part l’hommage d’Albert Dupontel -, du cascadeur Jean-Louis Airola, l’un des meilleurs de sa profession, et celle, à 81 ans, du cinéaste suédois du culte « Je suis curieuse » (1967), Vigot Sjöman, des suites d’une hémorragie cérébrale

LES BRIGADES DU TIGRE

   Avant-première des « Brigades du tigre » à l’UGC Cité-Ciné, le mardi 21 mars, en présence de Léa Drucker, Clovis Cornillac, Stefano Accorsi et son cinéaste Jérôme Cornuau. Le thème célèbre de Claude Bolling repris de la série originelle, et Gérard Jugnot  – très peu présent ici finalement – reprenant le rôle de François Maistre de « Faivre », dans le genre autoritaire, on est en terrain connu et il faut bien le dire ce film est une belle surprise. Pourtant l’annonce du tournage de ce film à la distribution évolutive, pouvait nous laisser de marbre, échaudés que nous étions par quelques adaptations de séries TV très populaires, flirtant avec l’accablant, signées Salomé, Pirès, Pitof ou encore Salomé – qui récidive en plus l’effronté ! -, avec des créatures voleuses d’âmes et consorts. L’annonce du nom de Cornuau à la réalisation n’engageait pas vraiment, ayant réalisé « Bouge ! » et « Folle d’elle » avec en vedette Ophélie Winter, mais c’était oublier qu’il avait signé pour la télé « Dissonance » et « Les jumeaux oubliés », qui jouissent d’une très bonne réputation. Le filon un peu épuisé des grands sujets populaires largement dévoyés, pour surtout rien en faire, ce film est une sorte de tournant, enfin on retrouve un divertissement de qualité. Les partis pris de mise en scène sont ici plus que probants, s’adaptant à chaque personnage. La série initiale, écrite par Claude Desailly et filmé avec ingéniosité par Victor Vicas, de 1974 à 1983, est agréable à voir, l’idée de la création des « brigades mobiles », inventées par Georges Clémenceau, pour lutter contre la criminalité moderne en 1907 – amusante réflexion de Guy Carlier, hier soir dans « On ne peut pas plaire à tout le monde », qui évoquait le Steevy Boulay de « On a tout essayé », qui avait demandé sans rire, si ce Clémenceau là avait un rapport avec le porte-avions !-. Mais il faut bien le dire, que malgré la complicité évidente de Jean-Paul Tribout, Jean-Claude Bouillon et Pierre Maguelon, ça a tout de même pas mal vieilli, à noter que François Maistre confiait dans le DVD de la dramatique « Nostradamus ou le prophète en son pays », détester cette série qu’il trouvait trop pro-policière. Le scénario de deux auteurs de bande-dessinée, Xavier et Fabien Nury est réaliste et d’une tonalité assez noire  mêlant, « Triple entente » « La bande à Bonnot » et « Les emprunts russes », les intrigues sont d’une complexité assez rare dans notre cinéma actuel, et livre une réflexion salutaire sur une société de compromissions d’une triste intemporalité… La reconstitution est habile, la mise en scène efficace, on rêve d’une adaptation du « Fantômas » de Souvestre et Allain sur ce modèle.  

Edouard Baer, Clovis Cornillac & Olivier Gourmet

Nos mobilards sont ici campés par Clovis Cornillac, idéal pour incarner probité et autorité en commissaire Valentin, Edouard Baer dans un rôle d’une forte noirceur, à des années-lumière du hâbleur du Pujol de la série, il a vraiment comme il le dit souvent en promotion, a joué la carte Lupin version Leblanc, avec brio, et Olivier Gourmet – même si son accent est un peu forcé, mais longue est la liste des ratages dans ce domaine, on se souvient de Pierre Fresnay dans la trilogie de Marcel Pagnol, est un Marcel Terrasson épatant, il joue avec beaucoup d’humanité ce « Colosse de Rodez ». Stefano Accorsi – choisi pour cause de co-prod -, les accompagnent. Le reste de la distribution est vraiment étonnante pour ce type de film et dénote d’une grande inventivité, de Thierry Frémont impressionnant terroriste slave, Jacques Gamblin, saisissant et complexe dans le rôle de l’anarchiste Jules Bonnot, Diane Kruger en amoureuse hitchockienne, le toujours formidable Didier Flamand en préfet de police retord, le trop rare André Marcon, en Jean Jaurés, Agnès Soral en secrétaire dévouée, Eric Prat en Bertillon facétieux, Philippe Duquesne dans un étonnant contre-emploi, Mathias Mlekuz en officiel goguenard, sans oublier Léa Drucker, mais j’y reviendrai spécialement dans la rubrique « Fragments d’un dictionnaire amoureux », car elle mérite un salut particulier. Outre une belle rencontre avec cette dernière, les spectateurs ont vérifié ici la grande modestie et la gentillesse de Clovis Cornillac. Très lucide sur l’engouement à son sujet, je saluais ses choix de passer d’un téléfilm sur Arte – « Gris blanc » de Karim Dridi, où il était étonnant dans un personnage d’ermite frustre – à des films plus populaires. Il cite souvent ses partenaires, évoque avec émotion le film de John Berry dans « Il y a maldonne » qu’il avait produit. Il répond d’ailleurs avec beaucoup de franchise, quand on lui demandait ce que pensait Jean-Claude Bouillon du film, et que le trio se sentait un peu dépossédé par cette entreprise, et Bouillon de déplorer que Valentin regarde en face son chef, où qu’une prostituée soit utilisée comme informatrice. Très honorable, le résultat final, aidé d’un budget confortable, s’avère d’une très bonne facture, à « l’ancienne », le réalisateur prépare même une version de 2h40 pour la version DVD. On veut bien regoûter à un  « Brigades du tigre 2 », dans ces conditions… Sortie ce mercredi.

LE COIN DU NANAR : CHERCHEZ L’IDOLE

   Sortie opportuniste à l’occasion de la sortie de « Jean-Philippe », d’un coffret de quatre films « Johnny Hallyday, ses premiers pas au cinéma », qui bénéficie même d’une version collector sous forme de guitare. Sur certains DVD, comme sur celui ci, il y a un petit clip anxiogène, « moi voler une télé, jamais ! », contre le piratage. Ca ne manque pas de sel, on le sait bien, il est difficile de voler un voleur, car cette édition, n’est qu’une sinistre arnaque pour les fans de Johnny. En effet, s’il est bien en vedette du jouissif « À tout casser » de John Berry, avec Eddie Constantine et Michel Serrault, il ne se contente que de simples apparitions dans « Cherchez l’idole » (1963), le somptueux « Les Ponettes » (1967), et un sketche face à Catherine Deneuve dans « Les parisiennes » (1961). On sait que la carrière de Johnny est parsemée d’apparitions ponctuelles, du gamin dans « Les diaboliques », au marin bagarreur dans « Malpertuis », où il devait passer par là puisqu’il vivait avec Sylvie Vartan, en passant par le sommet du film cornichon « Le jour se lève, et les conneries commencent » (Claude Mulot, 1981), où dans son propre rôle, il ne cessait de tomber de moto, dans une sorte de running gag assez désolant. Il fallait le voir enfourcher sa moto le bras dans le plâtre pour aller se viander un peu plus loin, saluons en passant sa capacité à l’autodérision. Si ce coffret ne peut qu’être décevant pour le plus grand inconditionnel de Johnny, c’est au moins l’occasion pour l’amateur de Nanar – dont je suis -, de retrouver quatre perles assez jubilatoire, dignes de figurer  dans « L’encyclopédie du cinéma ringard » de François Kahn, que je viens de découvrir, qui parle de « D’où viens-tu Johnny », traité également ici même. Traitons ici de « Cherchez l’idole », signé par Michel Boisrond, qui bon faiseur, donnait souvent d’honnêtes produits, souvent drôles et rythmés. Rien de déshonorant donc, et souvent il signait souvent des jolies comédies, non dénuées d’érotismes. Le film n’est qu’un prétexte pour présenter les idoles « yéyés » d’alors, et de ce fait devient un véritable document sur le début des années 60. Mylène Demongeot – en personne – emménage dans une belle villa en travaux. Invitée à l’Elysée, elle demande à sa bonne Gisèle – Berthe Grandval, une mignonne des sixties -, de veiller sur son diamant en forme de petit cœur, qu’elle souhaite porter pour l’occasion.

Mais Gisèle, tombe sur Richard, un carreleur aigrefin – Frank Fernandel, mauvais comme un cochon et qui prouve que le talent ne provient pas forcément d’un atavisme forcené -, qui s’empresse de la voler. Discret comme une vache, il réveille tout le quartier, et ne trouve rien de mieux que de planquer son larcin dans la réserve d’un magasin de disques, dans une guitare électrique avec l’aide d’un chewing-gum – mais il ressemble toujours à un ruminant, même quand FF ne le mastique plus avec nervosité -. Il envoie sa compagne Corinne, – Dany Saval, sorte de Frédérique Bel de la « La minute blonde », du pauvre, l’ironie en moins -, chercher l’objet volé auprès du disquaire – Pierre Doris, très drôle -. Mais ce dernier a envoyé tout les modèles de la dite guitare auprès des idoles de la chanson française. Corinne finit par faire cavalier seul avec une copine – Dominique Boschero, sexy -, quand Richard se met à préférer la jolie Gisèle – on le comprend -, et finit par basculer dans la probité. Suit une course au trésor où l’on retrouve, dans leurs propres rôles, Sylvie Vartan, tétanisée de trac et rassurée par Bruno Coquatrix, l’improbable Hector, chanteur à chapeau haut-de-forme, les sympathiques « Surfs », Frank Alamo tournant un scopitone déguisé en cow-boy, Harold Kay dépensant des trésors d’énergie pour tenir Jean-Jacques Debout éveillé, l’énergique et sensuelle Nancy Holloway, Johnny Hallyday, très poli, et Charles Aznavour, amusé, flanqué de l’insupportable Pierre Bellemare. On retrouve plusieurs seconds rôles, comme Claude Piéplu, crédité Piéplu et dont le nom du personnage est… Piéplu, en régisseur déguisé en cow-boy, Christian Marin en policier danseur dégingandé – moment le plus drôle du film -, Jacques Dynam en routier grincheux, Bernard Musson en passant indigné, Max Montavon en photographe homosexuel, dans son cabotinage habituel, Paul Bisciglia en inconditionnel aznavourien, les « Frères ennemis » – Teddy Vrignault et André Gaillard -, ici séparés, etc… On a même droit aux apparitions de Jean Marais, Daniel Gélin, Marcel Achard, Maurice Biraud, Juliette Gréco et Françoise Sagan, s’apprêtant à voir le spectacle de Sylvie Vartan. La cerise sur le gâteau c’est Dany Saval, l’une des plus mauvaises comédiennes de l’histoire du cinéma français, sa voix est aussi horripilante qu’une craie sur un tableau, elle s’agite énormément et finit par nous crisper sérieusement. Plus connue pour ses mariages avec Maurice Jarre et Michel Drucker, elle est tellement caricaturale, qu’on finit par croire que Fernandel junior a du talent, c’est dire ! Au final c’est plaisant, limite ringard et c’est un bel instantané de nos amis des « idoles des jeunes ».

CHRONIQUE D’UN NAVET ANNONCÉ

 « Basic instinct 2 : Risk addiction », rassurez-vous vous ne risquez rien ! Sur un canevas d’une inquiétante fragilité, Catherine Trammel, la romancière bien connue sévit à Londres et les meurtres imaginés dans ses livres prennent corps dans la réalité, voici donc cette séquelle tardive de « Basic Instinct ». On connaît la genèse mouvementée du film, plus intéressante que le résultat final. Côté thriller, esbrouffe, clinquant et ennui à signaler, côté scènes « hot », RAS, exit les scènes croquignolettes et l’obscénité bouffonne de Verhoeven, qui est lui, un grand metteur en scène… Saphisme, triolisme et tutti quanti figuraient dans trois scènes coupées au montage final. On n’aimerait pas être à la place d’Anne Caillon, belle comédienne qui se targuait partout de sa participation au film – à l’instar de son apparition dans l’émission « Tout le monde en parle » – et qui se retrouve à la trappe. A moins d’une hypothétique version intégrale DVD pour une roublardise de plus… Sharon Stone donne plus d’énergie à assurer une promo marathon qu’à donner un résulat probant. Nous avons droit à un grand numéro d’un opportunisme poussif – Sharon devant le « Mur des Lamentations », Sharon contre le CPE, Sharon met du vert à lèvres, Sharon contre « Mary Poppins », etc… -. On la préfère quand elle parle de rangements de placards chez Jarmusch, qu’ici, en appas pétrifié. Il aurait été plus intéressant de laisser éclater une beauté naturelle d’une femme de 48 ans, que de nous régaler de son joli minois échappé du musée Grévin. La comédienne est célèbre pour son Q.I. élevé, évidemment prouvé par ses choix artistiques assez désolants, à part Martin Scosese – Ah, le remake des « Diaboliques », sommet du film cornichon -. Elle a trouvé un partenaire qui ne risquait pas de lui faire de l’ombre, David Morrissey, falot membre de la prestigieuse « Royal Shakespeare Company », et qui nous montre tout son art en haussant les sourcils à la moindre contrariété. Il joue un psychiatre, qui est d’ailleurs l’un des plus improbables de l’histoire du cinéma mondial, il tombe évidemment amoureux de la belle, alors qu’il est chargé d’analysé le phénomène.

David Morrissey & Sharon Stone, le monde est stone…

Est-ce de l’humour d’avoir appelé le personnage « Andrew Glass », est-ce une allusion au regret de ne plus avoir Michael (Dou)glas, où est une petite perfidie de plus pour nous présenter un acteur transparent – Glass = Verre -. Je m’insurge contre l’article de « Libération », Gilles Renault qui en parlant de lui le déclare « aussi expressif qu’une méduse », pourquoi charger ce pauvre animal qui a déjà une si triste réputation. C’est donc le « miscast » de l’année.  Charlotte Rampling – même si elle cite Lacan -, n’a strictement rien à faire, on pouvait attendre un élément un peu vénéneux vu son parcours. Les autres comédiens sont des ectoplasmes. On peut d’ailleurs jeter un voile pudique On ne peut sauver ici que le cabotinage assez réjouissant de David Thewlis, en sous « Hank Quinlan » – le personnage joué par Orson Welles dans la « soif du mal ». Thewlis en rajoute, avec une bonne dose de drôlerie, retrouvera t’il un jour un personnage à la hauteur de son rôle dans « Naked », on le lui souhaite, car il se perd trop souvent en « guest » de luxe, de films improbables. Souvenons nous avec émotion de « L’île du docteur Moreau » où il arrivait presque à être aussi mauvais que Marlon Brando et Val Kilmer, ce qui tient de l’exploit. Peut-on tenir rigueur à l’honnête Michael Caton-Jones, qui devait avoir une latitude assez faible, il a dû penser pouvoir mettre quelques touches personnelles, comme une vision de Londres moderne, l’équivalent au fameux décroisement de jambes stonien, – largement commenté, mais assez subtil finalement -, et la vision d’un immeuble phallique. Le film est finalement à l’image du célèbre pic à glace, qui ici sert… à casser de la glace, c’est vain, à la hauteur de la non-attente du film. La machine tourne à vide, on attend la chute finale avec impatience, la vision du film nous faisant regretter de ne pas avoir de facilité à dormir en salle, elle signifie ici par son manque total d’intérêt au moins que le film touche à sa fin. Marketing, marketing… le cochon de payant ne te dit pas merci, pour cette oeuvrette que personne ne saura savourer même au 8627ème degré.

LA DOUBLURE

    Le cinéma de Francis Veber, c’est un peu comme le restaurant où vous avez vos habitudes, vous trouvez que c’est copieux, sans surprises, plutôt bien fréquenté, pas trop cher au vu du résultat, pas trop original même si le chef s’évertue à vous faire croire avec son bagou que c’est un maître-queue. Et puis un jour vous en sortez, ballonné, un peu écœuré, avec des crampes dans l’estomac et vous vous mettez à vous étonner de sa réputation, des éloges de ses pairs, et des guides gastronomiques. Car Francis Veber bénéficie de la politique des auteurs, et jouit d’une véritable considération. C’est un malin, roublard – son gimmick pathétique du personnage de François Pignon -, un don pour capter un air du temps, un mécanisme d’horlogerie d’accord, mais qui ferait un bruit de pendule normande, vous empêchant de dormir la nuit. On rit avec cette « doublure » comme acquis d’avance, en suivant le troupeau pavlovisé. Veber du haut de sa suffisance et de sa terreur toute Doillonnienne de faire refaire un plan jusqu’à trouver sa petite musique, le ton juste, et la mise en scène dans tout ça… Des champs contre-champs, une fausseté de convention qui ne nous fait jamais nous attacher aux personnages et nous convie à rire contre eux, des pantins chargés dans la grande tradition du vaudeville français version gros rouge qui tâche. Tout ici est dans la fausseté, des décors dignes d’une des pires captations télévisées, et les transparences d’un autre âge dans les scènes de voitures, nous font penser que l’on assiste actuellement à la pire régression de notre cinématographie nationale. Et ça marche, ça cartonne même, les gens applaudissent à la fin, on finit par se retrouver pisse-froid de service. Mais on veut bien d’une comédie vite oubliée, mais au moins qui garde une modestie dans son propos…. On peut certes aussi jouer avec les conventions pour mieux les dynamiter, comme un Bertrand Blier, mais il n’en est rien ici.  

Francis, tu t’es vu quand tu frimes !

Veber ne supporte pas que l’on amène un semblant de talent à son œuvre, désavoue Philippe de Broca quand il nous livre un « magnifique » jubilatoire, cède aux sirènes hollywoodiennes et nous régale d’interviews convenues. Le cinéma est riche d’écrivains et d’auteurs, donnant ses lettres de nobles au cinéma français – de Pagnol à Guitry -, Veber a du talent mais n’innove jamais, répète son système à l’envi. Il féminise ses personnages dit-on, mais pour en faire quoi, des caricatures, malgré le talent de ses interprètes – Alice Taglioni en mannequin tendre version – et assez improbable d’ailleurs – « Trop belle pour toi », Kristin Scott-Thomas en épouse pas dupe, Virginie Ledoyen en amour platonique romantique -, mais l’humanité des personnages est inexistante. Certains arrivent à tirer leur épingle du jeu dans ce petit jeu là, comme Michel Aumont jubilatoire en toubib hypocondriaque – chacune de ses apparitions nous est un absolu régal, pourtant son personnage est archi-convenu – et Richard Berry est parfait en avocat cynique et cauteleux. Mais Daniel Auteuil est presque quelconque – c’est bien la première fois -, Gad Elmaleh, Danny Boon font ce qu’ils peuvent pour donner une âme à des stéréotypes. Alors on se raccroche aux seconds rôles, vieille habitude rengaine, mais on ne trouve ici que des ectoplasmes, des semblants de rôles, des figurants de luxe. Philippe Magnan n’a rien d’autre à faire qu’à bougonner en silence, on retrouve des fidèles veberien mais marionnettisés à souhait  – Philippe Brigaud, Laurent Gamelon -, les nouveaux se contentent d’ombres – Paulette Frantz taxidermisée, Philippe Béglia manièrisant, Patrick Mille rodant son antipathie habituelle, Michel Jonasz perdant sa singularité, Michèle Garcia mamantisant – trop jeune pour le rôle -, telle une zombie -. J’ai mes indulgences ici, surtout dans la comédie, genre que j’affectionne particulièrement, mais nous livrer une œuvre faisandée comme ici – Bernard Stora avait déjà raconté la même histoire en 1988 dans « La petite amie » avec Jean Poiret et Jacques Villeret. De Francis Veber ou du cinéaste le plus surestimé du cinéma français… 1h25 ça peut être très long parfois. Usé et usant…