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MORT DE RICHARD FLEISCHER

Mort d’un des cinéastes les plus originaux du cinéma américain. A son sujet, Stéphane Bourgoin lui avait consacré un très bon livre, hélas épuisé (Éditions Edilig, 1986). Du merveilleux, avec une des meilleures adaptation de l’œuvre de Jules Verne (« 20.000 lieux sous les mers », « l’heroic fantasy » « Conan le barbare » (1984), les films fantastiques le plaisant « Voyage fantastique » (1966) et surtout « Soleil vert » (1973), l’un des meilleurs films d’anticipation, à l’âpre « Étrangleur de Boston » (1968) sombre étude de mœurs autour d’une traque d’un tueur en série – l’un des meilleurs rôles de Tony Curtis, « L’étrangleur de Rillington Place » (1971) redécouvert il y a peu au cinéma de minuit sur France 3, était une autre réussite sur ce même modèle –, il avait une palette suffisamment large pour laisser sa marque même dans des commandes improbables. On lui doit des petits bijoux du film noir « Bodyguard » (1948), « L’assassin sans visage » (1949) etc… et de bons films d’aventures ou de genres « Les vikings » (1957), « Barabbas » (1962), on aimerait d’ailleurs voir « Che » (1969) ne serait-ce que pour découvrir Omar Sharif en « Che Guevara » et Jack Palance en « Fidel Castro » ! Il valait beaucoup mieux que sa réputation d’habile faiseur.

AURORE

 La position d’un spectateur est délicate quand il ne parvient pas à adhérer au propos d’un film, et que le metteur en scène, ici Nils Tavernier vient avec ferveur, un peu sur la défensive, défendre ce film, comme ce vendredi soir 24 mars à l’UGC-Cité Ciné Bordeaux. Je suis resté, hélas, à la porte de cet univers onirique, peut être déconcerté de ne pas retrouver la force du « Peau d’âne » de Jacques Demy ou celui de l’univers de Jean Cocteau. On ne peut cependant que louer la liberté de ce réalisateur, d’avoir réussi à faire ce qu’il avait voulu, ce qui risque, il en est bien conscient, de ne plus se reproduire. Le film est pourtant original, et Nils Tavernier a montré avec ses documentaires une acuité particulière au monde, une innovation constante – les images de synthèse pour « L’odyssée de la vie » (2006) sur France 2, des témoignages rejoués par des comédiens pour préserver l’intégrité d’anonymes qui parlent librement de leurs vies sexuelles – »Désir et sexualité » (2004) sur France 3. Le film vaut par la prestation de Margaux Chatelier rayonnante princesse Aurore, qui concilie grâce, dextérité – beau ballet spectaculaire sur des pointes, quand elle veut montrer son amour à un peintre – Nicolas Le Riche, excellent danseur mais piètre acteur -. La jeune danseuse était présente également ce soir là, elle est originaire de la Gironde, il fallait voir son radieux sourire, que l’on sent contenu durant tout le film. François Berléand – pressenti tout d’abord pour jouer le conseiller – donne de l’épaisseur à son personnage de roi défait et désargenté et Carole Bouquet avec son port altier nous fait croire sans difficulté qu’elle a été une brillante danseuse et digne. Thibaut de Montalembert fait par contre ce qu’il peut avec son personnage caricatural du conseiller du roi, fourbe sans panache. Mais Monique Chaumette en gardienne des souvenirs, nous ramenant à l’un des meilleurs films de Tavernier père « La passion Béatrice », est émouvante.

Carole Bouquet, Anthony Munoz & François Berléand

Les scènes de danses sont remarquables, parfois sensuelles, grâce à la chorégraphie originale de grands noms de la danse comme la mythique Carolyn Carlson, qui a adoubé le choix de Margaux Chatelier et la musique de Carolin Petit qui est remarquable. Mais le tout installe une petite distance si on n’est pas initié à cet art, il faut dire que le scénario est assez terne, malgré l’intervention de Jean Cosmos, dans ce royaume où la danse est bannie. Si à voir Nils Tavernier, on ressent sa pudeur – il chuchote volontiers les indications aux comédiens, il a un parcours d’acteur assez étonnant chez son père ou Catherine Breillat pour comprendre les comédiens -. Exigent et précis, il était un peu chagriné par les plaisanteries habituelles de François Berléand sur le tournage – arborant un panneau P.S.G. sur son dos et faisant rire la belle Margaux dans des scènes dramatiques -, le comédien a compris le climat que voulait installer le réalisateur. Il a bien sûr râlé devant l’effort des contraintes de son costume de roi – 25 kilos + 3 de couronne !  – et une chaleur accablante, mais a finit par être séduit par les scènes dansées. Tout comme un technicien, présent sur le plateau et roulant un peu les mécaniques, certaines personnes verseront une petite larme, il y avait des témoignages sensibles du public pour le confirmer. On voudrait aussi adhérer sans réserves avec le projet ouaté, risqué, naïf – sans sombrer dans la guimauve – et singulier de Nils Tavernier,  son intégrité à défendre son film, vraiment original… Mais cette tentative déçoit plus qu’elle ne séduit, c’est très dommage….

CAPOTE

 Nouveau « biopic », avec ce film, « Truman Capote » en V.O. . C’est le premier film de Bennett Miller et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître, adapté d’une biographie de Gerald Clarke.. En 1959, le romancier, adulé de son vivant,  Truman Capote se passionne pour le massacre crapuleux, d’une sauvagerie implacable, d’une famille de quatre personnes, dans une petite ville rurale du Kansas. Accompagné de son amie d’enfance Harper Lee – Catherine Keener, superbe de retenue -, il se rend sur place pour enquêter, après avoir convaincu le journal « New Yorker » de le commanditer, histoire de confronter son œuvre avec une réalité brute. Ce projet va finalement prendre 5 ans de sa vie pour ce qui sera son dernier ouvrage. Assez d’avis avec Christine Angot donné dans l’émission « Campus » sur France 2, on peut s’étonner de voir la description assez négative de Truman Capote, dans les critiques ou les avis du public, alors que les deux tueurs sont assez dédouanés. Il y a une même fraternité d’âmes entre Capote et l’un d’eux, Perry Smith – usant de ruses, d’ambiguïté et de séduction, parfaitement rendues par le jeu de Clifton Collins Jr. -. Ils ont peut être en commun la même monstruosité, si le destin l’avait pas voulu  autrement, pour reprendre l’une des répliques de mémoire : « c’est un peu comme si j’avais grandi avec lui dans la même maison. Il serait sorti par la porte de derrière et moi par celle de devant ». Capote cherche à comprendre l’attitude des deux meurtriers, avec un cynisme défensif, fasciné par cette violence, il décortique le parcours de deux prisonniers dans l’attente de leur exécution, passant de la compassion à l’indifférence. L’incarnation de Philippe Seymour Hoffman, dont le talent n’est plus à prouver depuis longtemps, dans le rôle titre est formidable, dans les attitudes et le timbre de voix. Il était fortement d’ailleurs fortement impliqué dans ce projet. Loin d’un numéro d’esbrouffe laborieuse, ou d’un cabotinage attendu dans ce type de rôle pour une personnalité homosexuelle, mondaine et alcoolique, il évite tous ces pièges, pour une composition tout en nuances. De sa quête de la vérité, à la première lecture de son livre, il restitue avec humanité la richesse de son personnage new-yorkais. Il a réussit à nous montrer l’essence du personnage au-delà de l’idée de performance, le travail, intensif de l’acteur pour le rôle, ne se voyant pas à l’écran.

Dans cette lignée, je ne vois que peu d’exemple, mais citons Philippe Clévenot dans « Elvire Jouvet 40 », ou Michel Bouquet dans « Le promeneur du champ de Mars ». Tout en nuance, entre égocentrisme, failles multiples, il est tout aussi probant quand il fait preuve de brio dans la haute société, que quand il se fait admettre dans l’Amérique profonde, où les autochtones le regardaient de prime abord, comme une improbable personnalité ambivalente. Il est amusant de se souvenir alors de Truman Capote acteur, qui ne déméritait pas d’un casting all-star, dans l’amusant « Un cadavre au dessert » que cite Docteur Orloff et Mister Pierrot, dans son article. L’oscar et le golden globe du meilleur acteur 2006, sont ici amplement mérités, tant il Le rapport Capote-Smith est décrit ici avec beaucoup de retenue et de justesse, chacun manipulant l’autre. L’écrivain, pour avoir l’œuvre de sa vie fait preuve de pionnier dans la restitution de ce fait divers – il a ouvert une voix dans l’écriture de romans de non-fiction, largement galvaudée depuis, on se souvient depuis, du « forcément sublime » durassien face à l’affaire Vuillemin. Il dissèque, observe, se renseigne avec les témoins et les policiers locaux – formidable incarnation de Chris Cooper, connaissant les victimes, et incarnant la probité – fraternise avec les tueurs, ouvre les cercueils, et finalement se brûle à vouloir obtenir la vérité. Bennett Miller, dans la stylisation rend parfaitement les abysses de contradiction des personnages, installe un climat fascinant en adoptant un ton feutré et restitue en évitant les écueils de la reconstitution, le début des années 60. Tout ici respire l’intelligence, jusqu’à l’écriture des seconds rôles de Bruce Greenwood dans le rôle de Jack Dunphy, amant écrivain délaissé mais compréhensif de Capote, ou Bob Balaban, probant dans le rôle de William Shawn, un éditeur compréhensif. A ne pas rater la diffusion de « De sang froid » de Richard Brooks, ce mercredi 29 mars, à 22h40 sur Arte, adaptation du célèbre roman éponyme.

LE FEU FOLLET

 Louis Malle semble enfin sortir d’une sorte de purgatoire. Il fallait entendre Serge Toubiana et Maurice Pialat ironiser sur son talent dans un festival… Les récentes rétrospectives de la Cinémathèque et du festival d’Angers, ainsi que la ressortie en DVD d’une partie de ses films, donnent l’occasion enfin de le reconsidérer. Il y a eu un malentendu sur ce réalisateur venant d’une riche famille du Nord, la dynastie des Béghin-Say, magnats du sucre, mais il n’aura eu de cesses que de se révolter contre son milieu d’origine. « Le feu follet », disponible désormais en vidéo, chez Arte Vidéo, est une œuvre particulière dans sa filmographie, sorte de vertige pessimiste. C’est un film qui a ses adeptes, je me suis retrouvé dans le témoignage de Mathieu Amalric dans le bonus, pour l’avoir vu à plusieurs périodes de ma vie, et restant marqué par ce film de manière indélébile. C’est selon la formule d’Ozu, je crois, « Un film qui nous regarde », nous désosse, nous renvoie à nos propres angoisses, même si le regard évolue avec le temps. C’est l’adaptation on le sait du roman de Drieu La Rochelle – Louis Malle avait eu un projet abandonné sur les nuits parisiennes -, qui s’est suicidé de la manière que l’on connaît. Ce roman se passant dans les années 20, inspiré du suicide du romancier Jacques Rigaut. Habilement transposé dans les années 60. Louis Malle était d’ailleurs assez dépressif à ce moment – il faut le voir le voir assez affecté dans une interview de 1963, face à Françoise Sagan, définir le vieillissement comme le fait de devenir une chose assez dégoûtante ! -, et avait même pensé à interpréter le film lui-même. Il a trouvé en Maurice Ronet, en interprète idéal, impressionnante posture d’une grande lassitude de l’être, tel un astre blafard. La musique d’Érik Satie –  les Gymnopédies et Gnossiennes, est en parfaite adéquation avec cette flânerie dépressive, rarement on a vu sur un écran une incarnation aussi tangible du spleen -.

Jeanne Moreau à Maurice Ronet : « Tu as l’air d’un cadavre ! »

Le personnage principal, Alain Leroy, n’a pourtant rien, au départ pour susciter la compassion, c’est un dandy assez oisif, honorant ses conquêtes féminines sans flamme et a eu des sympathies avec l’O.A.S. depuis son service militaire en Algérie. Mais c’est un homme défait que l’on retrouve en cure de désintoxication dans une clinique huppée de Versailles, qu’on le découvre, avec sa maîtresse de passage – touchante Léna Skerla -. Il végète dans sa chambre, emménagée telle une prison dorée, il inscrit sur le miroir la date du 23 juillet, avant de sortir d’une mallette de jeux de cartes, une arme cachée… Sa décision est prise, se supprimer. Le directeur de l’hôpital – Jean-Paul Moulinot, sérieux paternaliste -, le déclare guéri. Il se révèle assez inadapté aux contraintes du monde extérieur, – il demande des cigarettes étrangères dans un bistrot de Versailles qui lui déclare ne pas en avoir la demande -. Il finit par sortir et part pour Paris, pris en stop, pris en charge par deux livreurs des Galeries Lafayette – dont Hervé Sand, mort prématurément, prestation curieusement oubliée dans le dictionnaire de Raymond Chirat, hâbleur et bon vivant, avec lequel il parle des besoins d’argents -. De retour à Paris, ses connaissances s’étonnent de sa mauvaise mine. A la rencontre de ses anciens amis, il retrouve son ami Dubourg – admirable Bernard Noël, trop tôt disparu lui aussi, décidément, campant un personnage très touchant – qui a trouvé son équilibre entre sa femme – Ursula Kubler à la personnalité singulière -, sa fille et sa passion de l’égyptologie. Dubourg tente de lui redonner le goût de la vie, mais Leroy, trop dans la lucidité, ou trop dans l’aveuglement, ne vois dans la vie de son ami qu’une trop grande compromission. Il erre ensuite entre ses amis snobs – Jeanne Moreau donnant une grande intensité à son cours rôle d’ancienne amoureuse, Alain Mottet en poète opiomane, ou un couple hautain – Alexandra Stewart et Jacques Sereys, faussement compatissant – invitant un écrivain mondain – Tony Taffin, dans la suffisance -. Il finit par s’insurger contre ses anciens amis de l’O.A.S. qu’il traite de Guignols – dont Romain Bouteille, déjà probant dans le rôle d’un personnage désinvolte -. Autour d’Alain Leroy, les personnages sont très justement écrits, des pensionnaires de l’hôpital – étonnant Hubert Deschamps en homosexuel maniéré, Yvonne Clech en femme blessée et maternelle -, les anciennes connaissances – Micha Bayard en employée d’hôtel, etc… – ou le jeune  – Bernard Tiphaine – qui prend la même direction dans la dérive alcoolique -. L’itinéraire de cet homme alcoolique, donnant son rôle le plus probant de Maurice Ronet, qui tournait en même temps « Le puits et le pendule » pour Alexandre Astruc et qui avait perdu 15 kilos pour le rôle. Défait, désabusé, il montre le dégoût de la vie, sa difficulté de résister à reboire, dans un monde où la tentation est permanente. Cette lutte contre l’alcoolisme est montrée de manière documentaire – la réaction après le premier verre -. Hors du temps, ce film reste une œuvre admirable et universelle, d’une formidable noirceur, mais c’est un portrait sans concessions, et un itinéraire remarquable d’un homme qui a perdu la raison de vivre. Un grand classique…

SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS

 C’est le premier long-métrage de Fabienne Godet, après le très prometteur moyen-métrage de 1999 « La tentation de l’innocence » avec Emmanuelle Devos et Antoine Chappey. Ce film âpre et poignant, décrit avec justesse le monde du travail.  L’action se passe dans une entreprise moyenne dirigée par un homme cynique, souvent odieux, et calculateur – Jean-Marie Winling adoptant une convivialité de façade, il est ici idéal pour ce type de rôle -. Il a dans le collimateur Simon, un employé impulsif et prompt à revendiquer ou à briser le ronron de la soumission ambiante – Jean-Michel Portal, poignant, jouant subtilement la colère rentrée -. Entre eux deux, François Durieux – magistral Olivier Gourmet, un comédien de la trempe d’un Harry Baur ou d’un Michel Simon, capable de susciter des émotions même de dos -, modère les tensions au sein du groupe d’employés. Ces derniers sont résignés – Pascal Elso, très juste en homme timoré -, compatissant – Martine Chevallier brillante –, craintifs – Guy Lecluyse convaincant – ou suffisants – François Levantal, grand numéro du cadre arrogant et narcissique -. Ils forment une petite humanité craintive redoutant la précarité et supportant une oppression sourde. Les pressions sont très fortes, François les tolère en prenant du temps sur sa vie familiale, ratant même l’anniversaire de son fils pour être disponible aux obligations constantes. Son couple avec est solide, sa femme étant compréhensive – Dominique Blanc superbe de retenue -.Mais peut-on tolérer l’intolérable…

Même si le film est parfois un peu démonstratif – le personnage de la jeune journaliste soucieuse de rétablir la vérité, joué tout en nuances par Julie Depardieu -, ou dans une narration un peu artificielle –la jeune marginale joué par Marion Cotillard d’ailleurs excellente -. C’est l’aspect documentaire du film qui est ici le plus probant. La réalisatrice ancienne psychologue s’étant inspirée de faits réels. L’ancrage dans le quotidien est ici probant, montrant nos mornes lâchetés, notre capacité à subir et à obéir et à s’arranger avec un système gangrené. Le film est porté par l’interprétation d’Olivier Gourmet, idéal pour concilier une force tranquille et une faiblesse névrotique.  Définitivement c’est l’un des meilleurs comédiens de son temps. Avec intelligence, il montre la détresse humaine, les contradictions et les dérives de son personnage face à une situation inéducable. Ne voulant pas se résigner, son petit monde de concession s’écroule, le laissant vaciller face à un monde égoïste. Le film montre bien la fragile illusion d’un équilibre que l’on croit trouver dans notre société actuelle marchande personnalisée par le personnage sans états d’âmes joué par le très impressionnant Hans Meyer, haut responsable industriel. On retrouve aussi toute une galerie de seconds rôles de Maxime Leroux policier compréhensif ou Mado Maurin hôtelière sympathique. Habilement restituée en demi-teintes, la tension et l’émotion sourde font de ce film un objet de réflexion. En parfaite adéquation avec notre société actuelle, on peut voir ici un cri d’alarme salutaire et unisité. C’est suffisamment rare pour le signaler, tant on a l’impression de visiter souvent le « pays des fées » dans le cinéma actuel.

LE COIN DU NANAR : SI VOUS N’AIMEZ PAS ÇA, N’EN DÉGOUTEZ PAS LES AUTRES

Une réplique finale de Romain Bouteille résume assez bien ce que l’on ressent à l’issue de ce film, « Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres » : « J’ai vu des films mauvais, mais ça jamais ! ». L’idée est simple, on observe les commentaires et les réactions des spectateurs dans une salle où est projeté un film porno. Au moins on échappe à l’escroquerie habituelle, utiliser des séquences d’autres films pour des inserts olé-olé. Le faux film en question – soft bien sûr – vaut son pesant de cacahuètes. Quelques stéréotypes de Français moyens miment de manière absolument lourdingue les ébats sexuels… Les scènes sont interminables, il faut voir Roger Trapp – petite rondeur à petite moustache – escalader une plantureuse créature plus grande que lui, après usage abondant de beurre Lusigny – bon goût garanti et citation de circonstance -, et le méridional André Dupon apparaître en diablotin, du coton dans le nez et se faisant introduire une carotte… – rassurez-vous, ils font semblant -. De voir ces seconds rôles habitués du cinéma franchouillard sombrer dans une vulgarité colossale tient plus de la « quatrième dimension » que du malsain. De manière assez opportuniste ce film a été diffusé le 31 mai 1978, après le succès des troupes du « Café de la gare » et du « Splendid », selon certains témoignages il aurait été tourné en 1973. Le catalogue du CNC donne en fait comme date d’immatriculation le 26/01/1976, il y avait d’ailleurs un autre titre prévu « Quand les radis poussent, j’aime tout » (sic). Le sieur Raymond Lewin (monteur de films érotiques) se contente donc outre les scènes érotiques, de filmer avec une platitude inouïe les comédiens improviser sans grande inventivité…

 Romain Bouteille

Un groupe de jeunes zozos, les yeux exorbités, regarde les scènes égrillardes. Mais tout le monde cause, Romain Bouteille se plaignant de ne rien comprendre à l’histoire, tout en trouvant ça mieux que son séjour à Marienbad !, Josiane Balasko – créditée sous le nom de Josiane Balaskovic – demande tout le temps le silence. Gérard Jugnot plus excité par les comportements de la salle et l’évocation de documentaires animaliers, râle tout en regardant le film. Il mange les pilules contraceptives de la Balasko – qu’elle cherche durant tout le film -, croyant que ce sont des bonbons à la menthe trouvés par terre (!). Il passe son temps ensuite à vomir dans les toilettes et craint pour une éventuelle stérilité avant qu’un jeune prétende que cela fait pousser les cheveux… Arrive un couple tardif plus mûr joué par Pierre Doris et Perrette Souplex – pitoyable mais elle a de très beaux yeux -. Cette dernière, qui consent à retirer son grand chapeau attend Jean-Paul Belmondo puisque (c’est logique !) le titre affiché à l’entrée était « La charge fantastique ». Doris qui reprend son humour noir habituel du genre « mon frère était tellement en avance qu’il est mort-né » et « je fais l’amour debout sinon je m’endors ! » s’amuse visiblement, mais il frise ici le balourd, le salace et le consternant, même s’il cite Ben Turpin ! Seul Romain Bouteille fait preuve de brio nonsensique, fonçant franchement dans le mauvais goût . Quand une comédienne fait un usage inhabituel – allégrement d’ailleurs – d’une courgette, il y a un grand débat pour savoir si c’est une courgette ou un concombre… Et Bouteille de déclarer « heureusement que ce n’est pas une pomme de pin ! ». Il faut l’entendre parler de la dangerosité de faire l’amour dans la baignoire, et déblatérer à tous propos. Le reste de la troupe cachetonne, Christine Dejoux – Depoux au générique ! – cause sanitaire avec Martin Lamotte, Thierry Lhermitte a une réplique, François Dyrek roupille presque, Sotha – sous le nom de Catherine Sigaux -, Philippe Manesse s’emmerdent en même temps que nous par compassion sans doute. Tout le monde meuble ces 1h20 interminables. Jugnot foire une vanne sur l’éjaculation précoce et se tourne vers la caméra demandant de couper la scène… et la vache de metteur en scène la laisse ! J’ai fait le ménage sur la fiche IMDB + générique – le temps qu’ils valident, en ce moment ils sont 20sixiens hélas -, un petit malin ayant transformé la fiche en « documentaire » ! Tellement affligeant que ça en devient jubilatoire. Les mêmes (ou presque) – en pire – triomphent actuellement, mais long, très long est le chemin pour le succès. Ce petit bijou existe en DVD.

DU JOUR AU LENDEMAIN

 Qu’est-il arrivé à Philippe Le Guay auteur de films remarquables des « Deux Fragonard » (1988), « L’année Juliette » (1994), « Trois huit » (2000), « Le coût de la vie » (2002) avec un sens aigu de l’observation, mais ici le film patine laborieusement. Reprenant comme modèle de construction le film « Un jour sans fin » d’Harold Ramis, ce film se veut une fable, sur notre capacité au bonheur, de son attitude vis-à-vis des autres pouvant générer une situation en sa faveur ou en sa défaveur, et de la capacité de chacun à se résigner et à subir. François Berthier – Benoît Poelvoorde convainquant mais il n’arrive pas à sauver le film, trop au service du cinéaste -, est un employé landa d’une banque. Son bureau exigu semble sortir tout droit du « Brazil » de Terry Gilliam, vit mal la séparation avec sa femme – Anne Consigny décidément radieuse et que l’on a du plaisir à voir en premier plan – et de sa petite fille. Son morne quotidien se passe entre les brimades d’un chefaillon « tape-dur » – Bernard Bloch, formidable en huissier blessé dans « Le coût de la vie », ici moins inspiré -, les avanies d’un quotidien agressif, de la machine à café qui explose, nuisances sonores de toutes sortes et son évolution poissarde dans un univers hostile. Hors du jour au lendemain, sa condition change du tout au tout, sans explications réalistes. François finir par vivre très mal cet état de grâce, et finit par dériver dans une paranoïa autodestructrice…

Le film n’arrive pas à transcender l’idée de départ, le scénario cousue de fil blanc, pourtant co-signé par Olivier Dazat, est trop visible. Le laborieux running-gag du « mardi » lasse très vite et on essaie durant toute la durée de comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas. On retrouve pourtant les qualités habituelles de Philippe Le Guay, mais les affres du quotidien, pourtant notre lot commun, n’arrive pas à réveiller notre affect, mais il se complaît dans l’anecdotique. Il tente même une citation de l’œuvre de Jacques Demy, il faut voir Bernard Bloch et Benoît Poelvoorde chantant dans un parc, mais ici ça confine au grotesque. La quête du personnage principale et sa théorie de « La mécanique des fluides » patinent, et on finit par ce demander où veut en venir le metteur en scène. On est loin du réalisme poétique cher à Prévert, malgré une utilisation insolite des décors parisiens. On peut sauver une interprétation de qualité, mention spécial à Rufus, jubilatoire en officier obsédé par les batailles Napoléoniennes – il faut le voir agresser Philippe Béglia lointain descendant d’un ennemi félon du sieur Bonaparte – et Anne Le Ny, prévenante collègue en mal d’amour. Saluons aussi Bernard Ballet et Manuela Gourary en voisins pleurant la mort de son chien hurleur et mélomane, Robert Castel en petit entrepreneur timoré, Daniel Isoppo en kiosquier obséquieux, Olivier Broche en pizziaolo apeuré, Constance Dollé en jeune femme en roller, Michaël Cohen en amant rassurant, François-Eric Gendron en joueur de tennis cyclothymique, etc… Un film que l’on aurait aimé aimer. Dommage le thème pouvant concilier drôlerie et réflexion sur la notion relative d’être heureux…

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Legras

  

Photo : www.bernard-luc.comAnnonce de la mort de Jacques Legras, ce 15 mars de comédien né à Nantes en 1924. On se souviendra toujours de lui dans les riches heures de la télévision, avec la célèbre caméra cachée, dans « La caméra invisible » depuis 1964, invention de son compère Jacques Rouland, pour lequel il était animateur de « Gardez le sourire » sur Europe 1. Cette émission diffusée sur la seconde chaîne à partir de 1964, était l’occasion de piéger des quidam, et Jacques Legras avec sa fine moustache et son sérieux imperturbable imposait par son assurance les situations les plus déstabilisantes et les plus improbables. Les meilleurs sketches portés à l’écran par Jacques Rouland dans « La gueule de l’emploi » (1973), le mettait en vedette avec Jean-Claude Massoulier. C’est après le conservatoire de la rue Blanche, qu’il rejoint la troupe des Branquignol. Il restera fidèle à l’univers de Robert Dhéry également au cinéma dès « Branquignol » son premier film en 1949. On se souvient dans cet univers, du monsieur Loyal dans « Ah ! les belles bacchantes » (1954), et du curé roux du « Petit baigneur » (Dhéry, 1967). On le retrouvait souvent dans des rôles distingués facilement malmenés, client suisse qui arrive dans un bordel le jour de la fermeture suite à la décision de Marthe Richard dans « Les bons vivants : La fermeture » (Gilles Grangier, 1965), de l’examinateur de permis de conduire véhément suite aux maladresses de Louis Velle dans « Le permis de conduire » (Jean Girault, 1973), notable tenté par un voyage libertin avec sa femme dans « Sex-Shop » (Claude Berri, 1972), où le préposé au mariage de Jean-Paul Belmondo tétanisé devant sa fuite dans « Les mariés de l’an II » (Jean-Paul Rappeneau, 1970). Souvent goguenard, il est un ancêtre d’Alexandre Dumas, écrivain public prenant des notes en rencontrant les valets des trois mousquetaires « Les quatre Charlots mousquetaires » (André Hunebelle). Très apprécié du réalisateur Michel Boisrond, on lui doit la composition singulière d’un traître japonais – avec fausses dents et sans moustache – dans le croquignolet « Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 » (1966), un grand moment délirant hautement cornichon. Jean-Pierre Mocky l’avait utilisé pour 6 films dont l’étalon (1969) où il campe Pointard joueur de pétanque ayant les traces de ses boules sur son bronzage à force de les porter autour de son coup, « Robin des mers » (1997) où il est un marin et dans « Vidange » (1997) son dernier rôle en procureur. S’il n’a pas toujours eu les rôles à la mesure de sa folie, il marquait toujours ses passages avec une distinction qui cachait une réelle subversion.

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Filmographie : 1949  Branquignol (Robert Dhéry) – La patronne (Robert Dhéry) – 1950  Bertrand, cœur de lion (Robert Dhéry) – 1951  La demoiselle et son revenant (Marc Allégret) – 1952  L’amour n’est pas un péché (Claude Cariven) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert) – 1954  Escalier de service (Carlo Rim) – Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac) – 1955  L’impossible Monsieur Pipelet (André Hunebelle) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry) – 1964  Allez France ! (Robert Dhéry) – Les gros bras (Francis Rigaud) – Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – Lady L (Id) (Peter Ustinov) – 1965  Les bons vivants [épisode : « La fermeture »] (Gilles Grangier) – La communale (Jean L’hôte) – La tête du client (Jacques Poitrenaud) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  Le grand restaurant (Jacques Besnard) – Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (Michel Boisrond) – Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – Sette volte donna / Woman times seven (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica)- 1967  Le petit baigneur (Robert Dhéry) – 1968  Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – L’Auvergnat et l’autobus (Guy Lefranc) – Un été sauvage (Marcel Camus) – 1969  Hibernatus (Édouard Molinaro) – L’ardoise (Claude Bernard-Aubert) – Poussez pas grand-père dans les cactus (Jean-Claude Dague) – The lady in the car with glasses and a gun (La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil) (Anatol Litvak) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – 1970  Les assassins de l’ordre (Marcel Carné ) – Les mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau) – Daisy Town (René Goscinny & Morris, voix) – On est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – 1972  Sex shop (Claude Berri) – Les Charlots font l’Espagne (Jean Girault) – Elle court, elle court la banlieue (Gérard Pirès) – 1973  Le permis de conduire (Jean Girault)- L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Les gaspards (Pierre Tchernia) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – Les 4 Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – 1974  Vos gueules les mouettes ! (Robert Dhéry) – 1975  Catherine et cie (Michel Boisrond) – L’intrépide (Jean Girault) – 1976  Le trouble fesses (Raoul Foulon) – Drôles de zèbres (Guy Lux) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1977  La ballade des Dalton (René Goscinny, Morris, Henri Gruel & Pierre Watrin, voix) – La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1978  Les héros n’ont pas froid aux oreilles (Charles Némès) – Le beaujolais nouveau est arrivé (Jean-Luc Voulfow) – 1979  La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – L’associé (René Gainville) – La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Les malheurs d’Octavie (Roland Urban) – 1981  Le jour se lève et les conneries commencent (Claude Mulot) – Les bidasses aux grandes manœuvres (Raphaël Delpard) – 1982  N’oublie pas ton père au vestiaire (Richard Balducci) – 1983  Vous habitez chez vos parents ? (Michel Fermaud) – Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – 1984  Vive le fric (Raphaël Delpard) – 1985  La gitane (Philippe de Broca) – 1988  Corps z’à corps (André Halimi) –   Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer  (Jacques W. Benoît) – 1997  Robin des Mers (Jean-Pierre Mocky) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999 36 (Mathieu Mathelin, CM). Télévision (notamment) : 1965  Le journal de Jules Renard (Pierre Tchernia, CM) – 1968  Le bourgeois gentilhomme (Pierre Badel) – 1972  Aujourd’hui à Paris (Pierre Tchernia) – 1976  Les brigades du Tigre : Don de Scotland Yard (Victor Vicas) – 1977   Confessions d’un enfant de choeur (Jean L’Hôte) – Au théâtre ce soir : Le séquoïa (Pierre Sabbagh) – Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Les folies Offenbach : Le train des cabots (Michel Boisrond) – Appelez-moi docteur ou le médecin invisible (Jacques Rouland) – 1978  Les palmiers du métropolitain (Youri) – Messieurs les ronds de cuir (Daniel Ceccaldi) – 1979  Au théâtre ce soir : Mon crime (Pierre Sabbagh) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : Pétin, Mouillabourg et consorts (Pierre Cavassilas) – 1980  Opération trafics : La bataille de l’or (Christian-Jaque) – Jean-Sans-Terre (Gilles Grangier) – Le vol d’Icare (Daniel Ceccaldi) – 1981  Le roman du samedi : L’agent secret (Marcel Camus) – Société Amoureuse à Responsabilité Limitée (Christian-Jaque) – Le mythomane : Les jonquilles de la grande duchesse (Michel Wyn) – Les amours des années folles : Un mort tout neuf (Dominique Giuliani) – Histoire contemporaine (Michel Boisrond) – 1983  L’étrange château du docteur Lerne (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1984  L’appartement (Dominique Giuliani) – Billet doux (Michel Berny) – 1985  Le canon paisible (Stéphane Bertin). Divers : La caméra invisible – Vivement lundi, etc…

L’AFFAIRE JOSEY AIMES

 Plusieurs films traitent du harcèlement moral et de la pression dans les entreprises actuellement. Ce film parle de la difficulté pour une femme de travailler dans un univers presque exclusivement masculin. Dans ce film : North country (L’affaire Josey Aimes) » se passe au début des années 80. Josey Aimes – Charlize Theron, plus probante dans la simplicité que dans la composition certes spectaculaire dans « Monster », mais finalement assez laborieuse – quitte son mari violent, avec ses deux enfants. Elle est obligée pour survivre de retourner vivre chez ses parents dans le Minnesota – Richard Jenkins & Sissy Spaceck -. Elle subit l’hostilité de son père, qui lui bat froid depuis qu’elle est devenue fille mère. Elle décide de travailler dans la mine, pour trouver son indépendance déclenchant la colère paternelle. Mais en plus d’un travail particulièrement pénible, elle doit subir en plus, comme ses rares collègues féminines, des plaisanteries salaces ou scatologiques, des humiliations quotidiennes, qui ne sont d’ailleurs pas pris au sérieux dans l’organisation syndicale du lieu. Elle décide de se dresser, seule contre tous contre ce système, ne voulant plus subir un ostracisme et les préjugés de par à son statut famillial. Son attitude courageuse va donner une grande avancée dans le droit des femmes. Son combat personnel va être celui des femmes… La réalisatrice Niki Caro, avec classicisme, restitue admirablement l’ambiance (la mine, les vestiaires, une patinoire) des lieux – habile utilisation des décors naturels – et trouve une empathie bienveillante avec ses personnages.

On peut déplorer certaines ficelles scénaristiques, à l’exemple d’une tardive caution morale, apportée à un des personnages, l’histoire est inspirée de faits réels  – l’affaire « Lois Jensen » dans les années 70 -, mais il peut y avoir certaines libertés. Cependant l’émotion est présente dans plusieurs scènes. La quotidienneté du travail, de même les élans et les reculs de ses personnages, face à une situation précaire sont restitués avec habileté et justesse. Charlize Theron restitue bien ici, la lutte du personnage, sa pudeur face à son fils aîné, qui ne la comprend pas, et la difficulté de surmonter son isolement dans un machisme, puéril et cruel, aidé par une certaine lâcheté masculine  ambiante. Autour d’elle, tous les comédiens sont à l’unisson, de Frances McDormand, bouleversante d’humanité en bonne copine souffrant d’arthrite, dans une tonalité proche de son rôle dans « Fargo », Richard Jenkins – l’incarnation du « père » dans le cinéma actuelle, loin de sa composition goguenarde dans « La rumeur court », coincé dans ses retranchements, Sissy Spacek en mère résignée, Sean Bean en homme d’honneur, Michelle Monaghan touchante ouvrière qui soigne sa mère, et même Woody Harrelson, parfaitement crédible en avocat esseulé. Le film nous rappelle la réalité de la condition de la femme dans un passé pourtant très proche. Le personnage de Josey Aimes est en cela proche avec celui de  « Norma Rae » (1979) de Martin Ritt, avec la prodigieuse Sally Field, qui décrivait une situation identique, mais dans le milieu du textile. Le film évite le didactisme et finit par convaincre et gagner en émotion malgré certaines conventions.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Maureen Stapleton

 Annonce de la mort le 13 mars de Maureen Stapleton, des suites de complications pulmonaires. Grand parcours théâtral, depuis ses débuts à Broadway en 1946. Son grand succès est « The rose tatoo » en 1951, elle était d’ailleurs l’une des interprètes privilégiée de Tenesse Williams. Au cinéma, elle marquait ses rôles par son dynamisme. Nommée trois fois à l’Oscar du meilleur second rôle, pour « Lonely-hearts » / « Coeurs à la dérive » (Vincent Donahue), « Airport » (George Seaton, 1969), le « bergmanien » : « Interiors / Intérieurs » (Woody Allen, 1978), avant de l’obtenir pour sa composition dans « Reds » (Warren Beatty, 1980). Connue pour son franc parler, elle avait déclaré au sujet de George W. Bush, information trouvée sur le web : « « I’m not saying that I’d vote for him. I’m just saying that I’d fuck him. » . Ephraim Katz rappelait dans son « Film encyclopedia » qu’on la surnomait « the American Anna Magnani ».

ARTICLE : AP – The Associated Press.

L’actrice Maureen Stapleton, qui avait remporté l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour «Reds», est décédée lundi à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils, Daniel Allentuck. Maureen Stapleton, dont l’apparence insignifiante et imposante avait occulté la personnalité et le talent, avait remporté un Oscar en 1981 pour le rôle d’Emma Goldman dans le film de Warren Beatty, «Reds», sur un journaliste américain qui se rend en Russie pendant la révolution bolchevique. Pour préparer le rôle, l’actrice expliquait qu’elle avait tenté de lire l’autobiographie de Goldman, avant de la jeter par ennui. «Il y a de nombreuses voies pour être un bon acteur», disait-elle dans son autobiographie publiée en 1995. «On m’a demandé de nombreuses fois quelle était la clef de la comédie et, en ce qui me concerne, la principale est de garder les spectateurs éveillés». Maureen Stapleton avait été nommée à plusieurs reprises pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin, dont «Lonelyhearts» (1958), «Airport» (1970) et «Intérieurs» (1978), de Woody Allen. Elle avait également tourné dans «Cocoon» (1985) de Ron Howard et »Addicted to Love» (1997). A la télévision, elle avait remporté un Emmy pour «Among the Paths to Eden» en 1967. Elle avait également joué au théâtre, donnant notamment la réplique à Laurence Olivier dans «La chatte sur un toit brûlant» de Tennessee Williams. Pour «La Rose tatouée», autre pièce du dramaturge américain, elle avait remporté un Tony Award à l’âge de 24 ans. L’auteur et l’actrice étaient amis.