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LA VIE A DEUX

 « La vie à deux », une rareté de 1958, est désormais disponible en DVD chez René Château. Dénonçons par contre la malhonnêteté foncière de cet éditeur. Le prix reste cher, même en « premiers » prix, pour un produit sommaire, sans bonus et sans chapitrage. L’affiche originale du film ci-dessus provenant du site des « Gens du cinéma » est trafiquée pour la jaquette, avec un rajout grossier du visage de Louis de Funès, qui n’a d’ailleurs qu’un second rôle, histoire de vendre l’objet sur son nom et sur celui de Fernandel. Il y figure aussi la mention « le dernier film de Sacha Guitry » – qui apparaît sur le générique du film mais en hommage -. Guitry est mort le 27 juillet 1957, et le tournage a débuté le 22 juillet 1958 selon Jean-Charles Sabria, vaste fumisterie donc. C’est Clément Duhour, un de ses proches collaborateurs qui a produit – avec Gilbert Bokanowski, qui joue un rôle non crédité – et réalisé ce film, dont Sacha Guitry avait eu l’idée avant sa mort. L’adaptation d’un certain Jean Martin – ça sent le pseudo – compile les pièces de théâtres comme « Désiré »; « L’illusionniste » « Faisons un rêve », « Le blanc et le noir », sur le thème du couple en rajoutant une sommaire histoire d’héritage. Le film est donc à sketches, avant la grande mode des années 60. Le prétexte est le suivant, l’auteur Pierre Carreau – Pierre Brasseur, qui s’est fait la tête de Guitry dans ses derniers jours et qui est ici très impressionnant -, réuni ses amis – Gilbert Boka et Jean Tissier, luisants à souhaits -, son secrétaire, Max Montavon dans son rôle de cabot habituel de maniéré, ici encore plus mauvais que d’habitude, c’est dire -, un notaire – Louis de Funès donc, très bon avec sa manière bien à lui de dire les aphorismes du maître -, et deux généalogistes – Christian Duvaleix et Jacques Jouanneau, lunaires et maladroits -. Carreau est mourant et souhaite léguer sa fortune aux personnes réelles dont il se servit comme modèles pour les personnages de son roman « La vie à deux ». La condition à respecter pour ces couples, qui ne sont pas au courant de ce projet et qu’ils soient toujours comme ils étaient alors, des exemples de bonheur.

Les généalogistes partent, flanqués des deux amis qui recevront l’héritage « en cas de malheur ». Une pléïade de comédiens défilent avec bonheur, de Jean Richard rageant de la proximité de sa belle-mère, joué avec sensibilité par Jane Marken,Odette, une femme volage – Lili Palmer -, partagée entre son amant officiel, un ministre – Jacques Morel, plaisant -, un amant de passage – Jean Marais, pour l’épisode « L’illusionniste », et qui fantasme sur son valet – Gérard Philipe, retrouvant des accents guitryens, épisode « Désiré »-., Monique – Danielle Darrieux – qui subit les avances d’Henri – Robert Lamoureux, ludion – devant son mari amateur de belote – Pierre Mondy, vraiment virtuose dans une amusante scène de claques -, Marguerite – Sophie Desmarets – cocufiant Marcel – Fernande, plus sobre qu’à l’accoutumé – et enceinte d’un ténor noir, alors qu’elle a rendez-vous dans le noir avec son amant norvégien -, et l’ami de Marcel – Robert Manuel toujours brillant – qui a du mal à expliquer que ce dernier est père d’un petit enfant noir. La bilan de ces couples étant décourageant, Pierre Carreau agonise dans son lit d’hôpital, trouvant que « La morphine a été inventée pour permettre aux médecins de dormir tranquille... » Son ancienne femme – Edwige Feuillère, port de reine -, le rejoint à son chevet à l’insu de son mari arriviste – Ivan Desny -. La distribution est brillante, on peut rajouter Pauline Carton en femme de Jean Tissier, Mathilde Casadesus en cuisinière amusée, Jacques Dumesnil en digne médecin, mais pas de Pierre Larquey, son rôle ayant été coupé au montage final. Le film finit même pas retrouver, dans ce ton un peu boulevardier, l’amertume et le cynisme que l’on retrouvait dans les derniers Guitry – « La vie d’un honnête homme », « Assassins et voleurs… » -, et retrouve la vision noire du couple chère au grand maître. Inégal mais plaisant, souffrant de n’être disponible que chez René Château, qui semble être resté bloqué sur la période VHS, et c’est très dommage… 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Chris Penn

 

« Lui on l’aimait vraiment », commence l’article de Philippe Garnier dans « Libération » – dont on ne saurait trop recommander son livre « Caractères : moindres lumière à Hollywood -. Mort ce 24 janvier, du frère cadet de Sean Penn. De bons copains aux « bad guy », on s’était vraiment attaché à ce comédien dont la silhouette ne cessait de s’épaissir. Deux rôles marquants viennent immédiatement à la mémoire, le père de famille assassin dans « Short Cuts » et le frère de Sean Penn, justement, un père simple d’esprit, dans le très fin « comme un chien enragé » de James Fowley qui rencontrent leur père tardivement, joué avec brio par Christopher Walken. Son rôle de Nice Guy Eddie dans « Reservoir dogs » de Quentin Tarantino, où il réussissait à apporter une humanité et de l’humour à son personnage, lui donne la reconnaissance du grand public. Abel Ferrara lui confit le rôle du frère de Christopher Walken, dans « Nos funérailles » qui lui vaut un prix d’interprétation au festival de Venise. Ces derniers films sont moins glorieux, il était peut-être resté dans l’ombre de son prestigieux frère.  Feu l’excellent site « secondscouteaux.com », lui avait consacré un portrait. Bibliographie : « Quinlan’s character stars » par David Quinlan (Reynolds & Hearn Ltd, 2004).

Filmographie : 1979  Charlie and the talking Buzzard) (Christopher Cain) – 1982  Frances (Id) (Graeme Clifford, figuration) – 1983  Rumble fish (Rusty James) (Francis Ford Coppola) – Footloose (Id) (Herbert Ross) – All the right moves (Vidéo : “L’esprit d’équipe) (Michael Chapman) – 1984  The wild life (video : “Attention, délires”) (Art Linson) –1985  Pale Rider (Id) (Clint Eastwood) – At close range (Comme un chien enrage) (James Foley) – 1988  Made in U.S.A. (Ken Friedman) – Return of the River Kwai (Retour de la rivière Kwai) (Andrew V. McLaglen) –  1989  Best of the best (Robert Radler ) – 1991  Future kick (Damian Klaus) – Mobsters / Mobsters : The Evil Empire (Les idomptés) (Michael Karbenikoff) – 1992  Leather jackets (Lee Drysdale) – Reservoir dogs (Id) (Quentin Tarantino) – 1993  Best of the best 2  (Robert Radler) – True romance (Tony Scott) – Josh and S.A.M. (Billy Weber) – Short cuts (Id) (Robert Altman) – Luck, trust & ketchup: Robert Altman in Carver Country (John Dorr & Mike E. Kaplan, documentaire) – The pickle (Paul Mazurski) – The music of chance (La musique du hazard) (Phillip Haas) – Beethoven’s 2nd (Beethoven 2) (Rod Daniel) – 1994  Imaginary crimes (Le point de rupture) (Anthony Drazan) – Fist of the North Star (Vidéo : « Ken le survivant ») (Tony Randel) – 1995  Under the Hula Moon (Jeff Celentano) – Scared cargo (Aleksandr Buravsky) – Mulholland Falls (Les hommes de l’ombre) (Lee Tamahori) –  To Wong Foo, thanks for everything, Julie Newmar (Extravagances) (Beeban Kidron) – 1996  The boys club (John Fawcett) – The funeral (Nos funérailles) (Abel Ferrara) – Cannes Man (Richard Martini) – Liar (Le suspect idéal) (Jonas Pate & Josh Pate) – Papertrail (Damian Lee) – 1998  Family attraction (Brian Hecker, CM) – One tough cop (Bruno Barreto) – Flagpole special (Paul Thomas Anderson, CM vidéo) – Rush hour (Brett Ratner) – The florentine (Nick Stagliano) – 1999  Bread and roses (Ken Loach, cameo) – Cement (Adrian Pasdar) – 2000 Kiss kiss (bang bang) (Id) (Stewart Sugg) – 2001  American Pie 2 (James B. Rogers, rôle coupé au montage final) – Corky Romano (Rob Pritts) – Murder by numbers (Calculs meurtriers) (Barbet Schroeder) – 2002  Stealing Harvard (TV : « Harvard à tout prix ») (Bruce McCulloch) – Masked and anonymous (Larry Charles) – Redemption (Vidéo : Un flic en enfer) (Art Camacho) – 2003   Shelter Island (Geoffrey Schaaf) – After the sunset (Coup d’éclat) (Brett Ratner) – Pauly Shore is dead (Pauly Shore) – 2004  Starsky & Hutch (Todd Phillips) –  2005  Juarez : Stage of fear (César Alejandro, vidéo) – The Darwin awards (Finn Taylor) – Holly (Guy Moshe) – King of sorrow (Damian Lee).

RIVIERA

Après le très abouti « Petite chérie » en 2000, avec Corinne Debonnière et Jonathan Zaccaï, on attendait légitimement beaucoup de la seconde réalisation d’Anne Villacèque. Si on retrouve bien sa maîtrise, le film hélas déçoit un peu, mais possède une maîtrise évidente. A l’heure où statistiquement 1 réalisateur sur 3, ayant réalisé son second film passe au troisième, espérons pouvoir retrouver son univers dans les années à venir. La réalisatrice se coltine une nouvelle fois avec une certaine vacuité de l’existence et l’idée de la perte de l’innocence. Antoinette, employée au ménage d’un grand hôte sur la Côte d’Azur – Miou-Miou, humanisant un personnage assez retord -, attend beaucoup de sa fille, Stella, – Vahina Giocante – superbe jeune femme « go-go danseuse ». Elles ne font que se croiser, la mère terminant son service et rentrant dans son appartement quand sa fille part travailler. Stella est vue seulement par les hommes que comme une « cagole », loin de voir autre chose au-delà de son charme fracassant, comme Fabrizio – Mathieu Simonet, qui a le même timbre de voix que son père Jacques Perrin – petit richard en goguette. Seul le patron de Stella – Antoine Basler, passant avec aisance de l’inquiétant au rassurant, encore un sous-utilisé à déplorer -, semble avoir un peu de tendresse pour elle. Pour Antoinette, sa fille est sa revanche sociale, elle montre avec fierté sa photo à un jeune livreur de pizza dégingandé – Franc Bruneau, vu dans « Les fautes d’orthographes »,  tout en regrettant sa jeunesse charmeuse. Elle n’hésite pas à instrumentaliser le destin, lors du passage d’un certain Romansky (… Jean-Michel), agent immobilier aisé et échappé à un univers Houellebecquien.  

Miou-Miou

La réalisatrice décortique derrière les clichés d’une ville touristique écrasée de soleil, la vacuité possible de l’existence, la vérité derrière les faux-semblants, la frustration surlignée par le bonheur apparent des riches, la promesse d’une vie facile à travers l’omniprésence d’une télévision promettant le quart d’heure Warholien à chacun. C’est dans cette analyse sans concession du désœuvrement que la réalisatrice retrouve la justesse de son regard. La résignation est vaine pour elle, mais elle démontre la possibilité de révolte naissante voire destructrice, à l’exemple d’un esclandre entre deux personnages au bord de la piscine. Miou-Miou en travailleuse discrète, que l’on ne remarque pas, vivant fusionnellement avec sa fille, dont elle attend beaucoup amène une justesse incroyable à un personnage dérangeant, retord. Elle souhaite pousser sa fille à réussir dans le monde, tout en ayant peur de sa réussite car elle pourrait se retrouver seule. Vahina Giocante, que j’avais vu lors de l’avant-première de « Lila dit ça » – elle avait d’ailleurs charmé tout son auditoire et montré une belle lucidité sur son parcours – un rôle assez similaire que Stella, dégage un érotisme fracassant digne d’une Brigitte Bardot – « l’ancienne ! », comme disait Fellag -, elle est bouleversante dans l’impuissance de bien cerner le trouble qu’elle suscite. Elie Semoun, prouve après le très bon « Aux abois », la  richesse de son registre, gauche et en manque d’amour, désarmé par la jeunesse de Stella et efficace dans son travail, compose avec aisance une personnalité peu accorte, le film doit beaucoup à ses trois comédiens. Le film finit par trouver une certaine limite peut-être par son scénario, mais saluons son côté dérangeant et inconfortable, assez courageux. Mais elle dépeint très bien de manière presque sociologique, la perte des illusions, un quotidien écrasant et le manque de perspectives dont notre société actuelle – elle avait fait un documentaire sur la jeunesse actuelle avec « Oh ! les filles » en 2003, que l’on aimerait pouvoir découvrir. Un regard singulier d’une noirceur peu commune et la réussite de véritablement capter l’air du temps, font les qualités de ce film. La cinéaste devrait beaucoup compter, même si on en ressort un peu déçu finalement de ce film, surtout après une formidable première oeuvre.

JE VOUS TROUVE TRÈS BEAU

Massacre dans les règles de l’art dans l’émission de France Inter, « Le masque et la plume », ce dimanche soir, pour ce film d’Isabelle Mergault qui ne méritait pas cet excès d’indignités. On lui reprochait son côté reprise d’ « Une hirondelle ne fait pas le printemps », comme si c’était l’exploitation d’un filon, flattant les bas instincts bucoliques de citadins blasés, puisque ce film a rencontré son public. Et pourtant, sortir d’un film entouré de spectateurs avec un large sourire, montre encore une fois le divorce entre le public et la critique parfois. Ce n’est pas une surprise de découvrir une écriture sensible chez Isabelle Mergault, qui était scénariste d’ « Aujourd’hui peut-être » (1990) film de Jean-Louis Bertuccelli à redécouvrir avec Giulietta Masina – la comédienne Medeea Marinescu, héroïne du film, a d’ailleurs un petit côté « Gelsomina » -, « Le voyage à Rome » (1992) ou « Meilleur espoir féminin » (1999), loin de ses prestations de « bonnes clientes » à la télévison. Le film narre la vie d’Aymé Pigrenet – Michel Blanc vraiment excellent et qui fut partenaire d’Isabelle Mergault dans « Une nuit à l’assemblée nationale »  -, un agriculteur nouvellement veuf pour avoir perdu sa femme électrocutée par une trayeuse automatique. Sans être véritablement bouleversé, il suit le conseil de sa notaire – Valérie Bonneton, probante entre écoute et exaspération – de faire appel à une agence matrimoniale non pas pour trouver l’âme sœur, mais pour trouver une main d’œuvre corvéable à merci. Mme Marais, directrice d’une l’agence matrimoniale – Eva Darlan, désopilante dans un numéro excentrique -, suivant son idée l’envoie en Roumanie. Elena – Medea Marinescu, très touchante -, mère de Gaby, une fillette de 6 ans, comprend vite la manière de profiter de la situation en opposant sa sincérité face à la sophistication des autres candidates. Aymé invente un stratagème pour justifier la présence d’Elena dans le village. La bonne humeur et la générosité d’Elena finissent par faire des étincelles face à Aymé, bourru, pingre, maladroit et surtout éternel râleur.

Michel Blanc & Medea Marinescu

Certes on peut reprocher à la réalisatrice quelques situations convenues, mais le dosage émotion et humour vachard est bien dosé. La mise en scène est loin d’être aussi anodine qu’on le dit, il y a même quelques trouvailles, comme le passage du nouvel an au clair de lune. Les situations sont crédibles et les personnages attachants, Isabelle Mergault avance par des petites touches très justes, comme des petits gestes d’affections, la chienne « Ciufut », ou les non-dits dans l’amitié entre Aymé et son voisin Roland – Wladimir Yordanoff, très subtil comme toujours -. L’humanisation d’Aymé est donc prévisible, mais sa solitude est bien décrite, le marasme de la Roumanie est montré de manière pudique et l’intérêt du film ne défaillit jamais. Outre les comédiens cités, il y a une belle galerie de seconds rôles, la toujours formidable Liliane Rovère, irrésistible en villageoise ogresse, déplorant l’alimentation de sa fille et attirant l’attention d’Aymé de manière inattendue, Elisabeth Commelin en femme de Roland toujours sur le qui vive, Véronique Silver, très touchante en cliente dans la salle d’attente de l’agence matrimoniale – trop sous employée ces derniers temps, sa manière de parler de l’anecdote des 2 cuillères est magnifique, Julien Cafaro, se trompant sur le sens des mots -,  Dora Doll dans un rôle trop court, et sa manière de déclarer qu’elle fait peur aux hommes, Renée Le Calm, aïeule délectable et « son qui est mort ? », etc… et un nouveau venu Benoît Torjman émouvant Antoine, amoureux transi d’Elena. Quand on voit le niveau actuel des comédies, et des films de divertissements Bessonnien – je ne sais pas si je vais vous épargner une notule sur « Bandidas » -, on ne saurait trop qu’encourager Isabelle Mergault de continuer dans cette voie.

MORT D’ANTHONY FRANCIOSA

 

Anthony Franciosa dans « Ténèbres »

Annonce de la mort du comédien Anthony « Tony » Franciosa, mort jeudi 19 dernier à Los Angeles, d’une attaque, moins d’une semaine après la mort de son ancienne femme Shelley Winters (le second d’une série de 4 de 1957 à 1960). Il avait débuté à Broadway en 1953 et avait travaillé plusieurs années dans le théâtre « off », avant d’être engagé par Elia Kazan dans « A face in the crowd – Un homme dans la foule » (1957). Il obtient la célébrité chez nous dans la série « Matt Helm » (1975-1976). Il avait participé à plusieurs films italiens dont « Sénilità – Quand la chair succombe » (1961), mélo de Mauro Bolognini, face à Claudia Cardinale et « Tenebrae – Ténèbres » (1982) de Dario Argento, une grande réussite du genre, où il campait un écrivain à la « Stephen King » dont l’oeuvre inspirait un mystérieux tueur. On l’avait revu après plusieurs années d’absence au cinéma dans « City Hall » (1996), aux côtés d’Al Pacino, dans un rôle mineur, hélas. On garde le souvenir d’un comédien sympathique, toujours souriant.

ARTICLE  par Bob Thomas LOS ANGELES (AP)

L’acteur américain Anthony Franciosa, que le public avait notamment pu voir dans des films d’Elia Kazan et George Cukor dans les années 1950, est décédé à Los Angeles des suites d’une attaque, a annoncé vendredi son agent. Il avait 77 ans. Né Anthony Papaleo en octobre 1928 à New York, Anthony Franciosa est mort jeudi au centre médical de UCLA, entouré de sa femme Rita et d’autres proches, a précisé Dick Guttman. L’acteur, dont l’interprétation puissante de personnages compliqués et agités fit de lui une star de Hollywood dans les années 1950 et 60 mais dont le comportement sur les plateaux de tournage gêna sa carrière, appartenait à une nouvelle vague de comédiens qui révolutionna le métier au milieu du XXe siècle, avec une approche introspective et intensément réaliste des rôles. La plupart de ces acteurs passèrent par le prestigieux Actors Studio de New York. Parmi eux, on comptait Marlon Brando, James Dean, Rod Steiger, Shelley Winters et Paul Newman. Franciosa fut marié à Shelley Winters, décédée le week-end dernier. A partir de son premier rôle important dans «Une poignée de neige» de Fred Zinnemann en 1957 -film dans lequel il jouait le frère d’un drogué-, Franciosa fut connu pour son interprétation de jeunes gens compliqués. Cette année-là, il apparut dans trois autres films, «Un homme dans la foule» d’Elia Kazan, «Cette nuit ou jamais» de Robert Wise et «Car sauvage est le vent» de George Cukor. La carrière de Franciosa se poursuivit avec des films tels que »Les feux de l’été», «La Maja nue», «Du sang en première page», »L’école des jeunes mariés», «Rio Conchos» et «The Pleasure Seekers» avec Gene Tierney. Mais le comportement de l’acteur sur les tournages devint un sujet de commérages à Hollywood. Circulèrent des histoires de conflits avec des réalisateurs, d’explosions avec d’autres acteurs. »Je suis parti à Hollywood au milieu des années 1950. Et je dirais que j’y suis allé un peu trop tôt», confiait Anthony Franciosa dans un entretien en 1996, ajoutant qu’il n’était pas assez mûr sur le plan psychologique et émotionnel pour faire face à toute cette attention. L’attitude quelque peu orageuse de l’acteur se manifesta aussi en dehors des plateaux de cinéma. En 1957, il fut incarcéré pendant dix jours dans la prison du comté de Los Angeles pour avoir frappé un photographe de presse. Du fait de sa réputation, les propositions à Hollywood se firent moins nombreuses et il se tourna vers des films européens et la télévision. Parmi ses derniers films, on peut citer «Ténèbres» de Dario Argento et «Un justicier dans la ville 2» de Michael Winner en 1982. Outre Shelley Winters, Anthony Franciosa fut marié à Beatrice Bakalyar et Judy Kanter, avec qui il a eu une fille, Nina. Il convola en dernières noces avec Rita Thiel, un mannequin allemand. Le couple a eu deux fils, Christopher et Marco. AP cr/v

JARHEAD – LE FIN DE L’INNOCENCE

Le film débute sur une citation ironique de « Full metal jacket » de Stanley Kubrick, avec un sergent recruteur lobotomisant, mais plus proche de Steve Martin que de R. Lee Ermey. La guerre du golfe éclatant durant l’été 90, on retrouve nos militaires face à l’aridité du désert saoudien, certains refusant de voir les intérêts économiques en jeu. Mais le film n’est pas un film de guerre attendu, dans cette atypique opération de la « tempête du désert ». L’intérêt de ce film du britannique Sam Mendes, qui a un sens visuel indéniable, est l’influence du cinéma sur l’esprit des jeunes marines, nourris d’images de guerre « Apocalypse now » – le monteur du film Walter Murch est repris pour ce film -et « voyage au bout de l’enfer » sont d’ailleurs cités. Nos militaires s’attendent donc à découdre, mais cette guerre atypique. Le film se veut subjectif, prenant le point de vue d’un soldat landa, Anthony Swofford – c’est l’adaptation de son témoignage vécu -, souffrant d’une militarisation atavique.  Autodidacte, il essaie de s’instruire en se cachant en lisant « L’étranger » d’Allbert Camus dans les toilettes. Pour la plupart, il y a une volonté d’en découdre avec cet ennemi presque invisible – reprenant ainsi l’idée de « Full metal jacket », où il n’était personnifié que par une femme armée. Il y a ici un petit côté pas déplaisant « Désert des tartares », célèbre roman de Dino Buzzati, dans l’attente ponctuée de frustrations, d’onanismes, de nettoyage de l’arme prolongement phallique évident, rites initiatiques lourdingues de chambrée, d’organisations de jeux comme un duel de scorpions , de sur-hydratation obligée, c’est dans ces moments là cycliques que le film est le plus intéressant. Les palliatifs de la masturbation et de l’alcool, ne font que participer à la fatigue. Les soldats guettent le moindre signe, même lors d’une rencontre de quelques autochtones en promenade…

Jake Gyllenhaal et Peter Sargaard

On reste finalement assez distant avec les personnages, même si Jake Gyllenhaal mérite l’engouement qu’il suscite en ce moment – même si on a du mal à occulter son personnage de « Donnie Darko », où il était exceptionnel, alors qu’il était assez falot dans le film catastroph(ique) « Le jour d’après » -. Peter Sargaard dans le rôle de Troy est plus probant car il dégage une certaine opacité, voire ambiguïté dans un rôle d’aîné protecteur. Jamie Foxx dirige ce petit monde de recrues tous des archétypes avec poigne et une humanité parfois suspecte. On retrouve Chris Cooper et Dennis Haysbert (« 24 heures » qui s’amusent visiblement à composer deux ganaches délectables. Le problème est finalement de Sam Mendes est de vouloir contenter tout le monde, montrer l’absurdité de la guerre, comme de montrer que l’armée est un refuge pour les laissés pour compte, où les personnes en quête de sens, comme l’ode enthousiaste du personnage de Jamie Foxx pour l’engagement contre un quotidien plus morne à travailler chez son frère. Reste les petits détails qui sentent « le vécu », comme les matériels radios qui ne fonctionnent jamais au moment voulu, ou le leurre d’une guerre « chirurgicale » avec les tirs « amis ». La réconstitution générale est remarquable, le réalisateur trouvant parfois un décalage onirique – l’apparition du cheval dans la nuit -. L’humour général est à saluer, à l’image du personnage d’Anthony qui entendant la musique des « Doors » d’un hélicoptère, se plaignant de cette musique du Vietnam et déplorant de ne pas avoir de musiques à eux ! Une approche non conventionnelle de la guerre et les affres de l’attente font de ce film une œuvre singulière mais au final assez décevante et au message assez évasif.

MORT D’UN POURRI

Georges Lautner a, ironiquement reçu une reconnaissance pour son travail, alors qu’il se fait plus discret. « Mort d’un pourri » (1977) dans un registre moins sarcastique que la série des « Monocles », montre la maîtrise de la mise en scène, face aux dialogues, excellents quoi qu’un peu inhibants on peut l’imaginer pour un réalisateur, de Michel Audiard. Le film met en vedette Alain Delon, curieusement assez primesautier au début du film, dans le rôle de Xav un entrepreneur qui se retrouve mêlé à une sombre histoire de dossier compromettant. Son ami Philippe Dubaye un politicien véreux –campé par l’admirable Maurice Ronet défait qui parvient à imposer son personnage dans un rôle très court –  vient d’assassiner un député – Charles Moulin, le berger de « La femme du boulanger » dans un rôle muet –. Ayant pris possession de documents pouvant nuire à de nombreuses personnalités du pouvoir. Il vient de donner ici un beau coup de pied dans « un panier de crabes », et les « intermédiaires » vont tout faire pour avoir ce dossier. C’est ici un rôle étalon pour Alain Delon, un solitaire qui va tout faire par fidélité pour sauver un ami, même si c’est un parfait salaud. L’amitié indéfectible est ici soulignée par des photos présentes du tournage des « Centurions » (Marc Robson, 1965), reprise ici pour souligner les épreuves subies par le duo Delon-Ronet, soldats ou mercenaires durant la guerre d’Algérie. Le regard de Michel Audiard est ici impitoyable et même assez ambiguë, dans le style « Tous pourris », il évoque finalement quelques idées un tantinet extrême (droite ?) et un nettoyage d’une société pervertie à tous les niveaux. Ca reste du divertissement même si c’est assez gênant, autre curiosité, tous les personnages déclament du Audiard, ce qui est un peu lénifiant, mais nous vaut la satisfaction d’un décalage d’entre Klaus Kinski – toujours inquiétant et ici mielleux à souhait – dire un texte mordant de ce célèbre dialoguiste.

Ornella Muti, Alain Delon & Jean Bouise dans « Mort d’un pourri »

Si les femmes sont un peu sacrifiées ici – Mireille Darc dévouée au « repos du guerrier », Stéphane Audran en grande bourgeoise alcoolique, Ornella Muti en jeune femme dans « l’œil du cyclone »,. Les rôles d’hommes sont plus probants, aux services le plus souvent d’organisations occultes, sociétés secrètes dans une vision du monde paranoïaque. Jean Bouise amène toujours une humanité en commissaire probe, luttant contre les connivences entre gens influents, Michel Aumont est son opposé, « compétent » et brutal, François Chaumette est un politique, remettant un prix dans la soirée de « la qualité française » – faut-il y voir une preuve d’auto ironie ? -, Daniel Ceccaldi est un avocat extrémiste, veule et amant de Stéphane Audran, Xavier Depraz – flanqué d’un Charles Millot muet – est un homme de main violent au service d’un Julien Guiomar roublard, composant un industriel « self-made-man » et sentencieux, et on retrouve Henri Virlojeux en dessinateur de BD fatigué, Gérard Hérold en politique déchu, El Kébir en ami sûr de Xav, gardien de parking, revenu d’Algérie pour avoir traversé on le devine quelques épreuves. Ces grands comédiens donnent corps à des personnages assez schématiques, au service d’Audiard qui privilégie son dialogue en sacrifiant un peu la véracité de cette confrérie compromise.  On retrouve toute une série de troisièmes couteaux crédités ou non, comme Roger Muni qui se fait voler sa voiture, Arlette Emmery en secrétaire, Michel Ruhl en préfet sous influence, et l’indispensable Philippe Castelli en buraliste goguenard, mais pas Catherine Lachens, crédité sur sa fiche IMDB, nom que j’avais laissé bien que ne le retrouvant pas sur mes notes. Philippe Sarde signe ici une de ses meilleures musiques, mise en valeur par Stan Getz au saxophone – lire à son sujet l’excellent article dans Chants éthérés -. Delon se coltine ici à de très grands comédiens, et la réalisation de Georges Lautner est très efficace, d’autant plus que ce thriller politique est teinté d’humour et le divertissement est présent.

GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK

Second film comme réalisateur pour George Clooney, et seconde charge consacrée à la télévision, après son très probant « Confessions d’un homme dangereux » sorti en 2003 – il se murmure qu’il préparerait un remake du « Network » de Sidney Lumet. Le parti-prix presque documentaire – la caméra suit les comédiens comme dans un reportage -, est réussit et la magie du  noir et blanc est retrouvée ce qui n’était pas le cas de bien de films modes comme le cornichonesque « Angel-a ». On retrouve l’ambiance des années 50, des polars noirs – chanteuse de jazz obligatoire -, de la reconstitution d’une équipe de télévision, ici CBS, mélangée à des images d’archives. Clooney dresse le portrait d’Edward R Murroy, présentateur TV célèbre qui donna le coup de grâce au sinistre sénateur Joseph McCarthy. On suit la chute de ce dernier, de 1953 à 1958. Il était tristement connu pour sa chasse aux sorcières, qui a eu un impact considérable à Hollywood entre ceux qui ont accepter de livrer des noms – Marc Lawrence, mort il y a peu, Sterling Hayden, Elia Kazan -, et les autres exilés en Europe – Joseph Losey, Jules Dassin, Edward Dmytryck etc… -. La sobriété du film est exemplaire, sans esbroufe, voire un tantinet un peu austère, mais on ne peut que saluer le travail du comédien comme réalisateur. On pense beaucoup aux « 12 hommes en colère » de Sidney Lumet sur la forme, Clooney a peut être été influencé par la captation en direct du « Fail safe » (1964), remake TV de Sidney Lumet justement. Il est évident qu’il parle aussi de notre société, de la différence entre l’information et la propagande, il fait ainsi une pique à la chaîne de télévision « Fox News », qui a d’ailleurs critiqué la France de manière fortement caricaturale, ces derniers temps.

David Strathairn

Sans être manichéen, les journalistes s’attachent ici aux faits, cherchant les contradictions de McCarthy, les failles de sa machine à broyer les consciences. La paranoïa collective atteignant tous les pouvoirs de l’armée aux médias, finissent par pousser les grands manipulateurs à la faute. « Le quatrième pouvoir » semble être né à ce moment là. Le journalisme d’investigations obtient ici ses lettres de noblesses. Le film parle de l’importance de l’éthique, ce qui est universel, il dénonce certaines connivences avec les pouvoirs, c’est d’autant plus important que nous avons une présentatrice TV du service public, mariée à un ministre en exercice, sans que ça ne semble absolument plus poser de problèmes à personne. Le film déplore aussi la censure économique des « sponsors », l’équipe de journalistes dirigée par Fred Friendly – Clooney qui ne s’est pas donné le beau rôle -, doit réfléchir à la perte d’une manne publicitaire avant d’énoncer une vérité dérangeante. David Strathairn – prix d’interprétation largement mérité au festival de Venise – méconnaissable quant on l’a vu chez John Sayles – il était formidable dans le méconnu « Limbo » – porte le film sur les épaules, ses interventions de moralistes et polémiques face au public sont des grands moments de cinéma, les autres comédiens étant plus en retrait – notamment les excellents Ray Wise, Robert Downey jr et Patricia Clarkson, Jeff Daniels en directeur des nouvelles, un peu sacrifiés en journalistes inquiets, Franck Langella en cynique patron de presse, Ray Wise  -. Strathairn compose admirablement son personnage, cachant sa nervosité derrière une sempiternelle cigarette, et montre une conviction étonnante. Le regard attachant sur ces pionniers des médias face au cynisme ambiant, est la grande réussite de ce film exigeant même s’il pâtit d’un peu de trop de distances.

VERS LE SUD

Avant-première le jeudi 12 janvier, à l’UGC Cité-Ciné Bordeaux du dernier film de Laurent Cantet, « Vers le sud », en sa présence. Avec Robin Campillo – réalisateur des « Revenants » -, il signe pour la première fois l’adaptation d’un roman de Dany Laferrière  – déjà adapté en 1989 avec « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » une comédie canadienne de Jaques W. Benoît -, trouvé lors d’un séjour à Port-au-Prince, en république dominicaine. Le romancier qui récrit actuellement ses romans pour une édition complète a été coopératif et a donné matière à ce film. Haïti dans les années 70-80, une femme souhaite confier sa fille à un gérant d’hôtel et qui est d’une grande beauté. Devant le refus de ce dernier prénommé Albert – Lys Amboise excellent et fil conducteur du film qui est en fait graphiste de profession -, elle lui déclare « méfiez-vous des masques ».   La vie touristique n’existant plus là bas on le comprend bien, le réalisateur a parlé très justement des contraintes, et de l’investissement personnel de la comédienne Charlotte Rampling. Le film est en suite centré sur trois touristes femmes voulant échapper à la société rigoriste anglo-saxonne d’alors. Et c’est bien une histoire de masques pour ces touristes, dont on devine que la vie est tout autres chez elles. Ellen, une enseignante de français à Boston joué par Charlotte Rampling, présente dès le début du projet, pour reprendre une expression retrouvée sur elle sur le web, pour qui le temps sur elle est une caresse, accueille Brenda. Cette dernière est jouée par Karen Young trouvée dans un casting et entrevu, il y a peu dans « Factotum », est une Américaine assez fragile.

Charlotte Rampling

Ellen aime à choquer ces interlocuteurs avec une grande crudité de langage, et elle s’amuse à dénigrer son amie Sue – Louise Portal -, avec une cruauté inouïe. Les deux femmes ont des sentiments assez forts avec Legba, gigolo de 18 ans – Ménothy César, un non professionnel qui a remporté le prix Marcello Mastroianni du comédien débutant à la 62e Mostra de Venise -. Il vend son corps et a une petite cour, Brenda a même connu son premier orgasme avec lui à 45 ans. Laurent Cantet cherche derrière un lieu très touristique et une plage magnifique à réfléchir sur le tourisme sexuel, l’arrogance de riches touristes profitant d’une situation de précarité et de danger permanent pour s’épanouir et lutter contre la frustration d’une société américaine.. Ici tout semble épargné, même si la réalité montre parfois son nez, comme deux « Tontons macoutes », humiliant un jeune vendeur de soda qui trimbale avec lui sa glacière. Il livre trois admirables portraits de femme, leur donnant à chacune des monologues où à l’instar de Françoise Lebrun, elles peuvent montrer leurs doutes et leurs faiblesses. Charlotte Rampling est comme toujours admirable, cachant sa vulnérabilité devant une sécheresse de cœur, bien que toujours très belle, son personnage souffre de trop de solitude, d’arpenter trop de bars de Boston pour finir seule. Karen Young montre une belle sensibilité dans un personnage borderline et romantique, qui semble étouffée par sa famille. On la devine névrosée et ses problèmes passent donc inaperçus dans cette société de masques. Saluons Louise Portal dans son rôle de Sue – Laurent Cantet saluait d’ailleurs son humilité face à ce rôle -, qui rend attachant son personnage et arrive à une grande justesse avec un personnage ingrat, en retrait et raisonnable. Le film lui doit beaucoup. Laurent Cantet – une présence sobre et un peu inquiète ce soir là –  livre ici un constat amer sur la société des années 70, et en signant une adaptation littéraire trouve matière à continuer sa manière de décortiquer les mœurs avec une grande acuité et de confronter pros et non professionnels avec une retenue (trop peut-être) constante.

MORT D’HENRI COLPI ET DE LITA RECIO

Série noire pour le monde du doublage avec la mort de Lita Recio, voir le journal de Les gens du cinéma et le forum de la Gazette du doublage. Elle était la voix d’Endora – inoubliable Agnes Moorehead – dans « Ma sorcière bien aimée » notamment. On l’avait vu il y a peu au cinéma dans son propre rôle dans « Une pure coïncidence » faux documentaire de son petit fils Romain Goupil.

Annonce également de la mort du réalisateur Henri Colpi. Il débute comme l’un des plus célèbres monteurs du cinéma français – « Le mystère Picasso », « Hiroshima mon amour, etc… ». On lui devait « Une aussi longue absence » (1960), qui est le plus beau rôle de Georges Wilson, en clochard amnésique qui ne reconnaît pas son ancienne femme, une patronne de bistrot – admirable Alida Valli -, et « Heureux qui comme Ulysse », dernier rôle de Fernandel traversant la Provence avec son cheval. On lui doit une adaptation plaisante de « L’île mystérieuse » pour la TV, dont une version courte a été diffusé en salles, avec Jess Hahn, Gérard Tichy et Omar Sharif en capitaine Némo, et quelques feuilletons dans les années 60-70. A noter qu’il avait monté dans les années 80, le film de 1922 d’André Antoine : « L’hirondelle et la mésange » resté inédit. Un artisan trop discret comme le disait René Prédal sur l’article qui suit.

ARTICLE – CINÉMA 80 N°262 [Octobre 80] Par René Prédal Monteur d’Alain Resnais et metteur en scène d’un scénario de Marguerite Duras « Un aussi longue abscence », Henri Colpi fut rangé d’emblée dans le courant contesté d’un certain cinéma littéraire français. Ses qualités personnelles sont pourtant originales mais hélas peu commerciables : attention, chaleur, pudeur, c’est-à dire le refus du brio, des thèmes à la mode et du style dans le vent. Dès lors, ses films ont un air désuet avant même d’être sortis mais touchent toujours par la justesse de leur regard et par les qualités humaines des personnages mis en scène. Tourné en Roumanie, « Codine », est sans doute son chef d’oeuvre, mais on retrouve dans « Mona », une poésie aussi prenante et dans « Heureux qui comme Ulysse la même adéquation du personnage au milieu naturel. Il est proprement révoltant de voir Colpi réduit depuis plus de 10 ans à jouer les conseillers techniques « Bilitis, de David Hamilton, 1976 » ou à devoir se contenter d’une participation à une coproduction cinéma-télévison « L’île mystérieuse co-réalisé avec Juan Antonio Bardem en 1973 », malgré la grande estime dont il jouit au sein de toute la profession. En fait, c’est sa modestie sincère qui constitue aujourd’hui son plus sérieux handicap.

Filmographie : 1960 Une aussi longue absence; 1962  Codine; 1965  Mona, l’étoile sans nom; 1969 Heureux qui comme Ulysse; 1972  L’île mystérieuse [co-réalisation avec Juan Antonio Bardem + version TV]. Télévision : 1969  Fortune; Thibaud ou les croisades [saison 2]; 1970-1971  Noëlle aux quatre vents; 1975  Le pèlerinage; 1977  Bergeval père et fils; 1982  Le château de l’Amaryllis.