Skip to main content

LES FILMS QUI RENDENT SCROGNEUGNEU : ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES

Il est charitable de ne pas tirer sur l’ambulance, de ne pas rire de David Martinon, de trouver Danièle Evenou fofolle et non pas pathétique, d’affirmer sans rire qu’Estelle Lefébure est assurément faite pour le cinéma, de trouver drôle Louise Bourgoin sur Canal+, et de ne pas avoir l’impression du bruit de la craie sur le tableau dès quelle parle –  elle nous menace, elle aussi de faire actrice chez Anne Fontaine -, de rire aux sketches de Jean-Luc Lemoine dans « On n’est pas encore lessivé », de trouver normal que Renaud Le Van Kim censure le beau texte de Mathieu Amalric aux Césars, …pour une question de timing – on y croit ! -, et que oui, vraiment Josée Dayan avec son « Sous les vents de Neptune », est vraiment la référence du service public – enfin, ce qu’il en reste -. Ah ! les travers de la politesse, oui il est trop facile de ricaner caché derrière son clavier. Mais on se retrouve parfois perplexe devant une entreprise – « Astérix 3 » donc, et l’on se demande, comment en est-on arrivé là ! Et pourtant, à trop tarder de voir le film, à trop vouloir compléter la fiche IMDB, en rentrant des noms inédits trouvé sur le site de Pathé suisse !,  – il me faut en ce moment quasiment visiter chaque fiche des film français, et faire du ressemelage, tant elles chantent misères, je crois que je vais abandonner… -, je finissais par trouver assez désolant que l’on jette autant d’opprobre sur ce film de divertissement… Il fallait bien que Thomas « Brutus » Langmann finisse par trouver moyen de s’affirmer face à Claude « César » Berri, tout de même… Curieuse évolution que celui de l’investigateur de ce film, qui avait débuté assez subtilement comme acteur au début des années 90 – « Nuit et jour », « Paris s’éveille » -, et qui voulait alterner, comme producteur, des films populaires – « Le boulet », plutôt plaisant – avec des films plus ambitieux – Mesrine vu par Jean-François Richet – en passant par des bizarreries totales – le (faux) culte et survendu « Steak » de Quentin Dupieux -. A force de ne rien attendre, on finit par espérer au moins un minimum syndical. Le public hélas, même les enfants, restait de marbre, ce qui est rare dans un multiplex… A la vision du film, il reste la désagréable impression d’un film écrit trop vite autour d’un casting quatre étoiles, il n’est qu’un prétexte pour enfiler un ensemble de scénettes, le duo Charlot-Magnier trouvant même l’occasion de s’auto-citer, avec le fameux « à l’insu de son plein grè », tiré des « Guignols de l’info » – période où ils étaient drôles certes -. Les effets spéciaux sont étonnamment peu convaincants, on a l’impression désagréable de voir les comédiens jouer devant un fond bleu. Alors pourquoi Albert Uderzo et la fille de René Goscinny, en bon gardiens du temple – mais que vaut Astérix sans Goscinny ? -, interdisaient à Gérard Jugnot de tourner « Astérix en Hispanie », avant de se laisser convaincre ici, quel manque de discernement. C’est aussi navrant que l’annulation de la pièce de Bernard-Marie Koltès, « Retour au désert », par ses ayants-droits. Et la seule idée du film, alors ? : Alain Delon et son « Avé moi » – idée honteusement piquée au « To be or not to be » de Lubisch – avec son célèbre « Heil Myself« , proféré par un acteur grimé en Hitler -, n’arrache même pas l’esquisse esquivée d’un sourire.

« Beaucoup de bruit pour rien »

Il tente l’autodérision, trop tardivement il est vrai si l’on songe aux acteurs américains. Quant à son dialogue reprenant quelques titres de ses films de « La race des seigneurs » au « Guépard », il est très creux. De plus Patrice Leconte utilisait cette même idée, il y a dix ans pour « Une chance sur deux », où il déclarait à Jean-Paul Belmondo être plutôt « Piscine ». Curieuse fin de carrière pour cette star se complaisant dans un certain passéisme, qui n’aura eu comme titre de gloire ces derniers temps que dévoyer complètement le Fabio Montale de Jean-Claude Izzo. Gérard Depardieu, n’est que l’ombre de lui-même, mais espérons pour lui que ce soit voulu comme les ¾ de sa filmo ces derniers temps, – je vais finir par lui faire un hommage rubrique R.I.P. de son vivant, si il persiste -. Surprise son personnage tente assez vainement de devenir plus subtil, et nous avons droit à une parodie pataude de l’un de ses rôles phare « Cyrano de Bergerac », ce qui n’arrange rien, on décroche bien évidemment pour songer au film de Jean-Paul Rappeneau. Clovis Cornillac essaie pourtant de trouver des équivalences au style BD, en montrant un Astérix convaincant ce qui n’est pas une mince performance vu l’ensemble. Benoît Poelvoorde nous arrache quelques sourires comme souvent, on a l’impression de le voir faire du sur place cependant, Stéphane Rousseau semble exsangue, José Garcia et Elie Semoun semblent prendre de la distance avec ce barnum… Les seconds rôles sont sacrifiés – Jean-Pierre Cassel, Vernon Dobtcheff, Sim, Arsène Mosca, Bouli Lanners, etc…-. Franck Dubosc et Alexandre Astier ne se renouvellent guère, Les caméos se multiplient Castaldi senior, Dany Brillant, Francis Lalanne, quelques stars du sport oeuvrant pour des associations. Enfin, au final, le génial Jamel Debouze qui nous tire de notre somnolence, hélas trop tardivement. Cerise sur le gâteau, on retrouve Vanessa Hessler, qui par habitude de sa prestation dans la pub « Alice » continue à rendre transparent tout ce qu’elle approche… Le film se partage entre l’esbroufe – la course de chars – et le décousu. Il y a curieusement un côté potache, à survoler ainsi un énorme budget pour en faire une parabole de la grenouille voulant être aussi grosse que le bœuf – la version signée Chabat -. Petite performance, on arrive à visualiser la pire des trois adaptations cinématographique sur Astérix – Claude Zidi avait eu au moins le mérite d’essuyer les plâtres et de poser les personnages -. Le spectateur moyen veut bien suivre, mais il y a des limites tout de même à ce naveton dispendieux. Les gros budgets deviennent de plus en plus énormes, le matraquage médiatique sert à palier les manques, le cinéma exigeant a de plus en plus de mal à exister. Je pensais à la phrase d’Olivier Assayas, dans le documentaire « Les mémoires du cinéma français » d’Hubert Niogret diffusé en DVD. Il y réclamait un devoir d’inventaire sur les actuelles comédies françaises, et pourquoi pas finalement…. Alafolix… pas du tout !

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Renée Le Calm

Renée Le Calm, photo source « Agence art 7 »

La double actualité de Renée Le Calm, dans « Enfin veuve » et « Paris », était l’occasion après Dominique Marcas et Francia Séguy, de rendre à nouveau un hommage à nos doyennes du cinéma français. « Chacun cherche son chat » s’inspire directement d’une des mésaventures de Renée Le Calm, qui gardait les chats de son quartier. Une amie de Klapisch lui avait raconté ce qui devint le point de départ de ce film. Ironie du sort, cette fidèle habitante du XIème, avait déjà fait de la figuration dans deux films du cinéaste. Rétrospectivement, on la reconnaît dans le métro dans « Riens du tout ». Cette retraitée de la restauration est donc engagée à nouveau, pour tenir son presque propre rôle dans ce film, face à la trop sous-utilisée Garance Clavel. Elle alterne la drôlerie et l’émotion. Le personnage de styliste que joue Marina Tomé, la voyant avec une autre vieille dame, déclare les trouver « insensées ». C’est l’âme du quartier, mais elle n’est pas passéiste face aux changements multiples urbains. Si elle déplore que certains de ses voisins soient expropriés, elle déclare s’habituer très bien aux nouveautés. Son bagou cache cependant une belle sensibilité, elle va jusqu’à tomber malade pour avoir perdu le chat noir – nommé « Gris-Gris » – de sa voisine. Le fidèle Jamel – génial Zinedine Soualem -, devenu assez lent après un accident, l’aide à reprendre goût à la vie. Le cinéma très vite se l’arrache, il faut dire qu’elle est toujours irrésistible, on se souvient du fou rire de Gérard Depardieu dans le bêtisier au générique final dans « Les anges gardiens », signé par un Jean-Marie Poiré au-delà du speedé, face à elle qui communie devant Christian Clavier qui joue un prêtre. Elle s’ingénie en général à voler la vedette à tout le monde. On la retrouve en grand-mère de Christian « Jules-Edouard Moustic » Borde, obligé de fuir sa capitale, en raison d’une apocalypse fomentée – et bidonnée – par un grand gourou d’opérette dans « Michael Kael… ».

Avec François-Xavier Demaison & Vincent Elbaz dans « Tellement proches » – photo source Allociné –

Elle est acariâtre et agonisante, en léguant son héritage à Isabelle Carré dans « Quatre étoiles ». Isabelle Mergault l’emploie avec bonheur dans « Je vous trouve très beau », où elle a droit à sa réplique culte « qui est mort ? », mais elle l’utilise assez lourdement dans son décevant « Enfin veuve ». Elle est une vieille dame constamment saoule dans le café que fréquente Jacques Gamblin. Elle arrive cependant à tirer son épingle du jeu, en arrachant quelques rires avec ses insultes diverses, passant de « Enculé » à … »Encornet ». Il faut la voir face au pauvre Paul Crauchet aussi mal employé qu’elle, la dame vaguement atteinte de la maladie de Gilles de La Tourette étant aussi gâteuse que lui. On la retrouve dans le « Paris » de Klapisch qui lui reste fidèle. Elle est plus alerte, malgré son grand âge, pour monter les escaliers que le personnage joué par Romain Duris et qui souffre du cœur. Elle est irrésistible en Mme Docase qui « crache des flammes » dans « Aide toi le ciel t’aidera » (François Dupeyron, 2007). Il faut la voir maugréer constamment et se lever de son fauteuil roulant pour partir à petits pas, quand elle n’attire plus l’attention de Félicité Wouassi. Elle est également formidable dans « Tellement proches » du duo Nakache et Toledano. Candidate improbable au permis de conduire – elle s’y essaie après des années – sans être dupe des sarcasmes de Vincent Elbaz. Elle se retrouve trimbalée par ce dernier dans toutes ses pérégrinations, ce qui donne des scènes drolatiques quand on la retrouve à faire une tortue en poterie dans une maternelle et même arbitre de tennis ! Avant de se voir par son répondant et son tempérament, membre adopté d’une famille compliquée. Renée Le Calm a une très grande personnalité et a ses dernières années composé l’un des personnages les plus attachants du cinéma français. A lire également son portrait dans L’oeil de Balthazar. Cédric Klapisch lui rend un bel hommage sur facebook, pour sa disparition le 8 juin 2019 : «  »Je m’étais tellement habitué à sa présence que j’avais oublié que ce jour pouvait arriver… J’adorais cette parisienne éternelle avec sa façon de parler inimitable et sa gouaille hallucinante… » On la retrouve une dernière fois sous sa direction dans « Deux moi ». Elle est une émouvante centenaire qui a perdu son colis, un cadeau pour son centième anniversaire, en ligne avec le personnage amusé et désemparé joué par François Civil, employé d’un call center.

Photo : L’oeil de Balthazar

Filmographie : 1991 Riens du tout (Cédric Klapisch) – 1993 Le péril jeune (+ version TV « Les années lycée : Péril jeune – 1975 ») (Cédric Klapisch) – 1995 Chacun cherche son chat (Cédric Klapisch) – Les anges gardiens (Jean-Marie Poiré) – Le silence de Rak (Christophe Loizillon) – 1997 L’annonce faite à Marius (Harmel Sbraire) – Ca n’empêche pas les sentiments (Jean-Pierre Jackson) – 1998 Lila Lili (Marie Vermillard) – 1999 Peut-être (Cédric Klapisch) – 1999, Madeleine (Laurent Bouhnick) – Les insaisissables (Christian Gion) – 2000 La boîte (Claude Zidi) – 2001 Filles perdues, cheveux gras (Claude Duty) – Ah ! Si j’étais riche (Gérard Bitton & Michel Munz) – The truth about Charlie (La vérité sur Charlie) (Jonathan Demme) – 2005 Je vous trouve très beau (Isabelle Mergault) – Quatre étoiles (Christian Vincent) – 2006 Petites révélations (Marie Vermillard) – Paris (Cédric Klapisch) – 2007 Enfin veuve (Isabelle Mergault) – Ma chère Alice (Martin Amic, CM) – Aide-toi, le ciel t’aidera (François Dupeyron) – 2008  Tellement proches (Eric Toledano & Olivier Nakache) – 2011  Renée (Jézabel Marques, CM) – 2018  Deux moi (Cédric Klapisch).

Télévision (notamment) : 1999 Regards d’enfance : Rends moi mon nom (Patrice Martineau) – Maigret : Meurtre dans un potager (Ewin Baily) – Avocats & associés : Le prix des sens (Philippe Triboit) – 2000 Un homme en colère : L’ange déchu (Didier Albert) – Boulevard du palais : La jeune morte (Jacques Malaterre) – Blague à part : Mémère (Pascal Chaumeil, CM) – 2001  Commissaire Bastille : Feux croisés (Gilles Béhat) – 2002  Maigret : La maison de Félicie (Christian de Chalonge) – 2003 Le porteur de cartables (Caroline Huppert) – 2005 Jeff et Léo, flics et jumeaux : Jardin zen (Étienne Dahene) – Docteur Dassin, généraliste : Des secrets bien gardés (Olivier Langlois) – Docteur Dassin, généraliste : L’ombre et la lumière (Olivier Langlois) – 2011  Le chant des sirènes (Laurent Herbiet). Non datés : Le bahut (Arnaud Sélignac).

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Alain Robbe-Grillet

Alain Robbe-Grillet & Anicée Alvina

Annonce de la mort d’Alain Robbe-Grillet, à l’âge de 85 ans, dans la nuit de dimanche à lundi à Caen, des suites de problèmes cardiaques. Ce pape du nouveau roman aura eu le mérite de s’intéresser au cinéma. Pour n’évoquer son parcours qu’au cinéma, à l’instar de Marguerite Duras, il sera engagé par Alain Resnais, qui confia souvent ses scénarios à des romanciers confirmés, pour « L’année dernière à Marienbad ». Cette œuvre déconcertante, esthétique, mais aussi envoûtante et hors du temps, jouée par Delphine Seyrig, Sacha Pitoëff et Giorgio Albertazzi, imposa son univers à l’écran. Il apparaîtra ensuite dans « Je t’aime, je t’aime » en 1967, autre chef d’œuvre d’Alain Resnais, dans le bref rôle d’un attaché de presse s’étonnant que Claude Rich qui joue un écrivain, signe impersonnellement ses ouvrages, « Hommage de l’auteur ».  Le cinéaste intrigue, préférant l’utilisation d’images mentales à la narration traditionnelle. Il connaîtra une grande notoriété, par son travail sur l’érotisme, son attrait pour les « filles-fleurs de nos rêves » – Françoise Brion, Marie-France Pisier, Anicée Alvina, etc… Il se lance dans la réalisation en 1962, avec « L’immortelle », où un professeur joué par Jacques Doniol-Valcroze, perd sa vie à retrouver le fantasme d’une aventure avec une étrangère de passage, jouée par Françoise Brion – Il reçoit pour ce film, le prix Louis Delluc 1963 – ex aequo avec « Le soupirant » de Pierre Étaix -. « Trans-Europ-Express » (1966), évoque les fantasmes de passagers lors d’un voyage en train de Paris à Anvers. Il y emploie Jean-Louis Trintignant qui lui restera fidèle pour 3 autres films. « L’homme qui ment », pour lequel il obtint le meilleur scénario au festival de Berlin, tourne autour de l’identité du homme mystérieux, nommé Boris Varissa. André Cornand dans « La saison cinématographique 1968 », le défend contre certaines critiques qui l’accusent de fumisterie, « …Robbe-Grillet ne tranche pas, il donne à voir, invite le spectateur à entrer dans l’univers fictif de son héros, l’appelle à la participation, laisse libre son interprétation. A lui de trouver sa voie dans le « labyrinthe » de l’imaginaire… ». « L’Eden et après » avec Catherine Jourdan, évoque des jeux sado-masochistes dans un café nommé « L’Eden ». Curiosité, Robbe-Grillet, essaiera un nouveau montage, en modifiant l’ordre des plans, pour en faire un nouveau film « N a pris les dés », ce dernier fut d’ailleurs diffusé dans les années 80, sur FR3. « Glissements progressif du plaisir », tourné en 1973, évoque les mésaventures d’une jeune femme mineure – Anicée Alvina -, en prison pour l’assassinat d’une amie avec une paire de ciseaux, et attendant sa fin prochaine dans des rêveries érotiques. »Le jeu avec le feu », tourné l’année suivante, multiplie la présence de belles interprètes – Anicée Alvina, toujours, Christine Boisson, Agostina Belli, Sylvia Kristel – une organisation secrète enlevant les jeunes femmes pour les livrer en pâture à des maniaques fortunés.  Suivant le conseil de Jean-Louis Trintignant de participer à ce film, Philippe Noiret ne s’acclimatera pas à cet univers. Il en parle dans son livre « Mémoire cavalière », rejoignant ainsi ses détracteurs : « …Supérieurement intelligent, il avait une fâcheuse tendance  à vous le faire sentir un petit peu » (…) Quand aux fantasmes érotiques de Robbe-Grillet, comme ce n’étaient pas les miens, je les ai trouvés d’un ennui profond ». « La belle captive » (1982) joue avec les codes du surréalisme et du fantastique, hommage à Jean Cocteau et à René Magritte, bénéficiant d’une superbe photographie d’Henri Alekan. On y retrouve Daniel Mesguich, le génial Daniel Emilfork et les magnifiques Cyrielle Claire et Gabrielle Lazure, ainsi qu’Arielle Dombasle qui participa à ses deux derniers films, dans le rôle de la femme hystérique. Autant d’exercices de style, agaçants parfois, mais pour lequel on garde un plaisir coupable en raison de l’érotisme ambiant. La critique suit parfois, tel Raymond Lefèvre dans « Cinéma 262 », octobre 80 : « Sous nos yeux, les structures se font et se défont, les intrigues se dissolvent dans la dérision, les faits et les personnages se dédoublent ou se pluralisent, les signes changent de valeur selon les nouveaux contextes, le réel et les possibles entrent dans le même champ de vision. Et tout cela sur le mode de jeu enrobé d’humour. Les détracteurs de l’oeuvre de Robbe-Grillet sont souvent ceux qui, au nom du « contenu » (le « fond » qu’ils privilégient) se refusent d’entrer dans l’univers ludique de l’auteur et l’accusent de formalisme stérile. C’est oublier que toute contestation doit également passer par une remise en question des structures de narration que nos habitudes de perception ont figéees en les considérnant, bien à tort, comme « normales ». Sur ce point, l’apport stylistique d’Alain Robbe-Grillet est dondammental… ». La suite est plus marginale, avec « Le bruit qui rend fou » (1994), co-réalisé par Dimitri De Clerq, histoire de vengeance dans un port de Méditerranée. Il retrouve donc Arielle Dombasle, pour « Gradiva », un essai qui provoqua quelques sarcasmes de la part des critiques. Son livre « Les gommes » avait été adapté en Belgique par Lucien Deroisy et René Micha, en 1968, avec Françoise Brion. Un gros ouvrage de 720 pages, reprend les scénarios de ses films comme réalisateur, sous le titre « Scénarios en rose et noir » 1966-1983, aux éditions Fayard (2005). Un ouvrage assez intéressant – pour l’avoir emprunté dans une bibliothèque – tiré de ses propres archives, comportant des documents de travail, rappelant ses obsessions. Rappelons qu’André S. Labarthe, lui consacré l’un de ses portraits pour le mythique : « Cinéastes de notre temps », qu’il réalisa avec Noël Burch, en 1969.

 

Filmographie : Comme scénariste : 1960  L’année dernière à Marienbad (Alain Resnais) – 1963  Begegnung mit Fritz Lang (Peter Fleischmann, documentaire) – 1995  Taxandria (Raoul Servais) – Comme réalisateur-scénariste : 1962  L’immortelle –  1966  Trans-Europ-Express – 1967  L’homme qui ment – 1969   L’Eden et après – N a pris les dés (nouveau montage du film précédent) – 1973  Glissements progressifs du plaisir – 1974  Le jeu avec le feu – 1982  La belle captive – Un bruit qui rend fou (co-réalisé avec Dimitri de Clercq) – 2005 – La Gradiva / C’est la Gradiva qui nous appelle – Comme acteur : 1967  Je t’aime, je t’aime (Alain Resnais) – 1969  Cinéastes de notre temps (André S. Labarthe & Noël Burch, documentaire TV en deux parties) – 1982   Un film, autoportrait (Marcel Hanoun, documentaire) – 1998   Le temps retrouvé (Raoul Ruiz) – 2001  Alain Robbe-Grillet : un nouveau cinéma (Benoît Peeters, documentaire). Conseiller technique : 1976  Guerres civiles en France (François Barat, Vincent Nordon & Joël Farges) .

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Henri Salvador

Annonce de la mort d’Henri Salvador, mercredi 13 février, à l’âge de 90 ans à son domicile parisien d’une rupture d’anévrisme. Peu de cinéma, mais il mérite qu’on s’y attarde un peu. On peut découvrir sa bonne humeur dans le DVD : « Mademoiselle s’amuse » (chez L.C.J. Éditions), en collègien de Ray Ventura, face à Gisèle Pascal. On le retrouve dans quelques nanars, en professeur de chant excentrique dans « Le clair de lune à Maubeuge » et en brigadier de gendarmerie taré dans « Les malabars sont au parfum ». Il fut en vedette cependant dans « Une cigarette pour un ingénu », un film de Gilles Grangier, mais… inachevé, apprend-on dans le livre d’entretiens « Gilles Grangier : Passé la Loire, c’est l’aventure ». Il y tient le rôle d’un homme fuyant son existence avec son camion benne. Il tient aussi le rôle principal du cornichonesque « Et qu’ça saute ! », signé Guy Lefranc, en policier doux rêveur, qui trouve deux caisses d’ananas contenant des bombes, dans une république sud-américaine d’opérette. On le retrouve dans un épisode de « Crimes en série », « Variations mortelles », en ami cafetier de Pascal Légitimus. S’il y est crédité au générique du début, il est totalement oublié dans celui, déroulant final. Ce grand musicien et chanteur, inoubliable interprète du blouse du dentiste de Boris Vian, emporte avec nous une part de notre enfance, par le souvenir de ses émissions de variétés, dans lesquelles il nous amusait par ses déguisements multiples et ses sketches, tout comme il pouvait nous attendrir. France 3 diffuse en hommage « Nous irons à Paris », vendredi prochain, à 14h40. Annonce aussi de la mort du grand cinéaste japonais, Kon Ichikawa, auteur notamment de « La harpe de Birmanie » (1956), de « Les feux de la plaine » (1959) et de « La vengeance d’un acteur » (1963).

 

Filmographie : Comme acteur : 1945  Le moulin des Andes / Le fruit mordu (Jacques Rémy) – 1947 Mademoiselle s’amuse (Jean Boyer) – 1949  Nous irons à Paris (Jean Boyer) 1951 Nous irons à Monte-Carlo (Jean Boyer) – 1952  Magazine de Paris (Claude Heymann, CM) – 1955  Bonjour sourire / Sourire aux lèvres (Claude Sautet) – 1956  Printemps à Paris (Jean-Claude Roy) – 1958  Europa di notte (Nuits d’Europe) (Alessandro Blasetti) – 1961  Il segugio (Accroche-toi y a du vent !) (Bernard-Roland) – 1962  Tartarin de Tarascon (Francis Blanche) – Un clair de lune à Maubeuge (Jean Chérasse) – 1964  Carrusel nocturno (Esteban Madruga) – Les gros bras (Francis Rigaud) – 1965 Les Malabars sont au parfum (Guy Lefranc) – 1967  Une cigarette pour un ingénu (Gilles Grangier, inachevé) – 1969  Et qu’ça saute (Guy Lefranc). Voxographie : 1999 The little mermaid (La petite sirène) (John Musker & Ron Clements, version française) – 2000  The little mermaid II: Return to the sea (La petite sirène 2 : Retour à l’océan (Jim Kammerud & Brian Smith, version française vidéo 2006) – 2004  Pollux, le manège enchanté : de Jean Duval, Frank Passingham & Dave Borthwick). Musique : 1961  Accroche-toi y a du vent ! (Bernard-Roland) – 1964  Sursis pour un espion (Jean Maley) – 1969  Et qu’ça saute ! (Guy Lefranc) – 1970  L’explosion (Marc Simenon).

 

Nota : Certaines sources le créditent à tort dans « Candide ou l’optimisme au Xxème siècle », de Norbert Carbonnaux, en 1960, dans le rôle du chef des Oreillons. Le rôle est tenu en fait par un autre chanteur, John William, confirmé par la vision du DVD chez René Château. Nombre de ses chansons figurent dans des films citons :  The little hut (La petite hutte), (Mark Robson, 1956), L’assassino (L’assassin) (Elio Petri, 1961), Le magot de Josefa (Claude Autant-Lara, 1963), Ghosts of Mississippi (Les fantômes du passé) (Rob Reiner, 1996), Le voisin (Marianne Vissier, CM, 1996), Go (Doug Liman, 1999),  Artificial Intelligence  : AI (A.I. Intelligence Artificielle) (Steven Spielberg, 2001), Ocean’s eleven (Steven Soderbergh, 2001), Merci Docteur Rey (Andrew Litvak, 2001) ; etc…

PIERRE ETAIX, OU COMMENT ENFONCER LES PORTES PAR LA FORCE DE SES CONVICTIONS

En 1982, dans « Cinéma 82 » N° 278, Frantz Gévaudan titrait un article, Pierre Étaix, cinéaste maudit, déplorant la difficulté de ce cinéaste à faire œuvre de créateur. Jacques Tati, avait eu le même problème sur la fin de sa vie, son originalité trouvant des difficultés à s’exprimer dans le tout venant de la comédie française. Le génie de Pierre Étaix est reconnu heureusement, ses talents multiples n’en finissent pas de nous réjouir, comme en témoigne le magnifique ouvrage « Étaix dessine Tati » (Éditions ACR), paru en novembre 2007, montrant une contribution fructueuse entre ces deux artistes de 1954 à 1956. Mais plus de 25 ans plus tard que cet article, la malchance perdure, on pouvait espérer une meilleure diffusion de ses films après la restauration de « Yoyo » (1964), par la fondation Groupama Gan, qui fut représenté l’an dernier à la cinémathèque, voir le blog de Serge Toubiana. Les films d’Étaix, sont à la fois poétiques et dans la grande tradition du Splastick, Jerry Lewis ne manque pas de rendre hommage à ce grand créateur qui aime à se définir comme un clown  :  » deux fois dans ma vie, j’ai compris ce qu’etait le génie, la première fois en regardant la définition dans le dictionnaire et la seconde fois en rencontrant Pierre Étaix… » . Ces dernières années ont été difficiles pour lui, il n’a eu l’occasion que de faire une captation de sa pièce « L’âge de monsieur est avancé » (1987), pour la télévision, avec lui même, Nicole Calfan et Jean Carmet, et « J’écris dans l’espace », tourné pour le Futuroscope de Poitiers, avec un objectif grand angle, visant à utiliser le procédé Imax-Onimax. Mais nombre de ses projets furent avortés, notamment « Nom de Dieu », qu’il devait faire avec Coluche, mort avant le tournage. Le souci actuel est que Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière ont signé un contrat de confiance – un document de travail en fait -, avec le frère de leur avocate, ce dernier s’annonçant comme diffuseur de courts-métrages. Mais après 30 mois sans nouvelles, ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent plus diffuser leurs films, même si la femme de Paul Claudon, producteur décédé des 5 longs-métrages d’Étaix, a toujours les droits ! Un imbroglio assez incroyable, lire la revue de presse du site de soutien Les films d’Étaix. L’article de Charlie Hebdo que l’on peut y lire, émeut Laurent Ruquier, il convie donc Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière à s’exprimer devant cette incongruité dans « On n’est pas couché »  du 2 février dernier – rendons hommage à cet animateur, on n’imagine pas un Laurent Weil en faire de même – . Ils ne savent pas s’ils ont à faire à une société fantôme -, Étaix dévoile que ces déboires ne pouvaient arriver qu’à un clown… Alerté par l’excellent forum qui lui est consacré dans DVD Classik, j’ai profité de la rediffusion de « On n’est pas couché » sur TV5, pour apprécier l’élégance et l’humour de Pierre Etaix et de Jean-Claude Carrière. Il y avait un moment ahurissant quand Etaix évoque un certain ancien ministre de la culture, qu’il appelle « M. Nom de Dieu de Vabres », qui l’avait fait mourir dans l’un de ses discours… Selon Jean-Claude Carrière, Etaix lui a répondu avec humour par une lettre d’outre-tombe !

Je repensais au début de son entretien avec Éric Leguèbe dans son beau livre « Confessions, un siècle de cinéma français par ceux qui l’ont fait » (Ifranc éditions, 1995), une belle leçon de vie : « Je me souviens que quand j’ai commencé au music-hall, j’avais préparé un numéro auquel je croyais vraiment. J’étais persuadé qu’il ferait un triomphe. J’ai fait le levé de rieau. Personne n’a applaudi… Je me suis alors dit : « Mon Dieu dans quelle galère me suis-je donc embarqué ? Je me suis complètement fourvoyé. Pourtant, je suis sur que l’idée est la bonne ». Jour après jour je n’ai cessé de me répéter : « Il faut que je me batte. » Cela a duré trois ans, au cours desquels je me suis payé des bides monstrueux, au point de me demander ce qui m’arrivait, de douter de plus en plus. J’en étais arrivé à ne plus avoir envie de persévérer dans ce métier. Il devenait un pensum. J’ai tout remis en  cause. Je ne cessais pour autant de travailler sur mon idée, en avançant, en retardant les éléments. Finalement, Jacques Tati qui aallait présenter « Jour de fête » à L’Olympia, m’a pris pour son spectacle, m »y réservant un créneau idéal. La salle était comble. Et là, tout le monde a éclaté de rire. Quelle récompense, quelle joie, indescritibles. Enfin, j’ai pu me dire que je ne m’étais pas trompé, que ce que j’avais monté n’intéressait pas que moi. Vous savez, c’est très dur quand on est envahi par le doute. Cela dit, je plais ceux qui ne sont jamais harcellés par le doute. Mais il ne faut pas non plus que ce doute vous paralyse. Douter c’est très bien, uniquement dans la mesure où ça fait partie des choses de la vie. A partir du moment où ce sentiment prend le pas, plus rien ne rime à rien. Si toutes les portes autour de vous sont fermées, c’est le désespoir de la solitude. Alors ces portes, il faut les enfoncer par la force de vos convictions. C’est là, la grande leçon donnée par Boileau : cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Une idée, un sujet, ne vivent que tant que vous y travaillez. ». Il est alors utile et salutaire de faire oeuvre de passeur pour ce grand cinéaste trop malchanceux. Il y a une pétition importante à signer, http://www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix/ en contactant quelques amis cinéphiles, je m’aperçois qu’elle émeut beaucoup de personnes.  Au moins, il y a un peu matière à consolation par les commentaires laudateurs. Soyons optimistes, et aidons les à enforcer ces satanées portes par la force de ses convictions, pour ceux, nombreux, qui rêvent de (re)découvrir ses films.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Roy Scheider

Annonce de la mort de l’acteur Roy Scheider, mort à l’hôpital de l’Université de l’Arkansas à Little Rock, à l’âge de 75 ans. Le comédien était atteint depuis deux ans d’un myélome multiple. Son physique taillé à la serpe, le prédisposait à jouer des hommes solides, luttant contre une société menaçante, tout en gardant une certaine probité. Issu d’un milieu modeste, il s’essaye au théâtre et découvre le cinéma, dans des rôles secondaires. On le retrouve en 1972 engagé par deux français, dans « L’attentat » d’Yves Boisset, en écrivain américain cynique et dans « Un homme est mort », solide polar de Jacques Deray. Les années 70, sont une belle décennie pour lui, on le retrouve souvent en policier comme son personnage de Brody dans « Les dents de la mer », qu’il reprendra dans la « séquelle » suivante. Il est aussi un policier intègre dans « French connection », et le frère de Dustin Hoffman dans « Marathon Man », dans des films qui lui apportent la confirmation de son talent. Il reprend le rôle d’Yves Montand dans l’honorable remake du « Salaire de la peu », d’Henri-Georges Clouzot, dans « Le convoi de la peur »,  où il est un ancien escroc, devant conduire un camion de nitroglycérine à travers la jungle. Il excelle dans un solide polar de Jonathan Demme, dans le rôle d’un ancien agent secret dépressif et victime d’une sombre machination. Il sait toujours apporter une humanité, même dans ses rôles les plus virils. Il trouve l’un de ses meilleurs rôles dans « Que le spectacle commence », audacieuse réalisation de Bob Fosse, qui mène une vie d’enfer à Brodway, comme metteur en scène d’une comédie musicale, dont le cœur finira pas lâcher. Citons aussi « Tonnerre de feu », spectaculaire film de John Badham pour l’époque, où en vétéran de la guerre du Vietnam, devient un pilote d’une brigade héliportée de surveillance. On le retrouve dans la suite du culte « 2001, odyssée de l’Espace », « 2001 », film décevant par son côté explicatif, mais qui n’est pas si indigne de son illustre modèle. Les dernières décennies, hormis un rôle ambigu chez David Cronenberg dans « Le festin nu » et chez Francis Ford Coppola,  seront beaucoup moins prestigieuses, il se perd dans des films de séries, qui sortent parfois en France présentés comme téléfilm ou en vidéo, ce qui rend complexe sa filmographie française. On le retrouve aussi dans quelques séries populaires comme « Sea Quest, police des mers ». Il finit donc légitimement par s’auto-parodier dans une pub pour « Orange » à l’instar d’un Steven Seagal. Annonce également de la mort de l’actrice suédoise Eva Dalhbeck, héroïne de « L’attente des femmes » d’Ingmar Bergman, et qui eu une consécration internationale, elle tourna même dans le curieux « Les créatures » d’Agnès Varda.

Filmographie : 1963  The curse of the living corpse (Del Tenney) – 1968  The paper lion (Le lion de papier) (Alex March) – Star ! (Star) (Robert Wise) –  1969  Stiletto (Bernard L. Kowalski) – Loving (Id / Belgique : Infidélités) (Irvin Kershner) – 1970   Puzzle of a downfall child (Portrait d’ une enfant déchue) (Jerry Schatzberg) – 1971  Klute (Id / Belgique : L’inspecteur Klute) (Alan J. Pakula) – The French Connection (French Connection) (William Friedkin) – 1972  L’attentat (Yves Boisset) – Un homme est mort (Yves Boisset) – 1973 The seven-ups (Police Puissance 7) (Philip D’Antoni) – 1974  Sheila Levine is dead and living in New York (Sidney J. Furie) – 1975  Jaws (Les dents de la mer) (Steven Spielberg)1976  Marathon Man (Id) (John Schlesinger) – 1977  Sorcerer / Wages of fear (Le convoi de la peur) (William Friedkin) – 1978  Jaws 2 (Les dents de la mer 2) (Jeannot Szwarc) – Last embrace (Vidéo : Meutres en cascade / Belgique : La dernière victime) (Jonathan Demme) – 1979  All that jazz (Que le spectacle commence) (Bob Fosse) – 1981  Blue Thunder (Tonnerre de feu) (John Badham)1982 Still of the night (La mort aux enchères) (Robert Benton)1984  2010 (2010, l’année du premier contact) (Peter Hyams) – In our hands (Robert Richer & Stanley Warnow, documentaire) – Starring… the actors (Alan Bloom, documentaire) – 1986  The Men’ s Club (Men’ s club) (Peter Medak) – 52 pick-up (Paiement cash) (John Frankenheimer) – 1988  Cohen & Tate (Eric Red) –  1989  Night game (Meurtres en nocturne) (Peter Masterson) – Listen to me (Une chance pour tous) (Douglas Day Stewart) – The fourth war (Vidéo : La quatrième guerre) (John Frankenheimer) – 1990  The Russia house (La maison Russie) (Fred Schepisi) – 1991  Contact : The Yanomami indians of Brazil (Geoffrey O’Connor) – Naked lunch (Le festin nu) (David Cronenberg) – 1993  Romeo is Bleeding (Id) (Peter Medak) – 1994  Wild justice (Paul Turner) – 1996  The myth of Fingerprints (Back home) (Bart Freundlich) – Plato’ s run (Vidéo : Traque sans merci / TV : Un duo de choc) (James Becket) – The rage / Word of Honor (Les enragés) (Sidney J. Furie) – The Peacekeeper / Hellbent (État d’urgence) (Frédéric Forestier) – 1997  Executive Target (Titre TV : Pleins feux sur le président) (Joseph Merhi) – John Grisham’ s The rainmaker (L’idéaliste) (Francis Ford Coppola) – The definite Maybe (Rob Rollins Lobl & Sam Sokolow) – 1998  Better living (Max Mayer) –  Evasive action (Vidéo : Sécurité maximum) (Jerry P. Jacobs) – The uttmost (Diana Choi, documentaire) – The white raven (Vidéo : Le solitaire) (Andrew Stevens) – 1999  RKO 281 (Citizen Welles) (Benjamin Ross, téléfilm diffusé en salles en France) – 2000  The doorway (Michael B. Druxman) –  Chain of command (Priorité absolue) (John Terlesky) – Daybreak (Le métro de la mort) (Jean Pellerin) – Angels don’ t sleep here (Titre TV : « Les anges ne dorment pas ») (Paul Cade) – Falling through (Colin Bucksey) – 2001 Time lapse / Past tense (David Worth) – Texas 46 / The good war (Giorgio Serafini) –  2002  Love thy neighbor (Nick Gregory) – Red serpent (Gino Tanasescu) – 2003 A decade under the influence (Une décennie sous influence) (Ted Demme & Richard LaGravenese, documentaire) – Citizen verdict (Philippe Martinez) – Wes Craven presents Dracula II : Ascension (Patrick Lussier, vidéo) – The Punisher (Id) (Jonathan Hensleigh) – Dracula III : Legacy / Dracula : Resurrected (Patrick Lussier, Vidéo) – Last chance (Lee Greenberg, CM) – Dark Honeymoon (David O’ Malley) – 2007  If i didn’ t care (Ben Cummings & Orson Cummings) – Iron Cross (Joshua Newton) – The poet (Damian Lee) – Voxographie : 1985 Mishima : A life in four chapters (Mishima) (Paul Schrader, récitant) – 2000  Legends, icons & superstars of the 20th Century (Robert Guenette, documentaire, récitant, vidéo) – 2002  The Feds : U.S. Postal inspectors (Jason Meath, documentaire, récitant) – 2006  The Shark is still working (Erik Hollander, vidéo, récitant) – 2007  Chicago 10 (Brett Morgen , documentaire, récitant) – Télévision (notamment) : 1972  Assigment : Munich (Un dangereux rendez-vou) (David Lowell Rich) – 1983  Jacobo Timerman : Prisoner without a name, cell without a number (Linda Yelen) –  1984  Tiger town (Alan Shapiro) -1990  Something has to shoot the picture (Frank Pierson) – 1993  Wild justice (Tony Wharmby) – 1996  Money play$ (Frank D. Gilroy) – 1998  Silver wolf (Peter Svatek) – 2001  Diamonds Hunters (La dernière rivale) (Dennis Berry).

DICTIONNAIRE DES COMÉDIENS FRANCAIS DISPARUS D’YVAN FOUCART (NOUVELLE ÉDITION)

J’’avais évoqué ici, les meilleurs dictionnaires de cinéma, que je connaissais. En 2000, grâce à « La lettre des comédiens » de Jean-Jacques Jouve, je découvrais le dictionnaire des comédiens français disparus d’Yvan Foucart, mine incroyable d’informations de 894 pages. J’évoquais souvent avec mes amis cinéphiles ce modèle de rigueur, plaignant les malchanceux de ne pas pouvoir l’acquérir car il était épuisé. On attendait vivement une réédition, en découvrant quelques nouveaux portraits dans le site d’André Siscot, « Les gens du cinéma ». Presque 8 ans après, nous découvrons avec bonheur une nouvelle édition de ce magnifique ouvrage. Les 543 portraits et 1170 noms – états civils complets -, de la précédente édition, deviennent donc 694 portraits et 2147 noms. On est bluffé de recevoir les 1186 pages de ce livre. Car mis à part une petite rubrique feu dans Ciné-Revue, le « Carnet noir » – qui n’existe plus en France après 60 ans de parutions ! – que quelques vieux schnocks atteignant leur 4ème décennie connaissaient bien, nombre de disparitions passaient superbement inaperçues. Grâce au livre d’Yvan Foucart, et les recherches de l’équipe d’André Siscot, on pouvait découvrir que l’attachant Roger Riffard était mort presque jour pour jour, en même temps que Georges Brassens. Et c’est toujours le cas, pour cette nouvelle édition, le pauvre Jean-Pierre Rambal, – professeur Plumecousin dans « Broc et Chnock » est mort en 2001, Max Vialle en 2000, etc… Évidemment avec le web, ces infos inédites se diffusent très rapidement – IMDB, Wikipédia, certains sites, etc… -, mais si on connaît ces informations, il faut bien dire que tout le mérite revient surtout à M. Foucart. C’est d’abord l’occasion de rendre à César… ce qui n’appartient pas à Alain Delon. Belge, il fait donc perdurer une tradition cinéphilique sérieuse, comme les travaux de ses compatriotes, André Siscot, Jean-Marie Lardinois, pour la revue « Stars », Bertrand Van Wonterghem « Eurobis », etc… -. Dans cette édition, nous retrouvons nos chers disparus récents – Michel Serrault, Jean-Claude Brialy, Giselle Pascal, Raymond Pellegrin, Philippe Noiret, Jean-Pierre Cassel – et hélas son grand ami Jean-Pierre Aumont, qui avait préfacé la précédente édition -, mais aussi d’autres plus méconnus – Neige Dolsky… . Citons  le sympathique Jean Droze, que l’on retrouve souvent dans les films de Louis de Funès, et dont Wikipédia disait il y a peu qu’il était « toujours vivant et à 82 ans, il prend une retraite bien méritée » ( !), alors qu’il est mort en 1995. Une mémoire du cinéma français, vous est ainsi donnée. Le livre est riche en anecdotes, si vous ne le connaissez pas, il va vite devenir votre compagnon, à la diffusion d’un film TV, ou à la lecture d’un DVD d’un film ancien ou récent. Toujours à l’affût d’un second rôle, c’est mon pêché mignon, je suis toujours à repérer une silhouette, ou une gueule, j’ai grâce à ce livre fortement progressé dans ma connaissance des acteurs, repérant un Louis Bugette, alors que croyais qu’il y avait toute une dynastie de « Bugette(s) », à l’instar des Barrymore, les dictionnaires de cinéma, le stipulant avec le prénom d’André ou Henri, alors que c’est bien le même acteur. Chaque portrait est accompagné d’une photo, formidable pour aider à identifier certains comédiens connus mais pas reconnus… La lecture des états-civils est riche en surprises, sur les noms véritables ou les années de naissance. Surprise, il n’y a pas que les comédiennes qui trichent sur leurs âges – Martine Carol, Capucine, Olga Georges-Picot -, mais aussi quelques acteurs comme Jean Lefebvre ou le coquet Howard Vernon, ce dernier se rajeunissant de 6 ans !. On retrouve les stars incontestées – Jean Gabin, Lino Ventura -, aussi bien que les excentriques du cinéma français chers à Raymond Chirat et Olivier Barrot – Julien Carette, Jean Tissier, Pauline Carton… -, leurs dignes successeurs – Michel Peyrelon, Jean-Pierre Bisson, Roland Blanche, Jacques Monod , Pierre Frag…-, des personnalités plus discrètes et souvent oubliées des dictionnaires – Jacques Hilling, Gérard Hérold, Denis Manuel, Mathilde Casadesus, Nicolas Vogel, Gabriel Gobin, Gabriel Cattand… -, de grandes voix du doublage – Sylviane Margollé, Jean Davy, Raymond Loyer.. -, des étoiles filantes – Pierre Blaise, Lyne Chardonnet, Anne Caudry, Pascale Ogier… -, des destins tragiques – Patrick Dewaere, Dominique Laffin, Françoise Dorléac… -. S’il y a un formidable travail de recherches des états civils exacts et des lieux d’inhumation – y compris en province -, il y a aussi un grand effort sur les filmographies, exhaustives même pour les très prolifiques Albert Michel ou Raymond Aimos. Dans le livre « Jeux d’auteurs, mots  d’acteurs » – « scénaristes et dialoguistes du cinéma français » 1930-1945 aux Éditions Actes Sud (1994), Philippe d’Hugues citait  une formule de Jacques Prévert, « Menteur comme un générique de film », reprise dans la préface de ce dictionnaire. Il y précisait  « La filmographie est devenue, depuis quelques années, une science précise. On peut regretter les comportements cinéphiles, passionnés et sentimentaux qui passent outre ce genre de question mais -tant pis pour la nostalgie d’antan – il est utile que nous abordions aussi l’étude des films munis de méthodes sérieuses, sinon scientifiques. La filmographie ne consiste pas à recopier les génériques de films, dont la véracité laisse perplexe ». C’est le cas ici, et il faut louer M. Foucart, de ne pas recopier sans se poser de questions la base IMDB ou les dictionnaires du cinéma français de Raymond Chirat – qui ne pouvait pas avoir vu certains films qui passent désormais sur le câble et en DVD -. Tout comme Armel de Lorme, il fait preuve d’un grand sérieux. Enfin un dictionnaire qui par sa rigueur, tord le coup à une multitude d’erreurs, et dont le plaisir de la lecture est sans cesse renouvelé. Ce livre risque d’être très vite épuisé, n’attendez pas trop, pour les modalités de commande du livre, le tirage étant limité, voir le lien suivant sur le site des « Gens du cinéma ». Indispensable en ces périodes « oublieuses » ! Tous mes remerciements à André Siscot pour la photo du livre.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Claude Faraldo

Annonce de la mort de Claude Faraldo, hier, d’une crise cardiaque, à Alès dans le Gard, à l’âge de 70 ans . C’était l’un des rares cinéastes à venir d’un milieu ouvrier, il avait commencé à travailler dès l’âge de 13 ans. « …Jusqu’à vingt-six ans, porteur de télégrammes ou manoeuvre, chômeur ou livreur, il connaît toutes les humiliations quotidiennes, la fatigue, le travail qui abrutit. En 1964, il rencontre Evelyne Vidal qui lui permet de vivre trois ans sans rien faire ». (1).  Il débute dans la vie artistique « …il imagine un scénario (Bof), écrit quelques pièces de théâtre (Doux Métroglodytes jouée au Studio des Champs-Elysées par Huguette Hue et Bernard Fresson), suit des cours d’art dramatique chez René Simon…) (1) et en co-réalisant « La jeune morte » avec Roger Pigaut, en 1965, avec Jean-Claude Rolland – dont on connaît le destin tragique – et Françoise Fabian, racontant la sortie de prison d’un jeune homme qui enquête sur la mort mystérieuse de sa jeune fiancée (1). Dès son second film, il est étonnant de singularité avec « Bof… Anatomie d’un livreur » (1970), avec l’atypique Julian Negulesco en livreur. Il nous fait partager sa morne vie, et celle de sa femme qui excédée quitte son travail – radieuse Marie Dubois – . Il décide de s’extraire du système, en vivant avec son père veuf – formidable Paul Crauchet – et un balayeur noir.  Une réflexion étonnante, profitant du climat singulier des années 70 dans le cinéma français. Il est ensuite l’auteur du libertaire et culte « Themroc » (1972), « …un poème barbare » (1), avec un prodigieux Michel Piccoli – il obtient un prix d’interprétation au festival d’Avoriaz -. Le ton anarchique surprend, un employé du bâtiment décide de réagir contre ceux qui ont le pouvoir et de vivre comme il entend, se rapprochant de la vie d’un homme des cavernes, faisant l’amour avec sa sœur – Béatrice Romand – et refusant l’autorité de sa mère – singulière Jeanne Herviale -. Il finit par contaminer son entourage par sa folie furieuse et destructrice. Le film n’a pas de dialogue – les personnages ne s’exprimant que par onomatopée -, et se veut le refus d’une existence routinière et absurde. Un diamant noir étonnant, dans lequel on retrouve quelques piliers du café théâtre comme Patrick Dewaere, Romain Bouteille ou Miou-Miou, ravi de casser les codes d’un cinéma français landa. Il tourne ensuite un documentaire « Tabarnac », sur la tournée française du groupe québécois « Offenbach », film qui semble être très apprécié au Canada. Il reprend le personnage du livreur, qu’il joue lui même cette fois dans »Les fleurs du miel » (1976), où il séduit une jeune femme désabusée et malheureuse en ménage lumineuse Brigitte Fossey -. « Deux lions au soleil » (1979), est un film étonnant, porté par l’interprétation de Jean-Pierre Sentier – comédien trop sous-employé – et Jean François Stévenin. Les deux hommes vont fuguer et vivoter loin de la société, et avoir entre eux une relation dépassant l’amitié.  C’est un film méconnu sur l’errance.  Avec « Flagrant désir » (1986), il utilise le format classique du policier, dans les vignobles bordelais, révélant la comédienne Anne Roussel. Même si la forme est plus classique, il est toujours lucide pour décrire avec justesse les enjeux de pouvoir.  « Merci pour le geste » (1999). Son dernier film, narre la vie d’un SDF et de son chien. Faraldo était à l’initiative du projet de « La veuve de Saint-Pierre », dont il avait écrit le scénario. Alain Corneau fut envisagé comme réalisateur, le film se fit finalement sous la direction de Patrice Leconte, avec Juliette Binoche et Daniel Auteuil, en 1999. Il faut saluer le parcours assez inhabituel et original de ce cinéaste, qui hélas n’aura pas eu trop l’occasion de continuer sur cette voie ces derniers temps – morne adaptation pour la télévision d’un roman de Michel Drucker, malgré l’interprétation de Jean Carmet dans « La chaîne », en présentateur du JT, éconduit suite à des élections, pour la télévision, par exemple. A défaut, il aura promené sa silhouette assez étrange dans quelques rôles, notamment dans la série « David Nolande », pour la télévision, où il figurait le mystérieux Alexian. On peut légitimement se demander ce qu’il adviendrait à ce cinéaste s’il débutait aujourd’hui…

(1) Bibliographie : « 900 cinéastes français d’aujourd’hui », sous la direction de René Prédal (Éditions du Cerf, 1988), par Gérard Camy.

(1) Le film semble être inédit, mais les catalogues du cinéma français de Raymond Chirat, indiquent une date de sortie (septembre 1966), mais elle peut être corporatiste, ce que confirme Claude Faraldo dans un entretien avec Jean Roy pour « L’humanité ».

Claude Faraldo dans « David Nolan »

Filmographie : 1965  La jeune morte / Les chiens (co-réalisateur, Roger Pigaut) – 1970  Bof… Anatomie d’un livreur 1972  Themroc – 1974  Tabarnac (documentaire) – 1975  Les fleurs du miel – 1979  Les lions au soleil – 1986  Flagrand désir – 1987  La chaîne (TV) – 1990  Tête de pîoche (TV) – 1972  Themroc – 1974 Tabarnac – 1975 Les fleurs du mal – 1980 Les lions au soleil – 1986 Flagrant désir – 1987  La chaîne (TV) – 1989  Les jupons de la Révolution : La baïonnette de Mirabeau (TV) – 1990 Puissance 4 : Tête de pioche (TV) – 1992  V comme vengeance : Champ clos (TV) – Puissance 4 : Le serpent vert (TV) – 1999 Merci pour le geste. Comme acteur : 1970  Les années Lumière (Jean Chapot, documentaire, voix du récitant) – 980  Le jardinier (Jean-Pierre Sentier) – 1982  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’homme tout seul (Jean-Paul Sassy, TV) – 1983  Mesrine (André Génovès) – 1987  Blanc de Chine (Denys Granier-Deferre) – 1993  Maigret se défend ((Andrzej Kostenko, TV) – L’ange noir (Jean-Claude Brisseau) – 1994  La patience de Maigret (Andrzej Kostenko, TV) – 1995  La rivière Espérance (Josée Dayan) – 2006  Mafiosa, le clan (Louis Choquette) – David Nolande (Nicolas Cuche) – Scénariste : 1999  La veuve de Saint-Pierre (Patrice Leconte) – L’équipier (Philippe Lioret). Production : 1977  Pourquoi pas (Coline Serreau).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)