Restons dans l’acrimonie sur le cinéma français, malgré la bouffée d’air frais de la déclaration de Pascale Ferran dans la cérémonie des Césars. On le sait bien que l’on ne doit pas compter sur un Besson – que ce soit Eric et Luc -, mais prenons donc des nouvelles du maquignon du cinéma français. Ce Besson là, dépense beaucoup plus d’énergie à parfaire son image de vieux gamin sincère et citoyen – il est aussi convainquant que Nicolas Dupont-Aignan, quand il essaie de nous faire croire qu’il se sent concerné par la banlieue ou l’écologie -. On attend donc qu’il nous déclare qu’il ne « va pas révolutionner » le cinéma français mais « l’amender » et « l’améliorer » sur un certain nombre de points… On ne peut pas dire qu’il est passé à la quatrième vitesse avec ce « T4XI », en nous livrant sa dernière séquelle. Le seul gag probant du film est la mention du générique « scénario de Luc Besson » ! Il nous annonce que c’est le dernier opus de la série, mais doit-on le croire quand on a vu la fin ouverte de son fadasse « Arthur et les minimoys », quand il annonçait arrêter la réalisation, c’est cruel de nous faire de fausses joies… On retrouve donc l’équipe habituelle des crétins bessonniens, sans Marion Cotillard, heureusement pour elle. Le commissaire Gilbert – Pauvre Bernard Farcy brassant beaucoup d’air, mais on n’a pas tous les jours l’occasion de jouer le rôle de Charles De Gaulle -, doit recevoir à Marseille un grand truand belge pour qu’il soit jugé au Congo… Passons sur le cas de Samy Naceri, qui défraye souvent la chronique et qui n’a d’ailleurs pas grand chose à faire ici, et qui me fait penser à la déclaration du personnage joué par Peter Ustinov dans « Lola Montès » de Max Ophuls : « Si le récit de vos scandales ne suffit pas à emplir une soirée, on en inventera d’autres ». Frédéric Diefenthal, Edouard Montoute doivent meubler comme ils peuvent. Il a aussi deux gamins et Emma Sjöbert-Wyklund, créature bessonnante par excellence qui se partagent les vacuités du scénario. Quant à Jean-Christophe Bouvet en général déjanté, alors qu’il nous avait arraché un sourire ou deux dans les autres versions, est même ici carrément pathétique. Luc Besson qui a abandonné tout espoir de créativité ce dernier temps, nous sert un synopsis proche du vide abyssal.
François Damiens, Jean-Luc Couchard & Mourade Zeguendi, où comment sauver les meubles
De plus il pille sans vergogne, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîîîtttreuuuu, tel « Les ripoux » (1984), – le coup de l’annuaire, les délires d’un commissaire après une prise de coke involontaire, gag que sublimait le génial Julien Guiomar -. Il nous ressert aussi l’idée des « Fugitifs » de Francis Veber, avec le grand Jean Carmet, où un vétérinaire voulant soigner le commissaire Gilbert, s’étant administré un calmant pour grands fauves, trouve qu’il a la truffe un peu chaude (mort de rire !). On connaissait son côté plagiaire, voilà qu’il assume ici sans états d’âmes. On a droit a deux guest stars Djibril Cissé et Patrick Poivre d’Arvor -co-prod avec TF1 oblige -, qui semblent se demander ce qui font là. Ses attaques contre Nicolas S., qui devraient nous être sympathique ne volent pas très haut, Bernard Farcy évoquant le « karcher », un gros sac sur lequel il est écrit « Ministère de l’Intérieur », servant à capturer une femme de ménage, sont plats et très loin d’être corrosives. C’est à la fois démagogue et ridicule. En prime, il fait parler ses silhouettes – car il n’y a aucun second rôle, Frédérique Tirmont ou Marc Andréoni, ne faisant que passer -… avec l’accent méridional, alors que l’on sait à la vision de la série de France 3 « Plus belle la vie », que plus personne ne parle de cette manière à Marseille… à part Michel Cordes bien sûr ! La seule bonne idée du film, est d’avoir repris les interprètes du réjouissant « Dikkenek », produit par « Europacorp » d’ailleurs, de manière assez opportuniste. Jean-Luc Couchard et François Damiens en grands méchants belges ont beaucoup de talent pour nous amuser ici, avec des situations aussi minimalistes, voir la pitoyable parodie du « Scarface » version De Palma. Ils doivent avoir un talent certain d’improvisation… Retour donc à ses premières amours pour le sieur Besson, qui ne l’oublions pas était assistant réalisateur sur « Les bidasses aux grandes manœuvres » de Raphaël Delpard en 1981. Mais notre « mogulet » roublard et français a finalement raison, à quoi bon faire preuve de dignité quand on méprise son public, puisque cela marche. De la fumisterie hissée jusqu’au niveau des beaux-arts… Mais qui nous en débarrassera ? Passons charitablement sur le rôle de yes-man de Gérard Krawczyk – qui apparaît ici dans la salle des coffres d’une banque de Monaco -. On sait qu’il a beaucoup de talent, voir son film précédent La vie est à nous. Souhaitons qu’il revienne à une veine un peu plus personnel, que son prochain film, remake de « L’auberge rouge ».