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LE FILS DE L’HOMME INVISIBLE EST UN FUMEUR DE GITANES

Peut-on revenir sur les polémiques actuelles concernant « Wikipédia » histoire d’apporter un peu d’eau au moulin contre ce site « work in progress » (1). Les failles de ce site en mouvement ont été signalées par des étudiants de Sciences-Po, quelques peu affabulateurs, rajoutant des erreurs ici ou là – sur les biographies de Pierre Assouline ou Tony Blair -. C’est un petit jeu, un tantinet pervers de « cheval de Troie » assez cavalier à vrai dire, mais nous rappelant que le web est source d’erreurs et de fausses informations. Citons l’exemple de la fiche concernant François Berléand. Un journaliste du « Nouvel observateur » avait fait une erreur dans sa biographie. Le comédien fumait alors des gitanes, résultat l’article imprimait que sa mère était gitane par un amalgame assez curieux ! Avec son humour habituel, il m’a confié que comme il fume désormais des cigarettes Malboro, il a peut être échappé au fait de ne plus être « Le fils de l’homme invisible », mais celui du cow-boy du même nom. Et bien évidemment un internaute a repris cette information dans le site de « Wikipédia », j’ai pu la corriger avant qu’elle ne se répande comme une trainée de poudre. C’est le même problème que j’évoquais sur le site d’IMDB, voir la note ici. Il y a désormais des filmographes – moi le premier d’ailleurs -, qui prennent ce site comme base de travail, il n’est pas rare de voir d’énormes erreurs reprises, mais qui peuvent me permettre de rectifier le tir par la suite. Par exemple, il y a le cas des titres français, sur « French imdb », « Les nerfs à vif » (1962) de Jack Lee Thompson avait pour titre « Cap de la peur » – traduction littérale de « Cap fear », même problème pour « Sandra » de Luchino Visconti (1965), devenant par les malices de la traduction, « Vagues étoiles de la grande ourse » (sic). Impossible de référencer toutes les erreurs vues sur ce site à mon petit niveau, mais le web génère le meilleur comme le pire. Mais il serait injuste de jeter complètement l’opprobre sur ce genre de site, il suffit parfois d’internautes avisés, comme sur « Wikipédia » notamment, quelques inconnus rajoutent les petits rôles du cinéma français, suite au visionnage du câble ou de DVD, qui peut se targuer de connaître par exemple Palmyre Levasseur dans « La vie à deux » (1958). Il faut donc faire preuve de vigilance mais aussi d’indulgence, quelques passionnés monomaniaques pouvant partager leurs passions. François Berléand vient lui de terminer hier le tournage de « Cash » d’Éric Besnard, qui bénéficie d’un scénario formidable, et il devrait entamer prochainement le tournage de « Cinéman » prochain film de Yann Moix, où il devrait camper un grand méchant… (1) « Libération du 9 juillet 2007, article de Frédérique Roussel ».

LE FILS DE L’HOMME INVISIBLE

 « Je m’appelle François Berléand, j’ai presque onze ans et je ne prends pas la parole sans y avoir été invité par un adulte. Je mange de tout, même si je n’ai pas une grande passion pour les carottes bouillies, les endives ou les épinards. Mais ce que je déteste par-dessus tout, c’est le chou-fleur. Sinon, je ne pose pas spécialement de problèmes. Dans ma chambre, j’ai un piano, un Teppaz, un bureau et une grande armoire en teck. Je suis AB négatif, ce qui est déjà très rare, et je suis le fils de l’Homme invisible… ». C’est la quatrième de couverture évocatrice de ce « L’homme invisible » premier livre de François Berléand. Je racontais ici que je l’avais rencontré, à l’occasion de l’avant-première des « âmes câlines ». C’est au milieu de la quasi-totalité de la famille du cinéaste du film Thomas Bardinet, que j’ai entendu la première fois raconter son enfance. Avec un grand humour il l’avait évoqué avec ses troubles, mais on comprenait une réelle détresse cachée devant une pudeur remarquable. C’est un psychiatre de son école, qui l’a sauvé, en démontant les petits mécanismes de sa petite folie, et en lui proposant la lecture de la « Côte sauvage » de Jean-René Huguenin, qui s’est révélé une bouée de sauvetage pour lui. Pour digresser un peu, ça m’a toujours impressionné que cet auteur, tragiquement disparu le 22 septembre 1962, à l’âge de 26 ans d’un accident de la route, a au moins fortement marqué les esprits de deux personnes… Pour ma part c’est son journal qui m’avait tiré d’une mélancolie assez noire. Reste à savoir si son œuvre inachevé – il n’a écrit que deux livres -, a eu une influence dans la vie d’autres personnes. J’ai retrouvé dans ce récit très poignant, « Le fils de l’homme invisible », souvent annoncé, le ton et l’esprit de François Berléand. S’il aime à se qualifier de cynique, il est vrai qu’il a un humour assez vachard, voire ravageur, c’est aussi un homme d’une grande humanité. Il y a beaucoup d’espoir dans son histoire « borderline ». Il y montre combien l’enfance peut-être difficile et interminable pour certaines personnes. Même s’il est entouré de l’amour de sa famille russe. Si chez elle les effusions sont rares, les sentiments véritables ne doivent pas être exprimer. Le petit François souffre de solitude et d’être gaucher contrarié. Selon sa grand-mère, sa main représente celle du diable. Il faut donc passer par l’épreuve de se contraindre à devenir droitier. C’est est une épreuve terrible pour lui,  surtout qu’il est en plus, « un peu dyslexique, dyscalculique ». Il explique sans ambages les ravages de la méthode globale pour l’apprentissage de la lecture, il a dû réapprendre à lire en 6ème.  Un jour son père, qui a un peu abusé avec des amis de la famille de la vodka, lui assène un tonitruant « Toi, de toute façon, tu es le fils de l’homme invisible ! » . Et comme selon le proverbe, « Un coup de langue est pire qu’un coup de lance », cette phrase aura pour l’enfant de 11 ans, nous sommes en 1963, une répercussion terrible. La lecture récente du « Sans famille » d’Hector Malot, aidant,, l’auteur la prend parfaitement au pied de la lettre. Il y a une description ludique – l’idée des miroirs truqués, ou les plans d’actions rêvés que permet l’invisibilité -, mais derrière cette évocation, il y a un traumatisme touchant. Une grande solitude enferme l’enfant, il ne peut dire à personne son handicap fantastique, il va essayer de trouver des petits arrangements avec sa souffrance. Il doit tenter à un moment hélas trop tardif d’en avertir sa grand-mère paternelle, une « Babuschka » aimante et humaine. L’enfant esseulé va penser que l’amour de ses parents s’exprime en fait, en achetant ses amis, car il pense qu’il ne peut intéresser personne, ou s’inventer un compagnon imaginaire, le chien d’un de ses amis, devenu lui aussi invisible. 

 

L’amour et les effusions d’une mère, un père assez absent et un grand frère, avec lequel il n’a pas trop de sympathie – pour la petite histoire c’est lui qui a pris la photo en couverture du livre, ne le sauveront pas, le petit François s’inventant un monde. C’est une sorte de dérision qui le sauve comme l’idée d’un jeu avec le « Jaquadi » pour affronter un médecin très dur qui tente de lui faire des tests sans humanité. En effet, en se déshabillant complètement en salle de classe – il n’était que torse-nu dans la réalité, l’auteur affirmant que tout est vrai à 2-3 % près -. Si l’enfant inquiète son entourage, il n’y aura pas une grande écoute cependant. Le cinéma va être aussi pour lui, une porte de sortie, en volant un peu d’argent à sa mère, de sa « main du diable », il va se réfugier dans les salles obscures, pour découvrir le classique « Noblesse oblige » ou « Le Kid de Cincinatti ». L’obsession d’invisibilité s’atténuant un peu, une autre conversation familiale, avec toujours les mêmes amis de la famille, l’évocation de quelques ancêtres venant de Mongolie, il s’invente alors une trisomie, car un de ses camarades l’avait traité de mongolien. Autre épreuve l’humiliante méthode « Ramain », d’une grande rudesse pour jeunes à acquérir une structuration mentale. Le principe de cette méthode était de réunir tous les enfants à problèmes de son lycée, en l’occurrence « Sainte Barbe », en les convoquant à n’importe quel moment. C’était une véritable épée de Damoclès, la psychologue, malgré son physique avenant se montrant impitoyable avec le premier de ses patiens, un bègue, tétanisé par sa méthode. François traverse une des périodes les plus tragiques de son existence, il se raccroche sur un autre adolescent qui semble « normal » par rapport aux autres, mais la consolation des d’une courte durée. Difficile de parler du livre, sans le déflorer un peu, il faut vous en laisser la saveur de la découverte. Loin d’être le livre habituel d’un « people », « Le fils de l’homme invisible » rayonne d’une belle humanité, en retrouvant le langage enfantin puis adolescent. C’est l’une des histoires, les plus prenants sur le monde de l’enfance, à la fois terrible et plein de promesse. On ressort de la lecture de ce livre, très ému, en entrant dans l’intime souffrance d’un enfant, dans une époque pas très compréhensible. J’en profite pour réitérer à François Berléand l’indéfectible estime que j’ai pour l’homme et pour l’artiste, c’est un grand monsieur. Il va voir en moi, dans un esprit de dérision, un vil flagorneur, mais tant pis, car il saura finalement, par sa sensibilité que je suis sincère. 

A lire l’excellent chronique de Mandor : François Berléand, un homme très visible.

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux ; François Berléand

François Berléand dans "Insoupçonnable"

François Berléand dans « Insoupçonnable »

 

« C’est un acteur tellement bon que quoi qu’on écrive, il y a forcément un rôle pour lui … », déclarait le cinéaste Pierre Jolivet à « Studio » lors du tournage du « Frère du guerrier ». Ce prodigieux comédien est de plus spirituel, perfectionniste et modeste, parfois féroce. Il est désormais tout simplement l’un des comédiens majeurs de son temps.

Ce jeudi 8 novembre, marque la parution du livre de souvenirs de François Berléand « Le fils de l’homme invisible« , sur son enfance singulière, dont il a fait souvent l’évocation dans les médias. C’est l’occasion d’actualiser un texte de mon ancien blog. J’avais commencé à le repérer dans « Les mois d’Avril sont meurtriers », peu dupe des directives nationales et philosophant sur l’humanité, prétendant que la chair de l’homme se rapproche du veau !.

Depuis son rôle de praticien hors normes dans « Septième ciel » il ne cesse de surprendre. Je l’ai suivi avec constance, avant de le rencontrer lors de l’avant-première du trop méconnu « les âmes câlines » en présence de Thomas Bardinet. On s’est trouvé des « atomes crochus »  – nous avons été marqués par les deux seul titre de Jean-René Huguenin, mort prématurément, lui par « La côte sauvage », moi par son « journal ». Et de le connaître un peu, n’a rien arrangé à mon admiration. Le succès ne semble pas l’avoir changé – Didier Flamand parlait de sa traversée du miroir, lors d’une émission de radio, il a gardé son humour ravageur et il continue à ne pas avoir de « plan de carrière ».

Attiré par le théâtre, il découvre tardivement qu’il est le petit-fils d’un metteur en scène russe de théatre, Micha Berliand, mort en déportation, et que sa grand-mère était comédienne. Mais personne dans sa famille n’en avait jamais parlé. « J’ai demandé la permission à mon père dedevenir comédien : – Bien, m’a-t-il dit, tu reprends le flambeau. Quel flambeau? Il m’a appris que mon grand-père avait dirigé un théâtre à Odessa, qu’il avait traduit Pirandello en russe et en hébreu » (1). Il suit, en 1973, les cours de Tania Balachova. Elle connaissait son grand-père, et « au détour d’une phrase, a déclaré que si je devais faire carrière un jour ce ne serait pas avant 40 ans… cette phrase m’a longtemps inhibé… » (2).

Puis, il manque de participer à la création du « Splendid », suite à une proposition de Josiane Balasko, pour s’engager dans la troupe de Daniel Benoin, au théâtre Sorano à Vincennes. Ceci, grâce à son meilleur ami de toujours, Hubert Saint-Macary, pour des créations collectives pendant 7 ans. C’est l’occasion pour eux de jouer de grands textes, et pour qui, avec une bonne dose d’autodérision « On a surtout réussi à faire fuir une génération de spectateurs ! » (2). Suit une belle carrière au théâtre avec Antoine Vitez (Hernani), Brigitte Jacques, Stéphan Meldeg, Sophie Loucachevcky etc….

Il commence à tourner des petits rôles : Pour la télévision, on le reconnaît en invité d’une soirée dadaïste dans la saga « Au plaisir de Dieu » (1977) avec Sacha Briquet, et en gendarme dans la série « Messieurs les jurés ». Au cinéma il est un jogger essoufflé aux côtés de David Gabison et Jacques François dans « Elles ne sont pas des anges, nous non plus » (1980).

Il rencontre également Alain Cavalier, pour « Martin et Léa », en 1977, son premier rôle de policier – un soupçonneux, indulgent la première fois -, face à Xavier Saint-Macary. C’est début d’une série, tel en 1982, un inspecteur de la mondaine dans « La Balance » : « Quand on réussit un rôle de flic, on vous demande souvent d’en refaire un autre » (3). En 1980, il retrouve Cavalier, dans le rôle d’un homme qui tente de gruger Jean Rochefort qui recherche sa mère dans une gare dans « Un étrange voyage ».

En 1982, il tourne pour Marc Jolivet, un film à petit budget : « Ôte-toi de mon soleil » où il profite d’une totale liberté de jeu pour expérimenter des techniques différentes, et même de participer au piano à la musique du film. En visualisant le grand nombre de rushes, il étudie la manière de progresser. C’est aussi l’occasion de rencontrer le frère de Marc, Pierre – dont il deviendra l’acteur fétiche pour 8 films -. Ce dernier le dirige avec justesse dans « Strictement personnel » (1984), puis en beau-frère encombrant « Le complexe du kangourou » (1986) et en homosexuel poursuivant Éric Métayer de ses assiduités dans »À l’heure où les grands fauves vont boire » (1992)…

Sa présence sur les plateaux est diffcile pour lui à cette époque : « Au tout début de macarrière, quand j’arrivais sur un tournage, j’avais un trac fou. J’étais mal. Je n’avais qu’une envie : c’est que le studio explose ou que la caméra tombe en panne pour pourvoir repartir… » (3). De ces années de second rôle, François Berléand m’a raconté une anecdote sur « Camille Claudel » (1987-88) dans lequel il tient le rôle d’un médecin de quartier durant les fameuses inondations parisiennes. Son propre fils, alors enfant, se retrouve à jouer avec Isabelle Adjani. Peu impressionné par la star, il lui demande si elle est aussi connue que son père. Isabelle répond «oui» et le fiston rétorque : « Alors, t’es pas connue ! ».

En 1986, l’importance des rôles grandit. Tel l’étrange collectionneur de timbres dans « La femme secrète », de Sébastien Grall, avec lequel il retravaille deux fois. Il progresse dans la hiérarchie en devenant le supérieur désabusé de Jean-Pierre Marielle dans l’excellent « Les mois d’avril sont meurtriers » de Laurent Heymann (qui l’emploiera souvent à la télévision).

Louis Malle, de retour des Etats-Unis, le remarque dans « Madame de Sade » mis en scène par Sophie Loucachevsky (dans le rôle d’une femme) et l’engage pour deux films en lui demandant humblement des renseignements sur le théâtre depuis son absence. Il joue un prêtre, que l’on devine travaillé par quelques pulsions, dans « Au revoir les enfants » (1987). Aussi, le notaire amoureux transi du personnage de Miou-Miou dans « Milou en mai » (1989). C’est l’occation à la troupe de faire quelques blagues à Paulette Dubost, jouant une morte en plein mai 1968.. Pour palier son trac habituel, François Berléand aime faire des farces et des plaisanteries sur les tournages. « Sur les plateaux de cinéma c’est un boute-en-train, intenable potache » (4).

Il se révèle très à l’aise dans la comédie. Notamment: en détective qui passe son temps à dormir dans « Suivez cet avion » (1989) et l’amoureux de Véronique Genest, ne voulant pas trop s’occuper de la fille de cette dernière, mais étant toujours présent dans l’adversité. Il est drôle et touchant en pion amoureuxdu théâtre, comédien en difficulté dans « Tableau d’honneur » (1991),- tournant une improbable publicité et collant un élève qu’il trouve sympathique, uniquement pour gagner un peu plus d’argent -. Les premières bonnes critiques de cinéma arrivent avec ce rôle. Mais la reconnaissance tarde un peu: on le cantonne souvent dans des rôles de policiers et de militaires et la critique semble le redécouvrir sans cesse…

Il personnifie le Général Montholon dans « L’otage de l’Europe » (1988), dirigé par le grand cinéaste polonais Jerzy Kawalerowicz qui dirige en Bulgarie une distribution brillante: Roland Blanche, Vernon Dobtcheff, Didier Flamand etc… avec l’aide d’un interprète. L’authenticité de la reconstitution de la captivité de Napoléon à Saint-Hélène, fait de ce film une œuvre à redécouvrir.

Il sera dirigé par Didier Flamand qu’il retrouve, dans un court-métrage culte « La vis » (1993), en employé d’un grand centre commercial, dont les personnages parle un curieux Espéranto. Il reste disponible chaque année à de jeunes réalisateurs de courts-métrages, qui ne renâclent pas sur les heures supplémentaires. Citons particulièrement « Liste rouge » (2000), avec Marc Citti, où il est brillant en chauffeur de taxi témoin impuissant d’une situation cocasse, et l’astucieux « Toi vieux » (2004), où il joue le personnage plus âgé de Jérémie Rénier, de retour… du futur .

En 1991, il fait une rencontre décisive avec Nicole Garcia dans la pièce « Le partage de midi » de Paul Claudel. Elle le dirigera successivement dans « Place Vendôme » (1997) et « L’adversaire » (2001) : « Elle m’a « relooké » – l’idée de porter la barbe c’est elle – et elle m’atoujours bien conseillé ». Ils seront partenaires en 2003 pour Josée Dayan, pour l’adaptation « Les parents terribles », de Jean Cocteau, avec Jeanne Moreau et Cyrille Thouvenin.

Dans les années 90, il participe à des téléfilms de qualité. Il est, par exemple le traître cauteleux de « Pardaillan », distillant une perfidie réjouissante. On le retrouve cuisinier, suspect idéal dans le pilote de « Crimes en série : Le silence du scarabée » avec Pascal Légitimus, ou le boiteux aigri dans « Le garçon d’orage ». Dans « Victoire ou la douleur des femmes » de Nadine Trintignant, il a un court rôle de médecin juif en fuite, mais il est prodigieux d’humour ravageur – ça manière de dire que les « Allemands ont une dangereuse tendance à se rapprocher ! » -.

Les belles rencontres continuent avec Bertrand Tavernier, en flic peu dupe de la naïveté du personnage de Marie Gillain dans « L’appât » (1994). Aussi en « sublime ganache », militaire borné dans « Le capitaine Conan » (1995). Puis vient Jean-Pierre Améris; avec le maire de village dans « Le bateau de mariage » (1992) et le père impuissant devant la détresse de sa fille dans « Mauvaises fréquentations » (1998). Il tiendra un rôle similaire dans « Vivante » (2001).

Il endosse volontiers des personnages contrastés: les deux jumeaux diamétralement opposés dans le méconnu « Dormez je le veux ! » (1997); ou à nouveau deux flics déjantés dans « La mort du chinois » (1997) et « Le sourire du clown » (1998). Quelle que soit l’importance de la durée de ses rôles, il arrive toujours à faire exister un personnage, tel celui, muet, du dîneur victime d’un quiproquo dans « L’homme idéal » (1996) ou le psy imperturbable de « L’homme de ma vie » (1998).

Dans « Les âmes câlines » DR

Deux films avec Vincent Lindon donnent un coup d’accélérateur à son parcours. Il faut avouer qu’il s’agit de deux superbes compositions : celui du policier tenace mais fragile dans « Fred » (1996) et celui – avec une présence charismatique – du docteur spécialiste de l’hypnose qui guérit la frigidité du personnage de Sandrine Kiberlain, et de manière peu conventionnelle,

dans « Le 7ème ciel » (1997). Ensuite, Catherine Breillat l’engage en directeur d’école séducteur, initiant Caroline Ducey au sado-masochisme dans « Romance » (1999) où il prouve à nouveau son grand talent dans la composition. Trois films qui marquent un tournant important dans son parcours.

Pierre Jolivet lui reste fidèle. Il sera l’avocat associé de Gérard Lanvin dans le remake de « En cas de malheur »: « En plein cœur » (1998). Il retrouve Benoît Jacquot en « protecteur » d’Olivier Martinez dans « L’école de la chair » (1998). Il rencontre Bertrand Blier pour « Les Acteurs » (1999) et se retrouve en homme de la rue – le réalisateur avait hésité de lui confier ce rôle, la notoriété arrivant et la plupart des comédiens jouant leurs propres rôles -, volant Maria Schneider à Pierre Arditi qui part se consoler dans les bras de Jean-Claude Brialy ! Il donne une distance ironique dans son rôle de châtelain étrange dans l’exercice de style « Promenons-nous dans les bois » (1999).

En 2000, il compose un salaud d’anthologie dans « Le prince du Pacifique », en militaire fou furieux, colonialiste et despote. Caricature obligée du film d’action, la moindre de ses apparitions est jubilatoire, mais le film est un échec financier. À noter bien que n’ayant pas encore la cinquantaine, il ne dédaigne pas jouer le thème du vieillissement alors que d’autres comédiens plus âgés l’évitent soigneusement : tel le patient au début de « Comment j’ai tué mon père » (2000), ou le truand usé dans un climat qui se veut « Tarantinesque » dans « HS » (2000).

Pour Pierre Jolivet, il devient un réjouissant assureur escroc dans « Ma petite entreprise », taraudé par ses origines slaves, incapable de voir l’amour que lui porte le personnage de Catherine Mouchet. Il obtient pour ce rôle le César 2000 du meilleur second rôle.

Il devient l’interprète principal de deux films : « La fille de son père » (2000) de Jacques Deschamps, en personnage qui s’invente une paternité – profitant de la démission du vrai père de Natacha Régnier, joué par Frédéric Pierrot -. En 2001, Il est remarquable en peintre bohème et dragueur embarqué dans situations délirantes, dans « Les âmes câlines », une mise en scène loufoque et inventive de Thomas Bardinet. Il tient cette même année, le rôle d’un informaticien génial berné par la belle Delphine Rollin, dans « Une employée modèle », mais le film est assez décevant.

Avec « Stardom » de Gabriel Arcand (1999) et « Casanova » pour la télévision, il re-joue en anglais dans « The transporteur » (2001) de Louis Leterrier (fils de François Leterrier). Il y est un commissaire niçois narquois, face à l’imperturbable Jason Statham et Qui Shu vedette à Hong Kong. Il déclare assumer lui même une cascade… la marche arrière de sa voiture !. Il retrouve son personnage de Tarconi en 2004, pour une suite tournée à Miami où il arrive à tirer son épingle du jeu malgré un semblant de rôle.

En 2002, il est remarquable en abbé souffrant de maux d’estomac dans « Le frère du guerrier ». Une idée récurrente dans la distribution de tous les rôles de François Berléand pour Pierre Jolivet qui se rapproche avec humour avec la B.D. « le combat des chefs » en hommage à « Astérix ». Il y retrouve aussi Vincent Lindon et Guillaume Canet – son partenaire dans « Trait d’union », « Pardaillan », « En plein coeur » et « Narco »- .

Guillaume Canet l’engage dans son premier long métrage « Mon idole ». Un coup d’essai transformé en coup de maître et l’occasion de prouver toute la gamme de son talent. Dans le rôle de Jean-Louis Broustal, en célèbre producteur de télévision, François alterne entre antipathie et bonhomie, en cynique « deus ex machina », fuyant quelques démons. Il y est manipulateur, drôle et pathétique, cyclothymique pouvant passer allègrement du proche au distant, parfois touchant – scène de la photographie de sa mère au milieu d’anonymes -, souvent féroce. Du très grand art et il manque de peu de emporter le César du meilleur acteur en 2003. Il retrouvera son metteur en scène dans « Ne le dis à personne », sorti en 2006, habile adaptation de l’oeuvre d’Harlan Coben, mais hélas pour le rythme du film, quelques scènes d’une guerre des polices avec Brigitte Catillon, et quelques tocs de son personnage doivent disparaître sur la table de montage.

Avec Diane Kruger dans « Mon idole »

Par les hasards du calendrier, de nombreux films sortent avec François Berléand en 2003 et 2004: On le retrouve en victime du destin pathétique dans la comédie noire « En territoire indien ». En escroc spécialiste en faux jetons de casino, et victime de tachycardie après avoir bu le café explosif de Sylvie Testud dans « Filles uniques » – rôle d’une incroyable drôlerie, on en redemande – et en responsable d’un supermarché en mal de paternité dans « Les amateurs ».

En convoyeur déjanté – avec la réplique choc « ça va charcler ! » – à la gâchette facile dans « Le convoyeur ». Sur un mode moins délirant, il est l’irrésistible ancien mari en « panne » de Nathalie Baye dans « Une vie à t’attendre » et le garagiste qui devient héros national pour s’être accusé d’un crime dans une comédie noire de Dominique Deruddere : « Pour le plaisir ».

En pleine canicule 2003, il tourne « Les choristes », film qui devient un véritable phénomène de société. Brillant remake de la « Cage aux rossignols » de Jean Dréville, François Berléand est un directeur d’école autoritaire nommé Rachin, vindicatif et sournois – il s’est inspiré des rôles de Louis De Funès). Il contribue largement avec Gérard Jugnot au succès de ce film (il faut le voir s’énerver dans la scène fameuse du « pion, pion, pion… »-. Succès qui se confirme en DVD et qui vaut à Christophe Baratier une nomination aux Oscars, comme meilleur film étranger.

En parallèle, il poursuit aussi sa carrière théâtrale: dans « L’enfant-do » en 2002, où vieux père de famille, il converse avec un ours en peluche géant. Dans la saison 2003-2004, il est remarquable dans « Café chinois », pièce d’Ira Lewis. Il retrouve son camarade de classe, et partenaire dans « La balance » et « le joueur de violon » (1993) dans la formidable réussite adaptée et mise en scène par Richard Berry (un projet vieux de 10 ans). Dans son rôle de photographe raté et blasé, Berléand excelle en personnage aigri et blessé, face à Berry, touchant en auteur nerveux, vivant mal une situation précaire.

Tourné en 2002, juste après « Mon idole », le film « Je suis votre homme » de Danièle Dubroux, présenté sur le marché du film du festival de Berlin, sort le 25 août 2004 sous le titre d’ »Éros Thérapie ». Il est le mari de Catherine Frot, rendu amnésique – ou feignant de l’être – parce que sa femme vit une relation avec Isabelle Carré. Il se réfugie dans le garage de sa maison familiale et conclut que faire l’amour avec sa femme est une sorte d’inceste ! Il retrouve Jacques François dans son dernier rôle, prodigieux en père dépassé par les évènements. En octobre 2004, sort le subtil « Grand rôle » qui malheureusement ne rencontre pas son public. Il y tient le rôle payant de l’agent zélé et survolté de jeunes comédiens.

 

Dans « Edy » Dans « Narco » sorti en novembre 2004, premier film de Tristan Aurouet et Gilles Lellouche, il campe à nouveau un personnage cynique. C’est un riche éditeur, manquant de flair, – il refuse de publier Yann Queffélec dans son propre rôle -. Son personnage est décalé et pitoyable. Se prenant pour un nouvel Lenny Bruce, il monte sur scène dans l’ombre d’un talent. Il faut le voir s’engouffrer dans sa somptueuse limousine, content de sa prestation, malgré un « bide » saignant. Il joue également le mari volage mais aimant et fatigué du personnage d’Isabelle Huppert dans « Les sœurs fâchées », et un aventurier blasé, père dupersonnage d’Hélène de Fougerolles dans « Le plus beau jour de ma vie ». Il est irrésistible en rusé fauché, pour faire payer la note d’un restaurant au personnage de Michel Duchaussoy, ou raviver sa flamme avec son ancienne femme jouée par Marisa Berenson. Dans le morne « Quartier V.I.P. », il incarne un financier incarcéré, roublard et manipulateur, instrumentalisant un gardien de prison joué par un minéral Johnny Hallyday. Avec le premier film de Stephan Guérin-Tillié, « Edy » il trouve un de ses meilleurs rôle en assureur à bout de course. Il déclare volontiers que ce film reste son préféré.Il y a une constante chez lui, c’est sa manière d’humaniser ses personnages, même les pires crapules, à l’instar de son pathétique Gilles Triquet, petit chef rigolard et incompétent, dans « Le bureau » pour Canal+ , heureuse adaptation française de la série culte de la BBC, « The office ». Sa prestation de roi prêtre à céder sa fille à quelques princes pour retrouver la fortune dans « Aurore » de Niels Tavernier, et celle du paysan bourru, façon Gabin dernière manière dans « Le passager de l’été » de Florence Moncorgé-Gabin, jubilant comme un gosse en étant un des premiers à avoir son propre tracteur, confirme qu’il apporte toujours une empathie avec ses personnages.  Claude Chabrol l’engage une première fois pour « L’ivresse du pouvoir », en lui offrant un de ses meilleurs rôles en PDG détendant de son piédestal, et payant de sa personne en lieu et place de plusieurs personnalités corrompues. Il vient de terminer son second tournage avec lui, pour « La fille coupée en deux », tourné à Lyon avec Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, Mathilda May, Caroline Sihol, Didier Bénureau, Jean-Marie Winling, Hubert Saint-Macary et Édouard Baer.  Pour François Berléand, les projets se bousculent, il est demandé partout et ce n’est que justice. Les honneurs tombent avec la remise le 12 janvier 2006 des insignes de chevalier de la Légion d’Honneur des mains du ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres, mais il garde les pieds sur terre « Je sais que l’on peut tutoyer les étoiles, et malgré tout, redescendre en une seconde… » (5) Il devrait continuer à nous réserver beaucoup de surprises, son « minimum » étant le « maximum » de beaucoup d’autres. Salut l’artiste !Citations :1) (Le Point, avril 2004). 2) (Studio, octobre 1999). 3) (La lettre des comédiens N°15-16). 4) (Marie-Hélène Martin, Libération du 24/08/2004). 5) (Studio, novembre 2005).

   

François Berléand dans « Un territoire indien »

Filmographie : 1977  Martin et Léa (Alain Cavalier) – 1980  Un étrange voyage (Alain Cavalier) – On n’est pas des anges… elles non plus (Michel Lang) – 1981  Les hommes préfèrent les grosses (Jean-Marie Poiré ) – 1982  La balance (Bob Swaim) – Stella (Laurent Heynemann) – Ote-toi de mon soleil (Marc Jolivet) + musique – 1984  Marche à l’ombre (Michel Blanc) – La voix de son maître ou deux jours dans la vie de M. Léon (Patrick Zeyen, CM) –  Signé Charlotte (Caroline Huppert) – Strictement personnel (Pierre Jolivet) – 1985  Le souffleur (Franck Le Witta, inédit) – 1986  Le complexe du kangourou (Pierre Jolivet) – La femme secrète (Sébastien Grall) – Les mois d’avril sont meurtriers (Laurent Heynemann) – 1987  Au revoir les enfants (Louis Malle) – Histoires de familles (Marion Lary, CM) – Poker (Catherine Corsini) – Camille Claudel (Bruno Nuytten) – 1988  Jours de vagues (Alain Tasma, CM) – Jeniec Europy (L’otage de l’Europe) (Jerzy Kawalerowicz) – 1989  Suivez cet avion (Patrice Ambard) – L’orchestre rouge (Jacques Rouffio) – Perdue (Marion Lary, CM) – Un père et passe (Sébastien Grall) – Milou en mai (Louis Malle) – Elle aima, fut aimée et mourut (Serge Lalou, CM) – 1990  Sans rires (Mathieu Amalric, CM) – Copie conforme ou la sœur d’Albert (Jean-Claude Marchant, CM) – 1991  Tableau d’honneur (Charles Némès) – 1992  Le bateau de mariage (Jean-Pierre Améris) – À l’heure où les grands fauves vont boire (Pierre Jolivet) – 1993  La vis (Didier Flamand, CM) – Le joueur de violon (Charles Van Damme) – 1994  3000 scénarios contre un virus : Poisson rouge (Cédric Klapisch, CM) –  Les Milles – Le train de la liberté (Sébastien Grall) – Une belle âme (Éric Besnard, CM) – Chacun pour soi (Stéphane Brisset, CM) –  L’appât (Bertrand Tavernier) – 1995  Fugueuses (Nadine Trintignant) – Capitaine Conan (Bertrand Tavernier) – Un héros très discret (Jacques Audiard) – 1996  Ultima hora (Laurence Meynard, CM) – Gorille, mon ami (Emmanuel Malherbe, CM) – L’homme idéal (Xavier Gélin) – Fred (Pierre Jolivet) – 1997  Place Vendôme (Nicole Garcia) – Dormez, je le veux ! (Irène Jouannet) – La mort du Chinois (Jean-Louis Benoît) – Le pari (Didier Bourdon & Bernard Campan) – C’est déjà Noël (Siegfried, CM) – Bonjour (Bruno Herbulot, CM) – Le septième ciel (Benoît Jacquot) -1998  Mauvaises fréquentations (Jean-Pierre Améris) – Romance / Romance X (Catherine Breillat) – Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – L’homme de ma vie (Stéphane Kurc) –  L’école de la chair (Benoît Jacquot) – En plein cœur (Pierre Jolivet) – Tout le monde descend (Laurent Bachet, CM) – Le sourire du clown (Eric Besnard) – Ma petite entreprise (Pierre Jolivet) – Innocent (Costa Natsis) – Coup de lune (Emmanuel Hamon, CM) – 1999  Les acteurs (Bertrand Blier) –  Promenons-nous dans les bois (Lionel Delplanque) – La débandade (Claude Berri) – Une pour toutes (Claude Lelouch) – Trait d’union (Bruno Garcia, CM) – Stop (Rodolphe Marconi, CM) – Stardom / Quinze moments (Denys Arcand) – Six-pack (Alain Berberian) – 2000  Vivante (Sandrine Ray) – Comment j’ai tué mon père (Anne Fontaine) – HS – Hors service (Jean-Paul Lilienfeld) – Le prince du Pacifique (Alain Corneau) – Recrutement (Didier Lauret, CM) – Liste rouge (Jérôme Bonnell, CM) – Pas d’histoires ! : Cyrano (Vincent Lindon, CM) – La fille de son père (Jacques Deschamps) – Parce que notre besoin de consolation (Jacques Fontanel, CM) – 2001  Le transporteur ( The transporter ) (Louis Leterrier & Corey Yuen) – En territoire indien (Lionel Epp) – Requiem(s) (Stéphane Guérin-Tillié, CM) – Grand oral (Yann Moix, CM) – Le frère du guerrier (Marc Jolivet) – Féroce (Gilles de Maistre) – Une employée modèle (Jacques Otmezguine) – Les âmes câlines (Thomas Bardinet) – L’adversaire (Nicole Garcia) – 2002  La mentale (Manuel Boursinhac, non crédité ) –  Remake (Dino Mustafic) –  Langue de cuivre (Aurélien Cabat, CM) – Mon idole (Guillaume Canet) – Je suis votre homme (Danièle Dubroux) –  Filles uniques (Pierre Jolivet) – Les amateurs (Martin Valente) – 2003  Le convoyeur  (Nicolas Boukrief) – La chaîne du froid (Hervé Lavayssière, CM) – Une vie à t’attendre (Thierry Klifa) – Le grand rôle (Steve Suissa) – Pour le plaisir (Dominique Deruddere) – Les choristes (Christophe Barratier) –  Méprise (Éric Le Roux, CM) – Narco (Tristan Arouet & Gilles Lellouche) – 2004  Le plus beau jour de ma vie (Julie Lipinski) – Les sœurs fâchées (Alexandra Leclère) – Toi vieux (Pierre Coré, CM) – Gemo 13 (Stéphane Rybojad, inédit) – Quartier VIP (Laurent Firode) – The transporter 2 (Louis Leterrier & Corey Yuen) – Edy (Stephan Tillié-Guérin) – 2005  L’ivresse du pouvoir (Claude Chabrol) – Le passager de l’été (Florence Moncorgé-Gabin) – Au royaume des cendres (Michaël Massias, CM) – Ne le dis à personne (Guillaume Canet) – Aurore (Nils Tavernier) – Pablo, mon père et moi (Stéphanie Tchou Cotta, CM) – 2006  Je crois que je l’aime (Pierre Jolivet) – Pur week-end (Olivier Doran) – Fragile(s) (Martin Valente) – La fille coupée en deux (Claude Chabrol) – 2007  Cash (Éric Besnard) – 15 ans et demi (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – La différence c’est que c’est pas pareil (Pascal Laethier) – 2008  Transporter 3 (Olivier Megaton) – Le concert (Radu Mihaileanu) – Le siffleur (Philippe Lefebvre) – 2010  Au bistro du coin (Charles Nemes) – Un jour mon père viendra  (Martin Valente) – Escalade (Charlotte Silvera) – Blanche nuit (Fabrice Sébille) – 2011  Une vie de chien (Cyril Ethan Robert, CM) – La vie d’une autre (Sylvie Testud) – Un bonheur n’arrive jamais seul (James Huth) – Dead Man Talking (Patrick Ridremont) – 2012  La stratégie de la poussette (Clément Michel) – Max (Stéphanie Murat) – 12 ans d’âge (Frédéric Proust) – 2013  Palais de justesse (Stéphane de Groodt, CM) – Faim de vie (Jessica-Salomé Grunwald, CM) – 2014  Entre amis (Olivier Baroux) – 2015  Vicky (Denis Imbert) – 2016  C’est tout pour moi (Ludovic Colbeau-Justin). Voxographie : 2012  The Lorax (Le Lorax) (Chris Renaud & Kyle Balda, version française).

Divers : 2004, Participation aux « nouveaux refus » proposés en bonus du DVD du film de Laurent Baffie : « Les clefs de bagnole »

Dans « Le bureau »

Télévision : 1977  Au plaisir de Dieu (Robert Mazoyer) – 1978  Hamlet (Renaud Saint-Pierre, captation) – 1980     La cantatrice chauve (Alexandre Tarta, captation) – 1982  Messieurs les jurés : L’affaire Tromsé (Jean-Marie Coldefy) – Elle voulait faire du cinéma (Caroline Huppert) -1985  Meurtres pour mémoire (Laurent Heynemann) – 1987  Série noire : Main pleine (Laurent Heynemann) – 1989  Ceux de la soif (Laurent Heynemann, inédit) – 1990  La belle anglaise : La course contre la montre (Jacques Besnard) – En un mot / La valise en Karbau (Laurent Heynemann, CM) – Flash, le reporter / Libre comme l’air (Philippe Triboit) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – 1991  Le piège (Serge Moati) – La femme de l’amant (Christopher Frank) – Feu Adrien Muset (Jacques Besnard) – 1992  Le bal (Jean-Louis Benoît) – Papa veut pas que je t’épouse / Mariage express (Patrick Volson) – La place du père (Laurent Heynemann) – 1993  Julie Lescaut : Harcèlements (Caroline Huppert) – Avanti (Jacques Besnard) – Pas si grand que ça ! / Le baby sitter (Bruno Herbulot) – Des héros ordinaires : La porte du ciel (Denys Granier-Deferre) – Entre chien et loups (Caroline Huppert) – Cherche famille désespérément (François Luciani) – 1994  Une page d’amour (Serge Moati) – La fidèle infidèle (Jean-Louis Benoît) – 1995  Madame le consul : Pili, prince des rues (Bertrand Van Effenterre) – Tous les hommes sont menteurs / Transports (Alain Wermus) – Un si joli bouquet (Jean-Claude Sussfeld)  – Madame le consul : Les disparues de la Sierra Madre (Joyce Buñuel) – 1996  Anne Le Guen : Les raisons de la colère (Stéphane Kurc) – Les Cordier, juge et flic : Refaire sa vie (Bruno Herbulot) – Le garçon d’orage (Jérôme Foulon) – Un homme (Robert Mazoyer) – Pardaillan (Édouard Niermans) – La parenthèse (Jean-Louis Benoît) – J’ai rendez-vous avec vous (Laurent Heynemann) – Le juge est une femme : La fille aînée (Pierre Boutron) – 1997  Commandant Nerval : Opération simulacres (Arnaud Sélignac) – Crimes en série / Le profileur : Le silence du scarabée (Patrick Dewolf, pilote) –  Un flic presque parfait (Marc Angelo) –  La grande béké (Alain Maline) – 1998     Victoire ou la douleur des femmes (Nadine Trintignant) – Un morceau de soleil / L’été de mes 16 ans (Dominique Cheminal) – Fleurs de sel (Arnaud Sélignac) – Baby Blues- Le boiteux (Paule Zadjermann) – 1999  Ces forces obscurent qui nous gouvernent (Olivier Doran) – Passeur d’enfant au Portugal (Franck Apprédéris) – 2000  L’héritière (Bernard Rapp) – 2001  Il Giovane Casanova (Le jeune Casanova) (Giacomo Battiato) – 2003  Les parents terribles (Josée Dayan) – 2005/06 Le bureau (Nicolas & Bruno) – 2007  Chez Maupassant : Le petit fût (Claude Chabrol) – Faisons un rêve (Bernard Murat, captation en direct) – 2008  Tailleur pour dames (Bernard Murat, captation en direct) – Le gendre idéal (Arnaud Sélignac) – Batailles (Jean-Michel Ribes, captation) – La vraie vie d’Omar & Fred (Tristan Carné, divertissement) – 2009  L’évasion (Laurence Katrian) – Les associés (Alain Berliner) – L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct, présentation seulement) – Le pot de colle (Julien Seri) – Le gendre idéal 2 (Arnaud Sélignac) – 2010  Sentiments provisoires (Emmanuel Murat, captation en direct) – Le grand restaurant (Gérard Pullicino, divertissement) – Vieilles canailles (Stéphane Kurc) – Main basse sur une île (Antoine Santana) – 2011  Insoupçonnable (Benoît d’Aubert) – La chartreuse de Parme (Cinzia TH Torrini) –  2011/2012  Le transporteur (Andy Mikita, série) – 2012  Le dindon (Emmanuel Murat, captation en direct) – Zak (Arthur Benzaquen & Denis Thybaud, saison 3) – Crime d’état (Pierre Aknine) – Surveillance (Sébastien Grall) – Au cabinet (Camille Saféris, CM, série) – 2014  La clef des champs (Bertrand Van Effenterre) – Peplum (Philippe Lefebre) – 2015  Dix pour cent : François (Lola Doillon) – La main du mal (Pierre Aknine) – 2016  Du vent dans les branches de Sassafras (Emmanuel Murat, captation en direct). Voxographie TV : 2002  Mission banquise : Le voyage immobile (Emilio Maillé, documentaire, récitant) – 2015  J’parle pas aux cons, ça les instruit (Yves Riou, documentaire, récitant) – 2016  Le crunch toute une histoire (Félicien Taris, documentarire, récitant).

Théâtre  : 1973 à 1980 : une dizaine de spectacles avec Daniel Benoin, dont :  Les corbeaux de Henri Baecque, Théâtre Daniel Sorano, Vincennes / Deutch requiem de Pierre Bourgeade, Théâtre Daniel Sorano, Vincennes / La mandore de Romain Weingarten,  Théâtre Daniel Sorano, Vincennes /  La cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, Comédie de Saint-Etienne /  Cache ta joie de Jean-Patrick Manchette,  Théâtre de Paris / 1982  Aldebert le botaniste de Van Chamisso – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot /  1983   Déshabillage de Jean-Michel Rabeux  – Mise en scène : Jean-Michel Rabeux – Théâtre National de Cergy Pontoise / 1985  Mme de Sade de Mishima –  Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot et Athénée / 1986  Les désossés de Sirjacq – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot / 1988  Judas Pilate de Paul Claudel – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de la Villette – 1990   La dame de chez Maxim’s de Feydeau – Mise en scène : Alain Françon – Théâtre du Huitième à Lyon – 1991 Partage de Midi de Paul Claudel – Mise en scène : Brigitte Jacques – Théâtre de l’Atelier et tournée en France /  L’empire de Michel Deutsch – Mise en scène : Michèle Foucher – Théâtre des Amandiers à Nanterre / 1992  Brûlez tout de Lanford Wilson – Mise en scène : Stephan Meldeg – Théâtre de La Bruyère /  1994-1995  Le retour de Harold Pinter – Mise en scène : Bernard Murat – Théâtre de l’Atelier – Tournée 1999-2000  Biographie : Un jeu de Max Frisch – Mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia – Théâtre de Nice, Théâtre de l’Aquarium à Paris, Théâtre de la Commune à Aubervilliers et en tournée /  2002  L’enfant Do, de Jean-Claude Grumberg –   Mise en scène : Jean-Michel Ribes – Théâtre Hébertot / 2003/2004  Café Chinois, d’Ira Lewis – Mise enscène : Richard Berry – Théâtre de la Gaîté Montparnasse, + tournée province 2005 / 2007  L’arbre de joie, de Louis-Michel Colla et David Khayat – Mise en scène de Christophe Lidon / 2008  Batailles, de Jean-Michel Ribes et Roland Topor – Mise en scène : Jean-Michel Ribes (Rond-Point) – 2009  Sentiments provisoires, de Gérald Aubert – Mise en scène : Bernard Murat (Théâtre Edouard VII) – 2011 – 2013 : Quadrille de Sacha Guitry – Mise en scène : Bernard Murat (Théâtre Édouard VII, + tournée) – 2012  Le dindon, de Georges Feydeau : Mise en scène Bernard Murat (Théâtre Édouard VII, + captation) – Bons baisers de Manault, de Manault Deva (Théâtre La Bruyère, lecture) – 2013  ina d’André Roussin – Mise en scène Bernard Murat (Théâtre Édouard VII) – 2014  Deux hommes tout nus de Sébastien Thiéry – Mise en scène Ladislas Chollat, (Théâtre de la Madeleine).  Mise en scène théâtre : 1986  William de Bernard Crombey – Co-mise en scène avec Hubert Saint-Macary – Bataclan  

Nota :   On lui attribue très souvent les films de son presque homonyme François Berland dont la voix est connue (Le « Nicolas » des  « Carnets de Monsieur Manatane » par exemple). Pour la petite histoire, ils sont tout deux au générique du film de Gabriel Arcand « Stardom » sans avoir de scènes communes.    

Bibliographie :   « La lettre des Comédiens » N° 15/16 Décembre-Janvier 1999 : « François Berléand, comédien de notre temps » par Stéphane Copeau et Jean-Jacques Jouve. 

Sur les avatars du plagiat de la contre-façon, lire Dvdrama, un site pas très classe

EN ATTENDANT EDY

Photos : source Tournage d’Edy

Vendredi soir, j’appelle François Berléand qui est ce soir là aux Sables d’Olonne, venu pour défendre Edy, malgré son épaule cassée, mais ce n’est pas le genre à se plaindre. J’avais demandé à  Guillaume Canet d’évoquer, lors de l’avant-première de « Joyeux Noël »,  l’épaule cassée de François Berléand au cours du tournage à Orly de son film « Ne le dit à personne ». C’était le mercredi 19 octobre, à 2 heures du matin… Bon camarade, l’acteur a précisé que dans une scène où il devait courir, François Berléand exténué, s’est donc – je cite – « écrasé comme une merde », le choc a été assez violent puisque l’équipe de réalisation, a entendu de loin un craquement de l’épaule du comédien. Pourtant il a continué le lendemain à tourner, même si les assurances autorisaient de différer le tournage d’un mois et demi.

Il se démène avec ce film « Edy » signé Stephen Guérin-Tillié, parfois dans des promos assez improbables de son ami Christophe Dechavanne, dans l’émission « Le certif », où il plaisante avec Patrick Bosso et Ophélie Winter, et se fait battre par… Élodie Gossuin, nouvelle bécasse prête à tout pour se faire connaître – politique + la ferme + présentation de l’émission la plus trash du moment sur la chirurgie esthétique dans une sous-6 (pas de Strasbourg, TF6 en fait). Il se fait vanner par Frédérique Bel dans « La minute blonde » sur Canal + et par Laurent Baffie dans « Tout le monde en parle »… Il a énormément d’humour et encore plus dans la vie. Il se désole de la réaction de la critique et de l’accueil un peu froid, pourtant c’est pour lui son meilleur film… Dans ses jugements il ne se trompe pas en général, il a une grande lucidité sur son métier. Je l’ai rencontré sur l’avant-première bordelaise des « âmes câlines », un spectateur me disait qu’il était décomposé quand j’avais fait un compliment sincère sur lui. Bref je l’admire beaucoup, et de le connaître un peu ça n’a rien arrangé. Non content de m’avoir invité au théâtre pour ses deux dernières pièces, j’ai assisté à un jour de tournage sur « Mon idole », la dernière scène de confrontation avec Guillaume Canet, tournée dans un lycée de Levallois-Perret, car il est impossible d’avoir une autorisation de tourner une scène de suicide sur Paris ! Je reviens enchanté, avec l’impression depuis d’avoir assisté à une sorte d’envol pour lui – en même temps qu’un saut simulé dans le vide -. Je pensais qu’il changerait avec son arrivée dans la popularité, il n’en est rien, il est resté simple, disponible et a même gardé son même numéro de portable. Depuis j’ai assisté à un tournage de Claude Chabrol grâce à lui, le rêve quoi.

François Berléand & Cyrille Thouvenin

En octobre 2004, un an tout juste, j’ai également vu deux jours de tournage d' »Edy » qui s’appelait alors « Requiems ». C’est d’autant plus appréciable, que je ne suis rien du tout, et petit provincial, je ne tenais d’ailleurs même pas cette chose insipide qui fait figure de blog. Depuis il me présente comme un dingo qui est resté une nuit entière à le voir se faire agresser dans un R.E.R., par trois vauriens. J’arrive devant un car loge, et je rencontre Stephan Guérin-Tillié les cheveux ras est très convivial, on parle du film de Steve Suissa « Le grand rôle » avec également François Berléand, film que j’ai beaucoup aimé, et il déplore un échec relatif au box-office. Je viens avec le drolatique libre de George Sanders « mémoires d’une fripouille » retrouver François Berléand toujours avenant. Il me présente Cyrille Thouvenin, tête rasée, très sympathique, ils se connaissent bien, il jouait son père dans « Les parents terribles ». Ils évoquent quelques souvenirs avant d’attaquer une scène assez difficile d’agression dans un train de banlieue. Edy Saïovici – nom en hommage au directeur du théâtre Tristan-Bernard – est un assureur trouble, défait il se fait chahuter par un trio de jeunes composé de Cyrille Thouvenin donc, Richaud Valls et Hubert Benhamdine – habitué des trains puisqu’il était dans la série « Le train » sur Canal +. Un wagon roulant est transformé pour accueillir toute l’équipe. Durant toute la nuit, le temps de plusieurs allez-retour, la mise en scène au cordeau est tenue de main de maître par Stephan Guérin-Tillié qui aidé du professionnalisme du chef opérateur Christophe Offenstein – que j’avais déjà vu sur le plateau de « Mon idole ». La scène se tourne une partie de la nuit, la tension monte rapidement entre les personnages et culmine sur un quai où Edy se fait violemment tabasser tourné en un plan séquence. Cette scène est particulièrement difficile pour François Berléand, le metteur en scène la voulant d’un seul tenant et sans la découper. S’il est vrai qu’il se définit souvent comme « un petit soldat » il se pli aux exigences du metteur en scène, jusqu’à arriver à la perfection. Harassé, il continue patiemment même s’il le faux sang coule et qu’il n’y a plus de chemise de rechange. J’assiste donc à une expédition incroyable avec des assistantes parties dans des recoins sombres du métro, pour trouver un robinet d’eau froide pour nettoyer les tâches parasites.  François repart exténué pendant que le trio rigolard continue à courir pour des plans de coupes. Curieux souvenir d’un tournage de nuit dans un métro parisien.

Stephan Guérin-Tillié & François Berléand

Second jours, on part vers une ville de la banlieue parisienne dans la Seine et Marne. Dans une zone industrielle, se tourne des scènes du bureau d’Edy. Toujours pince sans rire, François Berléand continue à plaisanter allégrement, faisant croire à l’équipe du tournage que le plateau voisin « La star’ac » se plaint que l’on utilise ses lignes par biais des talky-walkies, la bonne humeur règne toujours avec lui. Un hangar aménagé en bureau est le petit théâtre des opérations, Pascale Arbillot joue la secrétaire d’Edy. Cette lumineuse comédienne a une belle scène d’émotion face à un Berléand amoché qui reste imperturbable. Stephan Guérin-Tillié qui est aussi acteur, reste vigilant pour le jeu de ses ouailles. Un malencontreux bruit fait par une équipe un peu dissipée et il y a une disposition compliquée avec un aquarium, empêche malheureusement d’utiliser un grand moment d’émotion de la comédienne. Il enrage car il sait qu’il est difficile de retrouver parfois une intensité d’émotion, à cause d’un manque d’attention de l’équipe. Son expérience de comédien est suffisamment solide pour avoir une empathie avec ses congénères. A l’instar de Guillaume Canet, il impressionne par sa volonté de bien faire, de créer un univers singulier et pour être à la disposition de tous. En tant que spectateur d’une scène, on peut difficilement augurer du résultat final, mais gageons qu’ici le résultant final ne peut qu’être probant. Pour plus d’informations retrouvez le lien : Tournage d’Edy, du site de Stephan Guérin-Tillié.

ONCQUES NE M’EMMERDE

Dernier saut, à Paris, hier vendredi, toujours grâce à François Berléand, sur le tournage de « La comédie du pouvoir ». Archaïque comme je suis, n’ayant pas de portable, je me perds joyeusement deux bonnes heures, et arrive pour l’heure du repas. Là suit une belle conversation avec un François Berléand, très en verve et drôlissime, ainsi que la lumineuse Marilyne Canto et l’indispensable Yves Verhoeven, habitué des tournages de Claude Chabrol (« Madame Bovary », « Betty », « L’enfer », « La cérémonie », « Rien ne va plus ». Tous rivalisent de sympathie…

François Berléand reprend son rôle de grand patron mis en examen, Isabelle Huppert joue Jeanne, une femme juge, Marilyne Canto une juge également, Yves Verhoeven, un greffier nommé Janus ! et en plus il y a un de mes acteurs préférés Jean-François Balmer, barbu, venu par amitié, jouer un financier, nommé Baldi,  interrogé par Jeanne, ce dernier vous plonge dans son propre univers par sa seule présence.

Jean-François Balmer

Balmer a eu une longue collaboration avec Chabrol depuis « Le sang des autres » (1983), il a tourné « Madame Bovary » – où il était un formidable Charles Bovary,, « Rien ne va plus » et il l’a même eu comme partenaire dans « Polar » de Jacques Bral, ils formaient un couple homosexuel dans « Sam suffit » de Virginie Thévenet. Dernièrement dans un film de Jacques Grand-Jouan  – qui est passé ce jour lors du tournage, apportant trois bonnes bouteilles de vin à Claude Chabrol – : « Lucifer et moi », Claude Chabrol, qui joue l’homme de la rue, étrangle Balmer qui joue Lucifer ! Ce film en noir et blanc et caméra légère qui vient d’être terminé est assez incroyable, on y retrouve Pierre Etaix, mais aussi Orson Welles, Eugène Ionesco, Roland Dubillard, dans des images non montées tournées précédemment.

Jean-François Balmer a un beau dialogue face à Isabelle Huppert en juge stoïque, c’est un beau morceau de comédie sur la noirceur des affaires. Le chef opérateur Eduardo Serra impressionne toujours par sa discrétion et son professionnalisme. Et Claude  Chabrol aidé de la bonne humeur d’Aurore Chabrol et de Cécile Maistre. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser la question stupidissime, du pourquoi du surnom de « Chacha » que donne l’équipe à M. Chabrol. Cécile Maistre enfant, ne pouvant l’appeler « papa » – son père  étant François Maistre », vint le sobriquet de « Chacha » et qui reste désormais. François Berléand ayant terminé ses scènes du jour hélas – il va tourner ensuite « Le dernier harnais » film de Florence Moncorgé-Gabin. 

j’ai pu discuter avec Yves Verhoeven, formidable comédien, d’une grande modestie. Je lui parle de son portrait dans secondscouteaux.com et ses infos me permettent de lui faire une fiche pour Les gens du cinéma.

Yves Verhoeven

J’ai eu donc une belle discussion avec lui, je l’avais croisé avec son premier enfant et je n’avais pas osé l’aborder, et j’aurais pu le croiser sur le tournage d' »Edy » où il joue un inspecteur, ce qui est assez curieux finalement. Il me parle des vicissitudes de son métier, des belles rencontres comme Claude Miller, Guillaume Nicloux, Jacques Audiard et bien sûr « Chacha » que lui avait présenté Cécile Maistre, cette dernière l’ayant dirigé également  sur le court-métrage « L’acrobate » en 1997. Yves Verhoeven est lucide, très « bosseur » et humainement quelqu’un de bien en plus. Souhaitons-lui plein de beaux rôles, son registre le lui permettant, le moniteur de « La classe de neige » par exemple.

Seconde rencontre avec Jean-François Balmer, stature impressionnante et très abordable, on parle un peu de tout, en vrac, de son goût pour le théâtre et des comédiens – il était épatant en animateur de radio libre dans « Le quart d’heure américain », de ses rôles coupés de Napoléon dans « Le radeau de la méduse » – La même année que son Louis XVI dans « La Révolution française »,qui a connu un tournage difficile sur plusieurs années et sa scène avec Jacques Villeret dans « La gueule ouverte », une scène de beuverie coupée donc, mais que l’on retrouve dans la version DVD dont Jean-François a fait le commentaire. Il continue ses épisodes de « Boulevard du Palais », tant qu’il peut y apporter des répliques et des touches personnelles, un grand monsieur, exigeant, passionné et très abordable.

Marilyne Canto

Troisième rencontre avec Marilyne Canto, qui a attendu toute l’après-midi, pour une scène repoussée finalement, je lui parle de son exigence – elle m’a beaucoup touché dans « Le lait de la tendresse humaine » de Dominique Cabrera -, elle a des retours de ce fait par les metteurs en scènes désormais. Elle prépare un moyen métrage avec Antoine Chappey, comme réalisatrice après « Nouilles ». C’est une femme très attachante.

Le tournage se termine, Aurore et Claude Chabrol, s’éloignent, je serai bien resté à regarder la totalité du tournage, mais le clivage cinéphilie-réalité n’a qu’un temps. La figure sympathique de Claude Chabrol ne fait que me faire encore plus aimer son oeuvre, et j’ai envie de prendre la même devise qu’il citait dans son livre « Et pourtant je tourne » que je lui ai fait signer : « Oncques ne m’emmerde ». Bon vent à toute cette formidable équipe.

LA COMÉDIE DU POUVOIR

Grâce à l’amabilité coutumière de François Berléand, j’ai assisté aujourd’hui à une journée de tournage du dernier Claude Chabrol « La comédie du pouvoir ». Un rêve quoi !

Il y a une distribution de luxe, pour ce film dont le sujet est un scandale financier, outre François Berléand, on retrouve les habitués, Isabelle Huppert, Robin Renucci, Jean-François Balmer, Yves Verhoeven, Thomas Chabrol, Roger Dumas, Pierre Vernier…  Et il y a Pierre-François Dumeniaud qui a commencé, me confiait Chabrol, dans le ventre de sa mère enceinte dans « Le beau serge » !

Il y a aussi les nouveaux : Marilyne  Canto, Patrick Bruel, Jacques Boudet, Michèle Goddet, Jean-Christophe Bouvet, Jean-Marie Winling, Hubert Saint-Macary, etc…

Ce jour, seul François Berléand tournait son arrivée et sa sortie à la prison de la « Santé », et deux scènes d’arrivées en prison, dans une école voisine, adaptée en mini-studio pour l’occasion. Claude Chabrol, n’avait pas tourné à Paris, depuis « Rien ne va plus » en 1997.

L’atmosphère du tournage peut paraître étonnement sereine pour un néophyte comme moi – J’avais vu quelques jours de tournage de « Mon idole », et du premier film de Stéphan Guérin-Tillié grâce à François, ainsi que « Bon voyage ».

Chacha, au travail…

Aidé par ses deux anges gardiens, sa femme Aurore Chabrol et sa belle-fille, Cécile Maistre, et par la précision et le calme du chef opérateur Eduardo Serra, Chabrol s’évertue à donner une bonne ambiance, tout en faisant preuve de maîtrise. Il s’occupait autant des figurants, impose le respect aux passants, tout en distillant une ironie sur lui même constante.

La rue « Messier » même écrasée de soleil, est impressionnante et très surveillée. L’ambiance bon enfant détonnait donc sous ces hautes grilles. Grâce à un maquillage subtil et la formidable interprétation de François Berléand, son personnage nommé Humeau, d’arrogant se révèle seul et blessé à la sortie, souffrant d’un eczéma gênant. François a plaisanté comme à la coutumée, surtout dans la rituelle scène d’arrivée dans la prison, contournant ainsi l’incongruité de se retrouver à enlever son pantalon plusieurs fois de suites !

C’était donc un grand privilège de voir Claude Chabrol au travail, très abordable et de goûter à son humour, son érudition, son goûts pour les nanars – il m’a recommandé « De l’autre côté de Minuit » actuellement sur le câble avec Marie-France Pisier -. Il n’a d’ailleurs aucune indulgence sur lui-même, il déplorait avoir le sentiment de réussir le dernier plan de « Folies bourgeoises » – film qu’il dénigre allégrement -, avant de dire qu’à la récente vision du film sur le câble, il pense aujourd’hui le contraire.

J’ai eu la chance d’apprécier ses anecdotes, son côté subversif, entre deux prises, un grand moment de bonheur ! Merci M. Chabrol, merci François de m’avoir toléré auprès d’eux.

Note du 23/06/2005 :

France Inter a donné comme information ce jour que le film est basé sur l’affaire « Elf » et que le rôle inspiré par Roland Dumas est joué par… Roger Dumas. Par discrétion je n’avais pas donné cette information qui est désormais publique…