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IMDB’S BLUES

 1 an et demi, après une précédente missive de ce blog sur IMDB, voir ici : rubrique Carnet trouvé chez une fourmi, l’un des membres de la famille des formicidés d’IMDB, commence sérieusement à avoir sérieusement assez des échanges avec ce site. En fin d’année dernière, je me suis aperçu que plusieurs de mes mises à jours restaient inédites – des téléfilms « Opération turquoise », « La boîte à images » -. Bon ils vous répondent que certains titres ne figurent pas dans la rubrique « higher priority » (sic), mais tout de même, plusieurs mois après… Il fallait revenir sur la rubrique « updates » puis relancer les fiches restées lettres mortes. Ma connerie ayant tout de même des limites (quoique… ) – , je renonce désormais à faire un travail de ressemelage quotidien. D’abord il y a les films, je fais des petites expériences d’en compléter certains et d’en oublier d’autres, une jeune mise à jour d’une fiche de film « Deux jours à tuer » (!) – et encore avec quelques fautes corrigées depuis -. Les « pros » semblent s’en ficher complètement, ou bien quelques échanges hagards dissuasifs, ont eu raison de plusieurs collaborateurs habituels du site – sauf le plus bête : Mézigue ! -. Résultat, depuis le début de l’année je visite les dossier de presse sur le web – facilement trouvables, -et fiables car un site comme « allociné », les recopie parfois n’importe comment -. De plus les crédits dans ces supports sont réduits à une dizaine de nom – excepté pour ces films comme « Cash » et « 48 heures par jour », aux génériques bien fournis -. Pour le coup et de mémoire, je rajoute quelques seconds rôles – Fred Personne, Jenny Clève et Christophe Rossignon dans « Bienvenue chez les Ch’tis », Clément Michu, Moussa Maaskri, Jean-Paul Zehnacker, Tony Gaultier dans « MR73 », etc…- Il y a des oublis, mêms chez les Américains comme les excellents Guillaume Gallienne et Scali Delpeyrat oubliés du générique du morne « Benjamin Gates et le livre des secrets ». Bon, ce sont ceux que je connais bien, et bien évidemment plusieurs autres se retrouvent à la trappe, en attendant une diffusion TV ou DVD devant un générique qui risque d’être illisible – Astérix aux jeux Olympiques un modèle d’illisibilité même au cinéma ! – Evidemment j’ai une fois par an, le plaisir de revisualiser mes trouvailles dans « L’annuel du cinéma », qui continue à repomper IMDB. J’aime aussi à visiter les CV en ligne via agencesartistiques.com, un Daniel Isoppo se retrouve bien placé ainsi dans des films récents. D’autres sites vont recopier la base, ce comédien par exemple, ne risque de pas trop comprendre cet engouement à son sujet. Mais cet exercice à aussi des limites, Bernard Bloch se retrouve ainsi bien placé dans la fiche du  » Nouveau protocole », alors qu’il est coupé au montage ! La mise à jour devient donc un exercice assez étonnant, avec pléthore de mails automatiques depuis le début de l’année seulement, pour mettre vos ajouts en doute. Bon par exemple, je crée un téléfilm de Marcel Bluwal, « Mitzi » de 1978, d’après Arthur Schnitzler, avec Danièle Lebrun, Françoise Giret, Robert Murzeau et un débutant Pascal Greggory. Envoi d’un mail d’IMDB Helpdesk, réponse ils veulent un lien internet avec un site ou un festival pour valider la fiche. Mais sur ce téléfilm, comment souvent pour la télévision, il n’y a rien, nada, que couic sur le web… Allez expliquer que l’info est complètement inédite, d’où l’intérêt de la rajouter. Bon gueulez un bon coup, et vous aurez une réponse d’une certaine Katie, tout miel tout sucre, expliquant les subtilités nouvelles. Ils finissent par mettre la fiche tout de même. Pareil pour le beau documentaire de René Vautier « Afrique 50 », diffusé sur CinéCinéma classic, tragiquement absent de la base alors, il faut insister de plus belle… Mais ce n’est pas très constructif, voire la fois où j’avais crée un téléfilm « complot d’amateurs » avec Jean-François Stévenin, co-production franco-belge, diffusé sur La Une, RTBF. Ils trouvent que la fiche manque d’informations signifiantes… alors qu’elle est déjà en ligne !  En fait, il suffit de la relancer derrière, un autre moins sourcilleux la valide derrière et hop. Yvan Foucart me signale une erreur, IMDb a fusionné deux films à l’aveugle, mettant en scène le personnage du commissaire Muller, campé par Raymond Souplex, manière d’exploiter au ciné le succès des « Cinq dernières minutes ». Le premier « Chaque minute compte » (1959), avec Georges Rollin, Véra Valmont, Denise Carven, Robert Berri, avec lequel « La saison cinématographique 1960 n’est pas tendre :  » …Il faut bien se résigner à voir revenir à cycle régulier ces films inutiles et ennuyeux », le second « Alibi pour un meutre » (1960), avec Alan Scott, Yves Vincent, Georges de Caunes, Véra Valmont, Robert Berri et le génial Jean Tissier, est décrié aussi par « La saison 62… » : « …ce film n’a été tourné – et avec quelle rapidité – que pour bénéficier de la popularité du commissaire Bourrel, celui de la T.V. ».  J’avise donc nos amis d’IMDB de l’existence de ces deux films. Et là, la croix et la bannière, évidemment citer « La saison » support papier ne les convainc pas, il est vrai que j’étais mal habitué, ils me prenaient toutes mes infos de suite… Il faut que j’envoie un lien avec le site de la BIFI pour les convaincre. La bonne volonté a ses limites, et il est vrai que beaucoup d’internautes sont confiants avec le site – l’erreur des deux films est recopiée partout, notamment par Wikipédia, il est vrai il y a même un logiciel qui permet de mettre en page la fiche d’une personnalité sur le site, directement en ligne – sans les réalisateurs pour les acteurs bien sûr -. Et donc certaines fiches restent sur le carreau « Mademoiselle Christine » de Raoul Ruiz, la nouvelle série de « France 3 » « Adresse inconnue », etc…. Si saisir des infos, ne me dérange pas, batailler contre les moulins à vents, un tantinet tout de même. Soient les collaborateurs ne sont plus les mêmes, soient les critères de vérification sont plus ardus. Mais alors pourquoi ils laissent des projets de films, avec le statu « completed », loin d’être tourné comme des films à sortir « Aux armes, etc… », « La bombe humaine », je finis par trouver une parade rajouter « unconfirmed » à côté des noms. Certes IMDB, innove, la naissance d’une rubrique personnage, et encore il y a beaucoup de manques – évidemment, si un français, ne leur dit pas, il ne vont pas savoir que Porphyre est la variante de Porfiry dans Les adaptations de « Crime et châtiment », et que La Fayette, ne se résume pas seulement à la dénomination à Marquis de la Fayette. Donc il y toujours plus à faire, d’autant plus que je rentre aussi les titres français et les dates de sorties de « Saison » – ce qui est un peu idiots car ces informations figurent dans l’excellent cite « Encyclociné » et même d’autres inédites en support papier-. Le piège est de faire comme moi, 5 minutes par ici, 10 minutes par là, dans une journée c’est peu. Mais au final, ça représente une masse de travail assez conséquente, même si mon ordinateur me régale d’ « erreurs fatales », et que je suis plutôt d’humeur badine en ce moment, et que j’ai plutôt envie de roucoulades. Certes, je suis le premier à bénéficier des infos que je mets sur cette base – un épisode de « Preuves à l’appui »,  dans la filmo TV de Jacques Morel, oubliée du très exhaustif livre de Jean-Marc Doniak sur la télévision française, car il passait en fin d’après-midi sur la 3ème chaîne en 1978 -. Mais basta, tout de même, avec la nouvelle politique 2008 de ce site glouton. Le festival de Cannes arrive et c’est assez contraignant de tout vouloir compléter – m’étant « fadé » plusieurs festivals de TV comme Luchon -, et d’être constamment vigilant. Bon, en plus ça devenait pathologique, alors… Je vais donc freiner sérieusement mes contributions – « Mitterrand à Vichy » et « Tailleur pour dames » seront mes dernières interventions-  en création du moins, je viens de rentrer une trentaine de noms pour « 48 heures par jour -. Il sera amusant de vérifier si « La maison Tellier » et « Sarah Bernhardt, une étoile en plein jour », figureront sur la base. Je rentrerai cependant des épisodes de séries TV, – comme un internaute désormais, mais qui ne le fait que pour TF1 ! -.  Reste qu’hélas en agissant de la sorte, je risque d’avoir un peu plus de temps pour ce blog, …hélas pour vous qui ne méritiez pas autant de platitudes.

CARNET TROUVÉ CHEZ LES FOURMIS (SUR IMDB)

IMDB : C’était 2000, « Les acteurs » de Bertrand Blier, viennent de sortir, évidemment le site incontournable pour un cinéphile est « Internet Movie Data Base ». Câblé depuis peu, c’est l’instrument idéal pour repérer le 36ème second rôle, scène 14, celui qui monte les escaliers dans un film hollywoodien de 1943. Mais côté français, c’était alors du très léger, les « Laurence » sont toutes créditées comme des acteurs !, pour certains films il n’y avait parfois qu’un seul nom d’acteur, par exemple Jean Gabin dans « Le drapeau noir flotte sur la marmite » de Michel Audiard, et rien sur le mythique – et unique film – de Jacques Martin « Na ! », etc… Et il y a une énormité de manques et une belle foule d’erreurs, volontaires ou non – Les membres de l’équipe du splendid crédités dans des films où ils ne figurent pas, et quelques mauvaises blagues -. Il y a peu d’informations sur les courts métrages et il y a deux ou trois téléfilms avant 1990, qui se battent en duel, « Les Perses » de Jean Prat, crédité comme un téléfilm américain ! ou un téléfilm de Serge Moati établit par un Allemand, deux titres de Jean-Christophe Averty et quelques séries recopiées d’un très bon livre de Jean-Jacques Jelot-Blanc.

J’envoie donc, alors, des informations, respectant la règle du crédit du générique, les autres figurant avec la mention « uncredited », pendant un certain temps ou un temps certain c’est selon… Et puis un jour on ne sait pas pourquoi ils commencent à prendre vos informations, sans interrogations, sans aucun échange, et de plus en plus rapidement, par regroupements sans doutes… Ils ont dû voir que j’étais un poil sérieux, de plus mon intérêt concernant les seconds rôles a fait que j’avais une mine d’informations, publiées – Les saisons cinématographiques,  les catalogues du CNC, génériques de vieux Télérama, Ciné-Revue – ou non. J’ai la fâcheuse manie de lister les génériques de films et de répertorier des éternels non crédités des génériques…

Et là c’est un boulevard qui s’offre à moi, IMDB devient une sorte de site perso, sauf que c’est la base la plus importante du monde… Il m’est impossible de savoir combien de temps j’ai passé sur cette base, je me dis que si un site à l’intelligence de se faire de l’argent avec les informations des internautes pourquoi pas. C’était à la base un site de cinéphile mais repris par le grand groupe « Amazon », pas de philanthropie donc -. Télérama avait publié un article très juste sur le sujet – il faudrait que je le retrouve… -,  comparant ces cinéphiles amoureux des listes, très justement à des fourmis. Chacun amenant sa petite pierre à l’édifice, dans un véritable travail de bénédictin,  avec une belle idée de partage. Il y a toujours une satisfaction à voir un internaute rajouter ensuite une information ou un commentaire à une fiche que vous avez créé. Notamment pour les télévisions, il y a toujours le douzième assistant du son, qui va rajouter son nom, omettant complètement ceux de ses collègues que ce qui me semble révélateur d’une certaine mentalité du cinéma français…

IMDB est donc devenu une sorte de monstre froid, un Moloch à nourrir, car il y a toujours quelque chose à faire, un court, un téléfilm recopié sur un Télérama consulté en bibliothèque, ou un téléfilm trouvé sur les sites de programmes TV – en rentrant ceux qui sortent largement avant la France en Belgique et en Suisse, pour des raisons de co-productions -… J’ai vu souvent des cinéphiles conserver ses propres informations pour soi, je me suis dit que c’était plus intéressant de les partager, le site restant gratuit -. De plus, l’anonymat qui me convenait parfaitement. Car les gestionnaires d’IMDB ne communiquent pas les noms des participants, hormis qu’ils vous citent désormais dans le « Top contributors » depuis 2003, sur le site. Le site évolue, et semble très compartimenté, il y a un responsable pour chaque rubrique – les titres étrangers notamment -. Certaines rubriques fastidieuses à compléter « guest-star » pour une série sont simplifiées depuis 20030 On peut depuis le début d’année dresser un générique complet d’un épisode de série. Il y a un forum pour les utilisateurs en cas de problèmes.

Reste que l’équipe du site s’ils acceptent volontiers vos infos, cloisonnent, ils refusent de communiquer la liste des autres participants, il y a peu de contact, sinon les rituels vœux de bonne année. Les 100 premiers, ont un accès gratuit à la version IMDP pro, – payante pour les autres -. Mais l’intérêt pour un non professionnel peut échapper et une ribambelle d’accusés réceptions des compléments, d’où l’intérêt de créer une adresse mail spécifique. Le seul message un peu personnel a été pour me demander si j’étais sûr de la participation de Myriam Mézières dans « La vie facile » un film de 1971, après un article, paru sur elle, dans « Les cahiers du cinéma ».

La participation à ce site peut apporter différentes satisfactions, le comédien Jean-Jacques Moreau me parlant d’un de ses amis lui ayant envoyé sa filmo venant d’ « Américains » et me citant des films dont j’avais créé la fiche comme « La soupe froide » (1974), et celle de revoir des informations reprises par des sites d’extrême orient. L’idée que ces informations sont consultables de n’importe quel coin du monde, est assez vertigineuse. Participer à une sauvegarde d’une certaine mémoire du cinéma, y compris des nanars, a tout de même sa petite importance. En créant, l’an dernier une fiche d’une série de courts-métrages « Mon meilleur Noël » en 1981, avec pléthore de débutants (Catherine Frot, Pierre Arditi, Robin Renucci, etc…), je me dis que peut-être telle « la madeleine de Proust » la lecture de la fiche réveillera quelques souvenirs émus chez quelques internautes.


Reste qu’il faut rester en vigilance constante, puis qu’atteint un certain seuil chacun peut aisément compléter la base, il y en a toujours un pour rajouter une erreur, de bonne foi : les catalogues de Raymond Chirat – non exempt d’erreurs – créditent à tort Henri Virlojeux dans « Horace 62 » et « Du grabuge chez les veuves » dans des rôles joués respectivement par François Darbon et Hubert De Lapparent, son nom revient régulièrement sur la base, ainsi que Françoise Arnoul, Brigitte Bardot et Roger Vadim dans « Le testament d’Orphée » (Jean Cocteau, 1959), noms figurant par erreur dans bien des dictionnaires.

. Il y a des petits malins qui s’amusent à mettre des erreurs, tel un inconnu – nom supprimé – qui figurait sous le personnage de « Le pute (sic) » dans tous les noms de films ayant « frite » dans le titre ! Si vous distinguez les homonymes, il y a trois Christian Barbier, et Georges Guéret n’est pas Georges Géret…, il y en aura toujours un peu pour refondre les noms. IMDB avait déjà fait mourir Gérard Brach, bien avant l’heure, ainsi que Luigi Comencini ! il serait trop laborieux de faire un listing exhaustif. Il suffit qu’un internaute rajoute la mentions mini à la série des « Vidocq » version Claude Brasseur, pour que la liste des « guests – vedettes invités » disparaissent. Donc on est toujours à la merci d’un autre indélicat ou non, plus les « bugs » fréquents comme Maurice Baquet qui avait un jour, complètement disparu de la base. Et l’erreur étant humaine, comme disait un de mes amis, si un jour je prenais un coup sur la tête, l’équipe du site continuerait à rentrer mes informations même si ça devient du parfait n’importe quoi.

On a bien compris que l’on doit une masse d’informations inédites aux internautes – je n’en connais que quelques autres, Jean-Marcel Erre, auteur du roman « Prenez soin du chien »,  Grégory Alexandre « ancien » nègre de Jean Tulard, la cinéaste Isabelle Broué et l’ami Jean-Louis Sauger… IMDB se garde bien de mettre tout ce petit monde en rapport, on ne sait jamais s’ils venaient à faire une base parallèle. Le site IMDB doit être une base de départ et n’est pas toujours fiable. Pour une filmographie ils datent à partir de la date de sortie par exemple, « Jet pilot / Les espions s’amusent » figure à l’année 1957, alors que le tournage date de 1950. Il est à déplorer une nouvelle catégorie de filmographes qui ne font que dresser des listes sans voir les films !, et vont dénigrer ensuite la base IMDB alors qu’ils ne font que du recopiage myope, ce qui est assez curieux. Autre exemple, pour un ami cinéphile participant aux « joutes du cinéma », je rentre régulièrement ses rôles et figurations, même s’il n’est jamais crédité à un générique… Résultat un figurant peut donc se retrouver bien placé dans un « Annuel du cinéma » par exemple, même s’il disparaît au montage. Certaines fiches restent mimalistes, comme celle de « Quand j’étais chanteur », où j’ai dû rajouter le nom de Jean-Pierre Gos, oublié alors qu’il y a un rôle important.

C’est donc en temps que « petite fourmi » et dans une idée de partage que j’ai pris l’habitude de travailler sur ce site, depuis plusieurs années maintenant. A l’instar du vieux garçon, décrit par Philippe Garnier dans l’article de « Libération » repris ici,  je tente de rentrer les téléfilms et des court-métrages, ce qui reste une goutte d’eau dans l’océan. Si jamais vous aviez des informations à me communiquer, surtout pour les dramatiques d’avant 1972, elles seraient bienvenues. Il y a aussi une interactivité salutaire, avec la base, puisque l’on peut rajouter de nombreux liens, histoire de faire connaître d’autres sites. IMDB doit donc beaucoup aux internautes et à quelques cas cliniques dont mézigue…

ARTICLE : LIBÉRATION

Zoom
IMDb, de la mine au filon
Il y a une quinzaine d’années, un étudiant lançait ce site cinéphile aujourd’hui incontournable.

Par Philippe GARNIER
mercredi 04 janvier 2006
Los Angeles correspondance

Cherchez trace d’un obscur film MGM dans lequel Robert Blake joue Corky, un mécanicien taré mais marié à CHARLOTTE RAMPLING (!) qui cherche à percer comme pilote de stock-cars, et bam, merci IMDb, non seulement vous apprenez que Ben Johnson, le transfuge de John Ford, était dedans, mais aussi plein de pilotes de course célèbres comme Jo Petty. Vous apprenez du même coup que, surprise, le film n’a plus jamais refait surface depuis sa sortie en 1972 sur le circuit des drive-in, et n’a jamais existé ni en VHS ni en DVD. Or on n’imagine pas vraiment la sortie imminente du coffret Robert Blake pour les fêtes («Kiss Kiss, Bang Bang, the Robert Blake Collection» ?). Et, IMDb étant réellement un site interactif, vous êtes immédiatement mis en contact avec un avocat texan défroqué qui ne peut pas CROIRE qu’on lui parle de ce film auquel il n’a pas songé depuis trente ans. «Non seulement je l’ai vu quand il est sorti, j’étais sur le TOURNAGE à Dallas, et sur le circuit de course près de Fort Worth…» Tout ça pour vous dire qu’il n’a pas de cassette du film.

Science et manies. Il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, la vie sans IMDb (www.imdb.com) , ou un monde sans ce site qui répertorie les plus infimes et futiles détails sur près de 471 000 films (du muet aux productions en cours), 1 200 000 personnes (du réalisateur au maquilleur, en passant par la distribution quasi complète), et enregistre plus de trente millions de visites chaque mois. On a autant de peine à se rappeler à quoi ressemblait le site, disons, au début 1996, quand on l’a découvert pour la première fois. L’entreprise existait depuis six ans sous forme embryonnaire, changeant aussi vite que les progrès techniques informatiques, mais venait de se mettre en société, sans pour autant améliorer son blase (Internet Movie Data Base, Ltd). On se souvient, après avoir frimé une semaine à peu de frais sur le plateau culture de Libé, dévoilant le clic magique aux collègues, et les répercussions. Le site n’avait alors pas grand-chose à voir avec celui d’aujourd’hui. Ses ressources étaient déjà impressionnantes, d’ampleur et d’exactitude, mais l’habillage restait spartiate.

A l’origine de ce succès industriel, il y a naturellement un cinéphage ou deux. Et tant qu’il y aura des vieux garçons, il y aura des listes. Qu’il s’agisse de rock ou de cinéma, le fanatique vieux garçon compile, classe, hiérarchise, compare. Col Needham était de ceux-là, un étudiant de Bristol (il a 38 ans maintenant) qui a un jour eu l’idée de mettre sa science au service de ses manies. Voulant partager ses génériques et ses listes avec d’autres fadas de la même eau, Needham, en octobre 1990, a commencé un newsgroup sur Usenet, un des réseaux préhistoriques, pré-World Wide Net, surtout connus des hackers et étudiants. L’entreprise de ces premiers chrétiens avait un nom encore plus tartignole, rec. arts. movies movie data base, trahissant bien ses origines boutonneuses et universitaires. C’est d’ailleurs l’université de Cardiff qui a un temps abrité cette banque de données en formation, jusqu’à ce que la demande d’espace explose, malgré la création de sites miroirs aux Etats-Unis et Royaume-Uni.

En 1993, révolution Number Nine : Needham adapte son site au Net et adopte une interface e-mail permettant une interactivité simple et essentielle au développement d’IMDb : il est désormais possible à tout utilisateur de corriger les fautes, ou combler les lacunes, sans avoir à jouer les cyber-Sherlock pour trouver à quel collaborateur du site s’adresser. Car c’est là la force de cette confrérie frapadingue, et la fascination qu’elle provoque : encore aujourd’hui, le bureau de Seattle qui lui sert à la fois de façade et de raison sociale, ne loge qu’une vingtaine de ses cent employés. Les autres, y compris le patron, sont dans le cyberspace. Needham, qui réside toujours à Bristol, n’a rencontré ses premiers collaborateurs qu’en 1996, une fois la décision prise de se mettre en société. Et encore aujourd’hui leurs noms demeurent secrets, provoquant toutes les curiosités.

Shazam ! Quand on demande à Kevin Brownlow, un des plus célèbres spécialistes du cinéma muet, s’il a un jour été «recruté», il rétorque qu’il n’a même pas l’Internet. Mais l’identité des contributors est devenue d’autant plus cruciale que le site a changé de peau du tout au tout, du jour où Needham a rencontré Jeff Bezos, en 1998. Le fondateur d’Amazon.com envisageait étendre son empire au-delà du livre ­ vendre du contenu audiovisuel. IMDb lui semblait être un support essentiel pour s’ouvrir le marché vidéo naissant. Non seulement IMDb vous indiquerait si le film existe en VHS ou DVD, et dans quel pays, mais vous seriez désormais à un clic du magasin, et à deux du chariot. Shazam ! Needham et ses mystérieux actionnaires ont accepté de se laisser acheter par Amazon, Bezos leur ayant assuré leur complète autonomie.

Mais, bien au-delà de l’habillage plus jazzy et des banderoles publicitaires, IMDb a irrémédiablement changé. L’utilisateur est aujourd’hui constamment confronté aux promos de toutes sortes, et aux «si vous avez aimé ceci, vous aimerez cela» (attrape-con si familier des piégés d’Amazon) ; invité de plus à participer à toutes sortes de referendums tarés, le meilleur de ci, le pire de ça, «et qu’en pensez-vous ?». C’est-à-dire, comme sur les télés du monde entier, le travesti de l’interactivité, en réalité l’invitation à la passivité.

Collusion. De la caverne des cent un nunuches qu’il était, IMDb est devenu un emporium de zombies qui se croient obligés de tartiner leur ego et leurs opinions sur tout. Si IMDb a perdu de son intégrité et de son exactitude (encore très remarquables, par les temps qui courent), c’est que le site est phagocyté par les blogueurs, ragoteurs et poseurs de canulars et autres véroles de l’époque. Mais aussi, plus grave, une grande partie d’IMDb est devenue une version en ligne de Variety ou du Hollywood Reporter, avec l’avantage d’être gratuit (mais une version «pro» payante existe aussi). Comme les magazines professionnels, le site est désormais truffé d’infos plus volontaristes qu’exactes ­ surtout en ce qui concerne les films en production, ou simplement «annoncés». Il est souvent utile pour un producteur d’annoncer un projet avec telle ou telle vedette, même si c’est du pipeau complet.

Et on retrouve aujourd’hui sur IMDb la même collusion insidieuse corporatiste qui a toujours fait les choux gras de Variety. Par exemple, si vous explorez le site au sujet de Capote, aucune mention n’est faite de l’AUTRE film sur l’écrivain, fait cette année aussi, et sur la même époque de sa vie (celle de De sang froid). C’est seulement si vous cliquez sur le titre du film, Infamous, que vous apprenez que Warner a un pareil oiseau sur les bras. Warner et Sony Classic ont probablement depuis conclu un pacte et décidé d’espacer et désassocier le plus possible les deux films. Mais ce silence radio, même par simple omission, est preuve que Hollywood peut encore tenir le couvercle sur quelques infos gênantes ou inopportunes. Et que, indépendance ou pas, IMDb roule surtout pour la promo des films. Maintenant, cliquez sur «cet article vous a-t-il été utile ?» Mais auparavant, n’oubliez pas de vous enregistrer et de participer au référendum de l’article le plus con de l’année.