Le dernier film de François Ozon, est remarquable dans la tonalité de « Sous le sable ». Le premier plan, où un avocat joué, par Jean-Pol Brissart, rend la lecture de la procédure du divorce presque musicale, des personnages de Gilles et Marion, donne le ton du film. C’est un constat lucide sur la vie d’un couple.

La construction du film est astucieuse, (à la manière de « Memento » et de quelques films de genres actuels), et l’empathie avec les personnages est grande. Il faut saluer la performance de Valeria Bruni Tedeschi et de Stéphane Freiss, réussissant à rendre tangible l’intimité de leur couple (notion assez rare à l’écran, finalement). François Ozon a stoppé volontairement le tournage, pour qu’ils fassent un travail physique pour jouer leurs rencontres plus jeunes, et ce à la dernière phase du tournage.

Le quotidien est rendu avec brio, on ne décroche à aucun moment du film. Stéphane Freiss (voir par exemple la scène de « la voiture » où il est touchant malgré la situation et Valeria Bruni Tedeschi (radieuse comme jamais) nous livrent une performance très fine et subtile, sous le regard sans jugement de François Ozon. Le film laisse des zones d’ombres et la responsabilité de l’échec du couple est partagée. Françoise Fabian et Michael Lonsdale, dans le rôle des parents de Marion, sont brillant dans le « couple miroir » (selon une expression d’Ozon), qui dure malgré tout, Antoine Chappey et Géraldine Pailhas, sont formidables de justesse.

Valeria Bruni Tedeschi & Stéphane Freiss : Le point de non retour

C’est une fine performance pour ces quatre comédiens qui n’ont pas la durée du film pour défendre leurs personnages. Charlotte Rampling définissait François Ozon selon une expression anglaise, comme « vieille âme » (old soul), ses personnages existent et nous ressemblent, le film est moins noir que prévu, et même assez romantique, un aboutissement de plus dans l’œuvre de François Ozon.

Venu présenté ce film dans une avant-première à l’UGC Cité Ciné Bordeaux – avec François Ozon et Valeria Bruni Tedeschi – Stéphane Freiss, disait très justement qu’il est important de tourner avec un grand metteur en scène mais dans un grand film. Il a fait preuve de lucidité et de réflexion sur son travail d’acteur et sur son succès très rapide. Pour la petite histoire, il a tourné « Le grand rôle » de Steve Suissa entre le début et la fin du tournage de « 5 x 2 », ce qui a permis aux deux comédiens principaux de se préparer pour « jouer » leurs jeunesses… Le film de Steve Suissa n’a malheureusement pas travaillé, mais Stéphane Freiss a trouvé là deux grands rôles.

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