Une pensée pour ce pôôôvre Vincent Bolloré qui est dans la tourmente…. Il est difficile de ne pas s’émouvoir devant le sort de cet homme, 451ème fortune mondiale, ce qui est assez chiche, convenons-en, même pour la France qui se lève tôt. Pourtant, pour recevoir un nouvel élu de la république – confit dans son arrogance – dans son joyeux yacht Paloma, il a dû en faire des efforts et des sacrifices. Prenons en exemple sa chaîne, Direct 8, petit prodige du PAF… En effet, on peut faire une chaîne de la TNT dans l’improvisation, avec le budget d’une télé locale ou d’un pays de l’Europe de l’Est au P.I.B. anémique. Enfin les amateurs, les hésitants peuvent faire leurs premières armes sans être dérangés par le CSA, qui touchée par cette maladresse, a enfin l’occasion de baisser les armes, en louant cette capacité de faire de la télévision sans la moindre idée saugrenue d’innovation. On exhume en passant quelques animateurs de la trash TV, trouvant le moyen d’expier leurs fautes dans l’honneur, la France du mérite, quoi… Mine de rien, cette chaîne, au moins, montre la grande richesse de l’identité nationale notre grand cinéma. Prenons en exemple, « La grande maffia…. », film de 1971 de notre génial Philippe Clair, une rareté, s’il en est… Merci Vincent, grâce à vous, enfin, nous avons l’occasion de voir cet incunable de notre cinéma. L’histoire est assez édifiante, Modeste Miette – Francis Blanche qui semble moyennement être concerné par l’agitation ambiante -, est employé timoré de la banque Rotfeller – mort de rire ! -. Ce bureaucrate est en prime allergique à la paperasse… qui lui déclenche une allergie ! Trois truands se sont infiltrés dans les lieux – les « Tontos » (sic), trio de comique italiens dont Aldo Maccione, 1 an après sa découverte en France dans « Le voyou » de Claude Lelouch -. Ces criminels maffieux sont assez potaches, allant jusqu’à humilier constamment le pauvre Modeste, qui trompe sa frustration en lorgnant sur la superbe plastique de Chantal Nobel, figurant une secrétaire sexy. Il y a bien Mlle Pussiau – Micha Bayard irrésistible et pour une fois dans un rôle sympathique -, qui est amoureuse transie de Modeste, mais son air rébarbatif et son improbable perruque filasse, n’aident pas beaucoup à sa séduction. Les facéties continuent, entre deux entraînements forcés d’un petit chef de service énervé et bondissant, qui pousse ses troupes à l’excellence – joué par Sim, toutes ressemblances… -. Epuisé, Modeste finit par avoir une crise cardiaque, après avoir trouvé une souris blanche tontosienne placée dans son tiroir. Le bouche-à-bouche de Mlle Pussiau, n’étant pas très efficace – elle aspire… -, un interne survolté qui se prend pour un toréro – André Gilles, comédien souvent sous-utilisé -, finit par se prendre pour le professeur Barnard, et lui greffe le cœur du chef des Tontos, celui d’Al Cartone – re-mort de rire…-. Modeste avec son nouveau cœur finit par se prendre pour le célèbre gangster. Les pères des tontos – Michel Galabru, Achille Zavatta et Serge Davri, qui heureusement pour eux n’ont que deux scènes, finissant en prison, Norbert devient le nouveau chef maffieux, gageons que Francis Coppola, a du s’inspirer de ce film pour son célèbre « Parrain ». 

Francis Blanche

Philippe Clair, avec son bagou, habituel, aime à envoyer valdinguer le bon goût, il raille tout ce qui est à sa portée, en franchissant allégrement la ligne jaune, en se moquant des nains, des obèses, des déviants de toutes sortes. Mais concédons lui d’avoir voulu sortir le cinéma comique français de l’ornière du vaudeville. Mais c’est pour se planter assez lamentablement, il fait de grands efforts assez vains d’accélérations, de distorsions d’images, et d’accélération généralisée des plans à défaut de lui donner du rythme. On sourit à quelques gags, comme un liquide vert coulant d’un feu rouge détruit, mais l’ensemble est assez vain. Il était pourtant visible que Philippe Clair avait pensé aux Marx Brothers, de par la manière de laisser toujours une dizaine de personnes dans chaque plans. L’absurdité générale finit par avoir son charme, comme Francis Blanche attaquant une banque déguisé en « Papa Schultz » du film de Christian-Jacque « Babette s’en va-t-en guerre », en déclarant : « C’est un costume qui me restait d’un vieux film » ! Les dialogues sont débiles à souhait, ce qui ne gâte rien, exemple : – les Tontos (avec accent italien) : « On était sûr Jour H, que c’était l’heu(o)re J », Michel Galabru : « L’orgie ? Ah non, l’heure J »… Mais il y a une distribution hallucinante, Jean Rupert, Gilbert Servien et le cher Henri Attal en employés de bureaux, Annick Berger en mamma envahissante, Dominique Zardi et Gérard Croce en gangsters idiots, les nains Roberto – dans trois rôles – et Jimmy Karoubi en petit président de la banque, dont la petite taille est jugée comme nuisant à la crédibilité de sa fonction – toutes ressemblances…- , Rudy Lenoir en fumeur de cigare chauve, Bernard Lavalette en notaire bafoué, Ibrahim Seck en gangster noir qui bien évidemment veut manger Francis Blanche, Georges Douking en faux aveugle, Yves Barsacq en policier, Pierre Repp sempiternel bafouilleur dans son sketche habituel – il se définit comme premier sinistre !, Amarande en veuve délurée, Carlos – soutien de…-  en gendarme de campagne, et même Sidney Chaplin – fils de Charles Spencer – en banquier idiot. On retrouve même Philippe Clair agité au-delà du burlesque en curé pied noir énergique. Tous ce petit monde est bien évidemment en roue libre, et semble beaucoup s’amuser… Nous un peu moins. Mais ne disons pas trop de mal des ringards, car s’ils vous soutiennent, ils peuvent vous apporter la victoire… Le film vaut bien un label nanar culte, car Philippe Clair a une énergie débordante et le film se voit sans trop de déplaisir. L’excellent site Nanarland en parle d’ailleurs avec brio, comme « une coke filmique ». A lire leur analyse jubilatoire de ce film ici. Message personnel à Monsieur Vincent et son Direct 8 : Encore ! le potentiel de nanars du cinéma français étant inépuisable…