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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Dacqmine

Jacques Dacqmine dans « Maigret et la fenête ouverte »

Annonce de la mort par « Le Figaro », confirmée par « Les gens du cinéma », du comédien Jacques Dacqmine, à l’âge de 85 ans. Il suit sous l’occupation des cours au conservatoire auprès de Maurice Escande et André Brunot, entre à la « Comédie Française » qu’il quitte en 1947, pour rejoindre la compagnie « Renaud-Barrault ». Suit un impressionnant parcours au théâtre jusqu’en 2001 pour « Lorenzaccio, une conspiration en 1537 ». On le retrouve souvent au cinéma dans des rôles de séducteur, parfois décalé comme l’impresario confident de Zizi Jeanmaire dans « Charmants garçons » (1957) mais qui se révèle plus sensible au charme d’un groom. Claude Chabrol prit un malin plaisir à malmener son image d’homme du monde en lui donnant le rôle du mari volage de Madeleine Robinson dans « À double tour »  (1959) et celui d’un écrivain catholique qu’on retrouve assassiné et nu, marqué d’un « porc » sur les fesses dans « Inspecteur Lavardin ». Il continuera dans cette voie en général paralysé malmené par un fauteuil roulant qui dysfonctionne dans « L’opération Corned-Beef ». Il participera aux très grandes heures de la télévision notamment dans l’excellent « L’abonné de la ligne U » – disponible en DVD chez L.C.J. vidéo – en inspecteur soucieux. C’était également une des très grandes voix du doublage (James Mason dans « La mort aux trousses », Cameron Mitchell pour « Six femmes pour un assassin », Richard Crenna pour « La canonnière du Yang Tsé », etc…). Plus d’infos sur le Forum du doublage francophone. A lire l’hommage d’Armel de Lorme pour « L’aide-mémoire ». Annonce également de la mort de la comédienne June Havoc.

Jacques Dacqmine dans « L’abonné de la ligne U »

Filmographie : 1941  Premier rendez-vous (Henri Decoin) – 1943  Premier prix de conservatoire (René Guy-Grand, CM) – 1945  L’ affaire du collier de la Reine (Marcel L’Herbier) – 1946  Macadam (Marcel Blistène) – 1947  Chambre 34 (Claude Barma, CM) – 1948  Nuit blanche (Richard Pottier) – Sombre dimanche (Jacqueline Audrey) – Le secret de Mayerling (Jean Delannoy) – 1949  Julie de Carneilhan (Jacques Manuel) – 1950  Caroline Chérie (Richard Pottier) – 1952  Un caprice de Caroline Chérie (Jean Devaivre) – 1954  Le fils de Caroline Chérie (Jean Devaivre) – 1955  Les aristocrates (Denys de La Patellière) – 1956  C’est arrivé à Aden (Michel Boisrond) – Michel Strogott (Carmine Gallone) – Action immédiate (Maurice Labro) – Sylviane de mes nuits (Marcel Blistène) – 1957  Charmants garçons (Henri Decoin) – Fekete szem ejszakaja (La belle et le tzigane) (Jean Dréville & Marton Keleti) – 1958  Des femmes disparaissent (Édouard Molinaro) – 1959  À double tour (Claude Chabrol) – Classe tous risques (Claude Sautet) – 1960  Ravissante (Robert Lamoureux) – Quai Notre-Dame (Jacques Berthier) – 1961  L’affaire Nina B. (Robert Siodmak) – Le jeu de la vérité (Robert Hossein) – Maléfices (Henri Decoin) – 1963  Il terrore dei mantelli rossi (Les cavaliers de la terreur) (Mario Costa) – Le commissaire mène l’ enquête [Sketch : « Le geste d’un fanatique »] (Fabien Collin & Jacques Delille) – 1964  Agent secret FX 18 / Coplan agent secret FX 18 (Maurice Cloche) – 1965  Coplan FX 18 casse tout (Riccardo Freda) – 1968  Phèdre (Pierre Jourdan) – 1978  Brigade mondaine (Jacques Scandelari) – 1983  La crime (Philippe Labro) – 1985  Inspecteur Lavardin (Claude Chabrol) – Mélo (Alain Resnais) – 1988  Erreur de jeunesse (Radovan Tadic) -1989  Nouvelle vague (Jean-Luc Godard) – 1990  L’opération Corned Beef (Jean-Marie Poiré) – Fortune express (Olivier Schatzky) – 1992  Le regard de l’autre (Bruno Rolland, CM) – Germinal (Claude Berri) – 1994  OcchioPinocchio (Francesco Nuti) – 1997  …Comme elle respire (Pierre Salvadori) – 1998  La dilettante (Pascal Thomas) – The ninth gate (La neuvième porte) (Roman Polanski) – 1999  Noire la vie (Yves Thomas & Sophie de Daruvar, CM) – 2000  Un crime au Paradis (Jean Becker) – 2002  Rien que du bonheur (Denis Parent) – Happy Victor (Carina Borgeaud, CM) – 2003  Adieu (Arnaud des Pallières). Voxographie succincte : 1963  Trésor de Delphes (Louis Soulanes, CM documentaire, récitant) – 1977  En direct du Mans (Claude Caillet, CM documentaire, récitant) – 1980  Le chaînon manquant (Picha, récitant).

Télévision (notamment) : 1954  Gigi (Claude Barma, captation en direct) – 1955  Sherlock Holmes : The case of the royal murder (Steve Previn) – 1959  Bérénice (Jean Kerchbron) – 1961  Les mystères de Paris (Marcel Cravenne) – 1962  L’inspecteur Leclerc enquête : La vengeance (Marcel Bluwal) – 1963  Siegfried (Marcel Cravenne) – Horace (Jean Kerchbron) – La rabouilleuse (François Gir) – L’inspecteur Leclerc enquête : La menace (Yannick Andréi) – 1964  Un homme comme les autres (Henri Spade) – L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – À quoi rêvent les jeunes filles (Maurice Cazeneuve) – 1965  La misère et la gloire (Henri Spade) – Goetz von Berlichingen (Jean-Paul Carrère) – 1966  Le train bleu s’arrête 13 fois : Monaco: non-lieu (Yannick Andréi) – Die Schatzinsel : Der alte Freibeuter (L’île au trésor) (Wolfgang Liebeneiner  & Jacques Bourdon) – 1967  Malican père et fils : La rançon (Dominique Genée) – 1968  Le regret de Pierre Gilhem (Jean De Nesles) – 1969  Le trésor des Hollandais (Philippe Agostini) – 1978  L’inspecteur mène l’enquête : La mort dans le coeur (Eddy Naka) – Le mutant (Bernard Toublanc-Michel) – Douze heures pour mourir (Abder Isker) – 1979  Louis XI ou le pouvoir central (Alexandre Astruc) – L’éblouissement (Jean-Paul Carrère) – La pitié dangereuse (Édouard Molinaro) – 1980  Messieurs les jurés : L’affaire Lezay (Alain Franck) – Jean Jaurès : vie et mort d’un socialiste (Ange Casta) – Arsène Lupin joue et perd (Alexandre Astruc) – 1981  Histoires extraordinaires : La chute de la maison Usher (Alexandre Astruc) – Nana (Maurice Cazeneuve) – Le mystère de Saint-Chorlu (Claude Vajda) – Arcole ou la terre promise (Marcel Moussy) – Les dossiers de l’écran : Staline est mort (Yves Ciampi) – 1982  L’amour s’invente (Didier Decoin, + sujet original) – Les dossiers de l’écran : Les yeux pour pleurer (André Cayatte) – 1983  Les brigades du Tigre : Les fantômes de Noël (Victor Vicas) – 1984  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’ami d’enfance de Maigret (Stéphane Bertin) – La piovra (La pieuvre) (Damiano Damiani) – 1985  La piovra 2 (La pieuvre 2) (Florestano Vancini) – Angelo, tyran de Padoue (Jean-Paul Carrère, captation) – 1987  Série noire : Noces de plomb (Pierre Grimblat) – 1988  Mount Royal : Passages L’affaire Saint-Romans (Michel Wyn) – L’argent (Jacques Rouffio) – 1991  Le foyer (michel Treguer, captation) – 1992  Brigada central 2 : La guerra blanca (La guerre blanche) (Pedro Masó) – Un beau petit milliard (Pierre Tchernia) – Le Lyonnais : Cérémonie religieuse (Bernard Dumont) – Le secret du petit milliard (Pierre Tchernia) – 1993  Commissaire Moulin : L…. comme Lennon (Nicolas Ribowski) – 1995  L’affaire Dreyfus (Yves Boisset) – Sandra princesse rebelle (Didier Albert) – La lettre au professeur Marcion (Michel Farin, CM) – 1996  Médée (Pierre Jourdan, captation) – 1998  Manège (Marc Angelo & Charlotte Brandstrom) – La poursuite du vent (Nina Companéez) – 2001  Maigret : Maigret et la fenêtre ouverte (Pierre Granier-Deferre) – L’Algérie des chimères (François Luciani) – 2002  La bataille d’Hernani (Jean-Daniel Verhaeghe) – Mata Hari, la vraie histoire (Alain Tasma) – 2003  Histoires de fiction (Sabine Chalvon-Demersay & Patrick Jeudy, série documentaire). Voxographie TV : 1995  Un siècle d’écrivains : Georges Bernanos (Patrick Zeyen, récitant) –

CHICAS

Demain sort « Chicas » de Yasmina Reza, vu à l’UGC-Cité Bordeaux le 8 février, en sa présence. Elle présentait son premier film comme réalisatrice pour la première fois devant un vrai public. C’est avec une émotion non feinte qu’elle se présentait devant nous. Pilar, une ancienne coiffeuse a trois filles, Nuria – Emmanuelle Seigner – une star internationale qui fait la couverture de Vogue et reçoit des mains de Stephen Frears, le BATA de la meilleure actrice, Aurélia – formidable Valérie Dréville – qui est comédienne également, mais vit dans l’ombre de sa sœur bien qu’elle ait du talent et travaille au théâtre et Christal, femme dynamique mère de deux enfants. Les trois sœurs s’entendent autour de la personnalité envahissante et un tantinet égocentrique de Pilar. Elles partagent une enfance heureuse en Espagne, malgré le deuil de leur père. Des flashbacks de cette période traversent tout le film. La réunion des quatre femmes n’a rien de sereine cependant, mais elles arrivent à se déclarer leur amour malgré les heurts du quotidien. Quelques hommes les accompagnent comme Fernand – un syndic – le fiancé de Pilar, qui aura du mal à ne pas se faire malmener par la famille, Maurice – Bouli Lanners – mari d’Aurélia, père un peu absent, mais amoureux de sa femme. Christal se partage entre son mari – Antonio Gil Martinez – et son amant – Philippe Uchan touchant en homme un peu dépassé par les événements se trouvant dans une position inconfortable ..Yasmina Reza, a parlé avec beaucoup d’émotion de son film, important pour elle car le sujet la touche, et elle a fait de très beaux portraits de femmes, ce qu’elle a évité parfois dans son œuvre.

Yasmina Reza et ses interprètes, Emmanuelle Seigner, Carmen Maura et
André Dussollier (Photo : UGC Distribution)

Elle a également évoqué l’importance qu’elle portait au montage, ne voulant pas que son film soit trop écrit, et au final le temps imposé par le scénario a servi de fil conducteur. Le film a beaucoup de pudeur et d’humour. Emmanuelle Seigner fut choisie par la réalisatrice car pour elle c’était la seule comédienne à avoir une aura de star et à montrer un côté plus accessible dans le quotidien. C’est elle qui a le plus réussi. Valérie Dréville, excellente comédienne que le cinéma boude un peu trop hélas – rappelons qu’elle est la fille de Jean Dréville – campe le personnage le plus touchant, d’une grande fragilité malgré un tempérament de fonceuse. Mais c’est une façade, en effet elle est facilement désemparée quand elle est confrontée à une crise d’angoisse où elle a l’impression de se vaporiser littéralement. Christelle Tual a une énergie non feinte, avec un côté insouciant et un fond de gravité. Ces deux dernières comédiennes ont été choisies par la réalisatrice pour leur talent et une certaine ressemblance avec Emmanuelle Seigner. Elle narre que les trois comédiennes blondes aux yeux bleus ont dû être teintes en brune. Carmen Maura qui a travaillé son rôle en français, a un beau tempérament dans ce rôle de mère qui centralise l’attention, ce que lui reproche à un moment le personnage joué par Bouli Lanners. Il y a une grande drôlerie, tel Pilar amoureuse qui ne remarque pas que son fiancé se teint les cheveux. Yasmina Reza comme réalisatrice s’attache aux petits événements du quotidien et nous rend attachants ses personnages. Elle a dès son premier film trouvé une équivalence filmographique à son talent d’écriture, souhaitons que son film soit bien perçu, car sinon on perdrait un beau talent dans le septième art.


Agnès Laurent par Yvan Foucart

 

Agnès Laurent dans « Mademoiselle Strip-tease »

 

Triste destin que celui de cette jolie Lyonnaise que fut Agnès Laurent récemment décédée, à Grenoble ce 16 février 2010.

 

Ses études secondaires terminées, elle débute comme sténo-dactylo chez Pigier, puis travaille deux mois au Ministère de la guerre comme secrétaire tout en s’appliquant sur la sculpture et en lorgnant vers les scènes de théâtre.

 

Nantie d’un mot de recommandation d’un journaliste lyonnais pour le producteur de films René Thévenet, lui aussi originaire de la capitale des Gaules, celui-ci la fait inscrire chez l’agent artistique Jacques Allain. Tous deux  l’amènent à fréquenter les cours d’art dramatique d’Eve Francis et de Charles Dullin.

 

C’est sous le pseudonyme d’Agnès Laurent qu’elle débute par la petite porte en acceptant un rôle mineur dans Axelle et son clochard, un court métrage produit par Thévenet. Il n’empêche, Luis Buñuel qui se prépare à tourner La mort en ce jardin au Mexique avait prévu Michèle Girardon, autre Lyonnaise, pour le rôle de la fille sourde et muette de Charles Vanel avant de reporter son choix sur Agnès. Le père de Michèle ayant refusé que sa fille parte aussi loin, revient très vite sur sa décision et le film se fait finalement sans Agnès.

 

Certes chagrinée, on ne le serait à moins, elle se contente d’apparaître parmi les Mannequins de Paris qui tourbillonnent avec la grâce souhaitée par André Hunebelle, ainsi que dans Les collégiennes du même réalisateur.

 

Tout évolue dès l’année suivante. Maurice Cloche lui accorde sa confiance ainsi que le premier rôle féminin auprès de Georges Marchal, sémillant agent d’Interpol au sein de son Marchands de filles. En demoiselle bien sage, la voilà amenée à  se dévêtir pour les besoins de Mademoiselle Strip-tease que produit René Thévenet. Elle enchaîne ensuite avec Un amour de poche, la première réalisation de Pierre Kast, où rivale de Geneviève Page, elle interprète l’élève virginale et follement éprise de son beau professeur qu’incarne Jean Marais.

 

Le 21 décembre de cette même année, elle noue avec le théâtre, celui des « Nouveautés » à Paris pour Auguste une comédie de Raymond Castans dont Jean Wall assume la mise en scène. Fernand Raynaud, Guy Tréjan, Paul Préboist et Pierre Mirat l’entourent pour son rôle de jeune starlette à la recherche de notoriété en simulant un suicide… ce qui nous fait immanquablement penser à une certaine  Martine Carol. 

 

Simultanément, René Thévenet, en parrain décidemment fidèle, l’engage pour Péché de jeunesse,  où nous la retrouvons en orpheline de l’Assistance travaillant comme vendeuse dans une pâtisserie. Une peinture dénonçant les mesquineries d’une petite ville de province avec une mère castratrice (Madeleine Robinson) paralysant un fils pusillanime (Gil Vidal) mais soupirant éperdu et tenace de la petite vendeuse… enceinte. Un film aujourd’hui bien oublié qui fut cependant agréablement accueilli et qui par ailleurs obtint un prix au référendum de Vichy.

Fin des années cinquante, une déferlante s’abat sur le cinéma français. C’est ce que Françoise Giroud appellera la « Nouvelle Vague ». Elle se veut être le renouveau du cinéma hexagonal, des réalisateurs et des comédiens. Et Agnès en sera, comme tant d’autres, une injuste victime.

 

Elle se tourne vers d’autres cieux et s’engouffre dans des productions espagnoles, anglaises et italiennes dont les titres n’évoquent plus rien.

 

Fin octobre 1958, les faits divers de quelques journaux nous apprennent, au retour d’une tournée, l’accident dont elle est victime avec le conducteur du véhicule, un chanteur-compositeur très connu. Souffrant de plusieurs blessures, elle est transportée à l’Hôtel-Dieu de Paris. L’un et l’autre en garderont des séquelles. Après un an d’hospitalisation, le chanteur poursuivra sa carrière tant bien que mal malgré des problèmes physiques toujours présents. Quant à Agnès, elle doit son dernier sursaut à Michel Boisrond qui l’appelle pour son sketch des Amours célèbres, où elle assiste spectatrice aux  dévolus concupiscents du roi Louis XIV / Philippe Noiret et du duc de Lauzun / Jean-Paul Belmondo pour la belle Madame de Monaco / Dany Robin.

 

Encore deux ou trois films peu glorieux, et puis plus rien.

 

La « Nouvelle Vague » a fait son œuvre, on entendra plus parler de la ravissante et prometteuse Agnès Laurent qui, après d’autres déboires davantage douloureux, s’exilera définitivement de Paris.

C’est d’ailleurs sous son vrai patronyme que l’on apprendra son décès.

 

@   Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus)

Filmographie : 1956  Axelle et son clochard (court métrage, Pierre Foucaud) – Bonjour Monsieur La Bruyère (court métrage, Jacques Doniol-Valcroze) – Mannequins de Paris (André Hunebelle) – Les collégiennes (André Hunebelle) – 1957 Marchands de filles (Maurice Cloche) – Mademoiselle Strip-tease (Pierre Foucaud) – Un amour de poche (Pierre Kast) – 1958  Péché de jeunesse (Louis Duchesne) – Die grünen teufel von Monte Cassino / Les diables verts de Monte Cassino (Harald Reinl)  – 1959  Un mundo para mi / Tentations (José Antonio De La Loma) – 1960  A french Mistress (Roy Boulting) – Altas variedades / Cibles vivantes (Francisco Rovira Beleta) – La notte del grande assalto / Dans les griffes des Borgia (Giuseppe Maria Scotese) – 1961  Les amours célèbres, sketch « Lauzun » (Michel Boisrond) – Mary had a little… / Marie avait un petit agneau (Edward Buzzell). Divers : 1964  Dictionary of sex (Radley Metzger, anthologie, utilisation d’images d’archives). Nota : Elle n’apparaît pas dans « Nina » (Jean Boyer, 1958), c’est une confusion avec Agnès Laury et ni dans « A. Constant » (Christine Laurent, 1976), est une comédienne homonyme, merci à Armel de Lorme pour ces précisions.

 

En aparté : À lire également l’hommage qu’a consacré Yvan à Marie-Christine Barrault, sur l’excellent site « L’encinémathèque ».

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Yvonne Clech

Photo © Françoise Raybaud

Annonce de la mort d’Yvonne Clech par Yvan Foucart, à l’âge de 90 ans dans la plus grande discrétion – Merci à Richard Templier qui m’informe de l’avis de son décès ce 25 février dans le journal « Le Monde » du 4 mars -. Le tempérament de cette ancienne élève de Charles Dullin, en faisait une cliente idéale pour bien des comédies, bien souvent dans des rôles excentriques de grande bourgeoise, à l’instar de l’automobiliste qui dit à Catherine Demongeot qu’il ne faut pas brutaliser les grandes personnes dans « Zazie dans le métro », et qui est « Une vraie jeune fille, et veuve de surcroit » ! Il faut la voir poursuivre de ses assiduités Vittorio Caprioli. Elle est irrésistible ainsi en femme « Pompette » de Ferdy Mayne dans « Jo » – souvenez-vous de la réplique culte de Florence Blot à son sujet : « Tût-Tût » -. Elle eu un parcours impressionnant au théâtre, elle fut membre de la prestigieuse troupe « Grenier-Hussenot », elle créa avec Jean-Marie Serreau « Amédée ou comment s’en débarrasser » d’Eugène Ionesco en 1961, et « Zoo » de Vercors, en 1964 au TNP. Bibliographie : Dictionnaire cinématographique de Bretagne de Gérard-Louis Gauthier (Télégram édition, 1995). A lire l’hommage d’Armel de Lorme dans « L’aide-mémoire ». 

Yvonne Clech dans « Zazie dans le métro »

Filmographie : 1950  L’étrange madame X (Jean Grémillon) – 1953  Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert) – 1957  Ce joli monde (Carlo Rim) – 1958  La moucharde (Guy Lefranc) – Le grand chef (Henri Verneuil) (1) -1959  Le second souffle (Yannick Bellon, CM) – 1960  Zazie dans le métro (Louis Malle) – Saint-Tropez blues (Marcel Moussy) – 1961  Les livreurs (Jean Girault) – Le tracassin ou les plaisirs de la ville (Alex Joffé) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Un clair de lune à Maubeuge (Jean Chérasse) – Les veinards [Sketch : « Le vison »] (Jean Girault) – 1963  L’honorable Stanislas, agent secret (Jean-Charles Dudrumet) – Le feu follet (Louis Malle) – L’assassin connaît la musique (Pierre Chenal) – La foire aux cancres (Louis Daquin) – Coplan prend des risques (Maurice Labro) – Faites sauter la banque (Jean Girault) – La vie à l’envers (Alain Jessua) – 1964  Les gros bras (Francis Rigaud) – Relaxe-toi chérie (Jean Boyer) – L’or et le plomb (Alain Cuniot) – 1965  Quand passent les faisans (Édouard Molinaro) – Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – 1966  Six chevaux bleus / Zossia (Philippe Joulia, + version TV) – 1967  Le grand Dadais (Pierre Granier-Deferre) – 1971  Jo (Jean Girault) – 1972  Le rempart des Béguines (Guy Casaril) – 1973  Géraldine ou la vertu récompensée (Pierre Sisser, CM) – Gross Paris (Gilles Grangier) – 1974  Un train peut en cacher un autre (Jacques Colombat, CM) – Soldat Duroc, ça va être ta fête (Michel Gérard) – Q / Au plaisir des dames / Le gros lot) (Jean-François Davy) – 1977  Le maestro (Claude Vital) – 1978  Au bout du bout du banc (Peter Kassovitz) – Mireille dans la vie des autres (Jean-Marie Buchet) – 1979  Comme une femme (Christian Dura) – 1983  Y a-t-il un pirate sur l’antenne ? (Jean-Claude Roy) – 1984  Le hasard mène le jeu (Pierre Chenal) – 1988  À deux minutes près (Éric Le Hung) – 1989  Suivez cet avion (Patrice Ambard). (1) précision d’Armel de Lorme, elle n’apparaît pas dans les copies actuellement visibibles.

Télévision : (notamment) : 1954  Volpone (Stellio Lorenzi) – 1955  La rabouilleuse (Jean-Paul Carrère) – 1956  George et Margaret (Marcel Cravenne) – La famille Anodin (André Leroux, Marcel Bluwal & Arnaud Desjardins) – Le prix Martin (Pierre Badel) – 1958  Si c’était vous : Étudiant en médecine (Marcel Bluwal) – 1960  Un homme supérieur (Georges Folgoas) – Le paysan parvenu (René Lucot) – 1961  L’histoire dépasse la Fiction : Fra Diavolo (Jean Kerchbron) – La galettes des rois (Jean Pignol) – Les femmes de bonne humeur (Alain Boudet) – 1962  Elle s’abaisse pour vaincre ou la nuit des erreurs (Étienne Fuselier) – Les vignes du seigneur (Jean Kerchbron) – 1964  La cruche cassée (Jean Kerchbron) – Premier prix de piano (Abder Isker) – Les cabinets particuliers (Alain Boudet) – Les aventures de Monsieur Pickwick (René Lucot) – 1965  La part du gâteau (Guy Labourasse) – Monsieur Biedermann et les incendiaires (Robert Valey) – Conte de Noël : Sujet pour un petit récit (Robert Valey) – 1966  Le philosophe sans le savoir (Jean-Paul Roux) – Antony (Jean Kerchbron) – Au théâtre ce soir : Les portes claquent (Pierre Sabbagh) – À Saint-Lazare (François Gir) – 1967  Le complexe de Philémon (Jacques Pierre) – Allô Police : Le mille-pattes (Pierre Goutas) – Les sept de l’escalier 15 (Georges Rénier) – 1968  La bonne éducation (Marcel Blistène) – Un chat est un chat (Robert Maurice) – 1969  Thibaud ou les croisades : Le mariage de Blanchot (Henri Colpi) – Au théâtre ce soir : Baby Hamilton (Pierre Sabbbagh) – Minouche (Maurice Fasquel & Rinaldo Bassi, série) – La 99e minute (François Gir) – Au théâtre ce soir : Bichon (Pierre Sabbagh) – 1970  Au théâtre ce soir : George et Margaret Pierre Sabbagh) – Les saintes chéries : Ève P.D.G. (Jean Becker) – 1971  Au théâtre ce soir : Les Pituiti’s (Pierre Sabbagh) – Le bouton de rose (François Gir) – 1972  Les dernières volontés de Richard Lagrange (Roger Burckhardt) – La bonne nouvelle (Guy Lessertisseur) – Joyeux chagrins (François Gir) – 1973  Les écrivains (Robert Guez) – 1974  Nans le berger (Bernard-Roland) – 1975  Aurore et Victorien (Jean-Paul Carrère) – Le péril bleu (Jean-Christophe Averty) – Le théâtre de Tristan Bernard : Le prétendant (Georges Folgoas) – 1977  Bonsoir chef (Pierre Goutas) – Chantecler (Jean-Christophe Averty) – 1978  Au théâtre ce soir : Un ménage en or (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Vous ne l’emporterez pas avec vous (Pierre Sabbagh) – Cinéma 16 : Thomas Guérin, retraité (Patrick Jamain) – 1979  Le petit théâtre d’Antenne 2 : L’homme de Rangoon (Jean-Charles Dudrumet) – Le troisième couteau (Robert Valey) – Les amours de la belle époque : La statue voilée (Jean-Paul Roux) – 1980  Au théâtre ce soir : Beaufils et fils (Pierre Sabbagh) – Les incorrigibles (Abder Isker) – 1981  Au théâtre ce soir : La claque (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Alain, sa mère et sa maîtresse (Pierre Sabbagh) – Les gaietés de la correctionnelle : Une dame de qualité (Marlène Bertin) – 1982  Georges Dandin (Jean Kerchbron, captation) – Jules et Georgia (Robert Valey) – Le rêve d’Icare (Jean Kerchbron) – 1983  Père Noël et fils (André Flédérick) – 1984  La fête (Éric Le Hung) – Au théâtre ce soir : La vie est trop courte (Pierre Sabbagh) – La pendule (Éric Le Hung, plusieurs épisodes) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La nuit du carrefour (seconde version) (Stéphane Bertin) – 1986  Madame et ses flics : Le corbeau informatique (Roland-Bénard) – L’amour à tout prix (Marie-France Hascoët, CM) – La guerre des femmes (Pierre Bureau) – 1988  Espionne et tais-toi ; Flamiche en Barzac (Claude Boissol) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le témoignage de l’enfant de coeur (Michel Subiela) – La baby-sitter (Christiane Lehérissey & Laurent Lévy, plusieurs épisodes) – 1989  Le hérisson (Robert Enrico) – 1990  Drôles d’histoires / Mésaventures : Persécution (André Teisseire, CM) – 1996  Madame Dubois – Hôtel Bellevue (Jean-Pierre Améris) – 1998  Pour la galerie (Claude d’Anna et Laure Bonin, captation) – Nora (Édouard Molinaro) – 1999  Une femme d’honneur : La femme battue (Alain Bonnot) – Intrigues: Un sujet de roman (Jean Pignol) – 1992  Mésaventures: Le prestige de l’uniforme (Sélim Isker, CM) – 2002  L’emmerdeuse : Jeunesse oblige (Michaël Perrotta). Remerciements : à Bernard. Bibliographie : « Les fictions française à la télévision » de Jean-Marc Doniak (Dixit-SACD, 1998).

LES INVITÉS DE MON PÈRE

Avant-première le lundi 1er mars de « Les invités de mon père », à l’UGC-Ciné Cité de Bordeaux, en présence d’Anne Le Ny et du survolté – euphémisme ! – Fabrice Luchini en guise de présentation en début de film. Depuis « Rien sur Robert », j’ai pris l’habitude de le voir, je l’ai même vu refuser de signer un autographe à un spectateur lors de celle de « Jean-Philippe » : « Désolé Chéri mais je suis fatigué ! ». Il est vrai qu’il nous régale à chaque fois du numéro habituel disons de cabotinage plus ou moins inspiré. Il adore Bordeaux, rappelle ses tournages dans cette ville de « L’année Juliette » et « Beaumarchais ». Nous sommes privilégiés car il fait très peu de villes. Mais cette fois, ça a fusé, tout y est passé, sur Martine Aubry – qui semble l’avoir réfrigéré à Lille -, le sourire de Ségolène Royal -, Johnny Hallyday, Arthur – « l’animateur pas Rimbaud » (sic), Juppé, Chaban-Delmas, « La » (sic) Bernard Kouchner, Jean-Louis Tamin – directeur du « Femina » un théâtre de Bordeaux, avec une dérive limite homophobe au sujet de ce dernier – j’en passe tant ce fut virevoltant tendance lourdissime. On a eu droit à son habituelle litanie répétée à l’envi, « on est de gauche ! », car la gauche « … lui casse les ille-cous » ! Volontiers discourtois, il s’en est pris au physique d’Anne Le Ny – excellente directrice d’acteurs bien qu’elle soit de gauche ! – et surtout au directeur Pierre Bénard pourtant affable – on a eu droit a six reprises à « Bénard le q[Censored]ard !, infondé mais ça rime ! -. Anne Le Ny, forcément interdite n’a pas réussi, on le comprend, à le gérer, mais l’a arrêté à temps avant qu’il ne déflore toute l’histoire -. Me voici donc fan du comédien, et à chaque fois un peu moins du personnage. Ce n’est pas contradictoire, je l’ai défendu pourtant longtemps, je deviens aussi pisse-froid que ses détracteurs… Le fait d’avoir mis Louise Bourgoin dans le sérail du cinéma sera en prime retenu contre lui en circonstance aggravante – J’attends de la voir dans « Blanc comme neige » cependant, mais pour paraphraser Philippe Meyer elle est comme l’oseille elle agace… -. Le film en lui même confirme le talent d’Anne Le Ny – excellente comédienne chez Pascal Thomas ou Pierre Jolivet -, comme réalisatrice après « Ceux qui restent ». On oubli très vite le froid qu’a jeté l’ineffable Luchini – très applaudi il faut bien en convenir -…

Fabrice Luchini, « On est de gauche ! » (photo source « Pathé »)

Lucien Paumelle – Michel Aumont magistral – est un grand médecin, militant actif à 80 ans et a été résistant à l’âge de 17 ans. Il a passé sa vie à défendre les femmes, les précaires et diverses causes humanitaires. Il est reconnu comme un homme éclairé. Sa fille, Babette  – Karin Viard toujours dans la subtilité – a suivi ses traces et travaille comme médecin également dans un dispensaire, avec son collègue – Raphaël Personnaz qui fut pressenti pour jouer Delon dans un biopic abandonné sur la vie de Romy Schneider -.  Elle vit avec son compagnon – excellent Olivier Labourdin – une vie tranquille. Son frère Arnaud – Fabrice Luchini donc investi dans son personnage – lui se désolidarise assez de cette famille et est un avocat d’affaires tendance nouveau riche. Il vit avec sa femme qui est très terre à terre – Valérie Benguigui, une comédienne à suivre assurément  – et ses deux enfants. Le paternel démiurge de son petit monde, annonce à ses enfants qu’il va recueillir ses sans-papiers. Les enfants n’ont pas trop de choix que de respecter sa décision, mais surprise les heureux élues sont une plantureuse moldave et sa fille. Anne Le Ny fait un portrait très décapant des bonnes intentions, de la générosité qui ne tient pas quant il y a des intérêts. Les enfants en manque de reconnaissance face à la personnalité écrasante du père – Michel Aumont, excelle entre autorité et fragilité – voient leurs repères brisés par une attitude qu’il ne comprennent pas. Karin Viard et Fabrice Luchini sont crédibles en frère et sœur qui vont voir leurs failles révélées par la suite des événements. Valérie Benguigui est exceptionnelle dans un rôle humainement ingrat, ses attitudes moralement peu amènes finissent par arranger tout le monde. Il faut la voir face à un Luc-Antoine Diquéro, circonspect dans le rôle d’un bénévole, manier le double langage tout en étant franchement raciste. Veronica Novak dans le rôle de l’encombrante Tatiana donne une justesse à son personnage, qui défend avant tout sa fille. Car la réalisatrice Le Ny qui fait un joyeux jeu de massacre, gratte le vernis des convenances, respecte ses personnages et ne les juge pas. Le scénario – co-écrit par Luc Béraud – est très inspiré, on connaît les qualités d’écriturs d’ Anne Le Ny dans son premier film et dans « Didine ». Son regard sur le monde est très juste, et elle est assez critique sur son organisation à l’instar d’un exemple saisissant que je ne peux dévoiler sous peine de déflorer l’histoire. Coup de chapeau à Anne Le Ny, souhaitons juste pour elle, qu’un Luchini soit moins ingérable sur plateau de cinéma que lors d’une avant-première, car il est dans ce film très bon. C’est donc un film qui rend « actant » comme il le dit si bien. Donc clamons avec lui « On est de gauche ! ». Jugez sur pièce en visitant deux extraits proposés par  bossoftheangels sur Dailymotion 1 et Dailymotion 2.