Avant-première à l’UGC-Ciné Cité de Bordeaux du franco-canadien “Fatal”, le 03 juin, avec une présentation sommaire de Michaël Youn, Armelle, Isabelle Furnardo et Fabrice Eboué, ce dernier faisant ses débuts au cinéma – manképluksa ! – Il y avait également un chien forcément cabot, acteur du film, mais il faut rester au générique de fin pour le voir. Le tout était vaguement animé par un animateur d’une radio N.R.Vée – un certain Yanis, je sais pourtant que ce n’est pas bien de dénoncer -, il a posé une question existentielle à son auteur, montre-t-il son cul dans le film ? Michaël Youn, casquette, chaleureux et décontracté a mis en avant ses interprètes, il annonce que c’est son meilleur travail (sic, merci pour les autres). Armelle montrait une grande timidité, Youn animait l’ensemble avec entrain, avec le classique « si vous n’aimez pas le film, envoyez les gens que vous n’aimez pas ». Programme chargé et marathon pour ces comédiens au programme, au Mégarama à 19h00, à l’UGC à 20h15 au CGR Français à 20h92, à l’Appolo de Pontault Combault à 5h20, etc… Fatal Bazooka – joué par un Youn qui ne se ménage pas – est une institution du rap, a son propre parc d’attraction, vend des parfums basés sur son odeur corporelle, et vit comme un nabab. Lors d’une party, un nouveau venu Chris Proll veut en découdre avec lui et lui voler sa place de star, en surfant sur la vague écolo. Suit une compétition à grande dose de testostérone… Stéphane Rousseau, dans ce rôle, bradpittise avec beaucoup d’autodérision, son grand talent de showman est ici au service de ce rôle de chanteur à la mode qu’il campe avec conviction. La distribution est un mélange de comédiens pas encore trop compromis à l’écran, Ary Abittan en cynique animateur tête à claque, Jérôme Le Banner proprement tordant en gros bras avec une âme d’enfant, et l’inévitable Vincent Desagnat en musicien déglingué. Eboué ne convainc pas toujours tout à fait, et Isabelle Funardo parishiltonise à souhait. D’autres comédiens plus aguerris complètent le tableau comme Armelle qui y va franco dans un personnage d’Heidi d’opérette se montrant volcanique, le toujours parfait Jean Benguigui excelle en producteur véreux et Catherine Allégret surprend en mère savoyarde adepte de l’internet. On retrouve même, et c’est un come-back, Perrette Souplex en odieuse vieille dame hospitalisée raciste et haineuse. Elle a toujours une formidable présence, souhaitons que ce soit pour elle un nouveau renouveau pour sa carrière, selon IMDB, elle serait à l’affiche de “Les amours imaginaires”. Vu dans des conditions pas trop optimales, avec 3 bobos trentenaires, assis à côté de moi, l’un dormait presque sur mon épaule, un autre utilisait allègrement son portable, le troisième jouait au foot avec le fauteuil de la spectatrice devant lui, visiblement rétive à ce sport. Au final elle se fera même insulter en prime car elle se défendait tout de même.
Michaël Youn & Armelle Lesniak dans “Fatal”, photo source Universal Pictures International France
Le premier film de Michaël Youn n’a rien de déshonorant. Pour rappel, la notion « coin du nanar » distingue les films pour lesquels on peut avoir de la sympathie. Malgré quelques maniérismes de mise en scène, le film a parfois un ventre mou, mais il y a une volonté évidente de garder un rythme, de faire un maximum de vannes. Il flirte carrément avec le potache, voir la scène « du pruneau cuit, pruneau cru, la statue femme fontaine ». Il y a même des moments d’authentique délire, telle la scène de l’attaque de la meule de fromage infernale dévalant une montagne, digne des meilleurs cartoons. Il égratigne les mœurs de son temps et de ses contemporains – tel le chanteur Gaëtan, on en reconnaît aisément la cible – Mine de rien, son portrait de rappeur vivant une descente aux enfers, a des échos sur sa propre personnalité, sur son comportement d’écorché vif qui voudrait tourner avec Patrice Chéreau et toujours sur la défensive, et de son expérience télévisée où il fut adulé pour être décrié au cinéma. Il y a même un constat assez amer du vedettariat, et voire même complètement désabusé, le public ne se laissant pas attendrir, ils veulent toujours plus de trash, ce que l’on constate de plus en plus, voir la dernière merdaille proposée par l’ineffable Alexia Laroche-Joubert. Il démontre toujours son talent, j’ai eu un jugement par trop réducteur pour le cornichonesque “Incontrôlable”, et le mésestimé “Héros”, ou même “Coursier” pas totalement antipathique. Selon le dernier numéro de Brazil, Michaël Youn remet le couvert en septembre prochain comme réalisateur, on ne peut que l’encourager, nous avons peut-être notre Mike Myers français.










“…Qu’il faut fermer sa gueule !”. Non ce n’est pas le sous-titre du “support-technique” – je mets des guillemets, bien sûr – de mon ancien hébergeur de blog, où un énervé destitué insulte les blogueurs, avant de censurer ensuite une de ses notes vipérine. Ce n’est pas non plus, le résumé général de l’actuelle campagne présidentielle… C’est en fait le titre de l’un des sommets de la comédie désolante franchouillarde. On doit ce monument au cinéastes Jacques Besnard, sorti en janvier 1975, d’après une idée originale de Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Christian Clavier – ce dernier étant alors, coïncidence, le beau-fils du producteur Yves Rousset-Rouard -. L’histoire est simple, une minable histoire de casse, entre “Le pigeon” et “Faites sauter la banque”. Riton et Max – Jean Lefebvre et Michel Serrault -, deux escrocs pathétiques et benêts, sont renvoyés par Phano, receleur qui se prend pour un génie – Bernard Blier, au mieux de sa forme -, vu la petitesse des résultats. Mais Phano a l’idée du siècle, fracasser le mur dans les toilettes publiques de la Gare de l’Est, dans le WC N°3, qui se trouve être mitoyen avec une pièce contenant un coffre-fort richement pourvu… L’idée n’est pas fracassante, rajoutant à cela les poussifs dialogues de Jean Halain et Albert Kantoff, louchant méchamment sur l’écriture de Michel Audiard, le talent en moins, à l’exemple de cette phrase de Blier à Serrault : “Le jour où on mettra les cons dans un panier, tu ne seras pas sur le couvercle”. Evidemment, à la lourdeur ambiante, aux vapeurs d’urine, vient un petit côté scatologique. Notre trio de bras cassés, doivent percer le mur en plein jour, dans un lieu de forts passages, histoire de voler les recettes de la SNCF. Et il y a un obstacle colossal, le cerbère local qu’est la dame-pipi, – Tsilla Chelton, hilarante, excentrique, et professeur de l’équipe du théâtre du Splendid -. Il faut la voir véritable furie, gouverner son petit monde, déployer ses dons pour les langues avec les touristes étrangers. Mais elle ménage les habitués, dont Gaston, un contrôleur SNCF – mais qui contrôle plus l’accès des quais que sa vessie -. Gaston c’est Gérard Jugnot, dans un running-gag désolant, accompagné d’une petite musiquette de Gérard Calvi. 
Curieux parcours pour la sympathique Charlotte de Turckheim, de l’infirmière, joyeusement massacrée et disséquée par des membres d’une maison de retraite dans “La nuit de la mort” de Raphaël Delpard, à son improbable “Marie-Antoinette” chez l’académique James Ivory, dans “Jefferson à Paris”, en passant par sa prestation style chaînon manquant entre Danièle Delorme et Eva Darlan dans “Mme le (la) proviseur”. Rien de très probant, mais un petit côté agressif, il fallait la voir dans un talk-show, régler ses comptes avec le cinéaste Claude Confortès, qualifié de libidineux. C’est sa seconde réalisation après “Mon père, ma mère…” (1999) – pas vu, pas pris… -, il y avait eu aussi une captation assez mollassone de ses spectacles avec “Une journée chez ma mère” (1992). La réalisatrice chasse comme d’habitude, sur la terre de l’aristocratie désargentée. Pourquoi pas, ce thème a donné lieu a de superbes réussites, du “Diable par la queue”, un grand Philippe de Broca, cuvée 1968, ou le chef d’œuvre absolu “Noblesse oblige”, où Dennis Price avait une méthode bien a lui pour survivre à ses revers de fortune. Le comte Charles Valerand d’Arbac de Neuville et son épouse Solange, née Poitou Castilla de la Taupinière – Jacques Weber et la Charlotte, se livrant à une compétition de cabots, résultat match nul -, doivent au Trésor Public – je mets une majuscule, on ne sait jamais -, la modique somme de 1 991 753 euros. Le château familial tombe en ruine, ils sont réduits à la débrouille, Weber fait des faux meubles en les vieillissants avec du yaourt – encore un qui crache dans la soupe, il doit se venger de son image ternie à faire des pubs pour Danacol, le laitage anti-cholestérol -. La châtelaine en fait de même en vendant de la pâtée pour chiens aux gogos dans de jolis bocaux, imitation “Comtesse du Barry” – métaphore sur ce film ? -. L’huissier débarque, cerise sur le gâteau c’est Sébastien Cauet qui l’incarne – Le Bill Murray français, ben quoi, la voix du dessin animé “Garfield” aux États-Unis, c’est Murray, en France, c’est Cauet, CQFD -. Le regrettable vendeur de cerveau disponible, qui sévit non seulement sur TF1, mais dans la presse trash et la mal-bouffe, – une sorte de synthèse donc… -, peine à composer un personnage intraitable. Il faut le voir avec sa moumoute, essayer de faire valoir son petit regard vicelard en fantasmant sur Mme la châtelaine, garanti culte en 2058. 
Attention navet de compétition ! L’été est souvent l’occasion pour les Majors, qui arrivent pour permettre la sortie de leurs blockbusters, d’imposer celle de leurs fonds de tiroirs. On devait à Marc Foster de culture européenne, deux films très honorables, “À l’ombre de la haine” (2001) et “Neverland” (2004). On attendait légitimement mieux avec ce cauchemar expérimental que ce pensum, qui rate à la fois le spectacle et la réflexion. Dès les premiers plans, on comprend rapidement l’inanité d’une telle œuvre. Un jeune dépressif annonce à son psychiatre – improbable Erwan McGregor -, son suicide prochain sur le pont de Brooklin. Il prend pour cette issue fatale, modèle sur un obscur peindre new-yorkais. Le plus fou des deux, n’étant pas forcément celui auquel on pense, notre vaillant thérapeute, de plus en plus « borderline » va tout faire pour éviter le pire. Pour tenter d’évoquer la tragique frontière entre la réalité/phantasme, la vie et la mort. On sent bien que le réalisateur veuille reproduire un film schizophrénique, à l’exemple du magistral “Lost higway” de David Lynch, mais il ne fait que d’aligner la gratuité des effets dans un exercice de style poussif. On part également sur la piste du « Sixième sens » et on finit par déplorer qu’il n’y ait pas un M. Night Shyamalan, qui arrive à installer un climat avec des scénarios moyens ou un David Fincher initialement annoncé. On reste sidéré devant tant de suffisance, la multiplication de plans alambiqués – genre caméra au fond d’un casier et d’effets d’inversion – finit allégrement par avoir son petit effet comique. C’est peut-être l’humour involontaire du film qui finit par tromper l’ennui… À l’image d’une femme qui laisse son chien attaquer le bras du psychiatre, ce qui lui donne l’idée… d’aller faire à manger ! – le chien affamé voulant en fait se nourrir ? -. On en vient non pas à anticiper l’histoire qui nous passionne moyennement, mais à trouver quel effet bizarre suivra. Le symbolisme est lourdinguissime, surligné et le montage à la serpe n’arrange rien. 
“La mort du Chinois” est un film réalisé en 1997, troisième film de Jean-Louis Benoît, après “Les poings fermés” (1984), et “Dédé” (1989), un CV théâtral à tomber. Le problème à l’issue de ce film, c’est que l’on se pose des questions sur sa santé mentale. Je vais essayer de vous raconter l’histoire du film, “Hellzapoppin” c’est du Bernanos en comparaison… 0 minute, zéro seconde, le générique débute sous fond de hard rock tonitruant, apparaît le titre “La mort du Chinois” en jaune sous fond noir, ça dépote, je me jette sur la télécommande, il convient de baisser un peu…1 minute 25 secondes, on entend un râle dans un appartement en bordel – deux figurines de cochons en plein coït, un plateau repas renversé, une vieille paire de basket -, ça pannote jusqu’à deux pieds remuants, on aperçoit une paire de ciseau, Denis Podalydès (de la Comédie Française) téléphone, “Allô Michel, Françoise m’a coupé les couilles !”. 2 minutes, zéro seconde, José Garcia en complet blanc et chemise rouge, fonce furieusement la civière de son ami Podalydès au grand dame d’un infirmier – Eriq Ebouaney, énervé également -. Il est collant le Garcia, Podalydès hurle à la mort en crachant des cachets multicolores, Ebouaney furibard vitupère “Qu’est-ce que c’est que ses dingues”. Podalydès se met à gueuler, il vient de se faire esmaculer ce qui n’est pas idéal, il doit interpréter Don Juan au théâtre, et le faire sans couilles ce n’est pas très sérieux, on peut en convenir. Il veut donc qu’on les lui recouse. Trois membres du personnel médical arrivent à neutraliser le Garcia, période surcharge pondérale. 2 minutes 46, Garcia prend l’ascenseur, rencontre un malade sous perf qui lui demande des nouvelles. Il est au bout du rouleau, et son couple bat de l’aile. Pas facile de vivre à deux, mais pas “facile de vivre tout seul”, lui rétorque le malade. – Ca c’est ben vrai, ça -.3 minutes 45, Garcia remonte chez lui, et pousse un cri… Il y a un Asiatique, une culotte de sa femme à ma main, qui lui parle des malheurs de son pote. Garcia demande qu’il est, ce à quoi notre intrus répond obligeamment qu’il se nomme Tong et vient récupérer les affaires de la femme adultère. Désabusé de voir que sa femme le quitte et qu’il est cocu en prime, il répond “elle me quitte pour un homme qui à un nom de pantoufle” – c’est très subtil comme jeu de mots, d’autant plus qu’en 98, les “tongs” ne bénéficiaient pas de l’effet “Camping” -. Il demande depuis quand le Tong connaît sa femme – qui attend dans une camionnette -, depuis que “tu un con”. Tong part une guitare sous le bras, ergotant sur les rapports du couple “trop de dissonances…. 6 minutes 10, Garcia demande un délai à son employeur, François Morel, qui tente de le rassurer en mimant des oreilles de lapins, c’est normal il édite des livres pour enfants et Michel écrit pour eux.
Attention nanar de (hors-)compétition – à Cannes -. Dernier avatar de l’exploitation d’un filon – circuits touristiques, filme porno, livres parodiques, pas de pin’s hélas, la mode est passée -, voici donc avec la grâce d’un rouleau-compresseur – à l’image de la promo-, l’adaptation cinéma du désormais livre culte “The Da Vinci Code”. Quelle drôle d’idée d’avoir pris Ron Howard, habile faiseur tout terrain, pas méprisable, mais souvent laborieux et académique. Passée la bonne surprise de retrouver Jean-Pierre Marielle, en conservateur de musée, on comprend avec l’incursion d’un corps comique, celui de Paul Bettany en moine albinos, le parti à prendre pour regarder le film, celui d’en rire ! Le moine se nomme Silas – c’est logique il s’auto mutile avec un silice -, il est donc l’un des méchants du film, et l’occasion de prouver combien Ron Howard est inadéquat dans ce registre. On tente d’anticiper de quel côté du cadre il va surgir, avant de son gondoler allégrement à chacune des apparitions. Son personnage n’attitre ni la compassion – il est instrumentalisé par un infâme membre du clergé – Alfred Molina qui fait ce qu’il peut-, ni la peur. Clovis Cornillac a eu du nez de le refuser pour participer aux “Brigades du tigre”. L’utilisation plate du Louvres dans une ambiance feutrée, est malhabile, nous faisant même regretter celui du “Belphégor” version Jean-Paul Salomé, c’est dire… Arrive Robert Langdon, spécialiste de l’étude des symboles, en conférence en France – Tom Hanks, c’est un réflexe mais on s’attend toujours à retrouver du persil dans ses narines -. Le conservateur étant assassiné – on ne va retrouver Marielle que dans des Flash-backs -, arrive Jean Reno, policier qui a fait son coming out opusdeien en arborant fièrement un signe d’appartenance sur sa boutonnière, convenez que c’est original pour une milice religieuse secrète…Il est curieux de voir tant de monde si mal dirigé par un Ron Howard, pourtant ancien comédien. Arrive la nièce de du conservateur Sophie Neveu, cryptologue de son état qui veut mener son enquête en parallèle… Le tandem Hanks-Tautou ne fonctionne pas du tout, on n’a rarement vu aussi peu d’affinités chez un couple de vedette, l’alchimie ne fonctionnant absolument pas. Je ne suis hélas pas assez charitable pour passer la distribution française sous silence, outre Reno tragiquement absent, Etienne Chicot bougonne, Jean-Yves Berteloot – pourtant excellent chez René Féret – est sinistre, quand il ne fait pas rire comme dans sa dernière scène, Marie-France Audollent est ridicule en nonnette, Xavier de Guillebon est hautement improbable en toxicomane et cerise sur le gâteau on a droit à Denis Podalydès en contrôleur aérien aux prises avec un Jean Reno énervé dans une des scènes les plus stupides du film. Côté international ce n’est guerre mieux pour ne citer qu’un revenant Jürgen Prochnow, en banquier burlesque. Le seul qui se tire sans dommage du film c’est l’excellent Ian McKellen qui confère une dignité à son rôle de Sir Leigh Teabing, qui de démarque d’une tétanisation crispée générale. Il apporte une bonne dose d’humour apportée à des situations dont il ne semble pas trop croire. 