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THE CORNER OF THE NANAR

L’amateur de nanar frémit quand il voit au générique Louis Becker comme producteur, c’est déjà une promesse de joyeuse désolation. Comme souvent désormais, dès qu’il y a une petite équipe qui a du talent, qui galèrent ensemble et sont légitimés par des passages télé,  ils ont droit à leur film… Ici c’est l’équipe des « Quiches » (chic en verlan) qui se sont rencontrés dans un cours du comédien Raymond Acquaviva, connus pour un programme court, le dimanche, « Allo’Quiche » sur Canal +. Ils ont tenu à réaliser le film eux-mêmes, ce qui est peut-être une erreur. Pour un premier passage au cinéma, on attendait ici un talent plus aguerri. On assiste ici à un comique potache, avec une invention évidente, malgré un manque de moyens évidents, à la reconstitution d’une Amérique des années 50 – exercice déjà tenté avec plus ou moins de bonheur dans le film « Mais qui a tué Pamela Rose ? » -. Tous les clichés sont présents des frustrés aux fashions, du bal de promo de fin d’année, de l’éveil de la libido, rien ne manque au tableau. Ils font allégrement quelques citations, des chansons interprétées par Isabelle Adjani, l’assassinat de J.F.K., des films comme « Carrie », « Cry baby », « Grease », « The rocky Horror Show », « Qu’est-il arrivé à Baby Jane », etc…, c’est plaisant, même si assez vain finalement. Mais la machinerie a du mal à tenir la durée d’un long-métrage, et seul les comédiens les plus confirmés se révèlent à l’aise avec cet exercice de style. D’ailleurs Martine Chevallier, sociétaire de la comédie française, qui déridée par son rôle dans « La confiance règne », se livre à numéro excentrique et azimuté, de directrice d’école, le film lui doit d’ailleurs les plus forts rires du public.

Martine Chevallier

L’idée d’un frangliche yahourtisant, se révèle très vite lassante, c’est dommage, d’autant plus que les numéros musicaux sont assez brillants. Dominique Frot – sœur de Catherine – est étonnante en assistante de « Miss Smokingkills », cassée de partout, elle cherche à se venger de sa rivale. Comme souvent dans ce type de comédie, il y a quelques caméos à signaler – Ludivine Sagnier, l’innéfable Matthias Van Khache, Cécile Cassel, Thierry Lhermitte habituel comparse de Louis Becker, et je n’ai d’ailleurs pas reconnu Marie Denarnaud pourtant créditée au générique. Au final, tout ça ne constitue pas un film. Le même jour, je tombe sur le câble sur une série télé de la BBC « Little Brittain », très corrosive, ne respectant rien, même pas Tony Blair, et en trois fois moins de temps, disposant de dix fois plus d’idées et d’irrévérences que « Foon », Aïe ! Mais la sympathique équipe des « Quiches » a du talent et un univers, laissons leur du temps et souhaitons leur un producteur moins flonflon que Becker junior…

LES FILMS QUI RENDENT SCROGNEUGNEU #1

Amis de la guimauve, « Ralph » est fait pour vous. On le voit déjà le réalisateur présenter son film dans un petit atelier d’écriture, faire comme dans « The player » le beau film de Robert Altman, poser l’idée suivante, 1/3 Billy Elliott, 1/3 Les chariots de feu, 1/3 d’American Pie, le tout sous Prozac… . Ca commence plutôt bien, le jeune Raph titillé par sa libido naissante, il a 14 ans ne pense qu’à exercer l’onanisme – 22 fois par jour -, dans les ondes d’une piscine ou contre une tondeuse à gazon… Ne voyez rien de corrosif, il s’agit ici de ne pas choquer les chaisières de « Saint-Nicholas du Chardonnet », l’entourage clérical du lieu – nous sommes en 1954 – s’amusant presque de ce petit travers. Mais la mère du jeunot tombe dans le coma – par solidarité avec elle je l’ai suivie très vite d’ailleurs -, il tente de la réveiller en lui faisant sentir de la merde, mais ça ne fonctionne pas des masses. Il va donc chercher à réaliser un miracle en voulant gagner le marathon de Boston. Vaste programme que vouloir devenir ainsi un saint laïque. Troquons donc la morne jubilation de l’éjaculation contre l’effort honorable d’une saine chasse à l’adrénaline.

Cours For… euh Ralph, cours…

Le suspense de ce film étant proprement intolérable, on s’amuse à quelques traits d’esprits dans ce monument rance de cuculeterie… On se force à rire péniblement, dans ce retour dans le passé d’une bondieuserie oubliée – On voit qu’il n’a pas été élevé chez le curé le scénariste, pour ma part j’y ai fait connaissance avec l’intolérance et la bêtise de petits notables curés réactionnaires dans les années 70/80, dans un petit village du pays basque, mais c’est une autre histoire… -. Certes, il y a un supérieur un peu raide – mais qui surprise s’humanise à la fin -, le bon camarade, les élèves rigolards et le bon curé dévoué qui cite Nietzche, le trouvant moins révolutionnaire que Jésus Christ – Campbell Scott qui tient debout parce que c’est la mode -. Nos bras nous en tombent avec ce retour du bigotisme qui devrait même agacer les croyants. Les mêmes qui critiquaient « Les choristes » s’enthousiasment sur cette oeuvrette insipide. Jennifer Tilly fait ce qu’elle peut pour adopter l’accent anglais, sans parler du jeune Adam Butcher qui ne se départit jamais de son petit air de ravi de la crêche – du crétinisme à la sainteté il n’y a donc qu’un pas ? -. La mise en scène du canadien Michael McGowan est proprement inexistante, il a reçu le grand prix du festival de Paris – ah bon, il y a des prix chez eux ? -. La rédemption et la lutte contre la maladie par le chemin de l’effort, me semble en prime assez abject. La morale est sauve, le film semble avoir ses fans, Sainte Rita, patronne des cas désespérés ayant dû veiller sur ce film.

LE COIN DU NANAR : LES PARRAINS

« Les parrains » : Il n’y a pas moins de cinq scénaristes sur ce film, excusez du peu : Claude Simeoni, Laurent Chalumeau, Olivier Dazat, Mathieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, pour aboutir au résultat suivant, un film basé sur le capital de sympathie de l’addition suivante, par alphabétique : Gérard Darmon + Gérard Lanvin + Jacques Villeret  – , et basta ! Il ne faut pas chercher le moindre effort ici, ces « hommages » ne sont qu’une molle compilation de films, la scène du début est un pompage de « La bonne année » de Claude Lelouch, l’idée du musée Balzac dans « En effeuillant la marguerite » de Michel Boisrond (1956) – avec le désopilant Darry Cowl, dans le rôle du gardien -, on rajoute une vague histoire de manipulation à la « 9 reines ». Gérard Lanvin, même si son salutaire franc-parlé est souvent décrié,  a eu l’honnêteté de préciser que le trio d’acteurs a dû faire un travail de « ressemelage », mais que l’on ne lui a laissé que peu de temps. On revient donc à une certaine tradition du cinéma français, style les films de Raoul André (« Ces messieurs de la gâchette », « Ces messieurs de la famille », où les Francis Blanche, Poiret & Serrault, Darry Cowl déployaient une énergie formidable pour animer l’ensemble.

Gérard Lanvin, dans le flou, Gérard Darmon dans l’expectative

On était partant pour ce « revival », d’autant plus que la voix de Claude Brasseur, dans le rôle de Max nous apporte immédiatement une atmosphère… Ici le trio a de l’abattage, on rit tout de même – mention spéciale pour Gérard Darmon hilarant avec ses problèmes capillaires -, et Pascal Reneric ne démérite pas de ces illustres aînées…  Mais on est très loin de l’univers d’un Georges Lautner, le « yes-man » Frédéric Forestier ne livrant ici qu’une mise en scène pataude. Lautner avait l’avantage d’avoir de bons auteurs – Michel Audiard, bien sûr –, et en prime d’excellent seconds rôles à la Robert Dalban, ici les Gérard Chaillou, Firmine Richard ou Éric Thomas, n’ont strictement rien à se mettre sous la dent. Seule la trop rare Anna Galiena amène un peu d’épaisseur et d’humanité à cette pantalonnade. A trop œuvrer dans le jetable, les producteurs de comédies manufacturées devraient réfléchir à la désaffection actuelle du public, et faire un effort de qualité.

LE COIN DU NANAR : POUSSEZ-PAS GRAND-PÈRE DANS LES CACTUS

Attention, « Poussez-pas grand-père dans les cactus » (1969) est en partance pour la candidature au nanar suprême. Je viens de trouver le DVD, de ce film de Jean-Claude Dague – grande qualité c’est un prix mini -. L’EDF bordelais coupe l’électricité de mon quartier pour m’éviter cette épreuve, après ça allez dire qu’ils ne sont pas sympas les Bordelais !. Manque de bol, les voisins finissent par râler, ils ont l’habitude pourtant, le courant sautant souvent, que dans cette rue d’ailleurs, ils sont exigeants et vont pousser les ouvriers habituellement jusqu’à creuser le bitume une nuit entière par exemple, histoire de pouvoir voir TF1 tranquille. Abandonné lâchement par le service public, je finis par voir ce film dans la collection « DVD à la Une », en fait TF1 Video, le film étant tellement nul qu’ils ont honte de mettre leur logo sur la jaquette, ça ne devrait pourtant pas trop faire dégringoler le niveau de stupidité ambiant de la première des chaînes… Il y a les trois plus grands pourfendeurs de nanar du cinéma français – 2643 à eux trois, autant de raisons de se réjouir… sauf à ce film ! -, citons les lâchement par ordre alphabétique, Francis Blanche, Darry Cowl, Michel Galabru.  Le film est signé Jean-Claude Dague, vu dernièrement chez Thierry Ardisson, il parlait de son expérience en prison, et qui a signé un film maladroit mais sincère : « Le dénommé » (1988), sur son expérience des QHS. Bon c’est pour un hold-up qu’il a fait de la prison, pas pour avoir réalisé ce film – quoi que…- C’est ici son second film après « Le bal des voyous » (1967), et avant « Desirella » (1969) et « L’homme qui vient la nuit » (1970).

Affiche belge du film, source « Les gens du cinéma »

Le film essaie lamentablement de retrouver le ton des burlesques muets américains, le pôvre Francis Blanche se contentant de quelques borborygmes. Il joue un petit homme timoré aux prises avec une femme acariâtre joué par… Marielle Goitschel, oui la skieuse, dont j’ai gardé le souvenir d’une belle gueulante dans « Droit de réponse » de Michel Polac, sous les yeux étonnés de Claude Chabrol. Un physique de nageuse Est-Allemande, un air constant pas aimable – bon il ne devait pas y avoir de créatine alors -, on finit par comprendre que le Blanche blême – qui affamé se jette sur du Frolic ! -, se tire ailleurs. Suit un scénar navrant avec une histoire de double, Francis Blanche toujours – vraiment pas aidé ici -, jouant aussi un Al Capone au petit pied : Al Gregor. Un inspecteur rode dans le coin – Michel Galabru, visiblement désolé -, ce petit monde finit dans un asile de fou, tenu par un Henri Virlojeux cabotinant et que j’ai rarement vu aussi mauvais, alors que d’habitude il est plus subtil. Arrive Lionel Josp…, euh Darry Cowl – numéro connu – en psychiatre tellement bon qu’il guérit son monde en une semaine, il cherche donc de nouveaux patients… Le moindre gag confine au lamentable, reste un esprit curieux au milieu des nanars bavards de ces années là, gageons que Claude Zidi ici chef opérateur devait se servir de cette expérience pour les films des Charlots, avec plus d’inventivité. Il y a de bons seconds rôles, Georges Beller dans une dizaine d’ailleurs – c’est le seul à s’en sortir un peu -, Sébastien Floche en tueur triste, Gérard Croce en caïd minable – une rondeur abonné aux horreurs ces années là -, Carlo Nell en fou en toge et même Jean Carmet en cafetier cruel. C’est tellement improbable, qu’il faut évidemment se ruer sur cette daube abyssale, vous l’aurez compris… Gare aux coupures intempestives de courant…

LE COIN DU NANAR : AMITYVILLE II : LE POSSÉDÉ

Amityville II : The Possession (Amityville II : Le possédé » (1982) : Cette séquel(le) est une « préquel(le) », j’ai vu le premier opus, il y a assez longtemps, mais pas le remake actuel. Le réalisateur en est Damiano Damiani, honnête artisan de « western à l’Italienne ». Il a du métier, et dans les scènes d’emménagement dans la fameuse villa maléfique, un climat s’installe. La maison est un personnage, elle existe bien, au numéro 112 d' »Ocean avenue ». Mais ça se gâte assez vite, les esprits frappeurs sont confinés dans une pièce secrète dans la cave. Un ouvrier zélé se prend à visiter ce lieu caché par une planche, domaine de déjections et des mouches. les esprits en profitent pour sortir de cet antre pas très convivial il faut bien en convenir. Quand on est mort, c’est pour la vie d’accord, mais il y a des limites quand même ! La petite famille est composée des parents, et de quatre enfants – deux petits et deux jeunes adultes -, le père c’est Burt Young, il est vindicatif à souhait, a une collection d’armes, frappe sa progéniture à tous propos. Sa femme est croyante, et se refuse aux devoirs conjugaux, il est sur les nerfs le père Young. Les esprits s’amusent, bousculent la mère de famille – ils sont invisibles, hélas pas trop sur la fin -. Ils frappent violemment à la porte, histoire d’énerver le chef de famille qui sort son arme en réponse, Homer Simpson est d’un calme olympien en comparaison. Vieux gamins nos spectres se défoulent. Nos esprits qui ne sont pas les derniers à la plaisanterie, couvrent d’un drap un crucifix, ils ont en peur  tout en restant bloqué sur les années 50 -, et la mère de famille ne fait rien qu’à les embêter en récitant le bénédicité. Ils décident de se venger en dessinant une sorte de succube cochonne volante, avec les peintures de la maison dans la chambre des juniors. Comme le dessin n’est pas assez terrifiant, ils décident de rajouter en commentaire « déshonorez votre père, petits cochons ! » et font du ramdam, histoire de bien prouver qu’ils sont les maîtres des lieux. Le père voyant ça sur les murs décide de corriger les enfants qu’il pense irrespectueux, à coup de ceinture. Le paranormal, ça ne rentre pas dans son analyse des événements. La mère appelle un prêtre, on se sait jamais…

La star du film

Ca doit faire rire nos fantômes, car le père se montre carrément hostile envers notre brave curé, ils en profitent pour tout casser dans la cuisine en présence des enfants qui se prennent évidemment une correction, manquent les rires sardoniques… Bon finit, les taquineries, ils décident de prendre possession de l’aîné, et là ça devient carrément malsain, d’autant plus que ça s’inspire d’un fait divers réel, on ne ricane plus du tout… il n’y a pas grand chose à sauver donc, malgré une musique assez efficace de Lalo Schiffrin. Les scénaristes assez fatigués sans doutes, ne font ensuite que plagier « L’exorciste », remplaçant simplement la bille verte, par un visage qui se fracasse comme une poupée de porcelaine – rare bon moment du film – et dans l’élan pillent une des idées de « L’emprise » de Sidney Furie, célèbre scène de manifestation rapprochée d’un poltergeist. Le prêtre lui décroche le téléphone pour partir en camping avec un ami prêtre assez ambigu d’ailleurs. Il ne peut donc sauver la petite famille du drame. Pris de remords, il prend les choses en main, et décide de faire un exorcisme, et de ce fait déclenche la colère de ses supérieurs, un peu comme Daniel Prévost dans le film de Raoul Ruiz, « L’œil qui ment », où il refuse les apparitions de la vierge, c’est mauvais pour le commerce… Et l’on on se met à ricaner à nouveau, devant le jeu insipide des acteurs – il faut voir la mère de famille, dans un instant critique…, et les subterfuges qu’utilise le prêtre pour arracher des griffes de la justice l’incube, qu’il ne peut exorciser que dans un lieu saint. Un nanar d’anthologie, qui a donné une troisième suite en relief signée Richard Fleischer !, en attendant le prochain remake de nos amis américains qui viennent de s’attaquer au formidable « Dark water », envoyez le glas en fond sonore !

LE COIN DU NANAR : Y A-T-IL UN PIRATE SUR L’ANTENNE

Attention, nanar d’anthologie en ce moment sur CinéExtrême, le film sorti sous le titre de « Y a-t-il un pirate sur l’antenne ? » en juillet 1983, est diffusé ici sous le titre de « Superflic se déchaîne » et a connu en plus une diffusion DVD EN 2004 ! Le superflic c’est Paul Préboist, qui se nomme Harry Kossek, si vous aimez le charme suranné de l’humour de l’Almanach Vermot, vous allez vous régaler. L’autre inspecteur Harry arrive en fait à la 38ème minute du film, sinistre arnaque pour les amateurs de l’acteur !

Le film narre les exploits de six jeunes zigotos – dont on ne connaît désormais qu’Éric Métayer, la belle Caroline Berg et Charlotte Kady, coiffée – mode des années 80 oblige -, comme Elsa Lanchester dans « La fiancée de Frankenstein ». L’essor des radios libres, a donné « l’idée » au réalisateur Jean-Claude Roy de faire un piratage mais version TV.  Il auteur d’un honnête polar « L’insolent » avec Henry Silva, et cinéaste de films pornos sous le nom de Patrick Aubin.

Mais on est loin évidemment de « La grande lessive  ! » de Jean-Pierre Mocky, la dénonciation de la télé est molle, elle est symbolisée par Jean-Claude Arnaud, qui redoute d’avoir une idée et ne pense qu’à trousser ses secrétaires. Six jeunes donc créé une télépirate « Canal Soleil », histoire d’amener un peu de subversion. Subversion, tu parles ! ils déclenchent des explosions en mangeant du Crunch – comme la pub d’alors -, font des numéros musicaux lamentablement longs et ridicules, nargue la police qui sont des crétins finis.

Tout est niais, Paul Préboist renouvelle son imitation du mérou – numéro déjà rodé sur « Mon curé chez les nudistes » -, se fait violer par Yvonne Clech dans un placard, sous l’oeil de Marie-Pierre Casey en femme de ménage qui singe la pub Plizz, démonte la voiture de son chef, etc… Il est flanqué de flics encore plus débiles, mais composés de bon seconds rôles, Guy Grosso le plus crétin, Bernard Musson le plus énervé, Patrice Dozier le plus niais, Guy Piérauld qui nous régale de sa voix caractéristique et Jean-Paul Farré dans son numéro d’halluciné habituel. Le chef c’est Roger Carel, qui fait ce qu’il peut à s’énerver tout le temps, on finit par redouter que son coeur finisse par lâcher.

Tout ce petit monde en roue libre, est désopilant alors que les jeunes font preuve d’une niaiserie absolue. En prime il y a Claude Véga qui imite Delphine Seyrig, Michel Serrault, Barbara et Alice Sapritch, c’est assez curieux – un petit malin a rajouté par erreur Alice Sapritch dans le rôle de Barbara sur la fiche IMDB, pourtant presque complète, je n’ai pas eu trop de noms à rajouter. Il y a beaucoup de seconds rôles amusants, Gérard Caillaud en ministre avec une perruque rose, Michel Crémadès en vigile haricot vert, Roger Trapp en aubergiste survolté, Max Montavon – qui pour une fois ne fait pas la folle de service – qui en pesant les scénarios déguisé en épicier détermine si il est bon ou nom, Jacques Préboist, frère de l’autre en ministre de l’intérieur – ce qui dénote une certaine imagination du casting -, Jean-Paul Lilienfeld débutant et Gérard Croce en candidats de jeu débile. Bref c’est cornichon au possible, donc à voir par pur sadisme de voir tout ce beau monde toucher le fond. Amis du nanar, c’est une pépite !

LE COIN DU NANAR : NOUVELLE FRANCE

Je fatigue, rien ne va en ce moment, je tente de m’abrutir en voyant la soirée Paul Préboist vendredi soir, sur CinéExtrême, deux nanars de haut vol, pire qu' »On a volé Charlie Spencer » de Francis Huster, c’est dire si c’est la forme ! – prochaine étape TF1 ! -. Aujourd’hui samedi au lieu de voir « L’avion » et « Charlie et la chocolaterie », je file vers « Nouvelle-France », réflexe d’ugecetiste – traduire par possesseur de la carte illimitée -, qui va voir le petit film sorti à la sauvette, ne devant, logiquement, rester qu’une semaine.  Là arrive, une femme entre deux âges, avec une espèce de parfum mi-lavande, mi-naphtaline, douceâtre, écoeurant, le genre qui se parfume pour sortir.  Elle aime à vous pourrir la vie, histoire d’exister un peu… Avatar, donc de la solitude qui est un joyeux drame, dans une grande ville aussi chaleureuse que Bordeaux  – façon de parler, la température étant élevée, que l’on finit par regretter la pollution parisienne, si, si… -, mais c’est habituel de voir que dans une salle presque vide, une ésseulée vienne se coller à vous. Il y a t-il un sociologue dans la blogosphère ? Je compatis donc, et je ne vais pas me déplacer pour ça ! Et finalement cette petite gêne colle parfaitement au film, mélo larmoyant et pachydermique. Je fais l’expérience d’une guimauve en odorama, et c’est le seul intérêt de cette oeuvre indigeste. Suit le récit des grandes amoures contrariées, la petite histoire dans la grande histoire, gnagna – Québec, abandonnée aux griffes des Anglais, par les mauvaises grâces de Mme de Pompadour – c’est la toujours aussi belle Micky Sébastian -. Donc une pauvresse qui a eu sa fille à quinze ans et passe pour une sorcière car elle soigne les pécores avec des onguents, tombe amoureuse d’un local de l’étape riche héritier, mais voulant rester Français ! – non, mais ! -. Elle déclenche l’oeil noir de trois commères, dont la pauvre Monique Mercure, une des plus grandes comédiennes du cinéma canadien, et qui ici est réduite à l’état de figurante.

Noémie Godin-Vigneau et notre Gégé national (sous la perruque filasse)

La Mercure était vedette d’un des films les plus connus du réalisateur de ce film, Jean Beaudin – J.A. Martin photographe -, pas le dernier des cinéastes donc. Mais tout ici fait penser à la version digest d’une série TV, le cinéaste semblant ne pas savoir comment s’en sortir d’un budget pareil. Tout ici fait carton-pâte, Québec semble ici ressembler à un décors sans profondeur ,les figurants semblent attendre le signal de l’assistant. Beaudin ne retrouve un souffle que dans les scènes de plein air. En prime, Patrick Doyle pousse la performance en surlignant les manques de la mise en scène avec une musique tonitruante et pathétique, on l’a connu plus inspiré. Et les spectateurs, ricanent – surtout la parfumée d’ailleurs  – à des moments tragiques. Fallait prévenir qu’il fallait le voir au 36° degré. On voit très peu de films canadiens, mais tout ici, semble fait pour un public occidental, l’accent canadien est gommé, le tout est aseptisé. Il y a d’excellents acteurs anglais réduits à faire de la figuration : – Colm Meaney, ridicule en Benjamin Franklin, Jason Isaacs en général pris par une crise d’asthme suite à une crise d’autorité, help ! help !, et Tim Roth qui semble hilare à chaque scène, pris de lucidité en voyant le carnage ? -. Et pour cause de production « International-pudding » il y a aussi des Français, Vincent Perez, rigolard notable local, le genre à croire à ce qu’il joue sûrement ! , Irène Jacob pas très crédible en Mme de Mertheuil du pauvre, dommage, et surtout Gérard Depardieu, coiffé comme un épouvantail à moineaux, en curé Judas, tragiquement absent, quand on pense que c’est un des plus grands acteurs du monde ! Passons sous silence les Canadiens et jetons un voile pudique sur le jeu de Sébastien Huberdeau qui atteint des sommets du ridicule en faisant le méchant de service, pour ne sauver que la ferveur de Noémie Godin-Vigneau, la seule à amener un semblant de grâce et d’humanité dans cette pantalonnade. J’ai mes indulgences, ce blog est l’oeuvre d’un zigue provenant du public, non de la critique, je tente de trouver toujours un côté positif à un film, mais là, amis spectateurs, passez votre chemin. Le film se termine par une chanson de Céline Dion – interprétation inspirée avec respiration aspirée -, le coup de grâce donc ! A fuir !

LE COIN DU NANAR : O.K. PATRON

Le nanar du jour est « O.K. Patron » film réalisé en 1973, et sorti en février 1974. On dirait un film de Georges Lautner, mais même s’il est bien placé au générique du film et sur l’affiche comme surperviseur, le réalisateur est ici Claude Vital. C’est son premier film et il va régaler bien souvent ensuite les amateurs de navets – « Le chasseur de chez Maxim’s » (1976), « Le maestro » (1977), « Le temps des vacances » (1979), « Une merveilleuse journée » (1980), « Si elle dit oui… Je ne dis pas non ! »  (1982) -. Que du bonheur ! C’est là qu’il faut rendre hommage au talent de metteur en scène de Lautner, en opposition tout est ici poussif, lent et presque sinistre. L’histoire, est un décalque sans imagination du « Grand blond », agrémenté de la mode lancée par le film de Coppola, « Le parrain » – les photos de Brando et Pacino, servent de la pub pour Smalto ! -. Mario, un maffioso important se meurt suite à une attaque sournoise – apparition amicale et non créditée de Michel Constantin -. Sa veuve – Mireille Darc -, charge ses deux gros bras – Henri Guybet & Jean Luisi, très drôles dans des rôles de truands idiots -, de trouver un leurre, pour éviter que des bandits à la gâchette facile, se goinfre sur l’héritage d’un empire maffieux. Ils trouvent en la personne de Léon Bonnet, hâbleur représentant en croix miraculeuses !, flanqué de sa petite amie BCBG – Axelle Abadie, dans son registre habituel de bourgeoise -. Selon certaines biographies de Michel Audiard, il aurait fait du rafistolage – ce qui n’améliore pas grand chose, d’ailleurs. Seule la distribution est digne d’intérêt ici. Si Mireille Darc, Maurice Biraud et Daniel Ceccaldi semblent s’ennuyer ferme et Francis Blanche montre des signes évidents de fatigue, dans l’un de ses derniers rôles. Mais on peut s’amuser à retrouver Renée Saint-Cyr, dans son rôle habituel de bourgeoise pas du tout décontenancée par les évenements, André Pousse en tueur baladé dans un avion, de détournements en détournements,  Paul Préboist en chef des représentants., etc…

Il y a également un multitude de seconds rôles, comme Robert Dalban, en commissaire fatigué et amusé – Léon Bonnet lui apporte des armes, qu’on lui a donné -, Dominque Zardi en notaire trop distingué pour dissimuler longtemps ses origines de voyous – un de ses rôles les longs -, Jacques Préboist – frère de l’autre injustement oublié – en livreur avenant, Hélène Dieudonné en concierge sympathique et dévouée, Jacqueline Doyen en grande bourgeoise, Bernard Musson en amiral aboyeur ou le trop méconnu Gabriel Jabbour, confectionneur tueur et homme d’honneur. On retrouve aussi avec surprise Pierre Zimmer, réalisateur et acteur chez Melville – « Le deuxième souffle » -, qui semble s’amuser ici avec un rôle de caïd en chef. Je viens de rajouter le générique complet sur la fiche IMDB, en cours de validation, les éléments présents provenant des catalogues du CNC. Reste le jeu de Jacques Dutronc, incroyable de décontraction, il amène une véritable originalité face à de vieux routiers aguerris. Primesautier, bondissant et iconoclaste, il se taille la part du lion, dans ce film si peu original. Il signe ici la musique et s’entoure de ses potes Jean Luisi et Hadi Kalafate. Il n’a plus qu’à attendre ici, son rôle dans « L’important s’est d’aimer », pour entrer dans la cour des grands l’année suivante.

LE COIN DU NANAR : LE PONT DU ROI SAINT-LOUIS

Coup de chapeau à Mary McGuckian pour « Le pont du roi Saint-Louis », rater un film de la sorte, avec un grand sujet – le roman de Thornton Wilder – et une telle distribution, ça tient du grand art. Dieu, dans une réplique redondante de la voix off, s’amuse avec les humains comme un enfant arrachant les pattes d’une mouche – something like that -, on regarde donc sans empathie les intervenants de ce film choral chloroformé. Du petit jeu – très subjectif – de qui l’on doit sauver dans une grande distribution, on peut retenir F. Murray Abraham – car il en fait des tonnes, c’est assez jubilatoire et ça trompe un peu notre ennui -, Kathy Bates d’une bouffonnerie pathétique et le jeu très « underplaying » de Harvey Keitel et Geraldine Chaplin.

Kathy Bates & Harvey Keitel

L’académisme est ici roi, la caméra ne se fait jamais oublier, la crédibilité est assez limite. Le gros « miscasting » du film n’est pas comme l’on dit Samuel Le Bihan – ni pire, ni meilleur que le reste de la distribution -, mais la mignonne mais peu charismatique Pilar Lopez de Ayala peu crédible dans le rôle de la Périchole. Dominique Pinon fait ce qu’il peut en bouffon, Robert de Niro est assez peu crédible en grand Inquisiteur, John Lynch est ectoplasmique, Emilie Dequenne ne fait que passer et Gabriel Byrne est décidément en petite forme ces derniers temps. La critique du clergé ou de la noblesse est assez vaine, même si certaines scènes éveillent un peu l’intérêt – La scène de l’humiliation de la marquise par La Périchole -, la détresse des jumeaux Manuel et Esteban touche un peu. Mais la joliesse de l’image ne sauve pas le film. Répondre aux grandes questions par un vide abyssal – avec ou sans pont – c’est assez vertigineux finalement.

LE COIN DU NANAR : PARIS BRULE-T-IL ?

Paris brûle-t-il ? (René Clément, 1965) – Is Paris Burning ?- en VO, revu la même semaine que le digne documentaire « Les survivants » de Patrick Rotman, diffusé sur France 3 le lundi 18 avril 2005, continue à me poser problème.

Il serait idiot de comparer ces deux oeuvres, le documentaire étant très digne sur la libération des camps, mais il peut faire comprendre le malaise que l’on peut avoir ensuite, à la vision du film de René Clément. La force du témoignage d’un côté, la faiblesse de la reconstitution de l’autre.

Ce film officiel, est un défilé de stars, avec l’ironie mordante d’un Sacha Guitry, en moins… Le choix du réalisateur de « La bataille du rail », film rigoureux et presque documentaire, pouvait sembler légitime, mais René Clément se perd dans cette grosse machine.

Le casting « all-star » dessert formidablement le film, à l’image d’Alain Delon, dans le rôle de Jacques Chaban-Delmas. Tout le monde vient y faire son petit tour, et Jean-Paul Belmondo dans le rôle d’Yvon Morandat semble même se demander ce qu’il fait là. L’anecdote est privilégiée et l’histoire réécrite (Les problèmes du colonel Rol – campé sobrement par Bruno Cremer – avec le reste de la résistance). Dans un hors série de Ciné-Revue, on voyait même une photo de Romy Schneider, tournant dans ce film, son rôle doit être coupé au montage final, de même de Michael Lonsdale souvent annoncé dans le rôle de Debu-Bridel… voir distribution complète sur IMDB.

On peut sauver à la rigueur Pierre Vaneck dans le rôle de Cocteau-Gallois et Claude Rich dans le double rôle de Leclerc, et d’un commandant bondissant. Le choix de Suzy Delair, que l’on voit bien en Parisienne à l’arrestation de Von Choltitz- contrairement à ce qu’affirme Raymond Chirat dans son dictionnaire, dont le générique est d’ailleurs repris dans le site de la BIFI – est assez regrettable, compte tenu de ses débuts à la Continental et ses ambiguïtés avec le régime nazi à l’époque.

Les comédiens sont tous doublés en français (Gert Fröbe par Claude Bertrand, Orson Welles par Georges Aminel et Rudy Lenoir -inévitable dans son rôle d’officier SS, en dehors des films d’Alain Payet et Jean-Pierre Mocky- par Robert Dalban !. On se souvient que dans « Le jour le plus long » il n’y avait pas ce doublage intempestif, qui nuit à la crédibilité du film. Voir également La gazette du doublage.

De plus l’utilisation des archives réelles, insérées dans le film (choisies par Frédéric Rossif), ne fait que renforcer le côté factice du film, le noir et blanc ne légitime en rien l’épopée de l’affaire mais surligne les clichés. Le film est assez plaisant à voir, on peut s’amuser à reconnaître quelques débutants – dont Patrick Dewaere, en étudiant exécuté de manière presque subliminale -. Mais le tout est assez vain, même si René Clément n’est pas entièrement responsable : « … En dépit des heurts répétés et souvent violents qu’il eut avec le producteur tout au long des prises de vues »… Clément refusa de jouer le jeu chercha à faire son film… » René Clément par André Farwagi (Éditions Seghers, 1967).