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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Bruno Balp

Annonce de la mort le 31 mai dernier de Bruno Balp par Les gens du cinéma, information venue de son ami le comédien Michel Duplaix. Il participe aux cours de Charles Dullin de 1947 à 1949, et devient membre du prestigieux TNP avec Jean Vilar pendant 10 ans. Il avait eu un parcours théâtral brillant comme comédien, du boulevard aux pièces contemporaines, en passant par des numéros au cabaret, jusqu’en 2005 avec « Jonas » d’Elie-Georges Berreby. Son CV est impressionnant, il est dirigé par Roger Blin, Georges Wilson, Raymond Gérôme, Pierre Frank, Jacques Sereys ou Giorgio Strehler. Il avait mis en scène en 2007, la pièce de théâtre d’Anne Fabien « L’auteure ». Au cinéma et à la télévision, il devient une figure indispensable pour figurer les hommes du peuples, comme artisan, bistrotier ou gardien de la paix. On l’imagine aisément associé à un décors parisien disparu, nostalgique et révolu. De par sa bonhomie et sa rondeur, il campait souvent des personnages modestes, comme le personnage de Chasseneuil dans « Les cinq dernières minutes » première manière. On le retrouve face à Raymond Souplex, par exemple dans l’épisode « Des fleurs pour l’inspecteur », fêtant goulûment la promotion de ce dernier comme commissaire, et s’étonnant la tête baissée de ne pas se faire enguirlander par son tempérament habituel. On le retrouve ainsi en gendarme dans « Les compagnons de la marguerite » (1966), complètement déboussolé par le courroux de R.J. Chauffard, campant un commissaire, suite à sa mésaventure de se retrouver marié malgré lui. Il faut le voir en cafetier dans « Les galettes de Pont-Aven » (1975) participer à l’enivrement de Jean-Pierre Marielle qui est l’objet de la moquerie générale, avant d’essayer de le maîtriser – il est beaucoup plus petit – quand ce dernier veut jouer du coup de poing avec André Lacombe. Il devient une figure famillière et attachante, on est donc surpris de le voir faire preuve d’une certaine hardiesse dans « Une vraie jeune fille », en père ambigu de Charlotte Alexandra. Sa connaissance de la langue anglaise, lui avait permis de jouer à Philadelphie et à New York le rôle titre de la pièce « Herr Karl » (source Théâtreonline) et de participer à quelques tournages anglo-saxons en France. Artiste complet, il était également une grande figure du doublage voir le blog dédié au doublage de Objectif cinéma. On pouvait lire dans l' »Annuaire biographique du cinéma et de la télévision 1962-1963″ (Contact-Éditions), qu’il avait été déporté à Dachau. La source Blog de shoah nous apporte des précisions. Il avait un site officiel consultable ici. Annonce aussi ces derniers jours de la mort du cinéaste Joseph Pevney.

Filmographie : 1946  Le silence est d’or (René Clair) – 1953  L’harmonica à travers les âges (CM) – Raspoutine (Georges Combret) – 1954  French cancan (Jean Renoir) – 1956  Le sang à la tête (Gilles Grangier) – La roue (André Haguet) – Paris, Palace Hôtel (Henri Verneuil) – Reproduction interdite (Gilles Grangier) – Que les hommes sont bêtes (Roger Richebé) – Fric-frac en dentelles (Guillaume Radot) – 1957  Quand la femme s’en mêle (Yves Allégret) – Montparnasse 19 (Jacques Becker) – Vive les vacances ! (Jean-Marc Thibault) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve) – Le miroir à deux faces (André Cayatte) – 1958  Madame et son auto (Robert Vernay) – Une balle dans le canon (Charles Gérard & Michel Deville) – Le petit prof (Carlo Rim) – Archimède le clochard (Gilles Grangier) – 1959  Un témoin dans la ville (Édouard Molinaro) – Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy) – Le baron de l’écluse (Jean Delannoy) – 1960  La famille Fenouillard (Yves Robert) – Les vieux de la vieille (Gilles Grangier) – Le caïd (Bernard Borderie) – 1961  Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – La belle américaine (Robert Dhéry) – Le crime ne paie pas, [sketch « L’affaire Hugues »] (Gérard Oury) – 1962  Ballade pour un voyou (Claude-Jean Bonnardot) – 1966  Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – Le jardiner d’Argenteuil (Jean-Paul Le Chanois) – 1969  Claude et Greta (Max Pécas) – 1972  Les bas d’Agnès (Jacques Gurfinliel, CM) – La scoumoune (José Giovanni) – Les volets clos (Jean-Claude Brialy) – 1974  La moutarde me monte au nez (Claude Zidi) – Borsalino & Co (Jacques Deray) – Que la fête commence (Bertrand Tavernier) – Opération Lady Marlène (Robert Lamoureux) – 1975  Les galettes de Pont-Aven (Joël Séria) – Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Une vraie jeune fille (Catherine Breillat) – 1976  Le pays bleu (Jean-Charles Tacchella) – Bartleby (Maurice Ronet, téléfilm diffusé en salles) – 1978  Freddy (Robert Thomas) – La carapate (Gérard Oury) – Les démons de midi (Christian Paureilhe) – 1979  Retour en force (Jean-Marie Poiré) – Sacrés gendarmes (Bernard Launois) – 1980  San Antonio ne pense qu’à ça (Joël Séria) – 1981  Un crime d’amour (Guy Gilles) – Orage (Gérard Grenier, CM) – Ingenjör Andrées luftfärd (Le vol de l’aigle) (Jan Troell) – 1982  Une pierre dans la bouche (Jean-Louis Leconte) – 1985  Le gaffeur (Serge Pénard) – 1986  Twist again à Moscou (Jean-Marie Poiré) – 1991  La souris du Père Noël (Vincent Monluc, CM d’animation, voix seulement) – 1994  Jeux de mains (Pascal Lahmani, CM) – 2000  An Leabhar (Robert Quinn, CM).

Télévision (notamment) : 1957  Mister Bartleby / Bartleby, l’illustre écrivain (Claude Barma) – Le tour du monde par deux enfants (William Magnin, série TV) – 1959  La nuit de Tom Brown (Claude Barma) – Le jeu des chagrins (Pierre Viallet) – En votre âme et conscience : L’affaire Danval (Claude Barma) – Jean le Maufranc (Philippe Ducrest) – 1960  Cyrano de Bergerac (Claude Barma) – 1962  Les cinq dernières minutes : La tzigane et la dactylo (Pierre Nivollet) – Mesdemoiselles Armande (René Lucot) – Pauline et le jeu (François Gir) – Les cinq dernières minutes : C’était écrit (Claude Loursais) – Le joueur (François Gir) – Elle s’abaisse pour vaincre (Étienne Fuselier) – Monsieur « Il » (Ange Casta) – Le chevalier de Maison-Rouge (Claude Barma) – 1964  La passerelle de l’Artémise (Anne-Marie Ullmann) – L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – Les cinq dernières minutes : Quand le vin est tiré (Claude Loursais) – 1965  Les cinq dernières minutes : Des fleurs pour l’inspecteur (Claude Loursais) – 1967  Vidocq : Le crime de la mule noire (Claude Loursais) – Vidocq : La baraque aux 36 étoiles (Claude Loursais) – Les habits noirs (René Lucot) – 1969  Allô police : Le déjeuner de Suresnes (Michel Strugar) – Un homme à terre (Louis Grospierre) – Fortune (Henri Colpi) – Le trésor des Hollandais (Philippe Agostini) – 1970  Nemo (Jean Bacqué) – Tête d’horloge (Jean-Paul Sassy) – La mort de Danton (Claude Barma) – 1971  Aux frontières du possible : Le dossier des mutations (Victor Vicas) – 1972  Mauprat (Jacques Trébouta) – Les rois maudits : La reine étranglée (Claude Barma) – 1973  L’enfant de l’automne (Jean-Jacques Goron) – Poker d’as (Hubert Cornfield) – 1974  Les bâtisseurs d’empire (Jaime Jaimes) – Un curé de choc : Le nouveau curé (Philippe Arnal) – Malaventure : Monsieur seul (Joseph Drimal) – La logeuse (Luc Godevais) – 1975  Les renards (Philippe Joulia) – Erreurs judiciaires : Course contre la montre (Jean Laviron) – 1976  L’inspecteur mène l’enquête : L’anniversaire de Céline (Marc Pavaux) – 1976  Au théâtre ce soir : Am-Stram-Gram (Pierre Sabbagh) – Mini-chroniques (Jean-Marie Coldefy) – 1977  Désiré Lafarge : Désiré Lafarge prend le train (Jean-Pierre Gallo) – Messieurs les jurés : L’affaire Lieutort (André Michel) – 1978  Brigade de mineurs : L’enfant du pays (Jean Chapot) – Les brigades du tigre : Les demoiselles du Vésinet (Victor Vicas) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le tueur (Marcel Cravenne) – 1979  Histoires de voyous : Les marloupins (Michel Berny) – Une fille seule (René Lucot) – Les dossiers éclatés : Mort non naturelle d’un enfant naturel (Roger Kahane) – L’étrande Monsieur Duvallier : Tire-Lire (Victor Vicas) – Joséphine ou la comédie des ambitions (Robert Mazoyer) – Le tour du monde en 80 jours (André Flédérick, captation) – Au théâtre ce soir : Beau-fils et fils (Pierre Sabbagh) – Les amours de la belle époque : Petite madame (René Lucot) – L’âge bête (Jacques Ertaud) – 1980  Jean Jaurès : vie et mort d’un socialiste (Ange Casta) – Arsène Lupin joue et perd (Alexandre Astruc) -1981  Le roman du samedi : L’agent secret (Marcel Camus) – Samantha (Victor Vicas) – Le boulanger de Suresnes (Jean-Jacques Goron) – La vie des autres : L’ascension de Catherine Sarrazin (Jean-Pierre Prévost) – Fini de rire, fillette (Edmond Tiborowsky) – 1982  Julien Fontanes, magistrat : Une fine lame (François Dupont-Midy) – Le pouvoir de l’inertie (Jean-François Delassus) – L’enlèvement de Ben Bella (Pierre Lefranc) – Le secret des Andrônes (Sam Itzkovitch) – Siegfried (Georges Pommier) – 1983  Médecins de nuit : Quingaoshu (Emmanuel Fonlladosa) – 1984  Einstein (Lazare Iglèsis) – 1985  Histoires vécues : L’honneur des Canlorbe (Jean Kerchbron) – 1986  Julien Fontanes, magistrat : Un dossier facile (Patty Villiers) – 1987  Race for the bomb (La course à la bombe) (Jean-François Delassus & Allan Eastman) – 1988  Un château au soleil (Robert Mazoyer) – 1990  La nuit africaine (Gérard Guillaume) – Haute tension : Fatale obsession (Catherine Corsini) – 1991  Un beau petit milliard (Pierre Tchernia) – Imogène : 3615 bisé marine (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1993  Une journée au Luxembourg (Jean Baronnet) – Tribunal : L’irréparable (Bernard Dumont, CM).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Sydney Pollack

Annonce de la mort de Sydney Pollack, dans la nuit de lundi à mardi, à Los Angeles, des suites d’un cancer à l’âge de 73 ans. Sur ses méthodes de travail notamment pour le scénario et sur son parcours de réalisateur, l’analyse de référence reste celle de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans l’indispensable « 50 ans de cinéma américain ». Il débute au comme réalisateur au cinéma avec « Trente minutes de sursis » en 1965, avec Sydney Poitier en étudiant bénévole dans un centre d’aide aux désespérés, qui tente de sauver en ligne une suicidaire interprétée par Anne Bancroft. Il débute ensuite une collaboration fructueuse de films avec Robert Redford, de 7 films. Dans « Propriété interdite » (1966), il interprète un homme chargé de licencier des ouvriers d’une société de chemins de films, en pleine crise économique dans les années 30. Il tombera amoureux de la jeune Alva – Natalie Wood éblouissante -, la fille des propriétaires de l’hôtel où il réside. Il tourne ensuite avec Burt Lancaster dans « Chasseur de scalp » où il l’utilise en trappeur, et dans « Un château en enfer », où il campe un officier américain durant la seconde guerre mondiale investissant un château des Ardennes dans une ambiance presque fantastique. Il signe une belle adaptation du roman d’Horace Mc Coy avec « On achève bien les chevaux », montrant la tragique exploitation de la dépression aux Etats-Unis avec un marathon de danse, avec Michael Sarrazin et Jane Fonda. Dans « Jeremiah Johnson » (1972), préfiguration du récent « Into the wild » de Sean Penn, Redford, qui participe également au scénario, joue le rôle titre d’un homme vivant en 1850, choisissant de s’isoler en essayant de survivre dans les hostiles Montagnes Rocheuses. C’est un film d’une grande beauté formelle et une belle réflexion sur un citadin voulant fuir la barbarie des hommes, se retrouvant face à une nature tout aussi rude. « Nos plus belles années » est l’adaptation d’un roman à succès d’Arthur Laurents, mettant en scène la romance de Redford et Barbara Streisand, et racontant leur couple de 1937 à 1950, mais « La chasse aux sorcières » anti-communiste à Hollywood est aussi évoquée. « Les trois jours du Condor », toujours avec Redford, est une formidable réussite, un thriller et une ode au « quatrième pouvoir » qu’est le journalisme, avec un formidable Max Von Sydow. Il offre l’un des derniers grands rôles de Robert Mitchum dans « Yakuza », en enquêteur nippophile. Al Pacino est formidable dans « Bobby Deerfield », mélodrame trop sous-estimé en pilote automobile tombant amoureux d’une leucémique jouée par Marthe Keller. Paul Newman est également formidable dans « Absence de malice », en fils de truand injustement soupçonné et « Tootsie » malgré une improbable composition de Dustin Hoffman reste un film qui a beaucoup de charme. Si certaines de ses oeuvres déçoivent – « Le cavalier électrique », « Sabrina » – pâle remake du film de Billy Wilder, « La firme » -, avec la mort de Sydney Pollack, c’est tout un âge d’or du cinéma américain qui part avec lui. Une œuvre foisonnante et lyrique, souvent d’un romanesque flamboyant – « Out of Africa », « Havana » – ce dernier étant à réévaluer -. Sur « L’interprète » voir l’humeur du moment ici. Mais il n’omet pas de donner un constat social des Etats-Unis – il avait abandonné en raison de sa maladie, la réalisation du téléfilm « Recount » sur la polémique en 2002, du recomtage de voix en Floride à l’éléction présidentielle américaine -, ou en faisant un documentaire plus intimiste sur l’architecte Frank Gehry. Il était excellent comme acteur également, dans « Maris et femmes » de Woody Allen, où marié à Judy Davis il annonce son intention de divorcer à un couple d’amis campé par Allen lui-même et Mia Farrow, cette annonce changera la donne pour les deux couples. Il remplace Harvey Keitel comme acteur sur le tournage de « Eyes wide shut », où il excelle dans un rôle particulièrement ambigu. Un tournage difficile avec ce perfectionniste de Kubrick, Pollack raconte dans le documentaire « A life in picture », avoir passé trois semaines dans une salle de billard pour une seule scène. On l’avait revu l’an dernier en dirigeant d’un grand cabinet d’avocats dans »Michael Clayton ». Michèle Leon a signé un excellent livre à son sujet « Sydney Pollack » (Éditions Pygmalion / Gérard Watelet, 1991), où le réalisateur s’exprime sur ses films, comportant un témoignage du très discret Robert Redford sur leur amitié commune. Annonce également de la mort de Christine Fersen qui était la doyenne de la Comédie Française.

Filmographie : Comme réalisateur : 1961  Cain’s Hundred : King of the mountain (TV) – 1962  The Alfred Hitchcock hour : The black curtain (TV) – 1962/1963  Ben Casey (10 épisodes) – 1963  The Alfred Hitchcock hour : Diagnosis danger (TV) – The fugitive : Man on a String (TV) – The defenders : kill or be killed (TV) – 1964  Slattery’s people : What became ot the white tortilla ? (TV) – 1965  The slender thread (Trente minutes de sursis) – 1966  This propriety is condemned (Propriété interdite) – 1967  The scalphunter (Les chasseurs de scalps) – The swimmer (Frank Perry) [réalisation d’une scène avec Janice Rule] –  1968  Castle keep (Un château en enfer) – 1969  They shoot horses don’t they ? (On achève bien les chevaux) – 1972  Jeremiah Johnson (Id) – The way we were (Nos plus belles années) – 1974  The Yakuza (Yakuza) (+ production) – 1975  Three days of the condor (Les trois jours du condor) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (+ production) – 1978  The electric horseman (Le cavalier électrique) – 1981  Absence of malice (Absence de malice) (+ production) – 1982  Tootsie (Id) (+ production) – 1985  Out of Africa (Out of Africa, souvenirs d’Afrique) – 1990  Havana (Id) (+ production) – 1993  The firm (La firme) (+ production) – 1995  Sabrina (Id) (+ production) – 1999  Random hearts  (L’ombre d’un soupçon) (+ production) – 2000/2005  Sketches of Frank Gehry (Esquisses de Frank Gehry) (documentaire, + directeur de la photographie) – 2004  The interpreter (L’interprète) (+ producteur exécutif) – Comme acteur : (notamment) 1959  Playhouse 90 : From whom the bells tolls (John Frankenheimer, TV) – Brenner : Family man (TV) – 1960  Alfred Hitchcock presents (Alfred Hitchcock présente) : The countest for Aaron Gold ((Norman LLoyd, TV) – The twillight zone : The trouble with Templeton (Buzz Kulik, TV) – 1962  War hunt (La guerre est aussi une chasse) (Denis Sanders) – 1969  The moviemakers (Jay Anson, CM documentaire) – 1972  The saga of Jeremiah Johnson (Elliot Geisinger, CM documentaire) – 1978  The electric horseman (Le cavalier électrique) (+ réalisation) – 1982  Tootsie (Id) (+ réalisation) – 1991  The player (Id) (Robert Altman) – 1992  Husbands and wives (Maris et femmes) (Woody Allen) – Death becomes her (La mort vous va si bien) (Robert Zemeckis) – 1997  A civil action (Préjudice) (Steven Zaillian) – 1998  Eyes wide shut (Id) (Stanley Kubrick) – 1999  Random hearts (L’ombre d’un soupçon) (+ réalisation) – 2000 Lost Angeles (Eckhart Schnidt, documentaire) – Stanley Kubrick : A life in pictures (Stanley Kubrick, une vie en images) (Jan Harlan, documentaire) – The majestic (Id) (Frank Darbont, voix seulement) – 2001 Changing lanes (Dérapages incontrôlés) (Roger Michell) – 2002  Charlie : The life and art of Charles Chaplin (Richard Schickel, voix du récitant) – 2003  A decade under the influence (Une décennie sous influence) (Ted Demme  Richard LaGravenese, documentaire) – 2004  The last mogul : Life and times of Lew Wasserman (Barry Avrich, documentaire) – The interpreter (L’interprète) (+ réalisateur) – 2005  The needs of Kim Stanley (Dani Minnick, documentaire) – Cineastas contra magnates / Cineastes en accio (Carlos Benpar, documentaire) – Fauteuils d’Orchestre (Danièle Thompson) – 2006  Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – Boffo ! Tinseltown’s bombs and blockbusters (Bill Couturié, documentaire) – 2007  The Sopranos : Stage 5 (Alan Taylor, TV) – Comme producteur ou producteur exécutif seulement : 1980  On the road again / Honeysuckle Rose (Show bus) (Jerry Schatzberg) – 1983  Songwriter (Alan Rudolph) – 1984  Sanford Meisner : The american theatre’s best kept secret (Nick Doob, documentaire) – 1987  Bright lights, big city (Les feux de la nuit) (James Bridges) – 1989  The fabulous Baker Boys (Susie et les Baker Boys) (Steve Kloves) – Presumed innocent (Présumé innocent) (Alan J. Pakula) – 1990  White palace (La fièvre d’aimer) (Luis Mandoki) – King Ralph (Ralph super king) (David S. Ward) – Dead again (Id) (Kenneth Branagh) – 1991  Leaving normal (Edward Zwick) – 1993  Searching for Bobby Fischer (À la recherche de Bobby Fischer) (Steven Zaillian) – Flesh and Bone (Id) (Steve Kloves) – 1994  Sense and sensibility (Raison et sentiments) (Ang Lee) – 1997  Sliding doors (Pile & face) (Peter Howitt) – 1999  The talented Mr. Ripley (Le talentueux Mr. Ripley) (Anthony Minghella) – Up at the villa (Il suffit d’une nuit) (Philip Haas) – 2000  Blow dry (Coup de peigne) (Paddy Breathnach) – Birthday girl (Nadia) (Jez Butterworth) – 2001  Iris (Richard Eyre) – 2002  The quiet american  (Un américain bien tranquille) (Phillip Noyce) – Heaven (Id) (Tom Tykwer) – Cold Mountain (Retour à Cod Mountain) (Anthony Minghella) –  2003  In the name of love (Shannon O’Rouke, documentaire) – 2004  Forty shades of Blue (Ira Sachs) – 2005  Breaking and entering (Par effraction) (Anthony Minghella) – 2006  Catch a fire (Au nom de la liberté) (Phillip Noyce) – Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – 2007  Made of honor (Le témoin amoureux) (Paul Weiland) – Leatherheads (Jeux de dupes) (George Clooney) – The n° 1 ladies detective agency (Anthony Minghella) – 2008  Recount (Jay Roach, TV) – Margaret (Kenneth Lonergan) – The reader (Stephen Daltry) – Divers : 1961  The young savages (Le temps du châtiment) (John Frankenheimer, dialogues) – 1985  Nine 1/2 weeks (9 semaines 1/2) (Adrian Lyne, consultant technique).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Clément Harari

 

Annonce de la mort de Clément Harari le 16 mai dernier, à Sèvres où il habitait, par les gens du cinéma, faite par sa petite fille Morgan. Max Biro avait publié pour le site Altermonde-sans-frontières.com, la passionnante et foisonnante histoire de sa vie « Le roman biographique de Clément Harari » en 17 parties. Il définissait bien son utilisation au cinéma : « …Il se jura de ne plus être sage, il eut raison. De ce jour, il fit les films avec Constantine, et au bout de chacun trouvait autre chose. Il n’est pas un rôle de petite fripouille, huissier, trafiquant juif, usurier ou diable, notaire ou scorpion d’outre-mer que l’on ne pensa à lui, cantonné dans le mal… ». Il est vrai qu’il excelle dans les méchants, il vole même la vedette face à l’impressionnante galerie d’affreux dans « Les espions » (1957) d’Henri-Georges Clouzot, film à revisiter malgré la phrase assassine d’Henri Jeanson faite à son auteur « Clouzot a fait Kafka dans sa culotte ». Voir roder Clément Harari est déjà pour le spectateur objet d’inquiétude. Le cinéma français peu imaginatif face aux fortes personnalités le cantonne dans des rôles d’hommes de main ou de malfrats. Il est ainsi un honnête commerçant dans « Échec au porteur » (1957), qui est en fait un redoutable trafiquant entouré des inquiétants Gert Froebe et Reggie Nalder. Il est rare de le voir dans un autre emploi, notons cependant l’installateur de juke-box dans « Une aussi longue absence » (Henri Colpi, 1960) désorienté face à Alida Valli. Ses personnages sont souvent envahissants. Il est irrésistible en manager d’une troupe de danseuses dans « Cargaison blanche ». Il faut le voir déplorer dans un cabaret qu’elles ne suscitent pas l’intérêt du public présent. Il sera impitoyablement envoyé à la porte par son « écurie » quand il voudra entrer dans leur loge. Dans « Charade » (Stanley Donen, 1962), il est un touriste allemand, paisiblement attablé à la terrasse du café. Audrey Hepburn en pleine filature du personnage incarné par Cary Grant, s’installe auprès de lui pour mieux se dissimuler. Hélas pour elle, car Harari devient particulièrement collant, lui lançant des « Fraulein » énamourés pensant que la belle a succombé à son charme. Il n’aura jamais manqué, en réaction contre son emploi dans des personnages déplaisants, d’autodérision, son regard bleu trahissant une malice. On le voit même en femme (!) dans « Compartiment tueurs », pocharde hallucinée dans un café, et en fou qui se voit en sosie d’Einstein dans l’ahurissant « Tais-toi quand tu parles ». Il joue même l’amant que l’on devine être célèbre de Jane Birkin dans « La moutarde me monte au nez »… totalement de dos ! Il est formidable en savant fou pour Georges Franju dans la série télévisée « L’homme sans visage » (1973) sur un scénario avisé de Jacques Champreux, et dans « Les nuits rouges » montage différent de la précédente version et qui fut diffusée en salles. Claude Beylie le saluait ainsi dans la revue « Écran 75 » N°32 : « …Le personnage du docteur Dutreuil, par exemple, superbement incarné par Clément Harari, est une charge inénarrable de tous les médecins fous de l’écran, de « Galigari » à Phibes », jusqu’au Pierre Brasseur dans « Les yeux sans visage », il roule des yeux exorbités comme aux plus beaux jours du Grand-Guignol ». Les mânes de Frédérick Lemaître ont dû rougir d’aise ». Il est à l’aise dans l’humour noir tel son rôle de parrain inquiétant dans « Vous ne l’emporterez pas au paradis ». La démesure lui sied toujours. Il est un « très méchant » échappé d’un cartoon dans « Valparaiso, Valparaiso » (Pascal Aubier, 1970). Du trio de bourreaux qu’il forme avec Hans Meyer et Rufus, torturant un imperturbable Alain Cuny, il est assurément le plus dangereux, jouant de l’arme blanche à grand renfort de rires sardoniques, dans un grand moment de burlesque. Dans « Tous le monde peut se tromper » (1982), il est un joaillier très sympathique, philosophe et prévenant pour son employée jouée par Fanny Cottençon, le scénario sera pourtant cruel avec son personnage. Il est hallucinant dans « La note bleue » (1990) où il est un démon païen et muse de la création pour le couple George Sand – Frédéric Chopin. Il entre à son aise dans l’univers survolté d’Andrzej Zulawski et montre ses capacités burlesques. Il trouve peut être son plus beau rôle en rabbin dans « Train de vie » (1997), très beau film de Radu Mihaileanu, variante de « La vie est belle » de Roberto Benigni, mais une folie salvatrice et une subtilité en plus. Le théâtre lui a donné plus de satisfactions que le cinéma – dans des mises en scène de Robert Hossein, André Engel ou Marcel Maréchal -. Il était également metteur en scène de théâtre. Nos pensées vont à sa famille. 

 

 

Dans « Maigret et la fenêtre ouverte »

 

 

Filmographie établie avec Christophe Bier et Armel de Lorme, initialement établie pour « Les gens du cinéma » : 1941  La terre du Nil (André Vigneau) – 1950  Nous n’irons plus au bois (Claude Sautet) –  1952  It happened in Paris (C’est arrivé à Paris) (Henri Lavorel & John Berry) – 1954  Ca va barder (John Berry) – 1956  Notre dame de Paris (Jean Delannoy, rôle coupé au montage ?) – Les louves (Luis Saslavsky) – Que les hommes sont bêtes (Roger Richebé) – L’homme et l’enfant (Raoul André, rôle coupé au montage ?) – La traversée de Paris (Claude Autant-Lara) – Mon curé chez les pauvres (Henri Diamant-Berger) – 1957  Les espions (Henri-Georges Clouzot) – Marchands de filles (Maurice Cloche) – Tamango (John Berry) – Cargaison blanche (Georges Lacombe) –  Me and the colonel (Moi et le colonel) (Peter Glenville) – Échec au porteur (Gilles Grangier) – 1958  Arrêtez le massacre (André Hunebelle) – En cas de malheur (Claude Autant-Lara) – 1959  La nuit des espions (Robert Hossein) – Le saint mène la danse (Jacques Nahum) – Fanny (Id) (Joshua Logan) (rôle coupé au montage ?)  – Une aussi longue absence (Henri Colpi) – La fête espagnole (Jean-Jacques Vierne) – 1961 Cause toujours mon lapin (Guy Lefranc) – Le couteau dans la plaie / Five Miles to Midnight (Anatole Litvak) – 1961/62  The longest day (Le jour le plus long) (scènes sous la direction de Darryl F. Zanuck) –  1962  Le diable et les dix commandements [épisode  « Homicide point ne seras »] (Julien Duvivier) – Le scorpion (Serge Hanin) – Champagne flight (Lewin) (sous réserves) – Les bricoleurs (Jean Girault) –  Charade (Id) (Stanley Donen) – 1963  Des frissons partout (Raoul André) – Le train (John Frankenheimer, rôle coupé au montage ?) –  Les aventures de Salavin / La confession de minuit (Pierre Granier-Deferre) – 1964  Sursis pour un espion (Jean Maley) – Les gorilles (Jean Girault) – Passeport diplomatique, agent k 8 (Robert Vernay) – Compartiment tueurs (Costa-Gavras) – 1965         Le spie uccidono a Beirut (Les espions meurent à Beyrouth) (Nino Loy & Luciano Martino) – Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Monkeys, go home ! (Andrew Mac Laglen) – 1966  Roger La Honte (Ricardo Freda) – Triple cross (La fantastique histoire vraie d’Eddie Chapman) (Terence Young) – Sette volte donna (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica) – 1968  La belle cérébrale (Peter Foldes,  voix seulement) – Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – 1970  Valparaiso, Valparaiso (Pascal Aubier) – Macédoine (Jacques Scandélari) –  1973  Nuits rouges (Georges Franju) – Défense de savoir (Nadine Trintignant) – 1974  La moutarde me monte au nez (Claude Zidi) – Vous ne l’emporterez pas au paradis (François Dupont-Midy) – 1976  March or die (Il était une fois la légion) (Dick Richards) – 1978  Ils sont grands ces petits (Joël Santoni) – La petite fille en velours bleu (Alan Bridges) – Once in Paris (Frank D Gilroy) – Les égouts du paradis (José Giovanni) – 1979            Gros câlin (Jean-Pierre Rawson) –  The fiendish plot of Dr. Fu Manchu (Le complot diabolique du Dr. Fu Manchu) (Piers Haggard) –  1980  Inspecteur La Bavure (Claude Zidi) – Docteur Jekyll et les femmes (Walerian Borowczyk) – 1981  Ingenjör Andrées luftfärd (Le vol de l’aigle) (Jan Troell) – Tais toi quand tu parles ! (Philippe Clair) – 1982  La déchirure (Whaim Dia Mokhouri) – Tout le monde peut se tromper (Jean Couturier) – 1983  La garce (Christine Pascal) – 1987  Saxo (Ariel Zeïtoun) – 1988  Radio corbeau (Yves Boisset) – 1989  J’aurais jamais dû croiser son regard (Jean-Michel Longval) – Milena (Véra Belmont) – 1990  La note bleue (Andrzej Zulawski) – Isabelle Eberhardt (Ian Pringle) – 1991  Les clés du paradis (Philippe de Broca) – 1996  Un amour de sorcière (René Manzor) – 1997        Train de vie (Radu Mihaileanu) –  2003     L’heure dite (TomHarari, CM) –Le grand rôle (Steve Suissa). Nota : Clément Harari a participé à ses débuts à plusieurs films égyptiens non identifiés.

Télévision : (notamment) 1955  L’ombre du cardinal (Stellio Lorenzi) – 1956  Entre chien et loup (Claude Barma) – Le révizor (Marcel Bluwal) – 1958  La fille de la pluie (Jean Prat) – 1959  Le juge de Malte (Bernard Hecht) – 1960  L’histoire dépasse la fiction : Lorenzino de Médicis (Jean Kerchbron) – Le fils du cirque (Bernard Hecht & Brigitte Muel) – 1961  Le petit ramoneur (Gérard Pignol) – Flore et Blancheflore (Jean Prat) – 1962  L’inspecteur Leclerc enquête : La trahison de Leclerc (Marcel Bluwal) – 1963  Commandant X : Le dossier Pierre Angelet (Jean-Paul Carrère) –  Le chemin de Damas (Yves-André Hubert) –  Monsieur Laplanche (Bertrand Dunoyer) – 1964  Le théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (Marcel Cravenne) –  Les beaux yeux d’Agatha (Pierre Cardinal) – Alerte à Orly (Jacques Renzo-Villa) – 1965  Ce fou de Platanov (François Gir) – David Copperfield (Marcel Cravenne) – Théâtre de la jeunesse : Une certaine jeune fille : Marie Curie (Claude Santelli) – Les facéties du sapeur camember (Pierre Boursaus) – 1966  Théâtre de la jeunesse (L’homme qui a perdu son ombre) (Marcel Cravenne) – Le parfum de la dame en noir (Yves Boisset) – 1967  Huckleberry Finn (Marcel Cravenne) –  La prunelle (Edmond Tyborowski) – La valse de Monsieur Bontemps (André Teisseire) – Antoine et Cléôpatre (Jean Prat) – 1968  Graf Yoster gibt sich die Ehre (Le comte Yoster a bien l’honneur) : Fiat Justicia (Michael Braun) – Les grandes espérances (Marcel Cravenne) –  1969  Que ferait donc Faber ? (Dolorès Grassian) – Allô police : La petite planète (Pierre Goutas) – Thibaud ou les croisades : Les pèlerins (Henri Colpi) – 1972  Mauprat (Jacques Trébouta) – La malle de Hambourg (Bernard Hecht) – 1973  L’Alphomega (Lazare Iglèsis) – L’homme sans visage (Georges Franju, série TV) -1975  Les Rosenberg ne doivent pas mourir (Stellio Lorenzi) – 1976  Commissaire Moulin : La surprise du chef (Jacques Trébouta) – Lulu (Marcel Bluwal) – Pas d’orchidée pour Miss Blandisch (Robert Hossein, captation) – 1979   Les dossiers éclatés : Mort non naturelle d’un enfant naturel (Roger Kahane) – 1980  Mont-Oriol (Serge Moati) – 1983  Par ordre du Roi : Madame Tiquet (Michel Mitrani) –  Merci Sylvestre : Du caviar dans le ketchup (Serge Korber) – Louisiane (Philippe de Broca) (version TV seulement) – 1984  Disparitions : Double fond (Yves Ellena) – 1986  Le maestro (Serge Korber) – Monte Carlo (Anthony Page) – 1988  Palace (Jean-Michel Ribes) – 1989  L’or du diable (Jean-Louis Fournier) – Les cinq dernières minutes : Ah ! mon beau château (Roger Pigaut) – Une fille d’Ève (Alexandre Astruc) –  1990  La goutte d’or (Marcel Bluwal) – La nuit des fantômes (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1991  Le gang des tractions : Station liberté (François Rossini) – Blood and dust (Les croisades) (Jim Goddard) – L’affaire Seznec (Yves Boisset) – 1994  Highlander : Prodigal son (Dennis Berry) – 2000  Maigret : Maigret et la fenêtre ouverte (Pierre Granier-Deferre).

Remerciements : à Jean-Jacques Jouve

Mise à jour du 22/07/2009

Fragments d’un dictionnaire amoureux : John Phillip Law

John Phillip Law dans une photo de studio pour la Columbia en 1971

Annonce de la mort de John Phillip Law, à l’âge de 70 ans des suites d’un cancer. Ce fils d’un shérif et de l’actrice, Phyllis Sallee, étudie auprès d’Elia Kazan au début des années 60, et très vite sa haute stature et sa blondeur sont utilisées au cinéma, il est un russe membre de l’équipage d’un sous-marin dans la comédie « Les russes arrivent… ». C’est grâce à l’Europe qu’il connaîtra une consécration dans des films de séries et adaptations de bande-dessinées. Il évite le ridicule par son charisme – ce qui n’est pas une mince performance – dès son apparition emplumée en  ange aveugle dans l’étonnant « Barbarella », devenu culte par nostalgie de par son décorum très « sixties ». Il est choisi par Vadim, sur les conseils de Jane Fonda, qui jouait sa cousine dans « Que vienne la nuit », en lutte contre le Klu Klux Klan. Il est aussi un tireur vengeur initié par Lee Van Cleef qui participa à l’assassinat de son père, dans un des meilleurs westerns européens dans « La mort était au rendez-vous ». Sa prestation assez expressionniste dans « Diabolik » pour Mario Bava, tiré d’une B.D. culte des soeurs Giussani, participe au résultat jouissif de l’ensemble. Il est idéal pour camper un gentleman cambrioleur, et le couple qu’il forme avec Marisa Mell fonctionne parfaitement, quand ils font tourner en « bourrique » un officier de police joué Michel Piccoli.  Il tourne en 1967 dans « Le Sergent » avec Rod Steiger et Ludmila Mikaël, sujet jugé plus sérieux, traitant de l’homosexualité à l’armée, mais Guy Allombert est sévère sur son jeu dans « La saison cinématographique 1969 » : « …John Phillip Law, fade, sans éclat, sans volonté ne soutient pas la comparaison [en comparaison du jeu de Rod Steiger qui joue Callan] et ne justifie jamais qu’un homme comme Callan l’ai remarqué ». Pour Roger Corman, il est un baron, pilote allemand obstiné de la première guerre mondiale dans « Le baron rouge » (1971). En 1973, en compagnie de la belle Caroline Munro, il est « Sinbad » dans « Le voyage fantastique de Sinbad », film qui bénéficie du grand talent de Ray Harryhaussen, maître des effets spéciaux. Jean-Marie Sabatier n’est pas tendre non plus dans la « Saison cinématographique 1976 » : « …John Phillip Law donne une interprétation bien pâle de l’intrépide capitaine Sinbad ». En 1975, il retrouvera un autre personnage adapté d’une B.D., « Docteur Justice », d’Ollivier et Marcello, réalisé par le vétéran Christian-Jaque, où il arrive à animer un film assez terne en médecin justicier spécialiste en arts-martiaux. Suivent dans les années 80, de nombreuses incursions dans des films de séries B., voire Z. Vient le temps des hommages – il est l’invité de « L’étrange festival » en 2003 -, Roman Coppola l’utilise comme citation du « Barbarella » de Vadim dans « C.Q ». Il figure même dans un court-métrage expérimental français – impossible d’en trouver le titre pour l’instant, si quelqu’un pouvait m’aider…-, variantes autour des scènes de voitures du « Diabolik », en hommage à Mario Bava. Il méritait vraiment mieux que certaines critiques acerbes à son sujet, ces films étant souvent cultes. A lire son portrait dans l’indispensable « Nanarland » .

avec Marisa Mell dans « Danger Diabolik », provenant de son site officiel

Filmographie : 1950  The magnificent yankee (John Sturges) – 1951  Show Boat (George Sidney) – 1961  Smog (Franco Rossi) – 1963  Alta infidelità (Haute infidélité) [Sketch : « Scandaloso »] (Franco Rossi) – 1964  Tre notti d’amore [sketch : « Fatebenefratelli »] (Luigi Comencini) – 1966  The Russians are coming, the Russians are coming (Les russes arrivent) (Norman Jewison) – Hurry Sundown (Que vienne la nuit) (Otto Preminger) – 1967  L’harem (Le harem) (Marco Ferreri) – Da uomo a uomo (La mort était au rendez-vous) (Giulio Petroni) – Barbarella (Roger Vadim) – Diabolik / Danger : Diabolik (Danger Diabolik) (Mario Bava) – 1968  Skidoo (Otto Preminger) – The sergeant (Le sergent) (John Flynn) – 1969  Certo, certissimo, anzi… probabile (Marcello Fondato) – 1970  The Hawaiians / Master of the island (Le maître des îles) (Tom Gries) – 1971  The last movie (Id) (Dennis Hopper) – Strogoff (Michel Strogoff) (Eriprando Visconti) – Von Richthofen and Brown / The Red Baron (La baron rouge) (Roger Corman) – The love machine (Id) (Jack Haley jr.) – 1973  Polvere di stelle (Titre TV : Poussière d’étoiles) (Alberto Sordi) – The golden voyage of Sinbab (Le voyage fantastique de Sinbab) (Gordon Hessler) – Open Season / Los Cazadores (Vidéo : La chasse sanglante) (Peter Collinson) – 1975  The spiral staircase (La nuit de la peur) (Peter Collinson) – Docteur Justice (Christian-Jaque) – 1976  Tigers don’t cry (Un risque à courir) (Peter Collinson) – The Cassandra crossing (Le pont de Cassandra) (George Pan Cosmatos) –Tu dios y mi infierno / Your God my hell (Rafael Romero Marchent) – 1977  L’occhio dietro la parete (Vidéo : Voyeur pervers) (Giuliano Petrelli) – 1978  Der schimmelreider (Aldred Weidenmann) – 1979  Un’ombra nell’ombra (Vidéo : Les vierges damnées) (Pier Carpi) – 1979  The Z men (Attack force Z) (Tim Burstall & Jing Ao Hsing) –  1981  Tarzan the ape man (Tarzan l’homme singe) (John Derek) – 1982  Tin man (John G. Thomas) – 1984  American commandos / Hitman (Le commando du triangle d’or) (Bobby A. Suarez) – L.A. Bad / Rainy day friends (Vidéo : Rémission pour un voyou) (Gary Kent) – 1985  Night train of terror (Vidéo : Train express pour l’enfer) (John Carr, Philip Marshak, Tom McGowan, Gregg C. Tallas & Jay Schlossberg-Cohen) – 1986  Moon in scorpio (Gary Graver) – Johann Strauss – Der könig ohne krone (Johann Strauss, le roi sans couronne) (Franz Antel) – 1987  Stricker (Enzo G. Castellari) – Colpo di stato (Fabrizio De Angelis) – Space mutiny (David Winters & Neal Sundstrom) – Blood Delirium / Delirio di sangue (Sergio Bergonzelli) – 1988  Thunder III (Fabrizio de Angelis) – A case of honor (Vidéo : American heroes 1) (Eddie Romero) – Nerds of a feather (Gary Graver) – 1989  Cold heat (Ulli Lommel) – Alienator (Fred Olen Ray) – 1990  The guest / L’ospite (Alberto Marras) – 1991  Il giorno del porco (Sergio Pacelli) – 1992  Marilyn alive and behind bars (John Carr) – Shining blood (Stash Klossowski) – 1993  Angel eyes (Gary Graver) – 1994  Brennendes herz (Peter Patzak) – 1996  Hindsight (John T. Bone) – 1998  Bad guys (Bryan Genesse) – Wanted (Harald Sicheritz) – 1999  Vic / Final act (Sage Stallone) – 2000  Citizens of perpretual indulgence (Alex Monty Canawati) – CQ (Id) (Roman Coppola) – 2002  Curse of the forty-niner (John Carl Buechler) –  2004  I tre volti del terrore (Sergio Stivaletti) – L’apocalisse delle scimmie (Romano Scavolini) – 2005  Chinaman’s chance (Aki Aleong) – 2006  Ray of sunshine (Norbert Meisel). Télévision (notamment) : 1977  Love boat – 1978  The devil’s bed (Helmut Pfandler) – 1979  The best place to be (David Miller) – 1984  La signora in giallo – Danger : Keine zeit zum sterben / No time to die (Vidéo : La forêt explosive) (Helmut Ashley) – 1985  Una grande storia d’amore (Duccio Tessari) – 1989  Quatro piccole donne (Gianfranco Albano) – 1990  Le Gorille : Le Gorille sans cravate (Peter Patzak) – 1994  Intrighi internazionali (Fernando Cicero) – 1996  My ghost dog / My magic dog (John Putch) – 1999  Working with dinosaurs (Louis Heaton, documentaire).   

Bibliographie : « Attori stranieri del nostro cinema » d’Enrico Lancia & Fabio Melelli (Gremese editore, 2006), « Quinlan’s film stars » de David Quinlan (Bastford, 2000).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Farid Chopel

Farid Chopel dans "Les fauves"

 

Annonce de la mort de Farid Chopel, d’un cancer foudroyant ce 20 avril. Un comédien aux capacités formidables sur la scène, comme on peut le constater avec la liste complète de ses activités sur son site officiel. Avec Ged Marlon notamment dans « Les aviateurs », il révolutionne le monde de la scène par une drôlerie très innovante. On le retrouve sur tous les fronts, de la publicité à l’enregistrement de deux singles. Le cinéma n’utilise que trop rarement ses capacités physiques, il est pourtant hilarant dans une des scènes de « Suivez mon regard », joli film assez mésestimé de Jean Curtelin, quand il essaie de laver les vitres d’une porte qui s’ouvre automatiquement dès que l’on s’y approche. Il va bien évidemment attirer l’attention dans ce lieu public, et petit rappel sociologique tout de même, il essuie quelques réflexions racistes. Il connaît surtout une reconnaissance dans les années 80. Il est particulièrement inquiétant en prisonnier caïd harcelant Richard Berry dans « L’addition ». Soucieux de ne pas se laisser enfermer dans cet emploi, il utilise sa vis-comica. C’est Josiane Balasko, qui l’utilise avec le plus d’originalité dans le très acide « Sac de nœuds », son premier film très réussi en l’utilisant sur un mode assez désespéré dans son rôle d’évadé de prison. Il est la vedette d’un exercice de style intéressant « Iréna et les ombres » (1986), en projectionniste rencontrant une femme fatale et dans « Un vampire au paradis » (1990) dans le rôle de Nosfer, homme mystérieux qui provoque le trouble de jeunes filles et qui se révèle être un vampire. Hélas ces films ne connaissent qu’un accueil confidentiel. Marco Ferreri l’utilise avec brio dans « Le banquet » d’après Platon à la télévision. Il lui donne un beau rôle dans « La chair » (1990) où il est touchant en artiste de cabaret philosophe – on le voit dans un numéro de claquettes -, compagnon de Philippe Léotard. Mais personne ne l’écoute, alors qu’il rêve de devenir un artiste dramatique. Où trouve tu la force de devenir un artiste dramatique. Il connaît ensuite une traversée du désert, voir l’article joint de « Libération » de 2005  – que j’avais conservé et ajouté sur un forum d’Allôciné car il m’avait beaucoup touché de même que l’une de ses interventions dans l’émission « Tout le monde en parle » -. Il avait connu un grand succès sur la scène avec « Le pont du milieu ». On pouvait espérer le revoir, comme dans « C’est beau une ville la nuit » où il jouait un berbère aveugle. Il laisse l’impression d’un talent gâché, peut-être est-il arrivé vingt ans trop tôt pour s’épanouir dans son génie.

© Pascal GELY Agence Bernand

Filmographie : 1982  Les princes (Tony Gatlif) – 1983  La femme de mon pote (Bertrand Blier) – Les fauves (Jean-Louis Daniel) – La poudre aux yeux (Dominique Delcourt & Philippe Gautier, CM) – L’addition (Denis Amar) – 1984  La vengeance du serpent à plumes (Gérard Oury) – Sac de noeudes (Josiane Balasko) – 1985  Poésie en images – Condamné (Abel Bennour, CM) –  Cinématon N°550 (Gérard Courant, CM) – Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1986  Le toréro hallucinogène (Stéphane Clavier, CM) – Irèna et les ombres (Alain Robak) – 1987  Jane B. par Agnès V. (Agnès Varda) – 1990  Un vampire au paradis (Abdelkrim Bahloul) – La carne (La chair) (Marco Ferreri) – 1995  Rainbow pour Rimbaud (Jean Teulé) – 1996  Mo’ (Yves-Noël François) – 2005  L’homme inventé, presto agitato (Elisée Fritz, CM) – C’est beau une ville la nuit (Richard Bohringer) – C’est Gradiva qui vous appelle (Gradiva) (Alain Robbe-Grillet) – 2007  Un si beau voyage (Kahled Ghorbal). Télévision : 1988  Le banquet (Marco Ferreri) – 1990  La goutte d’or (Marcel Bluwal) – 1991  Le Gorille : Le Gorille et le barbu (Jean-Claude Sussfeld) – 1993  L’homme dans la nuit (Claude Boissol) – Chambre froide (Sylvain Madigan) – 1994  Avanti ! (Jacques Besnard) – 1996  Alla turca (Macha Méril) – 1997  La fine équipe (Yves Boisset) – 1998  La guerre de l’eau (Marc F. Voizard).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Hazel Court

Annonce de la mort d’Hazel Court à l’âge de 82 ans. Elle valait mieux que ce qu’en disaient Raymond Lefevre et Raymond Lacourbe dans « 30 ans du cinéma britannique » (Éditons cinéma 76) : « …Une beauté rousse qui n’a guère réussi  surmonter le handicap d’une récente spécialisation dans les films d’épouvante ». Cette anglaise, fille d’un joueur de cricket réputé, G.W. Court, débute au théâtre et fait sa première apparition à l’âge de 16 ans dans « Champagne Charlie ». Cette rousse flamboyante a un physique idéal pour personnifier les héroïnes victimes de monstre, elle rencontre une martienne dans « Devil girl from Mars », et devient Elizabeth dans « Frankenstein s’est échappé », renouvellement complet du genre pour la Hammer par un Terence Fisher très inspiré, elle a pour partenaire Peter Cushing et Christopher Lee. Elle retrouve ce metteur en scène dans « L’homme qui trompait la mort » – inédit en salles en France -, face à Anton Diffring en professeur fou découvrant le secret de jouvence. Elle connaît grâce aux succès de ces films, une consécration internationale qui lui vaut de participer à des adaptions de l’univers d’Edgar Allan Poe par Roger Corman. Elle est la partenaire de Ray Milland qui joue un médecin cataleptique dans « Emmuré vivant » (1962), celle de Vincent Price, Boris Karloff et Peter Lorre dans « Le corbeau » farce bien éloignée du poème original, et de Vincent Price toujours dans « Le masque de la mort rouge » Un certain âge d’or de ce cinéma terminé, elle devient une vedette invitée pour nombre de séries comme « Alfred Hitchcock présente », 4 épisodes dont un signé par le maître lui-même, « Arthur » (1959), petit bijou d’humour noir avec Laurence Harvey, irrésistible en éleveur de poulets industriels. On la retrouve aussi notamment dans, »Destination danger », « La quatrième dimension », « L’homme à la Rolls », « Les mystères de l’Ouest », « Mission impossible », « Mannix », etc… Elle épouse le comédien Don Taylor – en secondes noces après son mariage avec le comédien irlandais Dermot Walsh – en 1964, et décide de s’éloigner de l’écran pour s’occuper de ses enfants Jonathan et Courney, elle restera avec lui jusqu’à sa mort en 1998. Elle se consacre alors à la peinture et à la sculpture. Elle se retire définitivement au début des années 80, après une apparition dans « La malédiction finale ». Elle fut une des plus célèbre « scream queen » de l’histoire du cinéma fantastique, souvent célébrée par les fans du genre. A lire son portrait par Benoît Chénier, sur le site « Astronef magazine ».

Filmographie : 1944  Champagne Charlie (Alberto Cavalcanti) – Dreaming (John Baxter) – 1946  Gaiety George (Titre USA : Showtime) (George King & Léontine Sagan) – Carnival (Stanley Haynes) – Hungry Hill (Brian Desmond Hurst) – 1947  Meet me at dawn / The Gay Duellist (Thornton Freeland & Peter Creswell) – Root of All Evil (Brock Williams) Dear Murderer (Mon cher assassin) (Arthur Crabtree) – Holiday camp (Ken Annakin) – 1948  My sister and I (Harold Huth) – Bond Street (Gordon Parry) – Forbidden (George King) – 1952  Ghost Ship (Vernon Sewell) – 1953  Counterspy (Titre USA : Undercover Agent) (Vernon Sewell) – 1954   Devil girl from Mars (La martienne diabolique) (David MacDonald) – Scarlet Web (Charles Saunders) – Tale of Three Women (sketch « Wedding Gift’ story ») (Thelma Connell & Paul Dickson) – Present for a bride Edward J. Danziger) – 1956  The narrowing circle (Charles Saunders) – Behind the Headlines (Charles Saunders) – The curse of Frankenstein (Frankenstein s’est échappé) (Terence Fisher) – 1957  Hour of decision (C.M. Pennington-Richards) – 1958  A woman of mystery (Ernest Morris) – 1959  Model for murder (Terry Bishop) – Breakout (Peter Graham Scott) – The man who could cheat death (L’ homme qui trompait la mort / L’homme qui faisait des miracles) (Terence Fisher) – The Shakedown (Chantage à Soho) (John Lemont) – 1961  Doctor Blood’s Coffin (Belgique : Le cadavre qui tue) (Sidney J. Furie) – Mary had a little… (Edward Buzzell) – 1962  Premature burial (L’enterré vivant) (Roger Corman)1963  The raven (Le corbeau d’Edgar Poe) (Roger Corman) – 1964  The masque of the red death (Le masque de la mort rouge) (Roger Corman) – 1981  The Final Conflict (La malédiction finale) (Graham Baker) – 1997  Flesh and blood (Ted Newsom, documentaire) – 2000  I used to be in pictures (Peter Turner, documentaire).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Morel

ROCHE/TF1/SIPA ¦ Jacques Morel sur le tournage de la serie «Julien Fontanes».

Annonce de la mort de Jacques Morel, dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur le parcours étonnant de Jacques Morel, je vous renvoie vers l’indispensable livre de Jacques Lorcey « Tout Guitry ». Il cite les anecdotes multiples de son livre « Regards en coulisses » (Guy Authier, 1978), évidemment épuisé, et évoque longuement cet artiste complet. De son vrai nom Jacques Houstraete, il est prédestiné à travailler dans les métiers du carburant comme sa famille. Il rencontre Jane Sourza, puis Raymond Souplex. Il se lance dès 1941, dans l’animation de cabarets, avec bien évidemment quelques zones d’ombre, comme quelques interventions à la radio dans « Radio-Paris », qui lui vaut quelques déboires face aux comités d’épurations à la Libération. Sa voix aussi, est souvent utilisée – selon lui il participe à plusieurs milliers d’émissions radio, tel le culte « Maîtres du mystère ». Il sera plus tard Obélix formant un contraste amusant avec Roger Carel dans les premiers dessins animés adaptés de l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, il sera aussi « le bon gros toutou », dans le dessin animé « La maison de toutou », à la télévision. Il alterne les films passant de grands metteurs en scène – Marcel Pagnol, Jean Renoir, Sacha Guitry – dont il témoigne longuement dans le livre de Lorcey -. Il confère une humanité remarquable au Louis XVI dans l’académique « Marie-Antoinette » de Jean Delannoy, il est sans doute l’un des comédiens à l’avoir le mieux incarné avec Jean-François Balmer dans – « La Révolution française » -. On le voit parfois dans des rôles patelins, veules – son personnage de Castel-Vagnac dans « Topaze » face à Fernandel -, ou au contraire bonhomme, confiant, voire mari trompé.  La télévision l’utilise souvent depuis « Joueurs », d’après Nicolas Gogol, filmé en 35mn en 1950 avec un certain Louis de Funès.  Il est un rédacteur en chef, chapeautant Jean Amadou et Daniel Cauchy dans « De nos envoyés spéciaux » (1965-1966), l’ami d’une veuve d’un commissaire de police – Danielle Darrieux – s’improvisant enquêtrice dans le plaisant – sans-plus  -, « Miss » (1980), réalisé par Roger Pigaut, jusqu’aux mésaventures d’un studio télé dans le très bâclé « Studio Folies », avec Patrice Laffont en vedette, mais que sauve Ticky Holgado en cafetier toulousain. On le retrouve en 1974, dans une tonalité inhabituelle pour lui dans « Maigret et la grande perche » de Claude Barma, en fils soumis de Madeleine Renaud. Particulièrement peu coopératif avec le commissaire Maigret joué par Jean Richard, sa femme ayant disparu, il excelle dans la complexité. On peut déplorer, que cette facette de son talent ne fut pas assez exploitée. Mais c’est avec « Julien Fontanes, magistrat »» qu’il retrouve enfin un rôle à sa mesure. La série évoquée en détails dans le livre de Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret « Meutres en série », a la bonne idée de s’inspirer des « Juges noirs », de la Direction des Affaires Criminelles, inconnus du public et qui représentent le dernier espoir des condamnés« . Cette série, très bien écrite par Jean Cosmos, se terminera en 1989, suite à la privatisation de TF1  en 1987, au profit de « Tribunal » !. Jacques Morel est remarquable, le livre citant un numéro de Télé 7 jours de 1984 : « Jacques Morel qui possédait un potentiel dramatique et une force intérieure qui méritaient d’être exploités et c’est tout naturellement, en fonction de sa personnalité que se sont précisé les contours et le comportement de Julien Fontanes ». La série parlant des problèmes de son époque, bénéficiant d’une distribution exceptionnelle – André Falcon, Jean-Claude Calon, Antoinette Moya, etc…- Son parcours reste étonnant, et il est très dommage comme le disait Jacques Lorcey dans son livre, qu’on l’ait oublié dans bien des dictionnaires de cinéma.

Dans « Les suspects »

 

Filmographie : 1945  Seul dans la nuit (Christian Stengel) – 1948  Toute la famille était là (Jean de Marguenat) – Entre onze heures et minuit (Henri Decoin) – Bonjour le monde (Jean-Jacques Mehu, CM) – 1949  Voyage à trois (Jean-Paul Paulin) – Au p’tit zouave (Gilles Grangier) – 1950  La dame de chez Maxim’s (Marcel Aboulker) – L’homme de joie (Gilles Grangier) – Topaze (Marcel Pagnol) – Au fil des ondes (Pierre Gautherin) – 1951  Victor (Claude Heynemann) – Le dindon (Claude Barma) – 1952  Nous sommes tous des assassins (André Cayatte) – Une fille dans le soleil (Maurice Cam) – Un trésor de femme (Jean Stelli) – Les amours finissent à l’aube (Henri Calef) – Rue de l’Estrapade (Jacques Becker) – 1953  Une nuit à Megève (Raoul André) – Mandat d’amener (Pierre-Louis) – Si Versailles m’était conté (Sacha Guitry) – Les hommes ne pensent qu’à ca… (Yves Robert)  – 1954  Après vous, duchesse (Robert de Nesle) – Escalier de service (Carlo Rim) – 1955   Les grandes manoeuvres (René Clair) – La môme Pigalle (Alfred Rode) – Si Paris nous était conté (Sacha Guitry) – Marie-Antoinette (Jean Delannoy) – Elena et les hommes (Jean Renoir) – 1956  L’homme aux clés d’or (Léo Joannon) – Folies-Bergère (Henri Decoin) – Le septième commandement (Raymond Bernard) – Les suspects (Jean Dréville) – 1957  Un certain monsieur Jo (René Jolivet) – Clara et les méchants (Raoul André) – Sacrée jeunesse (André Berthomieu) – La vie à deux (Clément Duhour) – Madame et son auto (Robert Vernay) – Drôles de phénomènes (Robert Vernay) – 1959  Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy) – À rebrousse-poil (Pierre Armand) – 1960  Le panier à crabes (Joseph Lisbona) – L’imprevisto (L’imprévu) (Alberto Lattuada) – 1961  Rencontres (Philippe Agostini) – 1964  Les mordus de Paris (Pierre Armand) – Le gentleman de Cocody (Christian-Jaque) – La corde au cou (Joseph Lisbona) – 1965  Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Un milliard dans un billard (Nicolas Gessner) – 1969  L’auvergnat et l’autobus (Guy Lefranc) – 1976  L’excercice du pouvoir (Philippe Galland) – 1977  Ça fait Tilt (André Hunebelle) – 1978  L’amour en question (André Cayatte). Nota : IMDB seul le crédite dans « L’aventure est au coin de la rue » (Jacques Daniel-Norman, tourné en 1943) dans le rôle de « L’homme mystérieuse » (sic) et sous le pseudonyme de Jacques Murel, gourrance, gourrance ? Voxographie : 1950  La poison (Sacha Guitry) – 1967  Astérix le Gaulois (René Goscinny, Albert Uderzo & Raymond Leblanc, animation) – Deux romains en Gaule (Pierre Tchernia, animation, TV) – La maison de Toutou (Georges Croses, animation, série TV) – 1968  Astérix et Cléopâtre (René Goscinny, Lee Payant & Albert Uderzo, animation) – 1976  Les douze travaux d’Astérix (René Goscinny, Albert Uderzo & Pierre Watrin, animation) – 1977  La ballade des Dalton (René Goscinny, Morris, Henri Gruel & Pierre Watrin, animation).

 

 Dans « Julien Fontanes »

 

 

Télévision : (notamment) : 1950  Les joueurs (Claude Barma) – 1958  Le roman en neuf lettres (Marcel Cravenne) – 1962  La caméra explore le temps : L’affaire du collier de la reine (Guy Lessertisseur) – Système deux (Marcel Cravenne) – 1965  De nos envoyés très spéciaux (Jan Herman, Marc Monnet, Jean-Marie Coldefy, Claude Dagues & Jean-Patrick Lebel, saison 1) – Quelle famille ! (Roger Pradines) – 1966  De nos envoyés très spéciaux (Louis Grospierre, Jean-Patrick Lebel, Maurice Régamey & Pierre Cosson, saison 2) – Plainte contre X (Philippe Ducrest) – Au théâtre ce soir : Le père de Mademoiselle (Georges Folgoas) – Au théâtre ce soir : J’y suis, j’y reste (Pierre Sabbagh) – Edmée (Jean-Marie Coldefy) – 1967  Au théâtre ce soir : Les vignes du seigneur (Pierre Sabbagh) – 1968  Au théâtre ce soir : Mademoiselle (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Le système deux (Si j’étais moi) (Pierre Sabbagh) – 1969  Au théâtre ce soir : Le mari ne compte pas (Pierre Sabbagh) – 1972  Au théâtre ce soir : La reine blanche (Georges Folgoas) – 1973  La duchesse d’Avila (Philippe Ducrest) – 1974  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et la grande perche (Claude Barma) – Au théâtre ce soir : L’or et la paille (Georges Folgoas) – Au théâtre ce soir : Hélène ou la joie de vivre (Georges Folgoas) – 1975  Au théâtre ce soir : La mandragore (Pierre Sabbagh) – 1976 Le comédien (Jeannette Hubert, captation) – Au théâtre ce soir : La frousse (Pierre Sabbagh) – 1978  Preuves à l’appui : Les loups du bois (Jean Laviron) – Jean-Christophe (François Villiers) – Les bijoux de Carine (Philippe Ducrest) – 1979  La belle vie (Lazare Iglèsis) – Au théâtre ce soir : Le troisième témoin (Pierre Sabbagh) – 1980  Miss (Roger Pigaut, six épisodes) – Les dossiers éclatés : Le querellé ou la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet)  -Cabrioles (Yves-André Hubert, captation) – Julien Fontanes, magistrat : Un cou de taureau (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : Une femme résolue (Bernard Toublanc-Michel) – Julien Fontanes, magistrat : Par la bande (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – 1981  Julien Fontanes, magistrat : Le soulier d’or (François Dupont-Midy) – Les bons bourgeois (Pierre Desfons, captation) – Tovaritch (Jeannette Hubert, captation) – La vie des autres : Pomme à l’eau (Emmanuel Fonlladosa) Julien Fontanes, magistrat : Un si joli petit nuage (Jean Pignol) – Julien Fontanes, magistrat : La dernière haie (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magisrat : La 10ème plaie d’Égypte (Patrick Jamain) – 1982  Julien Fontanes, magistrat :  Une fine lame (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Cousin Michel (Guy-André Lefranc) – 1983  Mort d’un piéton (Pierre Billard) – Julien Fontanes, magistrat : Week-end au paradis (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : L’âge difficile (Serge Friedman) – Julien Fontanes, magistrat : Perpète (Jean-Pierre Decourt) – Julien Fontanes, magistrat : Un coup de bluff (Daniel Moosman) – 1984  Julien Fontanes, magistrat : La pêche au vif (Guy-André Lefranc) – Au théâtre ce soir : J’y suis, j’y reste ! (Pierre Sabbagh) – 1985  Châteauvallon (plusieurs réalisateurs) – Julien Fontanes, magistrat : Rien que la vérité (André Farwagi) – Julien Fontanes, magistrat : Mélanie sans adieu (Daniel Moosman) – 1986  Julien Fontanes, magistrat : Les nerfs en pelote (Jean-Pierre Decourt) – Julien Fontanes, magistrat : Jamais rien à Coudoeuvre (Roger Kahane) – Julien Fontanes, magistrat : Un dossier facile (Patty Villiers) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Julien Fontanes, magistrat : 10 petites bougies noires ( Christiane Spiero) – Julien Fontanes, magistrat : Le couteau sous la gorge (André Farwagi) – Studio folies (Yves Barbara, Pascal Goethals et Armand Wahnoun, 60 épisodes) – 1988  Julien Fontanes, magistrat : Le bête noire (Michel Berny) – 1989  Julien Fontanes, magistrat : Les portes s’ouvrent (Guy-André Lefranc).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Charlton Heston

 

img390/3809/heston1ln3.jpg Annonce de la mort de Charlton Heston, ce 5 avril, à l’âge de 83 ans. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier le définissaient avec justesse dans « 30 ans de cinéma américain » : « Dès qu’il apparaît sur l’écran, sa puissance balaie tout. Il concrétise à merveille la notion de force physique, voire de violence. Quand il se met en colère, chacun de ses gestes semble répondre  une crispation intérieure, à une insupportable tension morale ». Il débute, avec une silhouette assez frêle,  en 1941 dans « Peer Gynt », film du réalisateur David Bradley, qui ne connaîtra une sortie qu’en 1955 – 1965 ? selon d’autre sources – avec un nouveau montage, scènes additionnelles, sonorisation . Appelé sous les drapeaux, « il sert pendant trois ans, de 1943 à 1946, dans « Les îles Aléoutiennes », et il est opérateur radio sur un B-52 De l’USA Air Force » (1). En 1950, il signe un contrat pour 14 films à la Paramount, mais il a l’autorisation de tourner pour d’autres studios, une fois l’an. Il débute en vedette dans un polar de série B. « La main qui venge », en flambeur minable, écumant les tripots. Sa carrure, son côté « bigger than life », le prédisposent à jouer des personnages historiques, dans des films aux budgets conséquents. Pléthore de personnages mythiques composent sa filmographie. On le retrouve en trapéziste dans « Sous le plus grand chapiteau du monde », en Buffalo Bill dans « Le triomphe de Buffalo Bill » , etc… Il vise ensuite le grandiose, avec des superproductions, le cinéma voulant rivaliser avec la télévision en plein essort. Il retrouve Cecile B. DeMille dans le grandiose – et finalement assez indigeste – « Dix commandements » , avant de recevoir l’oscar du meilleur acteur pour « Ben Hur » en 1960. On le retrouve aussi dans « Le cid », film d’Anthony Mann, à revaloriser et dans « Les 55 jours de Pékin », une fresque assez flamboyante dans la Chine de 1900, peut-être un grand film malade selon une expression de François Truffaut. Il est étonnant dans « Le seigneur de la guerre », en chevalier normand du XIème siècle émérite, boutant l’envahisseur jusqu’à la mer. On le retrouve aussi en Michel-Ange, dans le romanesque « L’extase et l’agonie ». Il excelle dans le fantastique, à la fin des années 70, dans l’adaptation de l’œuvre de Pierre Boulle « La planète des singes », en explorateur de l’espace se retrouvant dans un monde dominé par des singes, une adaptation finalement assez probante de « Je suis une légende », après Vincent Price et avec Will Smith dans « Le survivant », où il a même des scènes d’amour avec Rosalind Cash, comédienne de la « Blaxploitation », ce qui était assez inhabituel pour l’époque. Il est remarquable face à Edward G. Robinson, dans « Soleil vert », film d’anticipation très réussi de Richard Fleischer. Il se lance dans la réalisation en 1972 avec une adaptation de la pièce de William Shakespeare « Antoine et Cléôpatre », puis en 1982, dans « La fièvre de l’or », où il joue un chercheur d’or dans une région sauvage du canada, dont Jacques Zimmer dans « La saison cinématographie 1983 », déplorait « une mise en scène appliquée et une direction d’acteurs relâchée font cohabiter malencontreusement lourdeur et frénésie… » A la télévision il signera en 1988, après Fred Zinnemann, une nouvelle adaptation de la pièce de Robert Bolt « Un homme pour l’éternité ». Le cinéma semble moins l’intéresser ses dernières années, mais il compose un Richelieu inattendu dans les deux adaptations des « Trois mousquetaires » de Richard Lester, et il ose l’autodérision comme dans « Wayne’s world 2 », où il fait un cameo étonnant, de « bon comédien », engagé pour figurer… un pompiste ! Comme le rappelaient Coursodon et Tavernier sur « Major Dundee », film hélas mutilé, dans lequel il compose un major sudiste : « Ce libéral a fait preuve d’une dignité de grand seigneur en offrant son salaire à Peckinpah pour qu’il tourne une scène ». Il d’ailleurs aidé Orson Welles à se remettre en selle, en lui confiant la réalisation de « La soif du mal, un chef d’œuvre où Heston accepte, grimé en mexicain de se laisser voler la vedette par Welles lui même en adipeux Hank Quinlan, policier corrompu. Il est vrai que l’homme est assez complexe et contradictoire dans ses engagements, passant du soutien à des oeuvres humanitaires à un conservatisme républicain, virant au réactionnaire – son engagement en 1987 à « Pro-life », association anti-avortement à la fin de sa vie -. Il participe aussi à la marche pour les droits du peuple noir en 1963, pour soutenir Martin Luther King. Mais ces dernières années, il était membre de la « National rifle association », entachant son image ces derniers temps. Il fera toujours l’apologie des armes en feu et on le retrouve visiblement très malade, défendant ses positions dans le polémique film de Michael Moore « Bowling for Colombine » en 2002. Mais curieusement, à le voir ainsi diminué, on finit par se surprendre à s’attendrir sur lui devant l’acharnement du réalisateur. On le retrouve d’ailleurs dans un clin d’œil ironique en singe belliqueux mourant, selon Antoine de Baeque dans son livre sur Tim Burton (Éditions des Cahiers du cinéma, 2007) : « …méconnaissable en vieux singe déliquescent mais très incisif en parrain réactionnaire de National Rifle Association », puisqu’il lance , lors de sa courte scène , « un revolver vaut bien mille javelots ». Il meurt près de sa femme, la comédienne, Lydia Clarke qu’il avait épousé en 1944. Il formèrent un couple durable, une longévité assez rare dans l’histoire du cinéma américain. La maladie d’Alzheimer (1) « Stars 18 » hiver 93.

img99/9954/heston2uf8.png Charlton Heston en 1963, lors de la marche pour les droits du peuple noir.

Filmographie : 1941  Peer Gynt (David Bradley) – 1949  Julius Caesar (David Bradley) – 1950  Dark city (La main qui venge) (William Diertele) – 1951  The greatest show of earth (Sous le plus grand chapiteau du monde) (Cecil B. DeMille) – 1952  The savage (Le fils de Géronimo) (George Marshall) – Ruby Gentry (La furie du désir) (King Vidor) – 1953  The President’s lady (Sa seule passion / Le sel de la terre) (Henry Levin) – Pony Express (Le triomphe de Buffalo Bill / Belgique : Les cavaliers du Pony Express) (Jerry Hopper) – Arrowhead (Le sorcier du Rio Grande) (Charles Marquis Warren) – Bad for each other (Belgique : Éternels ennemis) (Irwing Rapper) – The naked jungle (Quand la Marabouta gronde) (Byron Haskin) – 1954  The secret of the Incas (Le secret des incas) (Jerry Hooper) – The far horizons (Horizons lointains) (Rudoph Maté) – 1955  Lucy Gallant (Une femme extraordinaire) (Robert Parrish) – The private war of Major Benson (La guerre privée du Major Benson / La petite guerre du major Benson) (Jerry Hopper) – 1956  The ten commandments (Les dix commandements) (Cecil B. DeMille) – Three violent people (Terre sans pardon) (Rudoph Maté) – 1957  The big country (Les grands espaces) (William Wyler) – 1958  Touch of evil (La soif du mal) (Orson Welles) – The buccaneer (Les boucaniers) (Anthony Quinn) – 1959  Ben-Hur (Id) (William Wyler) – The wreck of the Mary Dare (Cargaison dangereuse) (Michael Anderson) – 1960  El Cid (Le Cid) (Anthony Mann) – 1961  The pigeon that took Rome (Le pigeon qui sauva Rome) (Melville Shavelson) – 1962  Diamond head (Le seigneur d’Hawaii) (Guy Green) – 1963  Fifty-five days at Pekin (Les 55 jours de Pékin) (Nicholas Ray) – The greatest story ever told (La plus grande histoire jamais contée) (George Stevens) – Major Dundee (Id) (Sam Peckinpah) – 1965  The agony and the ecstasy (L’extase et l’agonie) (Carol Reed) – The war lord (Le seigneur de la guerre) (Franklin J. Schaffner) – 1966  Khartoum (Id) (Basil Dearden) – 1967  Think twentieth (Richard Fleischer, CM) – Counterpoint (La symphonie des héros) (Ralph Nelson) – Will Penny (Will Penny le solitaire) (Tom Gries) – Planet of the apes (La planète des singes) (Franklin J. Schaffner) – 1968  Rowan & Martin at the movies (Jack Arnold, CM) – Number one (Tom Gries) – 1969  The festival game (Tony Kinger & Michael Lytton, documentaire) – Beneath the planet of the apes (Le secret de la planète des singes) (Ted Post) – Julius Caesar (Jules César) (Stuart Burge) – The Hawaiians (Le maître des iles) (Tom Gries) – The omega man (Le survivant) (Boris Sagal) – 1971  Antony and Cleopatra (Antoine et Cléopâtre) (+ réalisation et adaptation) – Skyjacked (Alerte à la bombe) (John Guillermin) – 1972  The special London bridge special (David Winters, CM) – Soylent green (Soleil vert) (Richard Fleischer) – The call of the wild (L’appel de la forêt) (Ken Annakin) – 1973  The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four mustketeers (On l’appelait Milady) (Richard Lester) – 1974  Airpont 75 (747 en péril) (Jack Smight) – Earthquake (Tremblement de terre) (Mark Robson) – 1975  Midway (La bataille de Midway) (Jack Smight) – The last hard men (La loi de la haine) (Victor V. McLaglen) –  1976  Two minute warning (Un tueur dans la foule) (Larry Pearce) – 1977  The prince and the pauper / Crossed swords (Vidéo : Le prince et le pauvre) (Richard Fleischer) – Gray Lady Down (Sauvez le Neptune) (David Hreene) – 1979  The mountain men (La fureur sauvage) (Richard Lang) – 1980 The awakening (La malédiction de la vallée des rois) (Mike Newell) –  1982  Mother Lode (La fièvre de l’or) (+ réalisation) – 1985  The fantasy film world of Georges Pal (Arnold Leibovit, documentaire) – 1986  Directed by William Wyler (Aviva Slesin, documentaire) – 1990  Solar crisis / Kuraishisu niju-goju nen / Starfire (Alan Smithee [Richard C. Sarafian]) – Almost an angel (Un ange ou presque) (John Cornell) – 1991  Symphony for the spire (Mike Mansfield, documentaire) – 1993  Genghis Kahn (Ken Annakin) –  Wayne’s world 2 (Id) (Stephen Surjik) – Tombstone (Id) (George Pan Cosmatos) – 1994  In the mouth of madness (L’antre de la folie) (John Carpenter) – True lies (True lies, le caméléon) (James Cameron) – A century of cinema (Caroline Thomas, documentaire) – 1995  Ben Johnson : Third cowboy on the right (Tom Thurman, documentaire) – 1996  Alaska (Fraser Clarke Heston) – Hamlet (Id) (Kenneth Branagh) – 1997  Off the menu : The last days of chasen’s (Shari Springer Berman & Robert Pulcini, documentaire) – 1998  Gideon’s webb (Gideon) (Claudia Hoover) – Forever Hollywood (Arnold Glassman & Todd McCarthy, documentaire) – 1999  An given sunday (L’enfer du dimanche) (Oliver Stone) 2000  Town & country (Potins mondains et amnésie partielle) (Peter Chelsom) – Planet of the apes (La planète des singes) (Tim Burton) – The order / Jihad warrior (Sheldon Lettich) – Last party 2000 (Last party 2000 – La démocratie américaine dans tous ses états) (Rebecca Chaiklin & Donovan Leitch, documentaire) – 2002   Bowling for Columbine (Id) (Michael Moore, documentaire) – Papà Rua Alguem 5555 (Egidio Eronico) – Télévision : (notamment) : 1949  Studio one : Smoke (Paul Nickell) – Studio one : The outward room (Paul Nickell) – Studio one : Battleship Bismark (Paul Nickell) –  Studio one : Of human bondage (Paul Nickell) – Studio one : Jane Eyre (Franklin J. Schaffner) – 1950  Studio one : The willow cabin (Paul Nickell) – The clock : The hypnotist (Fred Coe) – Studio one : The timing of the shrew (Paul Nickell) – Studio one : Wuthering Heights (Paul Nickell) – Studio one : Letter from Cairo (Lela Swift) – 1951  Studio one : Macbeth (Franklin J. Schaffner) – Studio one : A bolt of lightning (Paul Nickell) – 1952  Studio one : The wings of the dove (Franklin J. Schaffner) – 1955  Climax : Bailout at 43,000 Feet (John Frankenheimer) – 1957  Climax : The climax of captain Wirtz (Don Medford) -1961  Alcoa premiere : The fugitive eye (Herman Hoffman) – 1963  The patriots (George Schaefer) – 1983  Chiefs (Chronique policière) (Jerry London) – 1984  Nairobi affair (Sale affaire à Nairobi) (Marvin J. Chomsky) – 1995  Dynasty (Id) – 1985/1997  The Colbys (Les Colby) – 1987  Proud men (William A. Graham) – 1989  Original sin (Seule face au crime / Le péché du parrain) (Ron Satlof)  1989  A man for all seasons (un homme pour l’éternité) (+ réalisation) – The little kidnappers (Donald Shebib) – 1990  Treasure Island (L’île au trésor) (Fraser Clarke Heston) – The little kidnappers (Le secret des deux orphelins) (Donald Shebib) – 1991  Nostradamus : The man who saw tomorow – The crucifer of blood (Sherlock Holmes et la croix du sang) (Fraser C. Heston) – 1992  Crash landing : The rescue of flight 232 (Des héros par milliers) (Lamont Johnson) – 1994  SeaQuest DSV (SeaQuest, police des mers) : Abalon (Les Sheldon) – 1995  The avenging angel (Craig R. Baxley) – 1998  Friends (Id) : The one with Joey’s dirty day (Peter Bonerz) – 1999  Camino de Santiago (Robert Young) – 2000  The outer limits : Final appeal (Au-delà du réel – L’aventure continue) (Jim Kaufman). Voxographie : 1957  Many voices (récitant) – 1962  The five cities of June (Bruce Herschensohn, récitant) – 1965  The egyptologists (récitant) – 1966  While I run this race (Edmond Levy, récitant)) – 1967  Adventures of  Mowgli /  Maugli (Roman Davidov, récitant) – 1968  The movie experience : A matter of choice (Tracy Ward, récitant) – 1969  Rod Laver’s Wimbledon (Michael Seligman, récitant) – King : A filmed record… Montgomery to  Memphis (Joseph L. Mankiewicz & Sidney Lumet, documentaire, récitant) – 1975  The fun of your life (John J. Hennesy, voix du récitant) – 1976  Amercia at the movies (Il était une fois l’Amérique) (George Stevens Jr., documentaire, récitant) – 1988  Call from space (L’appel de l’espace) (Richard Fleischer, CM) – 1994  Texas (Richard Lang, TV, récitant) – 1996  The dark mist (Ryan Carroll, récitant) – Alaska : Spirit of the wild (George Casey, documentaire, récitant) –  1997  Hercules (Hercules) (Ron Clements & John Musker, récitant) – 1998  Bagpipe : Instrument of war (Patrick King, récitant) – Armageddon (Michael Bay, récitant) – 2000  Cats & dogs (Comme chiens et chats) (Lawrence Guterman) – 2003  Ben Hur (Bill Kowalchuk, animation, TV).

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jules Dassin

Annonce de la mort de Jules Dassin, à Athènes , le 31 mars dernier à l’âge de 96 ans. Il suit donc dans la mort son interprète Richard Widmark des « Forbans de la nuit ». Il débute comme réalisateur en 1941, par un court-métrage brillant – diffusé au cinéma de minuit – d’après « Le cœur révélateur » d’Edgar Allan Poe. Il réalise ensuite plusieurs longs-métrages passant de films anti-nazis à des comédies romantiques, dont beaucoup resteront inédits en France, hormis « Le fantôme de Canterville », avec un Charles Laughton très inspiré dans le rôle titre. Il quitte la MGM avec fracas, où il ne pouvait véritablement s’exprimer. Il raconte son départ dans un entretien de 2005 (1), répondant à Louis B. Mayer qui comparait le cinéaste à un cheval de course sur lequel il fallait hurler parce qu’il flanchait  parce qu’il avait mal aux testicules : « Vous n’aurez pas mes couilles espèce de salopard ! ». Le producteur Mark Hellinger lui confie « Les demons de la liberté », premier film d’une suite de plusieurs chefs d’œuvres du film noir. Ce film donne un des premiers grands rôles de Burt Lancaster, qui joue un prisonnier victime de la haine d’un gardien-chef sadique – Hume Cronym dans le rôle de sa vie selon Claude Chabrol -, les représailles seront lourdes de conséquences… Le réalisme de Dassin fait merveille. « La cité sans voile » est du même niveau un inspecteur – Barry Fitzgerald – enquête sur le meurtre d’une jeune femme. Le film sera cependant amputé de quelques scènes par l’Universal, le film étant monté sans son réalisateur. « Les démons de la liberté » et « La cité sans voiles » sont disponibles dans un DVD dans la formidable collection « Les introuvables », bénéficiant de bonus remarquables dont des entretiens avec Jules Dassin. Avec « Les bas fonds de Frisco », il signe un autre chef d’œuvre, un homme – Richard Conte –rentre sur les lieux de sa jeunesse à San Francisco, pour retrouver son père accidenté et victime d’un grossiste en fruits et légumes revanchard. Si son parcours devait être riche en promesse, il fut hélas dénoncé comme communiste par le cinéaste Edward Dmytryk, il est obligé de tourner « Les forbans de la nuit » à Londres, avec Richard Widmark, comme évoqué précédemment donc et Gene Tierney. « Blacklisté » durant la chasse aux sorcières, il s’exile en France en 1952. Il se voit proposer la réalisation de « L’ennemi public numéro un », polar parodique avec Fernandel. Le film assez médiocre sera finalement réalisé en 1953 par Henri Verneuil. Il tourne finalement, heureusement pour lui, l’un des classiques du film policier français « Du rififi chez les hommes », adapté de l’œuvre d’Auguste Le Breton, avec Jean Servais probant dans le rôle de Tony le Stéphanois, truand lessivé sorti de prison. Dassin réalise une scène anthologique d’un casse silencieux d’une bijouterie se réservant de plus l’un des rôles principaux sous le pseudonyme de Perlo Vita. Toujours en France, il adapte le roman de Nikos Kazantsakis « Le christ recrucifié », montrant un petit village grec, dont certains habitants refusent, par égoïsme, de recevoir les survivants d’une attaque de Turcs. Il rencontre sur ce film Melina Mercouri qu’il épousera finalement en 1966. Ses admirateurs de la première heure, déploreront l’arrivée d’une telle personnalité fracassante dans son univers. Suit, une collaboration de 8 autres films (dont un documentaire), dont « La loi », assez décevant malgré une brillante distribution – Pierre Brasseur, Gina Lollobrigida, Yves Montand, Marcello Mastroianni… -, sombre histoire de vendetta italienne. « Jamais le dimanche », reste euphorisant, par le cabotinage « Mercourien », qui campe une prostituée à Athènes, dont un américain – Joué par Dassin lui même – tombe amoureux. Fasciné par la culture hellénique, il s’improvisera pour elle pygmalion. Toujours pour elle, il adapte ensuite « Phèdre », d’après la tragédie « Hippolyte » d’Euripide.  « Topkapi » (1963) est une variante ludique de son « rififi » transporté à Istanbul, où une bande de voleurs internationaux menée par Peter Ustinov, souhaite s’introduire par le toit du musée « Topkapi » grâce à l’agilité d’un acrobate – excellent et trop méconnu Gilles Ségal -. Dans la catégorie « on demande à voir »,  « 10 heures et demi en été », Melina Mercouri joue une femme espagnole délaissée par son mari – Peter Finch, ayant pour maîtresse Romy Schneider – qui par dépit, aide un homme qui vient de commettre un crime passionnel. Dassin adapte en France en 1969, l’œuvre de Romain Gary « Les promesses de l’aube », avec toujours Melina Mercouri en mère abusive du jeune Romain. Leur dernier film en commun sera « Cri de femmes », où une actrice grecque rencontre une meurtrière – Ellen Burstyn – afin de mieux interpréter « Médée ». Sans Melina Mercouri, il retourne à ses premières amours avec un polar social en 1969 avec « Point noir », traitant des violences du « Black Power ». Ce film qui ne semble ne pas avoir trop bonne réputation, est une nouvelle transposition du célèbre roman de Liam O’Flaherty, qui fut adapté en 1935  par John Ford. Il finira sa carrière par une variante de « Lolita » en 1980, « Circle of two » avec Richard Burton et Tatum O’Neal, film resté inédit chez nous. A noter qui a également réalisé deux documentaires : « Comme un éclair » (1967), sur Israël après la guerre des 6 jours et « The rehearshal » sur les révoltes estudiantines en lutte contre le pouvoir militaire la Grèce des colonels en 1973, tourné juste avec leur chute. Pour conclure l’entretien de 2005, il concluait ainsi sur le polar « Quelqu’un a écrit que j’avais été l’un des pionniers du genre. Cela ne m’a pas déplu… » (1) Il était le père du chanteur Jo Dassin et de la comédienne Julie Dassin. Il y a y avait eu un très bon livre à son sujet par Fabien Siclier et Jacques Lévy, dans l’excellente collection « Filmo » (Édilig, 1986), mais il est hélas épuisé. A lire un portrait très complet sur le site du « Festival de La Rochelle ». (1) « Jules Dassin, le cinéma dévoilé » , documentaire en bonus du DVD « Jules Dassin Films Noirs », collection « Les introuvables » chez Wild Side video.

Avec Gina Lollobrigida sur le tournage de « La loi » (DA)

 

Filmographie : Comme assistant-réalisateur : 1940 They knew what they wanted) (Garson Kanin) – 1941  Mr. and Mrs Smith (Joies matrimoniales) (Alfred Hitchcock). Comme réalisateur : 1941  Rr Allan Poe’s The tell-tale heart) – 1942  Nazi agent / Salute to courage – Once upon a Thursday / The affair of Martha – 1943  Reunion in France (Titre TV: Quelque part en France) – Young ideas – The Canterville ghost (Le fantôme des Canterville) – 1945  A letter for Evie – 1946  Two smart people – 1947  Brute force (Les démons de la liberté) – 1948  The naked city (La cité sans voile) – 1949  Thieve’s highway (Les bas-fonds de Frisco – Belgique : Le marché des voleurs) – 1950  Night and the city (Les forbans de la nuit) – 1952  The trio : Rubinstein, Heifetz and Pietigersky million dollar trio (CM) – 1954  Du rififi chez les hommes  (+ rôle sous le pseudonyme de « Perlo Vita ») – 1957  Celui qui doit mourir – 1958  La loi / La legge – 1960  Never on Sunday (James le dimanche) (+ rôle) – 1961  Phaedra (Phèdre) – 1963  Topkapi (Id) – 1964  10 : 30 P.M. summer (dix heures et demi du soir en été) (+ production) – 1967   Survival 1967 / Hamilchama al hashalom (Comme un éclair / Israël, An 5727 (La guerre amère)) (documentaire) – 1968  Up tight !  (Point noir) – 1969  La promesse de l’aube / Promise at dawn (+ rôle, production) – 1974  The rehearsal / I dokimi (documentaire) – 1978  A dream of passion (Cri de femmes) (+ production) – 1980  Circle of two.  

 

 

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Richard Widmark

 

Annonce ce lundi, de la mort de Richard Widmark, à l’âge de 93 ans. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, le définissaient parfaitement dans « 30 de cinéma américain » : « …Son allure féline, sa chevelure blonde, ses yeux très clairs lui permirent par la suite d’enrichir de nuances ambiguës des personnages classiques, qu’ils soient antipathiques ou sympathiques, de rendre sensible leurs hésitations, leurs brusques changements, leur instabilité, se dissimulant sous un humour moqueur, méprisant ou craintif, toujours déroutant… ». Il naît le 26 décembre 1914, à Sunrise dans le Minnesota, de parents modestes. Il se partage entre des études de droits et le football, dans L’illinois. Un professeur d’art dramatique, Russel Tomlinson, le remarque. Selon « Stars » N°12, de mars 1992, il séjourne en Europe pour ses vacances, et s’amuse même à tourner dans l’Allemagne de 1936 : « ..Un film sur les camps de jeunesse que vient de lancer un certain Adolf Hitler ». Il débute dans des pièces radiophoniques, et est appelé sous les drapeaux en 1942, avant d’être exempté pour une blessure à l’oreille., Il était l’interprète rêvé pour un certain âge d’or du film noir, car il excelle dans les personnages de « Heavies ». Il fait une composition inoubliable dans le « Carrefour de la mort » (1947), en tueur sadique au rire sardonique proche de celui d’une hyène, quand il pousse dans les escaliers une vieille dame – Mildred Dunnock – en fauteuil roulant. S’il reçoit pour ce film, le Golden Globe, du meilleur espoir masculin, il n’eu cependant jamais reçu d’oscar – il fut nommé pourtant pour ce film comme meilleur second rôle – durant son impressionnante carrière. Il est engagé pour 7 ans par la Fox, participant à la vogue des thrillers réalistes. Il retrouve un rôle névrotique dans la « Dernière rafale », en promoteur sportif, phobique, se servant constamment d’un inhalateur nasal. Les classiques s’enchaînent comme « Le port de l’angoisse », en pickpocket poursuivi par des agents secrets de l’Est, pour avoir volé un microfilm dans le sac d’une femme. Curiosité le titre français, évoque la drogue, totalement absente de ce film, histoire de ne pas heurter les communistes contemporains à ce film. Il participe à un autre chef d’œuvre « Les forbans de la nuit », où il est un truand minable ambitieux, sévissant dans la pègre londonienne en organisant des combats de lutte. On le retrouve aussi dans « Panique dans la rue », où il est un médecin zélé chargé de retrouver deux meurtriers contaminés et porteurs de virus, magnifié par le duo Jack Palance-Zero Mostel. Vincente Minelli lui donne en 1958, l’un de ses meilleurs rôles dans « La toile d’araignée », en médecin aliéniste en butte avec son entourage. Le western devient aussi son domaine de prédilection, de « Alamo » fresque « fordienne » signée John Wayne, aux crépusculaires « Cheyennes ». Pour Otto Preminger, dans « Sainte Jeanne » en 1957, il compose un Charles VII halluciné face à Jean Seberg en Jeanne D’Arc, « …une des plus belles interprétations schizophréniques de l’histoire du cinéma » (1). En 1961, il produit et participe au tournage comme réalisateur de « Le dernier passage », film de « Série B » très mal accueilli à l’époque, la « Saison cinématographique 1962 » voit en ce film  » …Un méchant feuilleton anti-rouge dont la Hongrie, douloureusement éprouvée, il y a 6 ans fait encore les frais » et qui va  » …à l’encontre des vérités les plus élémentaires, favorise l’inconscience d’un public en le vouant au manichéisme le plus grossier »… Il casse cette fausse image comme étant l’un des comédiens les plus anti-rouges avec John Wayne, en capitaine de destroyer extrémiste, chargé de chasser des sous-marins soviétiques. Ce film de James B. Harris – redécouvert au cinéma de minuit -, se révèle fortement contestataire : « …Widmark prit des positions très libérales, attaquant violemment la droite américaine, John Wayne, la « John Birch Society », la guerre du Vietnam et Reagan… » (1) . Il retrouve le polar avec « Madigan », où il est particulièrement probant en policier ordinaire avec ses petites veuleries. Il est impressionnant et roublard dans « La théorie des dominos » (1976), manipulant un prisonnier accusé de meurtre joué par Gene Hackman, pour une sombre machination politique. Le polar reste l’un de ses domaines de prédilection, il participe même au remake du sublime « out of the past » de Jacques Tourneur, avec « Contre toute attente », Il ne dédaigna pas la télévision, deux de ses téléfilms « Blackout » (1985) et « Colère en Louisiane » (1986), furent même diffusés en salles en France.  Pour reprendre le titre de l’un de ses films, « Quand meurent les légendes », il était avec Kirk Douglas, Karl Malden et Eli Wallach, un des derniers grands comédiens américains à être né dans les années 10. Son physique émacié, et la grande richesse de son jeu resteront à jamais liés au grand cinéma américain.

(1) « Trente ans du cinéma américain » par Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier.

Richard Widmark dans « Cinéma Cinémas »

Filmographie : 1947  Kiss of death (Le carrefour de la mort) (Henry Hathaway) – 1948  Road house (La femme aux cigarettes (JeanNegulesco) -The street with no name (La dernière rafale) (William Keighley) – Yellow sky (La ville abandonnée) (William A. Wellman) – 1948  Down to the sea in ships (Les marins  de l’Orgueilleux) (Henry Hathaway) – Slattery’s hurricane (La furie des tropiques) (André De Toth) – 1950  Night and the city (Les forbans de la nuit) (Jules Dassin) –  Panic in the streets (Panique dans la rue) (Elia Kazan) – Halls of Montezuma ( Okinawa) (Lewis Milestone) – No way out (La porte s’ouvre) (Joseph L. Mankiewicz) – 1951  The frogmen (Les hommes-grenouilles) (Lloyd Bacon) –  Screen snapshots : Hopalong in Hoppy Land (Ralph Staub, CM) – 1952  Red skies of Montana / Smoke jumpers (Belgique : Duel dans la forêt) (Joseph M. Newman) – 1952  Don’t brother to knock (Troublez-moi ce soir) (Roy Ward Baker) – O. Henry’s Full  house (La  sarabande des  pantins), (sketch : « The clarion call ») (Henry Hathaway) – My pal Gus (Belgique : Sans maman) (Robert Parrish) – Screen snapshots : Hollywood night life (Ralph Staub, CM) –  1953  Take the high ground ! (Sergent la terreur) (Richard Brooks) – Destination Gobi (Id) (Robert Wise) – Pickup on South Street (Le port de la drogue) (Samuel Fuller) – 1954  Hell and high water (Le démon des eaux troubles) (Samuel Fuller) – Garden of evil (Le jardin du diable) (Henry Hathaway) – Broken lance (La lance brisée) (Edward Dmytryk) – 1955  A prize of gold (Hold-up en plein ciel) (Mark Robson) – The cobweb (La toile de l’araignée) (Vincente Minnelli) – 1956  Backlash (Coup de fouet en retour) (John Sturges) – Run for the sun (La course au soleil) (Roy Boulting) –  The last wagon (La dernière caravane) (Delmer Daves) – 1957  Saint Joan (Sainte Jeanne) (Otto Preminger) – Time limit (La chute des héros) (Karl Malden, + production) –  The law and Jake Wade (Le trésor du pendu) (John Sturges) – 1958     The tunnel of love (Le père malgré lui) (Gene Kelly) –  The trap (Dans la souricière) (Norman Panama) – 1959  The secret ways (Le dernier passage) (Phil Karlson) – Warlock (L’homme aux colts d’or) (Edward Dmytryk) – 1960   The Alamo (Alamo) (John Wayne) – Two rode together (Les deux cavaliers) (John Ford) – 1961  Judgment at Nuremberg (Jugement à Nuremberg) (Stanley Kramer) – How the west was won (La  conquête de l’Ouest) (John Ford, Henry Hathaway & George Marshall) – 1962  Flight from Ashiya (Les trois soldats de l’aventure) (Michael Anderson) – 1963     The long ships (Les Drakkars) (Jack Cardiff) – 1964  Cheyenne autumn (Les Cheyennes) (John Ford) – 1965  Alvarez Kelly (Id) (Edward Dmytryk) – The bedford incident (Aux postes de combat) (James B. Harris, + production) – 1966  The way west (La route de l’Ouest) (Andrew V. McLaglen) – 1967   Madigan (Police sur la ville) (Don Siegel) – 1968  Death of a gunfighter (Une poignée de plombs) (Alan Smithee [Don Siegel & Robert Totten]) – 1969  A talent for loving / Gun crazy (Richard Quine) – 1970  The moonshine war (La guerre des Bootleggers) (Richard Quine) –  1971   When the legends die (Quand meurent les légendes) (Stuart Millar) –  1973  Murder on the Orient Express (Le crime de l’Orient Express) (Sidney Lumet) – 1974  The sell-out (Le sursis) (Peter Collinson) – 1976  To the devil  a daughter (Une  fille pour le diable) (Peter Sykes) – The domino principle (La théorie des dominos) (Stanley Kramer) – 1977  Twilight’s last gleaming (L’ultimatum des trois mercenaires) (Robert Aldrich) – Rollercoaster (Le toboggan de la mort) (James Goldstone) –  Coma (Morts suspectes) (Michael Crichton) – 1978  The swarm (L’inévitable catastrophe) (Irwin Allen) – 1979  Bear Island (Le secret de la banquise) (Don Sharp) – 1981     National Lampoon goes to  the  movies (Henry  Jaglom & Bob Giraldi) – 1982  Hanky panky (La folie aux trousses) (Sidney Poitier) – Commando (Who dares wins) (Ian Sharp) – 1983  Against all odds (Contre toute attente) (Taylor Hackford) – Blackout (Id) (Douglas Hickox) – 1985  Spencer Tracy legacy : A tribute by Katharine Hepburn (David Heeley, documentaire) – 1986    A gathering of old men (Colère en Louisiane) (Volker Schlöndorff) –  1991  True colors (Vidéo : Le jeu du pouvoir) (Herbert Ross)  -1995    Wild Bill : Hollywood maverick (Todd Robinson, documentaire). Télévision (notamment) : 1955  I love Lucie : The tour (William Asher) – 1971  Vanished (Buzz Kulik) – 1972  Madigan (Id) (Alex Marc & Boris Sagal, six épisodes) – 1973  Brock’s last case (La dernière enquête) (David Lowell Rich) – 1974  Benjamin Franklin (Glenn Jordan) – 1975  The last day (Vincent McEveety) – 1979  Mr. Horn (Mister Horn) (Jack Starrett) – 1980  A whale for the killing (Richard T. Heffron) – All God’s children (Le noir et le blanc (Jerry Thorpe) – 1983  Cinéma cinémas : Richard Widmark : Hollywood Mai 1983 (Claude Ventura, CM documentaire) – 1988  Once upon a time a Texas Train (Titre DVD : Le dernier western) (Burt Kennedy) –  1989  Cold Sassy Tree (La destinée de Mademoiselle Simpson) (Joan Tewkesbury). Voxographie : 1987  Marilyn Monroe : Beyond the legend (Gene Feldman & Suzette Winter, voix du récitant). 1992  Lincoln (Peter W. Kunhardt, TV).