Annonce de la mort de Charlton Heston, ce 5 avril, à l’âge de 83 ans. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier le définissaient avec justesse dans « 30 ans de cinéma américain » : « Dès qu’il apparaît sur l’écran, sa puissance balaie tout. Il concrétise à merveille la notion de force physique, voire de violence. Quand il se met en colère, chacun de ses gestes semble répondre une crispation intérieure, à une insupportable tension morale ». Il débute, avec une silhouette assez frêle, en 1941 dans « Peer Gynt », film du réalisateur David Bradley, qui ne connaîtra une sortie qu’en 1955 – 1965 ? selon d’autre sources – avec un nouveau montage, scènes additionnelles, sonorisation . Appelé sous les drapeaux, « il sert pendant trois ans, de 1943 à 1946, dans « Les îles Aléoutiennes », et il est opérateur radio sur un B-52 De l’USA Air Force » (1). En 1950, il signe un contrat pour 14 films à la Paramount, mais il a l’autorisation de tourner pour d’autres studios, une fois l’an. Il débute en vedette dans un polar de série B. « La main qui venge », en flambeur minable, écumant les tripots. Sa carrure, son côté « bigger than life », le prédisposent à jouer des personnages historiques, dans des films aux budgets conséquents. Pléthore de personnages mythiques composent sa filmographie. On le retrouve en trapéziste dans « Sous le plus grand chapiteau du monde », en Buffalo Bill dans « Le triomphe de Buffalo Bill » , etc… Il vise ensuite le grandiose, avec des superproductions, le cinéma voulant rivaliser avec la télévision en plein essort. Il retrouve Cecile B. DeMille dans le grandiose – et finalement assez indigeste – « Dix commandements » , avant de recevoir l’oscar du meilleur acteur pour « Ben Hur » en 1960. On le retrouve aussi dans « Le cid », film d’Anthony Mann, à revaloriser et dans « Les 55 jours de Pékin », une fresque assez flamboyante dans la Chine de 1900, peut-être un grand film malade selon une expression de François Truffaut. Il est étonnant dans « Le seigneur de la guerre », en chevalier normand du XIème siècle émérite, boutant l’envahisseur jusqu’à la mer. On le retrouve aussi en Michel-Ange, dans le romanesque « L’extase et l’agonie ». Il excelle dans le fantastique, à la fin des années 70, dans l’adaptation de l’œuvre de Pierre Boulle « La planète des singes », en explorateur de l’espace se retrouvant dans un monde dominé par des singes, une adaptation finalement assez probante de « Je suis une légende », après Vincent Price et avec Will Smith dans « Le survivant », où il a même des scènes d’amour avec Rosalind Cash, comédienne de la « Blaxploitation », ce qui était assez inhabituel pour l’époque. Il est remarquable face à Edward G. Robinson, dans « Soleil vert », film d’anticipation très réussi de Richard Fleischer. Il se lance dans la réalisation en 1972 avec une adaptation de la pièce de William Shakespeare « Antoine et Cléôpatre », puis en 1982, dans « La fièvre de l’or », où il joue un chercheur d’or dans une région sauvage du canada, dont Jacques Zimmer dans « La saison cinématographie 1983 », déplorait « une mise en scène appliquée et une direction d’acteurs relâchée font cohabiter malencontreusement lourdeur et frénésie… » A la télévision il signera en 1988, après Fred Zinnemann, une nouvelle adaptation de la pièce de Robert Bolt « Un homme pour l’éternité ». Le cinéma semble moins l’intéresser ses dernières années, mais il compose un Richelieu inattendu dans les deux adaptations des « Trois mousquetaires » de Richard Lester, et il ose l’autodérision comme dans « Wayne’s world 2 », où il fait un cameo étonnant, de « bon comédien », engagé pour figurer… un pompiste ! Comme le rappelaient Coursodon et Tavernier sur « Major Dundee », film hélas mutilé, dans lequel il compose un major sudiste : « Ce libéral a fait preuve d’une dignité de grand seigneur en offrant son salaire à Peckinpah pour qu’il tourne une scène ». Il d’ailleurs aidé Orson Welles à se remettre en selle, en lui confiant la réalisation de « La soif du mal, un chef d’œuvre où Heston accepte, grimé en mexicain de se laisser voler la vedette par Welles lui même en adipeux Hank Quinlan, policier corrompu. Il est vrai que l’homme est assez complexe et contradictoire dans ses engagements, passant du soutien à des oeuvres humanitaires à un conservatisme républicain, virant au réactionnaire – son engagement en 1987 à « Pro-life », association anti-avortement à la fin de sa vie -. Il participe aussi à la marche pour les droits du peuple noir en 1963, pour soutenir Martin Luther King. Mais ces dernières années, il était membre de la « National rifle association », entachant son image ces derniers temps. Il fera toujours l’apologie des armes en feu et on le retrouve visiblement très malade, défendant ses positions dans le polémique film de Michael Moore « Bowling for Colombine » en 2002. Mais curieusement, à le voir ainsi diminué, on finit par se surprendre à s’attendrir sur lui devant l’acharnement du réalisateur. On le retrouve d’ailleurs dans un clin d’œil ironique en singe belliqueux mourant, selon Antoine de Baeque dans son livre sur Tim Burton (Éditions des Cahiers du cinéma, 2007) : « …méconnaissable en vieux singe déliquescent mais très incisif en parrain réactionnaire de National Rifle Association », puisqu’il lance , lors de sa courte scène , « un revolver vaut bien mille javelots ». Il meurt près de sa femme, la comédienne, Lydia Clarke qu’il avait épousé en 1944. Il formèrent un couple durable, une longévité assez rare dans l’histoire du cinéma américain. La maladie d’Alzheimer (1) « Stars 18 » hiver 93.
Charlton Heston en 1963, lors de la marche pour les droits du peuple noir.
Filmographie : 1941 Peer Gynt (David Bradley) – 1949 Julius Caesar (David Bradley) – 1950 Dark city (La main qui venge) (William Diertele) – 1951 The greatest show of earth (Sous le plus grand chapiteau du monde) (Cecil B. DeMille) – 1952 The savage (Le fils de Géronimo) (George Marshall) – Ruby Gentry (La furie du désir) (King Vidor) – 1953 The President’s lady (Sa seule passion / Le sel de la terre) (Henry Levin) – Pony Express (Le triomphe de Buffalo Bill / Belgique : Les cavaliers du Pony Express) (Jerry Hopper) – Arrowhead (Le sorcier du Rio Grande) (Charles Marquis Warren) – Bad for each other (Belgique : Éternels ennemis) (Irwing Rapper) – The naked jungle (Quand la Marabouta gronde) (Byron Haskin) – 1954 The secret of the Incas (Le secret des incas) (Jerry Hooper) – The far horizons (Horizons lointains) (Rudoph Maté) – 1955 Lucy Gallant (Une femme extraordinaire) (Robert Parrish) – The private war of Major Benson (La guerre privée du Major Benson / La petite guerre du major Benson) (Jerry Hopper) – 1956 The ten commandments (Les dix commandements) (Cecil B. DeMille) – Three violent people (Terre sans pardon) (Rudoph Maté) – 1957 The big country (Les grands espaces) (William Wyler) – 1958 Touch of evil (La soif du mal) (Orson Welles) – The buccaneer (Les boucaniers) (Anthony Quinn) – 1959 Ben-Hur (Id) (William Wyler) – The wreck of the Mary Dare (Cargaison dangereuse) (Michael Anderson) – 1960 El Cid (Le Cid) (Anthony Mann) – 1961 The pigeon that took Rome (Le pigeon qui sauva Rome) (Melville Shavelson) – 1962 Diamond head (Le seigneur d’Hawaii) (Guy Green) – 1963 Fifty-five days at Pekin (Les 55 jours de Pékin) (Nicholas Ray) – The greatest story ever told (La plus grande histoire jamais contée) (George Stevens) – Major Dundee (Id) (Sam Peckinpah) – 1965 The agony and the ecstasy (L’extase et l’agonie) (Carol Reed) – The war lord (Le seigneur de la guerre) (Franklin J. Schaffner) – 1966 Khartoum (Id) (Basil Dearden) – 1967 Think twentieth (Richard Fleischer, CM) – Counterpoint (La symphonie des héros) (Ralph Nelson) – Will Penny (Will Penny le solitaire) (Tom Gries) – Planet of the apes (La planète des singes) (Franklin J. Schaffner) – 1968 Rowan & Martin at the movies (Jack Arnold, CM) – Number one (Tom Gries) – 1969 The festival game (Tony Kinger & Michael Lytton, documentaire) – Beneath the planet of the apes (Le secret de la planète des singes) (Ted Post) – Julius Caesar (Jules César) (Stuart Burge) – The Hawaiians (Le maître des iles) (Tom Gries) – The omega man (Le survivant) (Boris Sagal) – 1971 Antony and Cleopatra (Antoine et Cléopâtre) (+ réalisation et adaptation) – Skyjacked (Alerte à la bombe) (John Guillermin) – 1972 The special London bridge special (David Winters, CM) – Soylent green (Soleil vert) (Richard Fleischer) – The call of the wild (L’appel de la forêt) (Ken Annakin) – 1973 The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four mustketeers (On l’appelait Milady) (Richard Lester) – 1974 Airpont 75 (747 en péril) (Jack Smight) – Earthquake (Tremblement de terre) (Mark Robson) – 1975 Midway (La bataille de Midway) (Jack Smight) – The last hard men (La loi de la haine) (Victor V. McLaglen) – 1976 Two minute warning (Un tueur dans la foule) (Larry Pearce) – 1977 The prince and the pauper / Crossed swords (Vidéo : Le prince et le pauvre) (Richard Fleischer) – Gray Lady Down (Sauvez le Neptune) (David Hreene) – 1979 The mountain men (La fureur sauvage) (Richard Lang) – 1980 The awakening (La malédiction de la vallée des rois) (Mike Newell) – 1982 Mother Lode (La fièvre de l’or) (+ réalisation) – 1985 The fantasy film world of Georges Pal (Arnold Leibovit, documentaire) – 1986 Directed by William Wyler (Aviva Slesin, documentaire) – 1990 Solar crisis / Kuraishisu niju-goju nen / Starfire (Alan Smithee [Richard C. Sarafian]) – Almost an angel (Un ange ou presque) (John Cornell) – 1991 Symphony for the spire (Mike Mansfield, documentaire) – 1993 Genghis Kahn (Ken Annakin) – Wayne’s world 2 (Id) (Stephen Surjik) – Tombstone (Id) (George Pan Cosmatos) – 1994 In the mouth of madness (L’antre de la folie) (John Carpenter) – True lies (True lies, le caméléon) (James Cameron) – A century of cinema (Caroline Thomas, documentaire) – 1995 Ben Johnson : Third cowboy on the right (Tom Thurman, documentaire) – 1996 Alaska (Fraser Clarke Heston) – Hamlet (Id) (Kenneth Branagh) – 1997 Off the menu : The last days of chasen’s (Shari Springer Berman & Robert Pulcini, documentaire) – 1998 Gideon’s webb (Gideon) (Claudia Hoover) – Forever Hollywood (Arnold Glassman & Todd McCarthy, documentaire) – 1999 An given sunday (L’enfer du dimanche) (Oliver Stone) – 2000 Town & country (Potins mondains et amnésie partielle) (Peter Chelsom) – Planet of the apes (La planète des singes) (Tim Burton) – The order / Jihad warrior (Sheldon Lettich) – Last party 2000 (Last party 2000 – La démocratie américaine dans tous ses états) (Rebecca Chaiklin & Donovan Leitch, documentaire) – 2002 Bowling for Columbine (Id) (Michael Moore, documentaire) – Papà Rua Alguem 5555 (Egidio Eronico) – Télévision : (notamment) : 1949 Studio one : Smoke (Paul Nickell) – Studio one : The outward room (Paul Nickell) – Studio one : Battleship Bismark (Paul Nickell) – Studio one : Of human bondage (Paul Nickell) – Studio one : Jane Eyre (Franklin J. Schaffner) – 1950 Studio one : The willow cabin (Paul Nickell) – The clock : The hypnotist (Fred Coe) – Studio one : The timing of the shrew (Paul Nickell) – Studio one : Wuthering Heights (Paul Nickell) – Studio one : Letter from Cairo (Lela Swift) – 1951 Studio one : Macbeth (Franklin J. Schaffner) – Studio one : A bolt of lightning (Paul Nickell) – 1952 Studio one : The wings of the dove (Franklin J. Schaffner) – 1955 Climax : Bailout at 43,000 Feet (John Frankenheimer) – 1957 Climax : The climax of captain Wirtz (Don Medford) -1961 Alcoa premiere : The fugitive eye (Herman Hoffman) – 1963 The patriots (George Schaefer) – 1983 Chiefs (Chronique policière) (Jerry London) – 1984 Nairobi affair (Sale affaire à Nairobi) (Marvin J. Chomsky) – 1995 Dynasty (Id) – 1985/1997 The Colbys (Les Colby) – 1987 Proud men (William A. Graham) – 1989 Original sin (Seule face au crime / Le péché du parrain) (Ron Satlof) 1989 A man for all seasons (un homme pour l’éternité) (+ réalisation) – The little kidnappers (Donald Shebib) – 1990 Treasure Island (L’île au trésor) (Fraser Clarke Heston) – The little kidnappers (Le secret des deux orphelins) (Donald Shebib) – 1991 Nostradamus : The man who saw tomorow – The crucifer of blood (Sherlock Holmes et la croix du sang) (Fraser C. Heston) – 1992 Crash landing : The rescue of flight 232 (Des héros par milliers) (Lamont Johnson) – 1994 SeaQuest DSV (SeaQuest, police des mers) : Abalon (Les Sheldon) – 1995 The avenging angel (Craig R. Baxley) – 1998 Friends (Id) : The one with Joey’s dirty day (Peter Bonerz) – 1999 Camino de Santiago (Robert Young) – 2000 The outer limits : Final appeal (Au-delà du réel – L’aventure continue) (Jim Kaufman). Voxographie : 1957 Many voices (récitant) – 1962 The five cities of June (Bruce Herschensohn, récitant) – 1965 The egyptologists (récitant) – 1966 While I run this race (Edmond Levy, récitant)) – 1967 Adventures of Mowgli / Maugli (Roman Davidov, récitant) – 1968 The movie experience : A matter of choice (Tracy Ward, récitant) – 1969 Rod Laver’s Wimbledon (Michael Seligman, récitant) – King : A filmed record… Montgomery to Memphis (Joseph L. Mankiewicz & Sidney Lumet, documentaire, récitant) – 1975 The fun of your life (John J. Hennesy, voix du récitant) – 1976 Amercia at the movies (Il était une fois l’Amérique) (George Stevens Jr., documentaire, récitant) – 1988 Call from space (L’appel de l’espace) (Richard Fleischer, CM) – 1994 Texas (Richard Lang, TV, récitant) – 1996 The dark mist (Ryan Carroll, récitant) – Alaska : Spirit of the wild (George Casey, documentaire, récitant) – 1997 Hercules (Hercules) (Ron Clements & John Musker, récitant) – 1998 Bagpipe : Instrument of war (Patrick King, récitant) – Armageddon (Michael Bay, récitant) – 2000 Cats & dogs (Comme chiens et chats) (Lawrence Guterman) – 2003 Ben Hur (Bill Kowalchuk, animation, TV).
© Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)
CHARLTON HESTON UN ACTEUR REGRETTE
CETTE ANNEE LE 6 AVRIL NOUS AVONS PERDU UN GRAND ACTEUR CHARLTON HESTON QUI INCARNAIT MOÏSE ET BEN HUR NOUS A QUITTE SUITE A CETTE TERRIBLE MALADIE D ALTZHEIMER ET MEME 8 MOIS APRES NOUS PENSONS A LUI ET AUSSI SON EPOUSE SA FILLE ET SON FILS NOUS LUI RENDONS CET HOMMAGE POUR MONTRER A SES PROCHES QUE NOUS NE L OUBLIERONS JAMAIS ET IL EST TOUJOURS DANS NOS PENSEES. QUAND ILETAIT DE CE MONDE MEME QU IL ETAIT MALADE JE LUI AI ECRIT AVEC MON MARI ET IL NOUS AVAIT ENVOYE SA PHOTO QUI EST ACCROCHE AU MUR DE NOTRE SALON.
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