Annonce de la mort de Sydney Pollack, dans la nuit de lundi à mardi, à Los Angeles, des suites d’un cancer à l’âge de 73 ans. Sur ses méthodes de travail notamment pour le scénario et sur son parcours de réalisateur, l’analyse de référence reste celle de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans l’indispensable « 50 ans de cinéma américain ». Il débute au comme réalisateur au cinéma avec « Trente minutes de sursis » en 1965, avec Sydney Poitier en étudiant bénévole dans un centre d’aide aux désespérés, qui tente de sauver en ligne une suicidaire interprétée par Anne Bancroft. Il débute ensuite une collaboration fructueuse de films avec Robert Redford, de 7 films. Dans « Propriété interdite » (1966), il interprète un homme chargé de licencier des ouvriers d’une société de chemins de films, en pleine crise économique dans les années 30. Il tombera amoureux de la jeune Alva – Natalie Wood éblouissante -, la fille des propriétaires de l’hôtel où il réside. Il tourne ensuite avec Burt Lancaster dans « Chasseur de scalp » où il l’utilise en trappeur, et dans « Un château en enfer », où il campe un officier américain durant la seconde guerre mondiale investissant un château des Ardennes dans une ambiance presque fantastique. Il signe une belle adaptation du roman d’Horace Mc Coy avec « On achève bien les chevaux », montrant la tragique exploitation de la dépression aux Etats-Unis avec un marathon de danse, avec Michael Sarrazin et Jane Fonda. Dans « Jeremiah Johnson » (1972), préfiguration du récent « Into the wild » de Sean Penn, Redford, qui participe également au scénario, joue le rôle titre d’un homme vivant en 1850, choisissant de s’isoler en essayant de survivre dans les hostiles Montagnes Rocheuses. C’est un film d’une grande beauté formelle et une belle réflexion sur un citadin voulant fuir la barbarie des hommes, se retrouvant face à une nature tout aussi rude. « Nos plus belles années » est l’adaptation d’un roman à succès d’Arthur Laurents, mettant en scène la romance de Redford et Barbara Streisand, et racontant leur couple de 1937 à 1950, mais « La chasse aux sorcières » anti-communiste à Hollywood est aussi évoquée. « Les trois jours du Condor », toujours avec Redford, est une formidable réussite, un thriller et une ode au « quatrième pouvoir » qu’est le journalisme, avec un formidable Max Von Sydow. Il offre l’un des derniers grands rôles de Robert Mitchum dans « Yakuza », en enquêteur nippophile. Al Pacino est formidable dans « Bobby Deerfield », mélodrame trop sous-estimé en pilote automobile tombant amoureux d’une leucémique jouée par Marthe Keller. Paul Newman est également formidable dans « Absence de malice », en fils de truand injustement soupçonné et « Tootsie » malgré une improbable composition de Dustin Hoffman reste un film qui a beaucoup de charme. Si certaines de ses oeuvres déçoivent – « Le cavalier électrique », « Sabrina » – pâle remake du film de Billy Wilder, « La firme » -, avec la mort de Sydney Pollack, c’est tout un âge d’or du cinéma américain qui part avec lui. Une œuvre foisonnante et lyrique, souvent d’un romanesque flamboyant – « Out of Africa », « Havana » – ce dernier étant à réévaluer -. Sur « L’interprète » voir l’humeur du moment ici. Mais il n’omet pas de donner un constat social des Etats-Unis – il avait abandonné en raison de sa maladie, la réalisation du téléfilm « Recount » sur la polémique en 2002, du recomtage de voix en Floride à l’éléction présidentielle américaine -, ou en faisant un documentaire plus intimiste sur l’architecte Frank Gehry. Il était excellent comme acteur également, dans « Maris et femmes » de Woody Allen, où marié à Judy Davis il annonce son intention de divorcer à un couple d’amis campé par Allen lui-même et Mia Farrow, cette annonce changera la donne pour les deux couples. Il remplace Harvey Keitel comme acteur sur le tournage de « Eyes wide shut », où il excelle dans un rôle particulièrement ambigu. Un tournage difficile avec ce perfectionniste de Kubrick, Pollack raconte dans le documentaire « A life in picture », avoir passé trois semaines dans une salle de billard pour une seule scène. On l’avait revu l’an dernier en dirigeant d’un grand cabinet d’avocats dans »Michael Clayton ». Michèle Leon a signé un excellent livre à son sujet « Sydney Pollack » (Éditions Pygmalion / Gérard Watelet, 1991), où le réalisateur s’exprime sur ses films, comportant un témoignage du très discret Robert Redford sur leur amitié commune. Annonce également de la mort de Christine Fersen qui était la doyenne de la Comédie Française.
Filmographie : Comme réalisateur : 1961 Cain’s Hundred : King of the mountain (TV) – 1962 The Alfred Hitchcock hour : The black curtain (TV) – 1962/1963 Ben Casey (10 épisodes) – 1963 The Alfred Hitchcock hour : Diagnosis danger (TV) – The fugitive : Man on a String (TV) – The defenders : kill or be killed (TV) – 1964 Slattery’s people : What became ot the white tortilla ? (TV) – 1965 The slender thread (Trente minutes de sursis) – 1966 This propriety is condemned (Propriété interdite) – 1967 The scalphunter (Les chasseurs de scalps) – The swimmer (Frank Perry) [réalisation d’une scène avec Janice Rule] – 1968 Castle keep (Un château en enfer) – 1969 They shoot horses don’t they ? (On achève bien les chevaux) – 1972 Jeremiah Johnson (Id) – The way we were (Nos plus belles années) – 1974 The Yakuza (Yakuza) (+ production) – 1975 Three days of the condor (Les trois jours du condor) – 1976 Bobby Deerfield (Id) (+ production) – 1978 The electric horseman (Le cavalier électrique) – 1981 Absence of malice (Absence de malice) (+ production) – 1982 Tootsie (Id) (+ production) – 1985 Out of Africa (Out of Africa, souvenirs d’Afrique) – 1990 Havana (Id) (+ production) – 1993 The firm (La firme) (+ production) – 1995 Sabrina (Id) (+ production) – 1999 Random hearts (L’ombre d’un soupçon) (+ production) – 2000/2005 Sketches of Frank Gehry (Esquisses de Frank Gehry) (documentaire, + directeur de la photographie) – 2004 The interpreter (L’interprète) (+ producteur exécutif) – Comme acteur : (notamment) 1959 Playhouse 90 : From whom the bells tolls (John Frankenheimer, TV) – Brenner : Family man (TV) – 1960 Alfred Hitchcock presents (Alfred Hitchcock présente) : The countest for Aaron Gold ((Norman LLoyd, TV) – The twillight zone : The trouble with Templeton (Buzz Kulik, TV) – 1962 War hunt (La guerre est aussi une chasse) (Denis Sanders) – 1969 The moviemakers (Jay Anson, CM documentaire) – 1972 The saga of Jeremiah Johnson (Elliot Geisinger, CM documentaire) – 1978 The electric horseman (Le cavalier électrique) (+ réalisation) – 1982 Tootsie (Id) (+ réalisation) – 1991 The player (Id) (Robert Altman) – 1992 Husbands and wives (Maris et femmes) (Woody Allen) – Death becomes her (La mort vous va si bien) (Robert Zemeckis) – 1997 A civil action (Préjudice) (Steven Zaillian) – 1998 Eyes wide shut (Id) (Stanley Kubrick) – 1999 Random hearts (L’ombre d’un soupçon) (+ réalisation) – 2000 Lost Angeles (Eckhart Schnidt, documentaire) – Stanley Kubrick : A life in pictures (Stanley Kubrick, une vie en images) (Jan Harlan, documentaire) – The majestic (Id) (Frank Darbont, voix seulement) – 2001 Changing lanes (Dérapages incontrôlés) (Roger Michell) – 2002 Charlie : The life and art of Charles Chaplin (Richard Schickel, voix du récitant) – 2003 A decade under the influence (Une décennie sous influence) (Ted Demme Richard LaGravenese, documentaire) – 2004 The last mogul : Life and times of Lew Wasserman (Barry Avrich, documentaire) – The interpreter (L’interprète) (+ réalisateur) – 2005 The needs of Kim Stanley (Dani Minnick, documentaire) – Cineastas contra magnates / Cineastes en accio (Carlos Benpar, documentaire) – Fauteuils d’Orchestre (Danièle Thompson) – 2006 Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – Boffo ! Tinseltown’s bombs and blockbusters (Bill Couturié, documentaire) – 2007 The Sopranos : Stage 5 (Alan Taylor, TV) – Comme producteur ou producteur exécutif seulement : 1980 On the road again / Honeysuckle Rose (Show bus) (Jerry Schatzberg) – 1983 Songwriter (Alan Rudolph) – 1984 Sanford Meisner : The american theatre’s best kept secret (Nick Doob, documentaire) – 1987 Bright lights, big city (Les feux de la nuit) (James Bridges) – 1989 The fabulous Baker Boys (Susie et les Baker Boys) (Steve Kloves) – Presumed innocent (Présumé innocent) (Alan J. Pakula) – 1990 White palace (La fièvre d’aimer) (Luis Mandoki) – King Ralph (Ralph super king) (David S. Ward) – Dead again (Id) (Kenneth Branagh) – 1991 Leaving normal (Edward Zwick) – 1993 Searching for Bobby Fischer (À la recherche de Bobby Fischer) (Steven Zaillian) – Flesh and Bone (Id) (Steve Kloves) – 1994 Sense and sensibility (Raison et sentiments) (Ang Lee) – 1997 Sliding doors (Pile & face) (Peter Howitt) – 1999 The talented Mr. Ripley (Le talentueux Mr. Ripley) (Anthony Minghella) – Up at the villa (Il suffit d’une nuit) (Philip Haas) – 2000 Blow dry (Coup de peigne) (Paddy Breathnach) – Birthday girl (Nadia) (Jez Butterworth) – 2001 Iris (Richard Eyre) – 2002 The quiet american (Un américain bien tranquille) (Phillip Noyce) – Heaven (Id) (Tom Tykwer) – Cold Mountain (Retour à Cod Mountain) (Anthony Minghella) – 2003 In the name of love (Shannon O’Rouke, documentaire) – 2004 Forty shades of Blue (Ira Sachs) – 2005 Breaking and entering (Par effraction) (Anthony Minghella) – 2006 Catch a fire (Au nom de la liberté) (Phillip Noyce) – Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – 2007 Made of honor (Le témoin amoureux) (Paul Weiland) – Leatherheads (Jeux de dupes) (George Clooney) – The n° 1 ladies detective agency (Anthony Minghella) – 2008 Recount (Jay Roach, TV) – Margaret (Kenneth Lonergan) – The reader (Stephen Daltry) – Divers : 1961 The young savages (Le temps du châtiment) (John Frankenheimer, dialogues) – 1985 Nine 1/2 weeks (9 semaines 1/2) (Adrian Lyne, consultant technique).
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Commentaires
Pollack, ben, euh…
Je n’arrive pas à penser à un seul de ses films qui soit vraiment singulier (je ne dis même pas « personnel »), mais Condor et sa fin superbe qui rappele celle de Je Suis Un Fugitif, est un bon polar, de même que Yakuza, et Tootsie m’avait fait rire à l’époque, mais je n’oserais pas le revoir.
Tu noteras que Coursodon-Tavernier est terriblement sévère, finalement, disant que les films suivant Bobby Deerfield sont nettement moins personnels, or Deerfield date de 1977! Ils ne mettent en avant que Propriété Interdite, 1966, et Africa!
Quand on se souvient de, en vrac, La Firme, L’Interprète, J Johnson (oui, je sais, y’a des beaux paysages…), Nos Plus Belles Années, Cavalier Electrique, Absence de Malice, Les Chasseurs de Scalp (aïe!), Château en Enfer (aîe-aïe-aïe!), Havana, Sabrina (non, là, il aurait pu s’abstenir…)…. J’ai pas vu Out Of Africa…
Mais j’ai l’impression que toute sa carrière peut se décrire sous ces quelques mots : « Peut mieux faire… ».
Désolé, je me rattraperai en disant que l’homme était terriblement sympathique, loin de la tête de lard mégalo type De Palma…
Posté par Gashade, 01 juin 2008 à 18:52
on achève bien les chevaux … restera un de mes films préférés.
Posté par véro, 03 juin 2008 à 00:39
Bonjour Coinducinephage, un grand monsieur du cinéma vient de disparaître. C’est une grande perte pour le cinéma mondial. S Pollack savait faire du cinéma populaire et il n’y a avait pas l’ombre d’une vulgarité. Et quels grands films et quels acteurs! Je suis très triste.
Posté par dasola, 06 juin 2008 à 15:28
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