Série noire pour le monde du doublage avec la mort de Lita Recio, voir le journal de Les gens du cinéma et le forum de la Gazette du doublage. Elle était la voix d’Endora – inoubliable Agnes Moorehead – dans « Ma sorcière bien aimée » notamment. On l’avait vu il y a peu au cinéma dans son propre rôle dans « Une pure coïncidence » faux documentaire de son petit fils Romain Goupil.

Annonce également de la mort du réalisateur Henri Colpi. Il débute comme l’un des plus célèbres monteurs du cinéma français – « Le mystère Picasso », « Hiroshima mon amour, etc… ». On lui devait « Une aussi longue absence » (1960), qui est le plus beau rôle de Georges Wilson, en clochard amnésique qui ne reconnaît pas son ancienne femme, une patronne de bistrot – admirable Alida Valli -, et « Heureux qui comme Ulysse », dernier rôle de Fernandel traversant la Provence avec son cheval. On lui doit une adaptation plaisante de « L’île mystérieuse » pour la TV, dont une version courte a été diffusé en salles, avec Jess Hahn, Gérard Tichy et Omar Sharif en capitaine Némo, et quelques feuilletons dans les années 60-70. A noter qu’il avait monté dans les années 80, le film de 1922 d’André Antoine : « L’hirondelle et la mésange » resté inédit. Un artisan trop discret comme le disait René Prédal sur l’article qui suit.

ARTICLE – CINÉMA 80 N°262 [Octobre 80] Par René Prédal Monteur d’Alain Resnais et metteur en scène d’un scénario de Marguerite Duras « Un aussi longue abscence », Henri Colpi fut rangé d’emblée dans le courant contesté d’un certain cinéma littéraire français. Ses qualités personnelles sont pourtant originales mais hélas peu commerciables : attention, chaleur, pudeur, c’est-à dire le refus du brio, des thèmes à la mode et du style dans le vent. Dès lors, ses films ont un air désuet avant même d’être sortis mais touchent toujours par la justesse de leur regard et par les qualités humaines des personnages mis en scène. Tourné en Roumanie, « Codine », est sans doute son chef d’oeuvre, mais on retrouve dans « Mona », une poésie aussi prenante et dans « Heureux qui comme Ulysse la même adéquation du personnage au milieu naturel. Il est proprement révoltant de voir Colpi réduit depuis plus de 10 ans à jouer les conseillers techniques « Bilitis, de David Hamilton, 1976 » ou à devoir se contenter d’une participation à une coproduction cinéma-télévison « L’île mystérieuse co-réalisé avec Juan Antonio Bardem en 1973 », malgré la grande estime dont il jouit au sein de toute la profession. En fait, c’est sa modestie sincère qui constitue aujourd’hui son plus sérieux handicap.

Filmographie : 1960 Une aussi longue absence; 1962  Codine; 1965  Mona, l’étoile sans nom; 1969 Heureux qui comme Ulysse; 1972  L’île mystérieuse [co-réalisation avec Juan Antonio Bardem + version TV]. Télévision : 1969  Fortune; Thibaud ou les croisades [saison 2]; 1970-1971  Noëlle aux quatre vents; 1975  Le pèlerinage; 1977  Bergeval père et fils; 1982  Le château de l’Amaryllis.