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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jack Palance

Annonce de la mort d’une légende : Jack Palance à l’âge de 87 ans, hier dans sa maison en Californie. D’origine ukrainienne, Vladimir Palahnuik, est né à Latimer dans une petite cité minière, en 1919. C’est tout naturellement qu’il devient mineur, avant de devenir boxeur en amateur, catégorie poids lours, on imagine que mesurant 1,93 m, il devait être très impressionnant. Son nez connaîtra quelques fractures. Il s’engage dans l’armée de l’air quand l’armée américaine entre dans la seconde guerre mondiale. Démobilisé en 1944, et le visage gravement blessé lors d’un raid aérien, il s’inscrit aux cours d’art dramatique de l’université Stanford de Palo Alto. C’est le comédien Robert Montgomery qui le fait débuter dans « The big two ». L’éloge du comédien n’est plus à faire du gangster malade dans « Panique dans la rue » (Elia Kazan, 1950), un acteur projetant d’assassiner Joan Crawford dans « Le masque arraché » (David Miller, 1952), le tueur aux gants noirs dans « L’homme des vallées perdues » (George Stevens, 1953) – rôle caricaturé par Morris dans sa BD « Lucky Luke » – , l’acteur qui se remet en question dans « Le grand couteau » (Robert Aldrich, 1955),  Le producteur colérique dans « Le mépris » (Jean-Luc Godard, 1963), Un bandit mexicain au cœur tendre, amoureux de Claudia Cardinale, dans « Les professionnels » (Richard Brooks, 1966). Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier parlait de lui comme acteur de premier plan dans « 30 ans de cinéma américain » (Éditions C.I.B., 1970). Selon eux : « …Ses meilleurs rôles jouent sur le contraste entre sa force, sa présence physique, qui peut donner aux affrontements une violence, une brutalité rarement atteintes, et l’impuissance dans laquelle le placent des situations ironiques… ». Son physique en « lame de couteau », l’avait bien évidemment aussi prédisposé à jouer quelques monstres, d’Attila, dans « Le signe du Païen » (Douglas Sirk), Jack L’éventreur dans « Le tueur de Londres » (Hugo Fregonese, 1954), ou Dr. Jekyll et Mister Hyde, sans oublier Dracula, pour la télévision. Après quelques années où on ne le retrouve qu’à la télévision et dans quelques séries Z, il revient en force dans son rôle d’ancien décorateur d’Hollywood qui se réfugie dans le désert pour peindre, avec « Bagdad café » (1987). Il connaît la consécration avec son rôle de cow-boy de légende, avec beaucoup d’ironie dans « La vie, l’amour…, les vaches » (Ron Underwood, 1991), pour lequel il obtient l’oscar de meilleur second rôle – il retrouvera son personnage mort dans la précédente version dans « L’or de Curly » (Paul Weiland, 1994). Un des derniers grands d’Hollywood avec Richard Widmark et Kirk Douglas. Le premier souvenir qui m’est venu à l’esprit, sont ces célèbres « pompes » montrant la santé de cet acteur à la remise de son oscar. Désormais, il ne semble plus y avoir d’acteurs de cette trempe, dans le style « Bigger than life ».

Bibliographie :  Stars N°36/37 (Éditions Grand Angle, 2000).

Filmographie : 1950  Panic in the streets (Panique dans la rue) (Elia Kazan) – Halls of Montezuma (Okinawa) (Lewis Milestone) – 1952  Sudden fear (Le masque arraché) (David Miller) – 1953  Shane (L’homme des vallées perdues) (George Stevens) – Second chance (Passion sous les tropiques) (Rudolph Maté) – Flight to Tangier (Vol sur Tanger) (Charles Marquis Warren) – Arrowhead (Le sorcier du Rio Grande) (Charles Marquis Warren) – 1954  Man in the attic (Le tueur de Londres) (Hugo Fregonese) – Sign of the Pagan (Le signe du païen) (Douglas Sirk) – The silver chalice (Le calice d’argent) (Victor Saville) – 1955  Kiss of fire (El Tigre) (Joseph M. Newman) – The big kife (Le grand couteau) (Robert Aldrich) – I died a thousand times (Le peur au ventre) (Stuart Heisler) – 1957  Attack ! (Attaque !) (Robert Aldrich) – 1957  The lonely man (Jicop le proscrit) (Henry Levin) – House of numbers (La cage aux homes) (Russell Rouse) – Flor de Mayo (Roberto Gavaldón) – 1958  The man inside (Signes particuliers : Néant) (John Gilling) – Ten seconds to hell (Tout près de Satan) (Robert Aldrich) – 1959  Austerlitz (Abel Gance) – 1961  I Mongoli (Les Mongols) (André De Toth) – The Barbarians (Rewak, le rebelle) (Rudolph Maté) – La Guerra continua (La dernière attaque) (Leopoldo Savona) – Il giudizio universale (Le jugement dernier) (Vittorio de Sica) – 1962  Barabba (Barabbas) (Richard Fleischer) – Rosmunda e Alboino (Le glaive du conquérant) (Carlo Campogalliani) – 1963  Il criminale (Marcello Baldi) – Le mépris (Jean-Luc Godard) – Paparazzi (Jacques Rozier, CM) – Témoignages sur Bardot et Godard : Le parti des choses (Jacques Rozier, documentaire, CM) – 1964  Begegnung mit Fritz Lang (Peter Fleishmann, documentaire, CM) – 1965  Once a thief (Les tueurs de San Francisco) (Ralph Nelson) – 1966  The professionals (Les professionnels) (Richard Brooks) – 1967  The spy in the green hat (L’espion au chapeau vert) (Joseph Sargent & Henry W. George) – Kill a dragon (Trafic dans la terreur) (Michael Moore) – Torture garden (Le jardin des tortures) (Freddie Francis) –  1968  Che ! (Che) (Richard Fleischer) – Las Vegas 500 milliones (Les hommes de Las Vegas) (Antonio Isasi-Isasmendi) – Marquis de Sade : Justine / Justine / Justine : le disavventure della virtù (Les infortunes de la vertu) (Jésus Franco) – 1969  La legione dei dannati (La légion des damnés) (Umberto Lenzi) – L’urlo dei giganti (Pas de pitié pour les héros) (Henry Mankiewickz [=León Klimovsky] ) – The desperados (La haine des desperados) (Henry Levin) – Il mercenario (Le mercenario) (Sergio Corbucci) – 1970  Monte Walsh (William A. Fraker) – The horsemen (Les cavaliers) (John Frankenheimer) –  ¡ Vamos  a matar, compañeros ! (Companeros) (Sergio Corbucci) – The McMasters (Le clan des McMasters) (Alf Kjellin) – 1971  Chato’s land (Les collines de la terreur) (Michael Winner) – 1972  Te Deum (Enzo G. Castellari) – And so ends (Robert Young, voix du récitant) – Si  può  fare… amigo  (Amigo !… mon  colt  à  deux  mots  à te dire) (Maurizio Lucidi) – Blu Gang / Blu gang e vissero per sempre felici e ammazzati (Luigi Bazzoni) – 1973  Imagine (John Lennon & Yoko Ono) – Okahoma crude (L’or noir de l’Oklaoma) (Stanley Kramer) – Craze (Vidéo : Mystic Killer) (Freddie Francis) – Dracula (Dracula et ses femmes vampires) (Dan Curtis, TV, distribué en salles en Europe) – 1974  Il richiamo del lupo (Gianfranco Baldanello) – The four deuces (William K. Bushnell) – 1975  Africa Express (Michele Lupo) – L’infermiera (Défense de toucher) (Nello Rossatti) – Squadra antiscippo (Flics en jeans) (Bruno Corbucci) – 1976  Diamante Lobo / God’s gun (Les impitoyables) (Frank Kramer [=Gianfranco Parolini] ) – Safari express (Les sorciers de l’île aux singes) (Duccio Tessari) – Sangue di sbirro (Pour un dollar d’argent) (Alfredo Brescia) – Eva nera (Voluptueuse Laura) (Joe d’Amato) – I padroni della città (Mister Scarface) (Fernando Di Leo) – 1977 Welcome to blood city (Peter Sasdy)– Take off (Hardy Krüger) – Jim Buck / Portrait of a hitman (Allan A. Buckhantz) – 1978  Seven from heaven (Sept filles en or) ((Greydon Clark) – One man jury, dead on arrival (Flic, juge et bourreau) (Charles Martin) – 1979  Unknown powers (Don Como, documentaire) – The shape of things to come (George McCowan) – Cocaine Cowboys (Ulli Lommel) – 1980  Hawk the slayer (Terry Marcel) – Without warning (Terreur extra terrestre) (Greydon Clark) – 1982  Alone in the dark (Jack Sholder) – 1984  George Stevens : A filmaker’s journey (George Stevens Jr., documentaire) – 1987  Gor (Fritz Kiersh) – Out of Rosenheim (Badgad Café) (Percy Adlon) – Outlaw of Gor (John Bud Cardos) – 1988  Young guns (Id) (Christopher Cain) – 1989  Batman (Id) (Tim Burton) – Tango & Cash (Id) (Andrei Konchalovsky & Albert Magnoli) – 1990  Solar crisis / Kuraishisu niju-goju nen (Richard C. Sarrafian) – 1991  Legend of the West (John Bud Cardos, documentaire) – City slickers (La vie, l’amour… les vaches) (Ron Underwood) – 1992  Eli’s lesson (Peter D. Marshall, MM) – 1993  Cyborg 2 : Glass shadow (Cyborg 2) (Michael Schroeder) – 1994  Cops and Robbersons (Les nouveaux associés) (Michael Ritchie) – City slickers II : The legend of Curly’s gold (L’or de Curly) (Paul Weilland) – The swan princess (Le cygne et la princesse) (Richard Rich, animation, voix) – 1996  War games (Ken Pisani, documentaire, voix du récitant) – 1997  The incredible adventures of Marco Polo (George Erschbamer) – 1998  Treasure Island (L’île au trésor) (Peter Rowe).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Tina Aumont

 

Annonce de la mort de la comédienne Tina Aumont, à l’âge de 60 ans, samedi dernier d’une embolie pulmonaire. Elle était la fille de Jean-Pierre Aumont et de Maria Montez. Son père l’éleva avec Marisa Pavan, après la tragique mort accidentelle de sa mère dans une baignoire, Elle débute au cinéma sous le nom de Tina Marquand après avoir épousé le comédien Christian Marquand en 1963. Le cinéma italien des années 60, se l’arrache, elle tournera une singulière adaptation de « Carmen » de Prosper Mérimée, transformé en western : « L’homme, l’orgueil, la vengeance », avec Franco Nero et Klaus Kinski. « La saison cinématographique » de 1975, n’est d’ailleurs pas très tendre avec elle sur ce film : « …La Carmen interprétée par Tina Aumont est par contre décevante : l’actrice a l’âge de son rôle, mais elle manque de personnalité et on sent moins dans son jeu la passion fantasque de la gitane que les caprices d’une enfant gâtée »… Mais elle devient l’une des icônes des années 60-70,  avant de trouver un rôle important chez Bernardo Bertolucci dans « Partner » en 1968, avec Pierre Clémenti, sur de la schizophrénie à l’adolescence. Mais malgré des cinéastes prestigieux comme Federico Fellini, Roberto Rosselini – elle joue la femme adultère dans « Le Messie », ou Francesco Rosi, c’est surtout le cinéma bis qui la sollicite. Elle aura une traversée du désert, sa carrière étant brisée pour possession de drogue à la fin des années 70. Elle rentre en France, et a du mal à retrouver le vedettariat. Elle tourne avec Philippe Garrel, avant de retrouver de petits rôles, souvent d’ailleurs dans des rôles de prostituées. Les cinéphiles auront le souvenir d’une grande tristesse dans son beau regard.

Filmographie, établie avec Christophe Bier : 1965  Modesty Blaise (Id) (Joseph Losey) – La curée (Roger Vadim) – 1966  Texas across the river (Texas, nous voilà) (Michael Gordon) – 1967  Troppo per vivere… poco per morire (Qui êtes-vous inspecteur Chandler ?) (Michele Lupo) – L’ uomo, l’ orgoglio, la vendetta (L’homme, l’orgueil et la vengeance) (Luigi Bazzoni) – Scusi, lei è favorevole o contrario ? (Alberto Sordi) – 1968  Satyricon (Gian Luigi Polidoro) – Partner (Id) (Bernardo Bertolucci) – L’alibi (Vittorio Gassman, Adolfo Celi & Luciano Luciganini) – L’urlo (Tinto Brass) – 1969  Le lit de la vierge (Philippe Garrel) – Come ti chiami, amore moi (Umberto Silva) – Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova Veneziano (Casanova, un adolescent à Venise) (Luigi Comencini) – Trapianto, consuzione e morte di Franco Brocani (Mario Schifano, film underground) – 1970  Metello (Id) (Mauro Bolognini) – Necropolis (Franco Brocani) – Corbari (Le dernier guet-apens) (Valentino Orsini) – 1971  Il sergente Klems (Sergent Klems) (Sergio Grieco) – Bianco, rosso e… (Une bonne planque) (Alberto Lattuada) – 1972  Racconti proibiti… di niente vestiti (Brunello Rondi) – Arcana (Giulio Questi) – Malizia (Malicia) (Salvatore Sampieri) – Blu Gang / Blu gang e vissero per sempre felici e ammazzati (Luigi Bazzoni) – 1973  I corpi presentano tracce di violenza carnale (Sergio Martino) – Storia de fratelli e de cortelli (Mario Amendola) – 1974  Lifespan (Le secret de la vie) (Sandy Whitelaw) – Les hautes solitudes (Philippe Garrel) – Fatti di gente per bene (La grande bourgeoise) (Mauro Bolognini) – Il trafficone (Bruno Corbucci) – Divina creatura (Divine créature) (Giuseppe Patroni Griffi) – 1975  Il Messia (Le Messie) (Roberto Rosselini) – Salon Kitty (Id) (Tinto Brass) – Il Casanova di Fellini (Casanova) (Federico Fellini) –  1976  Cadaverri eccelenti (Cadavres exquis) (Francesco Rosi) – Giovannino (Paolo Nuzzi) –  La Principessa nuda (La Princesse nue / Parties déchaînées) (Cesare Canevari) – A matter of time (Nina) (Vincente Minelli) – 1977  Un cuor semplice (Giorgio Ferrara) – Le rouge de Chine (Jacques Richard) – 1978  Una splendide giornata per morire / Titre reprise 1980 : Holocaust parte seconda : I ricordi, i deliri, la vendetta (Subliminal) (Angelo Pannaccio) – Fratello crudelle (Mario de Rosa, inédit) – 1979  La bande du Rex (108-13 [Jean-Henri Meunier]) – 1982  Rebelote (Jacques Richard) – 1985  Cinématon N° 509 (Gérard Courant, CM) – 1986  Les frères Pétard (Hervé Palud) – 1991  Sale comme un ange (Catherine Breillat, rôle coupé au montage) – 1993  Dinosaur from de deep (N.G. Mount [Norbert Moutier] , vidéo) – 1995  Nico Icon (Id) (Susanne Ofteringer, documentaire) – Les deux orphelines vampires (Jean Rollin) – 1997  Le marquis de Slime (Quelou Parente, CM) – Cantique de la racaille (Vincent Ravalec) – 1999  Giulia (Roy Stuart) – La mécanique des femmes (Jérôme de Missolz).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

MORT DE GILLO PONTECORVO

img185/4028/gillopontecorvozr5.jpg Annonce de la mort du cinéaste Gillo Pontecorvo, hier à Rome, réalisateur engagé s’il en fut. La redécouverte de deux ses films « La bataille d’Alger » et « Kapò » en salles ou en DVD, montrait un metteur en scène confiant aux émotions déclenchées par la fiction, avec une évidente sincérité. Né à Pise en 1959, il fut journaliste tout en suivant des études de chimie, avant de devenir un passionné de cinéma après avoir vu « Paisà » (Roberto Rossellini, 1946), chef d’œuvre du néoréalisme italien. Il débute comme assistant chez Yves Allégret et Joris Ivens rencontré à Paris, avant de rentrer en Italie tourner avec Steno « Le infedeli / Les infidèles » (1952), et Mario Monicelli « Totò et Carolina ». Comme réalisateur il signe notamment « La lunga strada azzura / Un nommé Squarcio » (1957), avec Yves Montand et Alida Valli, histoire du destin de trois pêcheurs sur les côtes de l’Adriatique. Puis vint le très controversé « Kapò » (1959), de part sa représentation d’un camp de concentration de l’Europe de l’Est. Ce film avait fait l’objet d’un article célèbre de Jacques Rivette, intitulé « De l’abjection », dans le Cahier du cinéma N°120 (1961), où il déclarait « l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, […] cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris« . Cet article a eu une grande influence pour Serge Daney – qui ne vit jamais ce film ! -, relaté dans son article « Le travelling de Kapò ». Le film reste discutable, sur le grand problème de la représentation de la « Shoah », à l’écran, mais on apprend dans un des bonus du DVD paru en 2006, qu’une romance entre Susan Strasberg et Laurent Terzieff, lui a été imposée par la production. Plus probant fut « La battaglia di Algeri / La bataille d’Alger », relatant l’insurrection algéroise de 1954 et qui fut interdit en France en 1966. La mise en scène était si saisissante, il avait tourné dans Alger avec les témoins ce haut fait historique, que beaucoup crurent à l’utilisation d’images d’archives. On se souvient dans ce film d’une subtile utilisation d’acteurs non-professionnels face au saisissant Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu, chef des « paras ». Il obtient avec « Queimada », sur les méfaits du colonialisme, la consécration internationale. Dans le rôle de Sir William Walker, un envoyé par le gouvernement anglais dans une possession portugaise dans « Les Caraïbes », afin de s’occuper du commerce de la Cannes à sucre, Marlon Brando excelle. Enfin en 1979, avec « Ogro »  film franco-italien avec Gian-Maria Volonté en terroriste basque et Nicole Garcia, il évoque l’enlèvement d’un haut personnage du gouvernement espagnol par l’E.T.A. Il avait participé à quelques films collectifs, sur la situation politique italienne comme dans : « 12 dicembre » (1972) ou « L’addio a enrico berlinguer » (1984) et « Un mondo diverso è possibile » (2001).  Pour reprendre la citation du site de la chaîne Arte, il déclarait au « Guardian » en 1983, « Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs italiens », citation reprise par les grands médias, mais qui ne sitent pas leur source, par un panurgisme béat.

ARTICLES : LE MONDE DU 13/10/06 ET DU 15/10/2006

Le réalisateur de « La Bataille d’Alger », Gillo Pontecorvo, est mort

L’Italien Gillo Pontecorvo, décédé jeudi 12 octobre à Rome à l’âge de 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma comme l’auteur de La Bataille d’Alger, un film controversé couronné en 1966 par le Lion d’or à Venise mais longtemps interdit de diffusion en France. Le scénario, signé Franco Solinas, est inspiré du récit d’un des chefs militaires du FLN à Alger, Yacef Saadi. Tourné avec des non-professionnels (excepté Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu à la tête des parachutistes français), La Bataille d’Alger traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les paras français et les hommes du FLN. Et montre notamment l’usage de la torture d’un côté et les attentats aveugles de l’autre, avec un réalisme tel que le film évoque davantage le genre documentaire que la fiction. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 mais est très vite retiré des écrans. Il ne ressort en France qu’en 2004, presque quarante ans après sa réalisation. De la filmographie de Gillo Pontecorvo, on retiendra Kapo (1959) qui raconte l’histoire d’une jeune fille juive internée dans un camp de concentration et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis, Queimada (1971), avec Marlon Brando, qui évoque le colonialisme, dans les Antilles du XIXe siècle, et Ogro (1979) qui traite du terrorisme à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin d’une dictature. Autant de films qui disent l’engagement du cinéaste, qui parlait de lui-même en ces termes, dans un entretien au Guardian : « Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche. »

Gillo Pontecorvo, par Jean-Luc Douin

Le cinéaste italien Gillo Pontecorvo est mort à Rome, jeudi 12 octobre, à l’âge de 86 ans.

Né à Pise le 19 novembre 1919, scientifique de formation, puis journaliste, Gillo Pontecorvo décide de faire du cinéma en voyant Païsa de Roberto Rossellini (1946). Lorsqu’il ne signe pas des documentaires, il sera obsédé toute sa vie par le souci de réaliser des images ressemblant le plus possible à des documents d’actualité. Giovanna (1956), moyen métrage, relate une grève de femmes dans une usine de tissus. Salué par la critique, son premier long-métrage (La Grande Route bleue, ou Un dénommé Squarcio, avec Yves Montand et Alida Valli, 1957) est un échec commercial. Le film est tiré d’un roman de Franco Solinas qui devient son scénariste de prédilection. Les deux hommes admirent le livre de Primo Levi, Si c’est un homme, et décident de tenter d’en transmettre l’esprit dans un film. Ce sera Kapo (1959), l’histoire d’une jeune juive internée dans un camp de concentration où elle devient l’auxiliaire des nazis. Solinas et Pontecorvo s’affrontent sur un point : le premier veut insérer une histoire d’amour dans cette évocation de l’infamie où peut sombrer une victime, et le second y est hostile. Franco Cristaldi, le producteur, trouve un compromis : Pontecorvo pourra consacrer les deux premiers tiers du film à montrer le quotidien dans un camp d’extermination, l’histoire d’amour n’arrivant qu’à la fin, pour symboliser la rédemption de l’héroïne. Désigné par Luchino Visconti comme le meilleur film de l’année, salué par Roberto Rossellini, Kapo représente l’Italie aux Oscars. Mais un article de Jacques Rivette paru dans le n°120 des Cahiers du cinéma (« De l’abjection » ) le discrédite à jamais aux yeux des cinéphiles français. Rivette y accuse Pontecorvo d’avoir transformé l’horreur des camps en spectacle, de l’avoir rendue supportable. Surtout, il s’en prend à un bref plan, celui où le personnage d’Emmanuelle Riva court se suicider en se jetant sur les barbelés électrifiés. « L’homme qui décide à ce moment de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée (…) n’a droit qu’au plus profond mépris. » Plus tard, Serge Daney fera de cet exemple son dogme.

SENTIMENT D’AUTHENTICITÉ : Atteint par cette polémique, Gillo Pontecorvo va prouver en 1966 qu’aussi maladroit soit le mouvement de caméra de Kapo incriminé, il ne mérite pas cette infamie. Couronné par le Lion d’or de Venise, La Bataille d’Alger relate l’insurrection des membres du FLN et la répression de l’armée française. Pontecorvo y dépeint les rues de la Casbah, la guérilla nationaliste, les attentats dans les cafés ou magasins, les tortures utilisées par les parachutistes pour démanteler les réseaux, avec un souci d’éviter les clichés. Ses images en noir et blanc filmées caméra sur l’épaule donnent un sentiment d’authenticité. Il fallut attendre 1970 pour que ce film financé par le gouvernement algérien soit projeté en France.

Les convictions communistes de Pontecorvo le pousseront à resigner un film anticolonialiste en 1971, Queimada (sur le mécanisme de l’oppression impérialiste aux Antilles, avec Marlon Brando). Dans Ogro (1979), il traite du terrorisme à travers l’attentat qui coûta la vie à un proche collaborateur de Franco. Directeur de la Mostra de Venise de 1992 à 1996, Gillo Pontecorvo avait déclaré en 1983 au Guardian : « Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de juifs italiens. »

Emmanuelle Riva dans « Kapò »

LIBÉRATION DU 14/10/2006

Gillo Pontecorvo, l’arme à gauche, par Antoine de Baecque

Cinéaste italien engagé, l’auteur de «la Bataille d’Alger» meurt à 85 ans.

Gillo Pontecorvo, mort jeudi à Rome à 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma à un double titre, qui en fait en France aussi bien un repoussoir pour cinéphiles qu’une icône politique de gauche. Il est à la fois le réalisateur de Kapo (1959), premier film occidental consacré à «remettre en scène» un camp d’extermination nazi, et de la Bataille d’Alger (1965), reconstituant l’un des épisodes les plus sombres de la guerre d’Algérie. Kapo a été dénoncé comme un film obscène. Ce que Jacques Rivette reproche au film, dans les Cahiers du cinéma de juin 1961, est moins son sujet, peinture terrible d’un camp de la mort, que sa forme : avoir reconstitué l’horreur avec un souci esthétique, l’extermination y devenant une chose «joliment filmée».  «Voyez dans Kapo, écrit Rivette en prenant à témoin son lecteur de l’abjection d’un passage où Emmanuelle Riva se suicide en se jetant sur les barbelés, l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris.» Cette phrase de Rivette détermine le point de vue éthique sur le cinéma d’une génération de critiques et cinéastes, qui se reconnaîtront dans un autre texte, de Serge Daney, comme un miroir, le Travelling de Kapo (in Trafic, automne 1992). En 1966, Pontecorvo reçoit le Lion d’or à Venise pour la Bataille d’Alger . Marqué par la guerre d’Algérie, il a travaillé avec Yacef Saadi (qui joue son propre rôle), chef militaire du FLN à Alger, à ce film basé sur ses souvenirs de combat. Tourné avec des non-professionnels (sauf Jean Martin, en colonel Mathieu), la Bataille d’Alger montre avec un réalisme sidérant la lutte pour la Casbah en 1957 entre paras et FLN. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 avant d’être retiré face aux menaces des nostalgiques de l’Algérie française. En 2003, considéré comme un modèle sur la guérilla urbaine, il est projeté au Pentagone en vue de préparer la guerre en Irak. Il ne ressort en France qu’en 2004. Pontecorvo, longtemps communiste, a toujours tourné à gauche : Giovanna (1956), sur une grève des femmes dans une usine textile, Queimada (1971), sur le colonialisme dans les Antilles du XIXe (avec Marlon Brando), Ogro (1979), sur la fin de la dictature de Franco, restant fidèle à sa devise : «Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de juifs italiens.» Mais il illustre aussi l’idée qu’un bon film de gauche est rarement un grand film tout court.

img291/8885/pontecorvocy0.jpg LE FIGARO DU 13/10/2006

Le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, décédé jeudi à Rome à 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma grâce à son film controversé sur la guerre d’Algérie, interdit de diffusion pendant près de 40 ans en France. Gillo Pontecorvo était reconnu comme l’un des plus grands réalisateurs italiens de l’après-guerre, deux fois candidat aux Oscars, et père de la « Bataille d’Alger ». Cinéaste engagé, Pontecorvo avait déclaré en 1983 au Guardian : «Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs Italiens.» Né à Pise en 1919, Gillo Pontecorvo se lance d’abord dans des études de chimie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme journaliste et messager pour le parti communiste italien. Une fois la paix signée, il devient correspondant à Paris de plusieurs journaux italiens. C’est alors qu’il voit « Paisa » de Rossellini : il abandonne aussitôt son métier de journaliste, achète une caméra et commence à tourner des courts métrages documentaires. Des films à caractère social – En 1956, « Giovanna » relate la grève des femmes dans une usine de tissus. L’année suivante, il tourne son premier long métrage, « La Grande route bleue » (La grande strada azzura), aussi exploité sous le titre «Un dénommé Squarcio». Cette adaptation d’une nouvelle de Franco Solinas, son scénariste de prédilection, décrit la vie difficile d’un petit village de pêcheurs où l’on voit notamment Yves Montand lutter pour nourrir sa famille. En 1959, « Kapo » narre l’histoire d’une jeune fille juive, internée dans un camp de concentration et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis. La controverse de la « Bataille d’Alger » – Fortement marqué par la guerre d’Algérie, Gillo Pontecorvo avait très vite songé à réaliser un long métrage sur le conflit, mais celui-ci ne voit le jour que trois ans après la fin des hostilités, lorsque Yacef Saadi, un des chefs militaires du FLN à Alger, lui propose l’idée d’un film basé sur ses propres souvenirs de combat. Tourné avec des non professionnels (excepté Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu à la tête des parachutistes français), « La bataille d’Alger » traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les paras français et les hommes du FLN, avec l’usage de la torture d’un côté et les attentats aveugles de l’autre. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 avant d’être très vite retiré des écrans. En 2003, le film, considéré comme un modèle d’enseignement sur la guérilla urbaine, est projeté au Pentagone en vue de préparer la guerre en Irak. Le film ne ressort en France qu’en 2004, presque 40 ans après sa réalisation. Le colonialisme avec Marlon Brandon – Après « La bataille d’Alger » en 1965, il revient en 1971 avec « Queimada » sur le colonialisme, cette fois dans les Antilles du XIXe siècle. L’histoire du cinéma a surtout retenu les caprices sur le plateau de la star Marlon Brando. En 1979, il tourne son dernier long métrage, « Ogro », qui traite du terrorisme à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin d’une dictature.

L’HUMANITÉ DU 14/10/2006

Gillo Pontecorvo,le réalisateur de la Bataille d’Alger n’est plus, par Dominique Widemann

Disparition . Le réalisateur italien laisse une oeuvre cinématographique au service de la vérité. Son engagement, son humour et sa modestie vont manquer.

Gillo Pontecorvo, c’était l’Italie et le cinéma dans ce que ce pays a pu donner de meilleur. Diplômé de chimie, journaliste communiste, correspondant de presse à Paris où il assiste Yves Allégret et le critique de cinéma Joris Ivens, Gillo Pontecorvo deviendra l’assistant-réalisateur d’un autre communiste, Francesco Maselli, et celui de Mario Monnicelli, tout en s’essayant lui-même à la réalisation. Né à Pise en 1919, Gillo Pontecorvo, fait ses débuts au cinéma en 1955 avec Giovanna, un épisode du film la Rose des vents qui ne verra jamais le jour car en partie financé par la République démocratique allemande. C’était l’histoire de quatre femmes filmées par quatre réalisateurs de quatre pays. Les Soviétiques firent capoter l’affaire parce qu’ils n’aimaient pas l’épisode de Guerassimov. Pontecorvo, quelques décennies plus tard, s’amusait d’avoir pu, malgré tout, conserver une copie de son travail. Après ce récit de l’occupation d’une petite usine textile d’Italie centrale par des femmes, il s’emploie à réaliser la Grande Strada azzura (la Grande Route bleue devenue en français Un nommé Squarcio) avec Yves Montand, Alida Valli et Francesco Rabal, l’histoire d’un pauvre pêcheur de la côte dalmate. Bien que le film ait obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Karlovy Vary, Pontecorvo le jugera a posteriori « assez médiocre », affirmant que l’émotion, la recherche de langage si importante dans son travail n’avaient trouvé d’accomplissement stylistique que dans Kapo, tourné en 1959. Le film, primé dans tous les festivals où il fut présenté, raconte le parcours d’une jeune fille juive qui, internée dans un camp de concentration, devient l’auxiliaire des nazis.

Carte blanche pour Pontecorvo

Gillo Pontecorvo, auréolé de succès, aurait pu à ce moment-là choisir de mettre en scène n’importe quel sujet. Un projet lui tenait particulièrement à coeur : réaliser un film sur le colonialisme. Avec Franco Solinas, scénariste de haute volée, il écrit une histoire intitulée Paras qui se déroule en Italie puis en Algérie. Le producteur, effrayé par l’OAS, renonce. L’Algérie propose alors à Pontecorvo et Solinas un film sur la lutte de libération algérienne. Le cinéaste accepte à condition d’avoir carte blanche. Ce sera la Bataille d’Alger. Yacef Saadi, qui avait été l’un des chefs de la résistance algérienne et le chef politique du FNL pour la région d’Alger, tiendra son propre rôle. À l’exception du colonel Mathieu, interprété par l’acteur Jean Martin, tous les personnages du film sont des amateurs. Pontecorvo et Solinas s’étaient livrés à un important travail de préparation, en Algérie comme en France où ils rencontrent gradés de haut rang pour avoir leur son de cloche. Le scénario est écrit en deux mois et ne laisse aucune place à l. Le tournage s’effectue avec l’aide de nombreux Algériens soucieux de participer à un film qui les concerne. Pontecorvo, qui aimait la musique au point d’avoir rêvé de devenir compositeur, s’attache à une partie de la musique du film et confie l’essentiel à un jeune compositeur de l’époque, Ennio Morricone. Le réalisme du film, qui doit ressembler à des actualités filmées, est travaillé jusque dans le choix précis du grain de la pellicule. L’effet est saisissant. Prêt à temps pour être présenté à la Mostra de Venise de 1966, la Bataille d’Alger y obtient un lion d’or qui sera suivi de nombreuses autres distinctions. Sa sortie en France est prévue dans la foulée. Il n’en sera rien. Au miroir de ce que le pouvoir et les médias appellent alors et pour longtemps « les événements » d’Algérie, le film ne reçoit son visa d’exploitation qu’en 1970. Quelques salles le programment courageusement. Les manifestations d’extrême droite réelles ou annoncées parviennent à faire en sorte que le film soit interdit de projection en raison des « troubles à l’ordre public » qu’il engendrerait. Le 4 juin dans les colonnes de l’Humanité, notre camarade François Maurin écrit : « Laissera-t-on l’OAS dicter sa loi ? » Puis le 5 juin : « Céder aux fascistes ? » et le 6 juin : « La Bataille d’Alger, un film adulte pour un public adulte ». Il faudra pourtant attendre 1971 pour que le film sorte normalement. Une première reprise a lieu en 1981. En 2004, il ressortait en salles, après sa présentation dans la section Cannes Classics du Festival. Un nouveau public a pu découvrir cette magnifique leçon de cinéma.

« la dictature de la vérité »

Gillo Pontecorvo, qui prétendait modestement que l’ensemble de sa carrière tenait en six films, a pourtant réalisé en 1984 l’Adieu à Enrico Berlinguer, court métrage collectif. En 1989 ce sera Douze Réalisateurs pour douze films ; en 1997 Nostalgia di protezione dans le cadre du film les Courts Métrages italiens, puis un autre film collectif et militant réalisé sur le contre-sommet de Gênes, Un autre monde est possible (2001) et encore Florence, notre demain, aventure semblable portant sur le Forum social européen (2003). Ajoutons que le succès de la Bataille d’Alger avait permis à Pontecorvo de diriger Marlon Brando dans Queimada, en 1969, film sur un soulèvement des Noirs aux Antilles en 1845. Il fut également le patron de la Mostra de Venise de 1992 à 1995, fonda en 1993 l’Union mondiale des auteurs. Toujours amical et chaleureux, plein d’humour et de verve, Gillo Pontecorvo s’était confié à notre journal en 2004, au cours d’un long entretien réalisé par Jean Roy (voir notre édition des 22 et 23 mai 2004). Le cinéaste réitérait alors sa foi en « la dictature de la vérité », vérité au service de laquelle il devait placer toutes les fictions qu’il eut le grand art de nous offrir.

MORT DE DANIÈLE HUILLET

Jean-Marie Straub & Danièle Huillet

Nous avons ce jour, une pensée pour Jean-Marie Straub, à l’annonce de la mort de sa femme, Danièle Huillet, des suites d’un cancer, avec laquelle il fit un cinéma exigeant et radical.

Filmographie : Comme réalisatrice, auteur, monteuse et productrice, avec Jean-Marie Straub : 1962  Machorka Muff (CM) – 1965  Nicht versöhnt  oder es hilft nur gewalt wo gewalt herrscht (Non réconciliés : seule la violence aide où la violence règne, MM) – 1967  Chronik der Anna Magdalena Bach (Chronique d’Anna Magdalena Bach) –  1968  Der bräutigam, die komödiantin und der zuhälter (Le fiancé, la comédienne et le maquereau, CM) – 1969  Othon / Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou peut-être qu’un jour Rome se permettra de choisir à son tour – 1972  Einleitung zu Arnold Schonbergs « Begleitmusik zu einer Lichtspielscene »  (Introduction à la musique d’accompagnement pour une scène de film d’Arnold Schonberg) (CM) – Geschicht Suntericht (Leçons d’histoires) – 1974  Moses und Aaron (Moïse et Aaron) – 1976  Forti Cani / I cani del Sinaï / Die hunde von Sinai (Les chiens du Sinaï ) – 1977  Toute révolution est un coup de dés (CM) – 1979  Dalla nube alla resistenza / Von der wolke zum Widerstand (De la nuée à la résistance) – 1980  Trop tôp, trop tard – 1982  En rachâchant (CM) – 1984  Amerika, klassenverhältnisse (Amerika, rapports de classe) – 1986  Der Tod des Empedokles oder wenn dann der erde grün von neuem euch erglänzt (La mort d’Empédocle) – 1988  Schwarze Sünde (Noir péché ) – 1989  Cézanne (documentaire, CM, + narration) – 1992  Antignone –   1995  Lothringen ! (CM) – 1996 Von heute auf morgen (Du jour au lendemain) – 1998  Sicilia ! – 2000 Operai e contadini  (Ouvriers, paysans) –2003  Le retour du fils prodigue / Humiliés – 2004  Une visite au Louvre (documentaire) – 2006  Quei loro incontri (Ces rencontres avec eux) – Interprétation : 1971  Obrigkeitsfilm (Vlado Kristl) – 1983  Jean-Marie Straub und Danièle Huillet bei der arbeit an einem film (Harun Farocki, CM) – 1984  Cinématon N° 343 (Gérard Courant, CM) – 1999  Die musik seid ihr, Freunde ! – Danièle Huillet und Jean-Marie Straub bei der Arbeit an ihrem Film Sicilia ! (Andreas Teuchert, documentaire) – 2000  Sicilia ! Si gira  (Jean-Charles Fitouni, CM) – 2001  Cinéma de notre temps : Danièle Huillet / Jean-Marie Straub : Où gît votre sourire enfoui ? (Pedro Costa, documentaire, TV) –Montage seulement : Jane erschießt John, weil er sie mit Ann betrügt (Rudolf Thome, CM).

Signalons également la mort de Jean-Pierre Dougnac, dont on peut lire le portrait chez « Les gens du cinéma » et de l’égérie de la « Blaxploitation », Tamara Dobson, célèbre Cleopatra Jones.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacqueline Doyen

 

Jacqueline Doyen dans l’épisode #1 des « 40 coups de Virginie »

L’annonce de la mort de Jacqueline Doyen, née le 14 février 1930, à Paris nous confirme le site des « Gens du cinéma », au début du mois de septembre, plus chaleureux que l’absence d’hommage à la mort de certains seconds rôles, grâce aux informations du « Courrier de Mantes », journal de Mantes-la-Jolie (78) où elle est morte ce 3 septembre. Ces informations nous rappellent à notre bon souvenir ses rôles enlevés dans bien des comédies, et même parfois dans des petits films égrillards. A l’instar de son dernier rôle, une grande bourgeoise énergique dans « Sam suffit » (1991), elle faisait preuve d’une énergie fabuleuse. Dans « Vas-y maman » (Nicole de Buron, 1978), elle volait même la vedette au couple Annie Girardot-Pierre Mondy. Quoi de plus normal de jouer une mère d’une femme née en 1931, pour une comédienne née en 1930 !, en l’occurrence celle de la grande Annie. C’était l’une des bizarreries habituelles de certaines distributions dans notre cher cinéma français, mais sa composition et une coiffure poivre et sel pouvait faire la farce. Il fallait la voir se plaindre que sa fille ne l’appelle au téléphone que quand elle a besoin d’elle. Elle répond d’ailleurs dans une atmosphère enfumée, jouant aux cartes avec des amis de sa génération, et l’on sent très vite la roublardise de son personnage aimant à culpabiliser sa fille. S’occupant de ses petits enfants, elle a bien évidemment des rapports conflictuels avec son beau-fils, joué par Pierre Mondy, qui la raille constamment en l’appelant « Madame Fout la merde ». Suite à une habituelle scène énervée, elle répond au couple en désignant son beau-fils et en s’adressant à sa fille, « Je veux bien garder tes enfants, mais pas les siens ! ». Un vrai festival montrant les capacités de cette comédienne. Elle joue souvent des femmes de caractère, comme l’épouse narquoise de Jacques François qui campe un vieux général russe réactionnaire dans « Twist again à Moscou » (1986). Elle n’hésite pas à le contredire lors d’un banquet, quitte à lui jeter des boulettes de pain au visage, quand elle est en cours d’arguments. Le cinéma hélas fut pour elle assez peu imaginatif, sauf pour Louis Malle, l’utilisant comme l’une des silhouettes récurrentes de « Zazie dans le métro », où dans « Vie privée », où elle jouait une sorte de nounou chargée de s’occuper des états d’âmes du personnage joué par Brigitte Bardot. Mais elle marquait le moindre de ses petits rôles, comme celui de la postulante recalée pour cause de maturité, pour être vendeuse dans le « Sex-Shop » de Claude Berri (1972), elle repart dépitée, pensant pourtant que son expérience aux « Bains-douches » la légitimait dans cet emploi ! Dans « Les Mohicans de Paris » (1973) et sa suite « Salvator et les Mohicans de Paris » (1975, elle est l’habilleuse de Danielle Volle, un personnage « pète-sec » toujours à rouspéter, mais sur lequel on peut compter en cas de problème. Nous garderons le souvenir de ses savoureuses compositions dans quelques comédies franchouillardes aussi bien que soignées. Ludovic Vincent dans son hommage dans « Le courrier de Mantes » du 06/09/2006, la citait : « Le Dindon, ça j’en suis fière. Le reste, ce n’est pas grand-chose. Je ne suis pas une star. Même si j’aurais aimé être Simone Signoret. Mais il ne faut pas avoir la grosse tête… ».

A déplorer aussi ce mois de septembre, les morts des comédiens Bachir Touré et Nicolas Vogel – excellent chez Claude Sautet notamment – selon « La gazette du doublage », du culte (culturiste) Mickey Hargitay, célèbre M. Jayne Mansfield, du rféalisateur Rémy Belvaux – frère de Lucas – et du grand chef opérateur Sven Nykvist, dont on peut retrouver un portrait dans le très bon site Internet Encyclopedia of Cinematographers.

 Jacqueline Doyen dans « Salvator et les Mohicans de Paris »

Filmographie, établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme :1956 Le salaire du péché (Denys de la Patellière) – La roue (André Haguet) – 1957  L’étrange monsieur Stève (Raimond Bailly) –  Fernand clochard (Pierre Chevalier) – La bonne tisane (Hervé Bromberger) – Les œufs de l’autruche (Denys de la Patellière) – 1958  Asphalte (Hervé Bromberger) – 1960  Zazie dans le métro (Louis Malle) – 1961  Vie privée (Louis Malle) – 1962  Nous irons à Deauville (Francis Rigaud) – La vendetta (Jean Chérasse) (1) – Parigi o cara (Vittorio Caprioli) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – 1969  L’homme-orchestre (Serge Korber) – Une veuve en or (Michel Audiard) – 1970  Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques (Michel Audiard) – 1971  Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – 1972  Sex-Shop (Claude Berri) – 1973  Ursule et Grelu (Serge Korber) – OK Patron (Claude Vital) – Juliette et Juliette (Rémo Forlani) – On s’est trompé d’histoire d’amour (Jean-Louis Bertuccelli) – Comment réussir… quand on est con et pleurnichard (Michel Audiard) – 1974  Le rallye des joyeuses (signé Alain Nauroy, mais réalisé en fait par Serge Korber) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – Soldat Duroc, ca va être ta fête (Michel Gérard) -Hard Love / La vie sentimentale de Walter Petit (John Thomas [pseudonyme de Serge Korber]) – Salut les frangines / C’est si bon à 17 ans ( Michel Gérard) – Ce cher Victor (Robin Davis) – 1975  Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Indécences (Jack Régis [pseudonyme d’Alain Nauroy]) – Perversions / La grande perversion / Les amours difficiles (Peter Rafaël [pseudonyme de Raphaël Delpard]) – L’essayeuse (John Thomas, [pseudonyme de Serge Korber]) – 1976  Cours après moi que je t’attrape (Robert Pouret) – Le juge Fayard dit « Le Shérif (Yves Boisset) – Dis bonjour à la dame (Michel Gérard) – 1977  Monsieur Papa (Philippe Monnier) – Tendre poulet (Philippe de Broca) – Diabolo menthe (Diane Kurys) – 1978  Vas-y maman (Nicole de Buron) – Je vous ferai aimer la vie (Serge Korber) – Coup de tête (Jean-Jacques Annaud) – Le coup de sirocco (Alexandre Arcady) – Cause toujours… tu m’intéresses ! (Édouard Molinaro) – 1979  Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret) – Gros câlin (Jean-Pierre Rawson) – 1980  Pile ou face (Robert Enrico) – Voulez-vous un bébé Nobel ? (Robert Pouret) – Viens chez moi, j’habite chez une copine (Patrice Leconte) – 1981  La vie continue (Moshe Mizrahi) – Mille milliards de dollars (Henri Verneuil) – 1982  Better late than never (Ménage à trois) (Bryan Forbes) – Coup de foudre (Diane Kurys) – 1983  Charlots Connection (Jean Couturier) – Le garde du corps (François Leterrier) – 1984  The frog prince (Brian Gilbert) – Adieu Blaireau (Bob Decout) – 1986  Twist again à Moscou (Jean-Marie Poiré ) – Club de rencontres (Michel Lang) – 1987  Chouans ! (Philippe de Broca) – 1991  Sam suffit (Virginie Thévenet). (1) Nota : Jacqueline Doyen n’apparaît pas dans « La vendetta » (Jean Chérasse, 1962), bien que ce titre soit crédité dans sa filmographie de « L’ABC du cinéma ». Télévision notamment : 1973  Joseph Balsamo (André Hunebelle, série TV) – Les Mohicans de Paris (Gilles Grangier, série TV) – 1975  Salvator et les Mohicans de Paris (Bernard Borderie, série TV) – L’arc de triomphe (Jacques Samyn, captation) – 1976  Les cinq dernières minutes : Un collier d’épingles (Claude Loursais) – Comme du bon pain (Philippe Joulia, série TV) – Marions les vivantes (Gilles Grangier) – 1979  Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – Les 400 coups de Virginie (Bernard Queysanne, épisode 1) – Les amours de la belle époque : Mon oncle et mon curé (Jean Pignol) – 1980  Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – L’enterrement de monsieur Bouvet (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – 1981  La vie des autres : Vasco (Alain Quercy) – 1982  Au théâtre ce soir : Pieds nus dans le parc (Pierre Sabbagh) – 1986  La fille sur la banquette arrière (Marion Sarraut, captation) – Le dindon (Pierre Badel, captation) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Les enquêtes Caméléon : Un panier de crabes (Philippe Monnier) – 1988  La valise en carton (Michel Wyn, série TV) – 1989  La grande cabriole (Nina Companeez, série TV) – Les enquêtes du commissaire Maigret: L’amoureux de madame Maigret (James Thor) – 1991  Pas une seconde à perdre (Jean-Claude Sussfeld) – 1992  Tiercé gagnant (André Flédérick) – À vous de décider : Famille sacrée (Alain Wermus). Non daté : « Vivement dimanche » (1 épisode). Mise à jour du 30/08/2011 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gérard Brach

Gérard Brach en 1987 Son dernier scénario, « Minor », pour Jean-Jacques Annaud, se tourne en Espagne Ph Camera Press

Annonce de la mort du discret Gérard Brach, qui disait écrire des histoires compliquées avec des idées simples. C’est l’un des créateurs les plus singuliers du cinéma français, son univers était suffisamment riche pour s’adapter à des récits cosmopolites souvent chez de grands réalisateurs Danièle Parra et Pierre Laurenti le présentait ainsi : « Gérard Brach ne sort jamais de son appartement parisien. Le monde, il le parcourt en observant ses chats ou en jetant son regard clair au plus profond de nos angoisses. Sans principes, ni règles, il pratique l’art de rêver sous liberté contrôlée » (1). De ses névroses – il était à la fois agoraphobe et claustrophobe -, il pouvait installer des climats inquiétants à des récits d’angoisses ou picaresques « Je suis quelqu’un d’extrêmement angoissé qui en même temps n’est pas complètement sérieux. Ce sont souvent les plus angoissés qui manifestent le plus de fantaisie » (1). Souffrant de la tuberculose, le surréalisme l’aide à tenir de plusieurs années passées en sanatorium. Il fait la rencontre la plus importante rencontre de sa vie, avec le cinéaste Roman Polanski sur le tournage du film « L’amour à 20 ans » – il travaillait dans une agence de presse, et il s’occupait du sketch de Wajda -. Suivent une prolifique collaboration, ils collaborent aussi ensemble au curieux « Aimez-vous les femmes ? » de Jean léon, teinté d’humour noir avec Guy Bedos et Sophie Daumier. Avec lui, il aussi à l’aise dans des récits fantastiques – « Répulsion », « Le locataire » -, parodiques – le jubilatoire « Bal des vampires », d’aventures – le mésestimé « Pirates », ou dans les adaptations littéraires – « Tess ». Il pouvait aussi bien travail chez le rigoureux Michelangelo Antonioni, l’imaginatif Otar Iosseliani, que chez le corrosif Marco Ferreri, avant de suivre Jean-Jacques Annaud dans des films ambitieux. Ces dernières années, il aidait à l’écriture de nombreux jeunes metteurs en scène, Delphine Gleize par exemple. Comme réalisateur, il avait signé deux films en 1970, « La maison » avec le génial Michel Simon, et « Le bateau sur l’herbe », original récit d’un jeune homme oisif et désabusé qui achète un bateau pour gagner « L’île de Pâques », navire qui restera sur la pelouse de la maison familiale. On ne peut que déplorer la relative discrétion autour de la mort de cet auteur complet, bien à son image.

(1) « La revue du cinéma N°416 » en 1986.

Filmographie : Comme réalisateur-scénariste : 1969 Des bleuets dans la tête (CM) – 1970  La maison – Le bateau sur l’herbe – 1985  Le papillon et le dragon (CM, + musique). Comme scénariste : 1963  Les plus belles escroqueries du monde [épisode « La rivière de diamants »] (Roman Polanski) – Repulsion (Répulsion) (Roman Polanski) – Aimez-vous les femmes ? (Jean Léon, + musique) – 1965  Cul-de-sac (Id) (Roman Polanski) – 1966  Le vieil homme et l’enfant (Claude Berri) – G.G. passion (David Bailey, CM) – 1967  The fearless vampire killers (Le bal des vampires) (Roman Polanski) – Le départ (Jerzi Skolimowski) – La fille d’en face (Jean-Daniel Simon) – 1968  Wonderwall (Id) (Joe Massot) – La promesse (Paul Feyder & Robert Freeman) – 1972  Che ?/ What ? (Quoi ?) (Roman Polanski) – 1974  Chinatown (Id) (Roman Polanski, adaptation française seulement) – 1975  Emmanuelle 2 (Francis Giacobetti & Francis Leroi) – La table (Éric Brach, CM) – 1976  Le locataire (Roman Polanski) – 1977  Ciao maschio (Rêve de singe) (Marco Ferreri) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – 1978  Tess (Id) (Roman Polanski) – 1979  Chiedo asilo (Pipicacadodo) (Marco Ferreri) – Chère inconnue (Moshe Mizrahi) – 1980  Le cœur à l’envers (Franck Apprederis) – La guerre du feu (Jean-Jacques Annaud) – 1982  Identificazione di una donna (Identification d’une femme) (Michelangelo Antonioni) – Une pierre dans la bouche (Jean-Louis Leconte) – L’Africain (Philippe de Broca) – 1983  La femme de mon pote (Betrand Blier) – 1984  Équinoxe (Olivier Chavarot, CM) – Dagobert (Le bon roi Dagobert) (Dino Risi) – Maria’s lovers (Id) (Andreï Konchalovsky) – Les favoris de la lune (Otar Iosseliani) – Les enragés (Pierre-William Glenn) – Gaz el banat (Une vie suspendue / L’adolescente sucre d’amour) (Jocelyne Saab) – Les enragés (Pierre-William Glenn) – 1985  Le meilleur de la vie (Renaud Victor, collaboration scénaristique) – Jean de Florette (Claude Berri, + version TV) – Manon des sources (Claude Berri, + version TV) – Pirates (Id) (Roman Polanski) – 1986  Le nom de la rose (Jean-Jacques Annaud) – Fuegos (Alfredo Arias) – Où que tu sois (Alain Bergala) – 1987  Shy people (Le bayou) ((Andreï Konchalovsky)) – Frantic (Id) (Roman Polanski) – 1988  L’ours (Jean-Jacques Annaud) – Domino (Ivana Massetti) – 1990  I divertimenti della vita privata (Les amusements de la vie privée) (Cristina Comencini) – 1991  Un jour comme un autre (Sylvie Ballyot, CM) – City of joy (La cité de la joie) (Roland Joffé ) – L’amant (Jean-Jacques Annaud) – Bitter Moon (Lune de fiel) (Roman Polanski) – 1994  Le mangeur de lune (Daï Sijie) – 1995  Anna Oz (Éric Rochant) – 1998  Il fantasma dell’opera (Le fantôme de l’Opéra) (Dario Argento) – 2001  La nuit de noces (Éliette Abécassis, CM) –  La guerre à Paris (Yolande Zauberman) – L’idole (Samantha Lang) – 2003  Blueberry l’expérience secrète (Jan Kounen) – Pornografia (La pornographie) (Jan Jakub Kolski) – 2006  Sa majesté Minor (Jean-Jacques Annaud). Télévision : 1983  L’étrange château du docteur Lerne (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1985  Esclave et pharaons (Patrick Meunier) – 1987  Les idiots (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1988  Le sacrifice (Patrick Meunier) – 1990  La nuit des fantômes (Jean-Daniel Verhaeghe) – Cadavres exquis : Pour le restant de leurs jours (Peter Kassovitz). Interprétation : 1987  Les amoureux du cinéma (Philippe Le Guay, TV) – 1989  Cinématon N° 1094 (Gérard Courant, CM) – 1992  De domeinen ditvoorst (Thom Hoffman, documentaire).

MORT DE BERNARD RAPP

Annonce de la mort prématurée hier de Bernard Rapp à l’âge de 61 ans. Triste nouvelle, j’ai gardé un bon souvenir de lui, l’ayant rencontré à deux reprises dont une pour l’avant-première d’une « Affaire de goût » avec le scénariste Gilles Taurand. J’ai gardé l’impression d’une grande affabilité, un flegme tout britannique cachant quelqu’un de passionné, et ayant une forte volonté de transmettre ses passions. Il fait partie de ses figures de la télévision, en proposant des missions dignes d’une certaine notion du service public, et c’est regrettable à la vision du PAF actuel, où même Arte a tendance à devenir une sous-France 3. On se souvient de lui journaliste, présentateur du journal télévisé – de 1983 à 1987 – et grand reporter. On lui doit d’excellentes émissions dont « l’assiette anglaise », entourés de chroniqueurs brillants. Il produit et présente  « Un siècle d’écrivains » de 1995 à 2000, en laissant une liberté à ses auteurs et donnant de véritables réussites comme « Le cas Howard Philipps Lovecraft ». On lui doit sur le câble « Les feux de la rampe » de 2001 à 2003 habile adaptation française « Inside the actors studio » émission cultissime de l’excellent James Lipton, sur un ton intimiste. Il avait animé avec beaucoup d’intelligence une émission littéraire « Caractères » qu’il n’avait pût mener à terme faute d’audiences, mais aussi un Ciné-Club intelligent les mercredis soirs sur France 3, où il proposait des versions originales et invitait les auteurs pour discuter du film proposé – Jan Kounen pour parler de la polémique sur la sortie de « Dobermann » par exemple -. Comme Bernard Pivot, il était l’un des rares à arrêter une émission, même en plein succès pour pouvoir se renouveler.

Le cinéphile landa lui sera toujours reconnaissant de son « Dictionnaire Larousse des films », très utile ouvrage fait en collaboration avec Jean-Claude Lamy. Grand cinéphile, il avait signé son premier scénario en 1985 pour un film destiné au circuit « Omnimax » : « L’eau et les hommes ». Il se lance en 1995 dans la réalisation avec « Tiré à part », film à réévaluer – pour l’avoir vu dans sa version anglaise à privilégier -, habile polar se passant dans les milieux de l’édition et porté par un Terence Stamp magistral se vengeant d’un Daniel Mesguich, plus sobre qu’à l’accoutumée. Son second film, « Une affaire de goût » en 1999, variation subtile du « Servant » de Joseph Losey, en offrant l’un des meilleurs rôles de Bernard Giraudeau, en restaurateur ambigu, manipulant un goûteur un peu naïf joué brillamment par Jean-Pierre Lorit. A la télévision il signe l’aimable « L’héritière » en 2001, où rayonne Géraldine Pailhas en femme d’affaires, aidée dans sa tâche par François Berléand tout en désinvolture. Sur le mode picaresque en 2002, il réussit « Pas si grave » comédie douce-amère, où trois enfants adoptés – Sami Bouadjila, Romain Duris, Jean-Michel Portal -, envoyés par un exilé de la guerre d’Espagne – le cinéaste Alejandro Jodorowsky -,  essaient de retrouver en Espagne ses anciens compagnons. Plus conventionnel, il signe, en 2004, « Un petit jeu sans conséquence », une adaptation assez mordante cependant de la pièce de Jean Dell et Gérald Sibleyras, avec Yvan Attal, Sandrine Kiberlain, Jean-Paul Rouve et le formidable Lionel Abelanski. Un grand salut à ce passeur selon la formule de Serge Daney, qui s’est avéré un artiste très convaincant.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Bruno Kirby

L’acteur américain Bruno Kirby ou Bruno Kirby jr, de son vrai nom Bruno Giovanni Quiadaciolu, vient de mourir à l’âge de 57 ans des suites d’une leucémie. Né à New York en 1949, il était le fils du vétéran Bruce Kirby. Il étudie avec Stella Adler et Peggy Fleury, avant de débuter au cinéma, sous le nom de B. Kirby Jr ou Bruce Kirby. C’était un grand habitué des seconds rôles. On se souvient aussi de lui dans le « Parrain II », personnifiant Richard S. Castellano jeune en reprenant son rôle de Clemenza. Un comédien doué et bénéficiant d’un fort capital de sympathie. Fidèle à l’univers de Billy Crystal, il était désopilant dans son coup de foudre avec Carrie Fisher dans « Quand Harry rencontre Sally… ». Il devait le retrouver dans la comédie décalée « La vie, l’amour… les vaches » en vendeur dynamique. Il fallait le voir devant l’impassible Jack Palance. Il était aussi le faire-valoir idéal face au génie comique de Robin Williams dans « Good morning Vietnam », en officier désabusé. On le retrouvait donc souvent dans des rôles de bons copains ou de maffieux italo-américain. Un comédien doué et bénéficiant d’un fort capital de sympathie.

Bibliographie : « Quinlan’s character stars » par David Quinlan Éditions Reynolds &  Hearn Ltd, 2004).

 

Filmographie : 1971  The Young Graduates (Robert Anderson) – 1973  The Harrad Experiment (Ted Post) – Cinderella Liberty (Permission d’aimer) (Mark Rydell) – 1974  The Godfather: Part II (Le parrain 2) (Francis Ford Coppola) – Superdad (Vincent McEveety) – 1976  Baby Blue Marine (John D. Hancock) –  1977  Between the Lines (Joan Micklin Silver) –  1978  Almost Summer (Martin Davidson) – 1980  Borderline (Chicanos, chasseur de têtes) (Jerold Freedman) – Cruising (Cruising – La chasse) (William Friedkin) – Where the Buffalo Roam (Art Linson) –  1981  Modern Romance (Albert Brooks) –  1982  Kiss My Grits (Jack Starrett) – 1983  This is Spinal Tap (Spinal Tap) (Rob Reiner) – 1984  Birdy (Id) (Alan Parker) – 1985  Flesh & Blood (La chair et le sang) (Paul Verhoeven) –  1987  Tin Men (Les filous) (Barry Levinson) –  Good Morning, Vietnam (Id) (Barry Levinson) – 1988  Bert Rigby, You’re a Fool (Vidéo : Hollywood Follies) (Carl Reiner) – 1989  When Harry Met Sally (Quand Harry rencontre Sally…) (Rob Reiner) –  We’re No Angels (Nous ne sommes pas des anges) (Neil Jordan) –  1990  The Freshman (Premiers pas dans la mafia) (Andrew Bergman) – 1991   City Slickers (La vie, l’amour… les vaches) (Ron Underwood) – 1992  Hoffa (Id) (Danny DeVito) –  1993  Golden Gate (John Madden) – 1995  The Basketball Diaries (Basketball Diaries) (Scott Kalvert) –1996  Heavenzapoppin’ ! (Robert Watzke, CM) –  Sleepers (Id) (Barry Levinson) –  Donnie Brasco (Id) (Mike Newell) –  1999  A Slipping Down Life (Toni Kalem) –  History Is Made at Night (Id) (Ilka Jarvilaturi) –  Stuart Little (Id) (Rob Minkoff, animation, voix) – 2001  One Eyed King (Vidéo : Une histoire d’hommes) (Nathaniel Ryan) – 2003  The Trailer (Steve Altman, CM) -Waiting for Ronald (Ellen Gerstein, CM) –  2006  Played (Sean Stanek).

MORT DE BERNARD EVEIN

Annonce de la mort du décorateur Bernard Evein, indissociable de l’œuvre Jacques Demy. Il est mort dans « L’île de Noirmoutier » alors que se déroule en ce moment à la Fondation Cartier l’exposition « L’île et elle », œuvre d’Agnès Varda, dont il fut, ironie du sort, aussi le collaborateur. Il avait témoigné pour elle sur l’œuvre de Jacques Demy dans deux de ses documentaires « Les demoiselles ont eu 25 ans » (1993) et « L’univers de Jacques Demy » (1995). Après des études à l’école des Beaux-Arts à Nantes, il entre à l’IDHEC, section décoration, dont il ressort diplômé en 1951. Il travaille en collaboration avec le décorateur Jacques Saulnier, avant d’être associé aussi à la nouvelle vague, on se souvient de son œuvre particulièrement colorée. J’ai le souvenir de magnifiques maquettes vues dans un numéro de Télérama, conçues pour un film de Jacques Demy, situé dans Saint-Pétersbourg qui resta hélas inabouti faute de financements. Il était l’un des plus grands de sa profession.

Filmographie : 1952  La danseuse nue (Pierre Louis, assistant décorateur) – 1957  Le bel indifférent (Jacques Demy, CM) – 1958  Les amants (Louis Malle) – Les quatre cents coups (François Truffaut) – Les cousins (Claude Chabrol) – 1959  À double tour (Claude Chabrol) – La sentence (Jean Valère) – Les jeux de l’amour (Philippe de Broca) – Les scélérats (Robert Hossein) – 1960  Zazie dans le métro (Louis Malle) –  Les grandes personnes (Jean Valère) – L’amant de cinq jours (Philippe de Broca) – Lola (Jacques Demy, + costumes) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – L’année dernière à Marienbad (Alain Resnais, costumes seulement) – 1961  Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – Vie privée (Louis Malle) – Les spet péchés capitaux [épisodes « L’avarice » (Claude Chabrol) & « La luxure » (Jacques Demy, + petit rôle)] – Le combat dans l’île (Alain Cavalier) – 1962  Les dimanches de Ville d’Avray (Serge Bourguignon) – Le jour et l’heure (René Clément) – La baie des anges (Jacques Demy, + costumes) – 1963  Le feu follet (Louis Malle) – Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy) – 1964  Aimez-vous les femmes ? (Jean Léon) – L’insoumis (Akaub Cavalier) – Comment épouser un premier ministre (Michel Boisrond) – 1965  Viva Maria ! (Louis Malle) – Paris au mois d’Août (Pierre Granier-Deferre) – Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (William Klein) – 1966  Les demoiselles de Rochefort (Jacques Demy) –  Le plus vieux métier du monde [épisode « Mademoiselle Mimi »] (Philippe de Broca) –  Seven times Seven (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica) – 1967  Adolphe ou l’âge tendre (Bernard Toublanc-Michel) – 1969  Sweet hunters (Tendres chasseurs/ Ternos Caçadores) (Ruy Guerra) – L’aveu (Costa-Gavras) –1970  Le bateau sur l’herbe (Michel Drach) – 1973  L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Le grand bazar (Claude Zidi) – Le hasard et la violence (Philippe Labro) – La merveilleuse visite (Marcel Carné, directeur artistique seulement) – 1975  Zerschossene Traüme (L’appât) (Peter Patzak) – L’alpagueur (Philippe Labro) – 1976  Néa  (Nelly Kaplan) – Le jouet (Francis Veber) – 1977  La vie devant soi (Moshe Mizarahi) – 1978  Lady Oscar (Jacques Demy) – 1979  Tous vedettes (Michel Lang) – Chère inconnue (Moshe Mizrahi) – 1980  Une merveilleuse journée (Claude Vital) – 1982  Une chambre en ville (Jacques Demy) – 1984  Notre histoire (Bertrand Blier) – 1986  La rumba (Roger Hanin) – Thérèse (Alain Cavalier) – 1988  Trois places pour le 26 (Jacques Demy).


Catherine Deneuve & François Dorléac dans « Les demoiselles de Rochefort »

ARTICLE / LE MONDE du 10.08.2006

Bernard Evein, décorateur de cinéma et de théâtre, est mort mardi 8 août, dans l’île de Noirmoutier (Vendée). Il était âgé de 77 ans. Né à Saint-Nazaire le 5 janvier 1929, Bernard Evein fut le condisciple du futur cinéaste Jacques Demy à l’école des Beaux-Arts de Nantes, avant de le retrouver au titre de décorateur de huit de ses films, dont Lola (1961), Les Parapluies de Cherbourg (1964), Une Chambre en ville (1982). Bernard Evein, césarisé pour les meilleurs décors de films à six reprises entre 1977 et 1989, collabora également avec Louis Malle (Les Amants, 1958 ; Zazie dans le métro, 1960 ; Le Feu follet, 1963), François Truffaut (Les 400 coups, 1959), Claude Chabrol (A double tour, 1960), Alain Cavalier (Le Combat dans l’île, 1961 ; L’Insoumis, 1964 ; Thérèse, 1986), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, 1961), Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1962), William Klein (Qui êtes-vous Polly Magoo, 1966), ou Francis Veber (Le Jouet, 1976). Une carrière qui parle d’elle-même, et qui fut complétée au théâtre par ses collaborations avec notamment le metteur en scène Jean-Louis Barrault et Jean-Luc Tardieu.

SUD-OUEST

Evein, grand du cinéma, par Thomas La Noue

Décédé avant-hier à Noirmoutier des suites d’une longue maladie à 77 ans, Bernard Evein était l’homme qui avait osé mettre en couleurs le cinéma français, et quelles couleurs ! Débutant à la fin des années cinquante, époque où le noir et blanc était la règle et la couleur l’exception, il travaille avec les jeunes réalisateurs annonçant la nouvelle vague. Le décor onirique et la robe de plumes de Delphine Seyrig dans « L’Année dernière à Marienbad », d’Alain Resnais (en noir et blanc), c’est lui. Il n’avait pas fini de surprendre. La couleur en vedette. Au début des années soixante, il collabore avec Claude Chabrol (« A double tour »  et Louis Malle (« Les Amants », « Vie privée », « Viva Maria » . En toute complicité avec les chefs opérateurs Henri Decae, Jean Rabier ou Ghislain Cloquet, il introduit une notion nouvelle : la couleur n’est plus seulement un argument commercial et une commodité technique permettant de faire « plus vrai que le noir et blanc », elle devient le principe même du décor. « En-chanté ». C’est bien sûr avec Jacques Demy que Bernard Evein va donner toute la mesure de son talent. Les deux enfants de Nantes sont sur la même longueur d’onde et Evein va faire éclater les couleurs et transfigurer les lieux ordinaires dans les films « en-chanté » de Demy. Première expérience avec « Les Parapluies de Cherbourg » et aboutissement trois ans après avec « Les Demoiselles de Rochefort », ce chef-d’oeuvre en forme d’hommage à la comédie musicale. Il faut s’imaginer ce qu’était la ville il y a quarante ans. Grise, terne, semblant vouée à un inexorable déclin, elle avait déserté son patrimoine historique et architectural et somnolait sur les bords de la Charente. Demy et Evein vont l’investir, la repeindre en rose, orangé, jaune, bleu, vert, la livrer aux danseurs. En un mot, lui offrir une autre vie. Le film sera (et reste) un immense succès, et la collaboration entre les deux hommes se poursuivra avec notamment « Peau d’âne », « Trois places pour le 26 », « Jacquot de Nantes ».

MORT DE MAKO

Annonce de la mort de Mako, figure familière du cinéma américain, le 21 juillet dernier, des suites d’un cancer. Il faisait partie de ce type de comédiens comme Philip Ahn, Keye Luke ou James Hong, distribué dans tous les rôles asiatiques possibles et imaginables par Hollywood, dans trop de discernements parfois. Ce Japonais né à Kobe en 1933, de son vrai nom Makoto Iwamatsu, avait suivi ses parents partis aux USA en 1941, travailler pour l’Office of War. Il rejoint l’armée des États Unis au début des années 50, puis fut naturalisé citoyen américain en 1956. Formé au « Pasadena Playhouse », il joua de nombreux spectacles sur Broadway. En 1965, il crée la « East West Players », une prestigieuse troupe orientale. Son rôle le plus connu reste celui du jeune coolie Poo-Han, qui se fait lyncher par les siens pour être suspecté de collaboration avec les Américains, performance qui lui vaut d’ailleurs une nomination à l’oscar du meilleur second rôle en 1966 et une autre aux Golden Globes en 1967. Robert Wise l’avait découvert lors d’une représentation de Rashomon. En 1966 il rencontre Bruce Lee pour l’un des épisodes du « Frelon vert », qui connu en 1974 une diffusion dans les salles de cinéma. Karatéka doué, il participe souvent à des films d’arts martiaux, souvent avec Chuck Norris qui l’appréciait beaucoup, il joue d’ailleurs de grand maître de Jackie Chan dans « Le Chinois » (Robert Clouse, 1981). Il a beaucoup de télévision à son actif, il apparaît régulièrement en « guest star » dans des séries comme « Colombo », « Hawaïï, police d’état », etc… Il prête aussi sa voix dans des jeux vidéos ou des dessins-animés. On se souvient aussi de son rôle impressionnant de sorcier dans « Conan le barbare » (John Milius, 1982) et sa suite. On l’avait revu dernièrement dans le rôle de l’amiral Yamamoto dans l’affligeant « Pearl Harbour » de l’ineffable Michael Bay en 2001 et cette année dans un court rôle dans l’académique « Mémoires d’une Geisha ».. A noter qu’il a son étoile dans la mythique « Walk of fame ».

Filmographie : 1959  Never so few (La proie des vautours) (John Sturges) – 1966  The Sand Pebbles (La canonnière du Yang-Tsé ) (Robert Wise) – The ugly dachsand (Quatre bassets pour un danois) (Norman Tokar) – 1968  The private navy of Sgt. O’Farrel (La marine en folie) (Frank Tashlin) – 1969  The great bank robbery (Le plus grand des hold-up) (Hy Averback) – 1970  Fools (Tom Gries) – The Hawaiians / Master of the islands (Le maître des îles) (Tom Gries) – 1971  Chinmoku (Silence) (Masahiro Shinoda) – 1972  Yokohama Mama (Gerry Chiniquy, animation, CM, voix) – 1974  The island at the top of the world (L’île sur le toit du monde) (Robert Stevenson) – 1975  Prisoners / Physical assault (William H. Bushnell) – The killer elite (Tueur d’élite) (Sam Peckinpah) – 1980 The big brawl (Le Chinois) (Robert Clouse) – 1981  The Bushido blade (Shusei Kotani) – An eye for an eye (Dent pour dent) (Steve Carver) – Under the rainbow (Steve Rash) – 1982  Conan the barbarian (Conan le barbare) (John Milius) – 1983  Testament (Le dernier testament) (Lynne Littman) – Conan the destroyer (Richard Fleischer) – 1985  Behing enemy lines / P.O.W. the escape (Dans les bras de l’enfer) (Gideon Amir) – 1986 The Jade Jungle / Armed response (Armés pour répondre) (Fred Olen Ray) – 1987  Silent assassins (Doo-yong Lee & Scott Thomas) – 1988  The Wash (Michael Toshiyuki Uno) – Tucker : The man and his dream (Tucker) (Francis Ford Coppola) – Fatal mission (George Rowe) – 1989  An unremarkable life (Amin Q. Chaudhri) – 1990  Pacific Heights (Fenêtre sur Pacifique) (John Schlesinger) – Taking care of Business / Filofax (Arthur Hiller) –Sutoroberi rodo / Strawberry road (Koreyoshi Kurahara) – 1991 The perfect weapon (L’arme parfaite) (Mark DiSalle) – My samurai (Fred H. Dresch) – Nightingale (Michael Sporn, voix) – Sidekicks (Aaron Norris) – 1992  RoboCop 3 (Fred Dekker) – 1993  Red sun rising (Francis Megahy) – Rising sun (Soleil levant) (Philip Kaufman) – 1994  Crying Freeman (Id) (Christophe Gans) – Cultivating Charlie (Alex Georges) – Highlander III : The sorcerer (Highlander 3) (Andrew Morahan) – Midnight Man (John Weidner) – 1995  A dangerous place / No surrender (Jerry P. Jacobs) – 1996  Balance of power / Hidden tiger (Rick Bennett) – Seven years in Tibet (Sept ans au Tibet) (Jean-Jacques Annaud) – Sworn to justice / Blonde justice (Paul Maslak) – 1998  Alegria (Franco Dragone) – Chûgoku no chôjin (Bird people in China) (Takashi Miike) – 1999  Fukuro no shiro (Masahiro Shinoda) – Kyohansha (Kazuhiro Kiuchi) – 2000  Talk to Taka (Richard K. Kim) – Conscience and the constitution (Frank Abe, MM, voix) –  The Rugrats in Paris – The movie (Les Razmokets à Paris, le film) (Stig Bergqvist & Paul Demeyer, animation, voix) – 2001  Pearl Harbor (Pearl Harbor) (Michael Bay) – She said I love you / Cruel game / Deception / Twists and turns (Masashi Nagadoi) – 2002  Bulleproof monk (Le gardien du manuscrit sacré ) (Paul Hunter) – 2005  Cages (Graham Streeter) – Memoirs of a Geisha (Mémoires d’une geisha) (Rob Marshall) – Rise (Sebastian Gutierrez) – 2006  The slanted screen (Jeff Adachi, documentaire).