Jacqueline Doyen dans l’épisode #1 des « 40 coups de Virginie »
L’annonce de la mort de Jacqueline Doyen, née le 14 février 1930, à Paris nous confirme le site des « Gens du cinéma », au début du mois de septembre, plus chaleureux que l’absence d’hommage à la mort de certains seconds rôles, grâce aux informations du « Courrier de Mantes », journal de Mantes-la-Jolie (78) où elle est morte ce 3 septembre. Ces informations nous rappellent à notre bon souvenir ses rôles enlevés dans bien des comédies, et même parfois dans des petits films égrillards. A l’instar de son dernier rôle, une grande bourgeoise énergique dans « Sam suffit » (1991), elle faisait preuve d’une énergie fabuleuse. Dans « Vas-y maman » (Nicole de Buron, 1978), elle volait même la vedette au couple Annie Girardot-Pierre Mondy. Quoi de plus normal de jouer une mère d’une femme née en 1931, pour une comédienne née en 1930 !, en l’occurrence celle de la grande Annie. C’était l’une des bizarreries habituelles de certaines distributions dans notre cher cinéma français, mais sa composition et une coiffure poivre et sel pouvait faire la farce. Il fallait la voir se plaindre que sa fille ne l’appelle au téléphone que quand elle a besoin d’elle. Elle répond d’ailleurs dans une atmosphère enfumée, jouant aux cartes avec des amis de sa génération, et l’on sent très vite la roublardise de son personnage aimant à culpabiliser sa fille. S’occupant de ses petits enfants, elle a bien évidemment des rapports conflictuels avec son beau-fils, joué par Pierre Mondy, qui la raille constamment en l’appelant « Madame Fout la merde ». Suite à une habituelle scène énervée, elle répond au couple en désignant son beau-fils et en s’adressant à sa fille, « Je veux bien garder tes enfants, mais pas les siens ! ». Un vrai festival montrant les capacités de cette comédienne. Elle joue souvent des femmes de caractère, comme l’épouse narquoise de Jacques François qui campe un vieux général russe réactionnaire dans « Twist again à Moscou » (1986). Elle n’hésite pas à le contredire lors d’un banquet, quitte à lui jeter des boulettes de pain au visage, quand elle est en cours d’arguments. Le cinéma hélas fut pour elle assez peu imaginatif, sauf pour Louis Malle, l’utilisant comme l’une des silhouettes récurrentes de « Zazie dans le métro », où dans « Vie privée », où elle jouait une sorte de nounou chargée de s’occuper des états d’âmes du personnage joué par Brigitte Bardot. Mais elle marquait le moindre de ses petits rôles, comme celui de la postulante recalée pour cause de maturité, pour être vendeuse dans le « Sex-Shop » de Claude Berri (1972), elle repart dépitée, pensant pourtant que son expérience aux « Bains-douches » la légitimait dans cet emploi ! Dans « Les Mohicans de Paris » (1973) et sa suite « Salvator et les Mohicans de Paris » (1975, elle est l’habilleuse de Danielle Volle, un personnage « pète-sec » toujours à rouspéter, mais sur lequel on peut compter en cas de problème. Nous garderons le souvenir de ses savoureuses compositions dans quelques comédies franchouillardes aussi bien que soignées. Ludovic Vincent dans son hommage dans « Le courrier de Mantes » du 06/09/2006, la citait : « Le Dindon, ça j’en suis fière. Le reste, ce n’est pas grand-chose. Je ne suis pas une star. Même si j’aurais aimé être Simone Signoret. Mais il ne faut pas avoir la grosse tête… ».
A déplorer aussi ce mois de septembre, les morts des comédiens Bachir Touré et Nicolas Vogel – excellent chez Claude Sautet notamment – selon « La gazette du doublage », du culte (culturiste) Mickey Hargitay, célèbre M. Jayne Mansfield, du rféalisateur Rémy Belvaux – frère de Lucas – et du grand chef opérateur Sven Nykvist, dont on peut retrouver un portrait dans le très bon site Internet Encyclopedia of Cinematographers.
Jacqueline Doyen dans « Salvator et les Mohicans de Paris »
Filmographie, établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme :1956 Le salaire du péché (Denys de la Patellière) – La roue (André Haguet) – 1957 L’étrange monsieur Stève (Raimond Bailly) – Fernand clochard (Pierre Chevalier) – La bonne tisane (Hervé Bromberger) – Les œufs de l’autruche (Denys de la Patellière) – 1958 Asphalte (Hervé Bromberger) – 1960 Zazie dans le métro (Louis Malle) – 1961 Vie privée (Louis Malle) – 1962 Nous irons à Deauville (Francis Rigaud) – La vendetta (Jean Chérasse) (1) – Parigi o cara (Vittorio Caprioli) – 1967 Fleur d’oseille (Georges Lautner) – 1969 L’homme-orchestre (Serge Korber) – Une veuve en or (Michel Audiard) – 1970 Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques (Michel Audiard) – 1971 Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – 1972 Sex-Shop (Claude Berri) – 1973 Ursule et Grelu (Serge Korber) – OK Patron (Claude Vital) – Juliette et Juliette (Rémo Forlani) – On s’est trompé d’histoire d’amour (Jean-Louis Bertuccelli) – Comment réussir… quand on est con et pleurnichard (Michel Audiard) – 1974 Le rallye des joyeuses (signé Alain Nauroy, mais réalisé en fait par Serge Korber) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – Soldat Duroc, ca va être ta fête (Michel Gérard) -Hard Love / La vie sentimentale de Walter Petit (John Thomas [pseudonyme de Serge Korber]) – Salut les frangines / C’est si bon à 17 ans ( Michel Gérard) – Ce cher Victor (Robin Davis) – 1975 Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Indécences (Jack Régis [pseudonyme d’Alain Nauroy]) – Perversions / La grande perversion / Les amours difficiles (Peter Rafaël [pseudonyme de Raphaël Delpard]) – L’essayeuse (John Thomas, [pseudonyme de Serge Korber]) – 1976 Cours après moi que je t’attrape (Robert Pouret) – Le juge Fayard dit « Le Shérif (Yves Boisset) – Dis bonjour à la dame (Michel Gérard) – 1977 Monsieur Papa (Philippe Monnier) – Tendre poulet (Philippe de Broca) – Diabolo menthe (Diane Kurys) – 1978 Vas-y maman (Nicole de Buron) – Je vous ferai aimer la vie (Serge Korber) – Coup de tête (Jean-Jacques Annaud) – Le coup de sirocco (Alexandre Arcady) – Cause toujours… tu m’intéresses ! (Édouard Molinaro) – 1979 Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret) – Gros câlin (Jean-Pierre Rawson) – 1980 Pile ou face (Robert Enrico) – Voulez-vous un bébé Nobel ? (Robert Pouret) – Viens chez moi, j’habite chez une copine (Patrice Leconte) – 1981 La vie continue (Moshe Mizrahi) – Mille milliards de dollars (Henri Verneuil) – 1982 Better late than never (Ménage à trois) (Bryan Forbes) – Coup de foudre (Diane Kurys) – 1983 Charlots Connection (Jean Couturier) – Le garde du corps (François Leterrier) – 1984 The frog prince (Brian Gilbert) – Adieu Blaireau (Bob Decout) – 1986 Twist again à Moscou (Jean-Marie Poiré ) – Club de rencontres (Michel Lang) – 1987 Chouans ! (Philippe de Broca) – 1991 Sam suffit (Virginie Thévenet). (1) Nota : Jacqueline Doyen n’apparaît pas dans « La vendetta » (Jean Chérasse, 1962), bien que ce titre soit crédité dans sa filmographie de « L’ABC du cinéma ». Télévision notamment : 1973 Joseph Balsamo (André Hunebelle, série TV) – Les Mohicans de Paris (Gilles Grangier, série TV) – 1975 Salvator et les Mohicans de Paris (Bernard Borderie, série TV) – L’arc de triomphe (Jacques Samyn, captation) – 1976 Les cinq dernières minutes : Un collier d’épingles (Claude Loursais) – Comme du bon pain (Philippe Joulia, série TV) – Marions les vivantes (Gilles Grangier) – 1979 Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – Les 400 coups de Virginie (Bernard Queysanne, épisode 1) – Les amours de la belle époque : Mon oncle et mon curé (Jean Pignol) – 1980 Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – L’enterrement de monsieur Bouvet (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – 1981 La vie des autres : Vasco (Alain Quercy) – 1982 Au théâtre ce soir : Pieds nus dans le parc (Pierre Sabbagh) – 1986 La fille sur la banquette arrière (Marion Sarraut, captation) – Le dindon (Pierre Badel, captation) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987 Les enquêtes Caméléon : Un panier de crabes (Philippe Monnier) – 1988 La valise en carton (Michel Wyn, série TV) – 1989 La grande cabriole (Nina Companeez, série TV) – Les enquêtes du commissaire Maigret: L’amoureux de madame Maigret (James Thor) – 1991 Pas une seconde à perdre (Jean-Claude Sussfeld) – 1992 Tiercé gagnant (André Flédérick) – À vous de décider : Famille sacrée (Alain Wermus). Non daté : « Vivement dimanche » (1 épisode). Mise à jour du 30/08/2011
Commentaires ancien blog
JMR (28.9.06 10:37)
Bravo pour cet hommage, j’aimais beaucoup Jacqueline Doyen. Il ne sont plus si nombreux nos « excentriques » !
En plus j’apprends des choses : je ne savais pas que Raphael Delpard avait fait un film « égrillard » sous le nom de « Peter Rafaël »… Sais-tu s’il en a fait d’autres ? Il n’y a rien là-dessus sur Imdb.
Et puis merci encore pour ton blog, ça fait longtemps que je n’avais pas fait signe mais je le visite toujours avec autant de plaisir.
A +
Le coin du cinéphage / Site web (28.9.06 13:14)
Bonjour, je suis content d’avoir de tes nouvelles. Merci beaucoup, les informations sur ces chers films égrillards à la mode dans les années 70 avec des comédiens proviennent de l’ami Christophe Bier, qui est un puits d’érudition et qui prépare un grand oeuvre sur le cinéma érotique et pornographique français, enquêtant sur les pseudonymes – ce qui n’est pas une mince affaire -. IMDB ne les citaient pas, je ne connaissais pas ces informations, j’ai beaucoup de mal avec ces pseudos d’ailleurs quand j’y complète la base avec des vieux catalogues du CNC – des photocopies en miettes -, pas toujours fiables, tu dois le savoir étant toi aussi un contributeur Imdbesque. Je lui pose la question pour Raphaël Delpard. @+
Pierre (16.8.07 21:38)
Surfant sur le web j’apprend seulement ce jour(16/8/2007 le décès de Jacqueline Doyen.
Camarade de jeunesse, elle secrètaire, moi employé de bureau.Je l’avais revue au théatre de la Michodière dans une pièce avec Auteuil et le grand François Perier. Je suis très ému.
Salut Jacqueline, tu as rejoint ceux que tu admirais.
Jacqueline Doyen.Une grande Dame, simple et généreuse . J’ai eu le grand plaisir de cotoyer cette immense et talentueuse actrice en dehors des planches et des studios toujours le sourire aux lèvres ,toujours un mot gentil,tolérante et humaine . Aucun brin de méchanceté Tu dois bien les faire rire là haut ma Jacqueline. A plus l’artiste.