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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Liliane Rovère

 

Cette grande égérie du Jazz a imprégné cet art de sa présence, Chet Baker avait décidé de se rendre en Europe en 1955, par amour pour elle. ” Elle fut également la compagne de Dexter Gordon, ce qui lui vaut une participation au trop sous-estimé “Autour de minuit” (1985) de Bertrand Tavernier à ses côtés. Elle était également amie de Charlie Parker et Dizzie Gillespie notamment. “Des nuits entières, à l’hôtel, à Saint-Germain-des-Prés, à apprendre à écouter cette musique avec ceux qui la faisaient. Ou au Birdland, à New York, où elle débarque en 1954, dans sa petite robe noire, avec les cheveux courts et les yeux charbonneux qui ont séduit Chet Baker. Dans son jeu, on pourrait percevoir la trace de cette imprégnation. Quelque chose dans sa voix grave, colorée d’un chuintement, dans la nonchalance ou dans l’élan. Un swing. Au fil de la conversation, on devine ce mouvement irrésistible qui peut nous conduire à habiter un autre monde. Ou à élire le monde de l’art, de la musique, de la littérature, comme sa propre maison.” Texte de présentation par Séverine Nikel, de l’émission sur France Culture en 2002 d’Anna Szmuc “Liliane Rovère, portrait d’une jazz lady”. Même si elle confiait dans cette émission, de sa voix chaude, vivre au rythme du jazz, rôle après rôle, on la remarque durablement dans ses prestations. Elle personnifie souvent des femmes que la vie n’épargne pas, mais qui garde une bonne humeur communicatrice. Après des cours chez René Simon, elle se lance dans la comédie. Elle participe activement au théâtre comme dans “L’avare”, “la sonate des spectres”, “La passion de Jeanne d’Arc selon Gilles de Rais”, etc… Elle écrit et joue également comme dans “Lili”, en 1992, dans une mise en scène de Jean Gilibert. Selon le journal “L’humanité du 6 octobre 1992” : “c’est un spectacle qui «  bénéficie, pour le mini-programme de son spectacle, d’un dessin de Siné qui la montre se marionnettisant elle-même, tout en se fendant la tronche ou grimaçant au vinaigre. Sa « Lili » n’en finit plus de ne pas accepter de vieillir face au monde ravageur que les adultes font aux enfants. Le long d’un remblai de chemin de fer, la vie qui passe la porte à jacasser des naïvetés hargneuses : « Bonjour monsieur, comment ça va, vous vous portez bien pour un vieux. – Merci madame, vous aussi ? » Tout est dans ce « aussi »”. Son grand tempérament, révélé par Bertrand Blier, qui l’utilise superbement dans trois films. Dans “Calmos”,  provocation misogyne réalisé en 1975… l’année de la femme !, elle figure sous les ordres de Dora Doll irrésistible en général Bigeard au féminin, en militaire castratrice, dans un petit groupe de femme voulant violer le tandem désabusé Jean-Pierre Marielle-Jean Rochefort, paniqués par cette image de femme, elle fait partie des plus virulentes, transcendent l’évidente vulgarité de la situation. On la retrouve en serveuse d’un café dans “Préparez vos mouchoirs” (1977), consolant Gérard Depardieu, qui a laissé l’amour de sa vie qui sombre dans la neurasthénie – Carole Laure – trouver réconfort dans les bras de Patrick Dewaere. Depardieu la raille, en lui disant qu’elle a une gueule de “Bernadette”, et avait beaucoup d’émotion, elle lui confit avec une belle sensibilité, comment avec cette gueule là, elle pouvait lui apporter en tendresses dans une autre occasion. Elle retrouve Depardieu, dans le chef d’œuvre de son auteur “Buffet froid” (1979), partageant la morosité de son chômeur de mari, essayant de subsister et de ne pas se résigner avec de croiser malencontreusement la route d’un assassin poète, superbement joué par Jean Carmet. Surprise, elle a même un premier rôle, dans ce que l’on présume être un nanar de premier classe – et que l’on aimerait voir – “Comment passer son permis de conduire”, sorti en 1980, aux côtés du sympathique Claude Legros qui joue son mari malmené.

Dans “Voyages”

On ne la retrouve malheureusement ensuite que dans de courts rôles dans les années 80, mais qu’elle marque durablement comme dans “Prisonnières” (1988) où désespérée, elle montre à ses codétenues, la photo de ses enfants qu’ils l’ignorent superbement. Sa connaissance de l’Anglais, lui vaut de participer à plusieurs tournages de films américaines en France. Mais ses rôles deviennent de plus en plus important. En alternant des rôles de victimes ballottés par la vie, et des personnages à “grande gueule” Elle est toute désignée donc pour figurer la mère de Béatrice Dalle dans “La fille de l’air” (1992). Les rôles s’étoffent, elle joue une “maîtresse femme” initiant Vincent Cassel dans un rituel exhibitionniste avec Amy Romand dans “Adultère mode d’emploi” (1995) de Christine Pascal, où elle est particulièrement impressionnante. Hélas, France 2, dans un accès rigoriste particulièrement frileux, supprime carrément cette scène lors d’une diffusion TV, ce qui fit l’objet de quelques polémiques. On la retrouve ensuite, dans quelques rôles de belle-mère quelque peu encombrantes, comme dans “Le bleu de villes” (1998), où elle prépare le sévices redoutable de l’effroyable de gâteaux aux cerises non-dénoyautées, avec une perversité régulière, ou dans “Harry, un ami qui vous veut du bien”, où ses manières déclenchent vitesse grand V la névrose du personnage de Sergi Lopez. Cédric Klapisch la choisit pour figurer l’épouse de Jean-Paul Belmondo, dans “Peut être”, elle l’interprète idéale pour être à la hauteur de l’abattage du comédien. Elle est une figure assez autoritaire, à la tête d’une petite tribue perdue dans futur proche, d’un Paris recouvert de sable. Toujours avec humour, car elle fait preuve toujours d’une auto-dérision, comme en cliente à l’épilation, au verbe facile dans “Vénus, beauté (institut)” (1998). Elle personnifie souvent des personnages libres et culottés comme celui frondeur dans “Je vous trouve très beau” (2005) où elle poursuit de ses assiduités Michel Blanc, paysan esseulé, quelque peu paniqué par la dame. Et elle fait toujours preuve d’une belle humanité, comme son rôle dans “Passionnément” (1998) , sorte de variation du personnage de Véronique Silver, dans “La femme d’à côté”, où elle personnifie la raison face aux tourments de la paisson du couple Gérard Lanvin-Charlotte de Gainsbourg, la secrétaire résignée de François Berléand dans “La fille de son père” (2000), ou la mère (trop) aimante de Jacques Gamblin dans “À la petite semaine” (2002). Elle peut aussi faire preuve de réserve, comme dans le personnage de la domestique dans “La captive” (1999).

Dans “Le fils de l’épicier”

Elle participe volontiers à de nombreux courts-métrages, n’hésitant pas à participer parfois au scénario. Elle trouve peut-être son meilleur rôle, dans “Voyages” (1998), magnifique film d’Emmanuel Finkiel. Il raconte dans le dossier de presse : “C’est Maurice Chevit qui nous a raconté en Pologne, alors que nous cherchions encore Régine, que Liliane Rovère parlait yiddish ; même son agent l’ignorait ! Elle était très émue de jouer ce rôle et de retrouver cette langue qu’elle ne parle plus depuis longtemps. Elle n’a jamais joué en Yiddish !”. Elle est particulièrement touchante dans ce rôle de Régine, qui accepte un imposteur comme père, ne supportant pas la déception de retrouver un père perdu. Dernièrement, elle irrésistible dans “J’invente rien” (2005), en  inventrice iconoclaste. Il faut la voir nous faire adhérer à l’improbable présentation d’inventions insolites, comme la pizza par fax !, elle nous amène même dans une certaine dimension fantastique. Mais toujours dans la générosité et le désintéressement comme dans ce patin d’anthologie accepté par Kad Mérad, sous le regard bienveillant d’Elsa Zylberstein. Avec le “Fils de l’épicier”, sorti en 2007, elle trouve le rôle jubilatoire de Lucienne, habitante d’une zone rurale désertique. Elle régale Nicolas Cazalé de son animosité, ce dernier remplaçant son père dans une épicerie ambulante. Elle lui a gardé une grande rancune, car enfant, il aimait avec ses petits camarades à la surprendre dans ses “galipettes”. A la moindre contrariété, elle refuse toute commande, se cabre, résiste, peste, lui renvoie ses quatre vérités à la figure, et finit par être carrément sur la défensive, un casque sur la tête après un malheureux accident de devanture. Mais derrière cette façade de femme revêche, se cache une grande, une gourmandise – il faut la voir découvrir des loukoums -, une générosité et un grand cœur inexploité. C’est une superbe performance pour cette comédienne qui alterne dans ce film, drôlerie et émotion. Suivent les retrouvailles avec son amour du jazz et Sam Karmann avec “La vérité ou presque”. Elle joue avec beaucoup de dignité et de pudeur, la fille d’une grande chanteuse de jazz disparue face à Karin Viard et André Dussollier. Gardienne du temple de la mémoire de sa mère, elle construit un personnage touchant, émaillé de souvenirs personnels, les photos de son personnage étant les siennes propres,  selon Sam Karmann. Elle est également remarquable en mère tendre et impuissante face aux difficultés de son fils campé par Vincent Lindon dans “Pour elle”. Elle tente d’aplanir les problèmes entre lui et son père taiseux – le très juste Olivier Perrier -. En mère parfaite, elle se réserve pourtant une zone d’ombre en doutant de l’innocence de sa belle-fille. Souhaitons qu’on lui propose toujours des rôles à sa mesure, elle saura de toute manière amener un note attachante, une gouaille, une drôlerie ou un appétit de vivre. Elle figure dans les indispensables du cinéma français, et personnellement je la mets volontiers dans mon petit panthéon des comédiens français les plus remarquables, catégorie des formidables.

Filmographie : 1969  Le portrait de Marianne (Daniel Goldenberg) – 1971  Une larme dans l’océan (Henri Glaser) – 1972  The day of the Jackal (Chacal) (Fred Zinnemann) – 1975  Calmos (Bertrand Blier) – Je t’aime, moi non plus (Serge Gainsbourg) – Monsieur Albert (Jacques Renard) – Andréa (Henri Glaeser) – Mon coeur est rouge (Michèle Rosier) – 1976  March or die (Il était une fois la légion) (Dick Richards) – 1977  Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier) – La jument vapeur (Joyce Buñuel) – 1979  Buffet froid (Bertrand Blier) – Comment passer son permis de conduire (Roger Derouillat) – La bande du rex (Jean-Henri Meunier) – 1981  Enigma (Id) (Jeannot Szwarc) –  1985  Pour quelques je t’aime de plus (Marc Adjadj, CM) – Autour de minuit / Round Midnight (Bertrand Tavernier) – 1986  Waiting for the moon (Jil Goldmilow) – 1987  De guerre lasse (Robert Enrico) – La troisième solution (Henri-Paul Korchia, CM) – 1988  Prisonnières (Charlotte Silvera) – Black mic-mac 2 (Marco Pauly) – 1989  La Révolution française : les années Lumière (Robert Enrico) – 1990  Does this mean we’re married ? (En france présenté comme téléfilm sous les titres : Les époux ripoux / Un drôle de contrat) (Carol Wiseman) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – 1995  Adultère, mode d’emploi (Christine Pascal) – Un samedi sur la terre (Diane Bertrand) – 1996  Artemisia (Agnès Merlet) – Sept étages sans ascenceur (Bruno Joly, CM) – Le sujet (Christian Rouaud, CM) – 1997  Lila Lili (Marie Vermillard) – 1998  De l’art ou du cochon (Yves Beaujour, CM) – Le bleu des villes (Stéphane Brizé ) – Vénus beauté (institut) (Tonie Marshall) – Voyages (Emmanuel Finkiel) – Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – Passionnément (Bruno Nuytten) – Peut être (Cédric Klapisch) – 1999  La captive (Chantal Akerman) – Les fantômes de Louba  (Martine Dugowson) – Harry, un ami qui vous veut du bien (Dominik Moll) – 2000  La fille de son père (Jacques Deschamps) – Laissez-passer (Bertrand Tavernier) – Recouvrance (Frank Saint-Cast & Anaïs Monnet, CM) – Ici (Jérôme Bouyer, CM) – 2001  Veloma (Marie de Laubier) – Bord de mer (Julie Lopes-Curval) – L’écharpe (Éric Le Roux, CM, + co-scénario) – 2002  L’idole (Samantha Lang) – Variété française (Frédéric Videau) – À la petite semaine (Sam Karmann) – Méprise (Éric Le Roux, scénario seulement) – 2003  Le souffle (Mathieu Vadepied, CM) – 2004  Alex (José Alcala) – L’origine du monde (Erick Malabry, CM) – 2005  Prozac tango (Michael Souhaité, CM) – Je vous trouve très beau (Isabelle Mergault) – J’invente rien (Michel Leclerc) – 2006  Le fils de l’épicier (Éric Guirado) – La vérité ou presque (Sam Karmann) – 2007  Vilaine (Jean-Patrick Benes & Allan Mauduit) – Pour elle (Fred Cavayé) – 2009  La grande vie (Emmanuel Salinger) – Agosto (Marc Picavez, CM) – 2010  Coup d’éclat (José Alcala) – 2011  Cino, l’enfant qui traversa la montagne (Carlo Alberto Pinelli) – Les chrysanthèmes sont des fleurs comme les autres (Yann Delattre, CM) – 2012  La ville lumière (Pascal Tessaud, CM) – 2014  Le combat ordinaire (Laurent Tuel) – Brooklyn (Pascal Tessaud). Comme réalisatrice-scénariste : 2009  Modus vivendi (CM). Voxographie : Le voyage en douce (Michel Deville) – 2001  La prophétie des grenouilles (Jacques-Rémy Girerd, animation) – 2009  Kerity la maison des contes (Dominique Monféry, animation) .

Télévision : (notamment) : 1964  Christine ou la pluie sur la mer (Maurice Chateau, CM) – 1969  Les cinq dernières minutes : Le commissaire est sur la piste / Sur la piste (Claude Loursais) – 1971  Le tambour du Bief (Jean Prat) – 1972  Raboliot (Jean-Marie Coldefy) – Les cinq dernières minutes : Chassé-croisé (Claude Loursais) – 1973  La chamaille (Jacques Pierre) – 1976  Hôtel Baltimore (Arcady) – Cinéma 16 : Esprit de suite (Jean Hennin) – 1978  Les grands procès témoins de leur temps : Le pain et le vin (Philippe Lefebvre) – Messieurs les jurés : L’affaire Moret (André Michel) – Médecin de nuit : Michel (Philippe Lefebvre) – 1979  Saint Colomban et moi (Hervé Baslé) –  Une femme dans la ville (Joannick Desclercs) – Julien Fontanes, magistrat : Une femme résolue (Bernard Toublanc-Michel) – 1980  Les dossiers éclatés : Le querellé ou la la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet) –  Une faiblesse passagère (Colette Djidou) – 1981  Sans famille (Jacques Ertaud) – Joëlle Mazart (Serge Leroy, série TV) – 1982  L’ours en peluche (Edouard Logereau) – 1983  Quidam (Gérard Marx) – 1984  Mistral’s daughter (L’amour en héritage)  (Douglas Hickox et Kevin Connor) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret se défend (Georges Ferraro) – 1985  Nazi hunter : The Beate Klarsfeld story (Beate Klarsfeld) (Michael Lindsay-Hogg) –  1986  Série noire : Mort aux ténors (Serge Moati) – 1989  Les sirènes de minuit (Philippe Lefebvre) – Le hérisson (Robert Enrico) – Renseignements généraux : Jeux dangereux (Philippe Lefebvre) – 1992  Les danseurs du Mozambique (Philippe Lefebvre) – 1993  C’est mon histoire : Soif de s’en sortir (Dominique Tabuteau) – 1994  Les grandes personnes (Daniel Moosmann) – Navarro : Le choix de Navarro (Nicolas Ribowski) – 1995  Chercheurs d’héritiers : Les gens de Faillac (Laurent Heynemann, pilote inédit de la série, mais diffusion tardive sur le câble) – L’avocate : Linge sale en famille (Philippe Lefebvre) – 1996  Les cinq dernières minutes : Mise en pièces (Jean-Marc Seban) – 1999  Mary Lester : Maéna (Christine Leherissey) – 2001  Demain et tous les jours après (Bernard Stora) – La crim’ : Le dernier convoi (Denis Amar) – 2002  Froid comme l’été (Jacques Maillol) – 2003  La nourrice (Renaud Bertrand) – La bastide bleue (Benoît d’Aubert) –  2004  La crim’ : Skin (Vincent Monnet) – Nature contre nature (Lucas Belvaux) – Les Montana : Dérapage (Benoît d’Aubert) – 2005  Retrouver Sara (Claude d’Anna) – 2009  Les Bougon (Sam Karmann) – Panique ! (Benoît d’Aubert) – 2011  Quand les poules auront des dents… (Bertrand Van Effenterre) – 2014  Détectives : Adjugé vendu (Renaud Bertrand) – Les yeux ouverts (Lorraine Lévy) – Dix pour cent (Cédric Klapisch, Lola Doillon et Antoine Garceau, mini-série).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean Luisi

 

L’ami Christophe Bier nous informe de la mort de Jean Luisi, à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer. C’était une figure familière du cinéma français, il l’était l’acteur fétiche de Georges Lautner. Ce dernier disait de lui : “…dans mes films, il incarne souvent un imbécile borné au rire stupide, mais dans l’a vie c’est un gentil, sensible, cultivé, mais qui a toujours son rire « stupide ». Si tous les méchants lui ressemblaient la vie serait plus facile. Vous l’avez compris notre « méchant » Luisi, nous l’aimons” (1) Il avait prévu d’être juriste, mais après trois ans de cours Simon, il se lance dans le cinéma. Corse d’origine il ne manque pas de jouer des personnages issus de ce département, en truand le plus souvent, notamment chez Lautner depuis “L’oeil du monocle”. On le remarque notamment en petit truand dans les mythiques “Tontons flingueurs” (1963), et en chauffeur de taxi malmené dans les rues niçoises par Michel Constantin dans “Il était une fois un flic” (1971).  Durant les années 60, on le cantonne comme Corse de service à l’image de l’inspecteur soucieux de l’honneur corse face à la vindicte de Noël Roquevert “Le diable et les dix commandements” (Julien Duvivier, 1962). Il compose souvent des personnages pas très malins, à l’instar de son rôle d’agent en faction devant une chambre hôpital psychiatrique dans un épisode de la série TV des “Cinq dernières minutes” : “L’eau qui dort” (Claude Loursais, 1963). A le voir complètement hébété face à l’inspecteur Dupuy (excellent Jean Daurand), on comprend aisément la disparition du personnage de Monique Mélinand. Puis il devient grand copain de Jacques Dutronc, on le voit même figurer en diable rigolard dans “Salut sex !” un documentaire de Jean-Marie Périer. Il forme un tandem décalé avec Henri Guybet dans “O.K. Patron” (Claude Vital, 1973), film où il doit protéger un “cave” innocent joué par Jacques Dutronc, qui ne néglige pas de le faire participer à ses films, même pour une apparition non créditée, comme dans “Les victimes” (Patrick Grandperret, 1995). Il devient très vite un second couteau très présent, il figure même dans des scènes marseillaises du “French connection” (William Friedkin, 1971), où il se fait trucider par Marcel Bozzuffi… la baguette sous le bras.  Ricaneur permanent, tueur ou pilier de comptoir, on le retrouve aussi souvent dans des films érotiques – Je vous laisse apprécier les titres à la lire dans sa filmo ci-dessous, c’est un vaste programme… -. Il s’en amuse d’ailleurs dans “On aura tout vu” de Georges Lautner, en acteur de porno, choquant la chaste Sabine Azéma par son empressement. Stéphane Collaro l’a aussi souvent engagé dans ses émissions de télévision. Laurent Baffie l’utilise avec intelligence dans ses sous-estimées “Clefs de Bagnole”, et il retrouve la nationalité corse, avec un personnage typique, surnommé “Fritella”, dans “Le cadeau d’Éléna” (Frédéric Graziani, 2003). En malfrat ou en gendarme, il est une des figures les plus amusées du cinéma français, apportant toujours en prime, une petite touche d’humour bienvenue.

(1) “On aura tout vu” par Georges Lautner & Jean-Louis Bocquet (Éditions Flammarion 2005)

Jean Luisi dans "Les cinq dernières minutes", épisode "Un mort sur le carreau"

Jean Luisi dans “Les cinq dernières minutes”, épisode “Un mort sur le carreau”

 

 

 

 

 

 

 

 

Filmographie : Établie avec Armel de Lorme & Christophe Bier

1958  Du rififi chez les femmes (Alex Joffé ) – 1959  Le trou (Jacques Becker) – 1960  Une aussi longue absence (Henri Colpi) – Boulevard (Julien Duvivier) – 1961  Le dernier quart d’heure (Roger Saltel) – Le Bluffeur (Sergio Gobbi), Horace 62 (André Versini) – Un nommé La Rocca (Jean Becker) – 1962  L’œil du monocle (Georges Lautner) – Le diable et les dix commandements [sketch “Bien d’autrui ne prendras”] (Julien Duvivier) – 1963  L’assassin connaît la musique (Pierre Chenal) – Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – OSS 117 se déchaîne (André Hunebelle) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Delphine (Éric Le Hung) – Ho ! (Robert Enrico) – Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (Michel Audiard) – 1969  Une drôle de bourrique / L’âne de Zigliara (Jean Canolle) – Les patates (Claude Autant-Lara) – 1970  Laisse aller… c’est une valse (Georges Lautner) – 1971  La part des lions (Jean Larriaga) – Le saut de l’ange (Yves Boisset) – The Fench connection (French connection) (William Friedkin) – Il était une fois un flic (Georges Lautner) – 1972  Les hommes (Daniel Vigne) – Sans sommation (Bruno Gantillon) – Quelques messieurs trop tranquilles (Georges Lautner) – Profession : aventuriers (Claude Mulot) – Érotisme à l’étude / Dossier érotique d’un notaire (Jean-Marie Pallardy) – 1973  O.K. patron (Claude Vital) – La valise (Georges Lautner) – La rage au poing (Éric Le Hung) – L’Amour aux trousses (Jean-Marie Pallardy) – Le journal érotique d’un bûcheron (Jean-Marie Pallardy) – 1974 Les seins de glace (Georges Lautner) – L’Amour chez les poids lourds/Convoi spécial (Jean-Marie Pallardy) – L’arrière-train sifflera trois fois (Jean-Marie Pallardy) – Comment se divertir quand on est cocu mais… intelligent (Pierre-Claude Garnier/Charles Lecoq) – La donneuse (Jean-Marie Pallardy) – Pleins feux sur un voyeur (Pierre-Claude Garnier/Charles Lecoq) – Règlements de comptes à O.Q. Corral/ Règlements de femmes à O.Q. Corral /Les sept partouzards de l’Ouest (titre de la version hard) (Jean-Marie Pallardy) – Le journal érotique d’un bûcheron (Jean-Marie Pallardy) –  La donneuse (Jean-Marie Pallardy) – Pas de problème ! (Georges Lautner) – 1975  Le gitan (José Giovanni) – Les vécés étaient fermés de l’intérieur (Patrice Leconte) – Le bon et les méchants (Claude Lelouch) – Porn’s Girls / Libre service spécial (Guy Maria) – Belalı tatil / Le ricain  (Jean-Marie Pallardy) –  1976  Le chasseur de chez Maxim’s (Claude Vital) – On aura tout vu ! (Georges Lautner) – Les demoiselles de pensionnat (Patrick Aubin/Jean-Claude Roy) – Un amour de sable (Christian Lara) – Gorges profondes ou il était une fois deux gorges profondes (André Koob) – 1977  La nuit tous les chats sont gris (Gérard Zingg) – L’amour chez les poids lourds (Jean-Marie Pallardy) – 1978  Le temps des vacances (Claude Vital) – Les égouts du paradis (José Giovanni) – Bactron 317 ou l’espionne qui venait du show (Jean-Claude Stromme & Bruno Zincone, + co-scénario) – Ils sont fous ces sorciers (Georges Lautner) – L’amour chez les poids lourds (Jean-Marie Pallardy) – Prends-moi…. de force ! (Boris Pradley / Jean-Marie Pallardy) – 1979  Le mors aux dents (Laurent Heynemann) – Le mouton noir (Jean-Pierre Moscardo) – Les Charlots en délire (Alain Basnier) – L’œil du maître (Stéphane Kurc) – Le guignolo (Georges Lautner) – 1980  Une robe noire pour un tueur (José Giovanni) – Le journal érotique d’une thaïlandaise (Jean-Marie Pallardy) – Charlie Bravo (Claude Bernard-Aubert) – Une merveilleuse journée (Claude Vital) – Est-ce bien raisonnable ? (Georges Lautner) – 1981  Les brigades roses (Jean-Claude Stromme) – Le cadeau (Michel Lang) – 1982  L’été de nos quinze ans (Marcel Jullian) – Si elle dit oui… je ne dis pas non ! (Claude Vital) – 1983  Attention une femme peut en cacher une autre ! (Georges Lautner) – Les parents ne sont pas simples cette année (Marcel Jullian) – 1984  Le cow-boy (Georges Lautner) – 1986  La vie dissolue de Gérard Floque (Georges Lautner) –  1988  Mon ami le traître (José Giovanni) – 1989  Docteur Petiot (Christian de Chalonge) – 1990  Le moustique (Olivier Cozic, CM) – 1991  Nous deux (Henri Graziani) – L. 627 (Bertrand Tavernier) – Riens du tout (Cédric Kapisch) – 1992  Le moulin de Daudet (Samy Pavel) – 1995  Mister Fourmi (Sébastien Burnet, CM) – Les victimes (Patrick Grandperret) – 1997  Luis et Margot (Chantal Richard, CM) – 1998  Innocent (Costa Natsis) – 1998  Noël d’urgences (Patrick Chamare, CM) – 2002  Les clefs de bagnole (Laurent Baffie) – 2003  Le cadeau d’Elena (Frédéric Graziani) – 2004  Lily et et le baobab (Chantal Richard). nota : A confirmer : Le Rallye des joyeuses (Serge Korber).

Jean Luisi dans “Brigade des maléfices”

Télévision (notamment) : 1963  Conte de la vieille France : La poule savante (Abder Isker, CM) – Les cinq dernières minutes : L’eau qui dort (Claude Loursais) – 1964  L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – Détenu (Michel Mitrani) – 1967  La robe poignardée (Jean Vernier) – Les cinq dernières minutes  : Un mort sur le carreau (Roland-Bernard) – Max le débonnaire : Le point d’honneur (Jacques Deray) – 1969  Le boeuf clandestin (Jacques Pierre) – Le huguenot récalcitrant (Jean L’Hôte) – 1970  La brigade des maléfices : Les dents d’Alexis (Claude Guillemot) – Les dossiers du professeur Morgan : La mort au pied du mur (Jacques Audoir) –  L’écureuil (Arlen Papazian) – 1971  Madame êtes-vous libre ? : Une famille dispersée (Jean-Paul Le Chanois) – La belle aventure (Jean Vernier) – 1972  Mycènes, celui qui vient du futur (François Chatel) – Rue de Buci (Gérald Duduyer) – La bonne nouvelle (Guy Lessertisseur) – Les habits neufs du Grand Duc (Jean Canolle) – 1973  La regrettable absence de Terry Monaghan (Pierre Viallet) – 1974  L’or et la fleur (Philippe Ducrest) – Quai n°1 voie A (Jean Faurez) – 1975  La mer à boire (Philippe Ducrest) – 1977  La foire (Roland Vincent) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret, Lognon et les gangsters (Jean Kerchbron) –  – 1978  Les pirates de la mer : La marée blonde (Jean Kerchbron) – La main coupée (Jean Kerchbron) – 1981  Les dossiers de l’écran : Les avocats du diable (André Cayatte) – 1982  Jacques Dutronc, la nuit d’un rêveur (Pierre Desfons, documentaire) – 1991  Maxime et Wanda : Les belles ordures (Claude Vital) – 1992  Aldo tous risques : Direct au coeur (Claude Vital) – 1993  Commissaire Dumas d’Orgheuil (Philippe Setbon) – 1996  La nouvelle tribu (Roger Vadim) – 2000  Salut Sex ! (Jean-Marie Périer, documentaire) – 2002  Jacques Dutronc, l’ère de rien (Richard Valverde, divertissement).

Mise à jour du 10/12/2009

Marie-France par Armel de Lorme

Second portrait après Nicole Régnaut, d’Armel de Lorme, Marie-France, une artiste hors norme, qu’il serait vain de réduire au rang de phénomène à l’instar d’un Marc-Olivier Fogiel la recevant dans son talk-show. Une version précédente figure dans l’indispensable “@ide-mémoire”.

Photo copyright Pierre & Gilles

MARIE FRANCE (de Paris)

Par Armel de Lorme

Le mot « égérie » semble avoir été inventé pour elle, qui a su inspirer pêle-mêle, en quelques 35 ans de carrière, Marguerite Duras – « impossible de ne pas être troublé(e) par elle, les hommes comme les femmes » – et André Téchiné, Fernando Arrabal et A(do)lfo Arrieta, Jacques Robiolles et Jean-Marie Rivière, Alain Pacadis et Marc’O, Charles Matton et Frédéric Botton, Jacques Duvall et Jay Alanski, Pierre & Gilles et les membres du groupe rock Bijou… (liste non exhaustive !). Mi-pétroleuse, mi-femme-enfant, tour à tour meneuse de revue, chanteuse, performeuse, et même modèle à ses moments perdus, Marie France (Garcia) n’en est pas moins une comédienne assez unique en son genre, capable de glisser sans transition – juchée sur ses escarpins Christian Louboutin – de l’univers intello-chic d’une Sophie Perez (Détail sur la marche arrière, Théâtre National de Chaillot, janvier 2001) aux comédies hip-hop d’une Blanca Li passée de l’autre côté de la caméra (Le Défi, 2000). Rappel : Marie France a vu le jour à Oran, sous le signe du Verseau, en l’an de grâce 1946 (plus exactement le 9 février). Quelques années après avoir quitté, comme beaucoup d’autres, son Algérie natale, elle découvre le Paris interlope des Sixties naissantes, et là où ses contemporaines transitent par les bancs du Cours Simon ou du Conservatoire, fait ses classes à l’École des Femmes, véritable vivier transgenre dont sortiront notamment Cobra (futur modèle et amour impossible du romancier Severo Sarduy), la sculpturale Gaëtane Gaël et la future reine de la nuit (et chroniqueuse télé ) Galia Salimo. Présente sur scène, entre deux passages à l’Alcazar de Jean-Marie Rivière, dans des créations underground (Maggy Moon, Jean-Louis Jorge, l’Olympic, 1972 ; La Barre, Geneviève Hervé, le Nashville, 1975) ou résolument durassiennes (Le Navire Night, Théâtre Édouard-VII, 1979) tout au long des années 70, c’est grâce au subversif Arrieta qu’elle effectue, après une ou deux semi-figurations (Les Chemins de Katmandou, André Cayatte, 1969), ses véritables débuts à l’écran. Protagoniste des cultissimes Intrigues de Sylvia Couski (1972-1974) aux côtés d’Howard Vernon, de Michèle Moretti et de quelques non-professionnels (parmi lesquels ses amis, Gaëtane Gaël, Hélène Hazera et Michel Cressole), celle qu’on surnomme à l’époque « l’Impératrice des Gazolines » se voit très vite confier d’autres rôles plus ou moins importants par des cinéastes « à la marge », tels qu’Arrabal (J’irai comme un cheval fou, 1973), Jacques Robiolles (Le Jardin des Hespérides, 1974), Joaquin Noessi-Lledo (Le Sujet ou le Secrétaire aux mille et un tiroirs, id.) et surtout le peintre Charles Matton, qui lui fait reprendre à l’écran, dans Spermula (1975), le rôle de clone de Marilyn Monroe qu’elle promène, de théâtres en cabarets, depuis le début des Seventies. Vers la même époque, dans un registre moins révolutionnaire (donc moins confidentiel), André Téchiné fait appel à elle pour interpréter, à l’écran, la chanson par lui écrite du film Barocco (1976), qu’elle reprend quasi systématiquement, depuis, à la fin de ses récitals. Scène culte et queer, s’il en est, dans la filmographie du cinéaste, que celle montrant Marie France, dietrichienne en diable, susurrer On se voit se voir… devant une Hélène Surgère séduite et attendrie, un Gérard Depardieu conquis sans effort apparent et une Isabelle Adjani déversant à gros bouillon larmes et rimmel dans sa flûte à champagne (parce que, oui, l’eau, bon, ça va cinq minutes). D’autres prennent la relève dès le milieu de la décennie suivante : Gérard Mordillat, d’abord, sous la direction duquel elle roule de formidables patins à un Francis Perrin tout émoustillé, ce qui se comprend (Billy-Ze-Kick, 1985), Josiane Balasko, ensuite, rencontrée par l’intermédiaire de Coluche, qui fait d’elle la plus savoureuse des pensionnaires du bistrot à putes tenu par Dora Doll dans Les Keufs (1987). Toi, ma chérie, tu t’es pris une porte assenne-t’elle, mutine et enjôleuse, après avoir examiné sous toutes les coutures le cocard de circonstance arboré par sa partenaire (et réalisatrice) au bar de Madame Lou : grand moment de glamour à la sauce bitchy ! La même année, Téchiné lui redemande de chanter, cette fois entourée d’une demi-douzaine de boys, dans une séquence mi-glamour, mi-torride, des Innocents (1987) visiblement conçue spécialement pour elle. Plus discrète – cinématographiquement parlant – à partir des années 90, qu’elle consacre essentiellement aux planches, aux récitals chantés et à l’enregistrement d’albums (l’un avec le chanteur britannique Marc Almond, l’autre avec le guitariste Yan Péchin), elle n’en reprend pas moins le chemin des studios à l’aube du nouveau millénaire, tour à tour tapineuse adorablement vulgaire chez Gabriel Aghion (Belle Maman, 1998) et grande bourgeoise – une première (!) – courant les boutiques de prêt-à-porter de luxe chez Blanca Li (Le Défi, 2000). Le temps a beau passer, Marie France, qui a, entre temps repris son véritable patronyme en hommage à une autre Oranaise célèbre, Nicole Garcia, et publié une autobiographie aussi pertinente que réjouissante (Elle était une fois, X-Trême/Denoël, 2003), n’a rien perdu de sa blondeur, de sa verve, de son sex-appeal et, surtout, de la sensibilité extrême qui la caractérise depuis ses débuts. Tous les espoirs restent donc permis à celle qui, confiant à la fin des années 90 rêver de travailler sous la direction de Chéreau, Almódovar et Bob Wilson, vient d’être mise en scène par Philippe Decouflé (Paris secret, Printemps de Bourges, 2005) et de publier un premier best of agrémenté de chansons inédites portant la griffe de Frédéric Botton – autant dire du cousu main. En attendant le prochain film, la prochaine  pièce ou le prochain happening (voire les trois… ), Marie France s’apprête à investir, du 15 au 17 juin, la scène du Théâtre de l’Archipel (larchipel.net) pour une série de concerts mêlant chic, classe et rock and roll – prolongement logique d’un Trianon à guichets fermés en février dernier. Bel été en perspective ! Armel de Lorme

1969 : Les Chemins de Katmandou (André Cayatte). 1972 : Les Intrigues de Sylvia Couski (Adolfo Arrieta). 1973 : J’irai comme un cheval fou (Fernando Arrabal). 1974 : Le Jardin des Hespérides (Jacques Robiolles). Le Sujet ou le Secrétaire aux mille et un tiroirs (Joaquin Noessi/Joaquin Lledo). 1975 : Spermula (Charles Matton). 1976 : Barocco (André Téchiné ). 1985 : Billy-Ze-Kick (Gérard Mordillat). 1987 : Cinématon #949 (Gérard Courant, CM). Les Innocents (André Téchiné ). Les Keufs (Josiane Balasko). 1991 : La Gamine (Hervé Palud). 1993 : Une expérience d’hypnose télévisuelle (Gaspar Noé, CM). 1998 : Belle Maman (Gabriel Aghion). 2000 : Le Défi (Blanca Li).

Marie France (ou toute autre comédienne homonyme) serait en outre apparue dans le long métrage d’Éric Barbier, Toreros (1998), cette information n’ayant pu être vérifiée sur copie à l’heure où cet article est mis en ligne.

Addenda du 01/09/2006 :

Notre ami et collaborateur zélé Armel de Lorme est heureux de nous annoncer le lancement du site www.aide-memoire.org et de son “frère jumeau musical”, au titre encore classé confidentiel, pour début octobre. Au sommaire des premiers numéros sont d’ores et prévues, comme autant de mises en bouche, la mise en ligne de galeries photos, les échos de tournages en cours et quelques exclus relatives à l’@ide-Mémoire : Encyclopédie des Comédiens Volume 2, toujours en phase rédactionnelle et dont la sortie est reportée au début 2007. Armel en profite pour rappeler que la sublime Marie France donne rendez-vous à son public du Trianon et de l’Archipel sur la scène du théâtre Le Méry, le 15 septembre à 20 heures. Tous les compléments d’infos requis sont accessibles via les liens suivants :

www.lalalala.org (la formidable et classieuse revue virtuelle pop, music-hall et chanson française de Didier Dahon et Jérôme Reybaud), lire l’article suivant : Marie-France au théâtre Le Méry.

OMBRES ET LUMIÈRES

    

“… On aime les seconds rôles parce qu’ils nous ressemblent. Plus que les héros eux-mêmes, auxquels on aimerait ressembler, et qui dont donc plutôt des projections idéales. Par essence, le second rôle figure l’homme de la rue, le stylise, le personnalise, lui donne relief et singularité, mais ne le sublime pas. L’identification du spectateur opère donc de manière plus directe et plus immédiate – à la rigueur si le trait est trop rude ou trop peu flatteur, décidera-t-on d’y reconnaître son voisin de palier…” (Jacques Valot et Gilles Grandmaire “Stars deuxième”, Édilig, 1989). Si on retrouve dans l’édition anglo-saxonne, plusieurs livres consacrés aux “heavies”, “seconds couteaux”, ou comédiens de seconds plan, on ne pouvait jusqu’à présent retrouver concernant les français quatre livres exemplaires, mais malheureusement épuisés – “Les excentriques du cinéma français” d’Olivier Barrot et Raymond Chirat, portraits de 250 comédiens, et livre de chevet pour moi, déclencheur d’un grand amour pour ce type de  comédiens, heureusement réédité dans “Noir & Blanc” (Flammarion, 2000), “Les grands seconds rôles du cinéma français” par Jacques Mazeau et Didier Thouart (Pac, 1984), “Stars deuxième” cité en exergue, “Le dictionnaire des comédiens français disparus” d’Yvan Foucart (Éditions Grand Angle, 2000), mine d’informations, largement reprises partout et dont on peut lire quelques portraits inédites dans www.lesgensducinema.com, en attendant une prochaine réédition. Par un hasard salutaire, deux livres sur ce sujet viennent de sortir en ce début d’année, comblant un manque évident, et proprement enthousiasmants.  

Christophe Bier avait fait une brillante chronique, il y a quinze jours, dans “Mauvais genre” sur France Culture, concernant L’aide-mémoire, encyclopédie des comédiens français et francophones de cinéma, théâtre et télévision, sous la direction d’Armel de Lorme, avec des textes de Christophe Bier, Raymond Chirat, Armel de Lorme, Tgabory Fernatos, Italo Manzi, Alain Petit et Jean Pieuchot. Ce brillant volume 1, nous permet enfin de retrouver et de découvrir, outre les vedettes d’hier et d’aujourd’hui – Jean Marais, Danielle Darrieux, Sacha Guitry, Marcel Herrand, Anouk Aimée, Jean-Paul Rouve, etc… -nombre de comédiens à la carrière régulière ou chaotiques, cantonnés dans des rôles d’officiers allemands, emplois ancillaires, gouailleurs, silhouettes, etc…. Ce livre est une mine d’informations, d’érudition, de sérieux, réalisés par des chercheurs passionnés et non par des compilateurs myopes qui se dépêchent à recopier des erreurs, suite à une lecture hâtive du site IMDB. L’auteur Armel de Lorme – il a signé un remarquable bonus hélas tronqué dans le DVD de “Mon oncle” -en signalant d’ailleurs quelques petits malins, vendant au prix fort des filmos parus dans des bonus DVD, simples copiés-collés ne faisant même pas la distinction avec la télé – je vois d’où ça vient, je retrouvé d’ailleurs quelques téléfilms des années 70 que j’avais mis sur IMDB, ce qui m’amusait beaucoup d’ailleurs -. J’ai découvert ainsi avoir colporté des erreurs récurrentes, en confondant Jacqueline Chambord avec Judith Magre, – elle se nommait Simone Chambord, à ses débuts -. Les auteurs tordent le cou aux erreurs habituelles, sachant bien que comme disait Bertrand Tavernier, rien n’est plus “menteur qu’un générique” ! Les rôles coupés au montage final sont signalés ici. On apprend que certains comédiens identifiés par Raymond Chirat à la sortie des films, ont proprement disparus dans les copies que nous pouvons voir, à l’exemple de Rudy Lenoir absent des “Portes de la nuit” dont “il manque une vingtaine de minutes par rapport à la durée d’origine” !

On se régale à retrouver les acteurs fétiches de Jean-Pierre Mocky – Jean-Claude Rémoleux, Jean Abeillé, Gaby Agoston, Rudy Lenoir, Antoine Mayor le “Rondo Hatton” français  -, les personnages hantant les films de Jacques Tati, et choisis avec minutie- Nicole Régnault, faisant un come-back tardif dans “Brice de Nice” ! -, Rémoleux à nouveau, Louis Jojot, Jean-Pierre Zola, Nicolas Bataille, Betty Schneider, Yvonne Claudie, Lucien Frégis, Edouard Francomme -, de destins tragiques – Pascale Ogier, Jean-Marc Tennberg -, des cascadeurs-comédiens – André Cagnard, Guy Delorme, Michel Berreur -, stars de cinéma bis – Véronique Vendell, Sabine Sun -, de comédiens truculents jouant les utilités dans les comédies françaises, souvent avec Louis de Funès – France Rumilly, Micheline Bourday, Max Montavon -, retrouver les excentriques du cinéma français chers à Chirat – Marcel Pérès, Jean Ozenne, Gabrielle Fontan, Jean Témerson, Aimos, Marguerite Pierry, Édouard Delmont, Alfred Adam -, et le retour des excentriques du cinéma français, pour la génération suivante – Georges Adet, Jacques Rispal, Jean Ozenne, Charlotte Barbier-Krauss, la sympathique Madeleine Barbulée, Florence Blot, nombre de comédiens attachants –Gabriel Jabbour, Darling Légitimus, la grand-mère de Pascal, Marc Mazza, Michel Peyrelon dont je déplorais, ici même,  le silence à sa mort, etc…- , les actrices fétiches de Paul Vecchiali – l’incroyable Paulette Bouvet, mère de Jean-Christophe, Germaine de France, Denise Farchy -, des sympathiques “Madeleine” : Bouchez, Cheminat, Clervanne, Damien, Marie, femmes menues, que l’on confond parfois -, de femmes confinées dans des emplois acariâtres ou autoritaires – Helena Manson, Marianne Borgo, Jeanne Herviale -, des comédiens souvent sous-utilisés – Jacques Herlin, Edith Scob, Catherine Lachens -, de destins “avant-garde et grands voyageurs” – Kiki de Montparnasse, Gina Manès, Florence Marly, Conchita Montenegro, Reggie Nalder, Enrique de Rivero, et Howard Vernon, avec cerise sur le gâteau une interview « long-drink » très mordante de ce dernier -, et de beaux hommage aux disparus récents, certains évoqués ici-même – Suzanne Flon, Maurice Baquet, Henri Génès, Paul Le Person, Pierre Trabaud, etc… -.

Ces visages vous les connaissez tous, sans pouvoir toujours les identifier. Cet une magnifique hommage pour ces comédiens, éternels non crédités, où figurant au générique de fin, que l’on ne peut désormais même plus lire dans un passage télé tant il est minuscule, tronqué ou passant à la vitesse “grand V”. Même si le cinéma d’hier et d’aujourd’hui ne vous intéresse que modérément, c’est aussi l’occasion de retrouver des destins tragiques, romanesques, singuliers, une masse d’informations inédites, vous saurez par exemple à quel occasion Jean Abeillé a été le dernier partenaire de Brigitte Bardot. Difficile de citer tous le monde, tellement ce livre est foisonnant, vous pouvez retrouver la table des matières via le forum de Dvdclassik. Personnellement je rêvais pouvoir avoir un livre tel que celui-ci dans ma bibliothèque, sans trop y croire d’ailleurs, c’est fait désormais. Il sera un compagnon idéal, à portée de main c’est obligatoire, lors de vos visionnages de films câblés, du patrimoine sur France 3 ou des DVD, quel meilleur hommage à “Mon oncle” peut-on trouver à ce livre. Les filmos sont en plus d’une exhaustivité inédite, difficile de les prendre en défauts, j’ai cherché une erreur pour ne trouver qu’une coquille confondant Bernard Lavalette avec Bernard Lajarrige, et encore pour une scène coupée au montage dans “Violette Nozière” de Chabrol, c’est dire si je suis vicelard, mais il n’y a rien à faire, c’est du sérieux. Entre cohérence éditoriale, une passion pour sauvegarder la mémoire du cinéma français, ce livre est sans forfanterie aucune, un absolu régal. Il n’y a peu d’échos hélas des médias, car c’est un livre auto-édité, mais vous pouvez avoir des renseignements pour l’obtenir via l’adresse aide-memoire@club-internet.net. Pour un livre qui fait du bien, surtout quand on voit la liste des disparus de l’année défiler de manière subliminale dans la cérémonie des Césars, et encore avec des coquilles, François pour Françoise Vatel, c’est pathétique. Heureusement il reste quelques amoureux enflammés.

  

Sorti du même moule, mais sans filmographies, c’est un peu dommage, pour rappel, il convient également d’acquérir “Caractères, moindres lumières à Hollywood” (Éditions Grasset, 2006), de Philippe Garnier, que les lecteurs de “Libération” connaissent bien. Ce sont des hommages flamboyants aux “characters actors”, de la confrérie de la redingote – Eric Blore , Francklin Pangborn -, Edward Everett Horton, figurant en couverture, des visages singuliers du formidable « En quatrième vitesse », film culte de Robert Aldrich, « de Nick Dennis “Va Va Voum” à « Albert Dekker », d’individualités fracassantes de Simone Simon – évoquée aussi dans « l’@ide-mémoire -, mais aussi Frank Morgan, Arthur Kennedy, Thema Ritter, une sorte de Pauline Carton américaine, Eugene Pallette, une joyeuse rondeur, Edmond O’Brien, Jack Elam, présenté comme “L’homme qui a dit merde à Hollywood”, Walter Brennan, etc…,  à l’ultime caractère Timothy Carey déjà évoqué dans le site « Retour à Yuma », formidable gueule passant de l’œuvre de Stanley Kubrick à John Cassavetes. A noter pour les éditeurs que l’ami Jean-Louis Sauger, a déjà un dictionnaire sur le même mode, qui ne demande qu’à être publié. Philippe Garnier, dresse ici un superbe hommage aux acteurs de “composition” de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, souvent cantonnés dans des rôles stéréotypes, contraints à suivre l’exigence des studios, mais donnant aussi un suppléments d’âme à des figures imposées.   Deux hommages magnifiques aux sans-grade ! Il y a d’ailleurs deux cahiers photos centraux, permettant d’identifier, J’en ai découvert beaucoup ainsi. 

 

  

Je profite de cette chronique, pour présenter le premier roman d’un autre grand amoureux des seconds rôles, leur vouant un culte, c’est Jean-Marcel Erre pour son livre “Prenez soin du chien”. Avec un sens aigu de l’observation, on retrouve tout un voisinage assez déjanté autour d’un écrivain pour la radio Max Corneloup. C’est à la fois un solide polar, un livre inventif et haletant, habité par des personnages hauts en couleurs, et par un humour ravageur. On peut d’ailleurs s’amuser à distribuer les rôles avec nos amis seconds rôles. Hautement recommandable, aux éditions Buchet-Chastel.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Henri Genès

Henri Génès dans “Justinien Trouvé…”

Annonce de la mort du sympathique Henri Génès, ce Tarbais, ancien rugbyman était représentatif de cette bonhomie du Sud-Ouest (rien de péjoratif de ma part, y provenant également et étant Basque de surcroît ce qui n’arrange rien…). Beaucoup de ses chansons restent amusante à notre mémoire, même si l’on ne se souvient plus trop de son 45 tours “On est les minets de la plage” en duo avec… Jean Lefebvre. Il a beaucoup d’opérettes à son actif. Il devient une figure populaire au cinéma, rien de transcendant il est vrai, mais on se souvient particulièrement de son personnage de Julien, dans les oeuvres initiées par Ray Ventura “Nous irons à Paris” (1949) et “Nous irons à Monte-Carlo” (1951). Il est celui qui met de l’ambiance, à l’image de la troisième mi-temps chère aux joueurs de rugby, il était le supporter le plus enthousiaste dans “Allez France !” (1964) de Robert Dhéry avec lequel il a tourné “Le petit baigneur” (1967), également, détonnant particulièrement dans le légendaire calme britannique. Il était un remarquable “Annibal de Coconas” dans “La reine Margot” (Jean Dréville, 1954) gardant une certaine décontraction même en plein massacre de la St-Bathélémy.

Il campe souvent les bons copains sur lequel on peut compter à l’instar de l’ami fidèle de Claude Dauphin qui l’aide à sortir de sa réserve dans “La petite chocolatière” (1949). Gérard Oury l’utilisait beaucoup à l’image du serviable employé du zoo, père de Marie Dubois, dans “La grande vadrouille” (1966), et Claude Sautet lui confit un rôle décalé d’investisseur venu de Bruxelles, mais gardant bien sûr son fameux accent. On peut déplorer qu’il fut le seul avec Gérard Mordillat, “Vive la sociale !” (1983), à utiliser son image autrement. Il devient la figure de l’artisan local, le cafetier chaleureux ou le prêtre se révélant rassurant malgré ses apparats dans “Justinien Trouvé…”. Il se retrouve souvent dans “La garde rapprochée” des films avec Louis de Funès. Il était un grand pourfendeur de nanar, on se souvient de son curé Truffard qui sortait en costume de bain de la mer, pour surprendre Paul Préboist parti évangélisé des adeptes du nudisme dans le “Kolossal” “Mon curé chez les nudistes” (Robert Thomas, 1982). Il fut aussi un “bon client” à la télévision avec des émissions comme “Système deux”, “Alors raconte”, “La classe” et “La chance aux chansons”.

Henri Génès dans “Nans le berger”

Filmographie : 1945  La ferme du pendu (Jean Dréville) – 1946  Plume la poule (Walter Kapps) – 1949  Nous irons à Paris (Jean Boyer) – La petite chocolatière (André Berthomieu) – 1950  Les amants de Bras-Mort (Marcel Pagliero) – Pigalle Saint-Germain-des-Prés (André Berthomieu) –  1951  Nous irons à Monte-Carlo (Jean Boyer) – Parigi è sempre Parigi (Paris est toujours Paris) (Luciano Emmer) – 1952  Au diable la vertu (Jean Laviron) – Cent francs par seconde (Jean Boyer) – Une fille dans le soleil (Maurice Cam) – Les détectives du dimanche (Claude Orval) – Femmes de Paris (Jean Boyer) – 1953  Jeunes mariés (Gilles Grangier) – L’œil en coulisse (André Berthomieu) – Soir de Paris (Jean Laviron) – 1954  La reine Margot (Jean Dréville) – 1955  Ces sacrées vacances (Robert Vernay) – La rue des Bouches Peintes (Robert Vernay) – Coup dur chez les mous (Jean Loubignac) – Trois de la Canebière (Maurice de Canonge) – 1956  Trois de la marine (Maurice de Canonge) – 1964  Allez France ! (Robert Dhéry) – Le corniaud (Gérard Oury) – 1966  La grande vadrouille (Gérard Oury) – 1967  Le petit baigneur (Robert Dhéry) – 1968  Le cerveau (Gérard Oury) -Les gros malins (Raymond Leboursier) – 1970  L’homme qui vient de la nuit (Jean-Claude Dague) – 1974  En grande pompe (André Teisseire) – Le pied ! (Pierre Unia) – Le rallye des joyeuses (Serge Korber) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – 1977  L’animal (Claude Zidi) – Ça va pas la tête (Raphaël Delpard) – 1978  Embraye bidasse… ça fume ! (Max Pécas) – Artignosse à Paris (Jacques Soumet, CM) – Le gendarme et les extra-terrestres (Jean Girault) – 1979  L’avare (Jean Girault & Louis de Funès) – Sacrés gendarmes (Bernard Launois) – 1980  Touch’ pas à mon biniou (Bernard Launois) – 1981  La soupe aux choux (Jean Girault) – Prends ta Rolls et va pointer (Richard Balducci) – 1982  Le braconnier de Dieu (Jean-Pierre Darras) – Mon curé chez les nudistes (Robert Thomas) – 1983  Garçon ! (Claude Sautet) – Vive la sociale ! (Gérard Mordillat) – 1984  Y a pas le feu… (Richard Balducci) – 1985  Le facteur de Saint-Tropez (Richard Balducci) – 1989  Le provincial (Christian Gion) – La fille des collines (Robin Davis) – 1991  L’écrou (Jean-Pierre Vedel, CM) – 1992  Justinien Trouvé ou le bâtard de Dieu (Christian Fechner).

Henri Génès avec Jeannette Batti, source Anao

Télévision (notamment) : 1966  L’amour en papier (François Chatel) – 1967  Le trésoir des moines (François Chatel) – Les créatures du bon Dieu : Un fauve pour le week-end (Jean Laviron) – 1976  Nans le berger : Arnaude (Bernard-Roland) – 1977  La lune papa (Jean-Paul Carrère, série TV) – Allez la rafale ! (Yannick Andréi, série TV) – 1978  Viva Napoli (Pierre Pradines, captation) – 1979  Le facteur de Fontcabrette (Bernard-Roland) – 1980  À la Jamaïque (Paul Renty, captation) – 1981  Les amours des années folles : Un mort tout neuf (François Chatel) – Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – Fini de rire, fillette (Edmond Tyborowski) – 1982  Paris Saint-Lazare (Marco Pico) – 1983  Liebe läßt alle Blumen blühen (L’attrapeur) (Marco Serafini) – 1984  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’ami d’enfance de Maigret) – La terre et le moulin (Jacques Ertaud) – 1985  Madame et ses flics : Le prix du cadavre (Roland-Bernard) – 1986  Madame et ses flics : Spécial bavure (Roland-Bernard).

Mise à jour du 04/08/2009

Pour rappel : Mort de Brock Peters, voir forum de DVD Classik. Musicien et comédien, il était célèbre pour son rôle du client innocent de l’avocat joué par Gregory Peck dans “Du silence et des ombres”  (Robert Mulligan, 1962). Voir également sa filmographie dans Les gens du cinéma.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Maurice Baquet

 

Maurice Baquet par Robert Doisneau en 1968

C’est un membre de la famille, un cousin farfelu adoré des enfants, capable d’improviser ou de se mettre à faire de la musique au moment où l’on s’y attend le moins. Il a au moins trois vrais talents : le sport, la musique, le théâtre…” (Olivier Barrot, “Les excentriques du cinéma français, Éditions Henri Veyrier, 1983). “C’est un personnage curieux que Maurice Baquet- et si populaire que lorsqu’il paraît sur l’écran d’une salle de quartier l’on entend généralement se propager dans l’ombre un murmure satisfait qui n’est autre que son nom, chuchoté comme celui d’un ami (Écran Français N° 100 du 27/05/1947, cité dans le livre d’Olivier Barrot, “L’écran français 1943-1953 – histoire d’une époque”, Les éditeurs, français réunis, 1979).

L’un des comédiens les plus attachants du cinéma français, vient donc de nous quitter, du fils de concierge à la jambe cassée “Le crime de monsieur Lange” (Jean Renoir, 1935) au scrutateur des éléctions dans “Dieu seul me voit” (Bruno Podalydès, 1997), il était le ludion, le personnage léger, filou (son Ribouldingue dans les deux versions des “Pieds Nickelés”, semble avoir marqué la fin des années 40), ou parfois graves (chez Costa-Gavras). Il a été finalement assez rare, voire modeste acceptant d’apparaître non crédité comme musicien avec son violoncelle (“Monsieur Klein”, “Bobby Deerfield”. Témoin du front populaire et du groupe octobre, il amenait un vent assez libertaire, d’où son compagnonnage dans les films tirés des BD de Reiser (“Vive les femmes”, Pichard (“Paulette, pauvre petite milliardaire) ou Wolinski (“Le roi des cons”). Comédien estimé par le profession, il reçoit un “molière” d’honneur en 1998. Je me souviens avoir vu un documentaire où avec humour il parlait de l’alpinisme, de Gaston Rebuffat, de sa musique, avec humour et humanité et j’ai comme l’impression d’avoir perdu, comme beaucoup de cinéphiles certainement,  un membre de ma famille. Il était le père de Grégory Baquet. 

Filmographie : 1932  Les bolides de la neige (A. Ledoux, CM) – 1933  Trois vies et une corde (Henri Stork, CM) – 1935  Taxi de nuit (Albert Valentin, CM) – Veille d’armes (Marcel L’Herbier) – Les beaux jours (Marc Allégret) – Le crime de monsieur Lange (Jean Renoir) – 1936  Les Bas-fonds (Jean Renoir) – Hélène (Jean Benoît-Lévy & Marie Epstein) – Jeunes filles (Claude Vermorel) – 1937  L’alibi (Pierre Chenal) – Gueule d’amour (Jean Grémillon) – Mollenard (Robert Siodmak) – La mort du cygne (Jean-Benoît Lévy & Marie Epstein) – 1938  Altitude (Jean-Benoît Lévy & Marie Epstein) – Accord final (Ignacy Rosenkranz & I.R. Bay) – Place de la Concorde (Carl Lamac) – 1939  Le grand élan (Christian-Jaque) – 1941  Départ à zéro (Maurice Cloche) – 1942  Le chant de l’exilé (André Hugon) – Dernier atout (Jacques Becker) – La fausse maîtresse (André Cayatte) – Frederica (Jean Boyer)- Opéra-Musette (René Lefèvre) – 1943  Adieu Léonard (Pierre Prévert) – Coup de tête (René Le Hénaff) – Premier de cordée (Louis Daquin) – 1945  Dernier métro (Maurice de Canonge) – Leçon de conduite (Gilles Grangier) – 1946  Pas un mot à reine-mère (Maurice Cloche) – Voyage-surprise (Pierre Prévert) – 1947  Les aventures des Pieds Nickelés (Marcel Aboulker) –  Kenzi (Kenzi, mon trésor) (Vicky Ivernel) – Une aventure de Polop (Walter Kapps, CM) –    La fleur de l’âge (Marcel Carné, inachevé ) – 1948  Les souvenirs ne sont pas à vendre (Robert Hennion) – Les drames du Bois de Boulogne (Jacques Loew, CM) – Trois garçons et un planeur (Jean Perdrix, CM) – 1949  Tire au flanc (Fernand Rivers) – Le trésor des Pieds Nickelés (Marcel Aboulker) – 1950  Rondo sur la piste (Maurice Henry, CM) – Bibi Fricotin (Marcel Blistène) – Andalousie (Robert Vernay) – 1952  Innocents in Paris (Week-end à Paris) (Gordon Parry) – 1955  L’impossible monsieur Pipelet (André Hunebelle) – 1956  Le voyage en ballon (Albert Lamorisse) – 1957  Une nuit au Moulin-Rouge (Jean-Claude Roy) – 1962  Mandrin, bandit gentilhomme (Jean-Paul Le Chanois) – 1966  Scarf of mist thigh of satin (Joseph W. Sarno, inédit, non confirmé) – 1968  Z (Costa-Gavras) – 1974  Section spéciale (Costa-Gavras) 1975  Attention les yeux ! (Gérard Pirès) – Monsieur Klein (Joseph Losey) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (Sidney Pollack) –  1977  Jacques Prévert (Jean Desvilles, documentaire) – L’ange (Patrick Bokanowski) – 1978  L’adolescente (Jeanne Moreau) – Fedora (Id) (Billy Wilder) – 1979  Le divorcement (Pierre Barouh) – 1980  Le roi des cons (Claude Confortès) – 1981  Madame Claude 2 (François Mimet) – Tête à claques (Francis Perrin) – Salut j’arrive (Gérard Poteau, Pierre & Marc Jolivet) – 1983  Vive la sociale (Gérard Mordillat) – Vive les femmes ! (Claude Confortès) – 1984  Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985  Paulette, la pauvre petite milliardaire (Claude Confortès) – Strictement personnel (Pierre Jolivet) –  1986  Le débutant (Daniel Janneau) – 1988  Le come back de Baquet (Nicolas Philibert, CM documentaire) – 1990  Cinématon N°1324 (Gérard Courant, CM) – 1992  Babilée ’91 (William Klein, MM) – Roulez jeunesse (Jacques Fansten) – 1993  Délit mineur (Francis Girod) – Doisneau des villes, Doisneau des champs (Patrick Cazals, CM) – La braconne (Serge Pénard, inédit en salles)  – 1994 Télémania (Arnaud Bel, CM) – Oui (Pascal Perennes, MM) – Les cent et une nuits (Agnès Varda, rôle coupé au montage) – 1997  Dieu seul me voit (Versailles-chantier) (Bruno Podalydès)1998  Pierre Verger : Mensageiro entre dois mundos (Pierre Verger, messager entre deux mondes) (Lula Buarque De Holanda, documentaire)Télévision (notamment) : 1957  Songe d’une nuit d’été (François Chatel) – 1964  Arlequin Hulla ou la femme répudiée (Maurice Beuchey) – Le petit Claus et le grand Claus (Pierre Prévert) – Le prince de Madrid (Janine Guyon) – 1966  Bonsoir Gilles Margaritis (Pierre Tchernia, divertissement) – 1970  Alice au pays des merveilles (Jean-Christophe Averty)1980  La plume (Robert Valey)Notre bien chère disparue (Alain Boudet)Docteur Teyrand (Jean Chapot)1981  Robert Doisneau, badaud de Paris, pêcheur d’images (François Porcile, MM)Le loup (Youri)1982  Paris Saint-Lazare (Marco Pico)1985  La sorcière de Couflens (Gérard Guillaume) – Jeu, set et match (Michel Wyn)1986  Noël au Congo (Patrick Gandery-Réty)1987  Tailleur pour dames (Yannick Andréi, captation) – Cinéma 16 : Un village sous influence (Alain Boudet) – 1988  Le ravissement de Scapin (Georges Folgoas)1990  Notre Juliette (François Luciani)1991  Crimes et jardins (Jean-Paul Salomé )- 1992  Mes coquins (Jean-Daniel Verhaeghe)La peur (Daniel Vigne)1996  J’ai rendez-vous avec vous (Laurent Heynemann)1998  Le goût des fraises (Frank Cassenti) – 2000  L’ami de Patagonie (Olivier Langlois). Nota : Petit mystère, IMDB, le créditait un temps dans “1966  Scarf of mist thigh of satin” (Joseph W. Sarno, 1966), hors désormais il n’y figure plus. Remerciements à Yvan Foucart

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Sophie Mounicot

Son rôle marquant dans la série “H” de Clara Saulnier, véritable mère “tape-dur”, risquait de la cantonner dans un certain type de rôle, à l’image la “journaliste pipelette” au festival de Cannes, dans “La cité de la peur” ou la coiffeuse acariâtre dans “Ah, si j’étais riche !” . Mais si elle excelle dans ce type de rôle, elle amène toujours une humanité à  ses rôles, comme la secrétaire zélée de Jean-Claude Dreyfus dans “Tiré à part”, et la célibataire en mal d’amour dans “Monique”. On retrouve son bel aplomb souvent en “bonne copine”. Elle est bouleversante dans “Clara et Moi” quand regardant les photos de famille de Julien Boisselier, ses démons familiers et familiaux remontent à la surface, elle ne peut que fuir, alors que son personnage de femme marquée par la vie ne semblait taillé que dans un seul roc. A noter qu’outre H, elle participe à deux des plus intéressantes séries actuelles “Les enquêtes d’Éloïse Rome” où elle campe une femme médecin légiste ironique et dans “Police district” où elle joue Pascale, une femme flic. Elle est toujours irrésistible de la régisseuse assez odieuse faisant passer des castings à des enfants dans “Un château en Espagne” à la rivale Julie Ferrier, candidate cosmonaute pour aller dans l’espace, mais encombrée par sa vieille mère dans “Ça se soigne ?”. Elle est irrésistible dans “Victor” en femme délaissée et dépressive, qui retrouve son mordant en se souvenant des expressions de sa grand-mère. On la retrouve dans la catégorie des femmes odieuses, en directrice de crèche raciste dans un épisode de la saison 3 de “Fais pas ci, fais pas ça”. Elle ne va jusqu’à promettre une place pour le bébé d’Isabelle Gélinas, qu’en échange d’un « dog-sitting », cerise sur le gâteau son chien étant particulièrement répugnant. La critique la salue unanimement, quand on lui propose un rôle plus subtil de mère dépassée par l’adolescence de sa fille dans “La robe du soir”. On peut retrouver des informations sur cette comédienne sur le site “sophiemounicot.free.fr”

Filmographie : 1987  Le dos à la main (Valérie Boudrand, CM) – 1988  Deux (Claude Zidi) – 1990  La pagaille (Pascal Thomas) – 1991  Ne m’appelle pas René (Jean-Stéphane Sauvaire, CM) – 1992  Tous les garçons (Étienne Faure, CM) – 1993   Rêve d’amour (Nick Quinn, CM) – La cité de la peur, une comédie familiale (Alain Berbérian) – 1994  Les frères Gravet (René Feret) – 1995  Les apprentis (Pierre Salvadori) – Les menteurs (Elie Chouraqui) – Tiré à part (Bernard Rapp) – 1996  Qui vole un oeuf vole un boeuf (Pascal Bourdiaux & Éric Peruchon) – 1997  Les jeux sont faits (Bernard Rosselli, CM) – Direct (Myriam Donnasice, CM) – Prison à domicile (Christophe Jacrot) – 1998  Facile (Nathalie Serrault, CM) – Blind date (plusieurs réalisateurs)  – La dilettante (Pascal Thomas) – Du bleu jusqu’en Amérique (Sarah Lévy) – In extremis (Étienne Faure) – 1999  Sur un air d’autoroute (Thierry Boscheron) – Trait d’union (Bruno Garcia, CM) – À vot’service [épisode «Welcome »] de Claude Berne (inédit en salles) – 2000  Un bon flic (Olivier Marchal, CM) – Scénarios sur la drogue : Cake (Jean-Louis Tribes, CM) – 2001  Vertiges de l’amour (Laurent Chouchan) – Jojo la frite (Nicolas Cuche) –   Lieu magique pour une soirée ordinaire (Marius Moutet, CM) – Monique (Valérie Guinabodet) – Ah, si j’étais riche (Michel Munz & Gérard Bitton) – 2002  Saturday night frayeur (Nathalie Serrault, CM) –  Bois ta suze (Emmanuel Silvestre & Thibault Staib, CM) – 2003  Le trésor (Annabel Boubli, CM) – 2003  Clara et moi (Arnaud Viard) – 2004  Ze film (Guy Jacques) – 2006  Un château en Espagne (Isabelle Doval) – Bean II (Steve Bendelack, rôle coupé au montage ?) –  2007  Ça se soigne ? (Laurent Chouchan) – 2008  Victor (Thomas Gilou) – Rumeurs, Commérages, On dit que (Ingrid Lanzenberg, CM) – 2009  La robe du soir (Myriam Aziza) – Par amour (Laurent Firode) – 2010  Hollywoo (Pierre Bertre & Pascal Series).

 

Télévision(notamment) : 1988  Voisin, voisine (série) – A fine romance (Tom Wright) – 1989  Un faux tableau (Gérard Espinasse) – 1991  Fdm (plusieurs réalisateurs) – 1991  Station Charenton (Franck Godard) – 1992  Les Nuls, l’émission – 1993  Regarde moi quand je te quitte (Philippe de Broca) – 1996  Docteur Sylvestre : “Condamné à vivre” & “D’origine inconnue” (Dominique Tabuteau) – 1997  L’instit : Que personne ne bouge (Christian Faure) – Julie Lescaut : Question de confiance (Alain Wermus) – Chaos technique (Laurent Jaoui) – 1998  La traversée du phare (Thierry Redler) – Avocats & associés : Prise dans la toile (Philippe Triboit) –  1998/2002 “H” (rôle récurrent, série) (plusieurs réalisateurs) – 1999  Police district (rôle récurrent, série) (plusieurs réalisateurs) – 1999  Sauvetage : Portés disparus (Igaal Niddam) – 2000  Le crime ne paye pas (Denys Granier-Deferre) – 2001  Carnets d’ados : Les paradis de Laura (Olivier Planchot) – On ne choisit pas sa famille (François Lucciani) – L’impasse du cachalot (Élisabeth Rappeneau) – 2001/2005  Les enquêtes d’Éloïse Rome (rôle récurrent, série) (plusieurs réalisateurs) – 2002  Je hais les enfants (Lorenzo Gabriele) – Un petit garçon silencieux (Sarah Lévy) – Faut’il (Jérôme Cornueau) – 2003  L’inconnue de la départementale (Didier Bivel) – L’arbre et l’oiseau (Marc Rivière) – Les copains d’abord (Joël Santoni) – Les Robinsonnes (Laurent Dussaux) – Jeff et Léo, flics et jumeaux : Un mystère de trop (Olivier Guignard) – 2005  Au crépuscule des temps (Sarah Lévy) – Mes parents chéris (Philomène Esposito) – 2006  Confidences (Laurent Dussaux) – 2007  Le monde est petit (Régis Musset) – 2008  Un vrai papa Noël (José Pinheiro) – Frères de sang (Stéphane Kappes) – Pas de toit sans moi (Guy Jacques) – 2009  La famille Grenelle (Hervé Brami) – Les amants de l’ombre (Philippe Niang) – Les semaines de Lucide (Claire de La Rochefoucauld) – Tombé sur la tête (Didier Albert) – 2010  Joséphine, ange gardien : Un bébé tombé du ciel (Pascal Heylbroeck) – Ripoux anonymes (Claude Zidi) – Fais pas ci, fais pas ça : épisode ? (Laurent Dussaux) – La grève des femmes (Stéphane Kappes) – Midi et soir (Laurent Firode) – Camping Paradis : Ça décoiffe au camping (François Guérin) – 2011  Frère et soeur (Denis Malleval) – Le bonheur des Dupré (Bruno Chiche).

Théâtre : 2004  Quand l’amour s’emmêle, de et m.e.s. d’Anne-Marie Étienne. 2005/2006  Toc toc, de et m.e.s. de Laurent Baffie (Théâtre du Palais Royal) – 2008/2010  C’est mon tour, de Gérald Sibleyras, François Rollin & Sophie Mounicot, m.e.s. de Roland Marchisio (Théâtre des Mathurins – Point virgule). Mise à jour du 14/07/2011

 

Antoine Duléry, Julien Boisselier, Riton Liebman & Sophie Mounicot, dans “Clara et moi”

Article L’HUMANITE du 27 mars 2004. 

TV. Une femme en case, par Sébastien Homer  

Sophie Mounicot porte un regard acerbe sur la télé et le métier d’acteur. 

Les Robinsonnes. France 3, 20 h 55. 

” Les hommes, c’est pas très difficile à trouver “, explique à ses comparses son personnage dans les Robinsonnes. Alors ? ” M’ouais ! Même si j’ai de plus en plus de mal à voir l’humain dans tout ça “, répond Sophie Mounicot en lançant un regard autour d’elle. Ajoutant lorsqu’on égrène les adjectifs censés la qualifier : ” Drôle, pince-sans-rire, ironique, sarcastique ? Ironique, oui, caustique, plutôt. Mais je ne suis pas ce que je joue. Le problème, en télé, c’est qu’on fait tout pour te faire rentrer dans une case. Moi, je ne fais que prendre les rôles qu’on me donne. Et ils sont rares, ceux qui cherchent la petite bête ! “ Des années que Sophie, entre petit et grand écran, désir de planches et rêve d’écriture, cherche, se cherche, teste, déteste, conteste. Accepte ! Et même si c’est le personnage de Clara dans H, sur Canal, qui l’a fait connaître, pour mieux la saisir, on se penchera sur Pascale, cette fliquette débraillée et borderline traînant sa blondeur faussement dégingandée dans la noirceur de Police District : ” J’aimais tellement ce personnage que ça m’a fait mal de voir cette série s’arrêter, assène-t-elle. Pascale, c’était pas de la fliquette manucurée en talons hauts. Ce personnage, on l’a vraiment construit à plusieurs. Après quelques engueulades, parce qu’au départ c’était physique : je ne supportais pas l’uniforme ! Alors, sur le plateau, je tirais sur mon col, je dégrafais mes boutons. Et ça cadrait parfaitement : une fliquette qui n’a rien à foutre du règlement, plus flic par dépit que par conviction. Et n’attendant pas plus de la vie que de son métier !” De l’arrêt de la série, un goût amer : ” En télé, personne ne prend de risque. Faut pas choquer. Mais les images de carnage au JT, les reality-shows où le seul rêve qu’on donne, c’est de baiser sous l’oeil des caméras, c’est pas pareil “, déplore celle qui, dernièrement, a participé à une fiction prenant la poussière dans un tiroir de TF1. Entre Sophie Mounicot et le petit écran, un mélange d’amour et de haine. Se demandant parfois : ” J’aurais peut-être dû bouffer plus souvent des pâtes et être plus sélective. Quand on débute, on ne se rend pas compte à quel point on se fait mal à tout accepter. Car, même si c’est un métier qui vous apporte beaucoup de bonheur ! acteur, c’était une évidence pour moi ! c’est aussi d’une violence inouïe. En revanche, je ne supporte pas le snobisme à l’égard de la télé. J’y ai fait de formidables rencontres et appris à travailler vite. “Travailler vite, comme dans H : ” une expérience formidable et la seule sitcom qui ait marché : on était comme une petite troupe de théâtre, à jouer en direct devant le public ” où elle incarnait Clara : ” Ça m’a fait marrer de faire ce personnage caricatural. Et autoritaire, encore une fois. ” C’est le physique mais surtout la voix, sourit la cadette d’une famille ” où, très tôt, entre filles, on a appris à se débrouiller “. Quand j’étais petite, j’ai eu une maladie assez rare qui a affecté ma diction. Je compense donc en parlant vite et en appuyant certaines syllabes. D’où un ton qui peut être jugé cassant ! “ Avec l’humour, une autre ” carapace ” qui constitue tant un atout qu’un handicap chez cette ” vraie timide ” : ” Autre problème aussi, la franchise, confesse-t-elle. On est dans un milieu et une société qui vous demandent en permanence d’être franc, d’être vrai sans accepter de l’entendre “. En tête, quelques castings. Qu’importe, sourcil relevé et sourire en coin, elle lâche : ” Sûre que le rôle de ma vie, on ne me l’a pas encore donné Bah ! Quand ça arrivera, ça se remarquera. ” Et de travailler sur son long métrage : ” Un film sur les rapports mère-fille. Des rapports inversés : là, ce serait la mère qui fuguerait ” Adepte d’Audiard et de Desproges, elle n’a même pas besoin d’ajouter que la seule certitude qu’elle a, c’est d’être dans le doute : ” Car, aujourd’hui, il n’y a pas que les acteurs qui rament. Les réalisateurs aussi “. Et de conclure, dans un clin d’oeil : ” Un jour, un réalisateur m’a dit que j’étais comme un bon vin. Faut laisser reposer, quoi “

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Seiler

Jacques Seiler dans “Merci la vie”

Il est mort un premier avril 2004. Seiler, à la manière d’autres comédiens morts récemment, tel Jean Saudray (“La terreur de la SFP” selon une formule de Christophe Bier), mort en 2002, Henri Lambert (2003), ou Gérard Darrieu (2004),  a contribué aux riches heures de l’ORTF.  Ce fils de coiffeur,  (voir son état civil dans le site Les gens du cinéma  obtient une reconnaissance par son brillant parcours théâtral. Il débute dans des cabarets tels le mythique “Rose rouge”, célèbre cabaret de la rue de Rennes,  grâce à Yves Robert, où selon un témoignage des “frères Jacques”, “les artistes se changeaient dans les toilettes”.  Il rentre au TNP, période Jean Vilar, puis rencontre des grands metteurs en scène comme Roger Blin ou Patrice Chéreau. En 1970, il fonde sa propre troupe théâtrale “Théâtre aujourd’hui”. Il privilégie les grands textes contemporains, qu’il met en scène : à noter sa fidélité et son aisance avec l’univers de Roland Dubillard,  (“After Show”, “L’eau en poudre”, « La maison d’os”, etc…), ou de Robert Pinget, notamment. Il fut aussi novateur en adaptant en 1980 “Les exercices de style” de Raymond Queneau, sur les planches avec Danièle Lebrun et Jacques Boudet, dont il nous reste une captation télévisée de Marcel Bluwal. Il reçoit le prix “Dominique” pour cette mise en scène. Il fut une figure emblématique des feuilletons TV,  où son crâne rasé (pour cause de pêche sous-marine, selon Jean-Louis Perrier (« Le monde » du 06/05/04)) fait merveille, mais le cantonne souvent dans des rôles inquiétants. Son rôle le plus connu reste celui d’Henri Desfossés en 1966, face à un formidable Bernard Noël dans le feuilleton “Vidocq” de Marcel Bluwal  (que l’on peut qualifier de chef d’œuvre). Il y est un ancien bagnard, compagnon d’infortune de Vidocq, qu’il aide face à la traque de Flambard (magistral Alain Mottet). Il retrouve ce rôle dans la seconde et troisième saison de Vidocq en 1971 et 1973 : “Les nouvelles aventures de Vidocq”, avec Claude Brasseur, Marc Dudicourt, Danièle Lebrun, où son personnage devient une sorte d’imbécile heureux sympathique, voire émotif, il chancelle en voyant Micha Bayard, employée d’une morgue. Avec Pierre Pernet (déjà présent dans la première saison, son personnage de “l’acrobate” réssuscitant pour l’occasion), Alain Mac Moy et l’acteur allemand (pour cause de co-production), Walther Buschhoff, ils composent la police secrète de Vidocq, au grand dam d’un Marc Dudicourt drôlatique et dépassé de se retrouver sous les ordres de celui qu’il avait pourchassé. Jacques Seiler amène une folie amusée à son rôle, il faut le voir simuler la folie en immitant un chien, la cravate derrière l’oreille pour figurer de grandes oreilles, face à un André Thorent épouvanté dans un des épisodes. Il fut également un inquiétant “maître d’école” dans le feuilleton franco-allemand “Les mystères de Paris” (André Michel, 1980). Pour le cinéma il demeure malheureusement sous-utilisé, il est souvent le souffre-douleur des “Charlots” dans “Les bidasses en folie”, “Les fous du stade” et “Le grand bazar”  chez Claude Zidi. Peu de contre-emplois, à noter celui du couturier, nommé Isidore Ducasse ! (rôle souvent attribué à Harry-Max dans quelques dictionnaires) , virevoltant et maniéré dans le culte “Qui êtes-vous Polly Maggoo ?” ou prêcheur des rues dans “Érotissimo” (Gérard Pirès, 1968). Il mélange autorité et perplexité dans le rôle du général Dejean dans l’épisode de “La caméra explore le temps : La conspiration du général Malet” (Jean-Pierre Marchand, 1963), disponible en DVD.  Il y juge le général Malet (joué par un magistral François Maistre), qui avait organisé un coup d’état depuis sa cellule, en l’absence de Napoléon. Dans le même registre il préside, à cheval, le “Jugement de Dieu”, entre Jean Marais et Guy Delorme, dans “Le miracle des loups” (André Hubebelle, 1961). On le retrouve le plus souvent en bagnard, homme de main de grands truands comme dans “Les gorilles” (Jean Girault, 1964), valet, celui des mousquetaires dans “Les trois mousquetaires” (André Hunebelle, 1961), employé, tel le barman goguenard face à Pierre Mondy (L’épisode “Le yacht” du film “Les veinards” (Jack Pinoteau, 1962). Après une participation à un film d’Alain Robbe-Grillet, en 1974, il délaisse le grand écran durant les années 70-80, y revenant ses dernières années. On le retrouve, en inspecteur rigolard, en tandem avec Jean Rougerie face à une Catherine Jacob dans une situation des plus inconfortable dans “Merci la vie” (Bertrand Blier, 1990) – il accuse de meurtre Michel Blanc, alors que sa femme lui répond et est bien vivante -, en détective gaffeur (et pas très discret) dans “On peut toujours rêver” (Pierre Richard, 1990), en passeur des enfers nommé évidemment Caron dans “J’aimerais pas crever un dimanche”, et en directeur de prison quelque peu malmené, dans “Requiem” (Hervé Renoch, 2000), son dernier rôle au cinéma.

 Bibliographie : “Le monde” et dépêche de  “Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom” du 06/04/04; “Le dictionnaire des comédiens français disparus – Nouvelle éditon” par Yvan Foucart (2008).  Remerciements à Christophe Bier.

Jacques Seiler dans “La conspiration du général Malet”

Précision d’Armel de Lorme : sur certains films de 1957, il figure au générique ou dans les “corpo” comme Jean-François Seiler, nom qu’il utilisait également au théâtre à ses débuts.

Filmographie :  établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme : 1957  À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Ces dames préfèrent le mambo (Bernard Borderie) – Le Gorille vous salue bien (Bernard Borderie) – Le septième ciel (Raymond Bernard) – Sois belle et tais-toi (Marc Allégret). 1958  À pied, à cheval et en Spoutnik ! (Jean Dréville) – Des femmes disparaissent (Édouard Molinaro) – La tête contre les murs (Georges Franju) – 1959  Sergent X. (Bernard Borderie). 1960 : Le Caïd (Bernard Borderie). Comment qu’ elle est… (Bernard Borderie) – 1961  La dénonciation (Jacques Doniol-Valcroze) – Le miracle des loups (André Hunebelle) –  Les trois Mousquetaires – Les Ferrets de la Reine (Bernard Borderie) – Les trois Mousquetaires – La vengeance de Milady (Bernard Borderie) – 1962 Les Bricoleurs (Jean Girault) – Le chevalier de Pardaillan (Bernard Borderie) – Mathias Sandorf (Georges Lampin) – Les mystères de Paris (André Hunebelle). Les veinards [épisode « Le yacht »] (Jean Girault). Le vice et la vertu (Roger Vadim) – 1963  À toi de faire… mignonne (Bernard Borderie) – Gibraltar (Pierre Gaspard-Huit). 1964 : Les gorilles (Jean Girault). Le majordome (Jean Delannoy). 1965  Les miettes (Philippe Condroyer, CM). Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (William Klein). 1966  Chappaqua (Conrad Rooks) – La nuit des généraux/The Night of the Generals (Anatole Litvak) – 1968  Les encerclés (Christian Gion) – Érotissimo (Gérard Pirès) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – 1969  La rose écorchée (Claude Mulot) – 1971  Les bidasses en folie (Claude Zidi) – L’oeuf (Jean Herman) – 1972  Les fous du stade (Claude Zidi) – 1973  Quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – À nous quatre, Cardinal ! (André Hunebelle) – Le grand bazar (Claude Zidi) – 1974  Les bidasses s’en vont-en guerre (Claude Zidi). Le Jeu avec le feu (Alain Robbe-Grillet). 1990  Merci la vie (Bertrand Blier) – On peut toujours rêver (Pierre Richard) – 1992  Le sourire d’Athanase (Catherine Beuve-Mery, CM) – 1993  Hey Stranger (Peter Woditsch) – 1995  Les nuits de Vaccares (Bernard George, CM) – 1998 : J’aimerais pas crever un dimanche (Didier Le Pêcheur) – 2000  Requiem (Hervé Renoh). Télévision (notamment) : 1959  En votre âme et conscience : Le secret de Charles Rousseau (Jean Prat) – 1960  Les trois soeurs (Jean Prat) – 1961  Egmont (Jean-Paul Carrère) – Le théâtre de la jeunesse : Un bon petit diable (Jean-Paul Carrière, 2ème partie) – 1962  Le théâtre de la jeunesse : Oliver Twist (Jean-Paul Carrère, 1ère partie) – Escale obligatoire (Jean Prat) – 1963  La caméra explore le temps : La conspiration du général Malet (Jean-Pierre Marchand) – Les cinq dernières minutes : L’eau qui dort (Claude Loursais) – 1964  Rocambole : La belle jardinière (Jean-Pierre Decourt, saison 3) – Le théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (Marcel Cravenne) – L’espérance / La torture par l’espérance (Pierre Badel) – Détenu (Michel Mitrani) – L’enlèvement d’Antoine Bigut (Jacques Doniol-Valcroze) – La route (Pierre Cardinal, série) –  1965  Le barrage (Robert Valey) – 1967  Vidocq (Marcel Bluwal & Claude Loursais, série TV) – La guerre de Troie n’aura pas lieu (Raymond Rouleau) – 1968  Le théâtre de la jeunesse : Les mésaventures de Jean-Paul Choppart (Yves-André Hubert, 1ère et seconde partie) – 1969  Les vésicules de la fortune (Maurice Dugowson, CM) – Café du square (Louis Daquin, série TV) – Judith (Robert Maurice) – 1970  Vive la vie (Joseph Drimal, saison 3) – 1971  Les nouvelles aventures de Vidocq (Marcel Bluwal, série, saison 1) – La lucarne magique : Féérie contemporaine (Pierre Desfonds, divertissement) – Les bottes de sept lieues (François Martin) – 1972  Les cent livres des hommes : L’exode (Serge Moati) – Une femme qui a le coeur trop petit (Alain Dhénaut) – L’oreille absolue (Philippe Condroyer) – 1973  Les nouvelles aventures de Vidocq (Marcel Bluwal, série, saison 2) – 1974  Les femmes aussi ont perdu la guerre (Roger Kahane) – Malicroix (François Gir) – 1976  Beau fixe sur Pithiviers (Pierre Desfonds, divertissement) – 1978  Lulu (Marcel Bluwal) – 1980  Les mystères de Paris (André Michel, série) – 1982  Les joies de la famille Pinelli (Jean L’Hôte) – Exercice de style (Marcel Bluwal, captation) – 1985  Le petit théâtre d’Antenne 2 : Elle (Lazare Iglésis) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : L’écrivain souterrain (Lazare Iglèsis) – Music Hall (Marcel Bluwal) – 1987 Les mémées sanglantes (Lazare Iglésis) – Série noire : Noces de plomb (Pierre Grimblat) – 1993  Inspecteur Médeuze : Poulet fermier (Philippe Triboit) – 1993  Nestor Burma : Un croque-mort nommé Nestor (Maurice Frydland) – 1999  Balzac (Josée Dayan) – 2004  Dire Dubillard (Alain Dhenaut). Bibliographie : “Les fictions française à la télévision” de Jean-Marc Doniak (Dixit-SACD, 1998).

Mise à jour du 18/07/2011

Commentaires ancien support

filmographie jacques seiler

Je viens de voir un film d’Edouard Molinaro,de 1959, intitulé “des femmes disparaissent”. Bien qu’il ne figure pas au générique je pense y avoir reconnu Jacques Seiler dans un petit rôle de policier qui échange quelques répliques avec Philippe Clay à environ un quart de la fin.Pouvez-vous confirmer mon impression ? Ce film ne figure pas dans la filmographie que vous proposez.

Posté par philippe dechamp, 19 décembre 2006 à 21:10

Vous avez raison, j’avais vu ce film sur le câble, et Jacques Seiler joue le rôle du policier qui s’occupe de l’arrestation de Philippe Clay. Merci de votre remarque, je mets cette information dans sa filmo.

Posté par Coinducinéphage, 20 décembre 2006 à 07:55

merci

merci de nous faire retrouver cet acteur j’avais 11 ans lors de la série 3

Posté par theodora, 25 novembre 2008 à 21:30

message

merci jacques seiler comme beaucoup je tombe des nu sur la disparition de ce grand comédien jm souvient des vidocq et des bidasses qui mon permis de le conaitre merci encore nestor 44ans

Posté par nestor, 16 janvier 2009 à 19:38

Fragments d’un dictionnaire amoureux : François Toumarkine

François Toumarkine “soigné” par Jean-Pierre Mocky pour “Les ballets écarlates”

Je tente une nouvelle rubrique, sorte de laboratoire pour une série de portraits concernant des nouveaux “excentriques du cinéma français” selon l’expression heureuse d’Olivier Barrot et Raymond Chirat. Le titre “Fragments d’un dictionnaire amoureux” provient des “Cahiers du cinéma” à l’occasion d’un numéro spécial Acteurs.

François Toumarkine :

Ce Deschiens émérite fait souvent preuve de grandeur, de drôlerie, tout en pouvant changer de registre en une fraction de seconde. Outre les diffusions télévisées de ces programmes devenus cultissimes, il participe sur les planches aux spectacles de Jérôme Deschamps & Macha Makeïeff (“Les précieuses ridicules”, “Le lapin chasseur”, Molière du meilleur spectacle comique 1989). Il entre très vite dans le “Mocky circus” .  Dans l’un des ses premiers rôles, dans “Litan ou la cité des spectres verts”, il amène un climat burlesque à un rôle particulièrement inquiétant de loubard au couteau, courant comme un dératé après Marie-José Nat. Il est aussi un clochard slave qui dissuade Michel Serrault de se suicider dans “Bonsoir” de Jean-Pierre Mocky. On l’imagine aisément transfuge d’un film des années 30, marqué par un certain “réalisme politique”. C’est l’humanité qui se dégage le plus dans son jeu, tel son personnage de Manu, un poil simplet dans “La discrète” aux côtés de Fabrice Luchini. Il est le souffre-douleur de Serge Riaboukine, un de ses rôles le plus touchant.  Il retrouve Luchini, dans “Jean-Philippe” en 2006, où il campe un clochard compatissant, qui réconforte le personnage de Fabrice, bouleversé de se retrouver dans une dimension fantastique. Ce dernier est d’ailleurs trop pris par son problème, pour être en empathie avec la misère de son compagnon d’infortune. Dans le supplément DVD de “Grégoire Moulin contre l’humanité” (film à réévaluer absolument), il est un badaud toisant Artus de Penguern, déguisé en Adolf Hitler. Il reconnaît son personnage en le prenant pour une vague célébrité TV, suit un dialogue de sourd surréaliste.

Il est à l’aise dans la drôlerie ou le picaresque (“Saint-Germain ou la négociation”), il devient l’instrument tragique du destin en frère de Line Renaud dans le superbe “Suzie Berton” en doux dingue qui ne vit que pour les sorties avec sa sœur pour aller voir les films de “Bruce Lee”, un rôle proche du personnage de Radek du roman de Georges Simenon “La tête d’un homme”. En 2004, on le retrouve digne du cinéma expressionniste muet allemand dans “Rois et reine” où dans le rôle d’un infirmier nommé “Prospero” il forme un tandem étonnant avec son comparse au patronyme shakespearien également : Caliban, joué par Miglen Mirtchev, ce qui semble présager une ” tempête sous crâne”, alors qu’ils viennent chercher Mathieu Amalric, en vue de l’hospitaliser dans un asile psychiatrique. Il est censé rassurer son patient, mais en une fraction de secondes, son regard halluciné développe une hystérie inattendue. Blessé par Amalric, il fulmine dans son coin, refusant de lui prêter son portable, pour finalement assister à une séance d’enregistrement avec un regard protecteur. S’il impressionne par sa haute stature, 1m84, il se révèle souvent touchant. C’est l’exemple typique du comédien, qui fait “mouche” à la moindre des ses apparitions. Il est irrésistible dans “Les ambitieux” de Catherine Corsini, quand il défonce la porte de toilettes, où se retrouve enfermé Éric Caravaca, pris de panique en raison de sa claustrophobie. Il faut voir Toumarkine s’acquitter de cette tâche en râlant, tout en disant “ce n’est pas parce que je suis gros, que je suis Ben Hur !…” Il reste fidèle à l’univers Mockyien, des “Ballets écarlates” où il compose un père immonde qui vend son fils à un pédophile à la série “Myster Mocky présente” à la télévision sur “13ème rue”. Dans “Tellement proches” il est l’archétype du voisin hargneux dérangé par une fête juive, mais le bougre finit tout de même par s’humaniser et y participer. François Toumarkine est un des comédiens français les plus attachants.

Filmographie : 1981  Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky) – Elle voit des nains partout (Jean-Claude Sussfeld) – 1982  Le polar (Jacques Bral) – Le petite bande (Michel Deville)  –  À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky) – 1985  Le pactole (Jean-Pierre Mocky) – La machine à découdre (Jean-Pierre Mocky) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – 1987  Vent de panique (Bernard Stora) – Meutres (+ réalisation, CM) –  1988  Le crime d’Antoine (Marc Rivière) – Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – Drôle d’endroit pour une rencontre (François Dupeyron) –  Un père et passe (Sébastien Grall) –  1989  J’aurais jamais dû croiser son regard (Jean-Marc Longval) –  1990  La discrète (Christian Vincent) – Toto le héros (Jaco Van Dormael) – 1991  Cauchemar blanc (Mathieu Kassovitz, CM) – Mocky Story (Jean-Pierre Mocky) –  1992  Un été sans histoires (Philippe Harel, moyen-métrage) – Métisse (Mathieu Kassovitz) –  Zoé la boxeuse (Karim Dridi, CM) – Carlota (Joseph Morder, CM) – Le mari de Léon (Jean-Pierre Mocky) – Cible émouvante (Pierre Salvadori) – 1993  La vengeance d’une blonde (Jeannot Szwarc) – Loin des barbares (Liria Bégeja) – Le péril jeune (Cédric Klapisch) – Dressing room (Jean-Pierre Pozzi, CM) –  Regarde les hommes tomber (Jacques Audiard) –  1994  La haine (Peter Kassovitz) –  1995  Black Dju, vos papiers (Pol Cruchten) –  Le cri de la soie (Yvon Marciano) –  Paul et Virginie ou la clef du paradis (Maurice Cora Arama, CM)  –  Hercule et Sherlock (Jeannot Szwarc) –  La belle verte (Coline Serreau) – Le nez au vent / La nuit des cerfs-volants (Dominique Guerrier, CM) – 1996  Demain, dès l’aube (Stéphane Subiela, CM) – 1997  La mort du chinois (Jean-Louis Benoît) –  2000  Grégoire Moulin contre l’humanité (Artus de Penguern) – 2001  Sexy boy (Stéphane Kanzandjian) – Les araignées de la nuit (Jean-Pierre Mocky) – Monsieur Ibrahim et les fleurs du coran (François Dupeyron) – 2003  Conflit de canards (Paul Saintillan,court-métrage) –  2004  Rois et reine (Arnaud Desplechin) – Les amants réguliers (Philippe Garrel) – Touristes ? oh yes ! (Jean-Pierre Mocky) – Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky) – Grabuge (Jean-Pierre Mocky) 2005  Cauchemar du promeneur solitaire (Paul Saintillan, CM) – Ces jours heureux (Éric Tolédano & Olivier Nakache) – Jean Philippe (Laurent Tuel) – 2006  Les ambitieux (Catherine Corsini) – Molière (Laurent Tirard) – 2007  Le perroquet bleu (Jacques Rozier, inédit) – 2008  Ich Bombe (David Klein, CM) – Tellement proches (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Rumeurs, commérages, on dit que (Ingrid Lanzenberg, CM) – Bas-fonds (Isild Le Besco) – 2009  Célulloïd gangster (Hugo Pivois, CM) – Une semaine sur deux (et la moité des vacances scolaires) (Ivan Calderac) – 2010  Crédit pour tous (Jean-Pierre Mocky) – 2012  Le dernier rôle de Jacques Serres (Francois Goetghebeur et Nicolas Lebrun, CM).

Voxographie  : 2008  La véritable histoire du chat botté (Pascal Hérold, Jérôme Deschamps & Macha Makeïeff).

Télévision (notamment) : 1992  L’affaire Deschamps (Philippe Lallemant, documentaire) – 1994  Ferbac : Le carnaval des ténèbres (Sylvain Madigan) – 1995  Julie Lescaut : Recours en grâce (Joyce Buñuel) – 1996  Les cinq dernières minutes : Le quincailler amoureux (Jean Marboeuf) – 1997  Entre terre et mer (Hervé Baslé) – 1998  Marie Fransson : Un silence si lourd (Jean-Pierre Prévost) – 1999  P.J : Tango (Gérard Vergez) – Marie Fransson : Positif (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marie Fransson : S’il vous plaît (Christian Spiero) – Un flic nommé Lecoeur : Dans le béton (Alain Tasma) – 2001  Marie Fransson : Bonne chance, maman (Christiane Spiero) – 2003  Saint Germain ou la négociation (Gérard Corbiau) – 2004  Suzie Berton (Bernard Stora) – 2005  Allons petits enfants (Thierry Binisti) – La légende vraie de la Tour Eiffel (Simon Brook) – 2007  Rendez-moi justice (Denys Granier-Deferre) – Myster Mocky présente : Cellule insonorisée (Jean-Pierre Mocky) – 2009  Les petits meurtres d’Agatha Christie : Les meutres ABC (Éric Woreth) – Kaamelott – Livre VI (Alexandre Astier) – Le Bruno Vaigasse show (Gaël Malry) – Au siècle de Maupassant – Contes et nouvelles du XIXème siècle : L’affaire Blaireau (Jacques Santamaria) – Colère (Jean-Pierre Mocky) – 2012  La croisière : Les bons parents (Pascal Lahmani).

LE COIN DU NANAR : L’ANTIDOTE

 

Vu “L’antidote” (…pas à la morosité en tout cas) de Vincent de Brus, comédie assez laborieuse, qui mériterait que l’on jette un voile pudique sans une galerie d’excellents interprètes : L’angoisse terrible c’est d’avoir comme moi ce jour, une voisine de salle qui avec son rire communicatif,  – à contre temps et dans des scènes assez lourdes, style “la bourse et la gaule” -, vous range dans la case des coincés du bulbe du genre “c’est moi ou c’est vraiment drôle…”. . On guette malgré soi “la mort au travail” comme disait Jean Cocteau, chez Villeret, dans un numéro où il excelle, Clavier tient son rôle honorablement sauf quand il bafouille à la “Pierre Repp”. Agnès Soral pète le feu en bourgeoise un peu fofolle.

Panorama des seconds rôles :

– François Levantal dans “L’antidote” il joue le bras droit probe et rigolard (n’omettant pas de jeter un coup d’oeil sur le décoletté d’Alexandra Lamy. Il fait preuve d’un bel abatage

– Alexandra Lamy, mieux servie que dans “Brice de Nice” – prononcez “Braïce de Naïce” –

– L’excellent Éric Prat en traître de service, sans cesse rabroué par Clavier car il n’est pas assez obséquieux

– Annie Grégorio, la voisine “popu” de Villeret, cuisinant gras et ne comprenant rien (chapeau pas à cette comédienne pour tirer des rires avec un rôle pareil).

– Dominic Gould, en souvenir de “Monsieur” le film Jean-Philippe Toussaint

– Gérard Chaillou, en professeur (il tient ce rôle également dans “Mon petit doigt m’a dit”, un futur emploi

– Pierre Vernier en doyen du conseil d’administration, c’est le sage mais que Clavier manipule facilement.

– Bernard Dhéran, en père d’Agnès Soral (il le jouait également dans une sitcome “Blague à part” sur canal +, original et assez jubilatoire.

– Warren Zavatta en vigile qui s’efforce d’embrouiller André (Villeret)

– François Morel est formidable en associé sournois, de même Judith Magre dans le rôle de la mère de Clavier, mais Daniel Russo est sous exploité comme d’habitude…

Christian Clavier et Jacques Villeret

. C’est aussi le dernier rôle pour Jacques Dynam , il joue le propriétaire de l’usine de jouets, et patron de Villeret, on ne le voit que dans 2 scènes (et dans la seconde il est dans le flou !). C’est dommage pour ce si symphatique comédien dont le générique du film salue la mémoire…

C’était un comédien attachant, truculent, il fallait le voir filliforme dans “Millionnaires d’un jour” (1949) où il jouait un médecin timide. De l’adjoint malmené de Louis de Funès dans la série des “Fantômas”, – version Hunebelle -,  à la voix française de Jerry Lewis !, c’était une figure populaire, souvent partenaire de Michel Serrault, on pouvait le retrouver en ouvrier typographe dans “Les enfants du marais”, homme d’affaire roublard dans “L’associé” ou noble dans le remake de “Fanfan la tulipe”, ou flic fatigué à la télé dans la série “Crimes en série” avec Pascal Légitimus… Un indispensable…

  Jacques Dynam

Il a fait beaucoup de doublage ( la voix de Jerry Lewis, ce n’était pourtant pas le même gabarit ! ) confère La gazette du doublage. On peut retrouver un excellent portrait signé par Yvan Foucart (auteur du formidable livre “dictionnaire des acteurs disparus”, avec lequel je corresponds souvent dans le site wwww.lesgensducinéma.com à l’adresse :  Les gens du cinéma.