Jacques Seiler dans « Merci la vie »
Il est mort un premier avril 2004. Seiler, à la manière d’autres comédiens morts récemment, tel Jean Saudray (« La terreur de la SFP » selon une formule de Christophe Bier), mort en 2002, Henri Lambert (2003), ou Gérard Darrieu (2004), a contribué aux riches heures de l’ORTF. Ce fils de coiffeur, (voir son état civil dans le site Les gens du cinéma obtient une reconnaissance par son brillant parcours théâtral. Il débute dans des cabarets tels le mythique « Rose rouge », célèbre cabaret de la rue de Rennes, grâce à Yves Robert, où selon un témoignage des « frères Jacques », « les artistes se changeaient dans les toilettes ». Il rentre au TNP, période Jean Vilar, puis rencontre des grands metteurs en scène comme Roger Blin ou Patrice Chéreau. En 1970, il fonde sa propre troupe théâtrale « Théâtre aujourd’hui ». Il privilégie les grands textes contemporains, qu’il met en scène : à noter sa fidélité et son aisance avec l’univers de Roland Dubillard, (« After Show », « L’eau en poudre », « La maison d’os », etc…), ou de Robert Pinget, notamment. Il fut aussi novateur en adaptant en 1980 « Les exercices de style » de Raymond Queneau, sur les planches avec Danièle Lebrun et Jacques Boudet, dont il nous reste une captation télévisée de Marcel Bluwal. Il reçoit le prix « Dominique » pour cette mise en scène. Il fut une figure emblématique des feuilletons TV, où son crâne rasé (pour cause de pêche sous-marine, selon Jean-Louis Perrier (« Le monde » du 06/05/04)) fait merveille, mais le cantonne souvent dans des rôles inquiétants. Son rôle le plus connu reste celui d’Henri Desfossés en 1966, face à un formidable Bernard Noël dans le feuilleton « Vidocq » de Marcel Bluwal (que l’on peut qualifier de chef d’œuvre). Il y est un ancien bagnard, compagnon d’infortune de Vidocq, qu’il aide face à la traque de Flambard (magistral Alain Mottet). Il retrouve ce rôle dans la seconde et troisième saison de Vidocq en 1971 et 1973 : « Les nouvelles aventures de Vidocq », avec Claude Brasseur, Marc Dudicourt, Danièle Lebrun, où son personnage devient une sorte d’imbécile heureux sympathique, voire émotif, il chancelle en voyant Micha Bayard, employée d’une morgue. Avec Pierre Pernet (déjà présent dans la première saison, son personnage de « l’acrobate » réssuscitant pour l’occasion), Alain Mac Moy et l’acteur allemand (pour cause de co-production), Walther Buschhoff, ils composent la police secrète de Vidocq, au grand dam d’un Marc Dudicourt drôlatique et dépassé de se retrouver sous les ordres de celui qu’il avait pourchassé. Jacques Seiler amène une folie amusée à son rôle, il faut le voir simuler la folie en immitant un chien, la cravate derrière l’oreille pour figurer de grandes oreilles, face à un André Thorent épouvanté dans un des épisodes. Il fut également un inquiétant « maître d’école » dans le feuilleton franco-allemand « Les mystères de Paris » (André Michel, 1980). Pour le cinéma il demeure malheureusement sous-utilisé, il est souvent le souffre-douleur des « Charlots » dans « Les bidasses en folie », « Les fous du stade » et « Le grand bazar » chez Claude Zidi. Peu de contre-emplois, à noter celui du couturier, nommé Isidore Ducasse ! (rôle souvent attribué à Harry-Max dans quelques dictionnaires) , virevoltant et maniéré dans le culte « Qui êtes-vous Polly Maggoo ? » ou prêcheur des rues dans « Érotissimo » (Gérard Pirès, 1968). Il mélange autorité et perplexité dans le rôle du général Dejean dans l’épisode de « La caméra explore le temps : La conspiration du général Malet » (Jean-Pierre Marchand, 1963), disponible en DVD. Il y juge le général Malet (joué par un magistral François Maistre), qui avait organisé un coup d’état depuis sa cellule, en l’absence de Napoléon. Dans le même registre il préside, à cheval, le « Jugement de Dieu », entre Jean Marais et Guy Delorme, dans « Le miracle des loups » (André Hubebelle, 1961). On le retrouve le plus souvent en bagnard, homme de main de grands truands comme dans « Les gorilles » (Jean Girault, 1964), valet, celui des mousquetaires dans « Les trois mousquetaires » (André Hunebelle, 1961), employé, tel le barman goguenard face à Pierre Mondy (L’épisode « Le yacht » du film « Les veinards » (Jack Pinoteau, 1962). Après une participation à un film d’Alain Robbe-Grillet, en 1974, il délaisse le grand écran durant les années 70-80, y revenant ses dernières années. On le retrouve, en inspecteur rigolard, en tandem avec Jean Rougerie face à une Catherine Jacob dans une situation des plus inconfortable dans « Merci la vie » (Bertrand Blier, 1990) – il accuse de meurtre Michel Blanc, alors que sa femme lui répond et est bien vivante -, en détective gaffeur (et pas très discret) dans « On peut toujours rêver » (Pierre Richard, 1990), en passeur des enfers nommé évidemment Caron dans « J’aimerais pas crever un dimanche », et en directeur de prison quelque peu malmené, dans « Requiem » (Hervé Renoch, 2000), son dernier rôle au cinéma.
Bibliographie : « Le monde » et dépêche de « Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » du 06/04/04; « Le dictionnaire des comédiens français disparus – Nouvelle éditon » par Yvan Foucart (2008). Remerciements à Christophe Bier.
Jacques Seiler dans « La conspiration du général Malet »
Précision d’Armel de Lorme : sur certains films de 1957, il figure au générique ou dans les « corpo » comme Jean-François Seiler, nom qu’il utilisait également au théâtre à ses débuts.
Filmographie : établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme : 1957 À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Ces dames préfèrent le mambo (Bernard Borderie) – Le Gorille vous salue bien (Bernard Borderie) – Le septième ciel (Raymond Bernard) – Sois belle et tais-toi (Marc Allégret). 1958 À pied, à cheval et en Spoutnik ! (Jean Dréville) – Des femmes disparaissent (Édouard Molinaro) – La tête contre les murs (Georges Franju) – 1959 Sergent X. (Bernard Borderie). 1960 : Le Caïd (Bernard Borderie). Comment qu’ elle est… (Bernard Borderie) – 1961 La dénonciation (Jacques Doniol-Valcroze) – Le miracle des loups (André Hunebelle) – Les trois Mousquetaires – Les Ferrets de la Reine (Bernard Borderie) – Les trois Mousquetaires – La vengeance de Milady (Bernard Borderie) – 1962 Les Bricoleurs (Jean Girault) – Le chevalier de Pardaillan (Bernard Borderie) – Mathias Sandorf (Georges Lampin) – Les mystères de Paris (André Hunebelle). Les veinards [épisode « Le yacht »] (Jean Girault). Le vice et la vertu (Roger Vadim) – 1963 À toi de faire… mignonne (Bernard Borderie) – Gibraltar (Pierre Gaspard-Huit). 1964 : Les gorilles (Jean Girault). Le majordome (Jean Delannoy). 1965 Les miettes (Philippe Condroyer, CM). Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (William Klein). 1966 Chappaqua (Conrad Rooks) – La nuit des généraux/The Night of the Generals (Anatole Litvak) – 1968 Les encerclés (Christian Gion) – Érotissimo (Gérard Pirès) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – 1969 La rose écorchée (Claude Mulot) – 1971 Les bidasses en folie (Claude Zidi) – L’oeuf (Jean Herman) – 1972 Les fous du stade (Claude Zidi) – 1973 Quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – À nous quatre, Cardinal ! (André Hunebelle) – Le grand bazar (Claude Zidi) – 1974 Les bidasses s’en vont-en guerre (Claude Zidi). Le Jeu avec le feu (Alain Robbe-Grillet). 1990 Merci la vie (Bertrand Blier) – On peut toujours rêver (Pierre Richard) – 1992 Le sourire d’Athanase (Catherine Beuve-Mery, CM) – 1993 Hey Stranger (Peter Woditsch) – 1995 Les nuits de Vaccares (Bernard George, CM) – 1998 : J’aimerais pas crever un dimanche (Didier Le Pêcheur) – 2000 Requiem (Hervé Renoh). Télévision (notamment) : 1959 En votre âme et conscience : Le secret de Charles Rousseau (Jean Prat) – 1960 Les trois soeurs (Jean Prat) – 1961 Egmont (Jean-Paul Carrère) – Le théâtre de la jeunesse : Un bon petit diable (Jean-Paul Carrière, 2ème partie) – 1962 Le théâtre de la jeunesse : Oliver Twist (Jean-Paul Carrère, 1ère partie) – Escale obligatoire (Jean Prat) – 1963 La caméra explore le temps : La conspiration du général Malet (Jean-Pierre Marchand) – Les cinq dernières minutes : L’eau qui dort (Claude Loursais) – 1964 Rocambole : La belle jardinière (Jean-Pierre Decourt, saison 3) – Le théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (Marcel Cravenne) – L’espérance / La torture par l’espérance (Pierre Badel) – Détenu (Michel Mitrani) – L’enlèvement d’Antoine Bigut (Jacques Doniol-Valcroze) – La route (Pierre Cardinal, série) – 1965 Le barrage (Robert Valey) – 1967 Vidocq (Marcel Bluwal & Claude Loursais, série TV) – La guerre de Troie n’aura pas lieu (Raymond Rouleau) – 1968 Le théâtre de la jeunesse : Les mésaventures de Jean-Paul Choppart (Yves-André Hubert, 1ère et seconde partie) – 1969 Les vésicules de la fortune (Maurice Dugowson, CM) – Café du square (Louis Daquin, série TV) – Judith (Robert Maurice) – 1970 Vive la vie (Joseph Drimal, saison 3) – 1971 Les nouvelles aventures de Vidocq (Marcel Bluwal, série, saison 1) – La lucarne magique : Féérie contemporaine (Pierre Desfonds, divertissement) – Les bottes de sept lieues (François Martin) – 1972 Les cent livres des hommes : L’exode (Serge Moati) – Une femme qui a le coeur trop petit (Alain Dhénaut) – L’oreille absolue (Philippe Condroyer) – 1973 Les nouvelles aventures de Vidocq (Marcel Bluwal, série, saison 2) – 1974 Les femmes aussi ont perdu la guerre (Roger Kahane) – Malicroix (François Gir) – 1976 Beau fixe sur Pithiviers (Pierre Desfonds, divertissement) – 1978 Lulu (Marcel Bluwal) – 1980 Les mystères de Paris (André Michel, série) – 1982 Les joies de la famille Pinelli (Jean L’Hôte) – Exercice de style (Marcel Bluwal, captation) – 1985 Le petit théâtre d’Antenne 2 : Elle (Lazare Iglésis) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : L’écrivain souterrain (Lazare Iglèsis) – Music Hall (Marcel Bluwal) – 1987 Les mémées sanglantes (Lazare Iglésis) – Série noire : Noces de plomb (Pierre Grimblat) – 1993 Inspecteur Médeuze : Poulet fermier (Philippe Triboit) – 1993 Nestor Burma : Un croque-mort nommé Nestor (Maurice Frydland) – 1999 Balzac (Josée Dayan) – 2004 Dire Dubillard (Alain Dhenaut). Bibliographie : « Les fictions française à la télévision » de Jean-Marc Doniak (Dixit-SACD, 1998).
Mise à jour du 18/07/2011
Commentaires ancien support
filmographie jacques seiler
Je viens de voir un film d’Edouard Molinaro,de 1959, intitulé « des femmes disparaissent ». Bien qu’il ne figure pas au générique je pense y avoir reconnu Jacques Seiler dans un petit rôle de policier qui échange quelques répliques avec Philippe Clay à environ un quart de la fin.Pouvez-vous confirmer mon impression ? Ce film ne figure pas dans la filmographie que vous proposez.
Posté par philippe dechamp, 19 décembre 2006 à 21:10
Vous avez raison, j’avais vu ce film sur le câble, et Jacques Seiler joue le rôle du policier qui s’occupe de l’arrestation de Philippe Clay. Merci de votre remarque, je mets cette information dans sa filmo.
Posté par Coinducinéphage, 20 décembre 2006 à 07:55
merci
merci de nous faire retrouver cet acteur j’avais 11 ans lors de la série 3
Posté par theodora, 25 novembre 2008 à 21:30
message
merci jacques seiler comme beaucoup je tombe des nu sur la disparition de ce grand comédien jm souvient des vidocq et des bidasses qui mon permis de le conaitre merci encore nestor 44ans
Posté par nestor, 16 janvier 2009 à 19:38
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