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MORT DE MICHEL COURNOT

Michel Cournot à Paris, le 21 janvier 1958

En réaction à l’intervention d’un internaute qui déplore ici l’absence d’hommage concernant la mort d’Anne-Nicole Smith – alors qu’il ne fait aucune mention à celle d’André Bézu, qui ne l’oublions pas joua son propre rôle dans le film “Grève (party )” -, évoquons donc celle de Michel Cournot, le 8 février dernier des suites d’un cancer. Il fut un critique connu pour son admiration avec l’œuvre de Jean-Luc Godard, et ses écrits parfois féroce. Il écrivit pour “Le nouvel observateur ” de 1963 à 1996, “France Soir” de 1950 à 1960. Il fut l’auteur de quelques livres “Le premier spectateur” (Gallimard, 1957), “Enfants de la justice” (Gallimard, 1959), “Histoire de vivre” (Maeght, 1955). Lorsqu’il passa à la réalisation, avec “Les gauloises bleues”  tourné en 1968 avec Annie Girardot, Jean-Pierre Kalfon et Bruno Cremer. Il fut à son tour raillé, Citons la saison cinématographique 1969, par Hubert Arnault qui évoque son auto-dérision : “Michel Cournot n’est pas certes “le premier cinéaste français qui tue le public par le rire”. Ouvrir une brève analyse de son film par cette boutade qu’il lui plut de dédier à une médiocrité du cinéma français est bien fait pour donner la dimension d’un artiste écrivain-critique-cinéaste qui prend les autres moins au sérieux que lui-même. Son goût pour le canular-critique agressif, entêté, et contradictoire est bien connu sinon apprécié…” Pour évoquer ensuite “Parmi le fatras des choses faciles qui meublent l’écran (le simplicinéma du bric-à-brac règne puissamment dans le renouveau), on reconnaît les hommages-emprunts aux idoles encensées…” (…) “…Un coeur sensible à la douleur qui bat fort à la vie”. Mais le critique reste brillant, à la lecture de ses chroniques parues en 2003, aux éditions Melville “Au cinéma” – qu’ironie du sort je viens d’emprunter en bibliothèque -. Il rend des hommages probants à Jean-Luc Godard, et y dresse des portraits acerbes, comme ceux sur Michel Simon ou Véra Clouzot sur le tournage des “Espions”, film d’Henri-Georges Clouzot, en 1957. L’excellent livre “La critique de cinéma français”, évoquait qu’il continuait à défendre, sa carrière de critique terminée, des films qu’il aimait comme “Pullman Paradis” de Michèle Rosier. Il fut, assurément, l’une des plus grandes plumes de la critique française. Bibiographie : “La critique de cinéma en France”  sous la direction de Michel Ciment & Jacques Zimmer (Ramsay cinéma, 1997).

NOUVEL OBSERVATEUR du 10/02/2007

Le journaliste et écrivain Michel Cournot, qui fut critique de cinéma, littéraire puis dramatique et a réalisé en 1968 un film, “Les Gauloises bleues”, est décédé jeudi à Paris à l’âge de 84 ans d’un cancer, annonce vendredi 9 février le quotidien Le Monde, auquel il a collaboré durant plus de 30 ans. Né le 1er mai 1922 à Paris, élève au lycée Louis-le-Grand puis étudiant en lettres, Michel Cournot s’est lancé dans le journalisme après la Libération, d’abord comme reporter à France Soir, à L’Express et de nouveau pour le quotidien de Pierre Lazareff. Il a collaré au Nouvel Observateur dès le lancement de l’hebdomadaire en 1964 comme critique cinématographique. Après avoir signé les dialogues de “20.000 lieues sur la terre” (1960) de Marcel Pagliero et des “Amoureux de France” (1964) de François Reichenbach, il s’était essayé à la réalisation avec “Les Gauloises bleues”, interprété par Annie Girardot et Bruno Crémer. Après ce film sans lendemain, raillé par un Michel Audiard avec lequel Cournot avait croisé le fer, ce “fou des livres et de la lecture”, comme il se définissait lui-même, abandonne la rubrique cinéma du “Nouvel Obs” pour la critique littéraire de l’hebdomadaire. Marié à la comédienne Martine Pascal, Michel Cournot a suivi pour Le Monde, à partir de 1973, plus de trente ans de vie théâtrale. Il portait un regard exigeant, attesté par des critiques redoutées.

Prix Fénéon et Deux-Magots

Homme de lettres, il avait obtenu en 1950 le Prix Fénéon pour “Martinique” et celui des Deux-Magots huit ans plus tard avec “Le premier spectateur”, consacré au tournage des “Espions” d’Henri-Georges Clouzot. Le Prix Italia lui sera attribué en 1963 pour “Enfants de la justice”, fruit de reportages consacrés aux jeunes délinquants. Il était à nouveau revenu à l’écriture en 1994 avec “Histoire de vivre”, et “Au cinéma” (2003), témoin de sa passion pour le 7e art, qui était pour lui “une drogue, douce si l’on veut, mais combien pénétrante”. Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a rendu hommage à “une personnalité très forte qui aura marqué la vie intellectuelle française de ces quarante dernières années”, dans un communiqué.

LIBÉRATION du 10/02/2007

Cournot, calme bleu, par Mathilde La Bardonnie

Tôt le matin, Michel Cournot passait au journal le Monde, qui se trouvait rue des Italiens, c’était dans les années 70-80, on imprimait au plomb. En veste de coutil semblable à celle que portait Braque, démarche rapide, Cournot entrait furtif dans le bureau d’Yvonne Baby, lui apportant regard souriant sous ses cheveux sombres épais, quelques feuilles d’un papier tramé coquille d’oeuf, lourd et rugueux. Nulle rature, larges marges. Son article pour le quotidien du soir : «presque un parchemin et déjà page de livre», se rappelle l’ancienne responsable du service culture. Le jour où elle avait confié à Cournot la charge d’écrire sur le théâtre, il lui avait dit : «Je te préparerai des petits pains, tu n’auras plus qu’à les mettre au four.»

Des «petits pains» consacrés à l’art dit dramatique, Michel Cournot en aura concocté des centaines, des milliers, au fil des semaines, des décennies avec étés en Avignon. Encore en septembre dernier, il prenait le métro, comme toujours, pour aller voir une pièce. «Le théâtre, ces paroles que l’on s’envoie, se renvoie, c’est en même temps tout et rien, disait-il. C’est le petit fil blanc de l’électrocardiogramme.» Claudel ayant résumé : «Le théâtre, c’est ce qui arrive», Cournot en déduisait que «dans la vie rien ne se passe». Il n’en pensait pas un mot. Sa vie à lui a été bien remplie.

Or voilà. Commencée le 1er mai 1922 à Paris, la vie de Michel Cournot s’est arrêté jeudi ; après quatre mois de souffrance ; et avec, tout près, la douceur de sa compagne, l’actrice Martine Pascal. Jamais on ne voulait croire qu’imperceptiblement cet homme juvénile d’apparence, ce sismographe, était devenu octogénaire. S’amusant à répéter que le «grand reportage mène à tout à condition d’y rester», Cournot avait fini par accepter en 2003 que soient publiées en recueil ses chroniques du temps où, à France Observateur au début des années 60, il réinventa la critique cinématographique, au point d’enthousiasmer Louis Aragon, fou des mots de Cournot louant Godard, son «Pierrot le fou» : «II faisait dévier les habitudes de lecture ; pratiquait le collage en maître, moujik royal et fils du Sud-Ouest. Digression. Fiction. Diction. Des thèmes secondaires amorcent, développent, divaguent.» C’est Baby, encore elle, qui a su décrire l’apesanteur où, si souvent, s’est située l’écriture du poète Cournot, maître des illusions joueuses, avec ses phrases de phénoménologue pétri de Husserl, ses images de ravisseur de songes plongeant à la façon d’un Jean Genet vers des sources barbares, puis soudain revenant, consciencieux, à ses devoirs de lettré, près de Paul Valéry qui le parraina. «…mer, mort, amer, amour, cinéma tu sers à quoi, pourriture, Pierrot qui s’est peint en bleu, cinéma tout à tes couleurs tu vas le laisser se faire sauter la caisse, les femmes et les hommes ressentent un calme blanc, matinal, quand ils sont sur le point de mourir par eux-mêmes, l’écran ralentit. S’agrandit. Blanchit. Un bruit noir. Le soleil entre dans la toile. C’est la mort.»

Michel Cournot est mort, mais chacun sait et saura qu’il reste aussi l’auteur des Gauloises bleues, son film unique, simple et loufoque comme un paysage rose qu’habitaient de grands acteurs, vu par très peu de gens car sorti un mois de mai 1968 où le Festival de Cannes ferma, produit par Claude Lelouch.

Avant tout cela, il y avait eu bien d’autres vies de Michel Cournot. Celle de l’artiste en jeune homme de famille nombreuse, celle de l’éphémère gratte-papier dans un ministère qui, à la Libération, rencontre par hasard le patron de France Soir, Pierre Lazareff. Ils deviennent immédiatement amis. Il a 23 ans : début des reportages, autant de voyages. Michel Cournot publiait en 1949 un livre, Martinique, poème. En 1957, le Premier spectateur, où il suit le tournage des Espions de Clouzot. Ensuite, un passage à l’Express au moment de la guerre d’Algérie ; plus tard, quelques années, il devint un éditeur inspiré au Mercure de France (son attention aux autres écrivains était inouïe). Toujours, tout du long, il pratiqua le journalisme, «activité particulière de l’écriture» à laquelle il croyait. Et par quoi tout recommence.

LE MONDE du 10/02/2007

Michel Cournot, critique et écrivain, par Brigitte Salino

Michel Cournot avait dit : “J’entre à l’hôpital, et après, je pourrai aller en maison de repos.” Ce fut son ultime élégance. Il faisait ainsi savoir que c’en était fini. Il est mort, jeudi 8 février à Paris, usé par le cancer, qui, depuis de longs mois, l’affaiblissait inexorablement. Il était âgé de 84 ans. Ce n’est pas seulement un grand journaliste et un critique incomparable qui part. C’est un écrivain et un ami du journal, où, en ce jour d’infinie tristesse, on n’arrive pas à imaginer qu’il faut continuer sans lui.

Michel Cournot était né à Paris, le 1er mai 1922, dans le 17e arrondissement, en face du Luna Park qui existait alors, et il avait grandi au flanc de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, entouré de huit frères et soeurs. Il n’aimait pas se souvenir de son enfance, marquée par un père polytechnicien très dur et par une mère lointaine, comme on pouvait l’être alors dans les familles bourgeoises. Mais il aimait se rappeler que cette mère aimée l’emmenait au théâtre.

Quand les Allemands entrent dans Paris, en juin 1940, Michel a 18 ans. En novembre, il participe à la manifestation spontanée d’étudiants qui défilent sur les Champs-Elysées pour soutenir de Gaulle. Arrêté, il passe plusieurs semaines en prison, où, chaque matin, on le met en joue. De cela, il parlait peu. Comme de sa vie, d’ailleurs. Sa pudeur lui faisait préférer écouter celle des autres. On sait que, après des études de lettres, il a été professeur de latin-grec à l’Ecole alsacienne, en 1943-1944. Puis il a travaillé au ministère de l’agriculture, comme “rédacteur d’ordonnances”, et à la Compagnie générale transatlantique. Là, il était chargé d’imaginer des activités pour que les équipages ne dépriment pas sur les cargos au long cours.

A la Libération, Michel a 23 ans. Il ne sait pas ce qu’il va faire. Il ne veut pas d’un métier où il ait à écrire, parce qu’il aime trop la littérature. Le hasard décide pour lui. Un jour où il est “dans une mouise incroyable”, comme il le disait, il rencontre dans la rue un ami d’enfance, qui connaît Pierre Lazareff, le patron de France Soir. Michel rencontre Lazareff, avec qui il s’entend merveilleusement. A partir de ce moment, il devient journaliste, d’abord à France Soir, puis au Nouvel Observateur et au Monde, où il est entré en 1963 pour ne jamais en partir.

Outre les innombrables feuilles de journaux, il reste deux livres qui témoignent d’un Cournot méconnu : celui qui fut reporter avant d’être critique de littérature, de cinéma et de théâtre. L’un, Le Premier Spectateur, est consacré au tournage des Espions, le film d’Henri-Georges Clouzot, que Michel a suivi de janvier à avril 1957. C’est une mine sur la fabrication d’un film, l’art et la névrose. L’autre, Enfants de la justice, a été publié en 1959 dans la collection “L’air du temps”, chez Gallimard. Il est consacré aux tout jeunes délinquants. Hors reportages, il y a Martinique (Gallimard, 1949, dans la collection “Métamorphoses”), beau comme un long poème sur l’île tant aimée.

Il faudra attendre presque quarante ans pour que d’autres livres paraissent, où Michel est l’écrivain qu’il refusait de voir en lui : Histoire de vivre (Maeght, 1994), Au cinéma (coll. “Melville”, éd. Léo Scheer, 2003).

Et puis il y a ce film, Les Gauloises bleues, qu’il avait tellement aimé réaliser, au tournant de 1968, et que l’on a tant aimé voir. “J’étais à mon affaire quand je l’ai fait, disait Michel. Je voulais tourner un deuxième film, dans lequel j’aurais voulu montrer, à travers une femme, comment on est aliéné, au jour le jour, par de toutes petites choses. Je le sentais, ce film, je l’entendais, c’est une question de voix. Mais je n’ai pas trouvé l’argent.”

Après Les Gauloises bleues, Michel n’a pas repris la chronique cinéma qu’il tenait au Nouvel Observateur, avec l’insolence d’une liberté qui a nourri des générations de lecteurs.

Dans ses chroniques du Monde, Michel a parcouru plus de quarante ans de théâtre. Il disait qu’on devrait attendre d’être vieux, d’avoir beaucoup vécu, avant de devenir critique dramatique, et il avait sans doute raison. Pour lui, le théâtre était avant tout la représentation d’un lecteur du temps. Quelque chose d’on ne peut plus intime, vital dans le va-et-vient entre le livre et la scène, l’écrit et le corps, l’imagination et l’incarnation. C’est ce qui rendait ses critiques inégalées : personne n’a su comme lui parler de l’art du théâtre.

Bien sûr, il faudrait dire son amour pour la scène de la Russie, où il avait vécu, et pour les comédiens dont il ne s’est jamais lassé de restituer le mystère. Il faudrait suivre les lignes de crête et de fuite de ses chroniques, qui resteront entre celles de Colette, pour la beauté du style, et celles de Paul Léautaud, pour les divagations magnifiques qu’il s’offrait. Michel pouvait consacrer un article entier à décrire sa chambre, la cicatrice d’un comédien ou les feuillages hurlant sous le mistral, à Avignon. La pièce à critiquer était oubliée, mais il y avait mieux : la vie, sans quoi le théâtre n’est rien.

Mais laissons sécher l’encre : Michel est encore là, tout près, dans le quotidien du journal, avec ses sublimes 80 ans, ses pantalons blancs, sa beauté de vieil arbre fragile et ses sourires jamais loin de l’ironie. S’il ne devait rester qu’un souvenir de lui, ce serait celui-ci, radieux.

Cela se passait en juin 2003, à Alloue, en Charente limousine, dans la maison de Maria Casarès devenue la Maison des comédiens. Michel était venu avec la comédienne Martine Pascal, l’amour de sa vie depuis plus de trente ans, qui donnait une lecture dans le vaste parc enserré comme un bout d’éternité aux méandres de la Charente. Après, dans la nuit chaude, il y eut un dîner sous les arbres immenses parcourus de lampions. C’était simple et gai comme peuvent l’être les rendez-vous imprévus où la vie se mêle au théâtre. Michel parlait de René Char, de Jean Vilar et de Gérard Philipe. Il riait de la bonne humeur de Martine. Puis il a disparu dans la nuit avec elle. A son bras, il y avait un petit pansement blanc.

Michel n’est plus là, et cela fait mal. Il y a quelques années, après la mort d’un de ses frères, il s’insurgeait contre “cette idiotie du travail de deuil dont on nous rebat les oreilles”. On l’entend encore dire, au cours de ces conversations au téléphone qui faisaient se lever le jour : “Les morts sont morts et ils nous manquent.” Nous en sommes là. N’est-ce pas, Michel ? Cher Michel.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Giselle Pascal

Annonce de la mort de la comédienne Giselle Pascal – et non Gisèle -, décédée à Nîmes à l’âge de 83 ans. L’agence de manière un peu condescendante déclare “Elle se fit connaître comme fiancée du prince Rainier de Monaco mais sa filmographie compte peu d’oeuvres marquantes”. Elle était pourtant une des plus grandes vedettes françaises, souvent associée à son époux Raymond Pellegrin, depuis 51 ans. Ils furent partenaires sur 4 films et au moins un téléfilm. Mais il est vrai que le cinéma est parfois ingrat avec ses vedettes, comme dans le film “Les compères” (1983) de Francis Veber, où elle figurait la mère du personnage joué par Anny Duperey, elle ne figurait plus qu’au générique de fin, par liste alphabétique. Andrzej Zulawski avait proposé à cette sympathique comédienne un curieux contre-emploi en personnage revêche qui accueille Valérie Kaprisky dans un studio photo dans “La femme publique” en 1983 également. Elle instille le malaise qui va continuer avec le personnage du photographe joué par Roger Dumas, interpellé par la grande sensualité de la jeune femme. Yvan Foucart lui avait rendu un superbe hommage pour le site des “Gens du cinéma”, nous démontrant qu’elle valait mieux que quelques lignes au sujet de sa mort dans une dépêche.

Dans “Les cinq dernières minutes”, épisode “Un cœur sur mesure”

Filmographie : 1941  Les deux timides (Yves Allégret) – L’Arlésienne (Marc Allégret) – 1942   La belle aventure (Marc Allégret) – La vie de bohème (Marcel L’Herbier) – 1944   Lunegarde (Marc Allégret) – 1943  Madame et son flirt (Jean de Marguenat) – Les J 3 (Roger Richebé) – 1946   Tombé du ciel (Emile-Edwin Reinert) – Amours, délices et orgues (André Berthomieu) – Dernier refuge (Marc Maurette) – 1947   Après l’amour (Maurice Tourneur) – Mademoiselle s’amuse (Jean Boyer) – 1949  La femme nue (André Berthomieu) – La petite chocolatière (André Berthomieu) – Véronique (Robert Vernay) – 1950   Bel amour / Le calvaire d’une mère (François Campaux) – 1952  Horizons sans fin (Jean Dréville) – 1953 Si Versailles m’était conté (Sacha Guitry) – Boum sur Paris (Maurice de Canonge, cameo) – 1954  Marchandes d’illusions (Raoul André) – Le feu dans la peau (Marcel Blistène) – 1955   La madone des sleepings (Henri Diamant-Berger) – Mademoiselle de Paris (Walter Kapps) – Si Paris nous était conté (Sacha Guitry) – Pitié pour les vamps (Jean Josipovici) – 1957  Sylviane de mes nuits (Marcel Blistène) – 1958   Ça n’arrive qu’aux vivants (Tony Saytor) – 1961   Seul… à corps perdu (Jean Maley & Raymond Bailly) – 1962  Le masque de fer (Henri Decoin) – 1968  La promesse / L’échelle blanche (Paul Feyder & Robert Freeman) – 1969   Un caso di conscienza (Un cas de conscience) (Giovanni Grimaldi) – 1982  En haut des marches (Paul Vecchiali) – 1983   La femme publique (Andrzej Zulawski) – Les compères (Francis Veber) – 1988   Juillet en septembre, (Sébastien Japrisot). Télévision (notamment) : 1960  La princesse de Cadignan (Jean-Paul Carrère) – 1962  La caméra explore le temps : L’affaire du collier de la reine (Guy Lessertisseur) – 1963  Et sur toute la gamme (Jean Kerchbron) – 1964  Le coeur oublié (Abder Isker) – 1971  La mort des capucines (Agnès Delarive) – 1972  La mort d’un champion (Abder Isker) – 1976  La vérité tient à un fil (Pierre Goutas, série TV) – 1978  Les amours sous la Révolution : André Chénier et la jeune captive (Jean-Paul Carrère) – 1980  La vie des autres : La croix dans le cœur (Pierre Goutas, série TV) – 1981  Les cinq dernières minutes : Un cœur sur mesure (Claude Loursais) – 1983  Emmenez-moi au théâtre : L’exil (Alexandre Tarta, captation) – Madame S.O.S. : Trois tuteurs pour un géranium (Alain Dhénaut) – 1985  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret au Picaratt’s (Philippe Laïk) – Médecins de nuit : Happy birthday (Jean-Pierre Prévost) – 1987  Symphonie (Jean-Pierre Desagnat, série TV) – 1987/1990  Fest im Sattel (Tous en selle) (Christine Kabisch, série TV) – 1988  Nick chasseur de têtes (Jacques Doniol-Valcroze, pilote).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Michel Roux

Annonce de la mort de Michel Roux, ce vendredi 2 février. Il reste associé à l’enfance de beaucoup d’entre nous, de par sa très riche voxographie – “Mary Poppins”, “Pinocchio”, la voix française de Cary Grant dans “La mort aux trousses” -, par exemple -, voir la liste de sa fiche Wikipédia. Son doublage de Tony Curtis, avec Claude Bertrand qui doublait Roger Moore, dans “Amicalement vôtre reste un modèle du genre, d’invention et d’humour. C’est le théâtre qu’il avait popularisé, citons notamment “L’hôtel du libre échange” (1973), “Féfé de Broadway” (1976), “La cage aux folles” – où il succédait à Jean Poiret en 1978 -, “Domino” (1981), “Le vison voyageur” (1983), “Le canard à l’orange” (1985), repris de 1992 à 1993, “Au secours elle me veut” (1986), “Monsieur Mazure” (1987), “Un Suédois ou rien” (1989), “Bon week-end Monsieur Bennett” (1990), “Le dîner de cons” – où il succédait à Claude Brasseur en 1995 -, “Tromper n’est pas jouer” (1997), “Max et Charly” (1998), “Face à face” (1999), “Faut-il tuer le clown” (2001), et “Le charlatan” de Robert Lamoureux en 2002, repris en 2005 . On le revoyait souvent dans des captations, mais si elles étaient tardives – notamment les soirs d’été sur France 2 -, et il avait participé à l’émission “Au théâtre ce soir”, 25 fois, et il y faisait plusieurs représentations. C’étaient des performances originales, car il n’y avait qu’une seule représentation pour le public, filmée par Pierre Sabbagh ou Georges Folgoas. Le cinéma l’aura délaissé, même s’il avait des débuts précoces dans des rôles d’enfants sous l’occupation. Mais il tourne dans l’un des meilleurs films de Julien Duvivier, l’original “La fête à Henriette”, où il joue le fiancé sympathique de Dany Robin. Après un long silence sur le grand écran, Tonie Marshall qui fut sa partenaire pour l’engager dans “Pas très catholique” en 1993, où il jouait le responsable d’une agence de détective, doté d’une improbable “moumoute” et qui devait supporter le tempérament du personnage joué par Anémone. Il ne devait ensuite retrouver qu’un petit rôle d’un responsable du loto face à Jacques Villeret dans le médiocre “Golden boy”. Nous lui devons bien des éclats de rires, et une gratitude face à ses divertissements de qualités.

Bibliographie : “L’ABC du cinéma”.

Photo : Denis Charmot

Filmographie : 1943  La cavalcade des heures (Yvan Noé) – Le carrefour des enfants perdus (Léo Joannon) – 1947  J’ai 17 ans (André Berthomieu) – 1947  Blanc comme neige (André Berthomieu) – 1948  Roulons (court-métrage) – L’impeccable Henri (Charles-Félix Tavano) – 1949  Interdit au public (Alfred Pasquali) – La petite chocolatière (André Berthomieu) – Tire-au-flanc (Fernand Rivers) – 1952  La fête à Henriette (Julien Duvivier) – 1953  Piédalu député (Jean Loubignac) – Maternité clandestine (Jean Gourguet) – 1953  Le secret d’Hélène Marimon (Henri Cerf) – 1954  Leguignon guérisseur (Maurice Labro) – 1956  La joyeuse prison (André Berthomieu) – 1957  En liberté sur les routes d’U.R.S.S. (documentaire, voix du récitant) – 1958  La femme et le pantin (Julien Duvivier) – Croquemitoufle / La femme des autres (Claude Barma) – 1959  Détournement de mineures (Walter Kapps) – 1964  Soleil (Roland Bacri, CM, voix du récitant) – 1965  Souvenir d’Épinal (Jean Image, CM, voix du récitant) – 1973  Le crayon magique (Jean Image, CM, voix du récitant) – 1984  Le bon roi Dagobert (Dino Risi, voix du récitant, version française) – 1993  Pas très catholique (Tonie Marshall) – 1995  Golden boy (Jean-Pierre Vergne). Télévision (notamment) :  1954  La chambre bleue (Stellio Lorenzi) – 1957  Le plus heureux des trois (Marcel Bluwal) – 1958  Le voyage de Monsieur Perrichon (Stellio Lorenzi) – Le canari (Claude Dagues) – Misère et noblesse (Marcel Bluwal) – 1959  Madame Aïcha voyante (Jean Faurez) – 1964  Assurance des mes sentiments les meilleurs (Marcel Bluwal) – 1965  Les cinq dernières minutes : Le bonheur à tout prix (Claude Loursais) – 1966  L’effet Glapion (Georges Vitaly) – 1967  Laure et les Jacques / Ève et les hommes (Henri Spade) – 1970  Don César de Bazan (Guy Lessertisseur) – 1973  Au théâtre ce soir : Maître Bolbec et son mari (Pierre Sabbagh)) – Au théâtre ce soir : Folie douce (Georges Folgoas) – 1975  L’effet Glapion (Alain Quercy, seconde version, captation) – 1977  Au théâtre ce soir : Attends-moi pour commencer (Pierre Sabbagh) –  Recherche dans l’intêrêt des familles (Philippe Arnal, feuilleton 35×13 minutes) – Les folies d’Offenbach : Monsieur Choufleuri restera chez lui (Michel Boisrond) – 1979  Féfé de Broadway (Jeannette Hubert, captation) – Monsieur Masure (Jean Cohen, captation) – Au théâtre ce soir : Monsieur Amilcar (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : La plume (Pierre Sabbagh) – 1980  La grande duchesse de de Gerolstein (Claude Dagues, captation) – Cabrioles (Yves-André Hubert, captation) – Les amours des années folles : Prince ou pitre (Philippe Galardi) – 1981  À nous de jouer (André Flédérick) – 1988  Au secours ! Elle me veut (Bernard Deflandre, captation) – 1998  Face à face (Jean-Philippe Viaud, captation) – 2004  Faut-il tuer le clown (Jean-Philippe Viaud, captation) – 2005  Le charlatan (Stéphane Bertin, captation). Au théâtre ce soir : Détails de ses participations disponibles sur le site de Fred Kiriloff.

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

MORT D’YVONNE DE CARLO

Annonce de la mort, lundi dernier d’Yvonne de Carlo, à Los Angeles à l’âge de 84 ans. Son rôle le plus célèbre reste celui de “L’esclave libre” (Raoul Walsh, 1957), une femme métisse, vendue comme esclave à Clark Gable, qui l’affranchit. Une grande sensualité du cinéma américain, fidèle à un certain “cinéma de quartier”. Jean-pierre Coursodon et Bertrand Tavernier n’était pas très tendre avec elle dans “30 ans de cinéma américain ” : “… Une beauté réelle, bien qu’un peu vulgaire, une volonté évidente, un certain talent de chanteuse et finalement une carrière assez médiocre. Peu de metteurs en scène surent exploiter ses possibilités érotiques et sensuelles… “. Cette canadienne née le 1 septembre 1922, à Vancouver, Colombie-britannique, Canada, arriva à Hollywood, en 1941, après avoir obtenu un prix de beauté à Venice Beach. Elle y fait essentiellement des silhouettes, après la signature d’un contrat avec Paramount. C’est avec Universal qu’elle devient une vedette en incarnant “Salomé”. A l’aise des les films historiques elle fut Séphora, la femme de Moïse joué par Charlton Heston, dans “Les dix commandements” (Cecil B. De Mille, 1956). Elle connut un regain de popularité en interprétant à la télévision Lily Munster, la mère vampire, dans “The Munters” / “La famille Addams”, de 1964 à 1966, aux côtés de Fred Gwynne. Pour la petite histoire, elle avait accepté ce rôle pour payer les frais médicaux de son mari, le cascadeur Bob Morgan, qui fut grièvement blessé sur le plateau de “La conquête de l’Ouest” (1963). Elle termina sa carrière dans quelques séries B horrifique, son couple de fermier diabolique avec Rod Steiger dans “American’s horror” qui semble jouir d’une certaine réputation. Elle avait obtenu pour ce film selon IMDB, le seul prix de sa carrière, dans le festival de film fantastique de Rome, “Fantastival”, en 1988. On retiendra son apparition dans le curieux remake de John Landis en 1991, de la pièce de Claude Magnier pour “Oscar”, où elle incarnait la tante de Sylvester Stallone. Elle avait signé avec Doug Warner, son autobiographie “Yvonne” en 1987). New York: St. Martin’s Press, 1987. C’était en définitive une bonne actrice de l’âge d’or du cinéma américain. Il serait vain de réduire statut à sa seule beauté exotique et à son glamour. A voir les photos de Briansriveintheather, et à lire également le l’excellent blog à son sujet: Les légences du cinéma.  Annonce également de la mort du producteur Carlo Ponti.

Bibliographie : “Stars N°22” (Printemps 1995)

Filmographie : 1941  I look at you (CM) – Harvard, here I come! (Lew Landers) – 1942 King of the campus (Del Lord, CM) – This gun for hire (Le tueur à gages) (Frank Tuttle) – The lamp of Memory (CM) – Youth on parade (Albert S. Rogell) – Road to Morocco (En route vers le Maroc) (David Butler) – Lucky Jordan  (Jordan le révolté) (Frank Tuttle) – 1943 The crystal ball (La boule de cristal) (Elliott Nugent) –  Rhythm parade (Howard Bretherton) – Salut for three (Ralph Murphy) – True to life (George Marshall) So proudly we hail !  (Les anges de miséricorde) (Mark Sandrich) – For whom the bell tolls (Pour qui sonne le glas) ( Sam Wood) – Let’s face it (Sidney Lanfield) – The deerslayer (Lew Landers) – 1944  Standing room only (L’amour cherche un toit) (Sidney Lanfield) – The story of Dr. Wassell (L’odyssée du docteur Wassell) (Cecil B. DeMille) – Kismet (Id) (William Dieterle) – Rainbow island (Lona la sauvageonne) (Ralph Murphy) – Here come the waves (La marine en jupons) (Mark Sandrich) – Practically yours (Mitchell Leisen) – 1945  Bring on the girls (L’or et les femmes) (Sidney Lanfield) – Salome, where she danced (Salomé) (Charles Lamont) – Frontier gal (La taverne du cheval rouge) (Charles Lamont) – 1947  Song of  Scheherazade (Shéhérazade) (Walter Reisch) – Brute force (Les démons de la liberté) (Jules Dassin) – Slave girl (La belle esclave) (Charles Lamont) – 1948  Black Bart (Bandits de grands chemins) (George Sherman) – Casbah (John Berry) – River lady (Le barrage de Burlington) (George Sherman) – 1949  Criss cross (Pour toi, j’ai tué) (Rohert Siodmak) – Calamity Jane and Sam Bass (La fille des prairies) (George Sherman) – The gal who tock the West (La belle aventurière) (Frederick De Cordova ) – 1950  Buccaneer’s girl (La fille des boucaniers) (Frederick De Cordova) – The desert hawk (L’aigle du désert) (Frederick De Cordova) – Tomahawk  (La révolte des Sioux) (George Sherman) – 1951  Hotel Sahara (Hôtel Sahara) (Ken Annakin) – Silver City (La ville d’argent) (Byron Haskin) – 1952  The San Francisco story (La madonne du désir) (Robert Parrish) – Scarlet angel (Une fille à bagarres) (Sidney Salkow) – Sea devils (La belle espionne) (Raoul Walsh) Hurricane Smith (Maître après le diable) (Jerry Hooper) – Sombrero (Id) (Norman Foster) – 1953  The captain’s Paradise (Capitaine Paradis) (Anthony Kimmins) –  Fort Algiers (Fort Alger) (Lesley Selander) – Border iver (Les rebelles) (Vincent Sherman) – 1954  Happy ever after (Héritage et vieux fantômes)  (Mario Zampi) – Passion (Tornade) (Alan Dwan) – La contessa di Castiglione (La Castiglione) (Georges Combret) – 1955  Shotgun (Son dernier combat) (Lesley Selander) – Magic fire (Feu magique) (William Dieterle) – Flame of the islands (La femme du hasard) (Edward Ludwig) – 1956  Death of a scoundrel (Les amours d’une canaille) (Charles Martin) –  The ten commandments (Les dix commandements) (Cecil B. DeMille) – Raw edge (La proie des hommes) (John Sherwood) – 1957  Band of angels (L’esclave libre) (Raoul Walsh) – 1958  La spada e la croce / Mary Magdalene (L’épée et la croix) (Carlo Ludovico Bragaglia) – 1959 Timbuktu (Tombouctou) (Jacques Tourneur) – 1963  McLintock ! (Le grand McLintock) (Andrew V. McLaglen) – Law of the lawless (Condamné à être pendu (William F. Claxton) – 1964  A global affair (Jack Arnold) – Tentazioni proibiti (Voluptés diaboliques) (Osvaldo Civirani) – 1966  Munster, go home (En Belgique : “Frankenstein et les faux-monnayeurs”) (Earl Bellamy) – 1967  Hostile guns (R.G. Springsteen) – The power (La guerre des cerveaux) (Byron Haskin) – 1968  Arizona bushwhackers (Les rebelles de l’Arizona) (Lesley Selander) – 1970  The delta factor (Opération traquenard)  (Tay Garnett) – 1971  The seven minutes (Russ Meyer) – 1974  Fuego negro  (Raúl Fernández) – 1975  Blazing stewardesses / Cathouse callgirls (Al Adamson) – Won Ton Ton the dog who saved Hollywood (Michael Winner) – 1976  La casa de las sombras / House of shadows (Ricardo Wullicher) – It seemed like a good idea at the time ( John Trent) –  1977  Satan’s cheerleaders (Greydon Clark) – 1978  Granddaughter of Dracula (Nocturna) (Harry Hurwitz) – Silent scream (Le silence qui tue) (Denny Harris) – 1979  Guyana : Crime of the century (La secte de l’enfer)  (René Cardona Jr.) – The man with Bogart’s face  (Détective comme Bogart) (Robert Day) – 1981  Liar’s moon (Le challenger) (David Fisher) – 1982  Class reunion / National lampoon’s class reunion (Michael Miller) – Play dead / Satan’s dog (Peter Wittman) – 1983  Vultures in paradise / Flesh and bullets (Paul Leder) – 1984   Flesh and bullets (Efraim Tobalina) – 1987   American gothic (John Hough) – 1988  Cellar dweller (John Carl Buechler) – 1989  Mirror, mirror (Marina Sargenti) – 1991 Oscar (L’embrouille est dans le sac) (John Landis) – 1992  The naked truth (Nico Mastorakis) – Desert kickboxer (Isaac Florentine) – 1993  Seasons of the heart (T.C. Christensen).

MORT DE GISÈLE PRÉVILLE

Philippe Noiret & Gisèle Préville dans “Le témoin”

Le comédien Antoine Valli, m’annonce également la mort de Gisèle Préville, confirmée par “Les gens du cinéma”, la veille de ses 88 ans, elle jouait notamment la femme bourgeoise de Philippe Noiret dans “Le témoin” (Jean-Pierre Mocky, 1978). Plus âgée que lui, elle supportait les frasques de son époux, ne voulant pas subir un mariage de raison. Elle était d’un très grande beauté dans le “Vautrin” de Pierre Billon, face à Michel Simon.

Filmographie établie avec Armel de Lorme : 1936  Le chemin de Rio / Cargaison blanche (Robert Siodmak) – Aventure à Paris (Marc Allégret) – 1937  Trois artilleurs au pensionnat (René Pujol) – Prisons sans barreaux (Léonide Moguy) – 1938 La chaleur du sein (Jean Boyer) – Trois artilleurs en vadrouille (René Pujol) – Noix de coco (Jean Boyer) – L’entraîneuse (Albert Valentin) – 1939  Paris-New York (Yves Mirande) – 1941 Les deux timides (Yves Allégret) – Mélodie pour toi (Willy Rozier) – 1943  Vautrin (Pierre Billon) – 1945 Trente et quarante (Gilles Grangier) – 1945 Trente et quarante (Gilles Grangier) – 1946 Miroir (Raymond Lamy) – Les aventures de Casanova (Jean Boyer) – Contre-enquête (Jean Faurez) – 1947  Brigade criminelle (Gilbert Gil) –  Against the wind (Les guerriers dans l’ombre) (Charles Crichton) – 1948  Retour à la vie [épisode “Le retour d’Antoine”] (Georges Lampin) – 1949  The dancing years (Au temps des valses) (Harold French) – Portrait d’un assassin (Bernard-Roland, présence non formellement établie) – 1951  Le dindon (En Belgique : La nuit des cocus) (Claude Barma) – Les mousquetaires du roi (Marcel Aboulker, inachevé) – 1956  Rendez-vous à Paris (réalisateur non indentifié, CM) – 1960  L’affaire d’une nuit (Henri Verneuil) – Le Président (Henri Verneuil) – 1961  Le couteau dans la plaie (Anatole Litvak) – 1978  Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1980  Docteur Jekyll et les femmes (Walerian Borowczyk) – 1986  Nuit docile (Guy Gilles). Nota : elle est souvent créditée à tort pour “Un grand amour de Beethoven” (Abel Gance, 1936), information confirmée par l’intéressée elle-même à Armel de Lorme.

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MORT DE ROBERT ALTMAN

DA

Annonce de la mort de l’un des plus grands réalisateurs américains, Robert Altman, dans la grande tradition des “Mavericks”. C’était un cinéaste “libéral-libertaire”, selon la formule de la revue “Positif” qui salua toujours son œuvre. Il convient de lire une excellente analyse de ses films dans l’indispensable “50 ans de cinéma américain” de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier. Selon eux « Toute la carrière d’Altman se place sous le signe de la provocation, du défi, ne serait-ce que celui qu’il pose aux critiques souvent débordés par son rythme infernal de production… ». La France le découvre en 1970 au festival de Cannes, avec « M.A.S.H. », après une prolifique carrière à la télévision, voir la filmo ci-dessous. Cette farce, se situant dans une clinique mobile de campagne lors de la guerre de Corée, fut refusée par 14 metteurs en scène. Le réalisateur a fait durant toute son œuvre une critique corrosive de la société américaine et de ses valeurs et un regard désabusé sur le monde. On se souviendra de l’affirmation de Géraldine Chaplin dans “Un mariage” (1978) : “Le mariage représente la fusion des intérêts de la communauté et de la nature…”. Il y a toujours une grande cohérence, malgré la grande variété des sujets abordés, parfois même à l’intérieur d’un même film où il procède à plusieurs ruptures de tons, passant du drame à la comédie. Il bouscule les genres établis, du show-bisness, avec “Nashville” (1975), à la légende de la conquête de l’Ouest avec “Buffalo Bill et les Indiens” (1976) tourné en dérision avec la complicité de Paul Newman, montrant que ce héros n’est en fait qu’une fabrication de l’imagination d’un romancier. Il est aussi à l’aise dans le western réaliste avec “John McCabe” (1970), l’onirique “Brewster Mc Clowd” (1970), où un jeune homme – Bud Cort – rêve de voler comme un oiseau, le polar rural dans les années 30 “Nous sommes tous des voleurs” (1974),  le film d’anticipation “Quintet” (1978), la comédie musicale “Un couple parfait” (1979), qu’à la représentation du milieu de la danse “Company (2003). Les femmes ont souvent le beau rôle de “Trois femmes” (1977), états d’âmes de trois infirmières travaillant dans un sanatorium – joué par Sissy Spacek, Shelley Duvall et Janice Rule – à “Cookie’s fortune” (1998), – joué par Patricia Neal, Glenn Close, Juliane Moore et Liv Tyler, drame intimiste situé dans une bourgade du Mississipi. Il excelle dans les films choraux “Nashville”, “Un mariage” (1978), “Short Cuts, les Américains” (1992), exceptionnelle adaptation de l’œuvre de Raymond Carver, tout aussi bien que dans des films intimistes ou des adaptations théâtrales. Il se livre toujours à un véritable jeu de massacres, avec les genres établis, même en adaptant d’autres auteurs, comme Raymond Chandler, dans “Le privé” (1973), avec un inattendu Elliott Gould dans le rôle de Philip Marlowe, ou John Grisham, qui refusa que son nom figure au-dessus du titre, comme à son habitude, quand il vit le premier montage de “The Gingerbread man” (1997). La critique est toujours acerbe, comme dans le méconnu “Health” (1979), où il critique habilement une campagne électorale, en la transposant dans un congrès d’une organisation diététique. Il a toujours su évoluer, comme après l’échec financier de “Popeye” (1980), d’après l’œuvre de Max Fleischer, avec des adaptations d’œuvres théâtrales, malgré la performance de Robin Williams. Il signe ainsi “Reviens, Jimmy Dean, reviens”, “Steamers” révélant Matthew Modine, et “Secret honor” étonnant monologue d’un Richard Nixon complètement saoul et déchu, admirablement interprété par Philip Baker Hall. Il se lance aussi dans des œuvres de télévision originales, comme “Tanner’ 88”, où il suit la campagne présidentielle de 1988, en inventant un faux candidat et le confrontant aux politiques véritables. Le résultat est très probant, malgré un doublage français assez redoutable lors de sa diffusion en France sur Arte.  Ses dernières années, à l’image d’un John Huston, furent remarquables, de “The player” (1991), où en cruel entomologiste, il décortique les mœurs hollywoodienne, ” Kansas city” (1996), hommage aux clubs de jazz où on ne retrouvait aucune forme de ségrégation dans le début des années 30, “Docteur T et les femmes” (2000), où un gynécologue est manipulé par ses patientes, à “Gosford Park”  (2001), où il dynamite de dispositif usé d’un “whodunit”, pour faire une jubilatoire rencontre entre “Les dix petits indiens” et “La règle du jeu”. Il est tout aussi mordant pour d’autres sociétés, il n’épargne personne, ni même les Européens, à l’instar de “Prêt-à-porter” (1994), film mésestimé par la France qui a mal supporté le portrait au vitriol fait sur le milieu de la mode, et la vision d’un Paris peu complaisant, royaume de crottes de chiens. Il nous reste à découvrir son dernier film, “The last show” dont la sortie est prévue le 6 décembre prochain. Sur Robert Altman, Jean-Loup Bourget a signé un excellent livre aux éditions Ramsay poche cinéma en 2004, qui mériterait une réédition. Son esprit va beaucoup nous manquer.

Filmographie : comme réalisateur : 1951  Modern football (documentaire, CM) – 1952  King basketball (documentaire, CM) – The sound of bells (documentaire, CM) – 1953  How to run a filling station (documentaire, CM) – Modern baseball (documentaire, CM) – The last mile (documentaire, CM) – 1954  Better football (documentaire, CM) – The builders (documentaire, CM) – The dirty look (CM) – 1955  The perfect crime (CM) – The delinquents (CM) – The James Dean story (L’histoire de James Dean, co-réalisation avec George W. George, documentaire)1956  The magic bond (documentaire, CM) – 1964  The party (CM) – 1965  The Katherine Reed story (documentaire, CM) – 1966  Pot au feu (CM) – 1967  Countdown (Objectif lune) – 1969  The cold day in the park – M.A.S.H. (Id) – 1970  Brewster McCloud (Id) – McCabe and Mrs. Miller (John McCabe) – 1971  Images (Id) – 1973  The long goodbye (Le privé) – 1974  Thieves like us (Nous sommes tous des voleurs) – California Split (Les flambeurs) – 1975  Nashville (Id) – 1976  Buffalo Bill and the indians, or Sitting Bull’s history lesson (Buffalo Bill et les indiens) – 1977  3 women (Trois femmes) – 1978  Quintet (Id) – A wedding (Un mariage) – 1979  Health – A perfect couple (Un couple parfait) – 1980  Popeye (Id) – 1982  Come back to five and dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean (Reviens, Jimmy Dean, reviens) – 1983  Steamers (Id) – Secret honor (Id) – 1984  O.C. and Stiggs / The utterly monstrous mind roasting summer of O.C. and Stiggs (Vidéo : “Vous avez dit dingue ?”) – 1985  Fool for love (Id) – 1986  Aria [épisode : “Les Boréades”] – Beyond therapy (Id) – 1989  Vincent and Theo (Vincent et Théo) (+ version TV) – 1991  The player (Id) – 1993  Short cuts (Short cuts, les Américains) – 1994  Ready to wear (Prêt à porter) – 1995  Kansas  city (Id) – Jazz’ 34 (Jazz’ 34, remembrances of Kansas City Swing) (documentaire) – 1997  The Gingerbread man (Id) – 1998  Cookie’s fortune (Id) – 2000  Docteur T & the women (Docteur T & les femmes) – 2001  Gosford Park (Id) – 2003  The company (Company) – 2005 A prairie homme companion (The last show).

Comme réalisateur de télévision : Longs et moyens métrages : 1964  Kraft suspense theater : Once upon a savage night /  Nightmare in Chicago – 1982  Precious blood – Rattlesnake in a Cooler – 1985  The Landromat – 1987  Basements [épisodes “The dumb waiter” & “The room”] – 1988  Tanner’ 88 – The Caine mutiny court martial – 1993  The real McTeague (documentaire) – Great performances : Blanck and blue – 2004  Tanner on Tanner – Comme réalisateur de séries TV : Alfred Hitchcok presents [épisodes “The young one” (1957) & “Together” (1958)] – M Squad [épisode “Lover’s Lane Killing” (1958)]– Peter Gunn [Un épisode] – The millionaire / If you had a million [épisodes “Pete Hopper : Afraid of the dark” (1958), “ – “Henry Banning : The show off” (1959), “Jackson Greene : The beatnik” (1959),  “Alicia Osante : Beauty and the saylor” (1959), “Lorraine Dagget : The beach story” (1959), “Andrew C Cooley : Andy and Clara” (1959) – “Whirlybirds” (158/59), “The midnight show” (1958), “Guilty of old age” (1959), “Matter of trust” (1959), “Christmas in June” (1959), “Til death do us part” (1959), “Time limit” (1959), “Experiment X-74” (1959), “The challenge” (1959), “The big lie” (1959), “The perfect crime” (1959), “The unknow soldier” (1959), “Two of kind” (1959), “In ways mysterious” (1959), “The black Maria” (1959) & “Sitting duck” (1959)] – U.S. Marshal / Sheriff of Cochise [épisodes “The triple cross”, “Shortcut to hell”, “R.I.P.” etc…] – “Troubleshooters” (1959) (13 épisodes) – Hawaiian eye [épisode “Three tickets to Lani” (1959)] – Sugarfoot [épisodes “Apollo with a gun” (1959) & “The  highbinder” (1960)] – Westinghouse Desilu Playhouse [épisodes “The sound of murder”  & “Death of dream”] (1960) – The Gale Storm show / Oh ! Susanna [épisode “It’s magic” (1960) – Bronco {épisode “The mustangers” (1960) – Maverick [épisode “Bolt from the blue” (1960)] – The roaring ‘20’s [épisodes “The prarie flower” (1960), “Brother’s keeper” (1960), “White carnation” (1960), “Dance marathon” (1961), “Two a day” (1961), “Right off the boat (1961), “Royal tour” (1961), “Standing room only (1961)], Bonanza [épisodes “Silent thunder” (1960), “Bank run” (1961), “The duke” (1961), “The rival” (1961), “The secret” (1961), “The dream riders” (1961), “Sam Hill” (1961),& The many faces of Gideon Finch” (1961) – Lawman [épisode “The robbery” (1961) – Surfside 6 {épisode “Thieves among honor”] (1961) – Bus stop [épisodes “The covering darkness” (1961), “Portrait of a hero” (1961), “Accessory by consent” (1961), “A lion waks among us” (1961), “…and the pursuit of evil” (1961), “Summer lightning” (1962), “Door without a key” (1962), & “Conty general” (1962)] – The Gallant men [épisode “Battle zone” (1962) – Combat [épisode “Forgotten front” (1962), “Rear echelon commandos” (1962), “Any second now” (1962), “Escape to nowhere” (1962), “Cat and mouse” (1962), “I swear by Apollo” (1962), “The prisoner” (1962), “The volunteer” (1962), “Off limits” (1963) & “Survival” (1963) – Route 66 [épisode “A gift for a warrior”] – Kraft suspense theater [épisodes “The long lost life of Edward Smalley” (1963), “The hunt” (1963) & “Once upon a savage night” (1964, repris sous le titre “Nightmare in Chicago”)] – The long hot summer [épisode “The homecoming” (1965)] – Nightwatch [épisode pilote : “The suitcase” (1968)] – Premiere [épisode “Walk in the sky” (1968) – Saturday night live [épisode “Sissy Spacek/Sissy’s roles” (1977)] – Gun / Robert Altman’s Gun [épisode “Al the President’s men” (1997)].

DA

Divers : Comme producteur seulement : 1976  Welfome to Los Angeles (Welcome to L.A. (Welcome to Los Angeles) (Alan Rudolph) – 1977  The late show (Le chat connaît l’assassin) (Robert Benton) – 1978  Remember my name (Tu ne m’oublieras pas) – 1979  Rich kids (Robert M. Young, producteur exécutif) – 1993  Mrs. Parker and the vicious circle (Madame Parker et le cercle vicieux) (Alan Rudolph) – 1997  Afterglow (L’amour et après ?) (Alan Rudolph) – 1998  Liv (Eduardo Ponti, CM) – 2000  Trixie (Alan Rudolph) – 2001  Roads and Bridges (Abraham Lim, producteur exécutif) – Comme scénariste seulement : 1947  Christmas Eve (Edwin L. Marin) – 1948  Bodyguard (Richard Fleischer) – 1962  What ever happened to Baby Jane ? (Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?) (Robert Aldrich, supervisation des dialogues) – Comme acteur : 1947  The secret life of Walter Mitty (La vie secrète de Walter Mitty) (Norman Z. McLeod) – 1970  Events (Fred Baker) – 1951  Corn’s-A-Poppin’ (Robert Woodburn) – 1981  Endless love (Un amour infini  (Franco Zeffiirelli) – 1982  Before the Nickelodeon : The cinema of Edwin S. Porter (Charles Musser, documentaire) –  1988  Hollywood Mavericks (Florence Dauman & Gale Ann Stieber, documentaire) – 1993  Luck, Trust & Ketchup : Robert Altman in Carver Country  (John Dorr & Mike E. Kaplan, documentaire) – 1997  Franck Capra’s american dream (Kenneth Bowser, documentaire) – 2003  A decade under the influence (Ted Demme & Richard LaGravenese, documentaire) – 2004  Épreuves d’artistes (Samuel Faure & Gilles Jacob, documentaire) – 2005  Elio Petri …appunti su un autore (Titre DVD : Elio Petri, note sur un auteur) (Federico Bacci, Nicola Guarneri & Stefano Leoni, documentaire). Comme monteur : 1954  Honeymoon for Harriet (Marice Prather, documentaire, CM) – Réalisateur de seconde équipe : 1966  The happening (Les détraqués) (Elliot Silverstein).

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MORT DE FRANCIS GIROD

Annonce de la mort du cinéaste Francis Girod, ce 19 novembre, à Bordeaux. Victime d’une crise cardiaque, il tournait un téléfilm inspiré de l’affaire Alègre, voir les informations du site Flach Films. Il débuta comme journaliste au “Nouvel observateur”. Il débute au cinéma en devenant assissant de Jean-Pierre Mocky – qui l’égratigne dans son dernier film quand il fut chevalier des “Beaux arts” en 2002- (“Les vierges” 1962), Robert Vadim (“La ronde” (1963), “La curée” (1966)), François Reichenbach (“Les amoureux du “France” (1963), Alex Joffé (“Les culottes rouges” (1962), etc… Sa carrière de réalisateur déute sur des chapeaux de roues avec “Le Trio infernal” (1973), brûlot surréaliste, baignant dans l’humour noir – et dans l’acide -. Il dépeint trois monstres – Michel Piccoli, Romy Schneider et Masha Gomska, qui élaborent une macabre escroquerie à l’assurance vie. Avec “René-la-Canne” (1976), il fait de l’oeuvre de René Borniche, une pochade, avec Gérard Depardieu et Michel Piccoli, en roues libres. “L’état sauvage” (1977), d’après le roman de Georges Conchon, est une critique acerbe d’un pays africain, qui vient d’obtenir l’indépendance, en proie à la corruption. “La banquière” (1980) d’après la véridique affaire Hanau, histoire d’une banqueroute qui defraya la chronique au début du siècle dernier, offre l’un de ses meilleurs rôles à Romy Schneider. “Le grand frère” (1981) est titré d’une série noire de Sam Ross, et adapté par Michel Grisolia, parle des immigrés dans un Marseille hostile, porté par l’interprétation de Gérard Depardieu, et révélant Souad Amidou. “Le bon plaisir” (1983), adapté d’un livre de Françoise Giroud, aux éditions Mazarine ! est un portrait au vitriol de la Présidence de la République, avec un Jean-Louis Trintignant éblouissant, ayant un fils caché avec Catherine Deneuve. Suivent “Descente aux enfers” (1986), adaptation assez conventionnelle de David Goodis, où Sophie Marceau, retrouve son “père” de “La boum”, Claude Brasseur, pour en faire son amant. “L’enfance de l’art” est une sorte de modernisation d'”Entrée des artistes”, voulant donner sa chance à de jeunes comédiens comme Clotilde de Bayser et Michel Bompoil. “Lacenaire”, donne l’occasion à Daniel Auteuil, après Marcel Herrand, le rôle du célèbre criminel, pour un film enlevé, ses échanges avec Jean Poiret, sont particulièrement jubilatoires. Ses derniers films déçoivent, avec quelques polars efficaces, mais décevant dans l’ensemble, avec “Délit mineur” (1995), “Passage à l’acte” (1995), montrant la neutralité malveillante d’un psychiatre joué par Daniel Auteuil, “Terminale” (1997), “Mauvais genre” (2001), malgré une saisissante composition de Robinson Stévenin, et “Un ami parfait” (2005). Il semblait avoir plus d’ambitions pour la télévision avec “Le pays des enfants perdus” (2003), page méconnue de notre histoire, où des élus français “transplantent” 200 enfants Réunionnais, en 1966, dans “La Creuse”, pour lutter contre un exode massif, sans avoir d’états d’âmes. “Notable et non coupable” sera terminé par Dominique Baron. On retiendra aussi ses autres activités. Il fut comédien, on se souvient de son rôle de cinéaste démiurge et autoritaire dans “Zanzibar” (Christine Pascal, 1988). Il fallait le voir faire tomber une script de sa chaise, car selon lui, son regard est le plus juste, pour y installer une caméra. Il fut aussi un producteur intelligent, pour Jacques Rouffio (“L’horizon” (1966), “Sept morts sur ordonnance” (1975)), Marc Monnet (“Léa, l’hiver, 1970), Bernard Paul (“Beau masque”, 1972), ou Jérôme Kanapa (“La République est morte à Dien-Bien-Phu, 1973). Il eu également de nombreuses activités pour la SACD, ou dans l’enseignement de l’art dramatique pour de jeunes comédiens. On peut déplorer, que l’acidité de son regard à ses débuts, ne traverse pas toute son oeuvre. “L’oncle de Russie”, un téléfilm inédit, sera diffusé sur France 3 le 10 décembre prochain, avec Claude Brasseur, Marie-José Nat. L’histoire : “1989. La perestroïka a assoupli les relations entre l’URSS et la France. Gaston Boissac refait alors surface : cet ancien soldat français, qui fut prisonnier des Allemands, a été libéré par les troupes soviétiques en 1945. Et il s’est retrouvé coincé pendant quarante-quatre ans de l’autre côté du rideau de fer.” (source : www.guidetele.com).

Filmographie : 1973  Le trio infernal – 1976  René-la-Canne – 1977  L’État sauvage – 1980  La banquière – 1981  Le grand frère – 1983  Le bon plaisir – 1986  Descente aux enfers – 1987  L’enfance de l’art – 1990  Lacenaire – 1991  Contre l’oubli [épisode “Archana Guha”] – 1990  Lacenaire – 1993  Délit mineur – 1995  Lumière et compagnie [Un sketche] – Passage à l’acte – 1997  Terminale – 2001  Mauvais genre – 2003  Le pays des enfants perdus (TV) – 2005  Un ami parfait – 2006  L’oncle de Russie (TV) – Notable donc coupable (TV, terminé par Dominique Baron).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

MORT DE GILLO PONTECORVO

img185/4028/gillopontecorvozr5.jpg Annonce de la mort du cinéaste Gillo Pontecorvo, hier à Rome, réalisateur engagé s’il en fut. La redécouverte de deux ses films “La bataille d’Alger” et “Kapò” en salles ou en DVD, montrait un metteur en scène confiant aux émotions déclenchées par la fiction, avec une évidente sincérité. Né à Pise en 1959, il fut journaliste tout en suivant des études de chimie, avant de devenir un passionné de cinéma après avoir vu “Paisà” (Roberto Rossellini, 1946), chef d’œuvre du néoréalisme italien. Il débute comme assistant chez Yves Allégret et Joris Ivens rencontré à Paris, avant de rentrer en Italie tourner avec Steno “Le infedeli / Les infidèles” (1952), et Mario Monicelli “Totò et Carolina”. Comme réalisateur il signe notamment “La lunga strada azzura / Un nommé Squarcio” (1957), avec Yves Montand et Alida Valli, histoire du destin de trois pêcheurs sur les côtes de l’Adriatique. Puis vint le très controversé “Kapò” (1959), de part sa représentation d’un camp de concentration de l’Europe de l’Est. Ce film avait fait l’objet d’un article célèbre de Jacques Rivette, intitulé “De l’abjection”, dans le Cahier du cinéma N°120 (1961), où il déclarait l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, […] cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris“. Cet article a eu une grande influence pour Serge Daney – qui ne vit jamais ce film ! -, relaté dans son article “Le travelling de Kapò”. Le film reste discutable, sur le grand problème de la représentation de la “Shoah”, à l’écran, mais on apprend dans un des bonus du DVD paru en 2006, qu’une romance entre Susan Strasberg et Laurent Terzieff, lui a été imposée par la production. Plus probant fut “La battaglia di Algeri / La bataille d’Alger”, relatant l’insurrection algéroise de 1954 et qui fut interdit en France en 1966. La mise en scène était si saisissante, il avait tourné dans Alger avec les témoins ce haut fait historique, que beaucoup crurent à l’utilisation d’images d’archives. On se souvient dans ce film d’une subtile utilisation d’acteurs non-professionnels face au saisissant Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu, chef des “paras”. Il obtient avec “Queimada”, sur les méfaits du colonialisme, la consécration internationale. Dans le rôle de Sir William Walker, un envoyé par le gouvernement anglais dans une possession portugaise dans “Les Caraïbes”, afin de s’occuper du commerce de la Cannes à sucre, Marlon Brando excelle. Enfin en 1979, avec “Ogro”  film franco-italien avec Gian-Maria Volonté en terroriste basque et Nicole Garcia, il évoque l’enlèvement d’un haut personnage du gouvernement espagnol par l’E.T.A. Il avait participé à quelques films collectifs, sur la situation politique italienne comme dans : “12 dicembre” (1972) ou “L’addio a enrico berlinguer” (1984) et “Un mondo diverso è possibile” (2001).  Pour reprendre la citation du site de la chaîne Arte, il déclarait au “Guardian” en 1983, “Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs italiens”, citation reprise par les grands médias, mais qui ne sitent pas leur source, par un panurgisme béat.

ARTICLES : LE MONDE DU 13/10/06 ET DU 15/10/2006

Le réalisateur de “La Bataille d’Alger”, Gillo Pontecorvo, est mort

L’Italien Gillo Pontecorvo, décédé jeudi 12 octobre à Rome à l’âge de 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma comme l’auteur de La Bataille d’Alger, un film controversé couronné en 1966 par le Lion d’or à Venise mais longtemps interdit de diffusion en France. Le scénario, signé Franco Solinas, est inspiré du récit d’un des chefs militaires du FLN à Alger, Yacef Saadi. Tourné avec des non-professionnels (excepté Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu à la tête des parachutistes français), La Bataille d’Alger traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les paras français et les hommes du FLN. Et montre notamment l’usage de la torture d’un côté et les attentats aveugles de l’autre, avec un réalisme tel que le film évoque davantage le genre documentaire que la fiction. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 mais est très vite retiré des écrans. Il ne ressort en France qu’en 2004, presque quarante ans après sa réalisation. De la filmographie de Gillo Pontecorvo, on retiendra Kapo (1959) qui raconte l’histoire d’une jeune fille juive internée dans un camp de concentration et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis, Queimada (1971), avec Marlon Brando, qui évoque le colonialisme, dans les Antilles du XIXe siècle, et Ogro (1979) qui traite du terrorisme à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin d’une dictature. Autant de films qui disent l’engagement du cinéaste, qui parlait de lui-même en ces termes, dans un entretien au Guardian : “Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche.”

Gillo Pontecorvo, par Jean-Luc Douin

Le cinéaste italien Gillo Pontecorvo est mort à Rome, jeudi 12 octobre, à l’âge de 86 ans.

Né à Pise le 19 novembre 1919, scientifique de formation, puis journaliste, Gillo Pontecorvo décide de faire du cinéma en voyant Païsa de Roberto Rossellini (1946). Lorsqu’il ne signe pas des documentaires, il sera obsédé toute sa vie par le souci de réaliser des images ressemblant le plus possible à des documents d’actualité. Giovanna (1956), moyen métrage, relate une grève de femmes dans une usine de tissus. Salué par la critique, son premier long-métrage (La Grande Route bleue, ou Un dénommé Squarcio, avec Yves Montand et Alida Valli, 1957) est un échec commercial. Le film est tiré d’un roman de Franco Solinas qui devient son scénariste de prédilection. Les deux hommes admirent le livre de Primo Levi, Si c’est un homme, et décident de tenter d’en transmettre l’esprit dans un film. Ce sera Kapo (1959), l’histoire d’une jeune juive internée dans un camp de concentration où elle devient l’auxiliaire des nazis. Solinas et Pontecorvo s’affrontent sur un point : le premier veut insérer une histoire d’amour dans cette évocation de l’infamie où peut sombrer une victime, et le second y est hostile. Franco Cristaldi, le producteur, trouve un compromis : Pontecorvo pourra consacrer les deux premiers tiers du film à montrer le quotidien dans un camp d’extermination, l’histoire d’amour n’arrivant qu’à la fin, pour symboliser la rédemption de l’héroïne. Désigné par Luchino Visconti comme le meilleur film de l’année, salué par Roberto Rossellini, Kapo représente l’Italie aux Oscars. Mais un article de Jacques Rivette paru dans le n°120 des Cahiers du cinéma (“De l’abjection” ) le discrédite à jamais aux yeux des cinéphiles français. Rivette y accuse Pontecorvo d’avoir transformé l’horreur des camps en spectacle, de l’avoir rendue supportable. Surtout, il s’en prend à un bref plan, celui où le personnage d’Emmanuelle Riva court se suicider en se jetant sur les barbelés électrifiés. “L’homme qui décide à ce moment de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée (…) n’a droit qu’au plus profond mépris.” Plus tard, Serge Daney fera de cet exemple son dogme.

SENTIMENT D’AUTHENTICITÉ : Atteint par cette polémique, Gillo Pontecorvo va prouver en 1966 qu’aussi maladroit soit le mouvement de caméra de Kapo incriminé, il ne mérite pas cette infamie. Couronné par le Lion d’or de Venise, La Bataille d’Alger relate l’insurrection des membres du FLN et la répression de l’armée française. Pontecorvo y dépeint les rues de la Casbah, la guérilla nationaliste, les attentats dans les cafés ou magasins, les tortures utilisées par les parachutistes pour démanteler les réseaux, avec un souci d’éviter les clichés. Ses images en noir et blanc filmées caméra sur l’épaule donnent un sentiment d’authenticité. Il fallut attendre 1970 pour que ce film financé par le gouvernement algérien soit projeté en France.

Les convictions communistes de Pontecorvo le pousseront à resigner un film anticolonialiste en 1971, Queimada (sur le mécanisme de l’oppression impérialiste aux Antilles, avec Marlon Brando). Dans Ogro (1979), il traite du terrorisme à travers l’attentat qui coûta la vie à un proche collaborateur de Franco. Directeur de la Mostra de Venise de 1992 à 1996, Gillo Pontecorvo avait déclaré en 1983 au Guardian : “Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de juifs italiens.”

Emmanuelle Riva dans “Kapò”

LIBÉRATION DU 14/10/2006

Gillo Pontecorvo, l’arme à gauche, par Antoine de Baecque

Cinéaste italien engagé, l’auteur de «la Bataille d’Alger» meurt à 85 ans.

Gillo Pontecorvo, mort jeudi à Rome à 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma à un double titre, qui en fait en France aussi bien un repoussoir pour cinéphiles qu’une icône politique de gauche. Il est à la fois le réalisateur de Kapo (1959), premier film occidental consacré à «remettre en scène» un camp d’extermination nazi, et de la Bataille d’Alger (1965), reconstituant l’un des épisodes les plus sombres de la guerre d’Algérie. Kapo a été dénoncé comme un film obscène. Ce que Jacques Rivette reproche au film, dans les Cahiers du cinéma de juin 1961, est moins son sujet, peinture terrible d’un camp de la mort, que sa forme : avoir reconstitué l’horreur avec un souci esthétique, l’extermination y devenant une chose «joliment filmée».  «Voyez dans Kapo, écrit Rivette en prenant à témoin son lecteur de l’abjection d’un passage où Emmanuelle Riva se suicide en se jetant sur les barbelés, l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris.» Cette phrase de Rivette détermine le point de vue éthique sur le cinéma d’une génération de critiques et cinéastes, qui se reconnaîtront dans un autre texte, de Serge Daney, comme un miroir, le Travelling de Kapo (in Trafic, automne 1992). En 1966, Pontecorvo reçoit le Lion d’or à Venise pour la Bataille d’Alger . Marqué par la guerre d’Algérie, il a travaillé avec Yacef Saadi (qui joue son propre rôle), chef militaire du FLN à Alger, à ce film basé sur ses souvenirs de combat. Tourné avec des non-professionnels (sauf Jean Martin, en colonel Mathieu), la Bataille d’Alger montre avec un réalisme sidérant la lutte pour la Casbah en 1957 entre paras et FLN. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 avant d’être retiré face aux menaces des nostalgiques de l’Algérie française. En 2003, considéré comme un modèle sur la guérilla urbaine, il est projeté au Pentagone en vue de préparer la guerre en Irak. Il ne ressort en France qu’en 2004. Pontecorvo, longtemps communiste, a toujours tourné à gauche : Giovanna (1956), sur une grève des femmes dans une usine textile, Queimada (1971), sur le colonialisme dans les Antilles du XIXe (avec Marlon Brando), Ogro (1979), sur la fin de la dictature de Franco, restant fidèle à sa devise : «Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de juifs italiens.» Mais il illustre aussi l’idée qu’un bon film de gauche est rarement un grand film tout court.

img291/8885/pontecorvocy0.jpg LE FIGARO DU 13/10/2006

Le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, décédé jeudi à Rome à 86 ans, restera dans l’histoire du cinéma grâce à son film controversé sur la guerre d’Algérie, interdit de diffusion pendant près de 40 ans en France. Gillo Pontecorvo était reconnu comme l’un des plus grands réalisateurs italiens de l’après-guerre, deux fois candidat aux Oscars, et père de la « Bataille d’Alger ». Cinéaste engagé, Pontecorvo avait déclaré en 1983 au Guardian : «Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs Italiens.» Né à Pise en 1919, Gillo Pontecorvo se lance d’abord dans des études de chimie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme journaliste et messager pour le parti communiste italien. Une fois la paix signée, il devient correspondant à Paris de plusieurs journaux italiens. C’est alors qu’il voit « Paisa » de Rossellini : il abandonne aussitôt son métier de journaliste, achète une caméra et commence à tourner des courts métrages documentaires. Des films à caractère social – En 1956, « Giovanna » relate la grève des femmes dans une usine de tissus. L’année suivante, il tourne son premier long métrage, « La Grande route bleue » (La grande strada azzura), aussi exploité sous le titre «Un dénommé Squarcio». Cette adaptation d’une nouvelle de Franco Solinas, son scénariste de prédilection, décrit la vie difficile d’un petit village de pêcheurs où l’on voit notamment Yves Montand lutter pour nourrir sa famille. En 1959, « Kapo » narre l’histoire d’une jeune fille juive, internée dans un camp de concentration et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis. La controverse de la « Bataille d’Alger » – Fortement marqué par la guerre d’Algérie, Gillo Pontecorvo avait très vite songé à réaliser un long métrage sur le conflit, mais celui-ci ne voit le jour que trois ans après la fin des hostilités, lorsque Yacef Saadi, un des chefs militaires du FLN à Alger, lui propose l’idée d’un film basé sur ses propres souvenirs de combat. Tourné avec des non professionnels (excepté Jean Martin, dans le rôle du colonel Mathieu à la tête des parachutistes français), « La bataille d’Alger » traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les paras français et les hommes du FLN, avec l’usage de la torture d’un côté et les attentats aveugles de l’autre. Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 avant d’être très vite retiré des écrans. En 2003, le film, considéré comme un modèle d’enseignement sur la guérilla urbaine, est projeté au Pentagone en vue de préparer la guerre en Irak. Le film ne ressort en France qu’en 2004, presque 40 ans après sa réalisation. Le colonialisme avec Marlon Brandon – Après « La bataille d’Alger » en 1965, il revient en 1971 avec « Queimada » sur le colonialisme, cette fois dans les Antilles du XIXe siècle. L’histoire du cinéma a surtout retenu les caprices sur le plateau de la star Marlon Brando. En 1979, il tourne son dernier long métrage, « Ogro », qui traite du terrorisme à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin d’une dictature.

L’HUMANITÉ DU 14/10/2006

Gillo Pontecorvo,le réalisateur de la Bataille d’Alger n’est plus, par Dominique Widemann

Disparition . Le réalisateur italien laisse une oeuvre cinématographique au service de la vérité. Son engagement, son humour et sa modestie vont manquer.

Gillo Pontecorvo, c’était l’Italie et le cinéma dans ce que ce pays a pu donner de meilleur. Diplômé de chimie, journaliste communiste, correspondant de presse à Paris où il assiste Yves Allégret et le critique de cinéma Joris Ivens, Gillo Pontecorvo deviendra l’assistant-réalisateur d’un autre communiste, Francesco Maselli, et celui de Mario Monnicelli, tout en s’essayant lui-même à la réalisation. Né à Pise en 1919, Gillo Pontecorvo, fait ses débuts au cinéma en 1955 avec Giovanna, un épisode du film la Rose des vents qui ne verra jamais le jour car en partie financé par la République démocratique allemande. C’était l’histoire de quatre femmes filmées par quatre réalisateurs de quatre pays. Les Soviétiques firent capoter l’affaire parce qu’ils n’aimaient pas l’épisode de Guerassimov. Pontecorvo, quelques décennies plus tard, s’amusait d’avoir pu, malgré tout, conserver une copie de son travail. Après ce récit de l’occupation d’une petite usine textile d’Italie centrale par des femmes, il s’emploie à réaliser la Grande Strada azzura (la Grande Route bleue devenue en français Un nommé Squarcio) avec Yves Montand, Alida Valli et Francesco Rabal, l’histoire d’un pauvre pêcheur de la côte dalmate. Bien que le film ait obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Karlovy Vary, Pontecorvo le jugera a posteriori « assez médiocre », affirmant que l’émotion, la recherche de langage si importante dans son travail n’avaient trouvé d’accomplissement stylistique que dans Kapo, tourné en 1959. Le film, primé dans tous les festivals où il fut présenté, raconte le parcours d’une jeune fille juive qui, internée dans un camp de concentration, devient l’auxiliaire des nazis.

Carte blanche pour Pontecorvo

Gillo Pontecorvo, auréolé de succès, aurait pu à ce moment-là choisir de mettre en scène n’importe quel sujet. Un projet lui tenait particulièrement à coeur : réaliser un film sur le colonialisme. Avec Franco Solinas, scénariste de haute volée, il écrit une histoire intitulée Paras qui se déroule en Italie puis en Algérie. Le producteur, effrayé par l’OAS, renonce. L’Algérie propose alors à Pontecorvo et Solinas un film sur la lutte de libération algérienne. Le cinéaste accepte à condition d’avoir carte blanche. Ce sera la Bataille d’Alger. Yacef Saadi, qui avait été l’un des chefs de la résistance algérienne et le chef politique du FNL pour la région d’Alger, tiendra son propre rôle. À l’exception du colonel Mathieu, interprété par l’acteur Jean Martin, tous les personnages du film sont des amateurs. Pontecorvo et Solinas s’étaient livrés à un important travail de préparation, en Algérie comme en France où ils rencontrent gradés de haut rang pour avoir leur son de cloche. Le scénario est écrit en deux mois et ne laisse aucune place à l. Le tournage s’effectue avec l’aide de nombreux Algériens soucieux de participer à un film qui les concerne. Pontecorvo, qui aimait la musique au point d’avoir rêvé de devenir compositeur, s’attache à une partie de la musique du film et confie l’essentiel à un jeune compositeur de l’époque, Ennio Morricone. Le réalisme du film, qui doit ressembler à des actualités filmées, est travaillé jusque dans le choix précis du grain de la pellicule. L’effet est saisissant. Prêt à temps pour être présenté à la Mostra de Venise de 1966, la Bataille d’Alger y obtient un lion d’or qui sera suivi de nombreuses autres distinctions. Sa sortie en France est prévue dans la foulée. Il n’en sera rien. Au miroir de ce que le pouvoir et les médias appellent alors et pour longtemps « les événements » d’Algérie, le film ne reçoit son visa d’exploitation qu’en 1970. Quelques salles le programment courageusement. Les manifestations d’extrême droite réelles ou annoncées parviennent à faire en sorte que le film soit interdit de projection en raison des « troubles à l’ordre public » qu’il engendrerait. Le 4 juin dans les colonnes de l’Humanité, notre camarade François Maurin écrit : « Laissera-t-on l’OAS dicter sa loi ? » Puis le 5 juin : « Céder aux fascistes ? » et le 6 juin : « La Bataille d’Alger, un film adulte pour un public adulte ». Il faudra pourtant attendre 1971 pour que le film sorte normalement. Une première reprise a lieu en 1981. En 2004, il ressortait en salles, après sa présentation dans la section Cannes Classics du Festival. Un nouveau public a pu découvrir cette magnifique leçon de cinéma.

« la dictature de la vérité »

Gillo Pontecorvo, qui prétendait modestement que l’ensemble de sa carrière tenait en six films, a pourtant réalisé en 1984 l’Adieu à Enrico Berlinguer, court métrage collectif. En 1989 ce sera Douze Réalisateurs pour douze films ; en 1997 Nostalgia di protezione dans le cadre du film les Courts Métrages italiens, puis un autre film collectif et militant réalisé sur le contre-sommet de Gênes, Un autre monde est possible (2001) et encore Florence, notre demain, aventure semblable portant sur le Forum social européen (2003). Ajoutons que le succès de la Bataille d’Alger avait permis à Pontecorvo de diriger Marlon Brando dans Queimada, en 1969, film sur un soulèvement des Noirs aux Antilles en 1845. Il fut également le patron de la Mostra de Venise de 1992 à 1995, fonda en 1993 l’Union mondiale des auteurs. Toujours amical et chaleureux, plein d’humour et de verve, Gillo Pontecorvo s’était confié à notre journal en 2004, au cours d’un long entretien réalisé par Jean Roy (voir notre édition des 22 et 23 mai 2004). Le cinéaste réitérait alors sa foi en « la dictature de la vérité », vérité au service de laquelle il devait placer toutes les fictions qu’il eut le grand art de nous offrir.

MORT DE DANIÈLE HUILLET

Jean-Marie Straub & Danièle Huillet

Nous avons ce jour, une pensée pour Jean-Marie Straub, à l’annonce de la mort de sa femme, Danièle Huillet, des suites d’un cancer, avec laquelle il fit un cinéma exigeant et radical.

Filmographie : Comme réalisatrice, auteur, monteuse et productrice, avec Jean-Marie Straub : 1962  Machorka Muff (CM) – 1965  Nicht versöhnt  oder es hilft nur gewalt wo gewalt herrscht (Non réconciliés : seule la violence aide où la violence règne, MM) – 1967  Chronik der Anna Magdalena Bach (Chronique d’Anna Magdalena Bach) –  1968  Der bräutigam, die komödiantin und der zuhälter (Le fiancé, la comédienne et le maquereau, CM) – 1969  Othon / Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou peut-être qu’un jour Rome se permettra de choisir à son tour – 1972  Einleitung zu Arnold Schonbergs “Begleitmusik zu einer Lichtspielscene”  (Introduction à la musique d’accompagnement pour une scène de film d’Arnold Schonberg) (CM) – Geschicht Suntericht (Leçons d’histoires) – 1974  Moses und Aaron (Moïse et Aaron) – 1976  Forti Cani / I cani del Sinaï / Die hunde von Sinai (Les chiens du Sinaï ) – 1977  Toute révolution est un coup de dés (CM) – 1979  Dalla nube alla resistenza / Von der wolke zum Widerstand (De la nuée à la résistance) – 1980  Trop tôp, trop tard – 1982  En rachâchant (CM) – 1984  Amerika, klassenverhältnisse (Amerika, rapports de classe) – 1986  Der Tod des Empedokles oder wenn dann der erde grün von neuem euch erglänzt (La mort d’Empédocle) – 1988  Schwarze Sünde (Noir péché ) – 1989  Cézanne (documentaire, CM, + narration) – 1992  Antignone –   1995  Lothringen ! (CM) – 1996 Von heute auf morgen (Du jour au lendemain) – 1998  Sicilia ! – 2000 Operai e contadini  (Ouvriers, paysans) –2003  Le retour du fils prodigue / Humiliés – 2004  Une visite au Louvre (documentaire) – 2006  Quei loro incontri (Ces rencontres avec eux) – Interprétation : 1971  Obrigkeitsfilm (Vlado Kristl) – 1983  Jean-Marie Straub und Danièle Huillet bei der arbeit an einem film (Harun Farocki, CM) – 1984  Cinématon N° 343 (Gérard Courant, CM) – 1999  Die musik seid ihr, Freunde ! – Danièle Huillet und Jean-Marie Straub bei der Arbeit an ihrem Film Sicilia ! (Andreas Teuchert, documentaire) – 2000  Sicilia ! Si gira  (Jean-Charles Fitouni, CM) – 2001  Cinéma de notre temps : Danièle Huillet / Jean-Marie Straub : Où gît votre sourire enfoui ? (Pedro Costa, documentaire, TV) –Montage seulement : Jane erschießt John, weil er sie mit Ann betrügt (Rudolf Thome, CM).

Signalons également la mort de Jean-Pierre Dougnac, dont on peut lire le portrait chez “Les gens du cinéma” et de l’égérie de la “Blaxploitation”, Tamara Dobson, célèbre Cleopatra Jones.

MORT DE BERNARD RAPP

Annonce de la mort prématurée hier de Bernard Rapp à l’âge de 61 ans. Triste nouvelle, j’ai gardé un bon souvenir de lui, l’ayant rencontré à deux reprises dont une pour l’avant-première d’une “Affaire de goût” avec le scénariste Gilles Taurand. J’ai gardé l’impression d’une grande affabilité, un flegme tout britannique cachant quelqu’un de passionné, et ayant une forte volonté de transmettre ses passions. Il fait partie de ses figures de la télévision, en proposant des missions dignes d’une certaine notion du service public, et c’est regrettable à la vision du PAF actuel, où même Arte a tendance à devenir une sous-France 3. On se souvient de lui journaliste, présentateur du journal télévisé – de 1983 à 1987 – et grand reporter. On lui doit d’excellentes émissions dont “l’assiette anglaise”, entourés de chroniqueurs brillants. Il produit et présente  “Un siècle d’écrivains” de 1995 à 2000, en laissant une liberté à ses auteurs et donnant de véritables réussites comme “Le cas Howard Philipps Lovecraft”. On lui doit sur le câble “Les feux de la rampe” de 2001 à 2003 habile adaptation française “Inside the actors studio” émission cultissime de l’excellent James Lipton, sur un ton intimiste. Il avait animé avec beaucoup d’intelligence une émission littéraire “Caractères” qu’il n’avait pût mener à terme faute d’audiences, mais aussi un Ciné-Club intelligent les mercredis soirs sur France 3, où il proposait des versions originales et invitait les auteurs pour discuter du film proposé – Jan Kounen pour parler de la polémique sur la sortie de “Dobermann” par exemple -. Comme Bernard Pivot, il était l’un des rares à arrêter une émission, même en plein succès pour pouvoir se renouveler.

Le cinéphile landa lui sera toujours reconnaissant de son “Dictionnaire Larousse des films”, très utile ouvrage fait en collaboration avec Jean-Claude Lamy. Grand cinéphile, il avait signé son premier scénario en 1985 pour un film destiné au circuit “Omnimax” : “L’eau et les hommes”. Il se lance en 1995 dans la réalisation avec “Tiré à part”, film à réévaluer – pour l’avoir vu dans sa version anglaise à privilégier -, habile polar se passant dans les milieux de l’édition et porté par un Terence Stamp magistral se vengeant d’un Daniel Mesguich, plus sobre qu’à l’accoutumée. Son second film, “Une affaire de goût” en 1999, variation subtile du “Servant” de Joseph Losey, en offrant l’un des meilleurs rôles de Bernard Giraudeau, en restaurateur ambigu, manipulant un goûteur un peu naïf joué brillamment par Jean-Pierre Lorit. A la télévision il signe l’aimable “L’héritière” en 2001, où rayonne Géraldine Pailhas en femme d’affaires, aidée dans sa tâche par François Berléand tout en désinvolture. Sur le mode picaresque en 2002, il réussit “Pas si grave” comédie douce-amère, où trois enfants adoptés – Sami Bouadjila, Romain Duris, Jean-Michel Portal -, envoyés par un exilé de la guerre d’Espagne – le cinéaste Alejandro Jodorowsky -,  essaient de retrouver en Espagne ses anciens compagnons. Plus conventionnel, il signe, en 2004, “Un petit jeu sans conséquence”, une adaptation assez mordante cependant de la pièce de Jean Dell et Gérald Sibleyras, avec Yvan Attal, Sandrine Kiberlain, Jean-Paul Rouve et le formidable Lionel Abelanski. Un grand salut à ce passeur selon la formule de Serge Daney, qui s’est avéré un artiste très convaincant.