Photos : source Tournage d’Edy
Vendredi soir, j’appelle François Berléand qui est ce soir là aux Sables d’Olonne, venu pour défendre Edy, malgré son épaule cassée, mais ce n’est pas le genre à se plaindre. J’avais demandé à Guillaume Canet d’évoquer, lors de l’avant-première de “Joyeux Noël”, l’épaule cassée de François Berléand au cours du tournage à Orly de son film “Ne le dit à personne”. C’était le mercredi 19 octobre, à 2 heures du matin… Bon camarade, l’acteur a précisé que dans une scène où il devait courir, François Berléand exténué, s’est donc – je cite – “écrasé comme une merde”, le choc a été assez violent puisque l’équipe de réalisation, a entendu de loin un craquement de l’épaule du comédien. Pourtant il a continué le lendemain à tourner, même si les assurances autorisaient de différer le tournage d’un mois et demi.
Il se démène avec ce film “Edy” signé Stephen Guérin-Tillié, parfois dans des promos assez improbables de son ami Christophe Dechavanne, dans l’émission “Le certif”, où il plaisante avec Patrick Bosso et Ophélie Winter, et se fait battre par… Élodie Gossuin, nouvelle bécasse prête à tout pour se faire connaître – politique + la ferme + présentation de l’émission la plus trash du moment sur la chirurgie esthétique dans une sous-6 (pas de Strasbourg, TF6 en fait). Il se fait vanner par Frédérique Bel dans “La minute blonde” sur Canal + et par Laurent Baffie dans “Tout le monde en parle”… Il a énormément d’humour et encore plus dans la vie. Il se désole de la réaction de la critique et de l’accueil un peu froid, pourtant c’est pour lui son meilleur film… Dans ses jugements il ne se trompe pas en général, il a une grande lucidité sur son métier. Je l’ai rencontré sur l’avant-première bordelaise des “âmes câlines”, un spectateur me disait qu’il était décomposé quand j’avais fait un compliment sincère sur lui. Bref je l’admire beaucoup, et de le connaître un peu ça n’a rien arrangé. Non content de m’avoir invité au théâtre pour ses deux dernières pièces, j’ai assisté à un jour de tournage sur “Mon idole”, la dernière scène de confrontation avec Guillaume Canet, tournée dans un lycée de Levallois-Perret, car il est impossible d’avoir une autorisation de tourner une scène de suicide sur Paris ! Je reviens enchanté, avec l’impression depuis d’avoir assisté à une sorte d’envol pour lui – en même temps qu’un saut simulé dans le vide -. Je pensais qu’il changerait avec son arrivée dans la popularité, il n’en est rien, il est resté simple, disponible et a même gardé son même numéro de portable. Depuis j’ai assisté à un tournage de Claude Chabrol grâce à lui, le rêve quoi.

François Berléand & Cyrille Thouvenin
En octobre 2004, un an tout juste, j’ai également vu deux jours de tournage d'”Edy” qui s’appelait alors “Requiems”. C’est d’autant plus appréciable, que je ne suis rien du tout, et petit provincial, je ne tenais d’ailleurs même pas cette chose insipide qui fait figure de blog. Depuis il me présente comme un dingo qui est resté une nuit entière à le voir se faire agresser dans un R.E.R., par trois vauriens. J’arrive devant un car loge, et je rencontre Stephan Guérin-Tillié les cheveux ras est très convivial, on parle du film de Steve Suissa “Le grand rôle” avec également François Berléand, film que j’ai beaucoup aimé, et il déplore un échec relatif au box-office. Je viens avec le drolatique libre de George Sanders “mémoires d’une fripouille” retrouver François Berléand toujours avenant. Il me présente Cyrille Thouvenin, tête rasée, très sympathique, ils se connaissent bien, il jouait son père dans “Les parents terribles”. Ils évoquent quelques souvenirs avant d’attaquer une scène assez difficile d’agression dans un train de banlieue. Edy Saïovici – nom en hommage au directeur du théâtre Tristan-Bernard – est un assureur trouble, défait il se fait chahuter par un trio de jeunes composé de Cyrille Thouvenin donc, Richaud Valls et Hubert Benhamdine – habitué des trains puisqu’il était dans la série “Le train” sur Canal +. Un wagon roulant est transformé pour accueillir toute l’équipe. Durant toute la nuit, le temps de plusieurs allez-retour, la mise en scène au cordeau est tenue de main de maître par Stephan Guérin-Tillié qui aidé du professionnalisme du chef opérateur Christophe Offenstein – que j’avais déjà vu sur le plateau de “Mon idole”. La scène se tourne une partie de la nuit, la tension monte rapidement entre les personnages et culmine sur un quai où Edy se fait violemment tabasser tourné en un plan séquence. Cette scène est particulièrement difficile pour François Berléand, le metteur en scène la voulant d’un seul tenant et sans la découper. S’il est vrai qu’il se définit souvent comme “un petit soldat” il se pli aux exigences du metteur en scène, jusqu’à arriver à la perfection. Harassé, il continue patiemment même s’il le faux sang coule et qu’il n’y a plus de chemise de rechange. J’assiste donc à une expédition incroyable avec des assistantes parties dans des recoins sombres du métro, pour trouver un robinet d’eau froide pour nettoyer les tâches parasites. François repart exténué pendant que le trio rigolard continue à courir pour des plans de coupes. Curieux souvenir d’un tournage de nuit dans un métro parisien.
Stephan Guérin-Tillié & François Berléand
Second jours, on part vers une ville de la banlieue parisienne dans la Seine et Marne. Dans une zone industrielle, se tourne des scènes du bureau d’Edy. Toujours pince sans rire, François Berléand continue à plaisanter allégrement, faisant croire à l’équipe du tournage que le plateau voisin “La star’ac” se plaint que l’on utilise ses lignes par biais des talky-walkies, la bonne humeur règne toujours avec lui. Un hangar aménagé en bureau est le petit théâtre des opérations, Pascale Arbillot joue la secrétaire d’Edy. Cette lumineuse comédienne a une belle scène d’émotion face à un Berléand amoché qui reste imperturbable. Stephan Guérin-Tillié qui est aussi acteur, reste vigilant pour le jeu de ses ouailles. Un malencontreux bruit fait par une équipe un peu dissipée et il y a une disposition compliquée avec un aquarium, empêche malheureusement d’utiliser un grand moment d’émotion de la comédienne. Il enrage car il sait qu’il est difficile de retrouver parfois une intensité d’émotion, à cause d’un manque d’attention de l’équipe. Son expérience de comédien est suffisamment solide pour avoir une empathie avec ses congénères. A l’instar de Guillaume Canet, il impressionne par sa volonté de bien faire, de créer un univers singulier et pour être à la disposition de tous. En tant que spectateur d’une scène, on peut difficilement augurer du résultat final, mais gageons qu’ici le résultant final ne peut qu’être probant. Pour plus d’informations retrouvez le lien : Tournage d’Edy, du site de Stephan Guérin-Tillié.


Il serait dommage de passer à côté de ce film promis à une vie courte dans le système actuel des diffusions de film, il était pourtant idéalement programmer pour que l’on y amène les enfants. C’est un conte intemporel, narré par la voix de Gamil Ratib. Changement de registre pour Bourlem Guerdjou donc après “Vivre au paradis” (1998) qui dans un contexte plus dramatique mettait en scène Roschdy Zem en ouvrier du bâtiment immigré qui souhaite que sa famille le rejoigne. La superbe photographie de Bruno de Keyzer met en valeur la beauté et la diversité des paysages du Maroc. Le réalisateur a réussi à trouver un souffle épique, trop rare dans notre cinéma, de par sa manière de filmer les lieux, les personnages et les chevaux avec beaucoup de justesse. Le traitement est réaliste, dans ce peuple berbère, ceux qui ont l’approche et la connaissance des chevaux, ont la clé pour survire dans le désert. La petite Zaïna vient de perdre sa mère, séquestrée par un seigneur des lieux, le cruel Omar, elle s’échappe de son emprise pour retrouver son vrai père, Mustapha, qui ignore son existence.
Retour en grâce pour Bertrand Blier avec “Combien tu m’aimes ?”… Blier est dans mon petit panthéon personnel de mes cinéastes préférés, j’ai même une affection particulière pour “Les acteurs” chant d’amour vachard pour les comédiens, c’est dire. Si le public le suivait volontiers du temps de “Merci la vie” où il envoyé valdinguer la narration, ces derniers exercices de styles n’ont pas eu sa faveur. Et vint le temps du recyclage, dont la morne captation de ses “côtelettes” produit par Luc Besson (encore lui), histoire d’avoir un nom prestigieux dans son écurie sans se fatiguer… On pouvait prévoir une nouvelle baisse de régime avec cette addition “Mon homme” – la prostituée au grand coeur – + “Trop belle pour toi – comment vivre avec une beauté digne comparée ici à une “bombe nucléaire” -. 




Photos source : 
Avant-première lundi soir à l’UGC Cité-Ciné, du nouveau film de Christian Carion, “Joyeux Noël”, en présence du réalisateur, du producteur Christophe Rossignon et Guillaume Canet. Le décorateur Jean-Michel Simonet était également présent mais par discrétion n’est pas monté sur scène. Le film parle du thème de la fraternisation entre les soldats allemands, français et anglais, ici le 24 décembre 1914. C’est un fait réel, l’histoire concentrant plusieurs histoires, longtemps éludé par les autorités, mais connu grâce à la presse anglaise. Anne Sörensen, une soprane – superbe Diane Kruger, bien que peu crédible dans les scènes de chants -, rejoint son amoureux, Nikolaus Sprink – Benno Fürmann, très convaincant – un célèbre ténor de l’Opéra de Berlin, dans une tranchée allemande. Des arbres de Noël surgissent du côté allemand, causant un trouble général… Le réalisateur n’a pas pris le parti pris du réalisme comme dans “Les sentiers de la gloire”, mythique film de Stanley Kubrick, ou même d’ “Un long dimanche de fiançailles”. Cette épure déstabilise au départ, puis comme pour le décors de “Brigadoon” de Vincente Minnelli, on finit par adhérer très vite à ce concept. Le côté sanguinolent de la guerre n’est pas privilégié. Cette stylisation donne un côté conte de Noël plaisant, d’autant plus que le côté absurde de la guerre n’est pas éludé, un chat devant être jugé pour être passé à l’ennemi. Cette anecdote s’avère exacte et le réalisateur a expliqué que l’animal avait d’ailleurs été fusillé pour faits de haute trahison ! Il y a pléthore d’excellents comédiens, pour ne citer que les plus connus de Gary Lewis, digne prêtre anglican, Ian Richarson impitoyable évêque, Daniel Brühl qui révèle une maturité inattendue en lieutenant allemand, Guillaume Canet en lieutenant français passant d’une autorité à une belle sensibilité, Bernard Le Coq en austère général, Lucas Belvaux en soldat râleur, sans oublier Dany Boon, sensible et drôle soldat simplet du Nord, et même le couple Michel Serrault et Suzanne Flon, en châtelain résignés.
“Les parrains” : Il n’y a pas moins de cinq scénaristes sur ce film, excusez du peu : Claude Simeoni, Laurent Chalumeau, Olivier Dazat, Mathieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, pour aboutir au résultat suivant, un film basé sur le capital de sympathie de l’addition suivante, par alphabétique : Gérard Darmon + Gérard Lanvin + Jacques Villeret – , et basta ! Il ne faut pas chercher le moindre effort ici, ces “hommages” ne sont qu’une molle compilation de films, la scène du début est un pompage de “La bonne année” de Claude Lelouch, l’idée du musée Balzac dans “En effeuillant la marguerite” de Michel Boisrond (1956) – avec le désopilant Darry Cowl, dans le rôle du gardien -, on rajoute une vague histoire de manipulation à la “9 reines”. Gérard Lanvin, même si son salutaire franc-parlé est souvent décrié, a eu l’honnêteté de préciser que le trio d’acteurs a dû faire un travail de “ressemelage”, mais que l’on ne lui a laissé que peu de temps. On revient donc à une certaine tradition du cinéma français, style les films de Raoul André (“Ces messieurs de la gâchette”, “Ces messieurs de la famille”, où les Francis Blanche, Poiret & Serrault, Darry Cowl déployaient une énergie formidable pour animer l’ensemble. 
“Caché” est un film choc, sans concessions, qui nous impose une vision de nous-mêmes que nous ne voulons pas voir, à l’image de l’écrivain Thomas Bernhardt, autrichien comme Michael Haneke. On peut être surpris de voir les fréquentes critiques de compromissions faites à l’encontre de ce réalisateur, parce qu’il bénéficie de l’organisation du cinéma français. Les films américains de Fritz Lang ont été longtemps considérés comme mineurs, ce même reproche me semble ici également non fondé car le metteur en scène n’a rien perdu de l’acuité de son regard, de cette radiographie de l’âme. Pascal Bonitzer dans une émission de France Culture, l’a même qualifié de “sale type !”, c’est dire si ce metteur en scène continue à déranger sans rien perdre de son sens de la provocation. Georges, grand journaliste littéraire reçoit des vidéos menaçantes et des dessins puérils. La tension montre entre lui et Anne, sa femme, et son fils, d’autant plus que la police ne semble pas prendre ces menaces très au sérieux. 


Avant-première hier du film de Richard Berry “La boîte noire” en présence de José Garcia. C’est une production “Europa.corp” (aïe !), Librement basé d’une nouvelle de Tonino Benacquista. Difficile de parler du film sans déflorer l’histoire, disons que c’est l’histoire d’Arthur Seligman, qui sort du coma après un accident de la route, près de Cherbourg. Parisien, il ne sait pas ce qu’il fait là… Atteint d’une amnésie partielle, il tente de reconstituer sa vie. C’est donc une histoire archi-classique, dont seule la forme peut apporter un nouvel éclairage. La “boîte noire” c’est l’inconscient qu’un traumatisme peut libérer, on pouvait lui préférer le titre initial “Le Texas n’existe pas” d’ailleurs. Hélas, Richard Berry qui a prouvé qu’il est un bon réalisateur avec ses deux précédents films mésestimés, multiplie les plans tarabiscotés, atmosphère glauques – dans le sens de la couleur verte – et les influences multiples (on pense à David Fincher). Si personnellement je n’ai pas accroché, on est sans doutes trop habitué à l’excellence des anglo-saxons dans ce type de film. Il y a ici une volonté de Richard Berry, de faire un film cauchemardesque, où un univers peut provenir d’un cerveau d’un homme alité et sous morphine. Reste l’écriture sur les traumatismes de toutes sortes, la perception que l’on peut avoir des personnes selon les évènements, les rapports avec les neuropsychiatres et une atmosphère assez prenante. 