Avant-première hier du film de Richard Berry « La boîte noire » en présence de José Garcia. C’est une production « Europa.corp » (aïe !), Librement basé d’une nouvelle de Tonino Benacquista. Difficile de parler du film sans déflorer l’histoire, disons que c’est l’histoire d’Arthur Seligman, qui sort du coma après un accident de la route, près de Cherbourg. Parisien, il ne sait pas ce qu’il fait là… Atteint d’une amnésie partielle, il tente de reconstituer sa vie. C’est donc une histoire archi-classique, dont seule la forme peut apporter un nouvel éclairage. La « boîte noire » c’est l’inconscient qu’un traumatisme peut libérer, on pouvait lui préférer le titre initial « Le Texas n’existe pas » d’ailleurs. Hélas, Richard Berry qui a prouvé qu’il est un bon réalisateur avec ses deux précédents films mésestimés, multiplie les plans tarabiscotés, atmosphère glauques – dans le sens de la couleur verte – et les influences multiples (on pense à David Fincher). Si personnellement je n’ai pas accroché, on est sans doutes trop habitué à l’excellence des anglo-saxons dans ce type de film. Il y a ici une volonté de Richard Berry, de faire un film cauchemardesque, où un univers peut provenir d’un cerveau d’un homme alité et sous morphine. Reste l’écriture sur les traumatismes de toutes sortes, la perception que l’on peut avoir des personnes selon les évènements, les rapports avec les neuropsychiatres et une atmosphère assez prenante.
Marisa Borini & José Garcia
De grands comédiens viennent apporter leurs contributions de Bernard Le Coq étonnant, Marion Cotillard attachante, Gérard Laroche et Dominique Bettenfeld en flics inquisiteurs, Lisa Lamétrie, gouailleuse – la vraie concierge de Maurice Pialat dans un rôle… de concierge -, Nathalie Nell en psychiatre attentive, Marisa Borini en mère inquiète – ce film confirme son talent après « Il est plus facile pour un chameau » -, à Michel Duchaussoy en père fatigué – José Garcia a dit être impressionné par ce dernier, lors d’un plan séquence coupé un peu au montage où il devait pleurer -. Je voudrais signaler particulièrement la présence de Pascal Bongard, dans un rôle azimuté, qui surprend à chacun de ses rôles – le père de famille dans « Carnage », le curé d’ « Il est plus difficile pour un chameau », etc… -. De Werner Schroeter à Guillaume Nicloux, cet homme de théâtre sait s’imposer immédiatement. Assez peu utilisé au cinéma, c’est incontestablement un talent majeur, avec la particularité d’installer un climat à chacune de ses apparitions. Ces personnages sont autant de rouages pour accéder à la vérité. Il y a quelques apparitions amicales de Marilou Berry à Thomas Chabrol, Richard Berry ne s’offrant qu’une voix sur un répondeur. José Garcia porte le film sur ses épaules, il continue avec brio son sillon dramatique après Carlos Saura et Costa-Gavras, le film lui doit beaucoup en humanité. Avec beaucoup de chaleur, il a défendu ce film, c’est la troisième fois que je le vois dans une avant-première, Pierre Bénard, le directeur de l’UGC, ne manque pas de souligner son amabilité et sa disponibilité. Il aime à rencontrer le public, humble et drôle, c’est toujours un plaisir de le voir et de l’entendre parler des autres. On n’ose imaginer le film sans lui, dans cette valse de clichés. Dans le même style de film, on peut lui préférer « Le machiniste »de Brad Anderson, sorti l’an dernier, mais l’effort reste louable.