Film distribué par « Europacorp » de l’ineffable tandem « Le Pogam / Besson », de voir la bestiole ailée qui sévit en long dans un des plus désastreux films de 2005, on s’attend à un petit miracle genre « Trois enterrements », mais sans trop y croire. Le film commence sur deux marginaux estampillés « Orange mécanique » et leur improbable rencontre avec un Anglais aisé – interprété par un habituel excentrique anglais dont je n’ai pu retrouver son nom et flanqué par Honor Blackman, toujours pimpante en digne lady -. La rencontre improbable vaguement inspiré de l’agression du personnage joué par Patrick Magee, donne le ton, pas de rythme, pas d’idées. Le sujet était pourtant en or avec cette histoire réelle d’Alan Conway se faisant passer pour Stanley Kubrick, profitant de la crédulité de personnages naïfs touchés par le mythe d’un réalisateur qui a vécu reclus dans son manoir anglais. Mais la trame ne sert qu’à un alignement poussif de scènettes, s’inspirant de la vie de cet escroc pathétique, alcoolique et homosexuel. Heureusement le film est sauvé de l’ennui, par le cabotinage éhonté de John Malkovich qui nous livre une composition hallucinante et hallucinée. Minaudant, vitupérant, chancelant, il s’amuse visiblement (ironie du sort un des personnages un critique cite Gore Vidal, sur une pièce où les acteurs se complaisent entre eux). Il y avait l’idée d’une continuation du formidable « Dans la peau de John Malkovich », Alan Conway déclarant qu’il a engagé Malkovich pour son prochain film et son interlocuteur lui répond : « John qui ? », mais ça ne vas pas plus loin, et l’évocation de Spike Jonze ne fait qu’en rajouter à notre dépit.
Malkovich !
Dans une Angleterre plombée, tous les comédiens ne sont que des pantins – à l’exemple du pauvre Richard E. Grant, dans un rôle précieux d’un grotesque achevé -, et les citations de l’univers de Kubrick ne sont pas judicieuse, uen petite panouille de Marisa Berenson et la molle reprise des « tubes » musicaux de Kubrick (Rossini, Strauss and co). Reste à la lecture du générique quelques rendez-vous manqué, il y a le comédien Robert Powell, oublié depuis les années 70, mais je ne l’ai pas reconnu, de même que le réalisateur Ken Russell, dans une scène de boîte de nuit, c’est dommage, ça pouvait être un petit jeu amusant pour tromper l’ennui. C’est d’autant plus déplorable que les auteurs de ce film sont des proches collaborateurs du maître, le réalisateur Brian W. Cook a été l’assistant réalisateur de nombreux de ces films – c’est son premier film comme réalisateur -, et le scénariste Anthony Frewin à produit un documentaire sur Stanley Kubrick, et a été son assistant depuis les années 60. John Malkovich fait son numéro, on a du mal pourtant à croire à son personnage qui en plus ignore superbement l’œuvre du grand artiste – un petit malin rajoute à sa filmographie « Le jugement de Nuremberg » de Stanley Kramer pour le piéger. Sa « performance » dans le style « chargeurs réunis », pouvant ranger le Rod Steiger dans ses grands jours au niveau d’acteur chez Robert Bresson en comparaison, est assez vaine, isolée du reste du film. Mais sa composition finit par petre assez réjouissante à ce niveau de surcharge, et est le seul intérêt de ce film sans invention estampillé ici « coin du nanar », pour cette raison. Si vous détestez les numéros à épate, ce film est donc à fuir, si vous prenez une certaine délectation sadique à voir un comédien s’enliser dans un film pathétique, ce film est fait pour vous.