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Jacqueline Laurent par Yvan Foucart

Jacqueline Laurent – Photo source Christian Grenier (L’Encinémathèque)

Yvan Foucart nous fait l’amitié de nous présenter l’un des hommages inédits de son « Dictionnaire des comédiens disparus » avec Jacqueline Laurent. On retrouvera également son hommage à Isabelle Corey, disparue en début d’année sur le site de l’Encinémathèque

Hommage à Jacqueline LAURENT

elle nous quitta il y aura bientôt deux ans

Dix films à son actif, mais l’on se souviendra uniquement du « Jour se lève » de Marcel Carné, dans lequel elle incarna la jolie fleuriste dont Jean Gabin, l’ouvrier sableur, tombe amoureux.

Il ne fut pas le seul. Il y eut aussi Jacques Prévert…

Elle naît à Brienne-le-Château, la cité napoléonienne de l’Aube. Le papa y est professeur et compositeur de musique à ses moments perdus, et la maman institutrice.

La guerre terminée, la famille gagne la capitale et s’installe non loin du parc de Montsouris. Elle y rencontre Sylvain Itkine, son aîné de dix ans, comédien bien connu mais qui le sera encore davantage grâce à « La grande illusion » de Jean Renoir, et de façon plus dramatique et discrète, torturé et fusillé en août 1944 par les bourreaux au service de la Gestapo de Klaus Barbie.

Jacqueline n’a pas encore dix-sept ans, mais elle est amoureuse et conséquemment ils se marient à la mairie du XIVme arrondissement, ayant comme témoin Suzanne Saillard, une artiste dramatique. Toutefois, leur union sera de courte durée.

Durant cette même année de 1935, son père, ami du réalisateur André Hugon, convainc celui-ci d’engager sa fille dotée d’une bien jolie voix pour son « Gaspard de Besse » dont la tête d’affiche s’avère être celle de l’imposant Raimu. Jacqueline s’en sort très bien au point que Hugon la rappelle plus tard pour un autre tournage aux côtés d’Harry Baur.

C’est, entre ces deux films qu’elle rencontre Jacques Prévert au quartier déjà mythique de Saint-Germain-des-Prés, le plus souvent au café qui fera beaucoup parler de lui, le  « Flore ».  Quatre années de passions partagées réuniront ces deux amants.

En 1938, sollicitée par les bureaux parisiens de la MGM, elle signe un contrat d’un an en attendant mieux et se retrouve sur les plateaux hollywoodiens pour un film dont Mickey Rooney est la grande vedette, mais aussi insupportable, avouera-t-elle.

Paris lui manque, Prévert aussi, à tel point qu’il viendra la rejoindre pour quelques semaines.

Ayant supplié Louis B. Mayer, celui-ci lui offre étonnement sa liberté, ce qui lui permet de rejoindre Marcel Carné et surtout Prévert auteur des dialogues du « Jour se lève » et qui ne fut pas étranger à l’obtention du rôle tant convoité de la jeune et jolie fleuriste.

Trois films suivront, certes d’honnête facture, mais sans plus. Puis, avec son nouvel amour, elle passera les Apennins et tournera trois films mièvres aux studios de la Cinecittà.  Et là, s’arrête la carrière artistique de Jacqueline Janin dite Laurent.

Son retour en France s’accompagnera de deux mariages. Espérons qu’ils furent heureux, car elle ne se cacha jamais d’avoir été – quelques fois – frivole, loin s’en faut.

Elle se retira dans les Alpes-Maritimes et décéda à 91 ans.

A noter que « Le jour se lève » connut une version américaine par la RKO (« The long night »), dans laquelle Henry Fonda et Barbara Bel Geddes reprirent les rôles de Gabin et de Jacqueline.

@  Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus)

Avec Harry Baur dans « Sarati, le terrible »  (source « Toutlecine.com »)

Filmographie : 1935 Gaspard de Besse (André Hugon) – 1937 Sarati, le terrible (André Hugon) – 1938 Judge Hardy’s children / Les enfants du juge Hardy (George B. Seitz,) – 1939 Le jour se lève (Marcel Carné) – 1940 Un chapeau de paille d’Italie (Maurice Cammage) – 1941 Les deux timides (Yves Allégret) – 1942 L’homme qui joue avec le feu (Jean de Limur) – 1943 Addio, amore ! / Dernier amour (Gianni Franciolini) – 1945 L’abito nero da sposa (Luigi Zampa), Le vie del peccato / Le chemin du péché (Giorgio Pastina) – 1964 Le coup de grâce (Jean Cayrol et Claude Durand). Nota : on lui attribue parfois à tort des titres de la filmographie de son homonyme, dont on retrouvera les détails dans l’indispensable « Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques », paru sous la direction de Christophe Bier.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Marc Rioufol

Marc Rioufol – Photo DR (source Artmédia)

Marc Rioufol est mort en juillet dernier à l’âge de 49 ans. Ce comédien et touche à tout – il aidait sa femme Gabriella à la gestion de sa société de vêtements Antik Batik – était à l’aise dans des univers très différents. Il approche le cinéma dans les années 90, par le biais d’un documentaire de 26 mn, « Clean time, le soleil en plein hiver », tourné sur 4 ans, où il témoigne de ses problèmes d’addiction passés, alcool et drogues. Il approche le métier en assistant aux stages  de comédie Bernadette Lafont à Nîmes – qu’elle lui donne à titre gracieux – puis il suit des cours d’improvisation à la L.I.F., et à l’atelier Blanche Salant avec Valentine Cohen.  À partir des années 90, il devient une figure aisément reconnaissable, faisant le grand écart, passant de personnages troubles dans des films souvent transgressifs à des fictions plus conformistes. Il campe souvent des personnages un peu dandy et désinvoltes, qui sous une apparence policée dévoilent parfois des déviances ou des fêlures, mais aussi une sensibilité. Il est souvent séducteur, tel son personnage de « Dans ma peau » déclarant ainsi à Marina de Van qu’il drague lors d’une soirée dansée « avec moi on ne déjeune pas on dîne ! ». Il participe au sulfureux film « Baise-moi », il y est un architecte victime des deux héroïnes, et qui, bourgeois aisé, tente d’utiliser l’empathie pour désamorcer en vain la menace. Son talent s’affirme, il tourne souvent. Il dira dans son livre « Moi, je suis comédien. Comment peux-tu jouer des scènes de viol avec un faux chibre en bataille, tourner dans « Baise-moi » ou faire une (fausse) minette à Emmanuelle Béart et accepter des guests pour TF1 ? Je me fiche de l’image que je donne, je fais mon métier, j’ai même joué Chirac récemment (1) dans un film américain. Il faut dire que je ne déifie pas ce boulot, ni ceux qui le font ». Il est toujours convaincant quel que soit le support en veuf, père abusif, qui tombe en syncope quand sa fille flirte un peu trop près avec son galant dans « Meurtrières »,  ou en suspect récalcitrant, mari d’une femme assassinée de manière atroce dans un épisode de « Sur le fil ». Il est particulièrement réjouissant dans « Holiday », en pervers masochiste, où sa réplique « Écoutez, c’est embarrassant, mais vous n’auriez pas un morceau de corde ? » fait mouche. En mars 2011 paraît son autobiographie sur ses problèmes d’addictions « Tox » chez Robert Laffont, un livre sans complaisance, traité avec l’humour qui le caractérise habituellement. C’est un témoignage précieux, et exemplaire, sur une saisissante descente aux enfers. Il s’y montre à nu et toujours avec lucidité et esprit, nous faisant comprendre pourquoi il arrive toujours à rendre attachants voire intéressants ces personnages parfois fats, mondains ou exaltés. On le voit également à la fin de « Une pure affaire » témoignant de ses problèmes de drogue dans une association de dépendants, bouclant ainsi la boucle, l’humain rejoignant ainsi son travail de comédien. Plus d’informations sur son site officiel.

(1)   dans The special relationship

Dans « Clean time, le soleil en plein hiver »

Filmographie : 1996  Clean time, le soleil en plein hiver (Didier Nion, CM) – Jeunesse (Noël Alpi) – 1997  Le septième ciel (Benoît Jacquot), Cantique de la racaille (Vincent Ravalec) – 1998  Innocent (Costa Natsis), Belle maman (Gabriel Aghion), L’amour dans les aunas hétérosexuel (Vincent Ravalec, CM) – 1999  La vie moderne (Laurence Ferreira-Barbosa) – Le secret (Virginie Wagon) – Entre nous (Serge Lalou) – Baise-moi (Virginie Despentes & Coralie Trinh Thi) –  2000  Ça ira mieux demain (Jeanne Labrune) -, Malraux tu m’étonnes ! (Michèle Rosier) – Des ombres dans la tête (Sergi Pescei, CM) – 2001  Une affaire privée (Gillaume Nicloux) – Dans ma peau (Marina de Van) – Une fausse image de moi (Grégoire Vigneron, CM) – Blanche (Bernier Bonvoisin) – 2002  Mauvais esprit (Patrick Allessandrin) -2003  Nathalie… (Anne Fontaine) – La confiance règne (Étienne Chatiliez) – 2004  Pour le temps que ça dure (Cyril Bedel, CM) – Tu vas rire mais je te quitte (Philippe Harel) – 2005  Fauteuils d’orchestre (Danièle Thompson) – Entre elle et moi (Emili Grandperret, CM) – Les bronzés 3, amis pour la vie (Patrice Leconte) – Meurtières (Patrick Grandperret) – Les irréductibles (Renaud Bertrand) – 2006  Le candidat (Niels Arestrup) – Fragile(s) (Martin Valente) –  Avant que j’oublie (Jacques Nolot) –  Roman de gare (Claude Lelouch) – Ce que mes yeux ont vu (Laurent de Bartillat) – 2007  48 heures par jour (Catherine Castel) – Les randonneurs à Saint-Tropez (Philippe Harel) – Secret défense (Philippe Haïm) – 2008  Le code a changé (Danièle Thompson) – Rapt (Lucas Belvaux) – 2009  Complices (Frédéric Mermoud) – 2009  Opération Saint-Esprit (Séverine Ferrer) – La rafle (Rose Bosch) – Holiday (Guillaume Nicloux) – American Translation (Pascal Arnold & Jean-Marc Barr) – 2010  Une pure affaire (Alexandre Coffre) – Toutes nos envies (Philippe Lioret) – 2011  Les seigneurs (Olivier Dahan).

Télévision (notamment) : 1996  Les loups dans la bergerie (Yves Amoureux) – Mes plus belles vacances (Éric Summer) – 1998  Boulevard du Palais : Le prix d’un enfant (Jacques Malaterre) – La justice de Marion : Les filles de Vincennes (Thierry Binisti) – 1999  Psy d’urgence (Edwin Bailly) – Une famille formidable : Le grand départ (Joël Santoni) – Éve Castelas (Renaud Bertrand) –Avocats et associés (Philippe Triboit, 2 épisodes) – Mary Lester : Meurtre en retour (Philomène Esposito) – Mes pires potes (1 épisode) – Highlander : The Raven (L’immortelle) : The Ex-Files (Denis Berry) – Sous le soleil : La reconquête (Sylvie Aymé) – 2000  Les Cordier juge et flic : Dette mortelle (Alain Wermus) – L’héritière (Bernard Rapp) – Cordier juge et flic : Dette mortelle (Alain Wermus) – P.J. : Règlement de compte (Gérard Vergez) – Vent de poussières (Renaud Bertrand) –  2001  Une femme d’honneur : Mort programmée (David Delrieux) – Ma mère avait raison (Thierry Binisti) – Groupe flag (Éric Summer, saison 1) – Retour de flammes (Diane Bertrand) – 2002 Mère, fille : Mode d’emploi (Thierry Binisti) – Double flair (Denis Malleval) – Par amour (Alain Tasma) – Caution personnelle / La belle affaire (Serge Meynard) – Les bottes (Serge Meynard) – Boulevard du Palais: Les murmures de la forêt (Renaud Bertrand) – Une Ferrari pour deux (Charlotte Brandström) – 2003  Un homme idéal (Christine Leherissey) – Sœur Thérèse.com : Maman en fuite (Joyce Buñuel) – Lola, qui es-tu Lola ? (Éric Summer, Hervé Renoh et Michael Hassan) – La crim’ : Derrière le miroir (Denis Amar) – 2004 Dolmen (Didier Albert, série TV) –  Péril imminent : Mortel chahut (Arnaud Sélignac) – La nuit du meurtre (Serge Meynard) – Commissaire Valence : Double face (Jean-Luc Breitenstein) – La nuit du meurtre (Serge Meynard)  – À trois c’est mieux (Laurence Katrian) – La désobéissance (Patrick Volson) –  2005  Groupe flag : Promenade de santé (Michel Hassan) – La crim’ : Non intégré (Éric Woreth) –  Les clés du paradis (Laurent Jaoui) – R.I.S. – Épisode 4 (Laurence Katrian) – La reine Sylvie (Renaud Bertrand) – Jeff et Léo, flics et jumeaux : Meurtre en blanc (Olivier Guignard) –  2006  Le temps de la désobéissance (Patrick Volson) – Sécurité intérieure : L’échange (Patrick Grandperret) – Les Bleus – Premiers pas dans la police (Dommage collatéral (Vincent Monnet) – La reine Sylvie (Renaud Bertrand) – 2007  Sur le fil : (Frédéric Berthe) – Louis Page : Dans la peau d’un autre (Christophe Chevliar) – La vie devant nous, sept ans après : L’heure de gloire (Patrick Grandperret, série TV) – Commissaire Cordier : Coeur solitaire (Régis Musset) – Vénus et Apollon (Pascal Lahmani, saison 2) – Clara Sheller (Alain Berliner, saison 2) – Engrenages (Gilles Bannier, saison 2) – Paul et ses femmes (Elisabeth Rappeneau) –  New wave (Gaël Morel) – 2008  Marie-Octobre (Josée Dayan) – Un singe sur le dos (Jacques Maillot) – 2009  X femmes : Pour elle / Transport amoureux (Bianca Li, CM) – Profilage : Derrière le masque (Éric Summer) -The special relationship (Richard Loncraine) – 2010  Enquêtes résérvées : Épisode 18 (Gérard Cuq) – Dans la peau d’une grande (Pascal Lahmani) – Accident de parcours (Patrick Volson) – 2011  Pour Djamilla (Caroline Huppert) – Nos retrouvailles (Josée Dayan) – Les virtuoses (Cible troublante) (Claude-Michel Rome).

Voxographie TV : 1999  Les enfants de l’an 2000 : le tour du monde de Fleur de Lampaul (Charles Hervé-Gruyer, série documentaire, récitant) – 2003  Dans le sillage des jonques (Roland Savoye, documentaire, récitant).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Claude Rémoleux

Jean-Claude Rémoleux dans « Litan »

1er avril 2010, une salle du Conservatoire régional de l’image de Nancy a été baptisée du nom de Jean-Claude Rémoleux « cet acteur singulier et sympathique au crâne chauve et à l’élocution particulière » (1), et là ce n’est pas du tout un poisson… Un groupe facebook fut même créé à l’occasion. Ce premier anniversaire est donc l’occasion de rendre hommage à une individualité fracassante. Beaucoup de personnes lui vouent un culte mérité, de Christophe Bier qui fit plusieurs hommages vibrant sur France Culture dans « Mauvais genres », au dessinateur Lefred Thouron en passant par Kafka-Francis Kuntz, grolandais bien connu. Depuis 25 ans, il existe une association « Marinella » – la chanson que fredonnait Rémoleux dans « La grande lessive », qui a pour but de promouvoir sa mémoire, il existe même un T-shirt à son effigie. Rémoleux crève l’écran à la moindre de ses apparitions, souvent en ahuri ahurissant, à la prononciation assez approximative. Flirtant avec l’inaudible, il est souvent adepte des onomatopées, et se révèle volontiers lymphatique. Armel de Lorme en fit son portrait dans son Aide-mémoire, volume 1, également disponible sur le web , qui en fit le portrait depuis sa première véritable apparition dans « Mon oncle ». Il faut le voir en égrillard spectateur d’une boîte de nuit qui participe à un groupe qui s’émoustille plus à la lecture d’une revue érotique qu’au spectacle vivant dans « Strip-tease », en élève dissipé d’un cours d’anglais, picoleur et égrillard dans « Bande à part », le candidat d’un jeu TV lunaire dans « Sans mobile apparent », ancien combattant hésitant dans « Na ! », ouvriers jumeaux le temps d’une apparition gag dans « Les Gaspard », ou notable balourd dans « Ils sont grands ces petits ». La découverte récente du DVD du formidable téléfilm de Jean L’Hôte « Confessions d’un enfant de chœur », nous permet de le voir encore plus délirant qu’à l’accoutumée en fou peignant les meubles en vert des gens dès qu’ils ont le dos tourné. Trois rencontres firent de lui un acteur ou non acteur c’est selon… culte ! Orson Welles tout d’abord qui lui confie avec Raoul Delfosse le rôle de l’un des bourreaux « radioactifs » d’Anthony Perkins dans « Le procès ». Pascal Aubier raconte la rocambolesque rencontre avec le grand metteur en scène dans son beau livre, voir citations jointes. Mocky lui donne une belle place dans ses films, l’affublant souvent de tenues l’engonçant dans des imperméables ou des cirés. Dans « La grande frousse ou la cité de la peur » (1964), il est un villageois sous cellophane, pilier de bar apeuré et inculte. Dans « La bourse et la vie » (1965), il est l’un des trois frères Robinhoude, comparses de Jean Poiret, du trio il se révèle le plus dubitatif devant des pérégrinations rocambolesques. Sa manière de dire « Mais alors, nous sommes tous de la Bourboule » est un absolu régal. A trois reprises, il fut avec Marcel Pérès, un des policiers adjoints de Francis Blanche. Il est l’auxiliaire ricaneur de Pérès dans « Un drôle de paroissien » (1963), en planque dans une église il lui lance la phrase culte «Comme dirait l’Évêque : ça pince, Monseigneur ! ». Il n’est pas très dégourdi dans « Les compagnons de la marguerite » (1966), plus prompt à trouver des graines afin d’attirer et manger les pigeons du quartier, plutôt que de mener des enquêtes. Dans « La grande lessive » (1968), le trio est toujours malmené, à la poursuite de Bourvil, chantonnant donc à longueur de temps « Marinella », de manière plus qu’essoufflée. Le duo est tellement grotesque, qu’il finira par se faire arrêter par un gendarme, ils sont pris pour des satyres, lors d’une poursuite sur les toits, après une pose voyeuriste. Il excelle aussi dans « L’étalon » (1969), il faut le voir en député, débarquer d’un bus avec une improbable moumoute, grosse lunettes et en faisant le V de la victoire, puis cueillant des fleurs, il nous amène dans les hautes sphères du surréalisme. Affligé de son habituel défaut d’élocution, il préfère s’exprimer avec des bruits de bouche, et quand il s’exprime enfin avec une infinie tristesse, il se définit en député muet. Il est un improbable cuistot et amateur de mouches et d’omelette à la banane (c’est un concept) ayant des rapports ambigus avec Jacques Dufilho dans le grinçant « Chut ! » (1971). En petit épargnant craintif, il trouve dans ce film l’un de ses meilleurs rôles, se rapprochant dangereusement de l’absurde en fermant des portes imaginaires… Il est un metteur en scène caractériel-mou dans « Un linceul n’a pas de poches » (1974), lunettes sur le front, dirigeant Sylvia Kristel, quelque peu anticonformiste, il souhaite une rencontre clandestine de nuit entre Jeanne D’Arc et le Roi d’Angleterre ! Dans « L’ibis rouge » (1975), il est de nouveau cuistot souffre-douleur de Jean Le Poulain et adepte du bras d’honneur. Il est un ouvrier rustre et musicien amateur quelque peu dissonant dans « Le roi des bricoleurs » (1976). Dans le « Témoin » (1978) il est doublé !, et en éboueur, indique sa route à Alberto Sordi. On le retrouve aussi en villageois inquiétant dans « Litan, la cité des spectres verts » (1981), comprenant le curieux patois d’une femme interrogée par Roger Lumont, et observateur muet et fantomatique d’un village pris dans un vent de folie. La troisième belle rencontre est celle avec Pascal Aubier, le temps de deux films. Dans « Valparaiso, Valparaiso » (1970),  il est le compère de Laszlo Sabo, ne pensant qu’à s’empiffrer et harcelant Alain Cuny en mettant un joyeux désordre. Il trouve son rôle le plus touchant dans « Le chant du départ » (1975), où il est l’un des membres d’une pension de famille, formant au final, une sorte de club des esseulés, qui ne trouvent pas leur place dans la société de consommation déjà envahissante des années 70. Il y est ouvreur d’un cinéma érotique ou de série Z, s’ennuyant de ces tâches répétitives. Exténué, il se couche tout habillé sur son lit dans un décor spartiate, n’ayant pour seul loisir que de contempler l’ampoule au plafond. Pour la première fois, il se dégage de sa composition, une humanité autre que burlesque. Si l’homme était profondément humain selon son cousin Olivier Thirion (1), on ne sait s’il se rendit compte de son extraordinaire singularité, la comédie franchouille ne voulut d’ailleurs pas de lui. L’homme, lui, fut sans histoire et vivait avec sa mère. Si l’une de mes devises est celle de Groucho Marx « Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre », s’il y a bien un groupe dont je voudrais faire partie c’est bien celui de « Marinella »…

Bibliographie : (1) « Le dernier grand rôle de Jean-Claude Rémoleux » par Benoît Gaudibert, « L’Est républicain » du 1/04/2010 ;  Armel de Lorme  »L’@ide-Mémoire — Volume 1 ». 2006. ; Yvan Foucart: Dictionnaire des comédiens français disparus, Mormoiron : Éditions cinéma, 2008 ; Serge Regourd « Les seconds rôles du cinéma français » (Éditions Archimbaud Klincksieck, 2010). Remerciements à Pascal Aubier et Christophe Bier (voir également le commentaire de ce dernier).

Jean-Claude Rémoleux dans « Le chant du départ »

Filmographie: établie avec Christophe Bier et Armel de Lorme : 1954  La Reine Margot (Jean Dréville, figuration) – 1955  Gervaise (René Clément, figuration) – Mémoires d’un flic (Pierre Foucaud, figuration) – Les Carnets du major Thompson (Preston Sturges) – Le secret de soeur Angèle (Léo Joannon) – The ambassador’s daughter (La fille de l’ambassadeur) (Norman Krasna, figuration non confirmée) – 1956  Fric-frac en dentelles (Guillaume Radot) – Le salaire du péché (Denys de La Patellière, figuration) – 1958  Mon oncle (Jacques Tati) – Le gentleman d’Epsom / Les grands seigneurs (Gilles Grangier, figuration non confirmée) – The trial (Le procès) (Orson Welles) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky) – Carambolages (Marcel Bluwal) – Faites sauter la banque (Jean Girault, figuration) – 1964  Bande à part (Jean-Luc Godard) – La grande frousse ou la cité de la peur (Jean-Pierre Mocky) – 1965  La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – 1968  La grande lessive ! (Jean-Pierre Mocky) – 1969  L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – 1970  Valparaiso, Valparaiso (Pascal Aubier) – 1971  Chut ! (Jean-Pierre Mocky) – Sans mobile apparent (Philippe Labro) – 1972  Na ! (Jacques Martin) – 1973  Les gaspards (Pierre Tchernia) – 1974  Dupont Lajoie (Yves Boisset) – Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Le chant du départ (Pascal Aubier) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni, figuration) – 1976  Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1978  Ils sont grands, ces petits (Joël Santoni) – Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1981  Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky). Télévision (notamment) : 1963  Le chevalier de Maison Rouge (Claude Barma, mini-série) – 1964  Six personnages en quête d’auteur (Jean L’Hôte) – Le théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (Marcel Cravenne) – Une fille dans la montagne (Roger Leenhardt) – 1976  Confessions d’un enfant de choeur (Jean L’Hôte) – 1979  Le violon du diable (Roger Viry-Babel, MM) – 1983 : Lettre d’un cinéaste : le mystère Mocky (Jean-Pierre Mocky, CM, diffusé dans le cadre de « Cinéma Cinémas » sur Antenne 2). Non datés : En votre âme et conscience (figuration dans plusieurs épisodes) – Les raisins verts .

Jean-Claude Rémoleux « en vert et contre tout » (petit clin d’œil à la « Maman et la putain ») dans « Les confessions d’un enfant de chœur »

Addenda : JEAN-CLAUDE RÉMOLEUX VU PAR… :

PASCAL AUBIER :

 » …La moindre silhouette dans ce film [Le procès] était un miracle d’invention, je percevais la jubilation qui avait présidé au choix des comédiens, et c’est comme ça que je me suis entiché de Jean-Claude Rémoleux. Dans « Le Procès », c’est un des deux tueurs qui suivent K, et qui à la fin l’entraînent dans le trou et se passent le couteau. Il avait ce visage étonnant, une espèce d’éléphant de mer à lunettes, avec ce strabisme… Je me disais que c’était extraordinaire d’avoir eu le nez de trouver quelqu’un comme ça. Quelques années plus tard, j’ai rencontré Marc Maurette, l’assistant de Welles sur le Procès, il m’a raconté comment Rémoleux avait été engagé. Pendant la préparation du film à Billancourt, Welles s’était fait installer une table et des chaises près de l’entrée dans la cour, il se faisait apporter des bouteilles de Bourgogne blanc et fumait son cigare. Un jour, il voit passer une ribambelle de machinos qui portaient des praticables, des pièces de décors, etc. Après le passage du dixième, un onzième surgit un peu en retard, un énorme gros mec à lunettes qui ne portait que trois planches ; d’un seul coup elles se croisent entre elles, il se prend le pied dedans avec une maladresse ahurissante, et boum, il se retrouve sur le cul… Welles se retourne alors vers Maurette et lui dit : « Maurette, je veux ce type dans le film ! ». De là, Rémoleux a eu une espère de carrière, dans « Bande à part », au fond de la classe, c’est lui qui fait mine de mettre la main au cul de la prof d’anglais. Et puis on l’a surtout vu dans les films de Mocky. Et dans les miens. Il était parfait. C’est triste qu’il soit mort si vite. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il n’a jamais compris ce qui lui était arrivé, il n’a pas compris qu’évidemment, il avait été choisi d’abord par Welles à cause de ce qu’il était. Il me disait : « Tu sais, moi, j’ai trois amis, Orson, Jean-Pierre et toi. » [« Les mémoires de Gascogne » par Pascal Aubier (Éditions Sybarite – Yellow Now, 1996).]

JEAN-PIERRE MOCKY :

« Jean-Claude Rémoleux, l’ami maousse. «A mes débuts comme acteur, j’ai tourné avec des grands seconds rôles, Pierre Larquey ou Saturnin Fabre, et j’ai toujours regretté que des trognes comme eux aient disparu des écrans. Il faut dire qu’aujourd’hui, les acteurs de premier plan n’ont pas le charisme d’un Jules Berry ou d’un Raimu : vu leurs physiques plutôt banals, un second rôle très typé risquerait de leur voler la vedette. Rémoleux, à la base, n’était pas un acteur. Il venait d’une famille très riche, actionnaire de Prisunic. C’était un type très important, mais complètement fou. Je l’ai repéré sur le plateau du Procès d’Orson Welles en 1962, où il jouait un flic. Un gros qui m’a heurté comme un ours en baragouinant… et que j’ai immédiatement engagé pour Un drôle de paroissien. Je l’ai utilisé dans 12 films, toujours comme un mastodonte ahuri : on dirait un phoque ! Même son enterrement s’est terminé par un gag : les croque-morts ont glissé sur le sol gelé et son cercueil est tombé à l’eau.» (Libération du 14/05/2004)

OLIVIER ASSAYAS :

« Tout de suite reconnaissable à sa large silhouette, son crâne chauve et sa myopie qui parfois semblait l’envelopper tout entier, il ne pouvait manquer de frapper par son improbable filet de voix, sa diction zozotante et hallucinée. Policier maladroit, écorchant « Marinella » comme en état de stupeur dans « La grande lessive », un des frères Robinhoude dans « La bourse et la vie » où il gémissait lamentablement sur sa banqueroute « Nous avons cru à une affaire mirobolante » , député Lacassagne dans « L’étalon  » où son aphonie l’empêchait de s’exprimer à la tribune (« Ve fuis un député muet » ), on n’aurait pas fini d’énumérer les apparitions mémorables de Jean-Claude Rémoleux qui était bien sûr devenu un signe de reconnaissance, de complicité parmi le clan apparemment de plus en plus large des inconditionnels de Mocky. On l’a vu chez Welles, dans « Le procès », on l’a vu chez Godard dans « Bande à part »  mais Rémoleux ne fut jamais acteur. Personnage de cinéma aussi bien à la ville qu’à l’écran il demeurera toujours irréductible à un rôle ou à plus forte raison à un emploi. Entier, monolithique, il était ce qu’il jouait sans distance, sans recul. En cela le rôle devenait Rémoleux et non l’inverse. On a ironisé sur Rémoleux. On a vu en lui un canular. C’est tout le contraire, non acteur Rémoleux était un être humain traversant le cinéma et l’émotion qu’on ne pouvait manquer d’éprouver en le retrouvant d’un film à l’autre était à la mesure de l’impossibilité théorique rationnelle de sa présence. Il était toujours là contre tout. Olivier Assayas ( Cahiers du Cinéma N°369 Mars 85 )

Digressions : Restons avec Jean-Pierre Mocky, alors qu’il  diffuse dans son nouveau cinéma « Le Despérado » trois de ses films, « Les insomniaques », « Crédit pour tous » et le délirant « Dossier Toroto »… Le 1 er avril 2007,  je faisais un poisson d’avril qui ne brillait pas par sa subtilité avec le compte-rendu d’un improbable visionnage des « Couilles en or » de Jean-Pierre Mocky, ici-même,  dont je suis assez surpris de voir qu’il est parfois pris au premier degré, pour rappel c’est bien un canular.

Commencez la séance sans nous !

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Si les bonnes résolutions se font en janvier, nous sommes en mars, les temps sont certes difficiles comme le chantait Léo Ferré. Nous avons donc 9 mois pour en avoir des mauvaises. L’incivilité et les petites agressions sont très tendances en ce moment. Voici des trucs et astuces pour pourrir la vision d’un film aux cinéphiles, voire cinéphages si cas pathologiques. Ils se croient à la messe pour communier, n’aiment pas la vie c’est normal ils vont au cinéma, contrairement à ce que disait François Truffaut. C’est une proie facile pour se défouler, et ricaner en attendant le retour de Godzilla…

I l y a l’arme imparable : le pop-corn… « Cass-toi pop’corn ! » titre très justement Adrien Gombeaud dans son éditorial du Positif de ce mois. C’est certes la solution de facilité, mais pourquoi s’en priver… Ce n’est pas très bon et le rapport qualité-prix n’est pas fameux, mais il y a beaucoup d’avantages. L’odeur d’abord qui est proche de celle de l’urine de chat n’est pas à négliger. Il faut ensuite acquérir une certaine technique de l’empoignement de ce maïs calciné, qui en matière de décibels peut s’avérer efficace. Essayez aussi de lui joindre une boisson, que vous poserez par terre, et livrez vous à un numéro proche de celui de Linda Blair dans l’exorciste, c’est imparable. Evidemment n’en mangez pas lors d’un film de Paul Greengrass, vos voisins seront trop préoccupés à ne pas vomir, suite aux mouvements de caméras, pour être agacé par votre baffrage. Visez plutôt un film du type de ceux réalisés par Jacques Rivette. D’autres confiseries peuvent convenir, tout est une histoire de doigté… Evitez de faire tomber la totalité de votre popcorn par terre – vous pouvez cependant opter pour l’option de tout cochonner – car le cinéphage aura son petit moment de jouissance…

Soyez footeux, filez des coups de pied avec entrain dans le siège avant. Mettez le spectateur devant vous sur le mode vibromasseur et amusez-vous à le voir se retourner. Regardez ailleurs sur le mode impassible ou dans le vague le temps qu’il localise l’agresseur. S’il proteste n’hésitez pas à l’engueuler, en disant qu’il n’y pas de quoi se plaindre, il sera ainsi déstabilisé. Pour toute remarque, menacez et n’hésitez pas à montrer un poignet vengeur.

Pensez « salon »… Faites un effort et visualisez votre habitation. Vous vous conduisez ainsi comme devant votre télé et comme si vous étiez chez vous. Commentez allégrement le film… Montrez par exemple votre sens de l’observation en disant « ah, elle ouvre une porte » ou le « coup de vieux » pour un acteur, marche aussi pour les adeptes du scalpel. Jacassez, ignorez les « chuts », continuez durant tout le film. Vous pouvez opter soit pour le mode « murmureur » – atrocement gênant -, ou carrément gueuleur… N’hésitez pas à insulter les personnes qui vous font une remarque qui lâchement ne vous répondrons que par un « trop aimable » plaintif. S’il y a déjà un emmerdeur, ne vous dissuadez pas, soyez mimétique cela fera un effet stéréo à votre entourage du meilleur effet. Soyez un peu cuistre, en décortiquant une adaptation cinématographique, histoire de bien monter les différences entre le film et le livre au spectateur qui ne l’a pas lu. Osez aussi pour les polars, et lancez « je ne pensais pas que le notaire était l’assassin » aux spectateurs de la séance suivante qui commencent à s’installer.

Il y a les accessoires sadomasochistes de type aïe-Phone, et autre « geekeries » qui seront largement utile pour élaborer un second spectacle type son et lumière de quoi faire pâlir Jean-Michel Jarre de jalousie. Osez le désormais classique « tu ne me déranges pas, je suis au cinéma » – en répondant sur votre mobile en plein film.   Utilisez largement l’écran lumineux et allez jusqu’à répondre « vous n’avez qu’à regarder ailleurs » si l’on vous réprimande. Il faut montrer avec ostentation que vous n’êtes pas venus pour voir le film.

Il y a aussi une ruse brevetée en Gironde mais largement exportée, dit le rituel « quart d’heure bordelais ». Arrivez donc alors que le film est déjà commencé depuis 15 minutes. L’amateur de cinéma se détend, pas d’emmerdeurs, il baisse la garde. Il se détend, après l’épreuve du tunnel des pubs stupides – il doit y avoir un casting dans les multiplex – de type assureur débilitant. Il faut savoir qu’il finit par développer un sixième sens, et reconnaît un emmerdeur dès son arrivée. Là infligez-lui le coup de grâce, il ne bougera pas. Evidemment demandez à être au milieu – il y a pourtant de la place ailleurs – faites déplacer le monde et installez-vous comme si vous prépariez le débarquement. Petite ruse, faite vous suivre d’une seconde personne encore plus retardataire et avec votre portable faites donc des signaux lumineux sur le mode GPS. Piaffez, faites à nouveau déplacer tout de même, en glissant tout fort que vous abusez tout de même… Lancez-vous dans les désagréments cités précédemment, histoire de prouver l’adage qu’un retardataire se relève toujours comme un casse-pied de compétition.

Soyez « Kazou » (private joke). Il est assez difficile de savoir véritablement ce qu’est cette communauté de type v.i.p. On ne les voit qu’aux avant-premières ou les manifestations particulières. Là les consignes sont de garder des places aux « kazous », soit par les ouvreuses, voire même les habitués qui ne pourront pas refuser, abusez de leur éducation. Ce type d’individu peut-être une personnalité très importante de type amis de stars du bassin d’Arcachon et notables du crus. Ils arrivent systématiquement en retard, ils n’arrivent jamais au complet, ils restent des places mais elles sont défendues avec ferveur, bref c’est du brutal. Il reste bien entendu des places inoccupées, les spectateurs arrivés à l’heure s’en prendront aux ouvreuses. C’est une méthode plus ardue, il faut avoir des relations… Parfois le « kazou » se révèle une victime quand un patron réserve les 4/5 de la salle à ses employés pour voir le film de sa fille de type catastrophe industrielle, sur un pauvre hère passionné par les actrices, on peut dire que c’est d’une grande cruauté, limite harcèlement moral.

Soyez plus malins que tout le monde. Des spectateurs attendent nombreux devant la salle, ils attendent sagement la fin du film. Venez en couple, et passez devant tout le monde, histoire de bien montrer qu’ils sont très bêtes, et dérangez les spectateurs de la séance suivante, le film n’est bien entendu pas terminé. Deux options, soit vous vous installez d’office  – faites bien sûr du bruit -, ou faites demi-tour, mais vous vous retrouverez devant tout le monde, et vous pouvez ainsi choisir votre place. N’hésitez pas à succomber au syndrome de la queue aux caisses ou aux bornes, doublez votre petit monde, et si l’on vous fait une remarque, hurlez « il n’y a pas de quoi vous énerver » à une remarque de type olympien.

Votre enfant est un hyperactif, et la mode est passée des émissions sur TF1 pour l’exhiber et tenter de canaliser sa nervosité. Lâchez-le dans la nature, amenez-le voir un film qui n’est pas pour son âge, il sera ainsi traumatisé et sabotera un visionnage de film avec rage. Ne mouftez pas devant le regard courroucé de vos voisins, ça vaut le coup de les faire profiter des délires de votre progéniture.

La mode est à la « génération Y », la petite vingtaine qui ne respecte rien… Mails il y a mieux. Comme chantait Brel, quand je serai vieux, je serai insupportable, allez voir les films le week-end… Vous êtes âgés restez dans le mouvement vous vous sentirez plus vivants. Si vous appartenez au 6ème âge, agissez en comploteurs comme dans un sketch fameux de l’équipe de Grosland, commentez, encocottez vous – le cinéphage a toujours l’odorat délicat -, faites votre petit numéro, comme à la caisse des supermarchés le samedi, vous vous sentirez revivre.

Gluez ! Le cinéphile aime son petit périmètre de protection composé de sièges vides, où il se sentira moins menacé. Asseyez-vous à côté, surtout s’il y a de la place partout. Virez sa veste s’il ne se décide pas assez vite, vous êtes grand, mettez vous devant, idem si vous êtes secoués de tics. Il faut lui apporter un malaise maximum. Posez aussi votre veste sur le siège avant, et observez la mine confuse de celui qui se place devant vous et restez stoïque.

Vous pouvez faire la synthèse de tout ces réjouissance, et observez vos contemporains raseurs qui ne manqueront pas de vous réjouir. Merci donc aux anonymes qui m’ont régalé au fil du temps de mesquineries. C’est une manière au final, de rendre hommage aux « casse-pieds » de Noël-Noël et Jean Dréville.

Yves Arcanel par Yvan Foucart

Yvan Foucart nous fait l’amitié de nous montrer l’un des portraits inédits de son Dictionnaire des comédiens français disparus, qu’il en soit remercié.

HOMMAGE à YVES ARCANEL  par Yvan FOUCART

Fils d’un papa militaire et issu d’une fratrie de sept frères et sœurs, Yves effectue ses études au Prytanée national sarthois de La Flèche, puis poursuit sa scolarité chez les Jésuites à Sarlat.

Il s’engage volontaire en Indochine alors en guerre. Il y restera près de deux ans.

Nonobstant le sérieux de ces parcours, Yves est surtout attiré par le théâtre, celui des beaux textes, et ce n’est donc pas étonnant qu’il s’inscrive aux cours de  l’incontournable René Simon où il se fera un ami en la personne de Jean-Pierre Bernard, lui aussi fervent des planches. En 1956, Bernard  passé à la Guilde, une Compagnie « amateurs » fondée par Guy Retoré dans le dix-neuvième arrondissement, et le convainc de l’y rejoindre.  Yves ne se fait pas prier et participe à la distribution de « La vie et la mort du Roi Jean » de Shakespeare, pièce qui remportera le Prix des jeunes compagnies.

Cette Compagnie deviendra un peu plus tard le célèbre  T.E.P. (Théâtre de l’Est Parisien), toujours sous la direction intelligente de Guy Retoré.

Yves doit à la maman de son meilleur ami, une femme non dénuée d’esprit voire même très philosophe, d’adopter un pseudonyme plus « mélodieux ». C’est à ce moment que Arcanel éclot et débute simultanément à la radio, au théâtre et au cinéma.

Sur les ondes, oui, car sa voix est remarquablement radiophonique et qu’elle convient parfaitement aux belles lectures.

Il en va de même pour le théâtre, le vrai, celui qu’il apprécie et non l’autre à la connotation « boulevard ». Pas nécessairement limité aux classiques, mais à la diversité des rôles, aux textes forts qui réclament un travail d’exigence, l’essentiel étant d’être guidé par une motivation profonde et durable.

De ses débuts, il garde un souvenir inoubliable avec « Un otage » dû à l’auteur irlandais Brendan Behan que le Théâtre de France crée en février 1962 dans une mise en scène de Georges Wilson, lequel est aussi son partenaire, de même que Madeleine Renaud, Pierre Blanchar et une éblouissante Arletty qui, sans se forcer, plus que parfaite, s’empare du rôle de la tôlière.  A citer aussi « Le rhinocéros » d’Ionesco créée dans sa version française au même théâtre dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault (1960).

Comédien probe, intelligent, entier, il convient de citer sa participation à « La visite de la vieille dame » de Friedrich Dürrenmatt (Th. Marigny 1957); à « Ouragan sur le Caine » d’après le best seller d’Herman Wouk (Théâtre en rond, 1957) et pour une captation plus tard pour « Au théâtre, ce soir » de Pierre Sabbagh (1973) avec Jean Mercure et Raymond Loyer; avec la Compagnie Renaud-Barrault pour les grandes tournées internationales, notamment au Japon et en Amérique du Sud; « Le retour » de Pinter avec cette belle affiche comprenant Pierre Brasseur, Claude Rich et Emmanuelle Riva (Théâtre de Paris, 1966), « Incident à Vichy » d’Arthur Miller » (en tournée, 1972); de « Hamlet » de Shakespeare (Théâtre de France-Odéon, 1962) à « Richard II » autre tragédie historique du même auteur (Théâtre-Maison de la Culture de Caen). … un double bonheur puisqu’il marque aussi sa rencontre avec Christiane, qui deviendra son épouse.

Quant au cinéma, ce sont surtout des titres avec beaucoup de talents confirmés tels Jean Gabin, Lino Ventura, Bourvil, Louis de Funès, Bernard Blier… mais pour lui – hélas – des rôles obstinément secondaires. On le vit maintes fois en inspecteur de police, entre autre dans « Le grand restaurant » en adjoint du commissaire divisionnaire (Blier), qui poste émetteur à la main téléguide un de Funès désemparé porteur d’une rançon de 200 millions de francs !

Il fut également présent dans de nombreuses dramatiques, surtout à la grande époque des mythiques studios des Buttes Chaumont, notamment sous la direction d’Alain Boudet qu’il estimait beaucoup, entre autre pour « Le théâtre de la jeunesse » où il rejoignit  Christian Barbier en « Tarass Boulba » (1965). Mais il y eut aussi Stellio Lorenzi, Marcel Bluwal, Claude Barma, Claude Loursais. On l’apprécia auprès de  Marc Cassot dans « La complainte de Jérusalem » de Jean-Paul Carrère (1970); de Charles Vanel pour « Les Thibault » (1972); de Jacques Morel pour plusieurs « Julien Fontanes, magistrat » (1980-88)  et d’autant de « Cinq dernières minutes » (1970-86) version Jacques Debary.

Yves nous quitta au début du printemps 2009 vaincu par le cancer. Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris, tout proche de son domicile.

@   Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus) et nos remerciements à  Madame Christiane Arcanel pour son extrême gentillesse.

Filmographie : 1957  Le désert de Pigalle (Léo Joannon) – Le dos au mur (Edouard Molinaro) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve) – Le fauve est lâché (Maurice Labro) – Une balle dans le canon (Michel Deville et Charles Gérard) – 1959  La verte moisson (François Villiers) – 1960  Le président (Henri Verneuil) – 1961  Le puits aux trois vérités (François Villiers) – 1962  Ballade pour un voyou (Jean-Claude Bonnardot) – 1963  Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – Coplan prend des risques (Maurice Labro) – 1965  La grosse caisse (Alex Joffé) – Quand passent les faisans (Edouard Molinaro) – Un milliard dans un billard (Nicolas Gessner) – 1966  Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – Le grand restaurant (Jacques Besnard) – 1967   Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Sous le signe du taureau (Gilles Grangier) –  1970   Justine de Sade (Claude Pierson) – Le cercle rouge (Jean-Pierre Melville) – 1972   Le tueur (Denis de La Patellière) – 1976  Donnez-nous notre amour quotidien (Andrée Marchand [Claude Pierson]) – 1980  Ces malades qui nous gouvernent (documentaire de Claude Vajda, voix) –  Deprisa, deprisa / Vivre vite (Carlos Saura).

Télévision (notamment) : 1959  La cruche cassée (Bernard Hecht) – 1961 Un bon petit diable (Jean-Paul Carrère) – Le théâtre de la jeunesse : Doubrowsy (Alain Boudet) – 1962 Le plus grand théâtre du monde : Rien que la vérité (Claude Loursais) – Quatre-vingt treize (Alain Boudet) – 1963  Un bourgeois de Calais (Alain Boudet) – Le troisième concerto (Marcel Cravenne) – 1964  Bayard (Claude Pierson) – Le théâtre de la jeunesse : Méliès, magicien de Montreuil-sous-Bois (Jean-Christophe Averty) – 1965 Le théâtre de la jeunesse : Tarass Boulba (Alain Boudet) – Dom Juan ou Le festin de pierre (Marcel Bluwal) – 1966 La grande peur dans la montagne (Pierre Cardinal) – 1967   Souffle de minuit (André Fey) – 1968  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le chien jaune (Claude Barma) – 1969 Fortune (Henri Colpi) – S.O.S. fréquence 17 : M.O.C. ou objet volant non identifié (Jean Dréville) – 1970  Les cinq dernières minutes : Une balle de trop (Raymond Pontarlier) – La complainte de Jérusalem (Jean-Paul Carrère) – 1971  Mon seul amour (Robert Guez) – Un mystère par jour ou les dossiers du professeur Morgan : Meurtre à l’américaine (Guy Jorré) – 1972  Les Thibault (Alain Boudet) – 1973 La pomme oubliée (Jean-Paul Carrère) – Au bout du rouleau (Claude-Jean Bonnardot) – Au théâtre ce soir : Ouragan sur le Caine (Georges Folgoas) – 1974 Un mystère par jour ou les dossiers du professeur Morgan : Surpris par la mort (Jean-Paul Carrère) – La cité crucifiée (Jean-Paul Roux) – La mort d’un enfant (Jean-Louis Muller) – Donnez-nous notre amour quotidien / La déchirure – 1975  L’attentat de Damiens (Pierre Cavassilas) – Marie-Antoinette (Guy-André Lefranc) – 1976  Messieurs les jurés : L’affaire Jasseron (André Michel) – Ozraceni (Gérard Poteau) – 1977  Cinéma 16 : La fortunette (Pierre Cavassilas) – 1978  La corde au cou (Marcel Moussy) – La filière (Guy-André Lefranc) – Amours sous la révolution : André Chénier (Jean-Paul Carrère) – 1979  Azouk (Jean-Christophe Averty) – 1980  La vie des autres : Le scandale (Jean-Pierre Desagnat) – Messieurs les jurés : L’affaire Vico (Jean-Marie Coldefy) – Les dossiers éclatés : Le querellé ou la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet) – 1984  L’inspecteur mène l’enquête : Sans issue (Luc Godevais et Jean-Paul Roux) – 1981  L’ange noir (Roland-Bernard) – Ubu cocu ou l’archéoptéryx (Jean-Christophe Averty) – Les amours des années grises : Joli cœur (Gérard Espinasse) – 1982 Les amours des années grises : Histoire d’un bonheur (Marion Sarraut) – 1983  La princesse insensible (Michel Ocelot) – 1984  Julien Fontanes, magistrat : La pêche au vif (Guy-André Lefranc) – 1986  Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Les cinq dernières minutes : La peau du rôle (Guy Jorré) – Le chevalier de Pardaillan (Josée Dayan) – 1989  Julien Fontanes, magistrat : Les portes s’ouvrent (Guy-André Lefranc).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Éric Naggar

 Éric Naggar dans "Sur le fil", épisode "V.M.A."Éric Naggar dans « Sur le fil », épisode « V.M.A. »

Après des véritables débuts tardifs à l’aube des années 2000, il est devenu l’un des comédiens français les plus utilisés du moment. Il avait débuté comme scénariste, et fut auteur de théâtre avec « L’étrangleur s’excite » – dont une captation fut diffusée en 1982 sur France 2 -, pièce d’humour noir saluée à l’époque par François Truffaut, où un étrangleur est manipulé par un psychiatre avec Jean-Pierre Marielle, Richard Anconina et Bernard Le Coq et en 1988 avec « La femme à contre jour » avec Jean Rochefort.

On le remarque de prime abord dans « Les bronzés 3», face à Gérard Jugnot, effaré de découvrir le coming out de son fils – joué par Arthur Jugnot -, voulant vivre avec son comptable assez terne, l’occasion de découvrir un comédien sidérant. Quelle que soit la durée de son rôle, il est capable de faire exister son personnage, d’un des « bœufs-carottes » cinglant dans « Gardiens de nuit », en chauffeur obséquieux de Nicolas Marié, se souciant des dangers de la poésie dans « Micmacs à tire-larigot » , en éditeur pressé et dévoué dans « Adèle Blanc-Sec », ou en curieux personnage faisant des analyses de nuit dans « La sainte victoire ». Il vole même la vedette à un Eric Judor survolté dans « Hallal police d’état », en professeur chimérique faisant le bilan des effets post-traumatiques d’une gifle musclée.

Il est aussi convaincant en bigleux timide dans « Mon meilleur ami », qu’en avocat minable dans « Ne le dis à personne », en politique d’extrême droite capable d’haranguer les foules avec des idées racistes dans « Faubourg 36 » ou en procureur conformiste n’aimant pas la contradiction dans la série « Sur le fil ». Il faut dire qu’il est extrêmement à l’aise dans les rôles de composition, tel le rabbin jovial et hospitalier dans « Tellement proches », l’alcoolique allemand qui a des problèmes familiaux dans « Le dernier pour la route », ou le noble déclassé fourbu et féru de serrurerie dans « Les diamants de la victoire ».

On le voit souvent dans des personnages odieux cachés sous un aspect guindé voire compassé. Il est souvent retord,  en producteur véreux dans « Alive », en chef survolté de vigiles de supermarché dans « Les mythos », ou en avocat intransigeant dans « Toutes nos envies », peu compréhensif envers une personne endettée. Il est aussi un maire prêt à tous les compromis et toutes les bassesses dans « Camping 2 », oubliant ses concitoyens, en fausse victime et vrai escroc dans un épisode de « Central Nuit », ou un parfumeur recevant de manière parfaitement condescendante la timide Isabelle Carré dans « Les émotifs anonymes ».

Il arrive à donner une folie et une démesure au moindre de ses rôles, à l’instar de « Pédale dure », où il se livre à une véritable quête existentielle… manger du carpaccio lors d’une party huppée ! Un running gag qui aurait pu être assez vain et qui prend une dimension étonnante grâce à lui. Il réussit à être un banquier encore plus cynique que le personnage joué par Philippe Magnan dans « Erreur de la banque en votre faveur », avant de reconnaître, grand seigneur, qu’il s’est fait doubler avec brio par Gérard Lanvin. Il campe un réceptionniste carrément fielleux dans « Holiday », où son langage de charretier fait merveille, restant pourtant digne selon l’usage de son emploi, on retrouve dans un son œil un plaisir évident à faire valdinguer les conventions.

Il est très à l’aise dans le mélange des genres, en scientifique enquêteur soignant Julie Depardieu d’une pathologie « fantastique » dans « La femme invisible ». Il excelle en premier ministre mi-empathique envers son prochain, mi-cynique devant les rouages du pouvoir dans « L’exercice du pouvoir ». On le retrouve face à Catherine Frot à deux reprises : il joue son mari indifférent plus prompt à s’occuper d’art que de sa femme, et qui ne communique essentiellement qu’à distance dans « Bowling » et un médecin suisse allemand survolté admiratif de sa poitrine dans « Associés contre le crime », dire de son personnage qu’il serait agité serait d’ailleurs un doux euphémisme.

Ses personnages œuvrent parfois dans la finance comme le banquier goguenard de Richard Anconina et Patrick Timsit dans « Stars 80 ». S’il reste intraitable quand il s’agit d’argent, il s’avère plus déluré en se révélant fan de la pulpeuse Sabrina Salerno. Il est aussi un financier, spécialiste de la « brunisation » (sic) de l’argent dans « Le capital », qui affirme ne servir que les intérêts de ses clients….

On l’aurait vu volontiers côtoyer les grands excentriques du cinéma français comme Jean Tissier, Noël Roquevert ou Pierre Larquey, s’il était né quelques années plus tôt. Il rejoint désormais cette grande catégorie des voleurs de scènes, ce qui est plutôt rare ces dernières années.

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Filmographie

1981  Neige (Juliet Berto & Jean-Henri Roger) – Il faut tuer Birgitt Haas (Laurent Heynemann) – 1982  L’indiscrétion (Pierre Lary) – 2000  Le vélo de Ghislain Lambert (Philippe Harel) – 2001  Taxi 3 (Taxi 3 (Gérard Krawczyk) – 2002  Mon idole (Guillaume Canet, + co-scénariste) – 2003  Le grand rôle (Steve Suissa) – Alive (Frédéric Berthe) – 2004  Pédale dure (Gabriel Aghion) – Le plus beau jour de ma vie (Julie Lipinski) – Tu vas rire mais je te quitte (Philippe Harel) – Le démon de midi (Marie-Pascale Osterrieth) – L’enfer (Danis Tanovic) – 2005  Les bronzés 3 – Amis pour la vie (Patrice Leconte) – Un ticket pour l’espace (Éric Lartigau) – L’entente cordiale (Vincent de Brus) – Les aristos (Charlotte de Turckheim) – Ne le dis à personne (Guillaume Canet) – 2006  Bobby : RFK 37 (Rob Alvarado et Adam Lukeman, CM) – Mon colonel (Laurent Herbiet) – Mon meilleur ami (Patrice Leconte) – Madame Irma (Didier Bourdon & Yves Fajnberg) – Le serpent (Éric Barbier) – Mr. Bean’s holiday (Les vacances de Mr. Bean) (Steve Bendelack) – Rush Hour 3 (Id) (Brett Ratner) – 2007  13 ans (Rudi Rosenberg, CM) – Nos 18 ans (Frédéric Berthe) – Faubourg 36 (Christophe Barratier) – Modern love (Stéphane Kazandjian) – Les enfants de Timpelbach (Nicolas Bary) – 2008  Envoyés très spéciaux (Frédéric Auburgin) – La femme invisible (d’après une histoire vraie) (Agathe Teyssier) – Erreur de la banque en votre faveur (Michel Munz et Gérard Bitton) – Tellement proches (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Le dernier pour la route (Philippe Godeau) – Micmacs à tire-larigot (Jean-Pierre Jeunet) – La sainte victoire (François Favrat) – R.T.T. (Frédéric Berthe) – 2009  Trésor (Claude Berri & François Dupeyron) – Coursier (Hervé Renoh) – Gardiens de l’ordre (Nicolas Boukhrief) – Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec (Luc Besson) – Camping 2 (Fabien Onteniente) – Les petits mouchoirs (Guillaume Canet, rôle coupé au montage) – Les émotifs anonymes (Jean-Pierre Améris) – 2010  Holiday (Guillaume Nicloux) – Omar m’a tuer (Roschdy Zem) – Hallal police d’état (Rachid Dhibou) – La permission de minuit (Delphine Gleize) – Mon père est femme de ménage (Saphia Azzedine) – Les mythos (Denis Tybaud) – L’exercice d’état (Pierre Schoeller) – Toutes nos envies (Philippe Lioret) – 2011  Associés contre le crime (Pascal Thomas) – La nouvelle guerre des boutons (Christophe Barratier) – Bowling (Marie-Castille Mention-Schaar) – Ma bonne étoile (Anne Fassio) – 2012  Capital (Costa-Gavras) – Stars 80 (Frédéric Forestier) – Les profs (Pierre-François Martin-Laval) – Je fais le mort (Philippe Hagège) – 2013  Three days to kill (McG) – 96 heures (Frédéric Schoendoerffer) – L’enquête (Vincent Garenq) – 2014  419  (Éric Bartonio) – Valentin, Valentin (Pascal Thomas) – Papa ou maman (Martin Bourboulon) – Ange et Gabrielle (Anne Giaferri) – 2015  Arrête ton cinéma (Diane Kurys) – 2016  Star 80 – La suite (Frédéric Auburtin et Thomas Langmann) – Comme des garçons (Julien Allard) – 2017  Love adict (Franck Bellocq) – Neuilly sa mère, sa mère (Gabriel Julien-Lafferière et Djamel Bensallah) – J’ai perdu Albert (Didier Van Cauwelaert) – 2018  Selfie [épisode « Smileaks »] (Vianney Lebasque) – Belle-fille (Méliane Marcaggi) – 2022 Baby blueseuses (Johanna Menuteau, CM) – Daaaaaali ! (Quentin Dupieux) – 2024 Paradis films (Marjane Satrapi).

Télévision (notamment)

1982  Le Diable s’en va-t-en fête (Christine Lipinska, CM) – 1985  D’amour et d’eau chaude (Jean-Luc Trotignon) – 2000  Divorce (Pascal Heylbroeck et Olivier Guignard, série, CM) – 2001  Jalousie (Marco Pauly) – 2002  Les cours du soir (Michaël Perrota) – PJ : Gang de filles (Brigitte Coscas) – Avocats & associés (La grande muette) (Christian Bonnet) – Si j’étais lui (Philippe Triboit) – 2003  Blague à part : Bloc op – Hep’ taxi (Frédéric Berthe, un épisode) – Le Camarguais : Paddy (Patrick Volson) – Les Cordier, juge et flic : Cours du soir (Michaël Perrotta) – Sex and the city : An American Girl in Paris: Part 1 (Timothy Van Patten) – Péril imminent : Mortel chahut (Arnaud Sélignac)  – 2005  Le grand patron : Édition spéciale (Christian Bonnet) – Avocats et associés : Les ciseaux (Pascal Martineau) – 2006  Alice Nevers – Le juge est une femme : La loi du marché (Joyce Buñuel) – Président Ferrare – Je hais les parents (Didier Bivel) – L’état de Grace (Pascal Chaumeil, série TV) – Monsieur Max (Gabriel Aghion) – Sur le fil (Frédéric Berthe, saison 1) – 2008  Boulevard du Palais – Central nuit : Cauchemars (Olivier Barma) – Julie Lescaut : Julie à Paris (Éric Summer) – La vie à une (Frédéric Auburtin) – Le septième juré (Édouard Niermans) – Le malade imaginaire (Christian de Chalonge) – 2009  Duel en ville (Pascal Chaumeil, série TV) – Les petits meurtres d’Agatha Christie : La maison du péril (Éric Woreth) – Beauté fatale (Claude-Michel Rome) – Le bourgeois gentilhomme (Christian de Chalonge) – Entre deux eaux (Michaëla Watteaux) – Reporters (Gilles Bannier, saison 2) – La marquise des ombres (Édouard Niermans) – La loi selon Bartoli (François Velle) – Sur le fil (Frédéric Berthe, saison 3) – Engrenages (Jean-Marc Brondolo, saison 3) – Ce jour-là, tout a changé : L’appel du 18 juin (Félix Olivier) – La peau de chagrin (Alain Berliner) – Les diamants de la victoire (Vincent Monnet) – La pire semaine de ma vie (Frédéric Auburtin) – La loi selon Bartoli (épisode 2) (François Velle) – Amoureuse (Nicolas Herdt) – Mission sacrée (Daniel Vigne) – La loi selon Bartoldi (épisode 3) (Charlotte Brandström) – Tout est bon dans le cochon (David Delrieux) – 2011  Clash : Hugo, le mérite d’être clair (Pascal Lahmani) – Le bonheur des Dupré (Bruno Chiche) – Les voies impénétrables (Noémie Saglio & Maxime Govare) – L’innocent (Pierre Boutron) – 2012  Zak (Arthur Bezaquen & Denis Thybaud, série) – Opération hirondelle (Bruno Le Jean) – La méthode Claire (Vincent Monnet) – Nom de code : Rose (Arnaud Mercadier) – Un petit bout de France (Bruno Le Jean) – 2013  La déesse aux cent bras (Sylvain Monod) – La rupture (Laurent Heynemann) – Profilage : Un pour tous (Julien Despeaux) – L’esprit de famille (Frédéric Berthe) – Meurtres à Rouen / Meurtres à l’abbaye de Rouen (Christian Bonnet) – Falco : Sacrifices (Jean-Christophe) – Où es-tu maintenant ? (Arnaud Sélignac) – La loi (Christian Faure) – Boulevard du Palais : Une vie au placard (Bruno Garcia) – Boulevard du Palais : Un bien pour un mal (Bruno Garcia) – 2015  La loi de Barbara : Illégitime défense (Didier Le Pêcheur) – Mongeville : Mortelle mélodie (Bruno Garcia) – La vie devant elles (Gabriel Aghion, mini-série) – Pierre Brossolette ou les passagers de la lune (Coline Serreau) – La loi d’Alexandre : Comme des frères (Claude-Michel Rome) – Dix pour cent : Audrey (Antoine Garceau) – Stavisky, l’escroc du siècle (Claude-Michel Rome) – Monsieur Paul (Olivier Schatzky) – Lebowitz contre Lebowitz (Frédéric Berthe, mini-série) – Boulevard du Palais : Mauvaise graine (Jean-Marc Thérin) – Sam (Valérie Guignabodet, mini-série) – 2016  Alice Nevers, le juge est une femme : Ma vie pour la tienne (Éric Le Roux) – 2017  Une famille formidable : Révélations (Miguel Courtois) – 2018  Sam (Gabriel Aghion, mini-série, saison 2) – Tu vivras ma fille (Gabriel Aghion) – HP (Angela Soupe et Sarah Santamaria-Mertens, mini-série, saison 1) – 2019  Pour Sarah (Frédéric Berthe, mini-série) – HP (Angela Soupe et Sarah Santamaria-Mertens, mini-série, saison 2) – 2020  De Gaulle, l’éclat et le secret (François Velle, mini-série) – 2021  Les aventures du jeune Voltaire (Alain Tasma, mini-série) – 2022  Candice Renoir : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé (Pascal Lahmani) – L’homme de nos vies (Frédéric Berthe, mini-série) – 2023  Daron (Franck Bellocq, mini-série) – Tout pour Agnès (Vincent Garencq, mini-série) – À côté de ses pompes (Nathalie Lecoultre) – Benoît Génant officiel (Éric Lavaine, mini-série) – La peste (Antoine Garceau, mini-série).

L’encinéclopédie de Paul Vecchiali

« L’encinéclopédie », l’ouvrage tant attendu depuis plusieurs années de Paul Vecchiali, est sorti fin 2010 en deux volumes aux éditons de l’œil. A noter que si vous êtes dans les premiers acheteurs de ces livres, il y a eu une regrettable erreur dans la chaîne de l’édition, 22 cinéastes ont disparu ainsi au final, de André Berthomieu à  Paul Féjos. Aussi un « tiré-à-part » a été édité en réparation, pour l’obtenir – il est gratuit pour l’achat des autres volumes – vous pouvez vous rapprocher de votre libraire ou de l’éditeur. C’est unne somme impressionnante de 1740 pages qui nous propose un voyage inédit sur le cinéma français, partial et foisonnant. On connaît l’attachement de ce cinéaste pour le cinéma français des années 30, il l’évoquait en 2007 dans son livre « Les frontières de l’aube ». Entendu sur France Culture, dans l’excellente émission de Laurent Goumarre, le Rendez-vous, c’est un ouvrage dont l’auteur souhaiterait qu’il soit titré lors d’une réédition « Exhaustif et partisan » et qui doit être « picoré », manière de l’appréhender idéale, tant il est vrai qu’il est impressionnant de richesses. De tels livres, ouvrages d’un seul homme restent rares, à l’instar d’un Jacques Lourcelles et son dictionnaire ou d’un Hervé Dumont et son « Antiquité au cinéma ». Il y a cependant la participation d’Italo Manzi dans des recherches biographiques, décidemment indispensable car il collabore aussi bien aux ouvrages d’Armel de Lorme et de Christophe Bier, ouvrages qui concilient passion et érudition. L’idée est donc de reprendre l’intégralité de la filmographie des cinéastes ayant œuvré dans les années 30 et de les accompagner jusqu’à la fin de leur carrière. Il y a fait ici une œuvre salutaire, car il y avait une véritable carence critique sur cet aspect du cinéma, qui nous est pourtant, avec le cinéma américain, le plus familier mais au final très méconnu. Un parti-pris qui égratigne la politique des auteurs chère aux « Cahiers du cinéma », dédiée surtout au cinéma américain. Le ton est volontiers polémique et souvent inattendu, manière par exemple de mieux apprécier au final le parcours d’un André Berthomieu que les films d’Henri-Georges Clouzot. On est bien sûr en droit d’être en désaccord, mais il est passionnant de lire un avis contraire comme pour l’édifiant « Le défroqué » de Léo Joannon, salué comme ici chez d’œuvre, alors que certains classiques sont malmenés, on pense bien entendu au quatuor Jean Renoir, Sacha Guitry, Clouzot donc et Marcel Pagnol. Force est de constater que l’on peut être souvent d’accord, tel sur le parcours après-guerre d’une Michèle Morgan, on jubile de lire des jugements qui vont inévitablement faire grincer des dents. C’est aussi une manière de faire un bilan de notre cinéma, contre la politique des auteurs, obligatoirement imposée depuis des années. Il y a un système de notation correspondant à l’accueil de l’époque, confronté à un plus personnel de son auteur allant du pique ou du cœur. Un hommage privilégié est fait aux acteurs, on se régale de voir ainsi fêtés les fameux excentriques du cinéma français tel Jean Tissier souvent loué – à raison car c’est un acteur génial – ou la frêle Gabrielle Fontan. Il a un soin à relater les prestations de ce type de comédien, le générique des films est complet et l’on retrouve nombre d’informations inédites et de petits rôles complétant les fameux dictionnaires de Raymond Chirat. Il salue des comédiens venant du music-hall ou sans formation – on connaît son amour de Danielle Darrieux – apportant un sang frais dans un style de jeu souvent guindé, stéréotypé, voire formaté. Vecchiali donne des coups de griffes assez inattendus – Philippe Noiret, Bernard Blier (1) ou Michel Piccoli -.  On y retrouve des cinéastes oubliés ou méconnus comme René Guissart, voire totalement inconnus comme Georges Pallu, Jacques Constant, Jean Hémard (sic) ou Louis Valerey, des parcours salués pour des auteurs parfois mésestimés comme pour Raymond Bernard, Carlo Rim, Henri Decoin, Julien Duvivier et Jean Grémillon en passant par d’honnêtes artisans, comme Jean-Paul Le Chanois, Roger Richebé, Maurice Cloche, ou populaires Christian-Jaque, Emile Couzinet. On peut le trouver parfois un peu sévère, comme pour un  Willy Rozier, Jean Dréville ou Luis Buñuel surtout, mais force est de constater qu’il donne envie de voir les films. La réhabilitation et la réflexion sur certains films donne matière à de riches débats… On aimerait voir par exemple les invisibles « La vie parisienne » (Christian-Jaque, 1977) ou « Gloria » (1976) dernier film d’Autant-Lara, jugé souvent mauvais alors qu’il est devenu invisible. « Les patates » souvent diffusé par contre, est ainsi réévalué. Les nanars (2) sont aussi à la fête. Outre les Français, les cinéastes étrangers de passage en France sont aussi salués de Max Ophuls, Luis Buñuel, parfois pour un film seulement, comme on le sait pour Billy Wilder et Fritz Lang, on y retrouve même Raoul Walsh ou Robert Wiene. Une manière de saluer la richesse qu’ils apportaient à notre cinématographie et de répondre à l’ineffable tandem Bardèche et Brasillach qui déclaraient « On ne s’étonnera pas, après cela, que le cinéma français perdît peu à peu tout caractère national et que ses œuvres les plus connues, entre 1936 et 1940 ressortent à une esthétique morbide, analogue à celle qui avait sévi sur l’Allemagne d’après-guerre ». (Cité dans l’ouvrage « Tendres ennemis, cent ans de cinéma entre la France et l’Allemagne » (L’Harmattan, 1991). Donc un ouvrage obligatoire qui va accompagner salutairement la vision d’un film comme le livre de Jacques Lourcelles toujours ou les « 50 ans du cinéma américain » de Coursodon et Tavernier, réflexe vite acquis. Grinchons un peu… La diffusion de ces films sont limités, rares sont les diffusions en DVD – il y a l’éditeur René Château, mais si beaucoup de films des années 30 étaient diffusés en VHS, ils sont très rares en DVD. Reste la diffusion à la télévision, on peut déplorer qu’ils ne se bousculent pas au portillon sur les chaînes câblées. Si Patrick Brion privilégie les raretés, voir son cycle « Monstres sacrés » actuellement sur France 3, on constate l’inévitable diffusion à l’avance sur France 2 du mélodrame « Le voile bleu », annoncé pourtant à 1h15 ! Refrain connu quand on tente de programmer un enregistrement… Nous devons être beaucoup de cinéphiles à l’avoir donc sans le début… Souhaitons donc que les responsables de cinémathèque, ayants-droits et éditeurs, s’emparent de ce travail pour mieux diffuser et valoriser les films.

(1) Armel de Lorme le malmène également dans son « ceux de chez eux ou le cinéma de Sacha Guitry » (2) Nanar, terme dont la paternité on l’apprend ici, vient de Vecchiali, venant d’un « terme de couture qui désigne un article qui a mal vieilli »

Paul Vecchiali source Télérama

Paul Vecchiali a bien voulu répondre à quelques petites questions, je le remercie de sa disponibilité et de son amabilité.

Vous avez travaillé dix ans sur votre dictionnaire, et de manière intensive sur deux ans et demi comment avez-vous procédé ?

J’ai d’abord voulu faire le travail du deuil parce que je pensais arrêter de tourner après de douloureuses mésaventures. Pour cela, j’ai désiré me replonger dans les films de mon enfance par l’intermédiaire, dans un premier temps, des cassettes René Château. Puis, revoyant ces films, j’ai pensé qu’il était temps de ressusciter cette mémoire en train de se perdre. Et j’ai cherché partout les films que je n’avais pas vus ou revus depuis trop longtemps. Ensuite, je faisais passer les cassettes jusqu’à 6/7 fois pour être suffisamment argumenté et aussi pour repérer les petits rôles qui avaient échappé à Raymond Chirat dont le travail de recensement a été primordial pour moi.

On est impressionné par le nombre de films que vous avez vus, comment avez-vous eu accès à ces films, outre les échanges avec la cinémathèque de Toulouse par exemple.

Porto-Vecchio, Grenoble et, surtout, Montréal dont la Cinémathèque possède des trésors. Aussi les Archives du Film mais, les ayants-droit m’ont posé problème alors que je travaillais aussi pour eux…

Votre style est volontiers polémique et il est toujours argumenté.  Pierre Murat dans « Le masque et la plume » sur France Inter, disait qu’après la parution de votre entretien dans « Télérama » il a reçu beaucoup de courriers. Quelles en sont les retombées pour vous personnellement ?

Je reçois pas mal de mails ou de coups de fil : quelquefois pour me signaler des erreurs, ce qui me ravit. J’espère être plus précis encore pour la réédition.

Votre livre est aussi un travail et un appel pour les ayants-droits, on sait que certains films sont souvent bloqués, comme « La fête à Henriette » que Patrick Brion n’a pu diffuser dans son ciné-club sur France 3. Quels rapports avez-vous avec eux, et quels sont les retours ?

Aucun rapport, je viens d’en parler. Je ne les comprends pas !

Comment peut on expliquer que le cinéma français fut une terre d’accueil pour nombre de cinéastes étrangers et quelle fut leur influence sur notre cinéma hexagonal ?

Je ne crois qu’il y ait eu influence mais plutôt échanges. C’est bien comme ça.

Il y a-t-il des films que vous avez adoré, et sur lesquels votre avis à changé, avec le temps ?

Certes, LE CARROSSE D’OR de Renoir est un exemple mais aussi GIBRALTAR de Ozep ou L’ARGENT  de Billon. Plein d’autres, en revanche en sens inverse.

Depuis votre enfance et la vision de « Gaspard de Besse », certains films ont-ils disparu, quelle est la restauration sur ces films, et il y a-t-il des films définitivement perdus ?

Je ne saurais comment vous répondre sinon en vous signalant que la Paramount a brûlé les négatifs de quelques films de René Guissart que j’estime. Donc oui, il y a des films définitivement perdus mais des copies peuvent encore circuler : on dit que la Cinémathèque de Moscou aurait en masse de ces copies-là.

Certaines personnes vous reprochent votre exhaustivité, alors qu’elle donne un grand intérêt à votre dictionnaire » ?

Je trouve incongrue l’idée de faire des choix !!!! Certains films que vous auriez souhaité voir étudiés aux dépens d’autres ? Mais les autres alors ? Faire un choix, c’eut été être élitiste, ce que je m’interdis de faire.  

La subjectivité doit se doubler d’exhaustivité. Et si, par endroits, je parle de films ou de cinéastes qui n’ont rien à voir avec ceux recensés, c’est pour qu’on puisse avoir une idée de cette subjectivité, d’en connaître certains repères. Cela me paraissait simplement de l’honnêteté.

On connaît l’influence de ce cinéma français sur votre œuvre pouvez-vous l’évoquer ?

La première chose qui me vient à l’esprit c’est l’électrochoc de COEUR DE LILAS (Litvak)  où Gabin, qui devrait aller cogner André Luguet, se met à chanter LA MÔME CAOUTCHOUC. Sur le moment, je n’avais pas réalisé ce que j’ai compris bien plus tard. La chanson dialectise une situation et, si elle n’a rien à voir avec elle, la façon dont on la chante peut être le reflet du sentiment du personnage. C’est de là que vient FEMMES FEMMES par exemple. Mais l’essentiel est ailleurs : le goût des personnages bien construits, donc des acteurs loyaux et pleins d’humour à la fois… (la danse d’ Harry Baur dans LES CINQ GENTLEMEN MAUDITS). Enfin savoir que les sentiments ne viennent pas du néant, qu’ils correspondent à une époque bien définie, donc à la politique de l’instant. Résultat : il est inutile de débattre de la politique, de faire des films militants, il suffit, comme Grémillon ou Demy, de traiter des sentiments de la façon la plus participative, sans filtre, d’y croire si vous voulez. Cela suffit amplement. Comme j’ai rarement fait des films où le social n’était pas en jeu, je me suis contenté, à ma manière, de travailler sur les personnages sans « corset ».

Vous avez tourné plusieurs films, depuis la comédie noire « A vot’bon cœur », nous avons pu lire quelques informations sur les « Cahiers du cinéma » de l’été dernier, pouvez-vous nous en parler, et nous dire si nous pourront les voir prochainement ?

J’ai fait dans l’ordre + SI @FF., BAREBACK (présentés dans pas mal de festivals) puis quatre films de ma pentalogie HUMEURS ET RUMEURS, …ET TREMBLE D’ÊTRE HEUREUX, ÊTRE OU NE PAS ÊTRE, LES GENS D’EN BAS et je prépare le dernier volet, peut-être pour cette année. RETOUR À MAYERLING. Je pense qu’on les verra en DVDS ou dans des rétros ou dans des festivals. Je ne me préoccupe plus des sorties en salles : trop cher et inutile.

Ceux de chez lui ou Le cinéma de Sacha Guitry et ses interprètes

Le théâtre, c’est du présent.
Le cinéma, c’est du passé.
Au théâtre, les acteurs jouent.
Au cinéma, ils ont joué.
Au théâtre, vient le public.
Au cinéma, entre la foule.
Au théâtre, c’est le dessin.
Le cinéma n’en est encore qu’à la lithographie.
Le théâtre, c’est positif.
La pellicule est négative !

(Sacha Guitry en 1942)

Comme le rappelait Guillaume Gallienne dans le beau documentaire de Serge Le Perron, « Sacha Guitry et le cinéma », Guitry n’aura eu de cesse que de médire ce média, le traitant de « théâtre en conserve » ou de « refuge des incapables ». Ce fut donc une histoire singulière, il ne fut consacré grand cinéaste que par la nouvelle vague notamment par François Truffaut et Jacques Rivette. Armel de Lorme a eu la bonne idée de sortir le quatrième volume de « L’@ide-mémoire » – et deuxième volume consacré  aux acteurs – aux interprètes au cinéma de Guitry, voir le bon de commande. Il avait déjà en 1993 rédigé une filmographie exhaustive de « Monsieur Môa », dans un très sérieux ouvrage « Sacha Guitry cinéaste » paru aux éditions Yellow Now, un régal de détails notamment pour les seconds rôles présents dans les distributions pléthoriques de ses films historiques. Cet ouvrage paru à l’occasion d’une rétrospective de ses films au festival de Locarno mériterait une réédition. Ce livre en collaboration avec Raymond Chirat  – notre « maître » – à tous,  et Italo  Manzi, prend pour départ d’évoquer156 interprètes du maître, et de dérouler leurs parcours du plus âgé Anthony Gildès à la plus jeune Odile Rodin. Une occasion de revenir sur une œuvre foisonnante, mise en valeur comme le dit justement de Lorme, par des remakes récents assez décevants.

 Avec ce premier volume – un second devrait suivre au premier semestre -, c’est une mine d’informations, à l’instar du « Tout Guitry » de Jacques Lorcey paru chez Séguier en 2007. Sont évoqués notamment la garde rapprochée de Guity, avec Pauline Carton et Jeanne Fusier-Gir (chapitre titré « les deux font la paire ! ) et ses épouses, Charlotte Lysès, Yvonne Printemps, Jacqueline Delubac, Geneviève Guitry et Lana Marconi. On retrouve aussi les débutants promis à un bel avenir (Jean Poiret et Michel Serrault, Magali Noël, Sophie Desmarets, Howard Vernon, Brigitte Bardot). Les vedettes Jean Marais, Arletty, Danielle Darrieux, Michel Simon côtoient les excentriques du cinéma français chers à Chirat et Barrot (Les « 9 célibataires » d’Aimos à Sinoël , Jean Tissier, Albert Duvaleix, Jacques Baumer, Pierre Bertin ,etc…). Certains comédiens de la Comédie Française figuraient aussi dans cette catégorie (Pierre Bertin, André Brunot, Georges Chamarat, Aimé Clariond, Jean Debucourt, Maurice Escande, Roger Gaillard, Jean Hervé, Denis d’Inès, Robert Manuel, Louis Seigner, Jean Weber). On retrouve des artistes méconnus  (Jacques Berlioz, Siren Adjemova, Marie Sabouret, Roland Bourdin, Anne Carrère, Catherine Érard),  ou parfois par trop mésestimés (Louis Arbessier, Claude Nollier, Janine Darcey, Maurice Teynac, Mona Goya, Sanson Fainsilber – très apprécié d’Alain Resnais -, Maurice Lagrenée, etc…). Une minutie et une exhaustivité vraiment impressionnante, à l’exemple de la comédienne Martine Alexis, repérée dans « Si Versailles m’était conté » grâce à l’arrêt sur image !  Au final cet ouvrage rappelle que ce génie avait une véritable admiration et amour envers les artistes, au contraire d’un Charlie Chaplin qui eut du mal à travailler avec de grands artistes et qui utilisa Buster Keaton d’une manière assez détestable dans « Les feux de la rampe ». Beaucoup de portraits, de découvertes, d’anecdotes pour cette somme de travail considérable, éclairage sur le cinéma français au travers de l’œuvre de Guitry. Même s’ils ne font que passer dans son univers, la présence de ces comédiens est toujours justifiée, on s’amusera des détails, même s’ils devaient comme Françoise Arnoul dans « Napoléon », finir sur la table de montage. Pour revenir à Raymond Chirat le livre « Noir et blanc » écrit en collaboration avec Olivier Barrot ressort sous le titre « Ciné-club : portraits, carrières et destins de 250 acteurs du cinéma français, 1930-1960 », aux éditions Flammarion, sans nouveautés hélas, mais il est indispensable car il reprend les portraits des « excentriques du cinéma français » et « inoubliables » pour ceux qui n’ont pas ces deux précieux ouvrages dans leur bibliothèque. Une impression de recyclage assez curieuse mais l’ouvrage est précieux quelle que soit sa forme.

On lira en parallèle et avec intérêt au sujet de Guitry « L’encinéclopédie » de Paul Vecchiali, analyse acerbe de cet artiste, je reviendrai sur ce formidable dictionnaire en deux volumes. Un début d’année très riche pour les amateurs de dictionnaires pour rappel le Dictionnaire des films français érotiques et pornographiques 16 et 35 mm  sous la direction de Christophe Bier est en toujours en souscription ici.

Armel de Lorme continue aussi avec son site en ligne, loin des habituels recycleurs pompeurs qui sévissent en ce moment sur le web, avec des hommages aux disparus récents (Paulette Bouvet, Charles Charras, Niko Papatakis, Bernard-Pierre Donnadieu, Robert Destain, Georges Staquet, Maria Schneider, Janine Souchon, la kulte Tura Satana). On y retrouvera aussi d’autres portraits comme Yann Gonzales et Sylvie Joly ou Jean Grémillon, et des extraits de son livre sur Guitry (André Lefaur, Betty Stockfeld, Jacqueline Delubac, Claude Dauphin). Louons donc ce chercheur infatigable qui continue une histoire du cinéma parfois iconoclaste – voir sa manière d’égratigner certains artistes -, exhaustif – les filmos complètes feront la joie des monomaniaques qui se dépêcheront de tout rajouter dans wikipédia sans en citer l’auteur bien entendu comme pour le volume 1 –.

Changement d’herbage réjouit les veaux, le retour

« Un homme parti de rien pour ne pas arriver à grand-chose n’a de merci à dire à personne.  » (Pierre Dac)

 « On les nique les tristes figures, on les nique ! », dernière réplique d’Anouk Grinberg du mésestimé film de Bertrand Blier « Un, deux, trois, soleil »

« Que ton espoir soit sans limites, hé ! hé !! hé !!! hé !!!! hé !!!! Donne un sens à ton histoire, non, non, non, non, Offre tout ce que tu mérites, Pour prendre un nouveau dépaaaart » (Chanson du générique de fin de « Plus belle la vie » (1) »

A l’instar de Ze craignos monsters, voici donc « Le coin du cinéphage – le –re-retour », sur support point com. Comme il n’y a pas de volume 4 des formidables livres de Jean-Pierre Putters, je devais être donc relativement tranquille (quoi que ! comme disait Raymond Devos ). Après quelques mois de déboires, c’est grâce à l’obstination de Jean-Louis Sauger  Retour à Yuma – pour lequel je témoigne ici d’une infinie gratitude, que le coin n’est plus au coin ! (ce n’est même pas de moi, mais de Jean-Jacques Jouve, créateur de « La lettre des comédiens » que je salue au passage, car son fanzine m’aura montré une voie) -. Donc petites nouveautés avec une création d’un « coin des livres », avec pour idée aussi d’évoquer des ouvrages, dans l’actualité ou non, manière de rêver autour d’une bibliothèque idéale, reprise d’un trombinoscope, histoire d’aider aussi à identifier certaines personnalités du cinéma. R.I.P. disparaît (désolé, mais je suis une tête de cochon), mais « Fragments d’un dictionnaire amoureux » perdure, rubrique dans laquelle j’évoquerai également des comédiens disparus, mais je prendrai de sérieuses distances avec l’actualité… je ne serai plus du tout réactif (Private joke). Une rubrique intervenants extérieurs est aussi à votre disposition si vous souhaitez me rejoindre, comme l’avaient fait Armel de Lorme et Yvan Foucart. J’aimerais avant tout rendre hommages aux méconnus du cinéma, je solliciterais de l’aide notamment pour les seconds couteaux anglo-saxons ou européens. C’est grâce aussi à l’application wordpress, je suis ainsi débarrassé de toute pub, elle permet de faire des commentaires express, le tout pour continuer dans un joyeux bordel cher à Pierre Bourdieu. Si vous avez des attentes ou des suggestions, n’hésitez pas à m’en faire part, je tenais à remercier tous ceux qui m’ont soutenu, qu’ils veuillent m’excuser si je n’ai pas répondu à leurs demandes, ayant pris une distance avec le joyeux monde du web. Reste à trouver mes marques et à rapatrier des anciens commentaires perdus par l’ineffable équipe de Banalblog, ils risquent de perdre en lisibilité, ce qui est dommage car ils sont souvent plus intéressant que les textes eux même.

(1) Ça doit bien signifier quelque chose… mais quoi !

R.I.P…. MYSELF ! (1) (Sur l’ancien support Canalblog)

Il y avait il y a quelques années d’excellentes émissions le dimanche soir sur France Inter, animées par Jean-Charles Aschero. Un soir, le thème en était Antoine Blondin – réédité il y a peu chez bouquins -. Un biographe évoquait la mère de l’écrivain qui lui disait « Il faut prendre les choses où elles en sont, et non pas où elles devraient en être ». Petite phrase qui peut paraître anodine, mais qui peut aider dans une vie… C’est ce qui m’amène donc à arrêter ce blog, du moins sur ce support. Je dois confesser être assez las du manque d’éthique de Banalblog.  Mais on peut compatir, en effet il doit être difficile pour cette équipe de mener à bien une entreprise avec un handicap digne de figurer dans le film « Les émotifs anonymes ». En effet, ils doivent souffrir de timidité maladive, car ils n’arrivent à répondre que plusieurs mois après… Les pages disparues sont désormais restituées, mais certains de vos commentaires, souvent passionnants ont disparu – heureusement j’en ai retrouvé dans les moteurs de recherches et dans mes archives -. Dans le petit monde du web, il vaut mieux être un « suceur de roues » – selon la formule de l’ami Claude – pusillanime, qu’un monomaniaque sourcilleux de citer ses sources. Mais il n’y a tout de même pas de quoi céder à l’acrimonie, bien qu’ayant une fâcheuse tendance à radoter, dans cette histoire style Kafka tendance Père Ubu…

Petit historique de ce « coin » : l’ami Christophe Bier m’informe en 2003 de la mort d’Henri Attal. Il y avait alors un excellent site de cinéma, secondscouteaux.com, dont le ton, l’érudition et la passion des rédacteurs me plaisaient énormément. J’envahissais déjà le forum dans le style foutraque que vous connaissez, de type on ne sait jamais où il veut en venir – Moi-même j’ai du mal parfois -. Qu’est devenue cette équipe ?  Je devrais passer un appel à témoin – comme au « staff » de Banalblog, d’ailleurs -, ils étaient très respectueux, et vous citaient même pour avoir repris deux bouts de phrases sur un hommage consacré à Jacques François. Cette équipe m’a donc mis « le pied à l’encrier » pour reprendre une réplique de François Morel dans ses émissions de radio. Dominique Zardi m’avait contacté suite à l’hommage sur Henri Attal, c’était un personnage et l’un des comédiens que j’affectionnais. Secondscouteaux.com n’existant plus, et une autre expérience collective se montrant décevante, un ami me conseilla le support blog. Je ne voyais pas trop l’intérêt pour les autres, mais me souvenant du film de Jacques Besnard, « Ce n’est pas parce qu’on a rien à dire, qu’il faut fermer sa gueule ! » – désormais devise maison -, je tentais l’aventure. Pour la petite histoire, c’est un article pour lequel j’ai eu des spams, problème désormais récurrent sur cette base -. Décidemment Banalblog, a tout pour plaire, et même les spammeurs ont de l’esprit ! Le choix se portait sur le « coin », histoire de retrouver un petit endroit sur le web, et « cinéphage » (2), manière tout de même sarcastique de définir une pathologie assez avancée. Le support choisi était 20six.fr, ce qui s’avérera être une erreur, avec un historique de dysfonctionnement très important bien connu des internautes. Il a fallu retrouver un nouveau support donc Banalblog, gourrance, gourrance…

« On meurt le plus tard qu’on peut » chantait Sapho. Ce blog foutraque a fait une grande pause et elle sera définitive tout du moins avec le support actuel. On peut certes comprendre que l’hébergeur se sente responsable de l’application de la loi, mais il y a la manière. Il y a dans cette mésaventure un sérieux problème d’éthique et de communication, ce qui est assez peu compréhensible à l’époque de facebook, et des tweets même pas coupe-faim. Imaginons alors, que la grande faucheuse, dont il faut bien convenir que l’image n’est pas très positive, demande à Banalblog que l’on ne l’évoque plus, et qu’un petit robot chercheur supprime toutes les pages où il y a le mot « Mort », imaginez alors le préjudice supplémentaire de ce blog. Petit conseil amical pour ceux hébergés chez eux, sauvegardez vos archives, mais vous pouvez par contre continuer de citer les dépêches de « l’Agence Faut Payer » selon la formule de Charles Tatum, le test tendance chasse aux sorcières est abandonné. Les habituels sites nécrophages pourront toujours contrefaire ces dépêches, ils n’auront pas de problèmes non plus. Est-ce de la part de cet hébergeur un formatage de la pensée sournois – fait en juillet en douce, nettoyage à sec abandonné depuis -, ou simplement de l’incompétence technique, dans les deux cas de figure je vais voir ailleurs… Il faut garder à l’idée que le web est un monde très volatile. A trop vouloir référencer – pour rappel, on ne peut pas non plus citer un extrait – cela peut nuire, un comble quand beaucoup se servent du vivier internet, et s’arrogent le droit de piller des sources, du moment que c’est en ligne. Mais je pense qu’il faut aussi intégrer cette règle pour ne penser qu’au partage avec d’autres internautes passionnés. Je continue sur IMDB à rajouter des données et cogite pour trouver une troisième voix. Comme me disait l’ami Géry – merci pour son soutien – le support papier a encore de beaux jours devant lui… Pour preuve, le passionnant dictionnaire de Paul Vecchiali, tant attendu, l’indispensable « L’encinéclopédie » en deux volumes, sur les cinéastes français des années 1930 et leur œuvre, vient de paraître. On se délectera aussi du « Dictionnaire Eustache », paru sous la direction d’Antoine de Baecque. A signaler aussi la parution du premier volume de « Ceux de chez lui ou Le cinéma de Sacha Guitry » et ses interprètes, 4ème livre d’Armel de Lorme, voir « le bon de commande » qui continue son aide-mémoire. Pour rappel aussi le grand œuvre de Christophe Bier sort en Avril. Son « Dictionnaire des Films français érotiques & pornographiques en 16 et 35 mm » est désormais en souscription ici et est accompagné par la naissance d’un blog, très « Mauvais genre » pour saluer l’émission de François Angelier sur France Culture, Le blog de Monsieur Bier. J’espère sincèrement pouvoir annoncer prochainement « Le coin du cinéphage, le re-retour » pour paraphraser un excellent livre de Jean-Pierre Putters, car je tiens à garder le lien construit avec vous dans ce fatras work in progress qui est la caractéristique de ce blog. Une action est faite en ce sens, aussi certaines notes seront, pour un moment, indisponibles, le temps de trouver une solution de transfert. Je tenais à saluer tout ceux qui m’ont aidé et soutenu, en particulier pour la technique Antoine, Gilles et surtout l’ami Jean-Louis de Retour à Yuma pour sa persévérance et son dévouement. Je voudrais dédier ce blog à la mémoire d’Arlette et Michel Mege, couple de cinéphiles tragiquement disparus en septembre dernier et à Cécile, lumière de mes salles obscures ( Envoyez les violons !). To be continued… perharps…

(1) Allusion évidemment au chef d’œuvre de Lubitsch « To be or not to be ». J’avais pensé reprendre en titre « le coin du sarcophage », mais ça prête un tantinet à confusion…(2) Mot pourtant absent du réactif « Dictionnaire de la langue française’, Alain Rey.