Yvan Foucart nous fait l’amitié de nous montrer l’un des portraits inédits de son Dictionnaire des comédiens français disparus, qu’il en soit remercié.

HOMMAGE à YVES ARCANEL  par Yvan FOUCART

Fils d’un papa militaire et issu d’une fratrie de sept frères et sœurs, Yves effectue ses études au Prytanée national sarthois de La Flèche, puis poursuit sa scolarité chez les Jésuites à Sarlat.

Il s’engage volontaire en Indochine alors en guerre. Il y restera près de deux ans.

Nonobstant le sérieux de ces parcours, Yves est surtout attiré par le théâtre, celui des beaux textes, et ce n’est donc pas étonnant qu’il s’inscrive aux cours de  l’incontournable René Simon où il se fera un ami en la personne de Jean-Pierre Bernard, lui aussi fervent des planches. En 1956, Bernard  passé à la Guilde, une Compagnie « amateurs » fondée par Guy Retoré dans le dix-neuvième arrondissement, et le convainc de l’y rejoindre.  Yves ne se fait pas prier et participe à la distribution de « La vie et la mort du Roi Jean » de Shakespeare, pièce qui remportera le Prix des jeunes compagnies.

Cette Compagnie deviendra un peu plus tard le célèbre  T.E.P. (Théâtre de l’Est Parisien), toujours sous la direction intelligente de Guy Retoré.

Yves doit à la maman de son meilleur ami, une femme non dénuée d’esprit voire même très philosophe, d’adopter un pseudonyme plus « mélodieux ». C’est à ce moment que Arcanel éclot et débute simultanément à la radio, au théâtre et au cinéma.

Sur les ondes, oui, car sa voix est remarquablement radiophonique et qu’elle convient parfaitement aux belles lectures.

Il en va de même pour le théâtre, le vrai, celui qu’il apprécie et non l’autre à la connotation « boulevard ». Pas nécessairement limité aux classiques, mais à la diversité des rôles, aux textes forts qui réclament un travail d’exigence, l’essentiel étant d’être guidé par une motivation profonde et durable.

De ses débuts, il garde un souvenir inoubliable avec « Un otage » dû à l’auteur irlandais Brendan Behan que le Théâtre de France crée en février 1962 dans une mise en scène de Georges Wilson, lequel est aussi son partenaire, de même que Madeleine Renaud, Pierre Blanchar et une éblouissante Arletty qui, sans se forcer, plus que parfaite, s’empare du rôle de la tôlière.  A citer aussi « Le rhinocéros » d’Ionesco créée dans sa version française au même théâtre dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault (1960).

Comédien probe, intelligent, entier, il convient de citer sa participation à « La visite de la vieille dame » de Friedrich Dürrenmatt (Th. Marigny 1957); à « Ouragan sur le Caine » d’après le best seller d’Herman Wouk (Théâtre en rond, 1957) et pour une captation plus tard pour « Au théâtre, ce soir » de Pierre Sabbagh (1973) avec Jean Mercure et Raymond Loyer; avec la Compagnie Renaud-Barrault pour les grandes tournées internationales, notamment au Japon et en Amérique du Sud; « Le retour » de Pinter avec cette belle affiche comprenant Pierre Brasseur, Claude Rich et Emmanuelle Riva (Théâtre de Paris, 1966), « Incident à Vichy » d’Arthur Miller » (en tournée, 1972); de « Hamlet » de Shakespeare (Théâtre de France-Odéon, 1962) à « Richard II » autre tragédie historique du même auteur (Théâtre-Maison de la Culture de Caen). … un double bonheur puisqu’il marque aussi sa rencontre avec Christiane, qui deviendra son épouse.

Quant au cinéma, ce sont surtout des titres avec beaucoup de talents confirmés tels Jean Gabin, Lino Ventura, Bourvil, Louis de Funès, Bernard Blier… mais pour lui – hélas – des rôles obstinément secondaires. On le vit maintes fois en inspecteur de police, entre autre dans « Le grand restaurant » en adjoint du commissaire divisionnaire (Blier), qui poste émetteur à la main téléguide un de Funès désemparé porteur d’une rançon de 200 millions de francs !

Il fut également présent dans de nombreuses dramatiques, surtout à la grande époque des mythiques studios des Buttes Chaumont, notamment sous la direction d’Alain Boudet qu’il estimait beaucoup, entre autre pour « Le théâtre de la jeunesse » où il rejoignit  Christian Barbier en « Tarass Boulba » (1965). Mais il y eut aussi Stellio Lorenzi, Marcel Bluwal, Claude Barma, Claude Loursais. On l’apprécia auprès de  Marc Cassot dans « La complainte de Jérusalem » de Jean-Paul Carrère (1970); de Charles Vanel pour « Les Thibault » (1972); de Jacques Morel pour plusieurs « Julien Fontanes, magistrat » (1980-88)  et d’autant de « Cinq dernières minutes » (1970-86) version Jacques Debary.

Yves nous quitta au début du printemps 2009 vaincu par le cancer. Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris, tout proche de son domicile.

@   Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus) et nos remerciements à  Madame Christiane Arcanel pour son extrême gentillesse.

Filmographie : 1957  Le désert de Pigalle (Léo Joannon) – Le dos au mur (Edouard Molinaro) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve) – Le fauve est lâché (Maurice Labro) – Une balle dans le canon (Michel Deville et Charles Gérard) – 1959  La verte moisson (François Villiers) – 1960  Le président (Henri Verneuil) – 1961  Le puits aux trois vérités (François Villiers) – 1962  Ballade pour un voyou (Jean-Claude Bonnardot) – 1963  Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – Coplan prend des risques (Maurice Labro) – 1965  La grosse caisse (Alex Joffé) – Quand passent les faisans (Edouard Molinaro) – Un milliard dans un billard (Nicolas Gessner) – 1966  Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – Le grand restaurant (Jacques Besnard) – 1967   Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Sous le signe du taureau (Gilles Grangier) –  1970   Justine de Sade (Claude Pierson) – Le cercle rouge (Jean-Pierre Melville) – 1972   Le tueur (Denis de La Patellière) – 1976  Donnez-nous notre amour quotidien (Andrée Marchand [Claude Pierson]) – 1980  Ces malades qui nous gouvernent (documentaire de Claude Vajda, voix) –  Deprisa, deprisa / Vivre vite (Carlos Saura).

Télévision (notamment) : 1959  La cruche cassée (Bernard Hecht) – 1961 Un bon petit diable (Jean-Paul Carrère) – Le théâtre de la jeunesse : Doubrowsy (Alain Boudet) – 1962 Le plus grand théâtre du monde : Rien que la vérité (Claude Loursais) – Quatre-vingt treize (Alain Boudet) – 1963  Un bourgeois de Calais (Alain Boudet) – Le troisième concerto (Marcel Cravenne) – 1964  Bayard (Claude Pierson) – Le théâtre de la jeunesse : Méliès, magicien de Montreuil-sous-Bois (Jean-Christophe Averty) – 1965 Le théâtre de la jeunesse : Tarass Boulba (Alain Boudet) – Dom Juan ou Le festin de pierre (Marcel Bluwal) – 1966 La grande peur dans la montagne (Pierre Cardinal) – 1967   Souffle de minuit (André Fey) – 1968  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le chien jaune (Claude Barma) – 1969 Fortune (Henri Colpi) – S.O.S. fréquence 17 : M.O.C. ou objet volant non identifié (Jean Dréville) – 1970  Les cinq dernières minutes : Une balle de trop (Raymond Pontarlier) – La complainte de Jérusalem (Jean-Paul Carrère) – 1971  Mon seul amour (Robert Guez) – Un mystère par jour ou les dossiers du professeur Morgan : Meurtre à l’américaine (Guy Jorré) – 1972  Les Thibault (Alain Boudet) – 1973 La pomme oubliée (Jean-Paul Carrère) – Au bout du rouleau (Claude-Jean Bonnardot) – Au théâtre ce soir : Ouragan sur le Caine (Georges Folgoas) – 1974 Un mystère par jour ou les dossiers du professeur Morgan : Surpris par la mort (Jean-Paul Carrère) – La cité crucifiée (Jean-Paul Roux) – La mort d’un enfant (Jean-Louis Muller) – Donnez-nous notre amour quotidien / La déchirure – 1975  L’attentat de Damiens (Pierre Cavassilas) – Marie-Antoinette (Guy-André Lefranc) – 1976  Messieurs les jurés : L’affaire Jasseron (André Michel) – Ozraceni (Gérard Poteau) – 1977  Cinéma 16 : La fortunette (Pierre Cavassilas) – 1978  La corde au cou (Marcel Moussy) – La filière (Guy-André Lefranc) – Amours sous la révolution : André Chénier (Jean-Paul Carrère) – 1979  Azouk (Jean-Christophe Averty) – 1980  La vie des autres : Le scandale (Jean-Pierre Desagnat) – Messieurs les jurés : L’affaire Vico (Jean-Marie Coldefy) – Les dossiers éclatés : Le querellé ou la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet) – 1984  L’inspecteur mène l’enquête : Sans issue (Luc Godevais et Jean-Paul Roux) – 1981  L’ange noir (Roland-Bernard) – Ubu cocu ou l’archéoptéryx (Jean-Christophe Averty) – Les amours des années grises : Joli cœur (Gérard Espinasse) – 1982 Les amours des années grises : Histoire d’un bonheur (Marion Sarraut) – 1983  La princesse insensible (Michel Ocelot) – 1984  Julien Fontanes, magistrat : La pêche au vif (Guy-André Lefranc) – 1986  Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Les cinq dernières minutes : La peau du rôle (Guy Jorré) – Le chevalier de Pardaillan (Josée Dayan) – 1989  Julien Fontanes, magistrat : Les portes s’ouvrent (Guy-André Lefranc).