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Fragment d’un dictionnaire amoureux : Ingmar Bergman

 

On reprend… désolé mais je vais continuer à vous embêter un peu plus souvent…

 

Annonce de la mort d’Ingmar Bergman en juillet dernier. Le cinéaste a marqué durablement l’histoire du cinéma, influençant par son souffle de liberté la « Nouvelle vague », à l’instar de l’image du jeune Antoine Doinel volant les photos sensuelles d’Harriet Andersson tirées du photogramme de « Monika ». Il a influencé un grand nombre des ses confrères… Citons l’exemple de Woody Allen qui avait parodié « Persona » dans « Guerre et amour », cité par la présence d’une affiche de « Face à face » dans le hall d’un cinéma dans « Annie Hall », avant de faire un film « à la manière de… » bergmanienne avec « Intérieurs » en 1978. La représentation de « L’angst » de Bergman, les tourments existentiels de l’homme de la difficulté de vivre en couple toucheront aux grandes interrogations de chacun d’entre nous et fera de son œuvre l’une des plus prodigieuse du 7ème art. il est finalement assez vain de vouloir d’évoquer ici la richesse de ses films. De la difficulté de parler de films quand ils vous touchent vraiment… Il naît le 14 juillet 1918 à Uppsala, une ville universitaire. Il racontera dans son superbe livre « Lanterna magica », sa jeunesse rigoriste, quand il accompagnait son père un pasteur luthérien dans ses tournées sacerdotales. Il s’éloigne de sa famille pour suivre des cours à l’université et se consacre à des mises en scènes de théâtre amateur. Il crée en 1942 sa première pièce comme auteur pour « Le théâtre des étudiants », « La mort de Gaspard ». La neutralité de la Suède durant la seconde guerre mondiale, face aux atrocités de la guerre, oblige les intellectuels de Stockolm à se réunir dans un des quartiers de Stockolm, Gamla Stan, créant un courant de pensée qui influencera Bergman. En 1944, il devient metteur en scène de théâtre professionnel. Carl-Anders Dymling administrateur de la « Svenk Filmindustri », lui fait écrire son premier scénario « Tourments » que réalisera Alf Sjoberg. Il débute comme réalisateur à 27 ans, en 1945 avec ‘Crise’. Il trouve très vite un rythme de créateur soutenu en faisant des mises en scène de théâtre l’hiver, et en réalisant des films l’été. Influencé par les films muets et le cinéma français de Julien Duvivier et Marcel Carné – ‘Il pleut sur notre amour’ -, il trouve cependant très vite son style, malgré quelques critiques assez négatives à ses débuts.  Il connaît une vie privée assez compliquée, il fut l’époux de la danseuse Elsie Fisher en 1940, de l’animatrice de théâtre Ellen Bergman, de la journaliste Gun Grut, de la pianiste Kabi Lareteï, l’une de ses muses l’actrice norvégienne Liv Ullmann, interprétant souvent des personnages tourmentés et la pianiste Ingrid von Rosen en 1971. Nombre de ses comédiennes connurent grâce à lui une réputation internationale, certaines comme Gunnel Lindblom et Liv Ullman se lanceront dans la réalisation. D’Harriet Anderson, éblouissante de sensualité, d’Ingrid Thulin sa « porte-parole », de Bibi Andersson personnifiant souvent la révolte. L’amour des femmes, pour compenser dit-on un peu vite le souvenir d’une mère trop aimante. Le sublime « Persona » fut même inspiré au réalisateur alors hospitalisé par deux photos de Bibi Andersson et Liv Ullmann. Ses acteurs connaissent également la célébrité, du réalisateur du muet Victor Sjöström, Max Von Sydow, Gunnar Bjrörnstrand ou Erland Josephson. Son cinéma s’attarde à discerner ce qui se cache derrière le masque protecteur de l’être humain, tout en mettant en valeur la sensualité de ses actrices. De manière clinique, il nous aide à vivre en analysants nos états d’âmes. Son œuvre est d’une richesse inouïe passant des comédies comme « Sourires d’une nuit d’été » – à redécouvrir l’amusant « L’œil du diable » avec un étonnant Jarl Kulle en Don Juan -, lui apportant une consécration internationale, à « Monika » distribué en catimini dès 1954 dans un circuit de production érotiques ! La nouvelle vague dont Jean-Luc Godard, le salue dès 1958. Ses œuvres connaissent une mode en France, sortant dans le désordre de « La nuit des forains », au « Septième sceau » qui connaît très vite un statut de chef-d’œuvre. La cinémathèque française lui consacre une rétrospective en 1958 également. Il rencontre le chef opérateur Sven Nykvist avec « La nuit des forains », qui contribué à la richesse de son cinéma. Les interrogations métaphysiques sont le dénominateur de bien de ses films avec « Les fraises sauvages », avant de passer à « un cinéma de chambre », avec les deux trilogies « A travers le miroir » / « Les communiants » / « Le silence » et « Persona » / « L’heure du loup » / « La honte ». Des œuvres grandioses, qui ne l’empêchent pas d’exceller dans l’illustration de « La flûte enchantée », opéra de Mozart.

 

 

En 1976, en raison de problèmes avec le fisc suédois, il s’exile à Munich, malgré son refus de faire des films hors de la Suède. Le projets abondent, il envisage un temps l’adaptation du roman de Louis Pauwels « L’amour monstre », histoire de travailler avec Jeanne Moreau qui lui avait écrit une lettre manifestant son enthousiasme pour son œuvre. Il signe des mises en scènes de théâtre à Munich, et tourne même « L’œuf du serpent » une commande de Dino de Laurentis, influencée par l’expressionnisme allemand, avec David Carradine. Il annonce faire ses adieux au cinéma avec sa saga familliale « Fanny et Alexandre ». Il reste cependant très actif, comme écrivain (« Lanterna magica », « Images »), scénariste (« Les meilleures intentions », « Infidèle » inspiré de sa vie privée et signé par Liv Ullmann. Et à l’instar d’un Roberto Rosselini, il tourne pour la télévision, histoire d’expérimenter un nouveau média comme il avait fait avec « Le rite », notamment avec la grande réussite « Sarabande », (2003), suite des « Scènes de la vie conjugale » à apprécier en DVD dans sa version intégrale TV  chez MK2.  Ironie du sort pour celui qui ne reçu jamais une palme d’or au festival de Cannes, pour l’un des ses films. Il avait cependant le prix du 50ème anniversaire en 1997 – on crée pour lui en 1956 le prix de l’humour poétique pour « Sourires d’une nuit d’été ». C’est à Fårö, petite île de la Baltique qu’il rendit célèbre avec son œuvre et qui fut son refuge qu’il décède le 29 juillet 2007 à 89 ans.Un distributeur a édité 3 coffrets de son œuvre en DVD, le premier comprend « Le septième sceau » – « Sourires d’une nuit d’été » – « Les communiants » – « L’oeil du diable » – « Ville portuaire » – « Le silence » – « Tourments » – « Sensualité » –écrit par Bergman, mais réalisé par Gustav Molander – « Vers la joie » – « La source » , le second « Cris et chuchotements » – « L’attente des femmes » – « Une leçon d’amour » – « Les fraises sauvages » – « La fontaine d’Arethuse » – « L’heure du loup » – « Le visage » – La honte », et le troisième « Scènes de la vie conjugale » – « La nuit des forains » – « Rêves de femme » – « Après la répétition » – « Le rite » – « Monica » – « Jeux d’été » – « Persona « . On peut donc profiter de la majorité de ses œuvres opportunément remises sur le marché, et vérifier que la réputation d’hermétisme du cinéaste est loin d’être fondée. Pour appréhender son œuvre, on pourra conseiller deux livres hélas épuisés, « Ingmar Berman par Jorn Donner » (Cinéma d’aujourd’hui, Seghers, 1970), « Ingmar Bergman, filmo 5 » (Édilig, 1983), L’excellent double numéro de la revue Positif N°497/498 de juillet 2002 , ou encore « Ingmar Bergman, mes films sont l’explication de mes images » par Jacques Aumont (Cahiers du cinéma, auteurs, 2003). A consulter l’excellente analyse de son oeuvre sur le site du ciné-club de Caen et un site suédois très riche « Ingmar Bergman face to face » qui propose des textes en anglais.

 

 

 

 

 

DA

Filmographie : Réalisateur-scénariste : 1945  Kris (Crise) – 1946 Det regnar på vår kärlek (Il pleut sur notre amour) – Skepp till India land (L’éternel mirage / Le port des filles, + cameo) – 1947   Musik i Mörker (Musique dans la nuit) – 1948  Hamnstad (Ville portuaire) – Ffängelse (La prison) – 1949  Törst (La fontaine d’Arethuse / La soif) – Till glädge (Vers la joie) (+ cameo) – 1950  Sånt händer inte här (Une telle chose ne se produirait pas ici) – Sommarlek (Jeux d’été) – 1951  Kvinnors väntan (L’attente des femmes, + cameo) – 1952  Sommaren med Monika (Monika / Un été avec Monika) –  1953  Gycklarnas afton (La nuit des forains) – 1954  En lektion i kärlek (Une leçon d’amour) – 1955  Kvinnodröm (Rêves de femmes) – Sommarnattens leende (Sourires d’une nuit d’été) (+ lyriques) – 1956  Det sjunde inseglet (Le septième sceau)  (+ lyriques) – 1957  Herr Sleeman kommer – Smultronstället (Les fraises sauvages) – Nnära livet (Au seuil de la vie) (+ conseiller technique) – 1958  Ansikte (Le visage) – Venetianskan (TV) – Rabies (TV) – 1959  Jungfrukällan (La source) (+ production) – Oväde (TV) – 1960  Djävulens öga (L’oeil du diable) – 1961  Såsom i en spegel (À travers le miroir) – 1962  Nattvardsgästerna (Les communiants) – Ett drömspel (TV) – 1963  Tystnaden (Le silence) – För att inte tala om alla dessa kvinnor (Toutes les femmes) – 1965  Stimulantia [[épisode « Daniel »]] (+ directeur de la photographie]] – Persona (Id) (+ production) – Don Juan (TV) – 1966  Vargtimmen (L’heure du loup) –  1968  Skammen (La honte) – Rriten (Le rite) (TV) (+ cameo) – 1969  En passion (Une passion) (+ voix du récitant) –  Fårödokument 1969 (documentaire) – 1971  The touch / Beröringen (Le lien) (+ production) – 1972  Viskningar och rop (Cris et chuchotements) – 1973  Scener ur ett äktenskap (Scènes de la vie conjugale) – Misantropen (Le misanthrope) (TV) – Trollflöjten (La flûte enchantée) (TV, diffusé en salles) – Il ballo (CM) –  1976  Ansikte mot ansikte (Face à face) – The serpent’s egg / Das schlangenei (L’œuf du serpent) – 1978 Höstsonaten / Autumn sonata (Sonate d’automne) – 1979 Fårö-dokument 1979 – 1980  Aus dem leben der marionetten (De la vie des marionnettes) (+ production) – 1982  Fanny och Alexander (Fanny et Alexandre) (+ version TV) – 1983  Eifter repetitionen (Après la répétition) –  Hustruskolan  (TV) – 1984  Karin ansikte (Le visage de Karin) (CM) –  1985  Fanny och Alexander (documentaire) –  1986   De två saliga (TV) – 1991  Markisinnan de Sade (TV) – 1993  Backanterna (TV) – 1995  Sista skriket (TV) – 1997  Larmar och gör sig till (En présence d’un clown) (+ cameo)  – 2000  Bildmakarna (TV) – 2002  Saraband (Sarabande) (TV).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

 

MORT DE JOSÉ-LUIS DE VILLALONGA

José Luis de Villalonga en 2006

Annonce de la mort de José Luis de Villalonga, le 30 août dernier.

Filmographie : 1958  Les amants (Louis Malle) – 1960  L’ennemi dans l’ombre (Charles Gérard) – Vive Henri IV… vive l’amour ! (Claude Autant-Lara) – Les mauvais coups (François Leterrier) – Breakfast at Tiffany’s  (Diamant sur canapé) (Blake Edwards) – 1961  Les parisiennes [épisode : « Sophie » (Marc Allégret) – L’affaire Nina B. (Robert Siodmak) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – 1962  La loi des hommes (Charles Gérard) – Les bonnes causes (Christian-Jaque) Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil) – 1963  Behold a pale horse (Et vint le jour de la vengeance) (Fred Zinnemann) – 1964  Le corniaud (Gérard Oury) – Il magnifico cornuto (Le cocu magnifique) (Antonio Pietrangeli) – I tre volti [épisode « Gli amanti celebri »] (Mauro Bolognini) – Darling (Id) (John Schlesinger) – Giulietta degli spiriti (Juliette des esprits) (Federico Fellini) – 1965  Una vergine per il principe (Une vierge pour le prince) (Pasquale Festa Campanile) – Tecnica di un omicidio (Technique d’un meurtre) (Frank Shannon   [Franco Prosperi] – 1966 L’homme qui trahit la mafia (Charles Gérard) – 1970  Mir hat es immer spaβ gemacht (Will Tremper) – Sapho ou la fureur d’ aimer (Georges Farrel) – 1971  Le casse (Henri Verneuil) – Le viager (Pierre Tchernia) – 1972  Les anges (Jean Desvilles) – 1974  Trop c’est trop (Didier Kaminka) – 1975  Le bon et les méchants (Claude Lelouch) – 1976  Chi dice donna, dice donna [épisode : «Donne d’ affari »] (Tonino Cervi) – 1977  La vieja memoria (Jaime Camino) – 1979  Voltati Eugenio (Eugenio) (Luigi Comencini) (+ version TV) – 1980   Une femme au bout de la nuit (Daniel Treda) – C’ era una volta la legge (Moto massacre) (Stelvio Massi) – Patrizia (Patricia, un voyage pour l’amour) (Hubert Frank) – Dos y dos, cinco (Lluis Josep Comerón) – Patrimonio nacional (Luis Garcia Berlanga) – 1981  Scarab / Escarabajos asesinos (Steven-Charles Jaffe) – National III (Luis Garcia Berlanga) – Femmes (Tana Kaleya & Deva Tanmayo) – 1984  Poppers (Vidéo : S.A.D.E.) (José Maria Castellvi) – 1985  Tex Willer e il signore degli abissi (Tex et le seigneur des abysses) de Duccio Tessari) – 1988  La diputada (Javier Aguirre) – 1989  Blood and Sand / Sangre y arena (L’indomptée / Du sang dans l’arène) (Javier Elorrieta) – 1991  El largo invierno / El llarg hivern (Jaime Camino). Télévision (notamment) : 1962  L’aigle à deux têtes (Philippe Ducrest) – 1963  Premier amour (Jean Prat) – 1966  Plainte contre X (Philippe Ducrest) – 1967  Le chevalier tempête (Yannick Andréi) – 1968  Le corso des tireurs (Philippe Ducrest) – 1970  Reportage sur un squelette ou masques et bergamasques (Michel Mitrani) – 1973  La duchesse d’Avila (Philippe Ducrest) – 1992  Fantômes en héritage (Juan Luis Buñuel) – 1997  Hostal Royal Manzaranes (plusieurs épisodes).

ARTICLE /

MADRID (AP) – L’écrivain et acteur espagnol José Luis de Vilallonga, qui avait notamment partagé l’affiche avec Audrey Hepburn dans « Diamants sur canapé », est décédé jeudi à son domicile sur l’île de Majorque. Il avait 87 ans. Personnalité haute en couleurs de l’aristocratie espagnole, Vilallonga avait travaillé comme journaliste pour l’agence de presse espagnole EFE ainsi que pour les magazines Paris Match, Marie-Claire et Vogue. Il était l’auteur d’une biographie officielle du roi Juan Carlos publié en 1993. Dans « Diamants sur canapé » (« Breakfast at Tiffany’s ») de Blake Edwards (1991), il interprétait le rôle de José da Silva Pereira, le milliardaire brésilien que prévoit épouser l’excentrique Holly Golightly, jouée par Audrey Hepburn. Marquis de Castellbell et Grand d’Espagne, il avait également tourné dans « Juliette des esprits » (1965) de Federico Fellini ou encore « Les Amants » (1958) de Louis Malle. Sa mort a été annoncée par les autorités de l’île de Majorque. Vilallonga s’était marié à trois reprises: il avait épousé l’aristocrate britannique Priscilla Scott-Ellis (1945-1972), Syliane Stella Morell (1974-1995) et en 1999 la journaliste Begona Aranguren. Il laisse derrière lui deux enfants nés de son premier mariage, John et Carmen, ainsi qu’un fils adopté, Fabricio. Le roi Juan Carlos a fait part de sa tristesse à l’annonce de son décès.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Michel Serrault

Dans « Le bénévole »

Annonce de la mort de Michel Serrault, le 29 juillet dernier. L’équipe des « Gens du cinéma » nous précise qu’il est mort à Vasouy, dans le « Calvados », d’une polychondrite atrophiante, une maladie rare, qui expliquait le nez cassé du comédien ces dernières années. Ce grand comédien, avait une gamme de jeu particulièrement impressionnante. Aussi bien à l’aise dans la comédie – il adulait les clowns de Grock aux Fratellini – que dans l’ambivalence, Michel Audiard aimait à dire de lui : « Serrault, quand il vous regarde, on ne sait jamais s’il fixe un bouton sur le nez ou s’il va froidement vous tirer une balle dans la tête ». (1) C’était un comédien soucieux de son travail, avec une forte personnalité à l’instar de l’anecdote de sa manière de faire craquer les coutures, d’un costume trop serré sur les essayages de film de Claude Sautet, « Nelly et Monsieur Arnaud ». Il témoignait sur son travail ainsi : « …Quand un metteur en scène veut me rencontrer, je lui demande d’abord pourquoi venez-vous me chercher ? N’y a-t-il pas quelqu’un à Paris de plus qualifié que moi pour jouer ce rôle ? Il a quelqu’un qui est bien, l’avez-vous vu dans… ? En général cela agace. Si on me dit « Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout », je réponds : « Alors vous n’avez pas besoin de moi ». Je ne veux pas être coauteur, mais je veux avoir le droit en tant qu’acteur de mettre simplement une petite couche de couleur… » (2). Son caractère était réputé difficile de par sa grande exigence : « …Mais j’ai des problèmes quand je rencontre des metteurs en scènes qui n’ont aucun univers. Parce que je ne sais pas où je mets le pied. Et le spectateur non plus ne saura pas où il les met ». (2) Il rentre à 16 ans au centre du spectacle, rue blanche à Paris. Il est refusé au conservatoire. Il reste trois ans à la rue blanche au « Théâtre de la comédie française ». Il fait une rencontre prépondérante avec le comédien Jean Le Goff – il saluait avec ferveur sa mémoire dans le documentaire « Michel Serrault, le portrait », diffusé cette année -, qui détecte ses qualités de comédiens et lui fait profiter de sa culture. En 1946, il fait connaissance de son presque homonyme Jean-Marie Serreau, comédien et directeur de troupe avec lequel il fait sa première tournée en Allemagne. Il continue à participer à des spectacles dans le cadre de son service militaire à Dijon dans l’aviation. A son retour il participe au second spectacle de Robert Dhéry, il fera d’ailleurs avec la troupe des Branquignols, son premier film en 1954 « Ah ! les belles bacchantes », dans un petit rôle de trompettiste – l’une de ses grandes passions – ,… film interdit au moins de 16 ans en raison de la présence de quelques danseuses légères. Il retrouvera Dhéry en 1961, en clochard loufoque dans « La belle américaine ». Il commence des numéros dans des cafés-théâtres comme « La tomate » dont les directeurs étaient Robert Rocca et Jacques Grello, lieu où Henri-Georges Clouzot le remarque et lui confie le rôle d’un pion pas très sympathique dans « Les diaboliques ». C’est en 1952, qu’il fait une rencontre décisive avec Jean Poiret, le 11 janvier 1953, ce duo comique débute dans le cabaret « Chez Gilles » avec le sketche culte « Le retour de Jerry Scott ». Cet humour nonsensique fait très vite merveille, le cinéma se les arrache, il faut les voir en duo de policiers plus prompt à s’échanger des adresses de restaurant que de résoudre une enquête sur un trafiquant de drogue dans « Cette sacrée gamine » (1956), par exemple. Consécration Sacha Guitry les remarque à la télévision dans « 36 chandelles » et décide de confier à ces débutants des rôles prévus pour Guitry lui même et Michel Simon, avec le très acerbe « Assassins et voleurs » (1956). Ils sont formidables dans ces personnages amoraux. En 1958 il épouse Junita Saint-Peyron, dite Nita, qui fut parfois sa partenaire. Le couple aura deux filles, Caroline, qui mourra tragiquement en 1977, à l’âge de 19 ans dans un accident de voiture et Nathalie, comédienne et réalisatrice de courts-métrages – « Faciles » (1998), « Saturday night frayeur » (2002) -. Il transcende très vite au cinéma son emploi de français moyen. Il participe à une belle série de « nanars », il disait en parlant de ces films, qu’il faisait alors ces gammes : « …Certains de mes films n’ont jamais vu le jour. « Le petit monstre » de Jean-Paul Sassy par exemple, produit par un marchand de bretelles, est sans doute resté dans les tiroirs de sa boutique… » (1) Mais ces comédies restent absolument réjouissantes, voire jubilatoires, de par la complicité visible des comédiens formés à la dure école du cabaret, avec des complices, comme Darry Cowl, Francis Blanche ou Louis de Funès – il faut le voir franchouilliser à outrance avec ce dernier dans « Nous irons à Deauville » – . En 1963, il trouve l’un de ses meilleurs rôles d’alors avec « Carambolages » où il composait un jubilatoire policier borné nostalgique de la gestapo. Le dialogue est signé Michel Audiard, et il reste l’un de ses interprètes les plus admirables, cette rencontre augurera quelques un de ses beaux rôles dans les années 80, « …il m’avait aimé dès le début pour ce que j’allais devenir » (3). En 1966, il excelle en policier malgré lui dans l’un des plus grands films de Jean-Pierre Mocky, « Les compagnons de la marguerite » (4). Mocky trouve en lui un de ses plus grands interprètes lui confiant des rôles inquiétants, le député « respectable » dont l’image est ternie par les frasques de son frère dans « Un linceul n’a pas de poche » (1974), l’assassin tourmenté dans « L’ibis rouge » (1975), un entrepreneur véreux dans « Le roi des bricoleurs » (1976), l’insupportable supporter vindicatif dans « A mort l’arbitre » (1983), l’enquêteur muet des assurances dans « Le miraculé » (1986), où il retrouve son compère Jean Poire. Serrault suit Mocky dans sa folie, ne résistant pas à se transformer, à aller très loin dans l’absurde. Il lui restera fidèle du maire manipulateur au physique de gargouille dans « Ville à vendre » (1991), du pique-assiette déguisé en écossais dans « Bonsoir » (1992), le mafioso toqué dans « Le furet » (2002), au commissaire ambigu dans « Grabuge ! », jusqu’à « Le bénévole » en 2005. Les premiers rôles dramatiques arrivent dans les années 70, comme celui du maître chanteur pince sans rire dans « La main à couper » où il terrorise avec cynisme Léa Massari, il montre à nouveau la subtilité de son jeu. Pierre Tchernia son ami de toujours lui offre l’occasion d’exprimer son génie avec son increvable « Viager » en 1971, où il excelle dans la composition, d’un homme trouvant le goût à la vie en passant de 60 ans à 100 ans. Il faut aussi citer l’excellent « La gueule de l’autre » (1979) – adaptation de la pièce « Opération Lagrelèche », l’une des création du comédien, où il retrouve Jean Poiret, et où il est formidable dans un double rôle. On le retrouve en employé timoré d’une entreprise de sécurité dans « Bonjour l’angoisse » (1987). Pour la télévision Tchernia, lui propose quelques excellentes adaptations de l’œuvre de Marcel Aymé. En 1972, il intègre le bestiaire de Jean Yanne cinéaste, pour une joyeuse galerie de français moyens, qui vont parfois jusqu’à la traitrise comme dans « Tout le monde il est beau… ». En 1973 il crée avec Jean Poiret, la célèbre pièce « La cage aux folles », qui malgré quelques polémiques au départ, connaît un énorme succès. Curieusement, il n’existe que quelques extraits filmés, on peut déplorer qu’il n’existe pas une captation de cette pièce. Il rencontre enfin un metteur en scène conforme à la singularité de ses interprétations avec Bertrand Blier, avec l’archétypal voisin encombrant dans « Préparez vos mouchoirs » (1977). Il est remarquable dans la scène d’introduction de « Buffet froid » (1979) en quidam assassiné – il faut l’entendre comparer mourir… à un robinet qui se vide. Sa courte prestation non créditée instille un climat unique au reste du film, montrant tout le désarroi du monde en très peu de scènes. Il ne retrouvera Blier qu’en 1999 , avec « Les acteurs », à noter que le cinéaste le « soigne » particulièrement en soulignant sa mauvaise humeur permanente qu’il oppose avec le bon caractère de Jean-Paul Belmondo, ou ses habitudes à vouloir toujours rester au devant de la scène (5). Le comédien se prête allégrement à ce réjouissant jeu de massacre.

Dans « Le naïf aux 40 enfants »

Ce n’est qu’en 1978, qu’un film est adapté de « La cage aux folles », réalisé avec brio par Édouard Molinaro, Ugo Tognazzi – qui refusa de jouer en français -, remplaçant Jean Poiret en raison d’une co-production avec l’Italie. Le film connaît deux suites, Serrault montrera derrière la loufoquerie de son personnage, une grande humanité et une grande sensibilité, il recevra d’ailleurs le César du meilleur acteur, ce qui est assez rare pour un rôle dit comique. Il gagne en Italie le David Donatello 1979, du meilleur acteur. Fort du succès de « La cage aux folles », il y tourne « Le coucou », avec Tomas Milian, où il joue le rôle d’un coiffeur hétérosexuel obligé de jouer les « Zaza Napoli » pour fidéliser la clientèle. Au début des années 80, Federico Fellini l’envisage pour tourner dans « E la nave va », rôle tenu finalement par Freddie Jones. Toujours en Italie, il tournera un Risi mineur « Dagobert » (1984) – à noter que ce grand croyant s’amuse, à l’instar du film « Le libertin » (1999), avec les travers de la religion -., et avec Luigi Comencini avec « Joyeux Noël, bonne année » (1989), qui le couple avec Virna Lisi. En 1978 il fait une rencontre déterminante avec Christian de Chalonge qui lui donnera un étonnant contre-emploi en austère directeur d’une banque dans « L’argent des autres » (1978). Pour ce réalisateur, il sera le commanditaire trouble de Jacques Perrin dans « Les quarantièmes rugissants » (1981) , il composera un inquiétant docteur Petiot, tout en rajoutant une dose assez inédite de farce et de fantastique dans l’un de ses meilleurs rôles dans le film éponyme (1990), en 1996, il reprendra le rôle de Sacha Guitry pour « Le comédien » (1996), film osant aller jusqu’à un côté expérimental, et en début d’année il fut un admirable Harpagon dans « L’avare » pour France 3, téléfilm qui ne fut pourtant que quatrième des audiences – allez vous plaindre que la qualité déserte le service public après ça… Avec « L’associé » (1979) , il trouve l’un de ses meilleurs rôles, malgré la fade réalisation de René Gainville, avec le rôle d’un homme s’inventant un associé, seul moyen pour lui de faire valoir son sens des affaires. Claude Chabrol l’emploie en chapelier fou dans « Les fantômes du chapelier » (1982), le laissant aller dans l’outrance pour l’une des meilleurs adaptations de l’œuvre de Simenon. Il y est extraordinaire face à Charles Aznavour composant un tailleur le suivant comme son ombre. Il ne retrouvera Chabrol que pour « Rien ne va plus » (1997) où il compose avec Isabelle Huppert un croquignolet couple d’escrocs prêts à toutes les extravagances. Claude Miller, le pousse à aller dans l’opacité de l’âme humaine avec « Garde à vue » (1981) en le faisant incarner un notaire se qualifiant de médiocre soupçonné de meurtre et de pédophilie  et en détective poursuivant le fantôme de sa fille dans « Mortelle randonnée » (1982). Ces films bénéficient du brio de des dialogues  « dernière manière » de Michel Audiard, qui retrouve en Serrault un formidable interprète avec « On ne meurt que deux fois » de Jacques Deray, une des meilleures composition de l’acteur en policier désabusé. Le comédien continue à varier les univers en passant de l’austère M. Arnaud dans « Nelly et Monsieur Arnaud » – le mimétisme avec son réalisateur Claude Sautet est absolument remarquable -, ex homme de loi et affairiste louche, au picaresque film « Le bonheur est dans le pré » en père de famille ballotté par les événements et phagocyté par un copain encombrant joué par Eddy Mitchell. On pouvait espérer avec sa composition de peintre dans « Artemésia » pour Agnès Merlet, qu’il participe à des œuvres de jeunes metteurs en scènes. Il le fit finalement assez peu, même si sa prestation de tueur froid dans le très bon « Assassin(s) » de Mathieu Kassovitz, le fait participer à un de ses meilleurs films. Il le défendit d’ailleurs avec énergie contre quelques polémiques à Cannes, comme une proposition. Si on le cantonne assez souvent dans des rôles de grands-pères grognons ces dernières années, lui qui fut un formidable Paul Léautaud dans « Comédie d’amour » (1989). Il excelle toujours pourtant, en paysan désabusé face à Mathilde Seigner, dans « Une hirondelle fait le printemps », en paisible retraité paisible dont la morne vie bascule avec l’arrivée d’une petite fille dans « Le papillon », le villageois ardennais qui refuse de fuir l’invasion allemande dans « Les enfants du pays », et qui ne sait que faire de l’arrivée de tirailleurs africains, ou le docteur résistant « père tranquille » dans « Monsieur Léon » téléfilm diffusé sur TF1. Il est particulièrement remarquable dans le mésestimé « Mode de Marty » (1999), en grand malade claquemuré dans le silence, il arrive avec ce rôle muet – il ne s’exprime qu’en voix off – et quasi paralysé à incarner la détresse d’un homme en fin de vie. Dans un « coeur oublié », il incarne à la télévision un brillant Fontenelle (1965-1757), écrivain doté d’un brillant esprit découvrant l’amour sur le tard. En définitive il faudrait commenter toute sa filmographie, car il ajoute toujours à la moindre de ses compositions, un talent jamais dementi.


Pour finir par une touche plus personnelle, je garderai un excellent souvenir de sa venue à Bordeaux lors de l’avant-première du film de Christian Carion, « Le bonheur est dans le pré ». Il avait fait un numéro remarquable sur la scène – quelques esprits chagrins trouvaient qu’il en faisait trop -. J’ai eu la chance d’avoir un début très plaisant de conversation avec lui, il était très accessible, avant de me faire neutraliser avec la dernière énergie avec une virago bordelaise qui souhaitait l’entretenir également en s’improvisant véhicule d’auto-tamponneuse. Le comédien m’avait fait l’impression de tenir à son public.

Nota : (1)     « Michel Serrault par Jean-Jacques Jelot-Blanc », collection « Têtes d’affiches » (Éditions Pac, 1985). (2)     « Sautet par Sautet », de N.T. Bihn & Dominique Rabourdin (Éditions La Martinière, 2005). (3)     « Positif N°358 », décembre 1990. (4) La première rencontre avec Jean-Pierre Mocky, semble bien dater de 1966, et non de 1962 avec « Les vierges » – j’avais retiré ce titre en complétant sa filmographie sur sa fiche « Wikipédia », un internaute l’a rajouté en évoquant la page 178 de son livre « Vous avez dit Serrault ? », où le comédien raconte qu’il avait accepté de faire de la figuration en accompagnant Jean Poiret. Si Jean-Jacques Jelot-Blanc parle bien, dans son livre de 1985, de la participation de Michel Serrault en tant que figurant dans ce film, il précise pourtant que l’intéressé n’en gardait aucun souvenir. On ne le retrouve d’ailleurs ni  dans la version câblée et ni dans celle du DVD désormais disponible chez « Pathé ». (5) Le comédien aimait à occuper l’écran, à l’instar de l’anecdote racontée par Féodor Atkine dans le bonus du DVD de « Ville à vendre » de Mocky. En dehors de toutes les règles que peuvent imposer une script, Serrault réussissait à tourner autour de l’axe de la caméra. Il arrivait de la sorte, à se retrouver à la fois dans le champ et dans le contrechamp !

Filmographie : 1954   Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac) – Les diaboliques (Henri-Georges Clouzot) – 1955  Cette sacrée gamine (Michel Boisrond) – 1956  La vie est belle (Roger Pierre & Jean-Marc Thibault) – La terreur des dames (Jean Boyer) – Assassins et voleurs (Sacha Guitry) – Adorables démons (Maurice Cloche) – 1957  Le naïf aux quarantes enfants (Philippe Agostini) – 1957  Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) –  Ça aussi c’est Paris (Maurice Cloche, CM) – Clara et les méchants (Raoul André) – 1958  Porte océane (Ado Kyrou, CM) – Nina (Jean Boyer) – Oh ! Qué mambo (John Berry) – Musée Grévin (Jacques Demy, CM) – Messieurs les ronds de cuir (Henri Diamant-Berger) – 1959  Vous n’avez rien à déclarer ? (Clément Duhour) – 1960  La Française et l’amour [épisode : « Le divorce »] (Christian-Jaque) – Candide ou l’optimisme du XXème siècle (Norbert Carbonnaux) – Ma femme est une panthère (Raymond Bailly) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry & Pierre Tchernia) – La gamberge (Norbert Carbonnaux) – 1962  Le repos du guerrier (Roger Vadim) – Nous irons à Deauville (Francis Rigaud) – Les quatre vérités [épisode « Le corbeau et le renard »] (Hervé Bromberger) – Un clair de lune à Maubeauge (Jean Chérasse) – Clémentine chérie (Pierre Chevalier) – Comment réussir en amour (Michel Boisrond) – 1963  L’inconnue dans la cité (Claude Guillemot, CM) – Carambolages (Marcel Bluwal) – Comment trouvez-vous ma sœur ? (Michel Bosirond) – Bébert et l’omnibus (Yves Robert) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – Les durs à cuire ou comment supprimer son prochain sans perdre l’appétit (Jack Pinoteau) – 1964  La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl & Maurice Delbez) – Le petit monstre (Jean-Paul Sassy & Georges Mathiot, inédit) – La bonne occase (Michel Drach) – Moi et les hommes de quarante ans (Jacques Poitrenaud) – Les combinards (Jean-Claude Roy) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – 1965  La tête du client (Jack Poitreaud) – Le lit à deux places [épisode « Le monsieur de passage »] (François Dupont-Midy) – Le caïd de Champignol (Jean Bastia) – Quand passent les faisans (Édouard Molinaro) – Bon week-end / Les enquiquineurs (Roland Quignon) – Les baratineurs (Francis Rigaud) – 1966  Le roi de cœur (Philippe de Broca) – Du mou dans la gâchette (Louis Grospierre) – Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – 1967  Le grand bidule (Raoul André) – Le fou du Labo 4 (Jacques Besnard) – A tout casser (John Berry) – Ces messieurs de la famille (Raoul André) – 1969  Un merveilleux parfum d’oseille (Renaldo Bassi) – Appelez-moi Mathilde (Pierre Mondy) – Qu’est-ce qui fait courir les crocodiles ? (Jacques Poitrenaud) – Ces messieurs de la gâchette (Raoul André) – 1970  La liberté en croupe (Édouard Molinaro) – Le cri du cormoran, le soir au dessus des jonques (Michel Audiard) – 1971  Le viager (Pierre Tchernia) – 1972  Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne) – Un meutre est un meutre (Étienne Périer) – La belle affaire (Jacques Besnard) – Moi, y’en a vouloir des sous (Jean Yanne) – 1973  Le grand bazar (Claude Zidi) – Les gaspards (Pierre Tchernia) – Les Chinois à Paris (Jean Yanne) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – La main à couper (Étienne Périer) – 1974  Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (Jacques Besnard) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Opération Lady Marlène (Robert Lamoureux) – La situation est grave mais pas désespérée (Jacques Besnard) – 1976  Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1977  Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier) – 1978  L’agent des autres (Christian de Chalonge) – La cage aux folles (Édouard Molinaro) – L’esprit de famille (Jean-Pierre Blanc) – 1979  L’associé (René Gainville) – La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – Buffet froid (Bertrand Blier) – Il lupo e l’agnello (Le coucou) (Francesco Massaro) – 1980  Pile ou face (Robert Enrico) – La cage aux folles 2 (Édouard Molinaro) – Malevil (Christian de Chalonge) – 1981  Garde à vue (Claude Miller) – Les 40e rugissants (Christian de Chalonge) – Nestor Burma, détective de choc (Jean-Luc Miesch) – 1982  Les fantômes du chapelier (Claude Chabrol) – Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – Mortelle randonnée (Claude Miller) – 1983  Le bon plaisir (Francis Girod) – À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky) – 1984  Dagobert (Le bon roi Dagobert) (Dino Risi) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985  On ne meurt que deux fois (Jacques Deray) – La cage aux folles 3, « elles » se marient (Georges Lautner) – Mon beau-frère a tué ma soeur (Jacques Rouffio) – 1986  Le miraculé (Jean-Pierre Mocky) – 1987  Ennemis intimes (Denis Amar) – En toute innocence (Alain Jessua) – Bonjour l’angoisse (Pierre Tchernia) – 1988  Ne réveillez pas un flic qui dort (José Pinheiro) – 1989  Comédie d’amour (Jean-Pierre Rawson) – Buon natale… buon anno (Joyeux Noël, bonne année) (Luigi Comencini) – Docteur Petiot (Christian de Chalonge, + producteur délégué) – 1990  La vieille qui marchait dans la mer (Laurent Heynemann) – 1991  Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – Room service (Georges Lautner) – 1992  Vieille canaille (Gérard Jourd’hui) – Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1995 Nelly et Monsieur Arnaud (Claude Sautet) – Le bonheur est dans le pré (Étienne Chatiliez) – Beaumarchais, l’insolent (Édouard Molinaro) – 1996  Assassin(s) (Mathieu Kassovitz) – Artemisia (Agnès Merlet) – Rien ne va plus (Claude Chabrol) – Le comédien (Christian de Chalonge) – 1998  Article premier (Mathieu Kassovitz, CM) – Le monde de Marty (Denis Bardiau) – Les enfants du marais (Jean Becker) – 1999  Le libertin (Gabriel Aghion) – Les acteurs (Bertrand Blier) – 2000  Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – Une hirondelle a fait le printemps (Christian Carion) – Vajont (La folie des hommes) ((Renzo Martinelli) – 2002  Le furet (Jean-Pierre Mocky) – Le papillon (Philippe Muyl) – Vingt-quatre heures d’une vie d’une femme (Laurent Bouhnick) – 2003  Albert est méchant (Hervé Palud) –  Ne quittez pas ! (Arthur Joffé, voix seulement) –  2004  Grabuge! (Jean-Pierre Mocky) – 2005  Joyeux Noël (Christian Carion) – Les enfants du pays (Pierre Javaux) – Le bénévole (Jean-Pierre Mocky) – Antonio Vivaldi, un prince à Venise (Jean-Louis Guillermou) – 2006  Pars vite et reviens tard (Régis Wargnier).

Divers : 2004 : Participation aux « nouveaux refus » proposées en bonus du DVD du film de Laurent Baffie : « Les clefs de bagnole ».

 

Télévision : 1954  Ce qu’a vu le vent d’est (Marcel L’ Herbier) – 1955  Knock ou le triomphe de la médecine (Marcel Cravenne) – 1956  Mon bébé (Marcel Cravenne) – Sur un air de cabaret (Alexandre Tarta, divertissement, CM) – 1957  L’habit vert (Marcel Cravenne) – Un ami d’autrefois : Alphonse Allais (André Hugues, divertissement) – 1957  Un ami d’autrefois : Rip (André Hugues, divertissement) – 1958  Monsieur Badin (François Chatel, CM) – Télé variétés (François Chatel, divertissement) – 1959  Ceux de 1900 (Jean-Paul Carrère, divertissement) – L’Anglais tel qu’on le parle (Marcelle Cravenne) – La malle volante (Marcel Cravenne) – 1961  On purge bébé (Marcel Bluwal) – 1964  Les fables de la fontaine : Le loup et les chiens – 1966  Quand épousez-vous ma femme (Jean Dauriac, sous réserves) – 1967  Monsieur Badin (François Chatel, CM) – Au théâtre ce soir : Pour avoir Adrienne (Pierre Sabbagh) – Cette nuit-là à Bethléem (André Fey, sous réserves) – 1968  Le bourgeois gentilhomme (Pierre Badel) – 1972  Aujourd’hui à Paris (Pierre Tchernia) – 1977 Les folies d’Offenbach (Michel Boisrond) – Le passe-muraille (Pierre Tchernia) – 1978  La grâce (Pierre Tchernia) – 1982  Le voyageur imprudent (Pierre Tchernia, cameo) – 1991  L’huissier (Pierre Tchernia) – Héloïse (Pierre Tchernia) – 1992  Le secret du petit milliard (Pierre Tchernia) – 1995  Tel est Serrault (Jean-Luc Prévost, documentaire) – 2000  Un coeur oublié (Philippe Monnier) – 2003  L’affaire Dominici (Pierre Boutron) – Épreuves d’artistes (Gilles Jacob & Samuel Faure, documentaire, images d’archives tournées au Festival en 1997) – 2004  Michel Serrault, le portrait (Gérard Jourd’hui, documentaire) – 2006  Mocky circus (Emmanuel Barnault, documentaire) – Monsieur Léon (Pierre Boutron) – L’avare (Christian de Chalonge).


©   Le coin du cinéphage

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Ulrich Mühe

Annonce de la mort du comédien Ulrich Mühe des suites d’un cancer de l’estomac, à l’âge de 54 ans, le 22 juillet dernier. Cet acteur originaire de l’ex-RDA, avait un parcours théâtral particulièrement impressionnant. Son visage nous était familier depuis quelques films comme « Schtonk ! », comédie mordante sur un faussaire écrivant de faux carnets d’Hitler, ou dans le beau film de Costa-Gavras, « Amen » où il incarne un officier nazi chantre de l’extermination et de la solution finale. Michael Haneke, l’emploie, il est impressionnant en père de famille victime de la violence gratuite de deux jeunes BCBG, où il retrouve sa propre femme Susanne Lothar. Depuis 1998, il était le héros d’une série télévisée “Der letzte zeuge” (“Le dernier témoin”) – 73 épisodes selon IMDB -, où il jouait un médecin légiste habile à résoudre les affaires criminelles, série hélas présentée ces derniers temps en version française sur Arte, dans un souci aberrant de devenir une sous « France 3 ». Il venait de connaître une consécration internationale avec sa très subtile composition de son personnage de Gerd Wiesler, un espion tatillon de la Stasi, dont le comportement va changer suite aux écoutes répétées d’un auteur de théâtre. Il reçoit pour cette prestation le prix du meilleur acteur aux European Film Awards et le prix du meilleur acteur aux German Awards. Son humanité nous permettait d’accepter son évolution, même si il avait été reproché au film qu’aucun officier de la Stasi, n’avait eu pareille trajectoire. Il avait été en conflit en 2006 avec son ex-femme Jenny Gröllmann, qu’il accusait d’être complice avec la Stasi qui le surveillait, ce qu’elle avait nié peu avant sa mort. « La vie des autres » récompensé d’un oscar du meilleur film étranger, doit lui devoir beaucoup de son succès.

Filmographie : 1982  Olle Henry (Ulrich Weiss) – 1984  Die frau und der fremde (Rainer Simon) –  Hälfte des Lebens (La moitié de la vie) (Hermann Zschoche) – 1985 Sansibar oder der letzte grund (Bernhard Wicki) – 1986  Das spinnennetz (La toile d’araignée) (Bernhard Wicki) – 1989  Hard days, hard nights (Horst Königstein) – Sehnsucht (Jürgen Brauer) – 1990  Benny’ s Video (Id) (Michael Haneke) – Die zeit ist aus den fugen (Christoph Rüter, documentaire) – Schtonk ! (Id) (Helmut Dietl) – Rönnes Reise (Karin Reiss, CM) – 1993 Engelchen (Petit ange) (Helke Misselitz) – 1994 Der blaue (Lienhard Wawrzyn) – 1995  Rennschwein Rudi Rüssel (Rudi, le petit cochon) (Peter Timm) – 1996 Funny Games (Id) (Michael Haneke) – Peanuts – Die bank zahlt alles (Carlo Rola) – Nikolaikirche (L’église Saint-Nicolas) 1997  Das Schloβ/Das Schloss (Le château) (Michael Haneke) – Feuerreiter (Hölderlin, le cavalier de feu) (Nina Grosse) – Sterben ist gesünder (Gert Steinheimer) – 1998  Sieben Monde (Peter Fratzscher) – 1999  Straight Shooter (Titre TV : « Tueur d’élite ») (Thomas Bohn) – 2000  Goebbels und Geduldig (Kai Wessel) – 2001  Amen. (Amen) (Costa-Gavras) – 2003  Hamlet X (Herbert Fritsch) – Spy Sorge (Masahiro Shinoda) – 2004  Schneeland (Au pays de la neige) (Hans W. Geissendörfer) – 2005  Das leben der Andersen (La vie des autres) (Florian Henckel Von Donnersmarck) – 2006  Mein Führer – Die wirklich wahrste wahrheit über Adolf Hitler (Dani Levy) – 2007  Nemesis (Nicole Mosleh) – Verwehte (Tobias Dörr, CM). Télévision (notamment) : 1982  Der mann und seine name (Vera Loebner) – 1985  Das Buschgespenst (Vera Loebner) – 1986 Schauplatz « Spinnennetz » (Jürgen Haase) – 1998-2007 Der Letze Zeuge (Le dernier témoin) (plusieurs réalisateurs) – 2006  Peer Gint (Id) (Uwe Janson).

MORT DE KERWIN MATHEWS

Annonce de la mort de Kerwin Mathews, le 5 juillet dernier, à l’âge de 81 ans. Il reste associé à un certain âge d’or du cinéma merveilleux hollywoodien. Il avait signé un contrat de 7 ans pour « La Colombia Pictures ». Ces films bénéficiaient des remarquables trucages et des monstres d’anthologie de Ray Harryhausen. On se souvient de sa ténébreuse composition de Jack dans « Jack le tueur de géants », paysan de l’an mil, secourant la princesse de Cornouailles, enlevée par un traître. Le cinéma « de quartier » européen le demande très vite comme son rôle de Phaon un chef rebelle blessé et soigné par la belle Sapho – Tina Louise -, dans « Sapho, Vénus de Lesbos ». André Hunebelle le choisit pour succéder à Yvan Desny,  avant Frédérick Stafford et John Gavin pour le rôle de O.S.S. 117, adapté de l’œuvre de Jean Bruce. Une interview de lui de 1964, est d’ailleurs disponible dans le coffret « O.S.S. 117 » de « La Gaumont » où ces deux films sont visibles, où il parle dans un français hésitant, de ses débuts d’acteur shakespearien. Il est vrai qu’il avait été brièvement professeur de lycée à « Lake Geneva », avant son arrivée à Hollywood en 1954. Doublé par Jean-Pierre Duclos, il est difficile de juger ses qualités d’acteurs, tant le metteur en scène utilise sa présence physique. On le retrouve dans l’ahurissant « Vicomte règle ses comptes » – un « nanar » de compétition -, où il incarne un inspecteur d’une compagnie d’assurances enquêtant sur un vol dans une banque, un autre personnage de Jean Bruce. Il s’était retiré de l’écran en 1978. Depuis les années 70, ll s’occupait d’un magasin d’antiquité avec Tom Nicoll qui fut son compagnon depuis 46 ans selon « Los Angeles times ».

Kerwin Mathews dans « Jack le tueur de géants »

Filmographie : 1954  5 against the house (On ne joue pas avec le crime) (Phil Karlson) – 1957  Trawa beachhead (Tawara, tête de pont) (Paul Wendkos) – The seventh voyage of Sinbad (Le septième voyage de Sinbad) (Nathan Juran) – 1958 The last blitzkrieg (Espions en uniforme) (Arthur Dreifuss) – 1959  Man on a string (Contre-espionnage) (André de Toth) – 1960  Saffo, vendere di Lesbo (Sapho, Vénus de Lesbos) (Pietro Francisci) – The three worlds of Guilliver (Les voyages  de Gulliver) (Nathan Juran) – 1961  The devil at four o’clock (Le diable à quatre heures) (Mervyn LeRoy) – Jack the giant killer (Jack le tueur de géants)  (Nathan Juran) – 1962  The pirates of  Blood River (L’attaque  de San  Cristobal) (John Gilling) – Maniac (Maniaque) (Michael Carreras) – 1963  O.S.S. 117 se déchaîne (André Hunebelle) – The waltz king / Johan Strauss (La guerre des valses) (Steve Previn) – 1964  Banco à Bangkok pour O.S.S .117 (André Hunebelle) – 1965  Battle beneath the earth (Montgomery Tully) – 1966  Le vicomte règle ses comptes (Maurice Cloche) – 1967  Un killer per sua  maestà  (Le tueur aime les bonbons) (Maurice Cloche &  Richard Owens [Federico Chentrens]) – 1969  A boy… a girl / The sun is up (John Derek) – 1970  Barquero (Id) (Gordon Douglas) – 1971  Octaman (Harry Essex) – 1972  The boy who cried werewolf (Nathan Juran) – 1978  Nightmare in blood / Horror convention (John Stanley).

MORT D’EDWARD YANG

img516/1936/edwardyangpt4.jpg Annonce de la mort d’Edward Yang des suites d’un cancer du colon à l’âge de 59 ans. Cet artiste qui débuta dans l’écriture de mangas fit des études à l’université de « Southern California », avant de revenir à Taiwan sur lequel il va poser un regard singulier, citadin et nostalgique sur l’exil, la vie, ou les générations qui passent. « Yi Yi » était une belle révélation pour le grand public, ce film connu une consécration internationale et fut récompensé au Festival de Cannes en 2000, par le prix de la mise en scène. L’évocation d’un quadragénaire en crise, aspirant à changer de vie, était magnifique de justesse et de retenue. Yang s’était fait connaître par le film « Guling jie shaonian sha ren shijian » – « A brighter summerday » (1991), une histoire vraie et fleuve sous fond politique de Taiwan gouverné par la République de Chine en 1949. Son film “Mahjong” en 1996, est hélas inédit en France malgré la présence de Virginie Ledoyen. Il travaillait ces derniers temps sur un film d’animation « The wind ». Si son œuvre reste assez méconnu chez nous, il mérite qu’on le salut, ne serait-ce que pour « Yi Yi », 173 minutes de grâce. La malice du petit Yang-Yang, enfant de 8 ans, au souvenir d’une grand-mère mourante, resteront dans nos mémoires. A lire sa fiche sur « Wikipédia » et celle de « CinémaAsie ».

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Claude Brosset

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Annonce de la mort du comédien Claude Brosset. C’était un comédien attachant, doté d’un grand humour qu’il avait témoigné, il y a quelques années, dans l’émission de Franck Vallières « allôciné talkshaw », par exemple avec son imitation de la directrice de casting Margaux Capelier, absolument irrésistible… C’est au théâtre qu’il connaît ses premiers rôles. Il suit des cours au « Centre dramatique de la rue Blanche » auprès de Berthe Bovy et François Vibert, puis participe au « Conservatoire national d’art dramatique » auprès de Fernand Ledoux. Il reçoit le premier prix de comédie classique, le premier prix de comédie moderne et le 2ème prix de tragédie. Il devient stagiaire puis pensionnaire à la Comédie Française en 1965. Ce comédien féru de poésie, avait en 2002 crée « Les hommes océan », récital de poésie : « Je me souviens, je n’étais pas un bon élève, mais j’aimais comme on disait, « réciter des poèmes ». Là-dedans, il y avait pourtant des mots bien étranges ! Des phrases bien compliquées ! A l’appel de mon nom, je me plantais face à la classe et j’attaquais mon texte goulûment, le sens vitre dévoré, mais qu’importe ! Les mots, je les savourais avec délice et gourmandise. C’était bon, aussi bon que le goûter de grand-mère ! La classe prenait les couleurs de l’arc-en-ciel, mes joues rouges sonnaient de la trompette et la porte du fond s’ouvrait pour laisser entrer mes rêves… C’est bien, au suivant ! Et tout redevenait gris. », source Théâtre online. Sa silhouette massive – « Seniorplanet » le décrivait ainsi « Une authentique armoire normande (1m83 pour 115 kilos !) » -, le prédisposait à jouer des hommes de mains « patibulaires mais presque » pour reprendre l’expression de Pierre Dac et Francis Blanche dans « Signé Furax ». Sportif, on le retrouve souvent dans « La garde rapprochée » de Jean-Paul Belmondo, avec lequel il jouait souvent au foot dans le groupe des « polymusclés ». Il campait par exemple un gardien de prison dévoué auprès d’un caïd interprété par Jean-Pierre Jorris dans « L’alpagueur » (Philippe Labro, 1976), lui faisant même des piqûres. On le retrouve donc souvent dans rôles d’affreux, comme dans le picaresque « On est toujours trop bon avec les femmes » (Michel Boisrond, 1970) ou le sergent-chef autoritaire, provoquant la colère de Jean-François Balmer dans « R.A.S. » (Yves Boisset, 1972). Conscient du piège de se laisser cantonner dans ce type d’emploi, il se joue assez rapidement de cet te image comme dans « Le corps de mon ennemi » (Henri Verneuil, 1976), où il se retrouve travesti, déguisé en « maîtresse » (!) et fouettant avec ardeur le personnage joué par Daniel Ivernel. C’est à la télévision qu’il retrouve des rôles plus nuancés, il tient le rôle principal dans la dramatique « Cadoudal » où il campe Georges Cadoudal, héros de la chouannerie. Il connaît une grande popularité avec la série « Ardéchois coeur fidèle », où il est Tourangeau Sans Quartier, un compagnon, meurtrier du frère de Sylvain Joubert, ce dernier devant menuisier gavot pour ce venger. Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret évoquait son rôle ainsi dans « Les feuilletons historiques de la télévision française » (Éditions Huitième Art,1992) : « …Claude Brosset fait une magnifique composition dans le rôle de Tourangeau, une force de la nature, une grosse brute, un rustre illettré, mais un homme de coeur auquel on s’attache peu à peu ». Il a un rôle voisin au cinéma avec « A mort l’arbitre » (Jean-Pierre Mocky, 1983) où il est l’un des supporter les plus virulents, toujours prompt à la castagne, à la férocité galvanisée par la folie de Michel Serrault. Dans un registre proche de son personnage de Lenny Small au théâtre dans « Des souris et des hommes » pour Robert Hossein, il révèle chez Mocky la détresse de son personnage lors de la découverte du corps de son ami chauffeur de bus. Bertrand Tavernier, dont on connaît l’amour des comédiens, l’utilise également avec justesse, en policier des « stups » dans « L.627 » (1991) et un curé vétéran dans « Le capitaine Conan » (1995). On le retrouvait aussi égulièrement dans des doublages, il prêtait sa voix notamment à Robert Duvall, depuis 1991. Ces dernières années, son talent était utilisé surtout dans des comédies, du directeur influent d’un groupe de médias dans « Les rois mages », le supérieur de Jean Dujardin, au flegme britannique et amateur de blanquette de veau dans « O.S.S. 117, Le Caire nid d’espions », et le notaire goguenard dans le médiocre « Gomez Vs Tavarès ». Il avait tenu un restaurant « Le Cyrano » , à Carcassonne, tout près du Dôme dans le début des années 90 :  » …Il était très théâtral, y compris dans son restaurant. On savait à quelle on y arrivait… mais il valait mieux ne rien prévoir de la soirée car on ne savait jamais quand on pourrait en sortir ! »  (Valérie Belaud dans « La dépêche du Midi » du 27/06/2007). Si ce cinéma n’a pas toujours fait appel à sa sensibilité, il aura toujours donné une grande humanité à ses rôles. A lire son entretien dans « Voxofilm ».

GAMMA/DUFOUR-THOMAS

Filmographie : initialement élaborée pour « Les gens du cinéma ». : 1966  Un homme de trop (Costa-Gavras) – 1968  La désirade (Louis Cuniot) – La coqueluche (Christian-Paul Arrighi) – 1970  On est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – 1972  R.A.S. (Yves Boisset) –  1973  L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise (Nina Companeez) – 1975  Adieu poulet (Pierre Granier-Deferre) – L’alpagueur (Philippe Labro) – 1976  Le corps de mon ennemi (Henri Verneuil) – 1977  La barricade du Point du Jour (René Richon) – 1978  La carapate (Gérard Oury) – Flic ou voyou (Georges Lautner) – Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (Jean Yanne) – 1979  A little romance (I love you, je t’aime) (George Roy Hill) – 1980  La flambeuse (Rachel Weinberg) – 1981  Putain d’histoire d’amour (Gilles Béhat) – Le crime d’amour (Guy Gilles) – Scratch (Claude Patin) – 1983  Le marginal (Jacques Deray) – À mort l’arbitre ! (Jean-Pierre Mocky) – 1984  Les ripoux (Claude Zidi) – 1987 Cayenne Palace (Alain Maline) – Il y a maldonne (John Berry) – 1987/90  Le radeau de la Méduse (Iradj Azimi) – 1988 France images d’une révolution (Alec Costandinos, moyen-métrage) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – 1991 L. 627 (Bertand Tavernier) – 1993 La braconne (Serge Pénard, inédit en salles) – 1994 La pasión turca (Vincente Aranda) – 1995 Capitaine Conan (Bertand Tavernier) – Mondokino, le dur métier de policier (Vincent Ravalec, CM) – 2001  Les Rois mages (Didier Bourdon & Bernard Campan) – 2005 OSS 117 : Le Caire nid d’espions (Michel Hazanavicius)- 2006  Gomez Vs Tavarès (Gilles Paquet-Brenner & Cyril Sebas). Voxographie : 2003 La légende de Parva (Jean Cubaud, animation) – 2007  Barnyard (La ferme en folie) (Steve Oedekeck, animation, version française).

Télévision : 1964  Les joyeuses commères de Windsor (Lazare [Roger] Iglèsis) – 1966 Edmée (Jean-Marie Coldefy) – 1967  Le roi cerf (André Barsacq) – Jean de la Tour Miracle (Jean-Paul Carrère, série TV) – 1968  Théâtre de la jeunesse : Ambroise Paré : Les défaites (Éric Le Hung) – Les joueurs (René Lucot) – 1969  Fortune (Henri Colpi, série TV) – La maison frontière (Henri Spade) – 1970 Le dernier adieu d’Armstrond (Gilbert Pineau) – Les cousins de « La Constance » (Robert Mazoyer, série TV) – 1971  Les cent livres : Aurélien (Michel Favart) – Les salauds vont en enfer (Abder Isker) – 1972   Les dossiers de Me Robineau : Main basse sur la campagne (Jean-Claude de Nesle) – Raboliot (Jean-Marie Coldefy) – Les rois maudits (Claude Barma, série TV) – 1973   La vie rêvée (Jeannette Hubert, série TV) – L’éducation sentimentale (Marcel Cravenne, série TV) – Histoire vraie (Claude Santelli) – Graine d’ortie (Yves Allégret) – Un homme, une ville (Joseph Drimal) – Un certain Richard Dorian (Abder Isker) – Les coqs de minuit (Édouard Logereau, série TV) – La ligne de démarcation : Ernest (Jacques Ertaud) – 1974  Cadoudal (Guy Séligmann) – Le port (Claude Santelli) – Ardéchois-cœur-fidèle (Jean-Pierre Gallo, série TV) – La dame de Chicago (Abder Isker) – 1975  Die Unfreiwilligen Reisen des Moritz August Benjowski (Benjowski) (Fritz Umgelter) – La Berthe (Philippe Joulia) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La guinguette à deux sous (René Lucot) – 1976  Des souris et des hommes (Marcel Bluwal, captation) – 1977  Dossiers : danger immédiat : En verre et contre tout (Claude Barma) – La filière (Guy-André Lefranc, série TV) -1978  De mémoire d’homme : L’affaire Lafarge : Sur des traces de la poudre blanche (Jean-Pierre Marchand) – Douze heures pour mourir / Le jockey (Abder Isker) – 1979  La servante (Lazare Iglésis) – Le comte de Monte-Cristo (Denys de la Patellière, série TV) – Aéroport 2000 : Le dernier regard de l’aigle (Jean-Jacques Lagrange & Michel Viala) – 1980  Au bon beurre (Édouard Molinaro) – La vie des autres : L’autre femme (Gérard Clément) – 1981  Raspail ou la passion de la République (Jean Lallier) – Histoire contemporaine (Michel Boisrond) – Sans famille (Jacques Ertaud) – Rioda (Sylvain Joubert) – 1982 Le village sur la colline (Yves Laumet) – Adios, Antoinette (Gérard Clément) – Le truqueur (Abder Isker ) – Les cinq dernières minutes : Les pièges (Claude Loursais) – Madame S.O.S. : Le fruit déguisé (Alain Dhénaut) – Jupiter 81 (Maurice Frydland) – 1983 Les chardons de la colline (Édouard Logereau) – Supporters (Sylvain Joubert) – 1984 La groupie (Jean Streff) – Tout comme un homme (Michel Boisrond) – 1985  Un aventurier nommé Godin (Paul-Louis Martin) – 1986  Deux de conduite : Le chant de la sirène (François Dupont-Midy) – Félicien Grevèche (Michel Wyn) – Julien Fontanes, magistrat : Un dossier facile (Patty Villiers) – 1987  La culotte (Philippe Laïk, captation) – 1988  L’affaire Saint-Romans (Michel Wyn) – M’as-tu-vu ? : Le triangle d’or (Éric Le Hung) – 1989 Les cinq dernières minutes : Les chérubins ne sont pas des anges (Jean-Pierre Desagnat) – Les nuits révolutionnaires (Charles Brabant) – Jeanne D’Arc, le pouvoir et l’innocence (Pierre Badel) – 1990  Le déjeuner de Sousceyrac (Lazare Iglésis) – Le gorille : Le pavé du gorille (Roger Hanin) – Navarro : Le bal des gringos (Patrick Jamain) – 1991  Drôles d’histoires : Babard avec un D (Emmanuel Fonladossa) – L’alerte rouge (Gilles Katz) – Nestor Burma : pas de bavards à la muette (Henri Helman) – Nestor Burma : Les cadavres de la plaine Monceau (Claude Grinberg) – Intrigues : Chère complice (Jacques Audoir) – Intrigues : Les sangliers ne crèvent pas tout seuls (Antoine Garceau) – 1992 L’évasion (Jacek Gasiorowski) – Emma Zunz (Benoît Jacquot) – Le jour du serpent (Gilles Béhat) – Corey : Mort d’un zombie (Vittorio Barino) – Le jour du serpent (Gilles Béhat) –  1993  Prat et Harris (Boramy Tioulong) – A Year in Provence (Une année en Provence) (David Tucker) – Mésaventures : Les trois toques (Ader Isker) – 1994  Navarro : Meutre d’un salaud (Jacques Ertaud) – Navarro : Les chiffonniers de l’aube (Gérard Marx) – 1995  La rivière Espérance (Josée Dayan) – 1996 Une femme explosive (Jacques Deray) – Ma petite Mimi (Roger Kahane) – Flaires ennemis (Robin Davis) – Crédit bonheur (Luc Béraud) – Navarro : Un bon flic (José Pinheiro) – 1997  Inspecteur Moretti : Un enfant au soleil (Gilles Béhat) – 1999 Une femme d’honneur : Coupable idéal (David Delrieux) – Le bois du Pardoux (Stéphane Kurc) – 2000 L’aîné des Ferchaux (Bernard Stora) – 2001  Louis Page : Le bienfaiteur (Heikki Arekallio) – Central nuit (saison 1) (Didier Delaitre) – 2002 Commissaire Moulin : La fliquette (Yves Rénier) – 2003 Louis la brocante : Louis et le violon noir (Michel Favart)- Luther contre le pape (Jean-François Delassus, docu-fiction) – La ronde des Flandres (André Chantelle) – 2007 Les bleus, premiers pas dans la police : Rien ne va plus (Didier Le Pêcheur).

Non datés :Blanches colombes de Paul Delager / Bruno et Albert de F. Dupont-Midi / L’autre femme / La mariée de Glandier de J.P. Lemarchand.    Remerciements: À Patrick. Bibliographie: »Les fictionsfrançaises à la télévision » de Jean-Marc Doniak (Dixit-SACD, 1998), 2volumes.  

Théâtre :

Falstaff, de W. Shakespeare, Théâtre A. Dumas et Festival d’Avignon
Croque Monsieur, mise en scène : R. Aquaviva, Tournée et Télévision
Le bal des exclus de l’Abbé Pierre, mise en scène : Daniel Facerias
Les caprices de Marianne de Musset, mise en scène : Anne St Mor, Théâtre Mouffetard
Le baladin du monde occidental, mise en scène : Ph Adrien, Théâtre du Grand Huit à Rennes
Iphigénie, mise en scène : S. Monfort
Haggerty ou es-tu ? mise en scène : A. Barsacq/Roland Dubillard
La dame de Chicago, mise en scène : Jacques Charon
La mienne s’appelait Régine, mise en scène : A. Delcamp
L’enfant enfoui, mise en scène : D. Romand
La culotte, mise en scène : J. Rosner
Yalta, mise en scène : G. Savoisien
Bérénice, mise en scène : J. Seyres
Un tramway nommé Désir, mise en scène : M. Fagadeau
Hernani, mise en scène : Renaudin
29° à l’ombre, mise en scène : J. Régnier
La poudre aux yeux, mise en scène : J. Régnier
Horace, mise en scène : Jean Davy
Le gendarme est sans pitié, mise en scène :Georges Chamarat
Ah la police à papa, mise en scène : J. Charon
Cyrano de Bergerac, mise en scène : J. Charon
La soif et la faim, mise en scène : J.M. Serreau
Des souris et des hommes, mise en scène : R. Hossein
Othello, mise en scène : C. Brosset
Volpone, mise en scène : M. Germain
Ruy Blas, mise en scène : P. Dancet
Polyeucte, mise en scène : B. Jenny
Tartuffe, mise en scène : B. Jenny
Andromaque, mise en scène : Michel Vitold
Les justes, mise en scène : R. Kimmich
Britannicus, mise en scène : P. Nègre
Rodogune, mise en scène : D. Eyser
Les possédés, mise en scène : D. Llorca
Cyrano de Bergerac, mise en scène : D. Llorca
Androcles et le lion, mise en scène : G. Retore
Rendez-vous à Hollywood, mise en scène : E. Bruzzo
Les Suisses, mise en scène : J. Fabri
Huis clos, mise en scène : F. Rochard
Beckett, mise en scène : J. Anouilh et Pietri
Cavalier seul, mise en scène : J. Rosny

 

Publicité : Groupe France Mutuelle (Télévision)

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Claude Brialy

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Annonce de la mort de Jean-Claude Brialy, le 30 mai dernier, dans la ville de Monthyon en Seine-et-Marne, des suites d’un cancer. Il était très lucide sur son métier, il confiait à la revue « Cinéma 72 » N°163 : « …Etre acteur de cinéma, c’est trop souvent, être privé de toutes responsabilité. Le cinéma est une meule, on vous propose un sujet, vous imaginez quelque chose, vous faites ce qu’on attend de vous et le produit auquel on aboutit n’a aucun rapport avec ce que vous aviez espéré . Bien sûr, si vous êtes une star, on construit le film autour de vous. Il y a aussi les metteurs en scènes avec lesquels on ne risque rien. Mais on ne tourne pas toujours avec Losey, ou avec Rohmer… » Il a traversé le cinéma français sans aucune amertume, et avec une grande autodérision. Mais ce grand comédien ne devrait pas être mésestimé, le public retenant volontiers son image publique, provoquant les sarcasmes de certains humoristes, – Thierry Le Luron, l’appelant avec rosserie « La Mère Lachaise », comme le rappelait Guy Carlier sur « France Inter » -, car il ne manquait jamais à rendre hommage à ses aînés, et qu’il faisait toujours preuve d’un grand esprit. Né dans une ville de garnison en Algérie, Jean-Claude Brialy a refusé de prendre la relève de la garde paternelle pour devenir artiste, se brouillant ainsi avec sa cellule familiale. Il vivote d’abord comme débardeur aux Halles de Paris ou comme plongeur. C’est au service cinématographique des armées qu’il rencontre Pierre Lhomme, futur chef opérateur et Philippe de Broca. Très rapidement son côté dandy, espiègle et frondeur, plût à la Nouvelle vague, dont il devient le compagnon de route régulier. Claude Chabrol lui donne ses premiers grands rôles. Dans « Le beau Serge » (1957), il joue un jeune bourgeois, revenant dans son village natal pour soigner sa tuberculose et voulant sauver son ami d’enfance Serge – joué par Gérard Blain – de l’alcoolisme et la déchéance. Sur un mode plus léger, il est un des « Paul » chabrolien, étudiant noceur, manipulant le timide Charles – Gérard Blain toujours – dans « Les cousins » (1958). Il devait jouer dans « À double tour » en 1959, mais il est remplacé par Jean-Paul Belmondo suite à un accident de voiture. Dans « Les godelureaux », il fait une saisissante composition en Ronald, snobinard « gégauffien » cruel et retord. Il retrouvera Chabrol en 1985 dans « L’inspecteur Lavardin » en frère ambiguë et protecteur de Bernadette Laffont. Jean-Luc Godard utilise avec brio son côté ludion dans le court-métrage « Tous les garçons s’appellent Patrick » (1956), où il joue un dragueur invétéré et « Une femme et une femme » (1961) – je reviendrai sur ce film -, en libraire hâbleur. Il fait une courte apparition pour François Truffaut avec Jeanne Moreau dans « Les 400 coups », il le retrouvera plus longuement en incarnant le confident de « La mariée était en noir » (1967), adaptation de l’oeuvre de William Irish, film souffrant de la transposition d’une histoire américaine dans la province française. Éric Rohmer lui donne l’occasion de montrer une nouvelle face de sa personnalité avec « Le genou de Claire » en 1970, cinquième opus de ses contes moraux. Il remarquable de justesse dans ce rôle de trentenaire, attaché d’ambassade en vacances près d’Annecy. Il s’apprête à se « ranger » en se mariant, mais il sera troublé par la sensualité de jeunes femmes. On le découvre aussi à l’écoute de son partenaire du jeune et déjà bouillonnant Fabrice Luchini. Mais il restait fidèle à ses aînés, alternant ces films avec ceux qualifiés « Qualité France », mais qui lui permettait de jouer avec ses idoles comme « Et ta sœur », mémorable nanar où il donnait la réplique à Pierre Fresnay et son idole Arletty. Il était souvent disponible pour de jeunes metteurs en scène, à l’instar de son court rôle de noctambule, qui aime la jeunesse dans « L’amour à la mer » (Guy Gilles, 1961), ne dédaignant pas faire de courtes apparitions par amitié chez  Louis Malle ou Agnès Varda – le petit film muet « les fiancés du pont MacDonald » à l’intérieur du film – « Cléo de 5 à 7 » -. Très tôt il aima à jouer avec son image de charmeur très parisien et beau parleur comme dans son rôle d’écrivain dans « Les lions sont lâchés » (Henri Verneuil, 1961), s’il séduit le personnage joué par Claudia Cardinale par ses beaux discours, il se révèle ensuite pitoyable dans l’alcôve. On l’utilise volontiers dans la comédie, où on se sert de son esprit parisien. Il y tire souvent son épingle du jeu, résistant à la « tornade » Louis de Funès dans l’un des sketches du « Diable et les dix commandements » (Julien Duvivier, 1962), où dans « Carambolages », où il incarne un arriviste cynique voulant prendre la place de son supérieur.  On le retrouve chez Philippe de Broca en fou élégant dans le génial « Roi de cœur » (1966), et dans le mésestimé « Julie pot-de-colle » (1976), où il incarne un austère fondé de pouvoir d’une banque, bousculé par le personnage joué par la pétulante Marlène Jobert.

 

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Avec Bernadette Lafont dans « Le beau Serge »

 

Il se lance dans la réalisation dans les années 70, allant volontiers dans des ambiances surannées pour des films qu’il ne faudrait pas dédaigner. Il trouve l’occasion de donner de beaux rôles à des comédiennes qu’il chérit comme Valentine Tessier en touchante aïeule dans « Églantine » (1971), peut être son meilleur film, racontant les grandes vacances d’un enfant de 1895, ou Marie Bell jouant une patronne d’un bordel breton en 1930 dans « Les volets clos » (1972). Il s’amuse à faire une variante du « Désiré » de Sacha Guitry avec son inégal « L’oiseau rare » (1973), donne un rôle romantique à sa grande amie Romy Schneider dans « Un amour de pluie » (1973), adapte la comtesse de Ségur avec « Les malheurs de Sophie » (1983), tout en tournant des téléfilms souvent historiques.  Les années 70 sont aussi l’occasion pour lui de se montrer à l’aise dans une gravité sereine ou désespérée. Il s’adapte parfaitement à l’univers de Luis Buñuel, en couple avec Monica Vitti dans « Le fantôme de la liberté » (1974), s’indignant devant l’obscénité de photos de monuments historiques avec de déclarer la disparition de leur fillette au commissariat pourtant bien présente à leurs côtés. ll est nommé au césar du meilleur second rôle pour sa composition de procureur tourmenté dans « Le juge l’assassin » (1975) de Bertrand Tavernier. André Téchiné le dirige avec bonheur, en directeur de journal usé face à son destin dans « Barocco » (1976), et le chef d’orchestre alcoolique et homosexuel dans « Les innocents » (1987) – qui lui valu son seul césar, celui du meilleur second rôle-, l’occasion d’émouvoir avec les failles de ses personnages. Il est un remarquable Arsène Lupin à la télévision pour Alexandre Astruc dans « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » – disponible en DVD chez L.C.J. Éditions. Dans cette adaptation de « 813 », il rend justice à la noirceur du personnage créé par Maurice Leblanc. Il avait d’ailleurs joué l’un des fils, avec Jean-Pierre Cassel, de ce personnage dans l’amusant film d’Édouard Molinaro, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » (1962), l’occasion de retrouver la confrontation de deux élégances dont la mort cette année nous attriste. Il aimait à multiplier les activités investissant dans un restaurant « L’orangerie »,  en devenant organisateur du festival de Ramatuelle, et le directeur du théâtre Herbertot en 1977, puis celui des « Bouffes-Parisiens » en 1986. Il tourne beaucoup dans les années 80, aimant à se moquer de son image – le magnat du disque qui meurt dans l’emphase dans « Suivez mon regard » (Jean Curtelin, 1985), ou l’acteur cabotin d’un théâtre de « Grand Guigol » (Jean Marboeuf, 1986). Il gardait toujours un humour proverbial, même quand il jouait un médecin fou dans « Le démon dans l’île » (Francis Leroi, 1982). Il fallait le voir menaçant, un rasoir à la main, avancer vers une Anny Duperey cherchant désespérément à sortir devant une porte fermée à clé, puis déclarer « Vous voulez que je vous ouvre ? ». Il est un coiffeur homosexuel, poudré et maniéré dans « Le nuit de Varennes » (Ettore Scola, 1981), ému d’avoir pût embrasser Casanova – Marcello Mastroianni -. Ce type de rôle eut des déclinaisons beaucoup moins heureuses comme dans « Lévy et Goliath » (Gérard Oury, 1986), l’enfermant hélas dans un certain stéréotype. En 1990, il trouve l’un de ses meilleurs rôles dans « S’en fout la mort » de Claire Denis, où il est un impressionnant organisateur de combats de coqs clandestins  organisés dans la cave de son restaurant à Rungis, exploitant la misère du lieu. Les cinéastes ne faisant plus preuve d’imaginations à son égard, il se tourne alors vers la télévision, en jouant des personnages récurrents comme dans la série « Ferbac » dans les années 90, où il campe un colonel de gendarmerie menant des enquêtes, puis dernièrement « Le président Ferrare ». Il est vrai qu’il manque à cette époque des rôles à la mesure de son talent à l’instar de sa composition désabusée de l’amiral de Coligny dans « La reine Margot » (Patrice Chéreau, 1993). On le cantonne souvent dans des rôles d’homosexuels mondains comme dans les décevants « People – Jet set 2 » et « Quartier V.I.P. ». Bertrand Blier a heureusement dynamité cet emploi en le mettant en couple avec un Pierre Arditi décalé dans le mésestimé « Les acteurs » (1999), et en lui écrivant un dialogue brillant teinté d’amertume sur son parcours de comédien. Le théâtre lui donne par contre plus de satisfactions. Ce conteur infatigable se raconta brillamment dans deux autobiographies dont « Le ruisseau des singes » qui fut un grand succès de librairie. Ce comédien a toujours gardé notre sympathie et la finesse de son jeu, lui qui appréhendait en 1972 son évolution : « …Le métier d’acteur est une sorte de sport. On vous choisit d’abord pour un aspect physique, votre présence, votre silhouette, votre gueule. A l’intérieur, il y a le désir de s’exprimer, et le talent, bien sûr. Encore faut-il trouver le réalisateur qui vous permette de sortir ce qui est à l’intérieur. Après, il faut s’affronter au public.. Puis, il faut tenir, vieillir. Tout le monde n’est pas Gabin ». (« Cinéma 72 » N°163). Nous garderons aussi le souvenir d’une grande pudeur et d’une grande sensibilité, dévoilées lors de son retour dans l’Algérie, dans le documentaire « Jean-Claude Brialy, sur les pas de son enfance en Algérie » réalisé par Yannis Chebbi et Michael Kazan en 2006 et diffusé sur « La cinquième », et qui fit également l’objet d’un livre. On devrait le retrouver en septembre sur Arte dans le rôle de Max Jacob dans le téléfilm « Monsieur Max », et au cinéma dans « Vous êtes de la police ? » – ex « Les sapins bleus » – de Romuald Beugnon, où il donne une dernière fois la réplique à Jean-Pierre Cassel.

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Dans « Les innocents »

 

Filmographie (initialement établie pour Les gens du cinéma) : 1956  La sonate à Kreutzer (Éric Rohmer, CM) – Le coup du berger (Jacques Rivette, CM) – Tous les Garçons s’appellent Patrick ou Charlotte et Véronique (Jean-Luc Godard, CM) – Élena et les hommes (Jean Renoir, rôle coupé au montage) – 1957  L’ami de la famille (Jack Pinoteau) – Tous peuvent me tuer (Henri Decoin) – Les surmenés (Jacques Doniol-Valcroze, CM) – Amour de poche (Pierre Kast) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Cargaison blanche (Georges Lacombe) – Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, cameo) – L’école des cocottes (Jacqueline Aubry) – Le beau Serge (Claude Chabrol) – 1958  Une histoire d’eau (Jean-Luc Godard et François Truffaut, CM) – Et ta soeur (En Belgique : Ma soeur exagère) (Maurice Delbez) – Christine (Pierre Gaspard-Huit) – Paris nous appartient (Jacques Rivette) – Les cousins (Claude Chabrol) – Le bel âge (Pierre Kast) – Les 400 coups (François Truffaut, cameo) – 1959  Le chemin des écoliers (Michel Boisrond) – La notte brava (Les garçons) (Mauro Bolognini) – Les yeux de l’amour (Denys de la Patellière) – 1960  Le gigolo (Jacques Deray) – Les godelureaux (Claude Chabrol) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – Adieu Philippine (Jacques Rozier, cameo) – 1961  Le puits aux trois vérités (François Villiers) – Amours célèbres [épisode : « Agnès Bernauer »] (Michel Boisrond) – Les lions sont lâchés (Henri Verneuil) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – L’éducation sentimentale (Alexandre Astruc) – Tire-au-flanc 61 (Claude de Givray) – Les sept péchés capitaux [épisode : « L’avarice] (Claude Chabrol) – La chambre ardente (Julien Duvivier) – Les petits matins (Jacqueline Aubry) – 1962  Les veinards [épisode « Le gros lot »] (Jack Pinoteau, cameo) – L’amour à la mer (Guy Gilles) – Le diable et les dix commandements [épisode « Bien d’autrui ne prendras »] (Julien Duvivier) – Arsène Lupin contre Arsène Lupin (‘Édouard Molinaro) – Le glaive et la balance (André Cayatte) – La banda Casaroli (Florestano Vancini) – 1963  Carambolages (Marcel Bluwal) – Château en Suède (Roger Vadim) – La bonne soupe (Robert Thomas) – 1964  La ronde (Roger Vadim) – La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Comment épouser un premier ministre ? (Michel Boisrond) – La bonne occase (Michel Drach) – Tonio Kröger (Rolf Thiele) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – 1965  La mandragola (La mandragore) (Alberto Lattuada) – Io la conoscevo bene (Je la connaissais bien) (Antonio Pietrangeli) – Viheltäjät (Les siffleurs) (Eino Ruutsabo) – I nostri mariti [épisode « Il marito di Olga] (Luigi Zampa) – 1966  Le roi de coeur (Philippe de Broca) – Un homme de trop (Costa-Gavras) – Le plus vieux métier du monde [épisode : « Mademoiselle Mimi »]  (Philippe de Broca) – 1967  Lamiel (Jean Aurel) – La mariée était en noir (François Truffaut) – Caroline Chérie (Denys de la Patellère) – Manon 70 (Jean Aurel) – Operazione San Pietro (Au diable les anges) (Lucio Fulci) – 1969  Le bal du comte d’Orgel (Marc Allégret) – 1970  Cose di Cosa Nostra (Steno) – Le genou de Claire (Éric Rohmer) – Côté court, côté jardin (Guy Gilles, CM) – 1971  Una stagione all’inferno (Une saison en enfer) (Nelo Risi) – 1972  Un meurtre est un meutre (Étienne Périer) – 1973  L’oiseau rare (+ réalisation) – Un amour de pluie (cameo + réalisation) – 1974  Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel) – Comme un pot de fraises (Jean Aurel) – 1975  Les onze mille verges (Éric Lipmann) – Un animal doué de déraison (Pierre Kast) – Catherine et Cie (Michel Boisrond) – Le juge et l’assassin (Bertrand Tavernier) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni) – 1976  L’année sainte (Jean Girault) – Barocco (André Téchiné) – Julie Pot-de-Colle (Philippe de Broca) – 1977  L’imprécateur (Jean-Louis Bertuccelli) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – Doppio delitto (Enquête à l’italienne) (Steno) – La chanson de Roland (Frank Cassenti) – 1978  Robert et Robert (Claude Lelouch) – Le maître nageur (Jean-Louis Trintignant) – 1979  L’oeil du maître (Stéphane Kurc) – Bobo Jacco (Walter Bal) – 1980  La banquière (Francis Girod) – Les uns et les autres (Claude Lelouch) – 1981  La nuit de Varennes / Il mondo nuovo (Ettore Scola) – Notre dame de la croisette (Daniel Schmid, cameo) – 1982  La ragazza di Trieste (La fille de Trieste) (Pasquale Festa Campanile) – Le démon dans l’île (Francis Leroi) – Cap canaille (Juliet Berto et Jean-Henri Roger) – Édith et Marcel (Claude Lelouch) – Mortelle randonée (Claude Miller) – Sarah (Maurice Dugowson) – Stella (Laurent Heynemann) – 1983  La crime (Philippe Labro) – Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré) – 1984  Pinot simple flic (Gérard Jugnot) – Le téléphone sonne toujours deux fois (Jean-Pierre Vergne) – 1985  Le quatrième pouvoir (Serge Leroy) – Le mariage du siècle (Philippe Galland) – Tueur de fous (Guillaume Perotte, CM) – L’effrontée (Claude Miller) – Inspecteur Lavardin (Claude Chabrol) – Un homme et une femme : vingt ans déjà (Claude Lelouch, cameo) – Hypothèse d’un soir (Marie-Christine Fieni, CM) – Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1986  Le débutant (Daniel Jannneau) – Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Grand Guignol (Jean Marboeuf) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987 Maladie d’amour (Jacques Deray) – Les innocents (André Téchiné) – Maschenka (John Godschmidt) – 1988 Comédie d’été (Daniel Vigne) – C’era un castello con 40 cani / Paradiso dei cani (Au bonheur des chiens) (Ducio Tessari) – 1989 Ripoux contre ripoux (Claude Zidi) – 1990 S’en fout la mort (Claire Denis) – Faux et usage de faux (Laurent Heynemann) – 1991 Août (‘Henri Herré) – 1992 Tous les garçons (Étienne Faure, CM) – 1993 La reine Margot (Patrice Chéreau) – 1994 Le fils de Gascogne (Pascal Aubier, téléfilm diffusé en salles) – Les cent et une nuits (Agnès Varda) – Une femme française (Régis Wargnier) – Il mostro (Le monstre) (Roberto Benigni) – 1995 Beaumarchais, l’insolent (‘Édouard Molinaro) – Les caprices d’un fleuve (Bernard Giraudeau) – Portraits chinois (Martine Dugowson) – 1998 L’homme de ma vie (Stéphane Kurc) – 1999 Les acteurs (Bertrand Blier) – Kennedy et moi (Sam Karmann) – In extremis (Étienne Faure) – Hommage à Alfred Lepetit (Jean Rousselot, CM) – 2000 Concorrenza sleale (Concurrence déloyale) (Ettore Scola) – 2001 C’est le bouquet (Jeanne Labrune) – South Kengsington (Carlo Vanzina) – 2002 Les filles personne s’en méfie (Charlotte Silvera) – 2003  Les clefs de bagnole (Laurent Baffie, cameo) – People – Jet set 2 (Fabien Onteniente) – 2004  Quartier V.I.P. (Laurent Firode) – Quoi ? L’éternité (Étienne Faure, documentaire) – 2006  Mon dernier rôle (Olivier Ayache-Vidal, CM) – Vous êtes de la police ? (Romuald Beugnon).

Voxographie : 1954  Paris mon copain (Pierre Lhomme, CM, documentaire, récitant) – 1961  Goodbye again (Aimez-vous Brahms ?) (Anatol Litvak, voix française d’Anthony Perkins) – 1973  Dreyfus ou l’intolérable vérité (Jean Chérasse, documentaire , récitant) – 1975  Barry Lindon (Id) (Stanley Kubrick, récitant version française) –  1976 Pour Clémence (Charles Belmont, récitant) – 1977 Hooray for Hollywood (Les plus grands moments de Hollywood / Hollywood parade) (Edward Shaw, documentaire, récitant version française)- 1992  Sacha Guitry et les femmes (Pierre Philippe, CM, récitant) – 1993  Monsieur Dior (Franck Maubert & Mathias Ledoux, CM documentaire, récitant).

Télévision (notamment) : 1954  Chiffonard de Bonaloy (Pierre Lhomme) – 1960 Les parents terribles (Jean-Paul Carrère) – 1962 Chéri (François Chatel) – 1964  Il faut qu’une porte (François Chatel, divertissement) – 1965 Anna (Pierre Koralnik) – 1974  La peur des coups (Jeannette Hubert) – 1980 Arsène Lupin joue et perd : 813 (Alexandre Astruc) – 1981 Cinq-Mars (+ réalisation) – 1982 Mozart (Marcel Bluwal) – Caméra une Première : L’accompagnateur (Pierre Boutron) – Quelques hommes de bonne volonté (François Villiers) – 1983  Père Noël et fils (André Flédérick) – 1984 Désiré (Dominique Giuliani, captation) – L’herbe rouge (Pierre Kast) – 1988  Loft story (un épisode) – 1989  Les deux virus (Bruno Gantillon) – Le nègre (Yves-André Hubert, captation) – 1990  C’est quoi ce petit boulot ? (Michel Berny) – 1991 Ferbac : Mariage mortel (Marc Rivière) – L’illusionniste (Michel Treguer, captation) – 1992 Lucas (Marie Trintignant) – Colpo di coda / Échec et mat (José-Maria Sanchez) – Ferbac : Les bains de jouvence (Marc Rivière) – 1993 Sandra, princesse rebelle (Didier Albert) – Ferbac : Le festin de miséricorde (Christian Faure) – Ferbac : Le mal des ardents (Roger Verharvert) – Ferbac : Le crime de Ferbac (Bruno Gantillon) – 1994  La jalousie (Patrick Bureau, captation) – 1995  Sandra princesse rebelle (Didier Albert) – Vacances bourgeoises (+ réalisation) – 1997  Nos jolies colonies de vacances (Stéphane Kurc) – La grande béké (Alain Maline) – Les héritiers (Josée Dayan) – Le comte de Monte Cristo (Josée Dayan) – 1998 Elisabeth / Ils sont tous nos enfants (Pasquale Squitieri) – 1999 La bicyclette bleue (Thierry Binisty) – Les jeunes premiers d’hiers et d’aujourd’hui : Jean-Claude Brialy (Gilles Nadeau, documentaire) –  2000 Nana (Édouard Molinaro) – Les filles à Papa (Marc Rivière) – 2001 Le hasard fait bien les choses (Lorenzo Gabriele) – On ne choisit pas sa famille (François Luciani) – 2003 Le président Ferrare : L’affaire Valéra (Alain Nahum) – 2004 Le président Ferrare : L’affaire Denise Chabrier (Alain Nahum) – 2005 L’étoile noire : Mythes et réalités de la vie des stars (Gilles Nadeau, documentaire) – Les contes secrets ou les Rohmériens (Marie Binet, documentaire) – Le président Ferrare : L’affaire Gilles d’Aubert (Alain Nahum) – Les rois maudits (Josée Dayan) – 2006 Monsieur Max (Gabriel Aghion).

Comme réalisateur : 1971  Églantine – 1972 Les volets clos – 1973 Un amour de pluie – L’oiseau rare – 1979 Les malheurs de Sophie – La nuit de l’été (TV) – 1981 Cinq-mars (TV) – 1983 Un bon petit diable – 1995 Vacances bourgeoises (TV) – 1996 Georges Dandin de Molière (TV) – 1998 La dame aux camélias (TV) – 2000 Les parents terribles (Captation télévisée).

 Bibliographie :

– Auto-biographie « Le ruisseau des singes »  Éditions Robert Laffont 2000

– Auto-biographie « J’ai oublié de vous dire » Éditions Xo, 2004

– Auto-biographie « Mon Algérie » Timée Éditions, 2006 (+ DVD documentaire)

– Jacques Valot et Gilles Grandmaire « Stars Deuxième » Édition Edilig 1989 (+ filmo)

– Stars N¨°39  (Automne 2000)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Georges Aminel

 

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Georges Aminel & Benoît Régent – Photo © Claude Angelini

Annonce de la mort de Georges Aminel, le 29 avril dernier, confirmée par François Justamand aux « Gens du cinéma ». Ce comédien, originaire de la Martinique, de son vrai nom Jacques Maline, fut le premier acteur noir à entrer à « La Comédie Française » en 1967,  avant de démissionner en 1972. On l’associe immédiatement à une des voix de notre jeunesse, il la prêta notamment au personnage de dessin-animé du chat Sylvestre dit « Gros minet » composant avec Arlette Thomas en « Titi » un duo mémorable. Il inventa à l’occasion pour cette version française le chuintement et le fameux « Nom d’un chat » qui devait rester dans nos mémoires. Il avait la stature et la tessiture de voix idéale pour doubler des comédiens magistraux comme Vittorio Gassman « Parfum de femme » (Dino Risi, 1974), Yul Brynner, Orson Welles dans « Paris brûle-t-il ? » (René Clément, 1965), « Casino Royale » (version 1967, dans le rôle du « Chiffre ») et  dans « La décade prodigieuse » (Claude Chabrol, 1971) – mais il ne fut pas très satisfait de la latitude laissée par Chabrol pour ce dernier film selon un de ses dernières interview. Il faisait mouche, notamment en doublant plusieurs rôles dans « Le magnifique » (Philippe de Broca, 1973) où il nous régalait de son humour en doublant Vittorio Caprioli, méchant d’opérette mais aussi Hans Meyer jouant un espion très sérieux. Dans « Tendre voyou » (Jean Becker, 1966), il alterne deux voix différentes dans une même scène de bateau, passant d’un marin noir au commandant du navire allemand, montrant ainsi ses grandes capacités. On lui reprochait parfois de détourner certains doublages à l’instar de celui de Ron Ely dans « Doc Savage arrive » (Michael Anderson, 1975). En apportant une voix « zézéyante », inexistante en V.O. ? il a donné une réputation de « Nanar » à ce film qui n’en méritait pas temps (Source Wikipédia et Nanarland). Il succéda même à François Chaumette pour trois des volets de la saga de « La guerre des étoiles », pour nous donner des frissons en « Dark Vador » VF, on ne peut que lui tirer notre chapeau, car la voix originale de James Earl Jones dans ce rôle était exceptionnelle. Pour la petite histoire c’est grâce à la ferveur de ses fans, qu’il avait pu reprendre en 2005, en une heure de temps, cette voix française « Star Wars 3 – La Revanche des Sith ». Vous pouvez retrouver quelques uns de ses plus célèbres doublages dans un des sujets du forum de « La gazette du doublage ».Le cinéma ne lui a hélas pas laissé beaucoup de place comme comédien. On le reconnaît dans un banquet d’étudiants fauchés dans « L’ange de la nuit » (1942), aux côtés d’une autre débutante Simone Signoret. On peut retenir aussi l’avocat mal à l’aise de « Chiens perdus sans collier » (Jean Delannoy, 1956), et l’apprenti dictateur noir dans le curieux « Popsy Pop » (Jean Herman, 1970), où il avait la chance de jouer avec une Claudia Cardinale au sommet de sa beauté. Il a un très joli rôle dans « Les amants de demain » (Marcel Blistène, 1957) qui vient de sortir en DVD chez René Château. Il est très touchant en client habituel du café tenu par Raymond Souplex. Toujours bien habillé, il est à la recherche d’un emploi, sans succès. Il évite de prendre la parole avec son accent créole, on comprend très vite que s’il est toléré, on le laisse en fait à l’écart. On sent dans son personnage une infinie tristesse et une grande détresse, quand il se voit refuser le sourire d’un enfant alors qu’il lui ramasse un jouet, ou quand il essaie discrètement de ramasser un mégot de cigarette, n’ayant plus d’argent. Il aura une grande gratitude auprès du personnage joué par Michel Auclair, qui venu de l’extérieur lui donne un peu d’attention. L’ironie toujours distinguée qu’il donnait à sa voix grave, restera durablement dans l’inconscient collectif de plusieurs générations. Un formidable serviteur du monde doublage, dont les fans déploreront sa disparition. A lire un entretien de lui par François Justamand pour « Objectif cinéma ».

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Filmographie établie avec Armel de Lorme : 1942  L’ange de la nuit (André Berthomieu) – 1943  Le ciel est à vous (Jean Grémillon) – 1944  La cage aux rossignols (Jean Dréville) – 1946  Le cabaret du grand large (René Jayet) – 1954  Le tournant dangereux (René Jayet) – 1955  Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy) – 1956  À la Jamaïque (André Berthomieu) – La loi des rues (Ralph Habib) – 1957  Cargaison blanche (Georges Lacombe) – Les amants de demain (Marcel Blistène) – 1960  Le Sahara brûle (Michel Gast) – 1962  Ame qui vive (Jean Dasque, CM) – 1970  Popsy Pop (Jean Herman) – Docteur Caraïbes / L’homme à l’albatros (Jean-Pierre Decourt, sortie en salles des 3 premiers épisodes de la série TV homonyme) – 1971  Les portes de feu (Claude Bernard-Aubert) – 1972  Les tueurs fous (Boris Szulzinger) – 1975  La grande récré (Claude Pierson) – 1977  La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1989  Jean Galmot, aventurier (Alain Maline, version longue TV seulement). Nota : Il n’apparaît pas dans les copies existantes des films suivants : 1956  « Porte des Lilas » (René Clair, 1956) et « Le soleil des voyous » (Jean Delannoy, 1966) – dans ce film le rôle du commissaire Leduc est en fait joué par Bernard Charlan – , titres crédités dans les catalogues de Raymond Chirat. Télévision (notamment) : 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme du Temple (Guy Lessertisseur) – 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme de la Mary Celeste (Stellio Lorenzi) – 1960  Rive droite (Jean-Paul Carrère, divertissement) – 1964  La puissance et la gloire (Claude Barma) – Bayard : Ludovic le More (Claude Pierson) – 1966  Comment ne pas épouser un milliardaire (Roger [Lazare] Iglèsis, série) – 1967  La vie parisienne (Yves-André Hubert) – 1969  Comédie Française : L’émigré de Brisbane (Jean Pignol) – Judith (Robert Maurice) – 1970  Reportages sur un squelette ou Masques et bergamasques (Michel Mitrani) – 1973  Docteur Caraïbes (Jean-Pierre Decourt, série) – Au théâtre ce soir : La tête des autres (Pierre Sabbagh) – 1977  Messieurs les jurés : L’affaire Beauquesne (Frédéric Witta) – 1979  Messieurs les jurés : L’affaire Coublanc (Dominique Giuliani) – 1980  Histoires étranges : La mort amoureuse (Peter Kassovitz) – Le séquestré (Guy Joré) – 1983  Clémentine (Roger Kahane) – 1993  Le siècle des lumières (Humberto Solás).

Voxographie succincte : 1954  Fortune carrée (Bernard Borderie, doublage) – 1959  Les seigneurs de la forêt ( Henry Brandt & Heinz Sielmann , voix du récitant) – 1962  Histoires africaines (Denise Charvein, série TV documentaire, récitant) – Stvoreni sveta (La création du monde)  (Eduard Hofman, animation, voix française) – 1963  L’inconnue de Hong Kong (Jacques Poitrenaud, doublages) – 1964  Moukenge (Denise Charvein, CM documentaire, récitant) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, doublages) – 1969  D’Artagnan (Claude Barma, série TV, voix française de Porthos) – 1975  Tarzan, la honte de la jungle (Picha et Boris Szulzinger, animation) – 1976  Drôles de zèbres (Guy Lux, voix clin d’œil de « Gros minet ») – 1980  The missing link (Le chaînon manquant) (Picha, animation) – Mama Dracula (Boris Szulzinger, voix du récitant) – 1983  Mickey’s Christmas Carol (Le Noël de Mickey) (Bunny Mattinson, version française) – 1986  Big Bang (Picha, animation).

 

ARTICLE Source : AFRICULTURES

Georges Aminel a tiré sa dernière révérence, par Sylvie Chalayepublié le 22/05/2007

Premier acteur noir à entrer au Français, Georges Aminel vient de disparaître à l’âge de 84 ans. Il faisait partie de ces comédiens sans visage que la télévision a fabriqué dans l’ombre du cinéma américain et de ses stars auxquelles il fallait bien donner des voix françaises. On a oublié les traits de l’acteur, mais le timbre de sa voix est resté dans l’oreille de nombreux spectateurs. Qui ne connaît les chuintements de Gros minet ou la magistrale inflexion de la voix française d’Orson Welles ou de Yul Brynner ? Georges Aminel avait du tempérament et une voix profonde qui traduisait parfaitement sa noblesse d’âme et sa hauteur. Fier et entier, il n’avait fait aucune concession à ce métier, où pendant longtemps les acteurs « basanés » étaient restés limités dans des emplois qui correspondaient à leur couleur, et il préféra, dans les années 70, tirer sa révérence et assumer dans l’ombre le jeu d’un acteur qui donne sa voix, mais dont on ne sait rien de la couleur. Il eut ainsi la carrière paradoxale d’un comédien qui connut les feux de la rampe de la Comédie-Française, mais qui eut le courage de démissionner, plutôt que d’être enfermé dans l’image de l’Autre qu’on voulait lui faire systématiquement jouer.

Né à Clichy en 1922, d’un père martiniquais et d’une mère parisienne, Georges Aminel connaît la notoriété en 1954, quand Yves Jamiaque lui confie le rôle de Bistouri dans Negro Spiritual, le médecin philosophe qui ramène ses frères à la raison, et les empêche de commettre un meurtre, et même si la pièce n’est pas un succès, la critique salue avec enthousiasme sa prestation d’acteur.

Jacques Maline (*), qui avait pris le nom de Georges Aminel, avait commencé sa carrière dix ans plus tôt en jouant d’abord de petits rôles : ici un Polynésien muet dans Faux jour de Closson au Théâtre de l’Oeuvre (1941), là un vieux nègre illuminé dans Sud de Julien Green au Théâtre de l’Athénée, ou un gentil sauvage dans une robinsonade (Robinson de Supervielle en 1952). Dès ces années-là, Aminel n’hésitera pas à dénoncer dans la presse la difficulté que rencontraient alors les acteurs noirs : « On rejette les gens de couleur parce qu’ils risquent de vous apporter des ennuis. Il n’y a pas de pièce pour eux. Celles qui ont été montées sont tombées à plat. ». (1)

En 1958, Jean Louis Barrault l’engage, il joue dans Le Soulier de satin, La Vie parisienne, Madame Sans-Gêne… En 1963 Pierre Debauche fait appel à lui pour le rôle d’Holopherne dans Judith de Hebbel, qu’il tournera ensuite pour la télévision avec Maurice Garrel, Pierre Arditi et Evelyne Istria, puis Raymond Rouleau lui donne le rôle d’Alexandre de Médicis dans son Lorenzzaccio. Enfin, ce sera le duc d’York dans Henri VI de Shakespeare que Jean-Louis Barrault monte à l’Odéon. Georges Aminel est alors remarqué par Jacques Charon et Maurice Escande qui l’engagent à la Comédie-Française en 1967, où il sera le premier acteur de couleur. Son premier rôle est celui de Picaluga dans L’Emigré de Brisbane de Georges Shéhadé. Il joua ensuite Pyrrhus dans Andromaque, Don Gormas dans Le Cid, Joad dans Athalie. Il fut un extraordinaire Malatesta, en 1970, dans la pièce de Montherlant.

Il tourna aussi au cinéma pour Claude Bernard-Aubert dans « Les portes de feu » en 1971, à côté d’Annie Cordy et Dany Carrel. Il participa à plusieurs feuilletons populaires à la télévision comme « Le temps des copains » ou « Comment ne pas épouser un milliardaire ».

En 1972, Georges Aminel incarne Oedipe dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon. La pièce est fortement décriée par la critique et on remplace Aminel par Claude Giraud. Bien qu’il fût à quelques jours de devenir pensionnaire [En fait sociétaire, voix commentaires] de la Comédie-Française, George Aminel, démissionna. Déçu par les rôles qu’on lui proposait, il finit par quitter la scène une dizaine d’années plus tard et à se consacrer au doublage. En 1979, avant de renoncer au théâtre, il confiait à Marion Thébaud lors d’un entretien pour le Figaro : « Je suis trop blanc, trop noir, le cheveu trop crépu ou pas assez. Bref, des amis qui me veulent du bien me demandent pourquoi je ne joue pas Othello mais jamais pourquoi je n’interprète pas Macbeth. C’est bien simple, j’ai passé mon temps à me barbouiller et à prendre un accent. Les faits sont là : j’ai débuté dans un rôle de Polynésien muet et depuis je ne compte pas les personnages de chamelier juif, brésilien ou arabe que j’ai endossés. Alors, si parce que mon père est Antillais, je dois toute ma vie incarner des Sud-Américains explosifs ou des Indigènes fanatiques, je préfère arrêter. » (20/06/1979) 1. Le Figaro littéraire, 25 septembre 1967.

(*) L’article initial donnait par erreur Jacques Lamine, comme son vrai nom.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gordon Scott

img329/3261/scott2ta5.jpg Mort de Gordon Scott, à 80 ans, le 30 avril dernier à Baltimore, Maryland, des suites de complications des plusieurs opérations cardiaques en ce début d’année. Il né en 1927, dans une famille immigrée autrichienne installée à Portland, plus grande ville de l’état de l’Orégon. Après de brèves études à l’université de Portland, il s’engage dans l’armée de 1944 à 1947. Ce sportif émérite, il excelle dans le judo et les arts martiaux, est remarqué par deux agents d’Hollywood, en 1953, dans un petit hôtel de Las Vegas, où il travaille comme maître nageur. Ils travaillaient pour le producteur Sol Lesser, qui avait une franchise pour adapter le célèbre personnage inventé par Edgar Rice Burroughs. Il est choisit pour succéder à Lex Barker notamment, pour incarner « Tarzan », pour une série de 6 films, grâce à ses qualités physiques, ses capacités dans la natation et son corps de culturiste. Il est le onzième à tenir se rôle, et se place rapidement comme l’un des dignes héritiers de Johnny Weissmuller. Il était l’époux de l’actrice Vera Miles, qui fut sa partenaire dans « Tarzan chez les Soukoulous », de 1954 à 1959. De cette union naquit un fils Michael. Le cinéma italien se l’accapare pour des films divertissants, chers aux amateurs du « cinéma de quartier ». péplums tel « Romulus et Remus », il incarne Remus face à son homologue Steeve Reeves dans le rôle de Rémus, auquel on le compare souvent. On le retrouve aussi bien dans le western européen, en chasseur de bisons dans « Buffalo Bill, héros du Far west », que dans la mythologie gréco-romaine pour terminé dans deux films d’espionnage. Il incarne aussi bien Zorro, que Maciste poursuivant ses exploits à la cour de Chine ou luttant contre un être au pouvoirs surnaturels, ou Goliath. On le retrouve même en Jules César face à Pascale Petit dans « Cléopâtre une reine pour César », le temps d’une apparition à la fin du film, cette dernière émergeant nue d’un tapis déroulé à ses pieds. En 1967, il arrête sa carrière avant d’atteindre la quarantaine. Avec lui disparaît un certain âge d’or du cinéma italien et de divertissement, même si parfois historiquement fantaisiste, les cinéastes imaginatifs faisait souvent preuve de savoir faire et d’imaginations face à des problèmes de budget. Si les amateurs du genre préfère lui reconnaître ses qualités physiques à son jeu d’acteur, il a pourtant marqué le cinéma de genres de son empreinte.

« Le géant à la cour de Kublai Khan »

Pour conclure, dans l’excellent livre d’entretien d’Éric Poindron, « Riccardo Freda un pirate à la caméra » (Institut Lumière/Actes, 1995), page 291, Freda parlait de son « Maciste » ainsi : « …Gordon Scott était un type gentil et très attentif autant dire parfait pour ce genre de rôle. Il n’est pas devenu célèbre pour une raison simple, il était sympathique, reconnaissant, généreux » (…) « …Une anecdote amusante, c’est la séquence  où Maciste doit sauver le prince de la fosse au titre. Maciste saute dans la fosse et prend le prince dans ses bras. Pour cette séquence nous endormions un peu le tigre en lui faisant une piqûre anesthésiante dans la queue… Mais après plusieurs piqûres, l’anesthésie n’était plus aussi efficace. Quand nous avions jeté le prince, qui était joué par un étudiant coréen, le tigre était réveillé, et le prince terrorisé. Maciste saute dans la fosse, soulève le tigre et l’écarte. Au moment de sortir de la fosse avec le prince, Gordon Scott fait une grimace épouvantable… A la fin du plan, je l’insulte, je lui demande pourquoi il fait cette grimace et il me répond : « Mais Riccardo, le Coréen, il a « fait » dans son pantalon royal ! »… ».

 

Filmographie (établie avec Christophe Bier) :1954  Tarzan’s hidden jungle (Tarzan chez les Soukoulous) (Harold D. Schuster) – 1955  Tarzan and the lost safari (Tarzan et la safari perdu) (H. Bruce Humberstone) – 1958  Tarzan’s fight for life (Le combat mortel de Tarzan) (H. Bruce Humberstone) – Tarzan and the trappers (Charles F. Haas et Sandy Howard, TV) – 1959  Tarzan’s greatest adventure (La plus grande aventure de Tarzan) (John Guillermin) – 1960  Tarzan the magnificent (Tarzan le magnifique) (Robert Day) – 1961  Maciste contro il vampiro (Maciste contre le fantôme) (Giacomo Gentillomo & Sergio Corbucci) – Romolo e Remo (Romulus et Rémus) (Sergio Corbucci & Franco Geraldi) –  Maciste alla corte del Gran Khan (Le géant à la cour de Kublai Khan, Belgique Kublaï Khan et le géant de Mongolie) (Riccardo Freda) – 1962  Il gladiatore di Roma (Le gladiateur de Rome) (Mario Costa) – Il figlio dello Sceicco (Le retour du fils du Cheik) (Mario Costa) – Una regina per Cesare (Cléopâtre, une reine pour César) (Piero Pierotti & Victor Tourjansky) – Il giorno più corto  (Sergio Corbucci ) – 1963  Zorro e i tre moschettieri (Zorro et les 3 mousquataires) (Luigi Capuano) – L’eroe di Babilonia (Hercule héros de Babylone) (Siro Marcellini) – Goliath e la schiava  ribelle (Goliath et l’Hercule noir) (Mario Caiano) – Il leone di San Marco (Le lion de Saint-Marc) (Luigi Capuano) –  Buffalo Bill, l’eroe del Far West (Buffalo Bill, le héros du Far West) (Mario Costa) – Coriolano, eroe senza patria (La terreur des gladiateurs) (Giorgio Ferroni) – Ercole contre Moloch (Hercule contre Moloch) (Giorgio Ferroni) –1964  Il colosso di Roma (Le colosse de Rome) (Giorgio Ferroni) – 1965  Gli  uomini dal passo pesante (Les forcenés) (Mario Sequi & Albert Band) – Hercules and the Princess of Troy (Albert Band, TV, 48 minutes) -1966  Il raggio infernale / Nido de espías (Le rayon infernal) (Gianfranco Baldanello) –  1967  Segretissimo / Secretesimo (Le requin est au parfum) (Fernando Cerchio).

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