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LA CONFIANCE RÈGNE

C’est un film à ne pas sous-estimer, malgré l’accueil assez hostile de la critique, lors de sa sortie. Étienne Chatiliez et Laurent Chouchan – réalisateur de l’acerbe “Vertige de l’amour” – ne me semblent pas porter pas de jugements sur ses personnages.  Ils observent ces électrons libres que sont Christophe et Chrystèle, deux paumés campés sur leur faculté de survivre le jour le jour, comme le plaisir immédiat de “boire une mousse”  – une réplique de Chrystèle promide à devenir culte – Chatiliez n’a pas un regard condescendant  – ce qui n’était pas l’avis de l’équipe du “Masque et la plume” sur France Inter – mais acerbe, il n’épargne les travers de personne ni des grands bourgeois, ni de ces petits malfrats.  Son film n’est pas “aimable” et nous tend un miroir peu flatteur de notre société, en appuyant où ça fait mal et dérange visiblement. Il ose jouer sans cesse sur le fil du rasoir, voir la scène des parents, joués formidablement par un couple véritable, André Wilms et Evelyne Didi en parents de Cécile de France, qui explique bien des choses sans s’appesantir. Comme toujours chez ce perfectionniste de Chatiliez, le moindre détail est juste, et les situations sont crédibles.  Cécile de France et Vincent Lindon nous offrent une poignante et drôle composition. Ils se mettent en danger et en n’essayent pas d’être plus malins que leurs personnages, ils apportent une humanité. On ressent de l’empathie pour ces deux personnages, finalement très travailleurs, au-delà d’une composition formidable.

Jacques Boudet, Martine Chevallier, Cécile de France & Vincent Lindon

Chatiliez sait laisser sa chance aux acteurs comme le couple de Jacques Boudet et Martine Chevallier, il faut voir ces personnages de notables englués dans leur médiocrité et travers. Il convient de saluer particulièrement ces deux comédiens ;  Boudet , un fidèle à l’univers de Guédiguian, était déjà chez Chatiliez en magistrat qui sort de son rôle pour proposer à André Dussollier de corriger son « têtard » dans « Tanguy ». Il  est attachant dans son rôle de mari peu dupe de la mesquinerie de sa femme. Martine Chevallier – grande carrière à la comédie Française et syndicaliste touchante dans “Violence des échanges en milieu tempéré” – nous touche par son personnage plein de faiblesses.  Le reste de la distribution est à l’avenant, Eric Berger prouve qu’il ne faut pas le cloisonner à son rôle de “Tanguy”, Anne Brochet qui marque durablement des rôles désormais trop courts pour son talent – “Histoire de Marie et Julien”, “Je suis un assassin” – rayonne en bourgeoise humaniste.  Il faut citer également dans les seconds rôles, Jean-Luc Porraz en banquier dépité, Erick Desmaretz en exploiteur, Pierre Vernier en mari volage ou Catherine Hosmalin en prostituée, etc… Malgré quelques faiblesses de rythme – la séquence nouveaux riches -, le ton de ce film est digne de la tradition de l’âge d’or de la comédie italienne et montre qu’Étienne Chatiliez sait se renouveler et nous surprendre toujours.

Le lien du jour :

Il convient de signaler un nouveau site et l’excellent travail de Philippe Pelletier, collaborateur des “Gens du cinéma”, pour le site CinéArtiste, c’est d’autant plus remarquable qu’il est difficile de trouver des informations en Français sur le cinéma Allemand. La maquette est lumineuse et attractive. Un site à suivre de près.

Bon vent !

BRAIIISSE DE NAIIISSE

Brice de Nice” est un phénomène de société c’est indéniable, il repose sur un personnage remarquablement caractérisé et écrit par Jean Dujardin, qui jouit d’un capital de sympathie remarquable. Quelque soit le média, le personnage a devancé le film, et grâce au web, a déjà viré au « culte ». Il est difficile de faire exister un personnage définissant à lui seul un univers. Pour preuve Fernand Raynaud a échoué au cinéma, et Raymond Devos, n’a pas su traduire son originalité à l’écran, dans « La raison du plus fou » qu’il a co-réalisé avec François Reichenbach. L’idée n’est cependant pas neuve, à l’exemple des sketches de Robert Lamoureux repris dans la série des deux films de Jean-Paul Le Chanois : “Papa, maman…”.

Le film de James Huth, est assez décevant, et traduit assez mal l’équivalent cinématographique de l’univers de Jean Dujardin. Mais les répliques sont cultes, et traverse désormais notre quotidien. Pour avoir vu ce film, en avant-première à Bordeaux – ils faisaient un marathon de salles, à travers la Gironde avec Bruno Salomone -, on pouvait constater que la majeure partie du public était acquise d’avance. En dehors le la performance de Jean Dujardin, seul Clovis Cornillac arrive a faire exister son personnage, amenant même un décalage et même une sensibilité. Élodie Bouchez et Bruno Salomone ont plus une présence qu’un véritable rôle. Les seconds rôles sont inexistants, de François Chattot, père de Brice, riche escroc couvant avec excès son fils, Mathias Mlekuz en avocat fatigué, Alexandra Lamy en fantasme, ou Patrick Ligardes en banquier névrotique. Il y a Antoine Duléry, formidablement sous-utilisé et venu en ami.

Jean Dujardin & Antoine Duléry

Invité par Pierre Bénard directeur de l’UGC Ciné-Cité de Bordeaux, j’avais bu un verre en compagnie de Jean Dujardin et d’Antoine Duléry, venu présenter en avant-première « Toutes les filles sont folles » avec la réalisatrice Pascale Pouzadoux. J’ai eu ainsi le privilège de voir deux formidables artistes modestes et attachant – Jean Dujardin venait de tourner “Les convoyeurs” et avait une cicatrice sur le nez venant d’une scène de bagarre du film, et dû à François Berléand ! Ce sont deux grands cinéphiles, et le talent que l’on peut voir est l’écran n’est qu’une capacité infime – Antoine Duléry, surtout – de leur art. Il fallait les voir, pour Antoine Duléry imiter Jean Gabin ou Michel Serrault, reprendre des dialogues de Michel Audiard, Jean Dujardin imiter Robert de Niro – son grand classique – et formidablement Charles Denner, lorsque l’on a évoqué le travail avec Claude Lelouch, et les tirades de “L’aventure c’est l’aventure”.

Pour l’anecdote, Antoine Duléry avait évoqué le téléfilm “caution personnelle” tourné en 2002, où il joue un petit entrepreneur écrasé par les difficultés. Comme tétanisé, il s’effondre, mais est aidé par sa femme – Anne Coesens, formidable -, après avoir été abusé par un ami banquier – Bruno Todeschini – en crise avec sa femme – Pascale Arbillot, parfaite – peinée de cette malversation. Voir la distribution que j’avais rajoutée pour IMDB.

France 3 avait annoncé ce téléfilm en septembre dernier, mais a été annulé parce qu’une banque, selon Télérama, s’est reconnue dans ce récit et à fait différer l’oeuvre à mai dernier ! J’ai pu le voir sur sous ce titre, très vite ensuite sur le câble. Mais la sortie sur France 3, ne s’est faite que sous le titre de “La belle affaire”. Curieux est le temps où une banque puisse interdire un sujet d’actualité.

5X2

Le dernier film de François Ozon, est remarquable dans la tonalité de « Sous le sable ». Le premier plan, où un avocat joué, par Jean-Pol Brissart, rend la lecture de la procédure du divorce presque musicale, des personnages de Gilles et Marion, donne le ton du film. C’est un constat lucide sur la vie d’un couple.

La construction du film est astucieuse, (à la manière de “Memento” et de quelques films de genres actuels), et l’empathie avec les personnages est grande. Il faut saluer la performance de Valeria Bruni Tedeschi et de Stéphane Freiss, réussissant à rendre tangible l’intimité de leur couple (notion assez rare à l’écran, finalement). François Ozon a stoppé volontairement le tournage, pour qu’ils fassent un travail physique pour jouer leurs rencontres plus jeunes, et ce à la dernière phase du tournage.

Le quotidien est rendu avec brio, on ne décroche à aucun moment du film. Stéphane Freiss (voir par exemple la scène de “la voiture” où il est touchant malgré la situation et Valeria Bruni Tedeschi (radieuse comme jamais) nous livrent une performance très fine et subtile, sous le regard sans jugement de François Ozon. Le film laisse des zones d’ombres et la responsabilité de l’échec du couple est partagée. Françoise Fabian et Michael Lonsdale, dans le rôle des parents de Marion, sont brillant dans le “couple miroir” (selon une expression d’Ozon), qui dure malgré tout, Antoine Chappey et Géraldine Pailhas, sont formidables de justesse.

Valeria Bruni Tedeschi & Stéphane Freiss : Le point de non retour

C’est une fine performance pour ces quatre comédiens qui n’ont pas la durée du film pour défendre leurs personnages. Charlotte Rampling définissait François Ozon selon une expression anglaise, comme “vieille âme” (old soul), ses personnages existent et nous ressemblent, le film est moins noir que prévu, et même assez romantique, un aboutissement de plus dans l’œuvre de François Ozon.

Venu présenté ce film dans une avant-première à l’UGC Cité Ciné Bordeaux – avec François Ozon et Valeria Bruni Tedeschi – Stéphane Freiss, disait très justement qu’il est important de tourner avec un grand metteur en scène mais dans un grand film. Il a fait preuve de lucidité et de réflexion sur son travail d’acteur et sur son succès très rapide. Pour la petite histoire, il a tourné “Le grand rôle” de Steve Suissa entre le début et la fin du tournage de “5 x 2”, ce qui a permis aux deux comédiens principaux de se préparer pour “jouer” leurs jeunesses… Le film de Steve Suissa n’a malheureusement pas travaillé, mais Stéphane Freiss a trouvé là deux grands rôles.

Le site du jour : François Ozon, site officiel

LES MAUVAIS JOUEURS

Avant-première le jeudi 14 avril, à l’UGC Bordeaux, en présence de Frédéric Balekdjian, Simon Abkarian et Lin Dan Phan.

C’est toujours une satisfaction, de découvrir l’univers marquant d’un cinéaste, dès les premiers plans d’un film. Le film débute sur une arnaque au bonneteau dans le quartier du Sentier. Simon Abkarian impressionne par sa manière d’occuper le terrain, de s’imposer, de ne pas laisser souffler le spectateur. Le décors est planté, deux communautés coexistent (les Arméniens et les Chinois) avec difficultés.

Teng Fei Xiang & Pascal Elbé

Frédéric Balekdjian a utilisé habilement les règles du film noir, dans les décors de son enfance. Il montre le destin précaire de Yavé Krikorian (Pascal Elbé, personnage touchant et borderline), qui prend sous son aile, le jeune frère de celle qu’il aime (Lin Dan Phan), qui le délaisse pour un autre. Il tente de survivre aux difficultés de la boutique de son père – inattendu et impressionnant Richard Taxi – , par des petites combines avec ses deux comparses le hâbleur et violent Shahak (Simon Abkarian) et son frère Toros (Isaac Sharry).

Ce film âpre, énergique est une réussite, la manière de concilier la vie d’un quartier. On est bluffé par les plans tournés en plein Paris, cette façon de faire exister les arrières plans, d’autant plus méritoire lorsqu’on pense aux contraintes de tourner dans Paris – entre les demandes d’autorisations de tournage et les prostituées de la rue Saint-Denis qui ne souhaite pas figurer dans un plan -. C’est un film à l’énérgie porté par ses comédiens, et de beaux personnages complexes, et le choix de la distribution. L’émotion est souvent là, comme le dernier regard de Gérard (Richard Taxi) sur sa boutique vide, plan inspiré de la propre expérience du réalisateur. Il a eu l’intelligence d’aller au delà de l’image marquée par le “Petit théâtre de Bouvard”, pour épaissir sa silhouette et donner une ressemblance avec son propre père.

Pascal Elbé joue avec ironie, et conviction un personnage en souffrance, et perdu. Isaac Sharry joue de sa sympathie naturelle et sa drôlerie – Le numéro rare de “Stranger” -, pour donner plus d’ambiguïté à son personnage, et le jeune Teng Fei Xiang, choisi par casting, passe de l’innocence à la violence avec facilité.

Simon Abkarian

Simon Abkarian, marque durablement son personnage, en l’humanisant Il prouve qu’il est à l’aise dans tous les registres, de l’extorisation (avec Klapisch) à l’intériorisation (avec Deville). Rencontré suite au film, il fait preuve de chaleur, nous confiant son exigence. Très chaleureux et modeste, il devrait rejoindre la famille de Robert Guédiguian. Il parle magnifiquement et avec lucidité de son métier. De beaux rôles l’attendent… Grâce à son amabilité, j’ai pu créer une fiche pour Les gens du cinéma

Lin Dan Phan, surdouée du cinéma, se lève pour vous parler – trouvant inconvenent de rester assise quand quelqu’un s’adresse à elle -. On est touché immédiatement par sa grâce et son côté surdoué. Elle marque de sa gravité et de son charisme, son rôle de femme blessée. Pour la petite histoire, elle a tourné “Les mauvais joueurs” avant le beau film de Jacques Audiard “De battre son coeur s’est arrêté”, où elle rayonne également. Sur ce film elle nous parle de ses années d’aprentissage du piano, de son amusement à jouer quelqu’un qui ne parle pas le français. Elle évoque également sa rencontre avec Lomama Boseki “Man to man” révélée comme par Régis Wargnier – son premier rôle fût dans “Indochine” -.

Frédéric Balekdjian, parle avec humilité de son travail, de son travail dans un quartier où il a grandit, sa tenacité face aux difficultés de financements et de tournage. Vivement la suite…

UN DANS TES REVES PEUT UN EN CACHER UN AUTRE

Les a priori ont la peau lourde. Étant trentenaire finissant, je ne devais pas être le coeur de cible de “Dans tes rêves”, le film de Denys Thybaud. Je l’ai vu cependant le film en avant-première le 24 mars dernier.

C’est un film très plaisant, évitant certains clichés que l’on pouvait presumer à la vision de la bande-annonce. Il y a une bonne réflexion à l’image du photographe qui demande à Ixe de faire “Yo” et ce dernier reste digne et de la chanson “Je suis le singe, vous êtes le zoo”.

Il y a un effour louable sur la distribution, de Sérigne M’Baye (Disiz) et sa bande, Alex Descas et Béatrice Dalle transfuges de Claire Denis, Vincent Elbaz qui joue de son image comme le faisait un Vittorio Gassman, Simon Abkarian déléctable, en gros bras se lissant les moustaches avec un couteau, Firmine Richard en mère dépassée, Jean-Pierre Cassel en caïd vieillissant…

Sérigne M’Baye alias Disiz La Peste a une présence, une gravité, une sensibilité. Venu présenté, avec Denis Thybaud, Edouard Montoute et Adrien Saint-Joré (ce dernier avait presque plus de fans que les trois autres réunis), avait une attention pour tout le monde, une écoute, une disponibilité, un sacré capital de symphatie…

Quand on voit Édouard Montoute en promotion – l’ayant vu déjà sur “Nos amis les flics” -, ce qui frappe le plus c’est son côté boute-en-train, jouant constamment avec le public… il est drôle et efficace, et commence à fendiller l’armure de son image de macho rigolard dans son personnage de manager-coiffeur.

Et il y a la sublime Sara Martins – là je dois confesser un sérieux béguin pour elle depuis l’avant-première de “Les amateurs” – .  C’était un bonheur de l’écouter parler sur “Limelight” de Chaplin ou de sa rencontre avec Michel Bouquet, son talent ne devrait pas se résumer à des rôles aussi brefs. Heureusement, elle semble s’épanouir au théâtre.

Mentionnons aussi Tony Mpoudja qui casse la barraque dans le rôle de “Gun” (c’est un rôle de composition, ce comédien découvert dans “La squale” n’est pas un rappeur). Malgré les maladresses et les effets clipesques, ce film reste plaisant. Ne boudons pas notre plaisir !

A lire une analyse intéressante sur  : Allôciné rappelant la genése du film, corroborée par les intervenants lors de cette avant-première, le scénario originel d’Oxmo Puccino ayant été confié à Denys Thibaud, car la contreverse est certaine.

Blandine Lenoir, Nanou Garcia et Lila Redouane

Il y a un autre “Dans des rêves”, c’est un court tourné en 2003, et diffusé actuellement sur le câble (CinéCinéma Auteurs). En 17 minute, réalisé par Blandine Lenoir, et avec un budget beaucoup moins conséquent que le long homonyme. Ce court narre la pause de trois employées d’un restaurant.

L’une Monette (formidable Nanou Garcia) voit le bon côté des choses, éternelle optimiste, remontant le moral de ses deux collègues (Blandine Lenoir et Lila Redouane), qui agacées restent plus perplexe, en attendant l’arrivée du mari de Nanou (Frédéric Pierreux), homme taiseux et discret. Cet exercice de style ciselé est un pur moment de bonheur. La caméra légère a privilégié le jeux des comédiens. Souhaitons, vivement à Blandine Lenoir un long-métrage.

Le lien du jour :

Vous avez du mal avec le causer moche de ce blog, voyez : Dicomoche

Bernard Blier offrait un bouquet de fleur à sa mère le jour de son propre anniversaire, bon anniversaire à Arnaud et Rémi et leurs parents Philippe (grand cinéphile devant l’Éternel) et Véronique…

MON PETIT DOIGT M’A DIT…

Excellente surprise que de découvrir ce film ce mardi soir en avant-première à Bordeaux. Pascal Thomas a trouvé une équivalence ludique dans la province française pour restituer l’atmosphère anglaise – Au contraire d’un Alain Resnais se servant du studio pour “Smoking-No Smoking” -… Loin des clichés “tasses de thé”. Saluons également la musique de Reinhardt Wagner. C’était plaisant d’entendre Pascal Thomas narrer la rencontre avec la fille Agatha Christie – à l’époque du film “Celles qu’on n’a pas eues” -, il obtient les droits après une soirée arrosée, chagrinant les “hommes en noir” chargés des droits des adaptations et préférant les réserver à Hollywood ! Il vaut mieux ne rien déflorer du film.

Disons qu’avec ces dialogues ciselés, sa distribution étonnante (des habitués : Catherine Frot, Maurice Risch en peintre inquiet, André Thorent en curé poivrot, Anne Le Ny déguisée en fée Carabosse…) et les autres (beaucoup de surprises, tel Pierre Lescure, dans le rôle inattendu du “commissaire”, il a été choisi grâce à son timbre de voix).

Valérie Kaprisky, Catherine Frot et André Thorent

– Geneviève Bujold apporte la dimension fantastique du film, aidée par nos souvenirs de cinéphiles chez Brian de Palma ou David Cronenberg. Elle s’isolait fréquemment du reste de l’équipe.

– Laurent Terzieff, surnommé par Prudence “Le Gréco” amène une inquiétante présence.

– Sarah Biasini joue la fille des Beresford. Son arrivée inopinée avec son suisse de mari et ses deux jumeaux, poussera Prudence a faire son enquête (moment désopilant).

– Bernard Verley joue un général accorte et omniprésent.

– Alexandra Stewart est une sculptrice extra-lucide énergique.

– La trop rare Françoise Seigner est la tante acariâtre.

– Valérie Kaprisky joue une vieille fille inquiétante. Pour la petite histoire, elle venait de se casser le bras.

Catherine Frot & André Dussollier

C’est la force de Pascal Thomas d’intégrer diverses personnalités à son univers (souvent des amateurs). IL laisse s’installer l’insolite avec des références actuelles (la canicule, les portables) et c’est jubilatoire. L’insolite d’ailleurs continuait après le film, un fan faisant signer un autographe à Pascal Thomas sur un chéquier !

André Dussollier a magnifiquement parlé de son travail. Suite à une de mes question, lors du débat d’après film, il a évoquait son travail dans le téléfilm de qualité non formaté, “Suzie Berton” et revient sur l’anecdote du film de François Truffaut, “Une belle fille comme moi” où il continuait à répéter ses scènes déjà tournées. Il y a toujours chez lui une exigence, un travail sur sa voix et les situations, c’est un des plus grands acteurs français. Ce film est un beau rendez-vous, réalisé au pied levé suite à l’abandon de TF1 pour un projet avec Vincent Lindon.

AKOIBON OU FAIS PAS TON CLAUDEL !

Dans “Édouard est marrant” formidable court-métrage de Riton Liebman – L’enfant précoce du film de Bertrand Blier “Préparez vos mouchoirs !” -, Maxime (Riton Liebman) est agacé par sa femme (Maryne Canto) qui trouve Édouard Baer irrésisitible. Il finira par le rencontrer et en plus par le trouver sympathique. Avant-première donc, de son nouveau film “Akoibon” à l’UGC Cité-Ciné à Bordeaux, ce jeudi 7 mai en présence d’Édouard Baer, Nader Boussandel et le local de l’étape Patrick Robine (il est né à Villenave d’Ornon en Gironde). Le film est un monde en lui-même, Nader, un jeune débrouillard arrive à la Villa Mektoub, sur une île de la Méditerranée. Pour sauver son ami Christophe, des griffes d’une personnalité maffieuse (magistrale Jeanne Moreau), il devra lui livrer Chris Barnes, légendaire roi des nuits de la jet set. A la manière de “La Bostella” l’univers d’Édouard Baer est singulier mêlant mélancolie et décalage, dans un cadre écrasé de soleil. Pour ce film co-écrit avec Fabrice Roger-Lacan, on pense souvent à Luis Buñuel dans la cohérence dans les mises en abîme – Le camp militaire à proximité de l’hôtel rappelle les manoeuvres du “Charme discret de la bourgeoisie” -. La narration est mise en pièce à la manière d’un Bertrand Blier, avec en toile de fond le jeu des apparences… Le mélange de la troupe d’Édouard Baer et d’interprètes d’autres horizons fonctionne parfaitement.

Édouard Baer

La troupe :  l’émission estivale “Le grand plongeoir” présenté sur France 2, a été un bon laboratoire pour découvrir de nouveaux talents, Édouard Baer nous confiait ne pas en être satisfait, il aurait souhaité qu’elle passe en direct : – Nader Boussandel : Baer le présente comme un croisement de Bébel et de la banlieue. C’est le fil rouge de l’histoire, et il est à la hauteur des ses prestigieux interprètes. Pour l’anecdote, Édouard Baer racontait que Jean Rochefort aimait à le déstabiliser, son trouble est d’ailleurs utilisé dans le film. Un talent très prometteur… – Patrick Robine, il est le marin pêcheur, à pilosité variable et livreur de doigts !, lors de cet avant-première il a régalé le public en faisant à froid son numéro d’imitations de la nature – “Je ne fais que les lacs connus…” -. Il s’est également couché à même le sol, se servant d’une veste comme d’une couverture. Un univers singulier. – Gilles Gaston-Dreyfus  est le récitant encombrant d’un film, sentencieux, il semble gêner tout le monde… – Atmen Kélif amène un personnage poétique et lunaire, surgissant de nulle part et lavant tout ce qui est a sa portée. – Le fidèle Francis Van Litsenborgh, joue de la raideur de sa nuque en hôte du “Mektoub”, singe Esther Williams et se retrouve même dans le lit de Chris Barnes ! – François Rollin joue l’amoureux transi de Marie Denarnaud, la filmant sans relâche et promenant un spleen désinvolte. – Christophe Meynet, l’habituel compère de Nader Boussandel, joue le bon copain gouailleur de Nader.

Jean Rochefort et Jeanne Moreau (source Gemini Films)

Les autres :

– Jean Rochefort est impérial en amalgame d’Eddie Barclay et de Jean-Marie Rivière. Édouard Baer saluait son souhait de se renouveler et de s’investir dans de nouveaux univers. Il maîtrisait et respectait le texte, même s’il répondait au metteur en scène parfois « Fais pas ton Claudel ! ». Autre anecdote : Toute l’équipe de tournage habitait sur le lieu de l’hôtel, formant une petite communauté. Jean Rochefort se faisait livrer du poisson par un certain Jean Alési (qui est l’homonyme du pilote et figure, au générique final comme l’a fait remarqué un spectateur observateur. Par élégance, Édouard Baer a donné sa chambre à Jeanne Moreau, sans lui dire qu’il manquait de places. Il pensait dormir sur un canapé, mais il a dû finir à l’hôtel pour ne déranger personne. La classe personnifiée… De ce fait, Jean Rochefort a demandé un verrou, en déclarant “Je suis toujours désirable…”. La rencontre inédite Rochefort-Moreau étonne, cette dernière mêle autorité et poésie. – Ne cherchez pas qui peut succéder à Louis de Funès, c’est Josée Dayan actrice. On retrouve Georges Moustaki, capable de créer un lien très fort entre deux personnages sur un forum sur la chanson française… On vous recommande le T-shirt ! – Marie Denarnaud rayonne par son charme et impressionne dans sa scène sur l’ennui avec François Rollin. – Chiara Mastroianni surprend en étant à l’aise dans le loufoque, à l’exemple de sa conversation gênée avec Nader et l’attitude ambiguë avec son Rochefort de père. – Pierre-Louis Lasnier et Léa Drucker détonnent en vacanciers désabusés. – Samir Guesmi est formidable dans l’absurdité jouant entre le factice et le réel. – Benoît Poelvoorde change de registre en mari de Chiara Mastroianni, il a une belle scène parlant du charme d’ Édouard Baer en se plaignant de n’intéresser personne,  et multiplier les fausses sorties. C’est bien une des problèmatiques du film, l’inégalité de l’aura et des talents, entre les gens. Lors du débat après le film, Édouard Baer dissert, fait preuve de brio, l’intelligence fuse. Je fais donc mon intéressant, de manière assez pathétique, en le comparant à Sami Frey (C’est humainement impossible qu’une des femmes que vous aimez ne vous en parle pas), et parle de la diffulté d’être médiocre quand il y a des personnages comme lui. Il répond évidemment brillamment, en vantant l’avantage d’être lui (mais se dévaluant tout de même) et faisant l’éloge de l’aigreur en citant un dialogue du “Bison”. La discussion reprend au hall de l’UGC, il nous parle de l’accueil glacial d’ “À boire”, de ses angoisses sur la sortie de “La Bostella”. Brillant, désespérément brillant, je finis par lui parler du fameux article de “Libération” de Paul Vecchiali.. Il me signe sur un calepin avec humour “mon concurrent” malgré ma pitoyable prestation.

Riton Liebman avait raison, Édouard est marrant…

Le lien du jour : http://www.clubdesmonstres.com/ Club des monstres est un site canadien proposant un panorama sur le cinéma fantastique