Excellente surprise que de découvrir ce film ce mardi soir en avant-première à Bordeaux. Pascal Thomas a trouvé une équivalence ludique dans la province française pour restituer l’atmosphère anglaise – Au contraire d’un Alain Resnais se servant du studio pour « Smoking-No Smoking » -… Loin des clichés « tasses de thé ». Saluons également la musique de Reinhardt Wagner. C’était plaisant d’entendre Pascal Thomas narrer la rencontre avec la fille Agatha Christie – à l’époque du film « Celles qu’on n’a pas eues » -, il obtient les droits après une soirée arrosée, chagrinant les « hommes en noir » chargés des droits des adaptations et préférant les réserver à Hollywood ! Il vaut mieux ne rien déflorer du film.
Disons qu’avec ces dialogues ciselés, sa distribution étonnante (des habitués : Catherine Frot, Maurice Risch en peintre inquiet, André Thorent en curé poivrot, Anne Le Ny déguisée en fée Carabosse…) et les autres (beaucoup de surprises, tel Pierre Lescure, dans le rôle inattendu du « commissaire », il a été choisi grâce à son timbre de voix).
Valérie Kaprisky, Catherine Frot et André Thorent
– Geneviève Bujold apporte la dimension fantastique du film, aidée par nos souvenirs de cinéphiles chez Brian de Palma ou David Cronenberg. Elle s’isolait fréquemment du reste de l’équipe.
– Laurent Terzieff, surnommé par Prudence « Le Gréco » amène une inquiétante présence.
– Sarah Biasini joue la fille des Beresford. Son arrivée inopinée avec son suisse de mari et ses deux jumeaux, poussera Prudence a faire son enquête (moment désopilant).
– Bernard Verley joue un général accorte et omniprésent.
– Alexandra Stewart est une sculptrice extra-lucide énergique.
– La trop rare Françoise Seigner est la tante acariâtre.
– Valérie Kaprisky joue une vieille fille inquiétante. Pour la petite histoire, elle venait de se casser le bras.
Catherine Frot & André Dussollier
C’est la force de Pascal Thomas d’intégrer diverses personnalités à son univers (souvent des amateurs). IL laisse s’installer l’insolite avec des références actuelles (la canicule, les portables) et c’est jubilatoire. L’insolite d’ailleurs continuait après le film, un fan faisant signer un autographe à Pascal Thomas sur un chéquier !
André Dussollier a magnifiquement parlé de son travail. Suite à une de mes question, lors du débat d’après film, il a évoquait son travail dans le téléfilm de qualité non formaté, « Suzie Berton » et revient sur l’anecdote du film de François Truffaut, « Une belle fille comme moi » où il continuait à répéter ses scènes déjà tournées. Il y a toujours chez lui une exigence, un travail sur sa voix et les situations, c’est un des plus grands acteurs français. Ce film est un beau rendez-vous, réalisé au pied levé suite à l’abandon de TF1 pour un projet avec Vincent Lindon.