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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Claude Brialy

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Annonce de la mort de Jean-Claude Brialy, le 30 mai dernier, dans la ville de Monthyon en Seine-et-Marne, des suites d’un cancer. Il était très lucide sur son métier, il confiait à la revue “Cinéma 72” N°163 : “…Etre acteur de cinéma, c’est trop souvent, être privé de toutes responsabilité. Le cinéma est une meule, on vous propose un sujet, vous imaginez quelque chose, vous faites ce qu’on attend de vous et le produit auquel on aboutit n’a aucun rapport avec ce que vous aviez espéré . Bien sûr, si vous êtes une star, on construit le film autour de vous. Il y a aussi les metteurs en scènes avec lesquels on ne risque rien. Mais on ne tourne pas toujours avec Losey, ou avec Rohmer…” Il a traversé le cinéma français sans aucune amertume, et avec une grande autodérision. Mais ce grand comédien ne devrait pas être mésestimé, le public retenant volontiers son image publique, provoquant les sarcasmes de certains humoristes, – Thierry Le Luron, l’appelant avec rosserie “La Mère Lachaise”, comme le rappelait Guy Carlier sur “France Inter” -, car il ne manquait jamais à rendre hommage à ses aînés, et qu’il faisait toujours preuve d’un grand esprit. Né dans une ville de garnison en Algérie, Jean-Claude Brialy a refusé de prendre la relève de la garde paternelle pour devenir artiste, se brouillant ainsi avec sa cellule familiale. Il vivote d’abord comme débardeur aux Halles de Paris ou comme plongeur. C’est au service cinématographique des armées qu’il rencontre Pierre Lhomme, futur chef opérateur et Philippe de Broca. Très rapidement son côté dandy, espiègle et frondeur, plût à la Nouvelle vague, dont il devient le compagnon de route régulier. Claude Chabrol lui donne ses premiers grands rôles. Dans “Le beau Serge” (1957), il joue un jeune bourgeois, revenant dans son village natal pour soigner sa tuberculose et voulant sauver son ami d’enfance Serge – joué par Gérard Blain – de l’alcoolisme et la déchéance. Sur un mode plus léger, il est un des “Paul” chabrolien, étudiant noceur, manipulant le timide Charles – Gérard Blain toujours – dans “Les cousins” (1958). Il devait jouer dans “À double tour” en 1959, mais il est remplacé par Jean-Paul Belmondo suite à un accident de voiture. Dans “Les godelureaux”, il fait une saisissante composition en Ronald, snobinard “gégauffien” cruel et retord. Il retrouvera Chabrol en 1985 dans “L’inspecteur Lavardin” en frère ambiguë et protecteur de Bernadette Laffont. Jean-Luc Godard utilise avec brio son côté ludion dans le court-métrage “Tous les garçons s’appellent Patrick” (1956), où il joue un dragueur invétéré et “Une femme et une femme” (1961) – je reviendrai sur ce film -, en libraire hâbleur. Il fait une courte apparition pour François Truffaut avec Jeanne Moreau dans “Les 400 coups”, il le retrouvera plus longuement en incarnant le confident de “La mariée était en noir” (1967), adaptation de l’oeuvre de William Irish, film souffrant de la transposition d’une histoire américaine dans la province française. Éric Rohmer lui donne l’occasion de montrer une nouvelle face de sa personnalité avec “Le genou de Claire” en 1970, cinquième opus de ses contes moraux. Il remarquable de justesse dans ce rôle de trentenaire, attaché d’ambassade en vacances près d’Annecy. Il s’apprête à se “ranger” en se mariant, mais il sera troublé par la sensualité de jeunes femmes. On le découvre aussi à l’écoute de son partenaire du jeune et déjà bouillonnant Fabrice Luchini. Mais il restait fidèle à ses aînés, alternant ces films avec ceux qualifiés “Qualité France”, mais qui lui permettait de jouer avec ses idoles comme “Et ta sœur”, mémorable nanar où il donnait la réplique à Pierre Fresnay et son idole Arletty. Il était souvent disponible pour de jeunes metteurs en scène, à l’instar de son court rôle de noctambule, qui aime la jeunesse dans “L’amour à la mer” (Guy Gilles, 1961), ne dédaignant pas faire de courtes apparitions par amitié chez  Louis Malle ou Agnès Varda – le petit film muet “les fiancés du pont MacDonald” à l’intérieur du film – “Cléo de 5 à 7” -. Très tôt il aima à jouer avec son image de charmeur très parisien et beau parleur comme dans son rôle d’écrivain dans “Les lions sont lâchés” (Henri Verneuil, 1961), s’il séduit le personnage joué par Claudia Cardinale par ses beaux discours, il se révèle ensuite pitoyable dans l’alcôve. On l’utilise volontiers dans la comédie, où on se sert de son esprit parisien. Il y tire souvent son épingle du jeu, résistant à la “tornade” Louis de Funès dans l’un des sketches du “Diable et les dix commandements” (Julien Duvivier, 1962), où dans “Carambolages”, où il incarne un arriviste cynique voulant prendre la place de son supérieur.  On le retrouve chez Philippe de Broca en fou élégant dans le génial “Roi de cœur” (1966), et dans le mésestimé “Julie pot-de-colle” (1976), où il incarne un austère fondé de pouvoir d’une banque, bousculé par le personnage joué par la pétulante Marlène Jobert.

 

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Avec Bernadette Lafont dans “Le beau Serge”

 

Il se lance dans la réalisation dans les années 70, allant volontiers dans des ambiances surannées pour des films qu’il ne faudrait pas dédaigner. Il trouve l’occasion de donner de beaux rôles à des comédiennes qu’il chérit comme Valentine Tessier en touchante aïeule dans “Églantine” (1971), peut être son meilleur film, racontant les grandes vacances d’un enfant de 1895, ou Marie Bell jouant une patronne d’un bordel breton en 1930 dans “Les volets clos” (1972). Il s’amuse à faire une variante du “Désiré” de Sacha Guitry avec son inégal “L’oiseau rare” (1973), donne un rôle romantique à sa grande amie Romy Schneider dans “Un amour de pluie” (1973), adapte la comtesse de Ségur avec “Les malheurs de Sophie” (1983), tout en tournant des téléfilms souvent historiques.  Les années 70 sont aussi l’occasion pour lui de se montrer à l’aise dans une gravité sereine ou désespérée. Il s’adapte parfaitement à l’univers de Luis Buñuel, en couple avec Monica Vitti dans “Le fantôme de la liberté” (1974), s’indignant devant l’obscénité de photos de monuments historiques avec de déclarer la disparition de leur fillette au commissariat pourtant bien présente à leurs côtés. ll est nommé au césar du meilleur second rôle pour sa composition de procureur tourmenté dans “Le juge l’assassin” (1975) de Bertrand Tavernier. André Téchiné le dirige avec bonheur, en directeur de journal usé face à son destin dans “Barocco” (1976), et le chef d’orchestre alcoolique et homosexuel dans “Les innocents” (1987) – qui lui valu son seul césar, celui du meilleur second rôle-, l’occasion d’émouvoir avec les failles de ses personnages. Il est un remarquable Arsène Lupin à la télévision pour Alexandre Astruc dans “Arsène Lupin contre Arsène Lupin” – disponible en DVD chez L.C.J. Éditions. Dans cette adaptation de “813”, il rend justice à la noirceur du personnage créé par Maurice Leblanc. Il avait d’ailleurs joué l’un des fils, avec Jean-Pierre Cassel, de ce personnage dans l’amusant film d’Édouard Molinaro, “Arsène Lupin contre Arsène Lupin” (1962), l’occasion de retrouver la confrontation de deux élégances dont la mort cette année nous attriste. Il aimait à multiplier les activités investissant dans un restaurant “L’orangerie”,  en devenant organisateur du festival de Ramatuelle, et le directeur du théâtre Herbertot en 1977, puis celui des “Bouffes-Parisiens” en 1986. Il tourne beaucoup dans les années 80, aimant à se moquer de son image – le magnat du disque qui meurt dans l’emphase dans “Suivez mon regard” (Jean Curtelin, 1985), ou l’acteur cabotin d’un théâtre de “Grand Guigol” (Jean Marboeuf, 1986). Il gardait toujours un humour proverbial, même quand il jouait un médecin fou dans “Le démon dans l’île” (Francis Leroi, 1982). Il fallait le voir menaçant, un rasoir à la main, avancer vers une Anny Duperey cherchant désespérément à sortir devant une porte fermée à clé, puis déclarer “Vous voulez que je vous ouvre ?”. Il est un coiffeur homosexuel, poudré et maniéré dans “Le nuit de Varennes” (Ettore Scola, 1981), ému d’avoir pût embrasser Casanova – Marcello Mastroianni -. Ce type de rôle eut des déclinaisons beaucoup moins heureuses comme dans “Lévy et Goliath” (Gérard Oury, 1986), l’enfermant hélas dans un certain stéréotype. En 1990, il trouve l’un de ses meilleurs rôles dans “S’en fout la mort” de Claire Denis, où il est un impressionnant organisateur de combats de coqs clandestins  organisés dans la cave de son restaurant à Rungis, exploitant la misère du lieu. Les cinéastes ne faisant plus preuve d’imaginations à son égard, il se tourne alors vers la télévision, en jouant des personnages récurrents comme dans la série “Ferbac” dans les années 90, où il campe un colonel de gendarmerie menant des enquêtes, puis dernièrement “Le président Ferrare”. Il est vrai qu’il manque à cette époque des rôles à la mesure de son talent à l’instar de sa composition désabusée de l’amiral de Coligny dans “La reine Margot” (Patrice Chéreau, 1993). On le cantonne souvent dans des rôles d’homosexuels mondains comme dans les décevants “People – Jet set 2” et “Quartier V.I.P.”. Bertrand Blier a heureusement dynamité cet emploi en le mettant en couple avec un Pierre Arditi décalé dans le mésestimé “Les acteurs” (1999), et en lui écrivant un dialogue brillant teinté d’amertume sur son parcours de comédien. Le théâtre lui donne par contre plus de satisfactions. Ce conteur infatigable se raconta brillamment dans deux autobiographies dont “Le ruisseau des singes” qui fut un grand succès de librairie. Ce comédien a toujours gardé notre sympathie et la finesse de son jeu, lui qui appréhendait en 1972 son évolution : “…Le métier d’acteur est une sorte de sport. On vous choisit d’abord pour un aspect physique, votre présence, votre silhouette, votre gueule. A l’intérieur, il y a le désir de s’exprimer, et le talent, bien sûr. Encore faut-il trouver le réalisateur qui vous permette de sortir ce qui est à l’intérieur. Après, il faut s’affronter au public.. Puis, il faut tenir, vieillir. Tout le monde n’est pas Gabin”. (“Cinéma 72” N°163). Nous garderons aussi le souvenir d’une grande pudeur et d’une grande sensibilité, dévoilées lors de son retour dans l’Algérie, dans le documentaire “Jean-Claude Brialy, sur les pas de son enfance en Algérie” réalisé par Yannis Chebbi et Michael Kazan en 2006 et diffusé sur “La cinquième”, et qui fit également l’objet d’un livre. On devrait le retrouver en septembre sur Arte dans le rôle de Max Jacob dans le téléfilm “Monsieur Max”, et au cinéma dans “Vous êtes de la police ?” – ex “Les sapins bleus” – de Romuald Beugnon, où il donne une dernière fois la réplique à Jean-Pierre Cassel.

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Dans “Les innocents”

 

Filmographie (initialement établie pour Les gens du cinéma) : 1956  La sonate à Kreutzer (Éric Rohmer, CM) – Le coup du berger (Jacques Rivette, CM) – Tous les Garçons s’appellent Patrick ou Charlotte et Véronique (Jean-Luc Godard, CM) – Élena et les hommes (Jean Renoir, rôle coupé au montage) – 1957  L’ami de la famille (Jack Pinoteau) – Tous peuvent me tuer (Henri Decoin) – Les surmenés (Jacques Doniol-Valcroze, CM) – Amour de poche (Pierre Kast) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Cargaison blanche (Georges Lacombe) – Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, cameo) – L’école des cocottes (Jacqueline Aubry) – Le beau Serge (Claude Chabrol) – 1958  Une histoire d’eau (Jean-Luc Godard et François Truffaut, CM) – Et ta soeur (En Belgique : Ma soeur exagère) (Maurice Delbez) – Christine (Pierre Gaspard-Huit) – Paris nous appartient (Jacques Rivette) – Les cousins (Claude Chabrol) – Le bel âge (Pierre Kast) – Les 400 coups (François Truffaut, cameo) – 1959  Le chemin des écoliers (Michel Boisrond) – La notte brava (Les garçons) (Mauro Bolognini) – Les yeux de l’amour (Denys de la Patellière) – 1960  Le gigolo (Jacques Deray) – Les godelureaux (Claude Chabrol) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – Adieu Philippine (Jacques Rozier, cameo) – 1961  Le puits aux trois vérités (François Villiers) – Amours célèbres [épisode : “Agnès Bernauer”] (Michel Boisrond) – Les lions sont lâchés (Henri Verneuil) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – L’éducation sentimentale (Alexandre Astruc) – Tire-au-flanc 61 (Claude de Givray) – Les sept péchés capitaux [épisode : “L’avarice] (Claude Chabrol) – La chambre ardente (Julien Duvivier) – Les petits matins (Jacqueline Aubry) – 1962  Les veinards [épisode “Le gros lot”] (Jack Pinoteau, cameo) – L’amour à la mer (Guy Gilles) – Le diable et les dix commandements [épisode “Bien d’autrui ne prendras”] (Julien Duvivier) – Arsène Lupin contre Arsène Lupin (‘Édouard Molinaro) – Le glaive et la balance (André Cayatte) – La banda Casaroli (Florestano Vancini) – 1963  Carambolages (Marcel Bluwal) – Château en Suède (Roger Vadim) – La bonne soupe (Robert Thomas) – 1964  La ronde (Roger Vadim) – La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Comment épouser un premier ministre ? (Michel Boisrond) – La bonne occase (Michel Drach) – Tonio Kröger (Rolf Thiele) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – 1965  La mandragola (La mandragore) (Alberto Lattuada) – Io la conoscevo bene (Je la connaissais bien) (Antonio Pietrangeli) – Viheltäjät (Les siffleurs) (Eino Ruutsabo) – I nostri mariti [épisode “Il marito di Olga] (Luigi Zampa) – 1966  Le roi de coeur (Philippe de Broca) – Un homme de trop (Costa-Gavras) – Le plus vieux métier du monde [épisode : “Mademoiselle Mimi”]  (Philippe de Broca) – 1967  Lamiel (Jean Aurel) – La mariée était en noir (François Truffaut) – Caroline Chérie (Denys de la Patellère) – Manon 70 (Jean Aurel) – Operazione San Pietro (Au diable les anges) (Lucio Fulci) – 1969  Le bal du comte d’Orgel (Marc Allégret) – 1970  Cose di Cosa Nostra (Steno) – Le genou de Claire (Éric Rohmer) – Côté court, côté jardin (Guy Gilles, CM) – 1971  Una stagione all’inferno (Une saison en enfer) (Nelo Risi) – 1972  Un meurtre est un meutre (Étienne Périer) – 1973  L’oiseau rare (+ réalisation) – Un amour de pluie (cameo + réalisation) – 1974  Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel) – Comme un pot de fraises (Jean Aurel) – 1975  Les onze mille verges (Éric Lipmann) – Un animal doué de déraison (Pierre Kast) – Catherine et Cie (Michel Boisrond) – Le juge et l’assassin (Bertrand Tavernier) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni) – 1976  L’année sainte (Jean Girault) – Barocco (André Téchiné) – Julie Pot-de-Colle (Philippe de Broca) – 1977  L’imprécateur (Jean-Louis Bertuccelli) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – Doppio delitto (Enquête à l’italienne) (Steno) – La chanson de Roland (Frank Cassenti) – 1978  Robert et Robert (Claude Lelouch) – Le maître nageur (Jean-Louis Trintignant) – 1979  L’oeil du maître (Stéphane Kurc) – Bobo Jacco (Walter Bal) – 1980  La banquière (Francis Girod) – Les uns et les autres (Claude Lelouch) – 1981  La nuit de Varennes / Il mondo nuovo (Ettore Scola) – Notre dame de la croisette (Daniel Schmid, cameo) – 1982  La ragazza di Trieste (La fille de Trieste) (Pasquale Festa Campanile) – Le démon dans l’île (Francis Leroi) – Cap canaille (Juliet Berto et Jean-Henri Roger) – Édith et Marcel (Claude Lelouch) – Mortelle randonée (Claude Miller) – Sarah (Maurice Dugowson) – Stella (Laurent Heynemann) – 1983  La crime (Philippe Labro) – Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré) – 1984  Pinot simple flic (Gérard Jugnot) – Le téléphone sonne toujours deux fois (Jean-Pierre Vergne) – 1985  Le quatrième pouvoir (Serge Leroy) – Le mariage du siècle (Philippe Galland) – Tueur de fous (Guillaume Perotte, CM) – L’effrontée (Claude Miller) – Inspecteur Lavardin (Claude Chabrol) – Un homme et une femme : vingt ans déjà (Claude Lelouch, cameo) – Hypothèse d’un soir (Marie-Christine Fieni, CM) – Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1986  Le débutant (Daniel Jannneau) – Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Grand Guignol (Jean Marboeuf) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987 Maladie d’amour (Jacques Deray) – Les innocents (André Téchiné) – Maschenka (John Godschmidt) – 1988 Comédie d’été (Daniel Vigne) – C’era un castello con 40 cani / Paradiso dei cani (Au bonheur des chiens) (Ducio Tessari) – 1989 Ripoux contre ripoux (Claude Zidi) – 1990 S’en fout la mort (Claire Denis) – Faux et usage de faux (Laurent Heynemann) – 1991 Août (‘Henri Herré) – 1992 Tous les garçons (Étienne Faure, CM) – 1993 La reine Margot (Patrice Chéreau) – 1994 Le fils de Gascogne (Pascal Aubier, téléfilm diffusé en salles) – Les cent et une nuits (Agnès Varda) – Une femme française (Régis Wargnier) – Il mostro (Le monstre) (Roberto Benigni) – 1995 Beaumarchais, l’insolent (‘Édouard Molinaro) – Les caprices d’un fleuve (Bernard Giraudeau) – Portraits chinois (Martine Dugowson) – 1998 L’homme de ma vie (Stéphane Kurc) – 1999 Les acteurs (Bertrand Blier) – Kennedy et moi (Sam Karmann) – In extremis (Étienne Faure) – Hommage à Alfred Lepetit (Jean Rousselot, CM) – 2000 Concorrenza sleale (Concurrence déloyale) (Ettore Scola) – 2001 C’est le bouquet (Jeanne Labrune) – South Kengsington (Carlo Vanzina) – 2002 Les filles personne s’en méfie (Charlotte Silvera) – 2003  Les clefs de bagnole (Laurent Baffie, cameo) – People – Jet set 2 (Fabien Onteniente) – 2004  Quartier V.I.P. (Laurent Firode) – Quoi ? L’éternité (Étienne Faure, documentaire) – 2006  Mon dernier rôle (Olivier Ayache-Vidal, CM) – Vous êtes de la police ? (Romuald Beugnon).

Voxographie : 1954  Paris mon copain (Pierre Lhomme, CM, documentaire, récitant) – 1961  Goodbye again (Aimez-vous Brahms ?) (Anatol Litvak, voix française d’Anthony Perkins) – 1973  Dreyfus ou l’intolérable vérité (Jean Chérasse, documentaire , récitant) – 1975  Barry Lindon (Id) (Stanley Kubrick, récitant version française) –  1976 Pour Clémence (Charles Belmont, récitant) – 1977 Hooray for Hollywood (Les plus grands moments de Hollywood / Hollywood parade) (Edward Shaw, documentaire, récitant version française)- 1992  Sacha Guitry et les femmes (Pierre Philippe, CM, récitant) – 1993  Monsieur Dior (Franck Maubert & Mathias Ledoux, CM documentaire, récitant).

Télévision (notamment) : 1954  Chiffonard de Bonaloy (Pierre Lhomme) – 1960 Les parents terribles (Jean-Paul Carrère) – 1962 Chéri (François Chatel) – 1964  Il faut qu’une porte (François Chatel, divertissement) – 1965 Anna (Pierre Koralnik) – 1974  La peur des coups (Jeannette Hubert) – 1980 Arsène Lupin joue et perd : 813 (Alexandre Astruc) – 1981 Cinq-Mars (+ réalisation) – 1982 Mozart (Marcel Bluwal) – Caméra une Première : L’accompagnateur (Pierre Boutron) – Quelques hommes de bonne volonté (François Villiers) – 1983  Père Noël et fils (André Flédérick) – 1984 Désiré (Dominique Giuliani, captation) – L’herbe rouge (Pierre Kast) – 1988  Loft story (un épisode) – 1989  Les deux virus (Bruno Gantillon) – Le nègre (Yves-André Hubert, captation) – 1990  C’est quoi ce petit boulot ? (Michel Berny) – 1991 Ferbac : Mariage mortel (Marc Rivière) – L’illusionniste (Michel Treguer, captation) – 1992 Lucas (Marie Trintignant) – Colpo di coda / Échec et mat (José-Maria Sanchez) – Ferbac : Les bains de jouvence (Marc Rivière) – 1993 Sandra, princesse rebelle (Didier Albert) – Ferbac : Le festin de miséricorde (Christian Faure) – Ferbac : Le mal des ardents (Roger Verharvert) – Ferbac : Le crime de Ferbac (Bruno Gantillon) – 1994  La jalousie (Patrick Bureau, captation) – 1995  Sandra princesse rebelle (Didier Albert) – Vacances bourgeoises (+ réalisation) – 1997  Nos jolies colonies de vacances (Stéphane Kurc) – La grande béké (Alain Maline) – Les héritiers (Josée Dayan) – Le comte de Monte Cristo (Josée Dayan) – 1998 Elisabeth / Ils sont tous nos enfants (Pasquale Squitieri) – 1999 La bicyclette bleue (Thierry Binisty) – Les jeunes premiers d’hiers et d’aujourd’hui : Jean-Claude Brialy (Gilles Nadeau, documentaire) –  2000 Nana (Édouard Molinaro) – Les filles à Papa (Marc Rivière) – 2001 Le hasard fait bien les choses (Lorenzo Gabriele) – On ne choisit pas sa famille (François Luciani) – 2003 Le président Ferrare : L’affaire Valéra (Alain Nahum) – 2004 Le président Ferrare : L’affaire Denise Chabrier (Alain Nahum) – 2005 L’étoile noire : Mythes et réalités de la vie des stars (Gilles Nadeau, documentaire) – Les contes secrets ou les Rohmériens (Marie Binet, documentaire) – Le président Ferrare : L’affaire Gilles d’Aubert (Alain Nahum) – Les rois maudits (Josée Dayan) – 2006 Monsieur Max (Gabriel Aghion).

Comme réalisateur : 1971  Églantine – 1972 Les volets clos – 1973 Un amour de pluie – L’oiseau rare – 1979 Les malheurs de Sophie – La nuit de l’été (TV) – 1981 Cinq-mars (TV) – 1983 Un bon petit diable – 1995 Vacances bourgeoises (TV) – 1996 Georges Dandin de Molière (TV) – 1998 La dame aux camélias (TV) – 2000 Les parents terribles (Captation télévisée).

 Bibliographie :

– Auto-biographie “Le ruisseau des singes”  Éditions Robert Laffont 2000

– Auto-biographie “J’ai oublié de vous dire” Éditions Xo, 2004

– Auto-biographie “Mon Algérie” Timée Éditions, 2006 (+ DVD documentaire)

– Jacques Valot et Gilles Grandmaire “Stars Deuxième” Édition Edilig 1989 (+ filmo)

– Stars N¨°39  (Automne 2000)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Georges Aminel

 

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Georges Aminel & Benoît Régent – Photo © Claude Angelini

Annonce de la mort de Georges Aminel, le 29 avril dernier, confirmée par François Justamand aux “Gens du cinéma”. Ce comédien, originaire de la Martinique, de son vrai nom Jacques Maline, fut le premier acteur noir à entrer à “La Comédie Française” en 1967,  avant de démissionner en 1972. On l’associe immédiatement à une des voix de notre jeunesse, il la prêta notamment au personnage de dessin-animé du chat Sylvestre dit “Gros minet” composant avec Arlette Thomas en “Titi” un duo mémorable. Il inventa à l’occasion pour cette version française le chuintement et le fameux “Nom d’un chat” qui devait rester dans nos mémoires. Il avait la stature et la tessiture de voix idéale pour doubler des comédiens magistraux comme Vittorio Gassman “Parfum de femme” (Dino Risi, 1974), Yul Brynner, Orson Welles dans “Paris brûle-t-il ?” (René Clément, 1965), “Casino Royale” (version 1967, dans le rôle du “Chiffre”) et  dans “La décade prodigieuse” (Claude Chabrol, 1971) – mais il ne fut pas très satisfait de la latitude laissée par Chabrol pour ce dernier film selon un de ses dernières interview. Il faisait mouche, notamment en doublant plusieurs rôles dans “Le magnifique” (Philippe de Broca, 1973) où il nous régalait de son humour en doublant Vittorio Caprioli, méchant d’opérette mais aussi Hans Meyer jouant un espion très sérieux. Dans “Tendre voyou” (Jean Becker, 1966), il alterne deux voix différentes dans une même scène de bateau, passant d’un marin noir au commandant du navire allemand, montrant ainsi ses grandes capacités. On lui reprochait parfois de détourner certains doublages à l’instar de celui de Ron Ely dans “Doc Savage arrive” (Michael Anderson, 1975). En apportant une voix “zézéyante”, inexistante en V.O. ? il a donné une réputation de “Nanar” à ce film qui n’en méritait pas temps (Source Wikipédia et Nanarland). Il succéda même à François Chaumette pour trois des volets de la saga de “La guerre des étoiles”, pour nous donner des frissons en “Dark Vador” VF, on ne peut que lui tirer notre chapeau, car la voix originale de James Earl Jones dans ce rôle était exceptionnelle. Pour la petite histoire c’est grâce à la ferveur de ses fans, qu’il avait pu reprendre en 2005, en une heure de temps, cette voix française “Star Wars 3 – La Revanche des Sith”. Vous pouvez retrouver quelques uns de ses plus célèbres doublages dans un des sujets du forum de “La gazette du doublage”.Le cinéma ne lui a hélas pas laissé beaucoup de place comme comédien. On le reconnaît dans un banquet d’étudiants fauchés dans “L’ange de la nuit” (1942), aux côtés d’une autre débutante Simone Signoret. On peut retenir aussi l’avocat mal à l’aise de “Chiens perdus sans collier” (Jean Delannoy, 1956), et l’apprenti dictateur noir dans le curieux “Popsy Pop” (Jean Herman, 1970), où il avait la chance de jouer avec une Claudia Cardinale au sommet de sa beauté. Il a un très joli rôle dans “Les amants de demain” (Marcel Blistène, 1957) qui vient de sortir en DVD chez René Château. Il est très touchant en client habituel du café tenu par Raymond Souplex. Toujours bien habillé, il est à la recherche d’un emploi, sans succès. Il évite de prendre la parole avec son accent créole, on comprend très vite que s’il est toléré, on le laisse en fait à l’écart. On sent dans son personnage une infinie tristesse et une grande détresse, quand il se voit refuser le sourire d’un enfant alors qu’il lui ramasse un jouet, ou quand il essaie discrètement de ramasser un mégot de cigarette, n’ayant plus d’argent. Il aura une grande gratitude auprès du personnage joué par Michel Auclair, qui venu de l’extérieur lui donne un peu d’attention. L’ironie toujours distinguée qu’il donnait à sa voix grave, restera durablement dans l’inconscient collectif de plusieurs générations. Un formidable serviteur du monde doublage, dont les fans déploreront sa disparition. A lire un entretien de lui par François Justamand pour “Objectif cinéma”.

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Filmographie établie avec Armel de Lorme : 1942  L’ange de la nuit (André Berthomieu) – 1943  Le ciel est à vous (Jean Grémillon) – 1944  La cage aux rossignols (Jean Dréville) – 1946  Le cabaret du grand large (René Jayet) – 1954  Le tournant dangereux (René Jayet) – 1955  Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy) – 1956  À la Jamaïque (André Berthomieu) – La loi des rues (Ralph Habib) – 1957  Cargaison blanche (Georges Lacombe) – Les amants de demain (Marcel Blistène) – 1960  Le Sahara brûle (Michel Gast) – 1962  Ame qui vive (Jean Dasque, CM) – 1970  Popsy Pop (Jean Herman) – Docteur Caraïbes / L’homme à l’albatros (Jean-Pierre Decourt, sortie en salles des 3 premiers épisodes de la série TV homonyme) – 1971  Les portes de feu (Claude Bernard-Aubert) – 1972  Les tueurs fous (Boris Szulzinger) – 1975  La grande récré (Claude Pierson) – 1977  La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1989  Jean Galmot, aventurier (Alain Maline, version longue TV seulement). Nota : Il n’apparaît pas dans les copies existantes des films suivants : 1956  “Porte des Lilas” (René Clair, 1956) et “Le soleil des voyous” (Jean Delannoy, 1966) – dans ce film le rôle du commissaire Leduc est en fait joué par Bernard Charlan – , titres crédités dans les catalogues de Raymond Chirat. Télévision (notamment) : 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme du Temple (Guy Lessertisseur) – 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme de la Mary Celeste (Stellio Lorenzi) – 1960  Rive droite (Jean-Paul Carrère, divertissement) – 1964  La puissance et la gloire (Claude Barma) – Bayard : Ludovic le More (Claude Pierson) – 1966  Comment ne pas épouser un milliardaire (Roger [Lazare] Iglèsis, série) – 1967  La vie parisienne (Yves-André Hubert) – 1969  Comédie Française : L’émigré de Brisbane (Jean Pignol) – Judith (Robert Maurice) – 1970  Reportages sur un squelette ou Masques et bergamasques (Michel Mitrani) – 1973  Docteur Caraïbes (Jean-Pierre Decourt, série) – Au théâtre ce soir : La tête des autres (Pierre Sabbagh) – 1977  Messieurs les jurés : L’affaire Beauquesne (Frédéric Witta) – 1979  Messieurs les jurés : L’affaire Coublanc (Dominique Giuliani) – 1980  Histoires étranges : La mort amoureuse (Peter Kassovitz) – Le séquestré (Guy Joré) – 1983  Clémentine (Roger Kahane) – 1993  Le siècle des lumières (Humberto Solás).

Voxographie succincte : 1954  Fortune carrée (Bernard Borderie, doublage) – 1959  Les seigneurs de la forêt ( Henry Brandt & Heinz Sielmann , voix du récitant) – 1962  Histoires africaines (Denise Charvein, série TV documentaire, récitant) – Stvoreni sveta (La création du monde)  (Eduard Hofman, animation, voix française) – 1963  L’inconnue de Hong Kong (Jacques Poitrenaud, doublages) – 1964  Moukenge (Denise Charvein, CM documentaire, récitant) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, doublages) – 1969  D’Artagnan (Claude Barma, série TV, voix française de Porthos) – 1975  Tarzan, la honte de la jungle (Picha et Boris Szulzinger, animation) – 1976  Drôles de zèbres (Guy Lux, voix clin d’œil de “Gros minet”) – 1980  The missing link (Le chaînon manquant) (Picha, animation) – Mama Dracula (Boris Szulzinger, voix du récitant) – 1983  Mickey’s Christmas Carol (Le Noël de Mickey) (Bunny Mattinson, version française) – 1986  Big Bang (Picha, animation).

 

ARTICLE Source : AFRICULTURES

Georges Aminel a tiré sa dernière révérence, par Sylvie Chalayepublié le 22/05/2007

Premier acteur noir à entrer au Français, Georges Aminel vient de disparaître à l’âge de 84 ans. Il faisait partie de ces comédiens sans visage que la télévision a fabriqué dans l’ombre du cinéma américain et de ses stars auxquelles il fallait bien donner des voix françaises. On a oublié les traits de l’acteur, mais le timbre de sa voix est resté dans l’oreille de nombreux spectateurs. Qui ne connaît les chuintements de Gros minet ou la magistrale inflexion de la voix française d’Orson Welles ou de Yul Brynner ? Georges Aminel avait du tempérament et une voix profonde qui traduisait parfaitement sa noblesse d’âme et sa hauteur. Fier et entier, il n’avait fait aucune concession à ce métier, où pendant longtemps les acteurs « basanés » étaient restés limités dans des emplois qui correspondaient à leur couleur, et il préféra, dans les années 70, tirer sa révérence et assumer dans l’ombre le jeu d’un acteur qui donne sa voix, mais dont on ne sait rien de la couleur. Il eut ainsi la carrière paradoxale d’un comédien qui connut les feux de la rampe de la Comédie-Française, mais qui eut le courage de démissionner, plutôt que d’être enfermé dans l’image de l’Autre qu’on voulait lui faire systématiquement jouer.

Né à Clichy en 1922, d’un père martiniquais et d’une mère parisienne, Georges Aminel connaît la notoriété en 1954, quand Yves Jamiaque lui confie le rôle de Bistouri dans Negro Spiritual, le médecin philosophe qui ramène ses frères à la raison, et les empêche de commettre un meurtre, et même si la pièce n’est pas un succès, la critique salue avec enthousiasme sa prestation d’acteur.

Jacques Maline (*), qui avait pris le nom de Georges Aminel, avait commencé sa carrière dix ans plus tôt en jouant d’abord de petits rôles : ici un Polynésien muet dans Faux jour de Closson au Théâtre de l’Oeuvre (1941), là un vieux nègre illuminé dans Sud de Julien Green au Théâtre de l’Athénée, ou un gentil sauvage dans une robinsonade (Robinson de Supervielle en 1952). Dès ces années-là, Aminel n’hésitera pas à dénoncer dans la presse la difficulté que rencontraient alors les acteurs noirs : « On rejette les gens de couleur parce qu’ils risquent de vous apporter des ennuis. Il n’y a pas de pièce pour eux. Celles qui ont été montées sont tombées à plat. ». (1)

En 1958, Jean Louis Barrault l’engage, il joue dans Le Soulier de satin, La Vie parisienne, Madame Sans-Gêne… En 1963 Pierre Debauche fait appel à lui pour le rôle d’Holopherne dans Judith de Hebbel, qu’il tournera ensuite pour la télévision avec Maurice Garrel, Pierre Arditi et Evelyne Istria, puis Raymond Rouleau lui donne le rôle d’Alexandre de Médicis dans son Lorenzzaccio. Enfin, ce sera le duc d’York dans Henri VI de Shakespeare que Jean-Louis Barrault monte à l’Odéon. Georges Aminel est alors remarqué par Jacques Charon et Maurice Escande qui l’engagent à la Comédie-Française en 1967, où il sera le premier acteur de couleur. Son premier rôle est celui de Picaluga dans L’Emigré de Brisbane de Georges Shéhadé. Il joua ensuite Pyrrhus dans Andromaque, Don Gormas dans Le Cid, Joad dans Athalie. Il fut un extraordinaire Malatesta, en 1970, dans la pièce de Montherlant.

Il tourna aussi au cinéma pour Claude Bernard-Aubert dans “Les portes de feu” en 1971, à côté d’Annie Cordy et Dany Carrel. Il participa à plusieurs feuilletons populaires à la télévision comme “Le temps des copains” ou “Comment ne pas épouser un milliardaire”.

En 1972, Georges Aminel incarne Oedipe dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon. La pièce est fortement décriée par la critique et on remplace Aminel par Claude Giraud. Bien qu’il fût à quelques jours de devenir pensionnaire [En fait sociétaire, voix commentaires] de la Comédie-Française, George Aminel, démissionna. Déçu par les rôles qu’on lui proposait, il finit par quitter la scène une dizaine d’années plus tard et à se consacrer au doublage. En 1979, avant de renoncer au théâtre, il confiait à Marion Thébaud lors d’un entretien pour le Figaro : « Je suis trop blanc, trop noir, le cheveu trop crépu ou pas assez. Bref, des amis qui me veulent du bien me demandent pourquoi je ne joue pas Othello mais jamais pourquoi je n’interprète pas Macbeth. C’est bien simple, j’ai passé mon temps à me barbouiller et à prendre un accent. Les faits sont là : j’ai débuté dans un rôle de Polynésien muet et depuis je ne compte pas les personnages de chamelier juif, brésilien ou arabe que j’ai endossés. Alors, si parce que mon père est Antillais, je dois toute ma vie incarner des Sud-Américains explosifs ou des Indigènes fanatiques, je préfère arrêter. » (20/06/1979) 1. Le Figaro littéraire, 25 septembre 1967.

(*) L’article initial donnait par erreur Jacques Lamine, comme son vrai nom.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gordon Scott

img329/3261/scott2ta5.jpg Mort de Gordon Scott, à 80 ans, le 30 avril dernier à Baltimore, Maryland, des suites de complications des plusieurs opérations cardiaques en ce début d’année. Il né en 1927, dans une famille immigrée autrichienne installée à Portland, plus grande ville de l’état de l’Orégon. Après de brèves études à l’université de Portland, il s’engage dans l’armée de 1944 à 1947. Ce sportif émérite, il excelle dans le judo et les arts martiaux, est remarqué par deux agents d’Hollywood, en 1953, dans un petit hôtel de Las Vegas, où il travaille comme maître nageur. Ils travaillaient pour le producteur Sol Lesser, qui avait une franchise pour adapter le célèbre personnage inventé par Edgar Rice Burroughs. Il est choisit pour succéder à Lex Barker notamment, pour incarner “Tarzan”, pour une série de 6 films, grâce à ses qualités physiques, ses capacités dans la natation et son corps de culturiste. Il est le onzième à tenir se rôle, et se place rapidement comme l’un des dignes héritiers de Johnny Weissmuller. Il était l’époux de l’actrice Vera Miles, qui fut sa partenaire dans “Tarzan chez les Soukoulous”, de 1954 à 1959. De cette union naquit un fils Michael. Le cinéma italien se l’accapare pour des films divertissants, chers aux amateurs du “cinéma de quartier”. péplums tel “Romulus et Remus”, il incarne Remus face à son homologue Steeve Reeves dans le rôle de Rémus, auquel on le compare souvent. On le retrouve aussi bien dans le western européen, en chasseur de bisons dans “Buffalo Bill, héros du Far west”, que dans la mythologie gréco-romaine pour terminé dans deux films d’espionnage. Il incarne aussi bien Zorro, que Maciste poursuivant ses exploits à la cour de Chine ou luttant contre un être au pouvoirs surnaturels, ou Goliath. On le retrouve même en Jules César face à Pascale Petit dans “Cléopâtre une reine pour César”, le temps d’une apparition à la fin du film, cette dernière émergeant nue d’un tapis déroulé à ses pieds. En 1967, il arrête sa carrière avant d’atteindre la quarantaine. Avec lui disparaît un certain âge d’or du cinéma italien et de divertissement, même si parfois historiquement fantaisiste, les cinéastes imaginatifs faisait souvent preuve de savoir faire et d’imaginations face à des problèmes de budget. Si les amateurs du genre préfère lui reconnaître ses qualités physiques à son jeu d’acteur, il a pourtant marqué le cinéma de genres de son empreinte.

“Le géant à la cour de Kublai Khan”

Pour conclure, dans l’excellent livre d’entretien d’Éric Poindron, “Riccardo Freda un pirate à la caméra” (Institut Lumière/Actes, 1995), page 291, Freda parlait de son “Maciste” ainsi : “…Gordon Scott était un type gentil et très attentif autant dire parfait pour ce genre de rôle. Il n’est pas devenu célèbre pour une raison simple, il était sympathique, reconnaissant, généreux” (…) “…Une anecdote amusante, c’est la séquence  où Maciste doit sauver le prince de la fosse au titre. Maciste saute dans la fosse et prend le prince dans ses bras. Pour cette séquence nous endormions un peu le tigre en lui faisant une piqûre anesthésiante dans la queue… Mais après plusieurs piqûres, l’anesthésie n’était plus aussi efficace. Quand nous avions jeté le prince, qui était joué par un étudiant coréen, le tigre était réveillé, et le prince terrorisé. Maciste saute dans la fosse, soulève le tigre et l’écarte. Au moment de sortir de la fosse avec le prince, Gordon Scott fait une grimace épouvantable… A la fin du plan, je l’insulte, je lui demande pourquoi il fait cette grimace et il me répond : “Mais Riccardo, le Coréen, il a “fait” dans son pantalon royal !”…”.

 

Filmographie (établie avec Christophe Bier) :1954  Tarzan’s hidden jungle (Tarzan chez les Soukoulous) (Harold D. Schuster) – 1955  Tarzan and the lost safari (Tarzan et la safari perdu) (H. Bruce Humberstone) – 1958  Tarzan’s fight for life (Le combat mortel de Tarzan) (H. Bruce Humberstone) – Tarzan and the trappers (Charles F. Haas et Sandy Howard, TV) – 1959  Tarzan’s greatest adventure (La plus grande aventure de Tarzan) (John Guillermin) – 1960  Tarzan the magnificent (Tarzan le magnifique) (Robert Day) – 1961  Maciste contro il vampiro (Maciste contre le fantôme) (Giacomo Gentillomo & Sergio Corbucci) – Romolo e Remo (Romulus et Rémus) (Sergio Corbucci & Franco Geraldi) –  Maciste alla corte del Gran Khan (Le géant à la cour de Kublai Khan, Belgique Kublaï Khan et le géant de Mongolie) (Riccardo Freda) – 1962  Il gladiatore di Roma (Le gladiateur de Rome) (Mario Costa) – Il figlio dello Sceicco (Le retour du fils du Cheik) (Mario Costa) – Una regina per Cesare (Cléopâtre, une reine pour César) (Piero Pierotti & Victor Tourjansky) – Il giorno più corto  (Sergio Corbucci ) – 1963  Zorro e i tre moschettieri (Zorro et les 3 mousquataires) (Luigi Capuano) – L’eroe di Babilonia (Hercule héros de Babylone) (Siro Marcellini) – Goliath e la schiava  ribelle (Goliath et l’Hercule noir) (Mario Caiano) – Il leone di San Marco (Le lion de Saint-Marc) (Luigi Capuano) –  Buffalo Bill, l’eroe del Far West (Buffalo Bill, le héros du Far West) (Mario Costa) – Coriolano, eroe senza patria (La terreur des gladiateurs) (Giorgio Ferroni) – Ercole contre Moloch (Hercule contre Moloch) (Giorgio Ferroni) –1964  Il colosso di Roma (Le colosse de Rome) (Giorgio Ferroni) – 1965  Gli  uomini dal passo pesante (Les forcenés) (Mario Sequi & Albert Band) – Hercules and the Princess of Troy (Albert Band, TV, 48 minutes) -1966  Il raggio infernale / Nido de espías (Le rayon infernal) (Gianfranco Baldanello) –  1967  Segretissimo / Secretesimo (Le requin est au parfum) (Fernando Cerchio).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : André Valardy

Jacques Mazeau & Didier Thouart  dans “Les grands seconds rôles du cinéma français” (Pac, 1984), précieux livre hélas épuisé, saluait le grand talent de ce comédien. Son visage très mobile et son habituel petit air goguenard faisait merveille dans bien des comédies. Ce comédien belge est mort à Paris, le 30 avril dernier à Paris, des suites d’un cancer, à l’âge de 68 ans. Au cinéma, il excelle en journaliste minable, collègue de Jean Rochefort, découvrant des martiens – nommés les Gammiens -… en Bretagne ! dans l’ahurissant “Ne jouez pas avec les martiens” (Henri Lanoë, 1967). On le retrouve en automobiliste baba-cool pris en stop par Jacques Brel dans “L’emmerdeur” (Édouard Molinaro, 1973), ou en syndicaliste profitant de la sympathie qu’il suscite auprès de son patron incarné par Pierre Mondy dans “Le téléphone rose” (Molinaro toujours, 1975), pour tirer son épingle du jeu lors de grèves. Il est irrésistible en psychologue d’entreprise utilisant la malchance de François Perrin, joué à la perfection par Pierre Richard dans “La chèvre” (Francis Veber, 1981). Il trouve l’un de ses meilleurs rôles à la télévision dans l’épisode “Urbain” de la série “La ligne de démarcation” (Jacques Ertaud, 1973). Il incarne un citoyen belge débrouillard, qui se lance dans la résistance avec beaucoup d’enthousiasme, face à un Louis Lyonnet – comédien mort en février dernier – intrigué. Son personnage se sert de ses qualités sportives, en se déguisant en coureur cycliste pour passer des documents. Les soldats allemands le laissent passer… en l’applaudissant ! Il restait fidèle au théâtre où son univers non-sensique à l’instar d’un Jean-Paul Farré, faisait merveille. Il connut aussi une grande popularité à la télévision avec des émissions comme “Allons raconte”, “L’académie des 9”, “Le bon mot” ou “La classe”. En 2003, il se produisait dans son one-man-show “André Valardy – Un monde fou… fou… fou…”, co-écrit avec Jean-François Champion et Jean-Marc Ferréol, où le L.S.D. devenait “Le Lifting Sans Douleur,” ou l’.E.T.A., “Épilation Traitement Assuré” (Source Théâtre on line.). On le retrouvait rarement sur un grand écran ces derniers temps, mais il marquait toujours la moindre de ses apparitions. Citons le montreur d’ours ébaubi de voir son ours “divinisé” se mettant à parler dans “Que la lumière soit !” (Arthur Joffé, 1997), le fantôme du père de Sophie Marceau, danseur de claquettes dans “La fidélité” (Andrej Zulawski, 1999), et l’acteur cabotin de théâtre, capitalisant sa popularité pour avoir été la vedette d’un feuilleton des années 60 en restant suffisant dans “30 ans” (Laurent Perrin, 2000). Il avait réalisé trois courts métrages, dont “L’erreur est humaine” (1984), avec Renée Saint-Cyr, Marthe Villalonga et Alain Flick, racontant les déboires d’une vieille dame qui devient bonne dans un immeuble et “Le fauteuil magique” (1992) avec Marthe Villalonga et Olivier Lejeune, mettant en scène un jeu télévisé. A lire l’hommage de Donatienne Roby pour Les gens du cinéma. 

Annonce également de la mort du comédien italien Luigi Filippo d’Amico le 28 avril dernier.

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André Valardy au théâtre Saint-Georges à Paris, en juin 1989

Filmographie (établie avec Christophe Bier) : 1959  Les frangines (Jean Gourguet) – 1966  Bang-Bang (Serge Piollet) – 1967  Ne jouez pas avec les Martiens (Henri Lanoë) – 1971  Papa, les petits bateaux (Nelly Kaplan) – 1973  L’emmerdeur (Édouard Molinaro) – Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – 1974  Parlez-moi d’amour (Michel Drach) – L’important c’est d’aimer (Andrzej Zulawski, rôle coupé au montage) – 1975  Le téléphone rose (Édouard Molinaro) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (Sydney Pollack) – 1977  Monsieur Papa (Philippe Monnier) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – La raison d’état (André Cayatte) – 1979  Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret) – Les Charlots en délire (Alain Basnier) – Je vais craquer (François Leterrier) – 1980  Rendez-moi ma peau (Patrick Schulmann) – Faut s’les faire ces légionnaires ! (Alain Nauroy) – 1981  La chèvre (Francis Veber) – 1982  Légitime violence (Serge Leroy) – Les voleurs de la nuit (Samuel Fuller) – 1983  Attention ! une femme peut en cacher une autre (Georges Lautner) – Amercian Dreamer (titre vidéo : Une américaine à Paris) (Rick Rosenthal) – 1984  Sous peine de poursuite (Vincent Vidal, CM) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) –  1987  En toute innocence (Alain Jessua) – 1995  Iraé (Alain Bellon, CM) – 1997  Que la lumière soit ! (Arthur Joffé) – 1999  La fidélité (Andrzej Zulawski) – 30 ans (Laurent Perrin) – 2006  Nothing sacret (Dylan Bank & Morgan Pehme). Comme réalisateur-scénariste : 1984  L’erreur est humaine (CM) – 1992  Le fauteuil magique (CM) – non daté : “Boule de haine”.

Télévision(notamment) : 1968  Ton sur ton (Georges Barrier, variétés) – 1970  Une heure, une vie (Alain Dhénaut) – 1973  Il faut que le Sycomore coule (Jean-Paul Sassy, captation, captation) – La ligne de démarcation : Urbain (Jacques Ertaud) – 1974  À dossiers ouverts : La malédiction de l’ogre (Claude Boissol) – 1974  Messieurs les jurés : L’affaire Varney (André Michel) – 1978  Ce diable d’homme (Marcel Camus, série TV) – 1980  Petit déjeuner compris (Michel Barny, série TV) -Le dossiers de l’écran : Vient de paraître (Yves-André Hubert) – 1981  À nous de jouer (André Flédérick) – Julien Fontanes magistrat : Un si joli nuage (Jean Pignol) – Arcole ou la terre promise (Marcel Moussy, série TV) – Au bon beurre (Édouard Molinaro) – 1982  Le sud (Philippe Monnier) – Julien Fontanes magistrat : Une fine lame (François Dupont-Midy) – Aide toi… (Jean Cosmos) – Cinéma 16 : Le wagon de Martin (Patrick Saglio) – 1990  Le grand dîner (Gérard Pullicino, divertissement) – 1991  Navarro : Comme des frères (Patrick Jamain) – 1996  Navarro : Comme des frères (Patrick Jamain) – 2000  Le juge est une femmes : Cadeau d’entreprise (Pierre Boutron) – 2002  Navarro : Sur ma vie (Patrick Jamain) – 2003  Navarro : Ne pleure pas Jeannettes (José Pinheiro) – Ne pleure pas (Josée Dayan) – 2005  Navarro : Manipulation (Édouard Molinaro).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Roscoe Lee Browne

img262/8285/roscoeleebrownexz3.jpg Annonce de la mort de Roscoe Lee Browne, décédé des suites d’un cancer à Los Angeles ce 11 avril 2007, à l’âge de 81 ans. Son décès a été injustement omis des médias français, hormis des internautes avisés signalant sa disparition dans un des forum de DVD Classik.  C’était un comédien solide et attachant, très discret finalement au grand écran. Il avait été un athlète remarqué dans la course à pieds. Il avait gagné notamment les 804 mètres courus dans les jeux de 1952 de Millrose. Il avait enseigné la littérature comparative et le français à l’université noire de Lincoln en Pennsylvanie, lieu où il avait été diplômé. Il débute au théâtre en 1956, avec une adaptation du “Jules César” de William Shakespeare, lors d’un festival.  Il continue son parcours notamment à New York, passant de l’univers de Shakespeare à celui de Brecht. En 1961, il avait joué l’adaptation américaine de la pièce “Les nègres” de Jean Genet, où il tenait le rôle principal. Au cinéma, on se souvient de lui dans “L’étau” d’Alfred Hitchcock, où il incarne un fleuriste espion. Curiosité il était un droïde dans “L’âge de Cristal” – Le film –  (Michael Anderson, 1976), affublé d’un curieux costume en fer blanc. Paul Vecchiali dans la “Saison cinématographique 1972” avait bien résumé son jeu à propos de “John Wayne et les Cow-Boys” (Mark Rydell, 1971) : “…Au milieu d’une troupe exceptionnelle, on peut retenir Roscoe Lee Browne qui joue le cuisinier avec une élégance et une maîtrise inégalables”. Il incarne souvent des hommes d’autorités, magistrats ou chefs de la police, mais il peut incarner aussi des hommes humbles ou des maître d‘hôtels. A la télévision, on le retrouve aussi souvent comme des “guest” dans des séries comme “Columbo”, “Falcon Crest”, ou plus récemment dans “The Shield” ou “New York police judiciaire”.  Il avait gagné un “Emmy Award”  en 1986 pour son rôle du professeur Barnabus Foster dans “Le Cosby Show”. Soucieux d’éviter d’incarner les stéréotypes, il a préféré privilégier sa voix de baryton, à l’instar de James Earl Jones, sa voix a beaucoup été utilisée dans des narrations multiples. Il est le récitant des deux films “Babe”, narrant les aventures du cochon parlant. Sa voix de baryton était très célèbre pour les spectateurs anglo-saxons. Ce serviteur discret de la scène américaine fut également un poète. Il avait sillonné les États Unis avec Anthony Zerbe, dans une création poétique “Behind the broken words”, dont il était le co-auteur.

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Filmographie : 1962  The connection (Connection) (Shirley Clarke) – 1963  Terror in the city (Allen Baron) – 1964  Bertholt Brecht : Practice pieces (Nick Havinga, CM) – Black like me (Carl Lerner) – 1967  The comedians (Les comédiens) (Peter Glenville) – Up Tight ! (Point noir) (Jules Dassin) – 1968  Me and my brother (Robert Frank) – 1969  Topaz (L’étau) (Alfred Hitchcock) – 1970  The liberation of L.B. Jones (On n’achète pas le silence) (William Wyler) – 1971  Cisko Pike (Bill L. Norton) – The cowboys (John Wayne et les cow-boys) (Mark Rydell) – 1973  The world’s greatest athlete (Robert Scheerer) – Super Fly T.N.T. (Ron O’Neal) – 1974  Uptown saturday night (Sidney Poitier) – 1976  Logan’s run (L’âge de Cristal) (Michael Anderson) – 1977  Twillight’s last gleaming (L’ultimatum des trois mercenaires) (Robert Aldrich) – 1979  Double take (Richard Quine) – 1980  Nothing personal (George Bloomfield) – 1985  Legal eagles (L’affaire Chelsea Deardon) (Ivan Reitman) – 1986  Jumpin’Jack Flash (Id) (Penny Marshall) – 1990  Moon 44 (Id) (Roland Emmerich) – 1991  The Mambo Kings (Les Mambo Kings) (Arme Glincher) – 1993  Naked in New York (Daniel Algrant) – Eddie Presley (Jeff Burr) – 1994  Last summer in the Hamptons (Henry Jaglom) – 1995  The beast (Rhoderic C. Montgomery, CM) – 1996  Muppet treasure island (L’île au trésor des Muppets) (Brian Henson) – The pompatus of love (Richard Schenkman) – Dear gold (Escroc malgré lui) (Garry Marshall) – Forest warrior (Aaron Norris) – 1998  Judas kiss (id) (Sebastian Gutierrez) – 1999  Morgan’s Ferry (Sam Pillsbury) – 2002  Sweet deadly dreams (Walter Stewart) – 2003  Behind the broken words (David Sern, captation).

 

Voxographie : (notamment) 1986  The nativité (Bruce Johnson, court-métrage d’animation) – 1988  Oliver & company (Oliver et compagnie) (George Scribner) – 1989  Night angel (Dominique Othenin-Girard, récitant) – 1995  Babe (Id) (Chris Noonan) – 1998  Babe : Pig in the city (Babe, le cochon dans la ville) (George Miller) – 2002  Treasure island (La planète aux trésors – Un nouvel univers) (Ron Clements) – 2006  Garfield : A tail of two cities (Garfield 2) (Tim Hill, Récitant) – Epic movie (Big movie) (Jason Friedberg, récitant) .

A noter que Les gens du cinéma, signale le décès de la comédienne Ariane Borg.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Pierre Cassel

Annonce de la mort de Jean-Pierre Cassel. C’était un artiste complet, comédien, mais aussi danseur, il avait connu un grand succès sur la scène internationale dans “Chorus line”. Pour l’anecdote, il avait fait en 1956 de la figuration dans “La route joyeuse”, film de Gene Kelly de 1957, mais à l’époque il ne dansait pas encore. Après trois années de cours chez René Simon, il commence sa carrière par de petits rôles. Il est amusant de le retrouver dans ” À pied, à cheval et en voiture”, mettant en vedette Noël-Noël, en 1957. Il est alors le prototype du jeune premier, face à Jean-Paul Belmondo qui doit se contenter d’un rôle de bon copain. Il devient très vite un jeune premier très demandé au cinéma. Philippe de Broca l’emploie dès 1959 dans des rôles légers et charmeurs, le jeu de Jean-Pierre Cassel étant en parfaite adéquation avec le rythme rapide du cinéaste : “…Philippe est venu me voir en douce au théâtre dans le rôle d’Oscar”, que je reprenais après Delon. Ses potes étaient sûrs que mes yeux bleus et mon grand pif allaient lui plaire (rires !) Et ça marché, il m’a proposait le rôle. Le film a signé l’explosion de sa carrière et de la mienne par la même occasion” (1). On le retrouve souvent dans des rôles de naïfs, à l’instar de “Candide”, libre adaptation du conte de Voltaire, signé Norbert Carbonnaux. En 1961, il excelle dans le rôle du caporal dans “Le caporal épinglé” signé par un Jean Renoir galvanisé de diriger une troupe de jeunes comédiens. Son personnage cherche à s’évader d’un camp de prisonniers du Nord-est de la France en 1940. Jean-Pierre Cassel confiait à Roger Viry-Babel dans “Jean Renoir, le jeu et la règle” Éditions Denoël, 1986″ :  “…Ce qui est merveilleux avec Renoir, c’est le respect qu’il nous manifeste. Avec lui, on ose oser des trucs. On sait que ça peut l’aider, et que si l’on se trompe, il saura vous le faire comprendre sans que l’on se sente ridicule”. Il est idéal pour incarner le panache d’un D’Artagnan, face à José Ferrer en Cyrano, dans “Cyrano et D’Artagnan”(1962), amusant film d’Abel Gance, entièrement écrit en vers ! La comédie reste son domaine de prédilection, il est irrésistible dans le rôle de Gaspard, violoncelliste bougon dont la vie est chamboulée par l’arrivée de Brigitte Bardot dans l’excellent “L’ours et la poupée” (Michel Deville, 1969). Le même année on le retrouve dans une tonalité plus âpre dans “L’année des ombres”, dans le rôle d’un résistant frère de Paul Meurisse. Il évoquait les tensions sur le tournage avec Jean-Pierre Melville, dans le bonus DVD du film “Jean-Pierre Melville et l’armée des ombres”, même s’il avait eu de bons rapports avec lui. C’est dans les années 70, qu’il trouve des rôles plus graves et plus complexes. Claude Chabrol lui donne le rôle d’un aventurier suffisant et d’une bêtise redoutable, qui essaie de compromettre le personnage de Stéphane Audran qui est en froid avec son beau-père, incarné par Michel Bouquet dans “La rupture” (1970).

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Avec Fernando Rey et Paul Frankeur dans “Le charme discret de la bourgeoisie”

Il est formidable en bourgeois suffisant dans le dévastateur “Le charme discret de la bourgeoisie”  (Luis Buñuel, 1972). Michel Deville, en 1973, fait de lui un homme boiteux et aigri, manipulant Jean-Louis Trintignant pour transformer un timide employé de banque en “mouton enragé”.  Il aime aussi à égratigner son image, comme dans le “Prêt-à-porter” de Robert Altman, où il incarne un “cador” de la mode qui meurt étouffé par un sandwiche face à Marcello Mastroianni. Mais il est toujours dans la nuance, que se soit l’homme d’affaires trouble dans “La truite” (Joseph Losey, 1982), le directeur de l’hôtel homosexuel ballotté par les événements dans “Casque d’or” (Gérard Jugnot, 1993) ou le bourgeois mélomane n’anticipant le drame à venir dans “La cérémonie” (Claude Chabrol, 1995). Au théâtre, il joue Molière, Feydeau, Guitry, Bourdet ou Jean-Claude Brisville sous la direction de Jean Vilar, Jacques Charon ou Jean Meyer, Pierre Dux ou Marcel Bluwal. Il passe avec aisance du théâtre de boulevard “La fille sur la banquette arrière” de Jean-Claude Carrière, en 1983, mise en scène de Pierre Mondy, au drame, comme dans l’adaptation théâtrale du film “Festen”, en 2002-2003, mise en scène par Daniel Benoin et Mogens Rukov. En 1999, il adapte, produit et interprète ” Le Désenchanté ” de Budd Schulberg. Il chante et danse également dans de nombreux spectacles, comme dans “Jean-Pierre Cassel chante et danse Fred Astaire (1994-1995), “Jean-Pierre Cassel fait son petit journal” (1999), “Je n’peux pas vivre sans amour” (2002), dont il tire un album, “Jean-Pierre Cassel chante Serge Gainsbourg” (1985). Il signe également des disques comme “Et maintenant” (Wagram, 2001). Sur la danse, il confiait à Guy Braucourt dans “La revue du cinéma” N°246 de janvier 1971 : “Je trouve qu’il faut faire de la danse comme l’on pratique la compétition sportive, en amateur, comme une activité accessoire et parallèle à autre chose, car le drame de ce métier c’est qu’il accapare entièrement, qu’il arrête complément la vie. Mais il est très important pour un acteur de savoir danser, même si cela ne ne lui sert jamais directement et je pense que pour jouer Shakespeare il est utile de connaître les claquettes. Je ne fais que reprendre là l’opinion de Laurence Olivier qui, recevant un jeune homme venu lui demander des conseils après une représentation de “Jules César”, releva sa toge, fit quelques pas de claquette et répondit : “Apprenez cela et peut-être pourrez-vous jouer Shakespeare”…”. Au cinéma, on le retrouve ces dernières années, dans les personnages parfois mutiques, tel le père paralysé à l’oeil inquisiteur d’Olivier Gourmet dans “Congorama” (Philippe Falardeau, 2005), sensible tel son interprétation de l’homme âgé qui tombe amoureux de Françoise Fabian dans la subtile adaptation de l’œuvre de Noëlle Chatelet dans “La femme Coquelicot” pour France 3, ou le père juif déstabilisé par le fait que le compagnon de sa fille soit arabe dans le subtil “Mauvaise foi” (Roschdy Zem, 2005). Il peut être aussi féroce, comme dans “Bunker Paradise” (Stefan Liberski, 2005), où il agresse son dégénéré de fils campé par Jean-Paul Rouve, avec un cynisme inouïe. J’avais eu la chance de le rencontrer lors de l’avant-première du film de Mabrouk El Mechri “Virgil”. Dans ce rôle d’Ernest, ancien boxeur condamné à perpétuité, il offre une excellente composition dans l’extraversion. Je me souviens de sa grande élégance, et de la pudeur qu’il avait pour évoquer sa maladie sans aucune plainte. Il était très malade sur le tournage de “Narco”, mais il était toujours disponible pour travailler avec de jeunes metteurs en scène, rencontrés souvent auprès de sa fille Cécile et de ses fils Vincent et Mathias – alias Rockin’Stat,  leader du groupe rap “Assassin” -. Il évoquait librement sa carrière dans son livre “À mes amours” (Éditions Stock, 2004), évocation sensible de ses rencontres avec Philippe de Broca et Claude Chabrol, mais aussi avec celle des grands maîtres du cinéma, Luis Buñuel, Jean-Pierre Melville, Robert Altman, Jean Renoir ou Joseph Losey. Ce grand comédien a eu une brillante carrière internationale, sans se préoccuper de l’importance d’un rôle, tout en restant disponible pour les nouveaux talents : “…J’ai toujours fait mon petit bonhomme de chemin en diversifiant mes activités et en choissant selon l’envie. Je suis content de continuer à tourner et de rester sur le qui-vive. Si on axe sa carrière sur la réussite et l’argent, on se plante forcément. Il vaux mieux miser sur le plaisir.” (1) Il va beaucoup nous manquer. Nos pensées vont à sa famille.

(1) Dossier de presse de “Virgil”

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Filmographie (initialement élaboré pour le site “Les gens du cinéma”) : 1950  Pigalle St-Germain-des-Prés (André Berthomieu) – 1953  La route du bonheur (Maurice Labro & Giorgio Simonelli) – Un acte d’amour / Act of love (Anatole Litvak) – 1956  The happy road (La route joyeuse) (Gene Kelly) – 1957  La peau de l’ours (Claude Boissol) – À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Les surmenés (Jacques Doniol-Valcroze, CM) –  Comme un cheveu sur la soupe (Maurice Régamey) – Trois pin-up comme ça (Robert Bibal) – 1958  Le désordre et la nuit (Gilles Grangier) – En cas de malheur (Claude Autant-Lara) – Et ta soeur ? (En Belgique : Ma soeur exagère) (Maurice Delbez) – Sacrée jeunesse (André Berthomieu) – Cabriole ou la journée d’une danseuse (Robert Bibal, CM, voix du récitant) – 1959 La marraine de Charley (Pierre Chevalier) – Les jeux de l’amour (Philippe de Broca) – 1960  Le farceur (Philippe de Broca) – Candide (Norbert Carbonnaux) – L’amant de cinq jours (Philippe de Broca) – 1961  Goodbye again ? (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les sept péchés capitaux [épisode “L’avarice”] (Claude Chabrol) – La gamberge (Norbert Carbonnaux) – Le caporal épinglé (Jean Renoir) – Napoléon II, l’aiglon (Claude Boissol) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Cyrano et d’Artagnan (Abel Gance) – 1963  Nunca pasa nada (Une femme est passée) (Juan Antonio Bardem) – Alta infedelta (Haute infidélité) [épisode “La sospirose / La jalousie”] (Luciano Salce) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode “L’homme qui vendit la Tour Eiffel”]  (Claude Chabrol) – 1964  Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Those magnificent men in their flying machines (Ces merveilleux fous volants dans leur drôle de machines)  (Ken Annakin) – 1965  Les fêtes galantes (René Clair) – Paris brûle-t-il ? (René Clément) – 1966  Jeu de massacre (Alain Jessua) – 1967  Le dolce signore (Pas folles, les mignonnes) (Luigi Zampa) – La révolution d’octobre (Frédéric Rossif, documentaire, voix du récitant) – 1969  Oh ! what a lovely war (Ah ! Dieu que la guerre est jolie) (Richard Attenborough) – L’armée des ombres (Jean-Pierre Melville) – L’ours et la poupée (Michel Deville) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Le bateau sur l’herbe (Gérard Brach) – 1971  Baxter (En Belgique “R. comme Roger”) (Lionel Jeffries) – Malpertuis (Harry Kümel) – 1972  Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel) – Il magnate (Le magnat) (Gianni Grimaldi) – 1973  Le mouton enragé (Michel Deville) – 1974  The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four musketeers (La revance de Milady) (Richard Lester) – Murder on the Orient-Express (Le crime de l’Orient-Express) (Sidney Lumet) – 1975  That lucky touch (Le veinard) (Christopher Miles) – Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni) – 1976  Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1977  Who is killing the great chiefs of Europe (La grande cuisine) (Ted Kotcheff) – 1978  Les rendez-vous d’Anna (Chantal Akerman) – Contro 4 bandiere/From hell to victory (De l’enfer à la victoire)(Hank Milestone) – Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (Jean Yanne) – 1979  La giacca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) –  La ville des silences (Jean Marboeuf) –  Alicja / Alice (Jacek Bromski & Jerzy Gruza) – Le soleil en face / Les morts de Marat (Pierre Kast) – Grandison (Joachim Kurz, inédit en France) –  5 % de risque (Jean Pourtalé) – 1980  Superman II (Richard Lester, cameo) –  1981  La vie continue (Moshé Mizrahi) –  Nudo di donna (Nu de femme) (Nino Manfredi) – La guerrillera (Pierre Kast) –  1982   Ehrengard (Emilo Greco) (+ version TV) – La truite (Joseph Losey) – 1983  Désir (Jean-Paul Scarpitta, inédit) – Vive la sociale (Gérard Mordillat) – 1984  Tranches de vie (François Leterrier) – 1986  Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli, téléfilm parfois diffusé en salles) – 1987  Chouans ! (Philippe de Broca) – Vado a riprendermi il gatto (Giuliano Biagetti) – Migrations / Seobe / La guerre la plus glorieuse (Migrations) (Aleksandar Petrovic, présenté au Festival de Cannes en  1989) – 1988  Mangeclous (Moshé Mizrahi) – The return of the Musketeers (Le retour des mousquetaires) (Richard Lester) – 1989  Mister Frost (Philippe Setbon) – Vincent & Theo (Vincent et Théo) (Robert Altman) (+ version TV) – 1990  The favour, the watch and the very big fish (La montre, la croix et la manière) (Ben Lewin) – 1991  Sur la terre comme au ciel (Marion Hänsel) – The maid (En France, présenté comme un téléfilm sous le titre “Un amour de banquier”) (Ian Toyton) – Aqui d’el Rei ! (António Pedro Vasconcelos) – 1992  Pétain (Jean Marboeuf) – L’oeil écarlate (Dominique Roulet) – Coup de jeune (Xavier Gélin) – Métisse (Mathieu Kassovitz) – Chá forte com limao (Thé  noir au citon) (Antonio de Macedo) – 1993  L’enfer (Claude Chabrol) – Casque bleu (Gérard Jugnot) – 1994  Prêt-à-porter (Robert Altman) – 1995  La cérémonie (Claude Chabrol) – Amores que matan (Juan Manuel Chumilla) – Valse nocturne / Valse bleue (Christopher Barry, CM) – Les Bidochon (Serge Korber) – 1996  La lettre (Pierre Anaïs, CM) – 1997  La patinoire (Jean-Philippe Toussaint) – Con rabbia e con amore (Alfredo Angeli) – 1998  Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – 1999  Sade (Benoît Jacquot) – Les rivières pourpres (Mathieu Kassovitz) – 2002  Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire) – À l’abri des regards indiscrets (Ruben Alves & Hugo Gélin, CM) – 2003  The wooden camera (La caméra de bois) (Ntshaveni Wa Luruli) – Narco (Tristan Aurouet  Gilles Lellouche) –  2004  Dans tes rêves (Denys Thibaud) – Virgil (Mabrouk El Mechri) – Judas (Nicolas Barry, CM) – 2005  Bunker paradise (Stefan Liberski) – Call me Agostino (Christine Laurent) – Fair play (Lionel Baillu) – J’aurais voulu être un danseur (Alain Berliner) – Congorama (Philippe Falardeau) – Mauvaise foi (Roschdy Zem) – 2006  Où avais-je la tête (Nathalie Donnini) – J’ai plein de projets (Karim Adda, CM) – Astérix aux Jeux Olympiques (Frédéric Forestier) – Contre-enquête (Franck Mancuso) – Acteur (Jocelyn Quivrin, CM) – Le scaphandre et le papillon (Julian Schnabel) – Vous êtes de la police ? (Romuald Beugnon). 

 

Avec Françoise Fabian dans “La femme coquelicot”

Télévision :  1956  La famille Anodin (André Leroux) – 1958  Les cinq dernières minutes : Le théâtre du crime (Claude Loursais) – 1959  La nuit de Tom Brown (Claude Barma) – En votre âme et conscience : L’affaire Benoît (Claude Barma) – Le fameux coup de chapeau (Michel Mitrani) – Les vacances de Brutus (Michel Mitrani) – 1960  La mariage de Figaro ou la folle journée (Marcel Bluwal) – 1966  L’avare (Robert Valey) – Le jeu de l’amour et du hasard (Marcel Bluwal) – 1967  La double inconstance (Marcel Bluwal) – 1969  Mesure pour mesure (Marcel Bluwal) – 1977  L’oeil de l’autre (Bernard Queysanne) – 1978  La giaca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) – 199  Love in a cold climate (Donald Mc Whinnie) – 1980  Shillingburry tale (Val Guest) – Ca, ça va plaire (Bernard Lion, + co-réalisation) – La mise à nu (André Gazuts) – Il caso Grasiosi (Michele Massa) – 1982  Le fleuve étincelant (Patrick Bureau) – 1983  Le dernier banco (Claude de Givray) – 1985  La méthode rose (Claude de Givray) – Série noire : La lune d’Omaha (Jean Marboeuf) – Padre Brown (Vittorio de Sisti) – Vous êtes avec moi Victoria (Claude Barma) – Sei delitti per Padre Brown (Vittorio de Sisti) – L’été 36 (Yves Robert) – Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli) – 1985  Liberty (Richard C Sarafian) – Nel gorgo del peccato (Andrea et Antoine Frazzi) – Casanova (Sidney Langton) – Les temps difficiles (Georges Folgoas, captation) – 1987  Talkie walkie (Daniel Moosman) – Sahara secret (Le secret du Sahara) (Alberto Negrin) – A matter of convenience (Le prix à payer) (Ben Lewin) – Sentimental journey (Peter Patzak) – Emma, quatro storie di donne / Una moglie (Carlo Lizzani) – La chaîne (Claude Faraldo) – Tu crois pas si bien dire (Giovanni Fago) – 1989  Le piège infernal (Richard Martin) – The phantom of the Opera (Le fantôme de l’Opéra) (Tony Richardson) – Aqui d’El Rei ! (Lieutenant Lorena) (António-Pedro Vasconcelos) – 1990  Avanti (Patrick Bureau, captation) – Disperatamente Giulia (Enrico Maria Salerno) – The fatal image / French kill (Meutre en vidéo) (Thomas J Wright) – Fantaghirò / Cave of the Golden Rose (La caverne de la rose d’or) (Lamberto Bava) – Une affaire d’état (Jean Marboeuf) –  Mountain of diamonds (La montagne de diamants) (Jeannot Szwarc) – Warburg : A man of influence (Warburg, le banquier des princes) (Moshé Mizrahi) – Puissance 4 : Déshabillés fatals (Jean Marboeuf) – 1991  Talky-Walkie : Barbara a du punch Daniel Moosmann) – Haute tension : Adriana (Juan Luis Buñuel) – Salut les coquins (Marcel Zemour) – Notorious (Colin Bucksey) – The Young Indiana Jones Chronicles : Petrograd, July 1917 (Les aventures du jeune Indiana Jones) (Simon Wincer) – De terre et de sang (Jim Goddard) – 1992  La treizième voiture (Alain Bonnot) – Le secret d’Élisa Rhais (Jacques Otmezguine) – 1993  Héritage (Maurice Frydland) – 1994  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1995  Tatort – Eine todsichere Falle (Vol & envol) (Hans-Christoph Blumenberg) – Le fils de Paul (Didier Grousset) – Le cœur étincelant (Henri Helman) – L’embellie (Charlotte Silvera) – Le match de notre vie (Gareth Davies) – Le neuvième jour (David Delrieux) – 1996  Flairs ennemis (Robin Davis) – Le président et la garde-barrière (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – Un printemps de chien (Alain Tasma) – Les tiers mondains (Éric Civanyan) – 1998  Il cuore e la spada (Le cœur et l’épée) (Fabrizzio Costa) – Les montagnes bleues (Fabrizzio Costa) – Mai con i quadri (Mario Canaio) – Les Cordier, juge et flic : Les tables de la loi (Pascale Dallet) – 1999  Crimes en série : Histoires d’amour (Patrick Dewolf) – Le coup du lapin (Didier Grousset) – 2000  Double emploi (Bruno Carrière) – Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – Un pique-nique chez Osiris (Nina Companéez) – Ma vie en l’air (Arnaud Sélignac) – Méditerranée (Henri Helman) – 2001  La memoria e il perdono (Giorgio Capitani) – La faux (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – La chanson du maçon (Nina Companéez) – 2002  La maison du canal (Alain Berliner) – Une deuxième chance (Frédéric Krivine) – 2003  Fabien Cosma : D’un battement de cils (Jean-Claude Sussfeld) – 2004  Menteur ! menteuse ! (Henri Helman) – 2005  La femme coquelicot (Jérôme Foulon) –  2006  Le vrai coupable (Francis Huster). 

(2) Petit commentaire : Pour la petite histoire, Jean-Pierre Cassel, ne fait qu’une brève apparition dans “Superman 2”. J’avais d’ailleurs rajouté son rôle sur la fiche IMDB du film, qui manifestement ignorait sa participation dans ce second opus. Il est assez fréquent de voir un journaliste un peu hâtif, donner une importance à un rôle mineur après avoir consulté cette célèbre base de données.

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gilles Gaston-Dreyfus

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Le spectateur lui sera toujours redevable, la moindre de ses apparitions anime l’ensemble et nous amène dans un univers déjanté. Dans “Hellphone”, il est irrésistible en proviseur “cartoonesque”, amateur de poissons rouges, trônant dans un bureau, infatué de lui même pour finir par être malmené par la puberté de Jean-Baptiste Maunier dont un téléphone portable satanique est tombé amoureux – Christophe Lambert et son porte-clefs criant à tout bout de champ “I love you” dans le film homonyme de Marco Ferreri, peut aller se rhabiller… -. En œnologue surlignant sa compétence, hallucinant de roublardise, il arrive même à réveiller Russel Crowe dans le pachydermique “Une bonne année” en suscitant la méfiance, et dans “Incontrôlable” il est un médecin ayant gravi depuis longtemps la plus haute échelle de la folie, laissant Michael Youn sidéré d’avoir son corps qui parle avec la voix de Med Hondo.

Je vous propose simplement de lui porter un culte, l’acteur qui nous sauve de l’ennui  pour nous amener directement dans la jubilation.

Cela fait un petit moment qu’il nous est familier, on se souvient de ses mémorables scènes d’engueulades avec Catherine Frot dans “Escalier C”, amusant Robin Renucci par leurs éternelles disputes. Yves Boisset en fait un moment l’un de ses acteurs fétiches.

C’est avec Édouard Baer qu’il connaît un regain de popularité, notamment avec le cultissime “Centre de visionnage” de l’émission “Nulle part ailleurs” sur Canal plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire” (sic ! ) de 1997 à 1999. Il fallait le voir en éternel rouspéteur, il incarne le sentencieux Me Morissard, qui a même droit à sa phrase culte : “Je suis une merde !”. A l’aise dans l’univers Baerien, il nous livre toujours de véritables morceaux d’anthologies, en collaborateur fatigué dans “La Bostella” et en narrateur lunaire et envahissant dans “Akoibon”.

Il participe aussi à la série de Nicolas & Bruno “Cogip 2000”, version pré- “Bureau”, il figure aussi dans l’originale émission “L’œil du cyclone”, toujours pour Canal + et perturbe même sérieusement la campagne électorale 2007 – qui n’arrête pas de nous faire rire jaune d’ailleurs -, dans des détournements pour le site de Karl Zéro. Multicarte, il a une carrière prestigieuse au théâtre, avec les plus grands metteurs en scène, comme Jorge Lavelli, André Engel, Roger Planchon ou Bernard Murat. Il fut aussi le directeur de la compagnie théâtrale du “Chapeau”.

Il vient véritablement du moule cassé des “excentriques du cinéma français” chers à Raymond Chirat et Olivier Barrot, on l’aurait vu volontiers animer de sa folie quelques films des années 30 à 60. Le délire chez lui n’est jamais loin, et le rencontrer c’est une entrée directe dans l’insolite, comme son personnage de l’inconnu du cimetière dans “Je pense à vous”. Il est le convoyeur toujours en train de faire des quêtes et répondant au doux sobriquet de “Butagaz” dans “Le convoyeur” et le bon copain s’amusant de sa libido dans “Monique”.

On le retrouve aussi en président haineux sous perfusion qui ne s’exprime que par “borborygmes”, et en fantôme homosexuel, trompant son éternel ennui en repassant sans cesse, tous les vêtements qu’il trouve.

On ne lui aura finalement pas souvent demandé d’être dans une tonalité “normale” à l’instar du père qui retrouve le goût de vivre dans “La maison de Nina” et du prof soucieux d’équitation dans “Danse avec lui”, que l’on devine sensible et pudique, ne montrant pas sa joie de retrouver le personnage joué par Mathilde Seigner après des années d’absences.

Comme souvent pour les comédiens, c’est Bertrand Tavernier qui l’utilise avec le plus de subtilité, en lui offrant le rôle d’Yves Fontaine, dans “Holy Lola”. Il est un père adoptif rigoriste, maladroit et buté, s’évertuant à faire répéter l’alphabet à sa fille adoptive, braquant toute la petite communauté des Français cherchant à adopter au Cambodge. Trop probe finalement, il ne va pas comprendre une société de compromission qui le dépasse, et derrière une attitude sur la défensive, il n’arrive pourtant pas à cacher sa trop grande humanité. Dans “Cherche fiancé tous frais payé”, il vole allégrement, avec Isabelle Gélinas, la vedette du couple Alexandra Lamy-Bruno Salomone. Dans le rôle du mari trop idéal pour ne pas cacher quelques failles, il excelle quand ses excès de boissons révèlent chez lui des penchants homosexuels. Dans “Cortex”, il est un malade qui perd sa mémoire, mais qui reste avisé d’une situation trouble malgré son handicap. Dans “”Hello Goodbye””, il est un médecin vivant en Israël et amateur de taxidermie, qui promet un peu trop rapidement un poste de gynécologue à notre Gégé Depardieu national un peu chloroformé. Il compose un “Beria” saisissant en deux scènes dans “Une exécution ordinaire”. Dans l’une, il se renseigne auprès d’un médecin prisonnier politique de l’état de santé de Staline, et dans l’autre, assez drolatique, il visionne avec ce dernier un film de John Wayne, avec une traduction simultanée décalée.

Au final, son apparence tranquille cache toujours quelques secrets bien gardés, comme le voisin de Kad Merad, qui semble très contrarié qu’il ait une inclinaison pour Christiana Reali dans « Le grand méchant loup », ou le père de famille qui a peur de ne pas y arriver dans « Tirez, la langue mademoiselle ». Il est toujours à l’aise dans le délire, en centurion ivrogne dans la quatrième mouture d’Astérix, ou le retraité qui termine « façon puzzle » dans « 9 mois ferme ».

Quoi qu’il en soit, nous avons beaucoup à attendre de ce fabuleux comédien, capable de toujours nous expédier dans de hautes sphères délirantes.

Gilles Gaston-Dreyfus

Gilles Gaston-Dreyfus dans “Bad timing”

Filmographie : 1983  La fiancée qui venait du froid (Charles Némès) – 1984  Escalier C (Jean-Charles Tacchella) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Edwige et l’amour (Cécile Decugis, CM) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987  Bernadette (Jean Delannoy) – La travestie (Yves Boisset) – 1988  Les cigognes n’en font qu’à leur tête (Didier Kaminka) – Radio corbeau (Yves Boisset) – L’étudiante (Claude Pinoteau) – Vampitreries (Éric Delatour, CM) – Envoyez les violons (Roger Andrieux) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – 1989  Chanson à ma mère (Deva-Sugeeta Fribourg, CM) – 1990  Déminage (Pierre-Oscar Levy, CM) – La double vie de Véronique ( Krzystof Kieslowski) – La tribu (Yves Boisset) – 1991  La gamine (Hervé Palud) – Les improductifs (Pierre Isoard, CM) – Mauvais garçon (Jacques Bral) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – Décroche, Pénélope ! (Sylvie Flepp & Didier Fontan, CM) – 1993  Neuf mois (Patrick Braoudé) – 1994  Interview (Benoît Di Sabatino, CM) – 1995  (Sic) (Matthieu Poirot-Delpech, CM) – Sept ans et  demi de réflexion (Sylvie Flepp, CM) – 1997  La vieille barrière (Lyèce  Boukhitine) – Qui va Pino va sano (Fabrice Roger-Lacan, CM) – 1998  Moi j’ai pas la télé (Raphaël Meltz & Pauline Bauer, CM) – Les frères Sœur (Frédéric Jardin) – 1999  Sur un air d’autoroute (Thierry Boscheron) – La Bostella (Édouard Baer) – 2000 Cy-belle (Grégory Baubeau, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – Un oiseau dans le plafond (Cécile Macherel, CM) – 2002  Pauvre de moi (Olivier Gorce, CM) –  L’esprit du jeu (Philippe Dorison, CM) – Bois ta suze (Thibault Staib, CM) – Monique (Valérie Guignabodet) – 2003  Le convoyeur (Nicolas Boukhrief) – Mariages ! (Valérie Guignabodet) – Holy Lola (Bertrand Tavernier) –  2004  Akoibon (Édouard Baer) – Sanctus (Alain Boegner, CM) – La maison de Nina (Richard Dembo) – 2005  Incontrôlable (Raffy Shart) – Roucoulements sourds et inquiets (Jean-Christophe Thormann, CM) – Enfermés dehors (Albert Dupontel) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Je pense à vous (Pascal Bonitzer) – A good year (Une grande année) (Ridley Scott) – Danse avec lui (Valérie Guignabodet) – Hellphone (James Huth) – Mr. Bean’s holiday (Les vacances de Mr. Bean) (Steve Bendelack) – 2007  Cherche fiancé tous frais payés (Aline Issermann) – Cortex (Nicolas Boukhrief) – Les dents de la nuit (Vincent Lobelle & Stephen Cafiero) – Hello Goodbye (Graham Guit) – Les vieux sont nerveux (Thierry Boscheron) – 2008  Sale timing (Olivier Barma, CM) – 2009  Une exécution ordinaire (Marc Dugain) – Gardiens de l’ordre (Nicolas Boukhrief) – Divorces (Valérie Guignabodet) – Un mystérieux mystère (Céline Macherel, CM, + scénario) – Machination (Arnaud Demanche, CM) – 2010  Station Pir (Gilbert Glogowski, CM) – 2011  Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (Laurent Tirard) – 2012  Le grand méchant loup (Nicolas & Bruno) – Tire ta langue, mademoiselle (Axelle Robert) – Neuf mois ferme (Albert Dupontel) – Parenthèse (Bernard Tanguy, CM). Voxographie : 2009  Logorama (H5 , Hervé de Crécy , François Alaux & Ludovic Houplain, CM, animation).

Télévision : 1984  Deux filles sur un banc (Alain Ferrari)-– 1986  À nous les beaux dimanches (Robert Mazoyer) – La dame des dunes (Joyce Buñuel) – 1987  Marie Pervenche : La dernière patrouille (Claude Boissol) – 1988  L’éloignement (Yves-André Hubert) – La belle anglaise : S’il vous plaît chauffeur – Palace (Jean-Michel Ribes) – 1989  Le retour d’Arsène Lupin : La robe de diamants (Nicolas Ribowski) – A tale of two cities (Un comte de deux villes) (Philippe Monnier) – 1990  Haute tension : Meutre en douces (Patrick Dromgoole) – Notre Imogène (Sylvain Madigan) – 1991  Navarro : Mort clinique (Gérard Marx) – Strangers dans la nuit (Sylvain Madigan) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – Aldo tous risques : Mascarade (Michel Lang) – 1992  Aldo tous risques : La guigne (Michel Lang) – 1993  L’affaire Seznec (Yves Boisset) – Charlemagne (Id) (Clive Donner) – Ascension express (Nicolas Ribowski) – 1994  Couchettes express (Luc Béraud) – 1995  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1996  Le galopin (Serge Korber) – Maigret a peur (Claude Goretta) – 1997  Une femme en blanc (Aline Issermann) – Navarro : Le parfum du danger (Nicolas Ribowski) – Un et un font six : Crise de confiance (Franck Appréderis) – Un et un fonx six : Ca passe ou ça casse (Franck Appréderis) – 1998  Une grosse bouchée d’amour (Michaëlla Watteaux) – Venise est une femme (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marc Eliot : Ces flics qu’on dit sauvage (Patrick Jamain) – 2001  Thérèse et Léon (Claude Goretta) – La mort est rousse (Christian Faure) – 2002  La kiné : Double drame (Aline Issermann) – 2003  Cogip 2000) (Nicolas & Bruno) – Louis Page : Un enfant en danger (Chantal Picault) – 2006  Sartre, l’âge des passions (Claude Goretta) – 2008  Central nuit : Comme des soeurs (Olivier Barma) – 2009  L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct) – 2010  Les Bleus : premiers pas dans la police (Chambre avec vue) (Olivier Barma) – 2012  Trafics (Olivier Barma & Laure Diaz, série) – Fais pas ci, fais pas ça (Saison 5) (Gabriel Julien-Laferrière) – 2013  Kaboul Kitchen (Frédéric Berthe & Frédéric Belekjdian).

Dernière mise à jour du 12/10/2013

 

MORT DE FREDDIE FRANCIS

Annonce de la mort de Freddie Francis, très grand chef opérateur et qui fut à l’instar de Jack Cardiff, cinéaste. Il fut d’abord cameraman avant de signer des images inoubliables comme dans le chef d’oeuvre du cinéma gothique “Les innocents” ou dans les films de David Lynch qui le fit travailler après des années d’absences après une carrière non négligeable comme réalisateur de films d’horreurs pour la firme anglaise “Amicus”, notamment. Ses films sont parfois inégaux, mais teintés d’humour noir, citons “Dracula et les femmes” avec Christopher Lee, en 1969, où le battant d’une cloche n’est autre qu’un cadavre de femme, saigné à blanc… Il se spécialise également dans le film à sketche horrifique (“Le train des épouvantes”, “Le jardin des tortures”,  “Histoires d’outre-tombe”…). Il signe en 1985, une sorte d’hommage crépusculaire aux films de la Hammer, avec “Le docteur et les assassins”, avec Timothy Dalton en anatomiste du début du XIXème siècle, ravitaillé en cadavres par un ivrogne campé par Jonathan Pryce. Il était surtout reconnu pour ses qualités de ses images, il avait reçu l’oscar du meilleur chef opérateur en 1960 pour “Amant et fils” et en 1990 pour “Glory” et fut consacré à 4 reprises par la prestigieuse “British Society of Cinematographers”, qui l’honora également du “BSC Lifetime Achievement Award” en 1997. Son CV complet est consultable dans l’indispensable Internet Encylopedia of Cinematographers . A lire également des hommages de Cinéartistes et de L’AFC.

Christopher Lee dans “Dracula et les femmes”

Filmographie : Comme réalisateur : 1962  The Day of the Triffids (L’invasion des triffids) (Co-réalisateur Steve Sekely) – Two and Two Make Six – Ein Toter sucht seinen Mörder / A Dead Man Seeks His Murderer – 1963  Paranoiac (Paranoïaque) – Nightmare / Here’s the knife, dear : Now use it (Meurtre par procuration) –  The Evil of Frankenstein (L’empreinte de Frankenstein) – 1964  Hysteria –  Dr. Terror’s house of horrors (Le train des épouvantes) – Tratior’s gate – 1965  The skull (Le crâne maléfigue) – 1966  The pyschopath (Poupée de cendres) – They came beyond space – The deadly bees (Le dard mortel) – 1967  Torture garden (Le jardin des tortures) – 1968  Dracula has risen from the grave (Dracula et les femmes) – 1969  Mumsy, Nanny, Sonny and Girly – 1970  Trog (Trog / L’abominable homme des cavernes) – 1971  The vampire happening / Gebissen wird nur nachts – 1972  Tales from the Crypt (Histoires d’outre-tombe) – The creeping flesh (La chair du diable) –1973  Craze (Vidéo : Le tueur sous influence) – Tales that witness madness – 1974  Son of Dracula – The ghoul – Legend of the Werewolf (Vidéo : La légende du loup-garou) – 1985 The doctor and the devils (Le docteur et les assassins) – 1987 Dark Tower (Vidéo : La tour de l’angoisse) (Co-réalisation avec Ken Wiederham) – Comme chef opérateur : 1956  A Hill in Korea (Les échappés du désert / Commando en Corée) (Julian Amyes) –  Time without pity (Temps sans pitié) (Joseph Losey) – 1957  The scamp / Strange affection (Wolf Rilla) – 1958  Virgin Island (Pat Jackson) – 1959  The battle of the sexes (La bataille des sexes) (Charles Crichton) – Room at the top (Les chemins de la haute ville) (Jack Clayton) – Next to no time (Henry Cornelius) – 1960  Never take sweets from a stranger / Never take candy from a stranger (Cyril Frankel) – Son and Lovers (Amants et fils) – Saturday night and Sunday morning (Samedi soir, dimanche matin) (Karel Reisz) – 1961  The innocents (Les innocents) (Jack Clayton) – 1964  Night must fall (La force des ténèbres) (Karel Reisz) –1980  The Elephant man (Elephant man) (David Lynch) – 1981  The french lieutenant’s woman (La maîtresse du lieutenant français) (Karek Reisz) – 1983  The Jigsaw Man (Vidéo : Double jeu) (Terence Young) – 1984  Memed my hawk (Peter Ustinov) – Dune (Id) (David Lynch) – 1985  Return of oz (Walter Murch) – Code name : Emerald (Vidéo : Nom de code : Émeraude) (Jonathan Sanger) – 1988  Clara’s heart (Le secret de Clara) (Robert Mulligan) – Her Alibi (Son alibi) (Bruce Beresford) – 1989  Brenda Starr (Robert Ellis Miller) – Glory (Id) (Edward Zwick) – 1991  The man in the moon (Un été en Louisiane) (Robert Mulligan) – Cape fear (Les nerfs à vifs) (Martin Scorsese) – 1993  A life in the theater (Gregory Mosher) – 1994  Princess Caraboo (Princesse Caraboo) (Michael Austin) – 1996  Rainbow (Les voyageurs arc-en-ciel) (Bob Hoskins) – 1999  The straight story (Une histoire vraie) (David Lynch) – Comme scénariste : 1964  Diary of a bachelor (Sandy Howard).

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Stuart Rosenberg

Annonce de la mort du réalisateur Stuart Rosenberg, à l’âge de 79 ans, d’une crise cardiaque, jeudi dernier à Beverly Hills. Cet ancien enseignant de littérature à l’université de New York, fit une carrière prolifique à la télévision, à l’instar d’un Robert Altman, en réalisant des séries à la télévision (“La quatrième dimension”, “Alfred Hitchcock présente”, “Les incorruptibles”, etc..). Il commence en 1959, le tournage de “Crime société anonyme”, interrompu par une grève des acteurs, solidaire avec eux, il fut remplacé par Burt Balaban. La critique était parfois rude avec cet habile artisan, pourtant toujours soucieux de faire exister une atmosphère et un décors.  Michel Grisolia dans Cinéma 73 N°178-1979, évoquait “le tape à l’œil de très mauvais goût dans lequel baignent aussi bien “Les indésirables” que “Move””, mais louait par contre ses “deux réquisitoires désespérés sur l’Amérique contemporaine : les forçats de “Luke la main froide” et les paumés de “W.u.s.a.””. Il offre donc des rôles forts à Paul Newman, comme dans “Luke, la main froide” – qui valu l’oscar du meilleur second rôle à George Kennedy. Il le retrouve pour “W.u.s.a.” – nom d’une station de radio ouvertement fasciste – avec sa femme Joan Woodward, “Les indésirables” démythification du western hollywoodien, avec comme partenaire Lee Marvin et “La toile d’araignée” mettant en scène un privé aux prises avec les habituels clichés du polar dans une Floride écrasée de soleil. S’il est efficace dans les films de dénonciation, il semble cependant moins à l’aise dans la comédie comme dans “Folie d’Avril”, malgré le tandem Jack Lemmon et Catherine Deneuve, et avec des grands sujets, tel l’exil des juifs expulsés d’Allemagne en 1976, malgré un impressionnant casting all-stars, – Orson Welles, Max Von Sydow, Faye Dunaway, etc… -. Il signa un curieux film en 1973, “Le flic ricanant”, mettant en vedette Walter Matthau qui incarnait un policier sans histoire traquant un criminel sadique. Il connaît une consécration avec “Amityville, la maison du diable” victime de l’actuelle mode des remakes, mais le film a cependant mal vieilli et déçoit désormais malgré l’impact qu’il pouvait avoir dans les années 80. Il signe deux très bons films dans les années 80, tel “Brubaker” – il avait remplacé Bob Rafelson, réalisateur initalement prévu pour ce film -, où Robert Redford personnifie un nouveau directeur d’un pénitentier, voulant réformer les lieux, et “Le pape de Greenwich village” qui offrit l’un de ses meilleurs rôles à Mickey Rourke. Ce dernier était le partenaire d’Eric Roberts et Darryl Hannah, dans cette histoire de petits malfrats désoeuvrés. La dernière partie de sa carrière marquait le pas notamment avec “Six hommes pour tuer Harry”, film d’action reaganien qu’il désavoua en signant “Alan Smithee” au générique. Son dernier film, “My heroes have always been cow-boy” datait de 1991, avec Scott Glenn et Ben Johnson, et est resté inédit en France. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, lui avait consacré un article dans l’indispensable “50 ans de cinéma américain”, excellente approche sur ce réalisateur. 

Filmographie : 1960  Murder, Inc. (Crime société anonyme) (Film terminé par Burt Balaban) – Question 7 / Frage 7 – 1964  The black list (documentaire) – 1967  Cool Hand Luke (Luke la main froide) – 1969  The April Fools (Folies d’Avril) – 1970  Move (+ producteur exécutif) – WUSA (W.u.s.a.) – 1971  Pockey Money (Les indésirables) – 1973  The laughing policeman (Le flic ricanant) – 1975  The Drowning Pool (La toile d’araignée) – 1976  Voyage of the Damned (Le voyage des damnés) – 1979  Love and Bullets (Avec les compliments de Charlie) – The Amityville Horror (Amityville, la maison du diable) –  1980  Brubaker (Id) – 1984 Village Dreams (Le pape de Greenwich Village) – 1986  Let’s Get Harry (Six hommes pour tuer Harry) – 1991  My heroes have always been cowboys.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Nicole Stéphane

Annonce de la mort de Nicole Stéphane actrice et productrice française. Elle est très active durant la seconde guerre mondiale, confère sa fiche Wikipédia. Issue de la célèbre famille des de Rothschild, elle est choisie par Jean-Pierre Melville qui est un de ses amis pour incarner la mutique nièce de Jean-Marie Robain dans “Le silence de la mer”, adaptation du célèbre roman de Vercors, tourné en 1947 sans avoir l’autorisation de ce dernier. Melville l’évoque dans le livre de “Rui Nogueira”, “Le cinéma de Jean-Pierre Melville” (Éditions Seghers – Cinéma 2000, 1974, réédité par “Les cahiers du cinéma” : “ …Un jour qu’elle me confiait son désir de devenir réalisateur, je lui avais répondu : “Je vous prendrai comme assistante le jour où je ferai un film, mais permettez-moi de vous dire que j’aimerais mieux que vous y participiez comme comédienne”. Son profil très pur et ses yeux très clair convenaient parfaitement au rôle de la nièce”. Elle est excellente dans son attitude butée face à Howard Vernon incarnant un officier allemand cultivé. Elle retrouve Melville, dans l’adaptation de Jean Cocteau, “Les enfants terribles”, où elle incarne une échevelée Élisabeth, elle y est excellente face au piètre Edouard Dhermite imposé par Cocteau. Elle abandonne très vite sa carrière d’actrice – elle figurait Marie Curie dans un court-métrage de Georges Franju”, suite à un accident de la route pour se lancer dans la production pour des projets ambitieux. Elle produit “La vie de château” qui est un petit bijou de la comédie et est le premier film de Jean-Paul Rappeneau, Le site Artepix évoquait ses difficultés sur le financement de “Mourir à Madrid”, évoqué dans le bonus du DVD du film : “Cette entrevue avec la productrice du film, Nicole Stéphane, permet de revenir sur son engagement sur le projet et les difficultés qu’elle a rencontrées avec Frédéric Rossif pour le mener à bien. Elle explique, entre autres choses, comment le gouvernement espagnol lui a proposé de racheter son film, pour l’empêcher d’être projeté en Espagne…”. A partir de 1969, elle avait pour projet d’adapter Marcel Proust dans une adaptation de Suso Cecchi d’Amico pour Luchino Visconti, la préparation fut évoquée dans deux livres “Proust à l’écran” de Peter Kranvanja” éditions “La lettre volée” et dans un livre de Suso Cecchi D’Amico paru aux éditions Personna. L’adaptation, finit par aboutir en 1983, pour le film honorable de Wolker Schlöndorff. Il convenait de saluer ce parcours exceptionnel. Annonce également, ces derniers jours du décès de la comédienne Betty Hutton et du réalisateur Jeff Musso.

Filmographie : Comme actrice : Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville) – 1949  Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville) La dernière nouvelle (Rune Hagberg &  Georges Patrix, CM) – 1950  Né de père inconnu (Maurice Cloche) – 1953  Le défroqué (Léo Joannon) – Monsieur et Madame Curie (Georges Franju, CM) – 1957  (Carve har name with pride (Agent secret S.Z.) (Lewis Gilbert) – 1984  Libération, libération : Le cinéma de l’ombre (Pierre Beuchot, documentaire TV). Comme réalisatrice : 1956  Les Hydrocéphales (CM) – 1958  La génération du désert (CM) – 1967  Une guerre pour une paix (CM) – 1993 En attendant Godot à Sarajevo (CM) – Comme productrice : 1961  Vel d’hiv (Frédéric Rossif & Guy Blanc, CM) – 1962  Mourir à Madrid (Frédéric Rossif) – 1965  La vie de château (Jean-Paul Rappeneau) – 1967  L’une et l’autre (René Allio) – 1968  Phèdre (Pierre Jourdan) – 1969  Détruire, dit-elle  (Marguerite Duras) – 1974  Promised lands (Susan Sontag, documentaire) –  1988  Sarah (Edgardo Cozarinsky, CM) –  Divers : Montage du générique : 1963  Behold a pale horse (Et vint le jour de la vengeance) (Fred Zinnemann). Comme assistante réalisatrice : 1957  Mon chien (Georges Franju, CM).