Annonce de la mort du réalisateur Stuart Rosenberg, à l’âge de 79 ans, d’une crise cardiaque, jeudi dernier à Beverly Hills. Cet ancien enseignant de littérature à l’université de New York, fit une carrière prolifique à la télévision, à l’instar d’un Robert Altman, en réalisant des séries à la télévision (« La quatrième dimension », « Alfred Hitchcock présente », « Les incorruptibles », etc..). Il commence en 1959, le tournage de « Crime société anonyme », interrompu par une grève des acteurs, solidaire avec eux, il fut remplacé par Burt Balaban. La critique était parfois rude avec cet habile artisan, pourtant toujours soucieux de faire exister une atmosphère et un décors. Michel Grisolia dans Cinéma 73 N°178-1979, évoquait « le tape à l’œil de très mauvais goût dans lequel baignent aussi bien « Les indésirables » que « Move » », mais louait par contre ses « deux réquisitoires désespérés sur l’Amérique contemporaine : les forçats de « Luke la main froide » et les paumés de « W.u.s.a. » ». Il offre donc des rôles forts à Paul Newman, comme dans « Luke, la main froide » – qui valu l’oscar du meilleur second rôle à George Kennedy. Il le retrouve pour « W.u.s.a. » – nom d’une station de radio ouvertement fasciste – avec sa femme Joan Woodward, « Les indésirables » démythification du western hollywoodien, avec comme partenaire Lee Marvin et « La toile d’araignée » mettant en scène un privé aux prises avec les habituels clichés du polar dans une Floride écrasée de soleil. S’il est efficace dans les films de dénonciation, il semble cependant moins à l’aise dans la comédie comme dans « Folie d’Avril », malgré le tandem Jack Lemmon et Catherine Deneuve, et avec des grands sujets, tel l’exil des juifs expulsés d’Allemagne en 1976, malgré un impressionnant casting all-stars, – Orson Welles, Max Von Sydow, Faye Dunaway, etc… -. Il signa un curieux film en 1973, « Le flic ricanant », mettant en vedette Walter Matthau qui incarnait un policier sans histoire traquant un criminel sadique. Il connaît une consécration avec « Amityville, la maison du diable » victime de l’actuelle mode des remakes, mais le film a cependant mal vieilli et déçoit désormais malgré l’impact qu’il pouvait avoir dans les années 80. Il signe deux très bons films dans les années 80, tel « Brubaker » – il avait remplacé Bob Rafelson, réalisateur initalement prévu pour ce film -, où Robert Redford personnifie un nouveau directeur d’un pénitentier, voulant réformer les lieux, et « Le pape de Greenwich village » qui offrit l’un de ses meilleurs rôles à Mickey Rourke. Ce dernier était le partenaire d’Eric Roberts et Darryl Hannah, dans cette histoire de petits malfrats désoeuvrés. La dernière partie de sa carrière marquait le pas notamment avec « Six hommes pour tuer Harry », film d’action reaganien qu’il désavoua en signant « Alan Smithee » au générique. Son dernier film, « My heroes have always been cow-boy » datait de 1991, avec Scott Glenn et Ben Johnson, et est resté inédit en France. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, lui avait consacré un article dans l’indispensable « 50 ans de cinéma américain », excellente approche sur ce réalisateur.
Filmographie : 1960 Murder, Inc. (Crime société anonyme) (Film terminé par Burt Balaban) – Question 7 / Frage 7 – 1964 The black list (documentaire) – 1967 Cool Hand Luke (Luke la main froide) – 1969 The April Fools (Folies d’Avril) – 1970 Move (+ producteur exécutif) – WUSA (W.u.s.a.) – 1971 Pockey Money (Les indésirables) – 1973 The laughing policeman (Le flic ricanant) – 1975 The Drowning Pool (La toile d’araignée) – 1976 Voyage of the Damned (Le voyage des damnés) – 1979 Love and Bullets (Avec les compliments de Charlie) – The Amityville Horror (Amityville, la maison du diable) – 1980 Brubaker (Id) – 1984 Village Dreams (Le pape de Greenwich Village) – 1986 Let’s Get Harry (Six hommes pour tuer Harry) – 1991 My heroes have always been cowboys.