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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Philippe Castelli

Philippe Castelli dans « Chut ! »

Annonce de la mort de Philippe Castelli, sa grande silhouette dégingandée, sa prononciation hésitante, l’incursion d’un corps comique lent, faisant souvent une pose dans un film au rythme trépidant, a fait de lui le second rôle idéal des comédies françaises, voire franchouillardes. Il avait pourtant débuté avec Claude Chabrol. On retient évidemment ses contributions radios et télévisées dans « Les grosses têtes » présentées par Philippe Bouvard, éternel souffre-douleur de l’ »odieux » Olivier de Kersauzon. Le cinéma l’utilisait souvent sur ce mode, tel l’inspecteur en retard, qui subit une engueulade d’anthologie de la part de Louis de Funès, dans « Fantômas se déchaîne » (1965). Mais le décalage était toujours au rendez-vous, il fallait l’entendre chanter au générique de « Ça va pas être triste » (Pierre Sisser, 1982), « Merde, merde, merde, y a que des emmerdes…, brouilles, brouilles, y a que des embrouilles ». Il avait souvent poussé la chansonnette, l’excellent Philippe Meyer le rappelait parfois en diffusant ses débuts au petit conservatoire de Mireille, sur France Inter et à la télévision dans « Le petit conservatoire de la chanson » des années 60 à 70. Il participe à 4 reprises, au bestiaire Mocky. Il fallait le voir en maître fromager vantant les différents goûts de fromages, avec beaucoup de condescendance face à l’improbable tandem Heinz Ruhmann – Fernandel ignares des subtilités gastronomiques (« La bourse et la vie », 1965). Il jouait dans « Chut ! » (1971) le double rôle d’un ministre, complotant et donnant rendez-vous à Michael Lonsdale, dans une gare, tout en se faisant passer pour un aveugle, avec des lunettes noires dont un des carreaux est cassé, et de son sosie un quidam mi-guindé, mi auvergnat. L’heure étant grave dans le film, suite à une escroquerie à l’épargne, il donne des ordres à son subordonné, en complotant tout en chantant et en jouant de l’accordéon ! C’est  un grand moment loufoque, nous faisant regretter une meilleure utilisation de sa folie à l’écran. On le retrouve essentiellement des années 60 à 80, dans de multiples emplois, décalé en garde en noir du Cardinal dans « Les quatre Charlots mousquetaire », et souvent en maîtres d’hôtel ou majordomes, dont le sérieux – ou l’ennui – est parfois malmené. Citons son rôle de concierge de l’hôtel Danieli, victime des guignolades belmondiennes dans « Le guignolo » (Lautner, 1978), ce dernier rentrant dans l’hôtel… en bateau. Il a été d’ailleurs l’un des acteurs fétiches de Georges Lautner, il fut le portier turc dans « Les barbouzes », le quidam trouillard, n’étant pas d’une grande aide à Mireille Darc dans un parking, dans « Les seins de glace » (1974), le buraliste ronchon dans « Mort d’un pourri » (1977).. On le retrouve stoïque face à Belmondo toujours dans « Flic ou voyou » (1978). Il est un examinateur au permis de conduire, ignorant qu’il couvre, malgré lui, sa fuite. Il le recale d’ailleurs, les cascades n’étant pas très réglementaires… De silhouettes à de simples apparitions, il savait souvent tirer son épingle du jeu. Ce type de comédiens nous manque beaucoup de nos jours.

Filmographie : établie avec Armel de Lorme : 1959  Les bonnes femmes (Claude Chabrol) – 1960  Les Godelureaux (Claude Chabrol) – 1961  À fleur de peau (Claude Bernard-Aubert) – Le caporal épinglé (Jean Renoir) –  Cartouche (Philippe de Broca) – 1962  Les bricoleurs (Jean Girault) – Landru (Claude Chabrol) – 1963  Carambolages (Marcel Bluwal) – La porteuse de pain (Maurice Cloche) – Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – Une ravissante idiote (Édouard Molinaro) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – Les durs à cuire ou comment supprimer son prochain sans perdre l’appétit (Jack Pinoteau) – 1964  Aimez-vous les femmes (Jean Léon) – Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – La grande frousse ou la cité de l’indicible peur (Jean-Pierre Mocky) – Fantômas (André Hunebelle) – Les barbouzes (Georges Lautner) – Patate (Robert Thomas) – Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Yoyo (Pierre Étaix) – 1965  Les bons vivants / Un grand seigneur [épisode « Les bons vivants »] (Georges Lautner) – Les enquiquineurs (Roland Quignon) – Quand passent les faisans (Édouard Molinaro) – Fantômas se déchaîne (André Hunebelle) – Galia (Georges Lautner) – La communale (Jean L’Hôte) – Pas de caviar pour tante Olga (Jean Becker) – Monnaie de singe (Yves Robert) – Ne nous fâchons pas (Georges Lautner) – Tant qu’on a la santé (Pierre Étaix) – La sentinelle endormie (Jean Dréville) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  The night of the generals (La nuit des généraux) (Anatole Litvak) – 1968  La grande lessive ! (Jean-Pierre Mocky) – 1969  La promesse de l’aube / Promise at dawn (Jules Dassin) – Borsalino (Jacques Deray) – 1970  Laisse aller… c’est une valse (Georges Lautner) – Doucement les basses (Jacques Deray) – 1971  Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – Le viager (Pierre Tchernia) – Chut ! / Pavane pour un crétin défunt (Jean-Pierre Mocky) – 1972  Quelques messieurs trop tranquilles (Georges Lautner) – Les volets clos (Jean-Claude Brialy) – La guerre des espions (Henri Boyer & Jean-Louis Van Belle) – 1973  Quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – Un amour de pluie (Jean-Claude Brialy) – 1974  Le bordel, 1ère époque (1900) (Jose Benazeraf) – Deux grandes filles dans un pyjama (Jean Girault) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – Les bidasses s’en vont-en guerre (Claude Zidi) – Borsalino and Co (Jacques Deray) – Les seins de glace (Georges Lautner) – Ce cher Victor (Robin Davis) -Soldat Duroc, ça va être te fête (Michel Gérard) – 1975  Black out (Philippe Mordacq, inédit) – C’est dur pour tout le monde (Christian Gion) – Bons baisers de Hong-Kong (Yvan Chiffre) – Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole (Norbert Terry) – 1976  L’intrus (Patrick Schulmann, CM) – 1977  Dialogue sous la lampe (Christian Riberzani, CM) – Mort d’un pourri (Georges Lautner) – On peut le dire sans se fâcher / La belle emmerdeuse (Roger Coggio) – 1978  One, two, two : 122 rue de Provence (Christian Gion) – Ils sont fous sorciers (Georges Lautner) – Brigade mondaine (Jacques Scandelari) – Judith Therpauve (Patrice Chéreau) – Le cavaleur (Philippe de Broca) – Le temps des vacances (Claude Vital) – Flic ou voyou (Georges Lautner) – 1979  Brigade des mœurs : La secte de Marrakech (Eddy Matalon) – Le guignolo (Georges Lautner) – Les aventures de Guidon Fûté (Jean-Marie Durand) – 1980  Une merveilleuse journée (Claude Vital) – Est-ce bien raisonnable ? (Georges Lautner) – Signé Furax (Marc Simenon) – 1981  Le jour se lève et les conneries commencent (Claude Mulot) – Prends ta rolls et va pointer (Richard Balducci) – Pour la peau d’un flic (Alain Delon) – Le secret des Sélénites (Jean Image, animation, voix) – 1982  On s’en fout… nous on s’aime (Michel Gérard) – Plus beau que moi tu m’aimes (Philippe Clair) – Rebelote (Jacques Richard) – Le battant (Alain Delon) – Ca va pas être triste (Pierre Sisser) – 1983  Retenez-moi… où je fais un malheur (Michel Gérard) – Aldo et Junior (Patrick Schulmann) – 1984  Par où t’es rentré… on t’as pas vu sortir (Philippe Clair) – Ave Maria (Jacques Richard) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – 1985  Banana’s boulevard (Richard Balucci) – 1988  À deux minutes près (Éric Le Hung).  Nota : Il n’apparaît pas dans  « À nous quatre, Cardinal ! » (André Hunebelle, 1973), bien que crédité au générique, et il n’apparaît pas dans la version VHS du « Temps des vacances » (1978).

 Photo source : GAF

Télévision: (notamment) : 1961  En votre âme et conscience : L’affaire Courtois (Jean-Pierre Marchand) – 1962  Le peintre exigeant (Jean Vernier) – 1964  Le théâtre de la jeunesse : La soeur de Gribouille (Yves-André Hubert) – La mégère apprivoisée (Pierre Badel) – Thierry la fronde : la chanson d’Isabelle (Robert Guez) – 1965  Les facéties du sapeur Camenber (Pierre Boursaus, série TV) – 1966  Vive la vie (Joseph Drimal, série TV) – L’écharpe (Abder Isker) – Comment ne pas épouser un milliardaire (Lazare Iglésis, série TV) – Sacrés fantômes (Stellio Lorenzi) – 1967  L’amateur / S.O.S. Fernand (Jean-Piere Decourt) – Max le débonnaire : Un bon petit Jules (Gilles Grangier) – 1968  Les dossiers de l’agence O : Le vieillard au porte-mine (Jean Salvy) – 1970  Tête d’horloge (Jean-Paul Sassy) – Les caprices de Marianne (Georges Vitaly) – Le fauteuil hanté (Pierre Bureau) – Rendez-vous à Badenberg (Jean-Michel Meurice, série TV) – La fille qui disait non (Yannick Andréi) – 1971  Quentin Durward (Gilles Grangier, série TV) –  Madame êtes-vous libre ? (Jean-Paul Le Chanois) – Bon an mal an ou chérie je me sens vieillir (Rémy Grumbach) – Les nouvelles aventures de Vidocq : Les banquiers du crime (Marcel Bluwal) – Au théâtre ce soir : Cherchez le corps M. Blake (Pierre Sabbagh) – La belle aventure (Jean Vernier) – 1972  La demoiselle d’Avignon (Michel Wyn, série TV) – Avec le coeur (Rémy Grumbach) – La bonne nouvelle (Guy Lessertisseur) – Kitsch-Kitsch (Janine Guyon) – Le voleur de riens (Janine Guyon) – 1973  Le bleu d’outre-tombe (Edouard Logereau) – Au théâtre ce soir : Le million (Georges Folgoas) – Poker d’as (Hubert Cornfield) – Poker d’as (Hubert Cornfield, série TV) – Gil Blas de Santillane (Hubert Cornfield) – Un curé de choc : Pension pour dames seules (Philippe Arnal) – 1974  Monsieur Badin (Jean Bertho) – Le droit aux étrennes (Jean Bertho) – Le commissaire est bon enfant (Jean Bertho) – Les balances (Jean Bertho) – 1975  La pluie sur la dune (Serge Piollet) – 1977  Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – 1980  Les incorrigibles (Abder Isker) – 1981  Au théâtre ce soir : Alain, sa mère et sa maîtresse (Pierre Sabbagh) – Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – 1982  Les scénaristes ou les aventures extraordinaires de Robert Michon (Nino Monti) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’homme tout seul (Jean-Paul Sasst) – 1986  Grand hôtel (Jean Kerchbron) – 1992  Aldo tous risques : Mascarade (Claude Vital) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny & Gian Luigi Polidoro) – Tout ou presque (Claude Vital) – Prêcheur en eau trouble (Georges Lautner) – 1996  Jamais deux sans toi : Le gendre idéal.

Mise à jour du 16/09/2011

Mort également du cinéaste ivoirien Henri Duparc, lire à son sujet l’article de Afrik.com.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Legras

  

Photo : www.bernard-luc.comAnnonce de la mort de Jacques Legras, ce 15 mars de comédien né à Nantes en 1924. On se souviendra toujours de lui dans les riches heures de la télévision, avec la célèbre caméra cachée, dans « La caméra invisible » depuis 1964, invention de son compère Jacques Rouland, pour lequel il était animateur de « Gardez le sourire » sur Europe 1. Cette émission diffusée sur la seconde chaîne à partir de 1964, était l’occasion de piéger des quidam, et Jacques Legras avec sa fine moustache et son sérieux imperturbable imposait par son assurance les situations les plus déstabilisantes et les plus improbables. Les meilleurs sketches portés à l’écran par Jacques Rouland dans « La gueule de l’emploi » (1973), le mettait en vedette avec Jean-Claude Massoulier. C’est après le conservatoire de la rue Blanche, qu’il rejoint la troupe des Branquignol. Il restera fidèle à l’univers de Robert Dhéry également au cinéma dès « Branquignol » son premier film en 1949. On se souvient dans cet univers, du monsieur Loyal dans « Ah ! les belles bacchantes » (1954), et du curé roux du « Petit baigneur » (Dhéry, 1967). On le retrouvait souvent dans des rôles distingués facilement malmenés, client suisse qui arrive dans un bordel le jour de la fermeture suite à la décision de Marthe Richard dans « Les bons vivants : La fermeture » (Gilles Grangier, 1965), de l’examinateur de permis de conduire véhément suite aux maladresses de Louis Velle dans « Le permis de conduire » (Jean Girault, 1973), notable tenté par un voyage libertin avec sa femme dans « Sex-Shop » (Claude Berri, 1972), où le préposé au mariage de Jean-Paul Belmondo tétanisé devant sa fuite dans « Les mariés de l’an II » (Jean-Paul Rappeneau, 1970). Souvent goguenard, il est un ancêtre d’Alexandre Dumas, écrivain public prenant des notes en rencontrant les valets des trois mousquetaires « Les quatre Charlots mousquetaires » (André Hunebelle). Très apprécié du réalisateur Michel Boisrond, on lui doit la composition singulière d’un traître japonais – avec fausses dents et sans moustache – dans le croquignolet « Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 » (1966), un grand moment délirant hautement cornichon. Jean-Pierre Mocky l’avait utilisé pour 6 films dont l’étalon (1969) où il campe Pointard joueur de pétanque ayant les traces de ses boules sur son bronzage à force de les porter autour de son coup, « Robin des mers » (1997) où il est un marin et dans « Vidange » (1997) son dernier rôle en procureur. S’il n’a pas toujours eu les rôles à la mesure de sa folie, il marquait toujours ses passages avec une distinction qui cachait une réelle subversion.

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Filmographie : 1949  Branquignol (Robert Dhéry) – La patronne (Robert Dhéry) – 1950  Bertrand, cœur de lion (Robert Dhéry) – 1951  La demoiselle et son revenant (Marc Allégret) – 1952  L’amour n’est pas un péché (Claude Cariven) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert) – 1954  Escalier de service (Carlo Rim) – Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac) – 1955  L’impossible Monsieur Pipelet (André Hunebelle) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry) – 1964  Allez France ! (Robert Dhéry) – Les gros bras (Francis Rigaud) – Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – Lady L (Id) (Peter Ustinov) – 1965  Les bons vivants [épisode : « La fermeture »] (Gilles Grangier) – La communale (Jean L’hôte) – La tête du client (Jacques Poitrenaud) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  Le grand restaurant (Jacques Besnard) – Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (Michel Boisrond) – Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – Sette volte donna / Woman times seven (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica)- 1967  Le petit baigneur (Robert Dhéry) – 1968  Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – L’Auvergnat et l’autobus (Guy Lefranc) – Un été sauvage (Marcel Camus) – 1969  Hibernatus (Édouard Molinaro) – L’ardoise (Claude Bernard-Aubert) – Poussez pas grand-père dans les cactus (Jean-Claude Dague) – The lady in the car with glasses and a gun (La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil) (Anatol Litvak) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – 1970  Les assassins de l’ordre (Marcel Carné ) – Les mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau) – Daisy Town (René Goscinny & Morris, voix) – On est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – 1972  Sex shop (Claude Berri) – Les Charlots font l’Espagne (Jean Girault) – Elle court, elle court la banlieue (Gérard Pirès) – 1973  Le permis de conduire (Jean Girault)- L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Les gaspards (Pierre Tchernia) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – Les 4 Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – 1974  Vos gueules les mouettes ! (Robert Dhéry) – 1975  Catherine et cie (Michel Boisrond) – L’intrépide (Jean Girault) – 1976  Le trouble fesses (Raoul Foulon) – Drôles de zèbres (Guy Lux) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1977  La ballade des Dalton (René Goscinny, Morris, Henri Gruel & Pierre Watrin, voix) – La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1978  Les héros n’ont pas froid aux oreilles (Charles Némès) – Le beaujolais nouveau est arrivé (Jean-Luc Voulfow) – 1979  La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – L’associé (René Gainville) – La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Les malheurs d’Octavie (Roland Urban) – 1981  Le jour se lève et les conneries commencent (Claude Mulot) – Les bidasses aux grandes manœuvres (Raphaël Delpard) – 1982  N’oublie pas ton père au vestiaire (Richard Balducci) – 1983  Vous habitez chez vos parents ? (Michel Fermaud) – Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – 1984  Vive le fric (Raphaël Delpard) – 1985  La gitane (Philippe de Broca) – 1988  Corps z’à corps (André Halimi) –   Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer  (Jacques W. Benoît) – 1997  Robin des Mers (Jean-Pierre Mocky) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999 36 (Mathieu Mathelin, CM). Télévision (notamment) : 1965  Le journal de Jules Renard (Pierre Tchernia, CM) – 1968  Le bourgeois gentilhomme (Pierre Badel) – 1972  Aujourd’hui à Paris (Pierre Tchernia) – 1976  Les brigades du Tigre : Don de Scotland Yard (Victor Vicas) – 1977   Confessions d’un enfant de choeur (Jean L’Hôte) – Au théâtre ce soir : Le séquoïa (Pierre Sabbagh) – Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Les folies Offenbach : Le train des cabots (Michel Boisrond) – Appelez-moi docteur ou le médecin invisible (Jacques Rouland) – 1978  Les palmiers du métropolitain (Youri) – Messieurs les ronds de cuir (Daniel Ceccaldi) – 1979  Au théâtre ce soir : Mon crime (Pierre Sabbagh) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : Pétin, Mouillabourg et consorts (Pierre Cavassilas) – 1980  Opération trafics : La bataille de l’or (Christian-Jaque) – Jean-Sans-Terre (Gilles Grangier) – Le vol d’Icare (Daniel Ceccaldi) – 1981  Le roman du samedi : L’agent secret (Marcel Camus) – Société Amoureuse à Responsabilité Limitée (Christian-Jaque) – Le mythomane : Les jonquilles de la grande duchesse (Michel Wyn) – Les amours des années folles : Un mort tout neuf (Dominique Giuliani) – Histoire contemporaine (Michel Boisrond) – 1983  L’étrange château du docteur Lerne (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1984  L’appartement (Dominique Giuliani) – Billet doux (Michel Berny) – 1985  Le canon paisible (Stéphane Bertin). Divers : La caméra invisible – Vivement lundi, etc…

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Maureen Stapleton

 Annonce de la mort le 13 mars de Maureen Stapleton, des suites de complications pulmonaires. Grand parcours théâtral, depuis ses débuts à Broadway en 1946. Son grand succès est « The rose tatoo » en 1951, elle était d’ailleurs l’une des interprètes privilégiée de Tenesse Williams. Au cinéma, elle marquait ses rôles par son dynamisme. Nommée trois fois à l’Oscar du meilleur second rôle, pour « Lonely-hearts » / « Coeurs à la dérive » (Vincent Donahue), « Airport » (George Seaton, 1969), le « bergmanien » : « Interiors / Intérieurs » (Woody Allen, 1978), avant de l’obtenir pour sa composition dans « Reds » (Warren Beatty, 1980). Connue pour son franc parler, elle avait déclaré au sujet de George W. Bush, information trouvée sur le web : « « I’m not saying that I’d vote for him. I’m just saying that I’d fuck him. » . Ephraim Katz rappelait dans son « Film encyclopedia » qu’on la surnomait « the American Anna Magnani ».

ARTICLE : AP – The Associated Press.

L’actrice Maureen Stapleton, qui avait remporté l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour «Reds», est décédée lundi à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils, Daniel Allentuck. Maureen Stapleton, dont l’apparence insignifiante et imposante avait occulté la personnalité et le talent, avait remporté un Oscar en 1981 pour le rôle d’Emma Goldman dans le film de Warren Beatty, «Reds», sur un journaliste américain qui se rend en Russie pendant la révolution bolchevique. Pour préparer le rôle, l’actrice expliquait qu’elle avait tenté de lire l’autobiographie de Goldman, avant de la jeter par ennui. «Il y a de nombreuses voies pour être un bon acteur», disait-elle dans son autobiographie publiée en 1995. «On m’a demandé de nombreuses fois quelle était la clef de la comédie et, en ce qui me concerne, la principale est de garder les spectateurs éveillés». Maureen Stapleton avait été nommée à plusieurs reprises pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin, dont «Lonelyhearts» (1958), «Airport» (1970) et «Intérieurs» (1978), de Woody Allen. Elle avait également tourné dans «Cocoon» (1985) de Ron Howard et »Addicted to Love» (1997). A la télévision, elle avait remporté un Emmy pour «Among the Paths to Eden» en 1967. Elle avait également joué au théâtre, donnant notamment la réplique à Laurence Olivier dans «La chatte sur un toit brûlant» de Tennessee Williams. Pour «La Rose tatouée», autre pièce du dramaturge américain, elle avait remporté un Tony Award à l’âge de 24 ans. L’auteur et l’actrice étaient amis.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dennis Weaver

  

Dennis Weaver

Annonce de la mort de Dennis Weaver, des suites d’un cancer à l’âge de 81 ans. Deux souvenirs viennent immédiatement à l’esprit des cinéphiles, le gardien de l’hôtel inquiétant à la silhouette longiligne, et épiant la belle Janet Leigh dans « La soif du mal » (Orson Welles, 1958), préfiguration du personnage de Norman Bates dans « Psychose », et l’automobiliste pris en chasse par un camionneur fou dans « Duel » (Steven Spielberg, 1971), brillant téléfilm diffusé en salles avec le succès que l’on sait. En contrat avec Universal, on le retrouve souvent dans des petits rôles avant de se faire reconnaître essentiellement à la télévision dans « Gunsmoke ». Il était un écologiste revendicatif avisé ces dernières années avec sa femme Gerry Stowell. Il avait un site officiel : Dennis Weaver website. Bibliographie : « Quinlan’s films stars » par David Quinland (B.T. Batsford limited London, 2000)

Filmographie : 1952  The raiders / Riders of vengeance (L’heure de la vengeance) (Lesley Selander) – Horizons West (Le traître du Texas) (Budd Boetticher) – The lawless breed (Victime du destin) (Raoul Walsh) – 1953  The redhead from Wyoming (La belle rousse du Wyoming) (Lee Sholem) – The Mississippi gambler (Le gentilhomme de la Louisiane) (Rudolph Maté) – Law and order (Quand la poudre parle) (Nathan Juran) –  Column South (L’héroïque lieutenant) (Frederick De Cordova) – It happens every Thursday (Joseph Pevney) – The man from the Alamo (Le déserteur de Fort Alamo) (Budd Boetticher) – The golden blade (La légende de l’épée magique) (Nathan Juran) – The Nebraskan (L’homme du Nebraska) (Fred F. Sears) – 1954  War arrow (À l’assaut de Fort Clark) (George Sherman) – 1954  Dangerous mission (Mission périlleuse) (Louis King) – Dragnet (La police est sur les dents) (Jack Webb) – 1955  Ten wanted men (Dix hommes à abattre) (Bruce Humberstone) – The bridges at Toko-Ri (Les ponts de Toko-Ri) (Mark Robson) – Seven angry men / God’s angry man (Charles Marquis Warren) – Chief Crazy Horse / Valley of fury (Le grand chef) (George Sherman) – Storm fear (Cornel Wilde) – 1956  Navy wife / Mother, Sir ! (Edward Berns) – 1958  Touch of evil (La soif du mal) (Orson Welles) – 1960  The gallant hours (Robert Montgomery) – 1966  Duel at Diablo (La bataille de la vallée du diable) (Ralph Nelson) – Way… way… out (Tiens bon la rampe Jerry !) (Gordon Douglas) – 1967  Gentle giant (Le grand ours et l’enfant) (James Neilson) – 1968  Mission Batangas (Dans l’enfer de Corregidor) (Keith Larsen) – 1970  A man called Sledge / Sledge (Un nommé Sledge) (Vic Morrow & Giorgio Gentili) – 1971  What’s the matter with Helen ? (Curtis Harrington) – 1972  Duel (Id) (Steven Spielberg, téléfilm distribué en salles) – 1977  Cry for justice (Bob Kelljan) – 1995  Two bits & Pepper (Corey Michael Eubanks) – 1997 Telluride : Time crosses over (Michael Eugene Carr) – 1998  Escape from wildcat canyon (Titre TV : Sauvetage à Wildcat Canyon) (Marc F. Voizard) – 2000  Submerged (Crash dans l’océan) (Fred Olen Ray) – Voxographie succincte : 1992  Earth and the American Dream (Bill Couturié, documentaire, récitant) – 2003  Home on the range (La ferme se rebelle) (Will Finn, animation).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Guy Delorme

  Dans « L’âme damnée du cinéma français »

André Siscot s’interrogeait sur la probabilité de la disparition du comédien Guy Delorme, hélas il avait raison comme le confirme cette information trouvée sur le site Éditions Delcourt. Il serait mort fin 2005, dans la plus totale discrétion. On l’avait revu il y a  peu dans un documentaire de 5 minutes, issu du bonus du « Bossu » d’André Hunebelle, et intitulé « L’âme damnée du cinéma français ». Il y faisait preuve de beaucoup d’humour et en le voyant on songe au formidable « Don Quichotte » qu’il aurait pu camper. On se souvient de lui, souvent face à Jean Marais, dans des films de capes et épées. Éternel traître, et sournois d’anthologie, il avait toujours une petite lueur de folie dans le regard. Dans le rôle de Rochefort, homme de main de Mylène Demongeot en Milady de Winter, dans « Les trois mousquetaires » (Hunebelle 1961), ou en mafioso furibard dans « Fantômas contre Scotland-Yard » (Hunebelle, 1966), il composait toujours des méchants mémorables, gravés à jamais dans le souvenir des amateurs du « Cinéma de quartier ». Déplorons, encore une fois dans le lamento habituel, l’attitude du cinéma français pour ces grands excentriques. Si vous avez de plus amples informations, elles sont bienvenues.

img227/78/delorme2ex0.jpg Guy Delorme dans « Le majordome »

Filmographie  : 1950  Sous le ciel de Paris (Julien Duvivier) – 1956    Pardonnez nos offenses (Robert Hossein) – 1957  Love in the afternoon (Ariane) (Billy Wilder) – Feng zheng (Le cerf-volant du bout du monde) (Roger Pigaut) – 1959  Le bossu (André Hunebelle) – Austerlitz (Abel Gance) – 1960  Le capitan (André Hunebelle) – Fortunat (Alex Joffé) – Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara) – Le capitaine Fracasse (Pierre Gaspard-Huit) – Le miracle des loups (André Hunebelle) – 1961  Les trois mousquetaires (en deux parties « Les ferrets de la reine » & « La vengeance de Milady » (Bernard Borderie) – Lemmy pour les dames (Bernard Borderie) – 1962  Les mystères de Paris (Bernard Borderie) – Le chevalier de Pardaillan (Bernard Borderie) – Rocambole (BernardBorderie) – 1963  Hardi ! Pardaillan (Bernard Borderie) – À toi de faire, mignonne ! (Bernard Borderie) – 1964  Coplan, agent secret FX 18 (Maurice Cloche) – Lucky Jo (Michel Deville) – Les gorilles (Jean Girault) – Le majordome (Jean Delannoy) – Le corniaud (Gérard Oury) – 1965  Furia à Bahia pour OSS 117  (André Hunebellle) – La sentinelle endormie (Jean Dréville) – Hotel Paradiso (Paradiso, hôtel du libre échange) (Peter Glenville) – (1966  Carré de dames pour un as (Jacques Poitrenaud) – Sept hommes et une garce (Bernard Borderie) – Fantômas contre Scotland Yard (André Hunebelle) – Les avanturiers (Robert Enrico) – 1967  J’ai tué Raspoutine (Robert Hossein) – Deux billes pour Mexico (Christian-Jaque) – Le fou du labo 4 (Jacques Besnard) – Les grandes vacances (Jean Girault) – 1968  Adieu l’ami (Jean Herman) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – The southern star (L’étoile du Sud) (Sidney Hayers) – Le cerveau (Gérard Oury) – Catherine, il suffit d’un amour (Bernard Borderie) – 1969  Mon oncle Benjamin (Édouard Molinaro) – L’ardoise (Claude Bernard-Aubert) – 1970  Le mur de l’atlantique (Marcel Camus) – Laisse aller… c’est une valse (Georges Lautner) – 1973  Les possédées du diable / Lorna l’exorciste (Jesus Franco) – 1974  L’important c’est d’aimer (Andrzej Zulawski) – 1975  L’intrépide (Jean Girault) – 1977  Das frauenhaus (Blue Rita/Le cabaret des filles perverses) (Jesus Franco) – 1978  Les filles du régiment (ClaudeBernard-Aubert) –Perceval le Gallois (Éric Rohmer) – 1979  Tegeran 43 (Téhéran 43 nid d’espions / Téhéran 43) (Alexandre Alov & Vladimir Naoumov) – 1980  The hostage tower (La tour Eiffel en otage) (Claudio Guzman, téléfilm diffusé en salles en France) – 1982  Les misérables (Roger Hossein) – 1983 On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – Le fou du roi (Yvan Chiffre) – 1984  Liste noire (Alain Bonnot) – 1986  La rumba (Roger Hanin).

Télévision (notamment) : 1963  Thierry La Fronde : Les compagnons à Paris (Pierre Goutas) – 1964   Beaucoup de bruit pour rien (Pierre Badel) – Bayard (Claude Pierson) – Thierry La Fronde : Le château mystérieux (Pierre Goutas) – 1965  Vergalade (François Chatel) – Gaspard des montagnes (Jean-Pierre Decourt) – Thierry La Fronde : Moi, le roi ! (Pierre Goutas) – 1966  D’Artagnan, chevalier du roi (Henri Carrier) – Corsaires et flibustiers / Les corsaires (Claude Barma, série TV) – 1970  Lancelot du lac (Claude Santelli) – 1971  Quentin Durward (Gilles Grangier, série TV) – Le voyageur des siècles (Jean Dréville) – À vous de jouer (Claude Cobast, série TV) – 1972  Les évasions célèbres : L’esclave gaulois (Jean-Pierre Decourt) – 1973  Joseph Balsamo (André Hunebelle, épisode 1) – La porteuse de pain (Marcel Camus, épisode 13) – Karatekas and Co : Mozart passe la mesure (Edmond Tyborowski) – 1974  Fracasse (Raoul Sangla, captation) – Schulmeister, l’espion de l’Empereur [épisodes « Un village sans importance »; « La dame de Vienne » & « Après les cent jours »] (Jean-Pierre Decourt) – La juive du château-trompette (Yannick Andréi) – 1976  Ces beaux messieurs de Bois-Doré (Bernard Borderie) – 1977  Richelieu (Jean-Pierre Decourt) – 1978  Sam et Sally : Lili (Nicolas Ribowski) – 1979  Le roi qui vient du sud (Marcel Camus & Heinz Schirk) – Au théâtre ce soir : La magouille (Pierre Sabbagh) – 1981  Vendredi ou la vie sauvage (Gérard Vergez) – 1982  Marcheloup (Roger Pigaut).

Mise à jour du 21/07/2009

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Darry Cowl

Darry Cowl dans « Le temps des oeufs durs »

Eh la Camarde, tu ne pouvais pas nous le laisser encore un peu, non il a fallu que tu nous le prennes lui aussi. Bon, ça devrait avoir du bon, son génie va être enfin reconnu… Oui, car il avait du génie, dans le sens non galvaudé du mot. C’était une de mes idoles, non pas parce qu’il était basque comme mézigue, mais parce qu’il apporté du génie dans sa vie, même dans les pires nanars, il n’était pas très regardant, tenaillé par son démon du jeu : « …Moins je tourne, plus les gosses me reconnaissent dans la rue. Qu’est-ce qu’ils ont repassé comme merdes à la télé ? J’ai fait 111 films. Dès que j’avais plus un rond je téléphonais au casino, à Monte-Carlo, à André Bernheim et ça partait aussi sec dans la nuit. J’ai signé au moins 40 films sans les lire, je vous jure, à ce point-là c’en est rigolo… » disait-il au « Cahiers du cinéma » N°408, numéro spécial acteurs. La première image qui m’est venu à son sujet, c’est un témoignage de Safy Nebbou pour l’émission « Télé matin » où Darry Cowl était l’invité principal. Les deux hommes étaient dans le TGV, en vue d’une avant-première. Les paysages défilent, Darry fixe son esprit sur un troupeau de vaches paisibles avant de déclarer : « Il en manque une ! ». Très apprécié ces dernières années par les metteurs en scène, il avait souvent brillé ces derniers temps, chez Jean-Pierre Mocky qui l’avait utilisé sans son bégaiement, en homosexuel nostalgique, « Les saisons du plaisir » (1987) et en inquiétant homme politique à moumoute, « Une nuit à l’assemblée nationale » (1988) ou en pharmacien-suiveur « Ville à vendre » (1991). Mocky a ouvert la voie à d’autres rôles, tel le bouquiniste résumant d’une manière unique les « Misérables » de Victor Hugo, devant un Jean-Paul Belmondo pantois, « Les misérables » (Claude Lelouch, 1994),  le patron d’Augustin, écrasé par la solitude, « Augustin, roi du Kung-Fu » (Anne Fontaine, 1998), le pensionnaire d’une maison de retraite rivalisant d’ingéniosité pour cacher l’absence de Claude Rich, « Le cou de la girafe » (Safy Nebbou, 2003), jusqu’à la concierge chantante (!), reprise d’un rôle créé par Pauline Carton, dans « Pas sur la bouche » (Alain Resnais, 2003), qui lui vaut le César du meilleur second rôle.

Il est vrai que dans sa carrière édifiante, il y avait peu de place aux contre-emplois, tel le taxidermiste bourrant les corps d’indiens de papiers journaux dans « Touche pas à la femme blanche » (Marco Ferreri, 1973). Sacha Guitry très prompt à reconnaître le talent des jeunes comédiens (Louis de Funès, Jean Poiret, Michel Serrault), l’avait même laissé improvisé contre son texte, son rôle de témoin bargeot et iconoclaste dans « Assassins et voleurs » (1956). L’amateur de nanar se régale à son souvenir, à l’image de son inoubliable rôle dans « Le triporteur » (Jack Pinoteau, 1957) où il improvise avec Pierre Mondy une réplique « Petit canaillou » qui marquera les esprits d’une manière indélébile, et de sa suite « Robinson et le triporteur » (Pinoteau, 1959), deux films avec sa compagne d’alors, Béatrice Altariba. Il était excellent en tandem avec Francis Blanche, dans « Les gorilles » (Jean Girault, 1964) ou l’improbable « Abominable homme des douanes » (Marc Allégret, 1962). Citons aussi le jeune père dépassé dans « Les moutons de Panurge » (Jean Girault 1960), le gardien du musée Balzac « En effeuillant la marguerite » (Marc Allégret, 1956), le charmant « Le petit prof » (Carlo Rim, 1958), où il était un jeune professeur aux idées révolutionnaires, l’héritier lunaire d’un truand redoutable campé par Yves Deniaud dans « Ce joli monde » (Carlo Rim toujours, 1957), le guichetier goguenard dans « La bourse et la vie » (Jean-Pierre Mocky, 1965), ou le clochard dans « Archimède le clochard » (Gilles Grangier, 1958)… où il volait la vedette à Jean Gabin ! Il était aussi un pianiste émérite – il fallait le voir camper « Rouget de l’Isle » dans le cornichonesque « Liberté, égalité, choucroute » (Jean Yanne 1984), il avait aussi réalisé un film comme metteur en scène : « Jaloux comme un tigre » (1964), présenté lors d’un hommage récent à la Cinémathèque. Le site Encinémathèque venait de lui consacrer un dossier. Même s’il avait 80 ans, non vraiment, Mme la Camarde (je mets une majuscule, on ne sais jamais), je ne te salue pas.

 

  

DR

Filmographie : 1955  Quatre jours à Paris (André Berthomieu) – Ces sacrées vacances (Robert Vernay) – Bonjour sourire (Claude Sautet) – Paris Canaille (Pierre Gaspard-Huit) – Cette sacrée gamine (Michel Boisrond) – Les Duraton (André Berthomieu) – 1956  En effeuillant la marguerite (Marc Allégret) – La joyeuse prison (André Berthomieu) – Paris Palace Hôtel (Henri Verneuil) – Courte tête (Norbert Carbonnaux) – Assassins et voleurs (Sacha Guitry) – L’amour descend du ciel (Maurice Cam) – À la Jamaïque (André Berthomieu) – Fric-frac en dentelles (Guillaume Radot) – Cinq millions comptant (André Berthomieu) – 1957  L’ami de la famille (Jack Pinoteau) – Les trois font la paire (Sacha Guitry) – Ce joli monde (Carlo Tim) – Totò, Vittorio e la dottoressa (Dites 33) (Camillo Mastrocinque) – Fumée blonde (Robert Vernay) – Les lavandières du Portugal (Pierre Gaspard-Huit) – À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Le temps des oeufs durs (Norbert Carbonnaux) – L’école des cocottes (Jacqueline Audry) – Sois belle et tais-toi (Marc Allégret) – 1958  Chéri, fais-moi peur (Jack Pinoteau) – Le petit prof (Carlo Rim) – À pied, à cheval et en spoutnik (Jean Dréville) – Archimède le clochard (Gilles Grangier) – L’increvable (Jean Boyer) – 1959  Vous n’avez rien à déclarer ? (Clément Duhour) – Les affreux (Marc Allégret) – Robinson et le triporteur (Jack Pinoteau) – Bouche cousure (Jean Boyer) – 1960  La Française et l’amour [sketch : « L’enfance »] (Henri Decoin) – Les pique-assiettes (Jean Girault) – Un Martien à Paris (Jean-Pierre Daninos) – Les fortiches (Georges Combret) – Les amours de Paris (Jacques Poitrenaud) – Les moutons de Panurge (Jean Girault) – 1961  Les livreurs (Jean Girault) – Les lions sont lâchés (Henri Verneuil) – Les petits matins (Jacqueline Aubry) – Les Parisiennes [Sketch : « Ella »] (Jacques Poitrenaud) – 1962  L’abominable homme des douanes (Marc Allégret) – Les veinards [Sketch : « Une nuit avec la vedette »] (Philippe de Broca) – Les bricoleurs (Jean Girault) – Les saintes nitouches (Pierre Montazel) – Strip tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – 1964  Les gros bras (Francis Rigaud) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl, + scénario et musique) – La bonne occase (Michel Drach) – Déclic et des claques (Philippe Clair) – Les gorilles (Jean Girault) – I magnifici brutos del west (Les terreurs de l’Ouest) (Marino Girola) – Les combinards (Jean-Claude Roy) – 1965  Les tribulations d’un Chinois en Chine (Philippe de Broca) – Les bons vivants [Sketch : « Le procès »] (Gilles Grangier) – La tête du client (Jacques Poitrenaud) – Le lit à deux places [Sketch : La répétition »] (Jean Delannoy, + dialogue) – Les baratineurs (Francis Rigaud) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – Les malabars sont au parfum (Guy Lefranc) – 1967  Le grand bidule (Raoul André, + musique) – Ces messieurs de la famille (Raoul André, + musique) – 1968  Salut Berthe (Guy Lefranc) – 1969  Le bourgeois gentil mec (Raoul André, + musique) – Poussez-pas grand-père dans les cactus (Jean-Claude Dagye) – Ces messieurs de la gâchette (Raoul André, + musique) – 1972  Elle cause plus, elle flingue (Michel Audiard) – 1973  Touche pas la femme blanche (Marco Ferreri) – Ah ! Si mon moine voulait… / L’héptaméron (Claude Pierson) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – 1974  Y’a un os dans la moulinette (Raoul André) – C’est jeune et ça sait tout (Claude Mulot) – Trop, c’est trop (Didier Kaminka) – 1976  Le jour de gloire (Jacques Besnard, + musique) – 1977  Arrête ton char, bidasse (Michel Gérard, + musique) – 1978  Général, nous voilà ! (Jacques Besnard) – 1979  Les borsalini (Michel Nerval) – 1980 Voulez-vous un bébé Nobel ? (Robert Pouret) – Les surdoués de la première compagnie (Michel Gérard) – 1981  Le bahut va craquer (Michel Nerval) – T’es folle ou quoi ? (Michel Gérard) – 1982  Pour cent briques , t’as plus rien (Édouard Molinaro) – On s’en fout, nous on s’aime (Michel Gérard) – Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – Qu’est-ce qui fait craquer les filles ? (Michel Vocoret) – Ça va pas être triste (Pierre Sisser) – Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – 1984  Le téléphone sonne toujours deux fois (Jean-Pierre Vergne) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – 1985  Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1987  Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky) – 1988  Une nuit à l’Assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – 1991 Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – 1994 Les misérables (Claude Lelouch) –  1995 Ma femme me quitte (Didier Kaminka) – 1997  Droit dans le mur (Pierre Richard) – 1998  Augustin, roi du kung-fu (Anne Fontaine) – 2000  Scénarios sur la drogue [Sketch : « La purée »] (Sébastien Dhrey & Simon Lelouch, CM, + diffusion TV) – 2001  Ah ! Si j’étais riche (Michel Munz & Gérard Bitton) – Les marins perdus (Claire Devers) – Le nouveau Jean-Claude (Didier Tronchet) – 2003  Le cou de la girafe (Safy Nebbou) – Pas sur la bouche (Alain Resnais) – 2004  Jessie (Henri Garcin, CM) – Les Dalton (Philippe Haïm) – 2005  La vie privée (Zina Modiano & Mehdi Ben Attia) – L’homme qui rêvait d’un enfant (Delphine Gleize). Musique seulement : 1947  Le duel au pistolet (Jean Bardou, CM) – Le concierge (Jean Girault). Télévision (notamment) : 1955 Christophe C (Jean-Paul Carrère) – 1956  Les gaietés de l’escadron (Pierre Badel) – 1967  Au théâtre ce soir : Docteur Glass (Pierre Sabbgh) – 1971  Au théâtre ce soir : Cash-Cash (Pierre Sabbagh) –  1980  Chouette, chat, chien… show (Pierre Samyn, variétés) –   1983  Cinéma 16 : Microbidon (André Halimi) – Liebe läßt alle Blumen blühen (L’attrapeur) (Marco Serafini) – 1984  Bal de nuit – 1988  Palace (Jean-Michel Ribes, rôle coupé au montage de la version DVD) – 1989  Deux hommes dans une valise (Philippe Ducrest, captation) – Vingt p’tites tours : Champion de billard (+ réalisation, CM) – 1990  Le triplé gagnant : Assassin, s’il vous plaît ? (Bernard Villiot) – 1991  Le gorille : Le gorille et le barbu (Jean-Claude Sussfeld) – 1992  La mémoire (André Delacroix) – 1997  Marceeel (Agnès Delarive) – 2000 La surprise (Jean-Philippe Viaud) – 2001  Jalousie (Marco Pauly) – Les P’tits Gars Ladouceur (Luc Béraud) – 2002  Double flair (Denis Malleval) – 2003  Rien ne va plus (Michel Sibra) – 2004  Bien agités ! (Patrick Chesnais).

Mise à jour du 18/02/2010

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Thierry Fortineau

  

Annonce de la mort prématurée de Thierry Fortineau, des suites d’un cancer. Ce comédien à la carrière théâtre exemplaire, voir les articles suivants, a eu quelques beaux rôles au cinéma, du gendre trop idéal pour être honnête de Michel Serrault dans « Bonjour l’angoisse » (Pierre Tchernia, 1987) au grand bourgeois, brillant dans les soirées mondaines où le cynisme triomphe dans « Gabrielle » (Patrice Chéreau, 2004). François Dupeyron lui a donné un de ses meilleurs rôles dans le très beau « Un cœur qui bat » (1990), film à redécouvrir, où il est un brocanteur qui tombe amoureux d’une femme mariée – Dominique Faysse -, où il se montre sensible et attachant. Il était un des principaux protagonistes du mésestimé « Le brasier » (1990), où il montrait une solidité face au travail harassant de la mine et de « L’homme de sa vie » (1991), en libraire au chômage et misanthrope qui retrouve l’amour avec Maria de Medeiros. On se souvient du prisonnier évadé grâce à la détermination de sa femme – jouée par Béatrice Dalle – de « La fille de l’air » (Maroun Bagdadi, 1992), histoire véritable de Michel Vaujour. Il arrivait à tirer toujours son épingle du jeu, même dans des films assez académiques comme « Comédie d’été » (Daniel Vigne, 1988), ou « L’homme de ma vie » (Jean-Charles Tacchella, 1991). Il se faisait rare sur les écrans ces derniers temps pour se consacré au théâtre, mais il avait été un Maurice Papon très probant dans « Nuit noire, 17 octobre 1961 » (Alain Tasma, 2004), à la base un téléfilm sur Canal + mais qui a connu une sortie en salles. Il laisse le souvenir d’un acteur remarquable et discret.

Thierry Fortineau à la cérémonie des Molières en 2003 (Sipa)

Filmographie : 1987  Bonjour l’angoisse (Pierre Tchernia) – Doux amer (Franck Apprederis) – 1988  Vent de galerne 1783 (Bernard Favre) – Un tour de manège (Pierre Pradinas) – Comédie d’été (Daniel Vigne) – 1989  Rendez-vous au tas de sable (Didier Grousset) – Le brasier (Éric Barbier) – 1990  Un cœur qui bat (François Dupeyron) – 1991  Le trou de la corneille (François Hanss, CM) – L’homme de ma vie (Jean-Charles Tacchella) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – 1993  Photo (Ivan Maussion, CM) – 2004  Nuit noire, 17 octobre 1961 (Alain Tasma, téléfilm distribué en salles) – Gabrielle (Patrice Chéreau). Télévision (notamment) : 1976  Les mystères de Loudun (Gérard Vergez) –  1981  Mon meilleur Noël : Rien qu’une petite fille (Jean-Pierre Marchand) – 1982  Malesherbes, avocat du roi (Yves-André Hubert) – 1986  Cinéma 16 : Le cadeau de Sébastien (Franck Apprederis) – 1988  L’argent (Jacques Rouffio, série TV) – Haute tension : Histoires d’ombres (Denys Granier-Deferre) – 1989  Femmes de papier (Suzanne Schiffman) – Condorcet (Michel Soutter, série TV) – 1990  L’ami Giono : Ennemonde (Claude Santelli) – Cinéma 16 : Un destin cannibale (Roger Guillot) -1992  Fenêtre sur femme (Don Kent) – 1993  Jules Ferry (Jacques Rouffio) – La porte du ciel (Denys Granier-Deferre) – 1994  La grande collection : Le feu follet (Gérard Vergez) – 1996  Les amants de la rivière rouge (Yves Boisset) – 1997  Frères et flics (Bruno Gantillon, série TV) – 1998  Le prince des imposteurs (Jean-Pierre Prévost) – Un hiver dans la tourmente (Bernard Favre) – 2000  Entre l’arbre et l’écorce (Bruno Gantillon) –  2001  L’instit : Carnet de voyage : Madagascar (Jérôme Laperrousaz) – 2002  Tous les chagrins se ressemblent (Luc Béraud) – 2004  Maigret : Maigret et la demoiselle de compagnie (Franck Apprederis).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : François Levantal

François Levantal dans « sur le fil »

Si l’on retrouve souvent François Levantal dans des seconds rôles, en premier plan il est aussi remarquable. Ainsi dans « L’affaire Pierre Chanal », sur l’affaire réelle des « disparus de Mourmelon », il impressionne, comme le définit justement Nicolas Schmidt dans « Télévision française – La saison 2007 » au sujet de son personnage qui « remarquablement interprété (…) peut faire figure de coupable, impressionnant dans son allure rigide, au ton constamment péremptoire et qui semble d’un bloc en toutes circonstances ». Dans le dossier de presse du film « L’amour aux trousses », Jean Dujardin déclare à son sujet « Lee Van Cleef vous voulez dire…? François est un comédien très doué, bourré de talents, très précis, qui joue comme il parle, très rapide, très calibré, qui a beaucoup de recul, qui peut faire croire tout ce qu’il veut, très doué comme imitateur aussi ».Et Pascal Elbé de rajouter « François Levantal hors classement. Un physique unique, taillé à la serpe et puis en même temps une espèce de classe hors norme avec un humour qu’on n’imagine pas. Parce qu’il est bien « marbré » lui aussi ». C’est l’un des grands sous-utilisés de notre cinéma, c’est devenu l’homme que vous aimerez haïr. Avant de débuter au cinéma – nous apprend le dossier de presse de « Neg’marron »-, il se produit au théâtre dans « Mirabeau ou le délassement comique », « Le théâtre de foire », « Les oiseaux « , « La poudre aux yeux », « Un otage », « L’exil ». Il est capable de faire exister un personnage par sa seule présence, à l’image du tenancier de « Blueberry », où il semble être un des personnages évadés de chez Sam Peckinpah. Il faut le voir dans le décevant « Mauvais esprit », malgré un scénario mordant de Laurent Chouchan, sauver les meubles. Son personnage veule, peu recommandable et capable de toutes les bassesses est digne de figurer dans l’âge d’or de la comédie italienne.

Dans le making off de « Blueberry, l’esprit du film », diffusé sur le câble, on retrouve un François Levantal décontracté, parlant de l’humour, de son attirance pour ce qui est inutile. Il faut l’entendre théoriser sur la nature. Pour finir, il imite « Le cri de la bouteille qui se débouche » (débouchée évidemment), avec brio. Il faut bien le dire, l’humour lui sied bien, il apporte toujours une ironie mordante au moindre de ses rôles, à l’image de la série de pub pour la SNCF. Selon Vincent Cassel, dans le commentaire DVD de « La haine », il a également pour surnom « Main de bois », car il « donne des baffes extrêmement puissantes » !. C’est donc avec « La haine » et son personnage bien sulfaté et en pagne, qui fait des tours avec des balles de revolver, que l’on finit par repérer ce comédien très apprécié par Bertrand Tavernier. On ne cesse donc de le retrouver, et en 2002, il tente un personnage plus posé le temps de deux saisons dans « Avocats et associés » dans le rôle de Nicolas, un personnage altruiste et secret, ce qui lui permet de renouveler son image, avec un rôle moins lisse qu’il n’y paraîtrait puisque son personnage est aux prises avec le « démon du jeu ». Il reste disponible pour des réalisateurs de courts-métrages, incarnant même un officier SS dans « Le barbier ».

Ce qui est remarquable dans son interprétation, c’est l’humour qu’il amène dans sa galerie de personnages hauts en couleurs et souvent antipathiques. Il est hilarant dans « La vie est à nous » en dealer zen, dans  « L’annonce faite à Marius » en interne qui se retrouve interloqué à la vue d’un Pascal Légitimus « enceint » des expériences de Jackie Berroyer ou en adepte de la pétanque nudiste dans « Camping ». Il est capable aussi d’humanité comme le maître dragueur fatigué de Saïd Taghmaoui dans « Confession d’un dragueur » ou son personnage de grand blessé de guerre des « Blessures assassines ». Il convient également de signaler sa performance parmi toute une équipe de joyeux drilles (Édouard Montoute, Atmen Kelif, Armelle Deutsch ou Christophe Alévêque) dans « Nos amis les flics », en personnage de truand petits bras « bas du front » se retrouvant à occuper un commissariat. Il se prend au jeu dans son nouveau costume et conseille à un quidam de casser la gueule à son patron. Dans « L’antidote », il joue les utilités brillamment aux côtés de Christian Clavier, lorgnant sur les charmes d’Alexandra Lamy. Il peut être d’une cruauté inouïe dans « Un long dimanche de fiançailles », et on finit par approuver le personnage de Marion Cotillard dans ses idées de vengeances. Dans « Narco » il est un père albinos et terrifiant pour un frère et une sœur, les poussant sadiquement au meurtre en allant trop loin dans leur entraînement pour une compétition de patinage artistique. Il est idéal pour incarner les monstres du quotidien.  De la bande des affreux de « Dante 01 », il est le plus retord et cruel et dans le téléfilm « La mort n’oublie personne », son personnage est qualifié comme « La gueule même du faux témoin ». Il va même jusqu’à personnifier le professeur cauchemardé, quand le cancre Ducobu s’imagine en pension dans « L’élève Ducobu ». Antoine Blossier l’engage dans sa galerie des monstres pour « La traque », car selon le dossier de presse du film « François Levantal s’est révélé une évidence pour le rôle. Il adore les personnages de méchants et je crois qu’il a beaucoup aimé jouer un type un peu lâche et dangereux ».

Il est particulièrement réjouissant dans « L’amour aux trousses » où il procède à diverses ruptures de ton, en méchant bondissant et narquois, sans pitié, il faut le voir lors de la scène de rencontre avec Caterina Murino, femme policier se faisant passer pour une call-girl, il charme et terrifie à la fois. Dans ce film son personnage passe facilement d’une violence brutale à des jeux puérils, il zappe malicieusement lors du match de foot  que regarde son acolyte « Le Brésilien », il fonce, raille ses poursuivants, un rôle, encore une fois, particulièrement réjouissant… Citons Bayon à son sujet : « L’affiche… est relevée de l’éminent François Levantal (qui galvaude trop en réclames sa «gueule» d’atmosphère digne d’André Héléna) » Libération 06/07/2005.

Il faut le voir dans le pataud « L’île au(x) trésor(s) », en pirate échoué sur une île. Ironie du sort, il possède une véritable fortune qui ne lui sert strictement en rien. Le régime noix de coco et crabe bouilli l’a rendu totalement fou. Le visage mangé par une barbe épaisse, il étonne dans la composition de ce personnage décalé à la gestuelle déglinguée, inventant un curieux langage remplis de borborygmes et d’élucubrations diverses. Son apparition est une bouffée d’air frais dans cette grosse machinerie, il écrase avec superbe tous les autres personnages de ce « Pirates des Caraïbes » du pauvre, et sauve une fois de plus le film. François Levantal était épatant en vedette d’un téléfilm – impossible de me souvenir du titre. Il y jouait un journaliste s’improvisant détective avec beaucoup de subtilité. Ce formidable comédien est mûr pour les grands rôles, en souhaitant que l’on utilise au mieux sa dimension tragique, son élégance et sa « vis comica ». Sa participation au culte « Kaamelott » en légionnaire goguenard est dans ce sens un absolu régal.

Il trouve son meilleur rôle dans la série « Sur le fil » – l’intégralité de la série est disponible en DVD- série policière qui se démarque singulièrement des habituels modèles du genre. Dans sa composition du commandant Munoz, policier anticonformiste et agissant à la limite de la légalité, il excelle en chef d’une petite équipe qui est en conflit permanent avec son supérieur le trop novice commissaire Forge. Munoz est impulsif, mais probe, il se débat entre les méandres de l’administration, une délinquance de plus en plus violente et des problèmes familiaux, notamment avec son fils. Levantal y diffuse une autorité, une chaleur avec ses coéquipiers – ses partenaires sont tous excellents -, le tout avec une bonne dose d’humour comme à l’accoutumée. Dans « Les Lyonnais », il impressionne en mentor trahi d’Edmond Vidal et as du braquage, en figure idéale pour perpétuer une tradition du polar français. Retour à l’humour pince sans rire avec « La petite histoire de France », diffusé sur W9 à partir du 28 novembre 2015, où il est irrésistible en cousin du Roi, en disgrâce. Dans « Raid dingue », il est le chef du RAID très crédible par son autorité, utilisant une nouvelle fois son humour quand il ne maîtrise pas totalement les situations, mais s’affirmant cependant malgré les pressions du ministre de l’Intérieur, campé par Michel Blanc, ce qui nous vaut des échanges irrésistibles.

Filmographie : 1985  Conseil de famille (Costa-Gavras) – 1989  La Révolution française : Les années Lumière (Robert Enrico) – 1991  L. 627 (Bertrand Tavernier) – 1993  La fille de d’Artagnan (Bertrand Tavernier) – 1994  3000 scénarios contre un virus : Mort d’un couple (Laurent Heynemann, CM) – L’appât (Bertrand Tavernier) –  La haine (Mathieu Kassovitz) – 1995 Capitaine Conan (Bertrand Tavernier) – Un héros très discret (Jacques Audiard) – 1996 Plan séquence : Homo-automobilis (Vincent Mayrand, CM) – Le ciel est à nous (Graham Guit) – Assassin(s) (Mathieu Kassovitz) – Dobermann (Jan Kounen) – 1997 Le bossu (Philippe de Broca) – La voie est libre (Stéphane Clavier) – L’annonce faite à Marius (Harmel Sbaire) – Zonzon (Laurent Bouhnik) – Sabbat night fever (Vincent Cassel, CM) – Le poulpe (Guillaume Nicloux) – 1998 Quasimodo del Paris (Patrick Timsit) – Une vie de prince (Daniel Cohen) – Menhir (c’est citer) (Hubert Kondé, CM) – 1999 Clara qui êtes aux cieux (Jean-François Hirsch & Pascal Demolon, CM) – Le sens des affaires (Guy-Philippe Bertin) – Sade (Benoît Jacquot) – Les rivières pourpres (Mathieu Kassovitz) – Les blessures assassines (Jean-Pierre Denis) – 2000 Même pas mal (Diastème, CM) – Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – Confession d’un dragueur (Alain Soral) – Le barbier (Jon J. Carnoy, CM) – Grégoire Moulin contre l’humanité (Artus de Penguern) – 2001 La nuit du chien (Robin Sykes, CM) – Vertiges de l’amour (Laurent Chouchan) – Le nouveau big bang (Nicola Koretzky, Marina Tomé, CM) – Se souvenir des belles choses (Zabou Breitman) – Gangsters (Olivier Marchal) – La guerre à Paris (Yolande Zauberman) – Le nouveau Jean-Claude (Didier Tronchet) – La sirène rouge (Olivier Mégaton) – 2002  À l’abri des regards indiscrets (Hugo Gélin & Ruben Alves, CM) Mauvais esprit (Patrick Alessandrin) – Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire) – L’ancien (Nicky Naude & Emmanuel Rodriguez, CM) – 2003 Holden se blinde (Nicola Koretzky, CM) – Blueberry, l’expérience secrète (Jan Kounen) – Nos amis les flics (Bob Swaim) – Le veilleur (Frédéric Brival, CM) – Narco (Tristan Aurouet et Gilles Lellouche) – Un long dimanche de fiançailles (Jean-Pierre Jeunet) – 2004  La Chepor (David Tessier, CM) – Transit (Julien Leclerc, CM) – Nèg marron (Jean-Claude Flamand-Barny) – L’antidote (Vincent de Brus) – L’amour aux trousses (Philippe de Chauveron) – 2005  Ma vie en l’air (Rémi Bezançon) – Demain la veille (Julien Lucat & Sylvain Pioutaz, CM)Sheitan (Kim Chapiron) – Sauf le respect que je vous dois (Fabienne Godet) – Entente cordiale (Vincent de Brus) – Camping (Fabien Onteniente) – 2006  L’île au(x) trésor(s) (Alain Berberian) – Dante 01 (Marc Caro) – Demain la veille (Julien Lecat et Sylvain Pioutaz , CM) – 2007  Black (Pierre Laffargue) – Orange juice (Ronan Moucheboeuf, CM) – 2008  Jusqu’au bout… (Vincent Plaidy, CM) – 2009  Vendetta (Patrick Bossard, CM) – Les bons tuyaux (Olivier Riffard, CM) – La traque (Antoine Blossier) – 2010  L’élève Ducobu (Philippe de Chauveron) – Les Lyonnais (Olivier Marchal) – 2011  Enfant de la patrie (Kim Chapiron) – Peter Pan (Nicolas Duval, CM) – Les Kaira (Franck Gastambide) – 2012  Pari (Jovanka Sopalovic, CM) – Les invincibles (Frédéric Berthe) – Les petits joueurs (Guillaume Breton, CM) – 2013  Les Francis (Francis Begotti) – Quarante (Nicolas Koretzky et Hervé Rey, CM) – 2016  Raid Dingue (Dany Boon) – 2017  La finale (Robin Sykes) – Taxi 5 (Franck Gastambide). Voxographie : Les lascars (Emmanuel Klotz & Albert Pereira-Lazaro).

Télévision: Notamment : 1989  Les nuits révolutionnaires (Charles Brabant) – 1992  Commissaire Moulin : Les zombies (Yves Rénier) – 1994  Cognacq-Jay (Laurent Heynemann) – 1995  Chercheurs d’héritiers : Les gens de Faillac (Laurent Heynemann, pilote inédit diffusé sur le câble) – L’instit : L’angélus du corbeau (Laurent Heynemann) – 1996  La poupée qui tue (Bruno Gantillon) – 1997  Un arbre dans la tête (Jean-Pierre Sinapi) – 1998  Le feu sur la glace (Françoise Decaux) – 1999  Les duettistes : Une dette mortelle (Alain Tasma) – 2000  Passage interdit (Mickaël Perrotta) – Une femme d’honneur : Mort clinique (Alain Bonnot) – Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – 2001  Le lycée : Une voix publique (Miguel Courtois) – P.J. : Enfant battu (Olivier Bonnet) – 2002  Le juge est une femme : L’ami d’enfance (Charlotte Brandstrom) – 2002/2004  Avocats et associés (26 épisodes) – 2003  Les enquêtes d’Éloïse Rome : Joanna est revenue (Philippe Setbon) – À cran (Alain Tasma) – 2004  À cran, deux ans après (Alain Tasma) – 2005  La battante (Didier Albert) – 2006  L’affaire Pierre Chanal (Patrick Poubel) – David Nolande : Crescendo (Nicolas Cuche) – Élodie Bradford : Une femme à la mer (Olivier Guignard) – 2007  La lance de la destinée (Dennis Berry) – Sur le fil (Frédéric Berthe, 5 fois 52mn) – Les Bleus : Premiers pas dans la police : Enquête interne (première et deuxième partie) (Patrick Poubel) – Sur le fil (Bruno Garcia, saison 2) – La mort n’oublie personne (Laurent Heynemann) – 2009  Sur le fil (Bruno Gantillon, saison 3) – Kaamelott livre VI (Alexandre Astier, saison 6) – Cartouche, le brigand magnifique (Henri Helman) – 2011  Ni vu, ni connu (Christophe Douchand) – Braquo (Philippe Haïm et Éric Valette, saison 2) – La nouvelle tragédie : Les voies impénétrables (Noémie Saglio & Maxime Govare) – 2013  La télé commande (CM, mini-série) – Julie Lescaut : Tragédie (René Manzor) – 2014  Meurtres à l’Abbaye de Rouen (Christian Bonnet) – 2015  Le placard (Dominique Thiel, captation) – 2015/2016  La petite histoire de France (Jonathan Barré, CM, série) – 2016  Section zéro (Olivier Marchal et Laurent Guillaume) – 2018  Les rivières pourpres (Olivier Marchal, mini-série). Voxographie : 1996  Enquête sur un enlèvement  (Peter Kassovitz, récitant) – Un monde digital (Martin Meissonnier, documentaire, récitant) – Web Site Story (Martin Meissonnier, série documentaire, récitant) – 2013-2016 Les Kassos (Alexis Beaumont,  Julien Daubas, Rémi Godin et Yves Bigerel, animation).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Chris Penn

 

« Lui on l’aimait vraiment », commence l’article de Philippe Garnier dans « Libération » – dont on ne saurait trop recommander son livre « Caractères : moindres lumière à Hollywood -. Mort ce 24 janvier, du frère cadet de Sean Penn. De bons copains aux « bad guy », on s’était vraiment attaché à ce comédien dont la silhouette ne cessait de s’épaissir. Deux rôles marquants viennent immédiatement à la mémoire, le père de famille assassin dans « Short Cuts » et le frère de Sean Penn, justement, un père simple d’esprit, dans le très fin « comme un chien enragé » de James Fowley qui rencontrent leur père tardivement, joué avec brio par Christopher Walken. Son rôle de Nice Guy Eddie dans « Reservoir dogs » de Quentin Tarantino, où il réussissait à apporter une humanité et de l’humour à son personnage, lui donne la reconnaissance du grand public. Abel Ferrara lui confit le rôle du frère de Christopher Walken, dans « Nos funérailles » qui lui vaut un prix d’interprétation au festival de Venise. Ces derniers films sont moins glorieux, il était peut-être resté dans l’ombre de son prestigieux frère.  Feu l’excellent site « secondscouteaux.com », lui avait consacré un portrait. Bibliographie : « Quinlan’s character stars » par David Quinlan (Reynolds & Hearn Ltd, 2004).

Filmographie : 1979  Charlie and the talking Buzzard) (Christopher Cain) – 1982  Frances (Id) (Graeme Clifford, figuration) – 1983  Rumble fish (Rusty James) (Francis Ford Coppola) – Footloose (Id) (Herbert Ross) – All the right moves (Vidéo : “L’esprit d’équipe) (Michael Chapman) – 1984  The wild life (video : “Attention, délires”) (Art Linson) –1985  Pale Rider (Id) (Clint Eastwood) – At close range (Comme un chien enrage) (James Foley) – 1988  Made in U.S.A. (Ken Friedman) – Return of the River Kwai (Retour de la rivière Kwai) (Andrew V. McLaglen) –  1989  Best of the best (Robert Radler ) – 1991  Future kick (Damian Klaus) – Mobsters / Mobsters : The Evil Empire (Les idomptés) (Michael Karbenikoff) – 1992  Leather jackets (Lee Drysdale) – Reservoir dogs (Id) (Quentin Tarantino) – 1993  Best of the best 2  (Robert Radler) – True romance (Tony Scott) – Josh and S.A.M. (Billy Weber) – Short cuts (Id) (Robert Altman) – Luck, trust & ketchup: Robert Altman in Carver Country (John Dorr & Mike E. Kaplan, documentaire) – The pickle (Paul Mazurski) – The music of chance (La musique du hazard) (Phillip Haas) – Beethoven’s 2nd (Beethoven 2) (Rod Daniel) – 1994  Imaginary crimes (Le point de rupture) (Anthony Drazan) – Fist of the North Star (Vidéo : « Ken le survivant ») (Tony Randel) – 1995  Under the Hula Moon (Jeff Celentano) – Scared cargo (Aleksandr Buravsky) – Mulholland Falls (Les hommes de l’ombre) (Lee Tamahori) –  To Wong Foo, thanks for everything, Julie Newmar (Extravagances) (Beeban Kidron) – 1996  The boys club (John Fawcett) – The funeral (Nos funérailles) (Abel Ferrara) – Cannes Man (Richard Martini) – Liar (Le suspect idéal) (Jonas Pate & Josh Pate) – Papertrail (Damian Lee) – 1998  Family attraction (Brian Hecker, CM) – One tough cop (Bruno Barreto) – Flagpole special (Paul Thomas Anderson, CM vidéo) – Rush hour (Brett Ratner) – The florentine (Nick Stagliano) – 1999  Bread and roses (Ken Loach, cameo) – Cement (Adrian Pasdar) – 2000 Kiss kiss (bang bang) (Id) (Stewart Sugg) – 2001  American Pie 2 (James B. Rogers, rôle coupé au montage final) – Corky Romano (Rob Pritts) – Murder by numbers (Calculs meurtriers) (Barbet Schroeder) – 2002  Stealing Harvard (TV : « Harvard à tout prix ») (Bruce McCulloch) – Masked and anonymous (Larry Charles) – Redemption (Vidéo : Un flic en enfer) (Art Camacho) – 2003   Shelter Island (Geoffrey Schaaf) – After the sunset (Coup d’éclat) (Brett Ratner) – Pauly Shore is dead (Pauly Shore) – 2004  Starsky & Hutch (Todd Phillips) –  2005  Juarez : Stage of fear (César Alejandro, vidéo) – The Darwin awards (Finn Taylor) – Holly (Guy Moshe) – King of sorrow (Damian Lee).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Shelley Winters

Annonce de la mort de Shelley Winters à l’âge de 85 ans. Elle avait débuté à Broadway en 1941, si elle ne répondait pas aux canons de beauté de l’époque, elle était d’une incroyable sensualité, la petite histoire a retenue nombre de ses amants comme Marlon Brando, elle était divorcée de Vittorio Gassman et Anthony Franciosa. La première image qui vient à notre esprit c’est la mère de famille qui consent à être sacrifiée par un pasteur fou joué par l’admirable Robert Mitchum dans « The night of hunter » / « La nuit du chasseur » (Charles Laughton, 1955). On se souvient d’elle en jeune ouvrière séduite et abandonnée par Montgomery Clift « A place in the sun » / « Une place au soleil » (Georges Stevens, 1951), une starlette un peu cruche mais attachante (« The big knife » / « Le grand couteau », Robert Aldrich, 1955), la mère d’Anne Franck (« The diary of Anne Franck » / « Le journal d’Anne Franck », George Stevens, 1959), pour lequel elle obtient l’oscar du meilleur second rôle, la mère de « Lolita » (Stanley Kubrick, 1962), une  mère indigne d’une fille aveugle (« A patch of blue » / « Un coin de ciel de bleu », Guy Green, 1965), aux côtés de Sidney Poitier, où elle obtient un second oscar du meilleur second rôle, impitoyable « Ma Barker » dans « Bloody mama » (Roger Corman, 1970), aux côtés de Robert de Niro alors débutant qui joue son fils, une des victime désignée d’un film catastrophe (« The Poseidon adventure » / « L’aventure du Poséidon » (Ronald Neame, 1972), la concierge revêche du « Locataire » (Roman Polanski, 1975), l’épouse d’Alberto Sordi, dont le fils est abattu par des truands (« Un borghese piccolo piccolo » / « Un bourgeois tout petit petit », Mario Monicelli, 1977), pour ne citer que quelques titres dans sa riche carrière. Un pincement au coeur particulier pour les cinéphiles, ce jour à l’annonce de sa mort.