Avant-première le lundi 1er mars de « Les invités de mon père », à l’UGC-Ciné Cité de Bordeaux, en présence d’Anne Le Ny et du survolté – euphémisme ! – Fabrice Luchini en guise de présentation en début de film. Depuis « Rien sur Robert », j’ai pris l’habitude de le voir, je l’ai même vu refuser de signer un autographe à un spectateur lors de celle de « Jean-Philippe » : « Désolé Chéri mais je suis fatigué ! ». Il est vrai qu’il nous régale à chaque fois du numéro habituel disons de cabotinage plus ou moins inspiré. Il adore Bordeaux, rappelle ses tournages dans cette ville de « L’année Juliette » et « Beaumarchais ». Nous sommes privilégiés car il fait très peu de villes. Mais cette fois, ça a fusé, tout y est passé, sur Martine Aubry – qui semble l’avoir réfrigéré à Lille -, le sourire de Ségolène Royal -, Johnny Hallyday, Arthur – « l’animateur pas Rimbaud » (sic), Juppé, Chaban-Delmas, « La » (sic) Bernard Kouchner, Jean-Louis Tamin – directeur du « Femina » un théâtre de Bordeaux, avec une dérive limite homophobe au sujet de ce dernier – j’en passe tant ce fut virevoltant tendance lourdissime. On a eu droit à son habituelle litanie répétée à l’envi, « on est de gauche ! », car la gauche « … lui casse les ille-cous » ! Volontiers discourtois, il s’en est pris au physique d’Anne Le Ny – excellente directrice d’acteurs bien qu’elle soit de gauche ! – et surtout au directeur Pierre Bénard pourtant affable – on a eu droit a six reprises à « Bénard le q[Censored]ard !, infondé mais ça rime ! -. Anne Le Ny, forcément interdite n’a pas réussi, on le comprend, à le gérer, mais l’a arrêté à temps avant qu’il ne déflore toute l’histoire -. Me voici donc fan du comédien, et à chaque fois un peu moins du personnage. Ce n’est pas contradictoire, je l’ai défendu pourtant longtemps, je deviens aussi pisse-froid que ses détracteurs… Le fait d’avoir mis Louise Bourgoin dans le sérail du cinéma sera en prime retenu contre lui en circonstance aggravante – J’attends de la voir dans « Blanc comme neige » cependant, mais pour paraphraser Philippe Meyer elle est comme l’oseille elle agace… -. Le film en lui même confirme le talent d’Anne Le Ny – excellente comédienne chez Pascal Thomas ou Pierre Jolivet -, comme réalisatrice après « Ceux qui restent ». On oubli très vite le froid qu’a jeté l’ineffable Luchini – très applaudi il faut bien en convenir -…
Fabrice Luchini, « On est de gauche ! » (photo source « Pathé »)
Lucien Paumelle – Michel Aumont magistral – est un grand médecin, militant actif à 80 ans et a été résistant à l’âge de 17 ans. Il a passé sa vie à défendre les femmes, les précaires et diverses causes humanitaires. Il est reconnu comme un homme éclairé. Sa fille, Babette – Karin Viard toujours dans la subtilité – a suivi ses traces et travaille comme médecin également dans un dispensaire, avec son collègue – Raphaël Personnaz qui fut pressenti pour jouer Delon dans un biopic abandonné sur la vie de Romy Schneider -. Elle vit avec son compagnon – excellent Olivier Labourdin – une vie tranquille. Son frère Arnaud – Fabrice Luchini donc investi dans son personnage – lui se désolidarise assez de cette famille et est un avocat d’affaires tendance nouveau riche. Il vit avec sa femme qui est très terre à terre – Valérie Benguigui, une comédienne à suivre assurément – et ses deux enfants. Le paternel démiurge de son petit monde, annonce à ses enfants qu’il va recueillir ses sans-papiers. Les enfants n’ont pas trop de choix que de respecter sa décision, mais surprise les heureux élues sont une plantureuse moldave et sa fille. Anne Le Ny fait un portrait très décapant des bonnes intentions, de la générosité qui ne tient pas quant il y a des intérêts. Les enfants en manque de reconnaissance face à la personnalité écrasante du père – Michel Aumont, excelle entre autorité et fragilité – voient leurs repères brisés par une attitude qu’il ne comprennent pas. Karin Viard et Fabrice Luchini sont crédibles en frère et sœur qui vont voir leurs failles révélées par la suite des événements. Valérie Benguigui est exceptionnelle dans un rôle humainement ingrat, ses attitudes moralement peu amènes finissent par arranger tout le monde. Il faut la voir face à un Luc-Antoine Diquéro, circonspect dans le rôle d’un bénévole, manier le double langage tout en étant franchement raciste. Veronica Novak dans le rôle de l’encombrante Tatiana donne une justesse à son personnage, qui défend avant tout sa fille. Car la réalisatrice Le Ny qui fait un joyeux jeu de massacre, gratte le vernis des convenances, respecte ses personnages et ne les juge pas. Le scénario – co-écrit par Luc Béraud – est très inspiré, on connaît les qualités d’écriturs d’ Anne Le Ny dans son premier film et dans « Didine ». Son regard sur le monde est très juste, et elle est assez critique sur son organisation à l’instar d’un exemple saisissant que je ne peux dévoiler sous peine de déflorer l’histoire. Coup de chapeau à Anne Le Ny, souhaitons juste pour elle, qu’un Luchini soit moins ingérable sur plateau de cinéma que lors d’une avant-première, car il est dans ce film très bon. C’est donc un film qui rend « actant » comme il le dit si bien. Donc clamons avec lui « On est de gauche ! ». Jugez sur pièce en visitant deux extraits proposés par bossoftheangels sur Dailymotion 1 et Dailymotion 2.