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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Lionel Abelanski

© R.SCHROEDER – source Zelig

L’avant-première bordelaise de « Je préfère qu’on reste amis » du 15/02/2005, à l’UGC-Cité nous avait donné deux belles surprises, l’émotion de voir Annie Girardot nous présenter le film, et celle surprise de la visite de « l’épatant » Lionel Abelanski qui accompagnait la bonne humeur de Olivier Nakache et Éric Toledano. C’était un bonheur de voir sa modestie devant les compliments des spectateurs, de l’entendre parler de l’échec injuste du film de Steve Suissa « Le grand rôle », et de ne rien regretter sur le choix de ses rôles tout en envisageant d’autres perspectives. Ce qui caractérise Lionel, c’est l’énergie, il traversait la salle ce soir là, pour donner le micro aux spectateurs, nous régalant de sa bonne humeur. Puis en octobre 2006, toujours à l’UGC-Cité Bordeaux, il fallait le voir animer et improviser une chorégraphie disco avec Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Duquesne, Jean-Michel Lamy et Georges Gay, faisant même monter sur scènes des spectateurs enthousiasmés, suites aux réactions amusées de la salle. Il est toujours formidable, même si on le cantonne trop souvent dans le rôle du bon copain paumé – tel dans « Un petit jeu sans conséquence » dans lequel il reste digne en se retirant, alors que personne n’est à l’écoute de ses difficultés -. Il tire à chaque fois son épingle du jeu. Son meilleur rôle est peut-être celui de « Shlomo » un idiot céleste dans « Train de vie », qui lui vaut en 1999 d’être nommé aux Césars dans la catégorie du « meilleur espoir masculin ». Il est le copain « lourd » et insistant d’Yvan Attal dans « Ma femme est une actrice » – rôle qu’il tenait déjà dans la version court-métrage « I got a woman » -,  un improbable homme-sandwich et inventeur loufoque dans « Delphine 1, Yvan O », de Dominique Farruggia, policier obsédé par la traque des fumeurs de joints dans le cornichonesque « La beuze », l’assistant acariâtre et « borderline » dans « Mes amis » de Michel Hazanavicius et le voisin de palier serviable de Marie Gillain dans « Tout le plaisir est pour moi » d’Isabelle Broué. Il est à l’aise dans d’autres registres, tel le père odieux du téléfilm « La nourrice » de Renaud Bertrand, falot et manipulable.

Dans « La calvitude »

Mais il suscite toujours la sympathie, et arrive toujours à distiller de l’humour dans toutes les situations, comme dans le court-métrage « La calvitude » (Julien Weill, 2002), comédie dépressive, où un trentenaire abandonné par l’amour de sa vie, se retrouve dans le désarroi le soir de son anniversaire, mais finit par retrouver le goût de la vie quand une jolie caissière lui souhaite un chaleureux anniversaire en voyant sa carte d’identité présentée avec un chèque de paiement. Casanier et pantouflard, il joue le futur mari d’Anne Consigny, dans « Je ne suis pas là pour être aimé ». Neurasténique,  il se laisse dévorer par l’écriture d’un roman, quitter à abandonner son emploi de professeur. Égoïste et peu à l’écoute de celle qui prépare avec lui le mariage, dernière chance de se couple, il reste pantois quand cette dernière lui exprime ses inquiétudes dans le giron des beaux-parents. Il finit, enfin par déclarer enfin son amour lorsqu’il sent qu’elle perd sa joie de vivre mais sans la comprendre finalement. Une individualité fracassante ! En peu de scènes il réussit dans « Je préfère qu’on reste ami » épatant à faire exister son personnage de réprésentant en « bonbonnes d’eau », enfin « casé » rajoutant du désarroi à son meilleur ami campé formidablement par Jean-Paul Rouve. Du jeune marié bondissant, il devient, à la fois drôle et touchant, la victime de sa première crise conjugale. Il a une scène étonnante face à Gérard Depardieu (Enfin retrouvé depuis quelques films) qui le déstabiliste par son analyse de la situation.

Lionel Abelanski dans « Un petit jeu sans conséquence »

Dans « Poltergay », il est aussi drôle qu’émouvant. Le metteur en scène Éric Lavaine lui avait proposé initialement le rôle du bon copain de Clovis Cornillac, joué en fait par Alain Fromager. Soucieux de se renouveller, Lionel Abelanski, prefera tenir le rôle de « salopette », fantôme homosexuel taquin, mais qui se révèle au final très touchant. La scène des retrouvailles de son personnage, qui garde éternellement le physique qu’il avait à l’époque de sa mort avec son vieil amant, joué avec beaucoup d’humanité par Michel Modo, est particulièrement émouvante alors qu’elle pouvait à tout moment sombrer dans le scabreux. On le retrouve dans « Zone libre », premier film de cinéma de Christophe Malavoy, avec Tsilla Chelton et Jean-Paul Roussillon dans un registre plus dramatique. Il trouve également un rôle de premier plan dans « Je déteste les enfants des autres » (Anne Fassio, 2006), mais le film manque d’originalité. On lui doit pourtant de bon moments en père dévoué formant un couple fusionnel avec Valérie Benguigui. Mais la belle harmonie du couple va éclater durant les vacances, alors qu’il est émoustillé par le charme d’une « cagole ». Il campe également un Bernard Franck touchant qui cache une sensibilité derrière un brillant esprit teinté de cynisme dans « Sagan ». Il tire aussi son épingle du jeu, en vieux garçon amoureux de la nature et de Beauvais, sa ville natale, perdu dans la brousse dans « Safari ».  Tout comme dans « Train de vie », on attend un rôle à sa – dé – mesure, son « grand rôle » à lui en fait, il va continuer à nous surprendre.. A sa chaleureuse présence, on ne peut que répondre « Salut l’artiste » !

 

Filmographie : 1988  Romuald et Juliette (Coline Serreau) – 1993  Méprises multiples (Christian Charmetant, CM) – 1995  Douce France (Malik Chibane) – Le futur (Dominique Farrugia, CM) – I like she (Guillaume Moscovitz, CM) – Coup de vice (Patrick Lévy) – Un samedi sur la terre (Diane Bertrand) – Delphine : 1, Yvan : O (Dominique Farrugia) – 1996  Didier  (Alain Chabat) – La femme du cosmonaute (Jacques Monnet) – 1997  I got a woman  (Yvan Attal, CM) – La méthode (Thomas Bégin, CM) – Train de vie (Radu Mihaileanu) – 1998  Le voyage à Paris (Marc-Henri Dufresne) – Les parasites (Philippe de Chauveron) – Formidable (Gilles Cohen, CM) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – À table ! (Idit Cébula, CM) – Mes amis (Michel Hazanavicius) – 1999  Accidents (Pascal Laëthier, CM) – Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi) – 2000  Ces jours heureux (Olivier Nakache & Éric Toledano, CM) – En attendant (Serge Hazanavicius, CM) – Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – 2001  Ma femme est une actrice (Yvan Attal) – 2002  Varsovie-Paris (Idit Cébula, CM) – La beuze (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – La calvitude (Julien Weill, CM) – Bienvenue au gîte (Claude Duty) – Scotch (Julien Rambaldi, CM) – Spartacus (Virginie Lovisone, CM) – Mais qui a tué Pamela Rose ? (Éric Lartigau) – 2003  Double zéro (Gérard Pirès) – Le grand rôle (Steve Suissa) – Toute une histoire (Jean Rousselot, CM) – Tout le plaisir est pour moi (Isabelle Broué ) – Narco (Tristan Aurouet & Gilles Lellouche) – Alive (Frédéric Berthe) – 2004  Victor (Fabrice Michelin, CM) – Un petit jeu sans conséquence (Bernard Rapp) – Je préfère qu’on reste amis (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Cavalcade (Steve Suissa) – Je ne suis pas là pour être aimé (Stéphane Brizé) – 2005  Zone libre (Christophe Malavoy) – Une histoire de pieds (David & Stéphane Foenkinos, CM) – Mes voeux les plus sincères (Arnaud Cassand, CM) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Les yeux bandés (Thomas Lilti) – Je déteste les enfants des autres (Anne Fassio) – Atonement (Reviens-moi) (Joe Wright) – 2007  The Jerusalem syndrome (Stéphane Belaïsch & Emmanuel Naccache) – Sagan (Diane Kurys, + version TV) – Le secret de Salomon (David Charhon, CM) – La plus belle fille du monde (Stéphane Couston, CM) – Deux vies plus une… (Idit Cébula, rôle coupé au montage) – Ma fille a quatorze ans (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – 2008  Safari (Olivier Baroux) – Le concert (Radu Mihaileanu) – Kaparah Carpe (Jessica Vaturi Dembo, CM) – 2009  Protéger et servir (Éric Lavaine) – Imogène (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – Quartier lointain (Sam Gabarski) – 2010  Son souffle contre mon épaule (Emmanuel About, CM) – Un peu d’écume (Christel Delahaye, CM) – L’art de séduire (Guy Marzaguil) – Mais y va où le monde? (Serge Papagalli) – Beur sur la ville / Capitaine Khalid (Djamel Bensalah) – 2011  Les infidèles [épisode « La bonne conscience »] (Michel Hazanavicius) – Mais qui a re-tué Pamela Rose (Kad Merad & Olivier Baroux) – 2012  La banda Picasso (Fernando Colomo) – De l’autre côté du périph’ (David Charron) – 13 rue Mandar (Idit Cébula) – Boule et Bill (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – 2013  Kidon (Emmanuel Nakkachee) – Barbecue (Éric Lavaine) – Les vacances du petit Nicolas (Laurent Tirard).

Télévision : notamment : 1994  En garde à vue (Didier Albert, plusieurs épisodes) -1995  Tango, mambo et cha-cha-cha (Françoise Decaux Thomelet) -1996  Coeur de cible (Laurent Heynemann) – 1997  Combats de femme : harcelée (Nicolas Cuche) – Les marmottes (Jean-Denis Robert) – 2000  Contre la montre (Jean-Pierre Sinapi) – 2003  Le gang des poupées (Philomène Esposito) – Le grand plongeoir (Tristan Carné, variétés) – 2004  La nourrice (Renaud Bertrand) – Maigret chez le docteur (Claude Tonetti) – Le carmargais : Jean-Jean (William Gotesman) – 2005  Riquet (Bertrand Arthuys) – Les femmes d’abord (Peter Kassovitz) – L’homme qui voulait passer à la télé (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – La famille Zappon (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – 2006  Vive la bombe ! (Jean-Pierre Sinapi) – 2007  Nos enfants chéris (Benoît Cohen, saison 2) – 2009  Le grand numéro (Julien Weill) – 2010  Mademoiselle Drot (Christian Faure) – Au bas de l’échelle (Arnaud Mercadier) – 2012 À dix minutes des naturistes (Stéphane Clavier) – 2013  Myster Mocky présente : La curiosité qui tue (Jean-Pierre Mocky, CM) – La faute de l’abbé Viallard (Christian Faure). 

Théâtre : 1988/89 Un mouton à L’entresol, d’Eugène Labiche, mise en scène Gilles Cohen – 1990/91 Le mystère de la chambre jaune, de Gilles Cohen – 1992 Les petits marteaux, de Gilles Cohen – 1993 Le plus heureux des trois, d’Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Luc Revol – 1994 Quisaitout et Grobeta, de Coline Serreau, mise en scène Benno Besson – 1998 Germania 3, d’Heiner Müller, mise en scène Jean-Louis Martinelli – 1999/2000 Mariages et conséquences, d’Alan Ayckbourn, mise en scène de Catherine Allary – 2001/2002 Théâtre sans animaux, de Jean-Michel Ribes (+ captation TV) – 2003  Bash, de Neil La Bute, mise en scène de Pierre Laville – 2008  Geronimo, de David Decca, mise en scène Caroline Duffau & Serge Hazanavicius – 2009  Les Insatiables, d’Hanokh Levin, mise en scène Guila Braoudé – 2010  Miam-Miam, de et mis en scène d’Édouard Baer – 2011  La méthode Grönholm, de Jordi Galceran, mise en scène de Thierry Lavat.

Mise à jour du 05/02/2011

THANK YOU FOR SMOKING

 Après l’excellent « Révélations » de Michael Mann, on retrouve ici sur le mode cynique, le principe du lobbying du tabac. Ce petit cousin de « Lord of war », nous fait une habile description de ce monde de pression de groupes influents, souhaitant défendre leurs intérêts et faisant pression sur le pouvoir politique. Jason Reitman, fils d’Ivan Reitman – que l’on dit en petite forme ces derniers temps -, adapte ici un pamphlet de Christopher Buckler, il semble avoir hérité de l’humour de son père. Il se focalise sur la personnalité grinçante de Nick Taylor interprété avec maestria, par Aaron Eckhart, déjà très convaincant il y a peu dans « Conversation(s) avec une femme ». Arriviste cynique, grand maître de la rhétorique et grand manipulateur devant l’éternel, il finit toujours par se tirer des situations les plus épineuses. Il se réunit d’ailleurs avec deux de ses semblables, pour adopter des stratégies, chargés de représenter les lobbysmes de l’alcool – Marie Bello ironique – ou des armes – David Koechner déplaisant à souhait -. Cette joyeuse assemblée se nomme la M.O.D. Squad, abréviation pour « Marchands de mort », adopte une stratégie défensive pour mieux continuer à vivre de ces maux de la société, dans un climat défavorable aux toxines de toutes sortes, où les associations consuméristes ont enfin la parole. Séparé de sa femme, il finit pourtant par garder l’estime de son fils par son charisme – Cameron Bright à l’aise en petit surdoué -, par son art de l’expression orale. C’est cet autodidacte la meilleure des revanches, plus que la motivation non négligeable de pouvoir payer ses crédits. C’est une charge réjouissante contre le politiquement correct. Elle n’épargne personne et évite un prévisible côté moralisateur. Les répliques percutantes fusent de toutes parts. Il y a aussi ici de véritables trouvailles, comme de l’utilisation inattendue de patchs anti-tabac.

Marie Bello, David Koechner & Aaron Eckhart.

Il est vrai que la réalité est déjà matière à dérision. Prenons l’exemple assez croquignolet de Ted Turner, s’engageant à caviarder des plans des dessins animés de « Tom & Jerry », suite à la plainte d’une téléspectatrice. Tom, notre matou fumant dans deux épisodes, il donne ainsi le mauvais exemple à la belle jeunesse ! Il est vrai que l’on a du mal à voir ainsi une incitation à la tabagie issue d’épisodes anciens… Une aseptisation globale est ici dénoncée, à l’exemple des acteurs hollywoodiens privés de cet accessoire mythique, comme l’habile citation de l’histoire d’amour entre Lauren Bacall et Humphrey Bogart débutant par une cigarette dans « Le port de l’angoisse ». Nick Taylor remarque que seuls les psychopathes et les Européens fument désormais sur l’écran. Il fomente un plan machiavélique avec un agent prestigieux adepte du zen – impayable Rob Lowe -, pour envisager de faire fumer Brad Pitt et Catherine Zeta-Jones… dans l’espace après une torride nuit d’amour. La distribution est formidable, outre ceux cités on retrouve William H. Macy, désopilant en sénateur opportuniste, trop sûr de lui, en croisade contre le tabagisme, Katie Holmes – Mme de…-, en journaliste perverse, J.J. Simmons en petit chef énervé – dans un registre similaire à « Spider-man » -, Sam Elliott émouvant en cow-boy malboro malade et sur le déclin – fumant des cools ! -, et le grand Robert Duvall en mentor fatigué. Ces interprétations arrivent à sortir les personnages d’éventuels stéréotypes. Le film décortique ici certaines méthodes de communication, la cigarette n’étant qu’un prétexte à l’instar du revirement final concernant une autre controverse, la téléphonie mobile. Ce portrait au vitriol de la société américaine est mordant et salutaire et très bien écrit. De la roublardise hissée au niveau des beaux-arts…

LITTLE MISS SUNSHINE

« Little Miss Sunshine », présenté Festival de Sundance 2005 et en compétition officielle du 32ème festival du film américain de Deauville, est assurément la bonne surprise de cette tournée. Nous découvrons avec grand plaisir la famille Hoover – rassurez-vous rien à voir avec le ciaesque J. Egar Hoover, travesti à ses heures -. La petite famille se retrouve dans un road-movie azimuté, à bord d’un véhicule Wolkswagen jaune et déglingué, échappé des années 70, qui est d’ailleurs un personnage à part entière du film. Il y a le père de famille, Richard – Greg Kinnear -, qui se veut un gagneur et qui tente de placer partout ses « Parcours vers le succès en 9 étapes », sorte de petits commandements devant ouvrir les portes de la réussite. Son épouse Sheryl – Toni Collette -, essaye de faire tampon avec son fils, Dwayne – Paul Dano inquiet et sensible -, nietzschéen convaincu, qui par rébellion a fait vœu de silence jusqu’à sa candidature pour la prestigieuse Air Force Academy.. Dwayne, finit par se consoler de voir son oncle Frank, encore plus déprimé que lui et qui vient de réchapper à une tentative de suicide.  – Steve Carell -, spécialiste de Proust et amoureux éperdu d’un de ses élèves et en rivalité avec une autre sommité proustienne, qui lui a ravi l’objet de ses pensées. A ce petit groupe, se rajoute le père de Richard – Alan Arkin, à mon avis un comédien aussi génial que Peter Sellers -, qui découvre l’héroïne à 70 ans, qui fait tout pour devenir un vieillard indigne, en disant tout ce qui lui passe par la tête. La petite fille de 7 ans de la famille, est sélectionnée pour participer aux épreuves de « Little Miss Sunshine », une sorte de concours de beauté de petites filles. Sa joie va convaincre tout ce petit groupe de s’y rendre pour y assister. 

Steve Carell, Greg Kinnear, Alan Arkin, Paul Dano & Toni Collette

Une causticité remarquable balaye cette famille modèle de névroses urbaines, qui vont déplacer leurs problèmes pour se focaliser sur le rêve de la petite Olive – craquante Abigail Breslin -. En effet, les membres de cette famille qui traversent tous une mauvaise passe, vont s’unir, malgré les mésententes et diverses hostilités. L’humour noir traverse ce film, le véhicule mangé aux mites et exigu n’est pas le lieu le plus probant pour réduire les tensions… La distribution est exceptionnelle et au diapason. Le cap vers l’Ouest est riche en rebondissement. Le trait est mordant, et la réalisation du couple – à la ville comme à l’écran -, Jonathan Dayton et Valerie Faris, issus de l’univers du vidéo-clip – la B.O. est d’ailleurs ici très bien amenée -, se révèle très subtile, et assez vacharde, voire la manière dont ils décrivent le ridicule – voire l’indécence naïve – de petites filles singeant les miss de beauté. Le dosage humour corrosif et situation dramatique est habile, la mièvrerie est éviter pour laisser éclater l’humanité des personnages. La critique d’une société obsédée par le succès, ayant du mal à surmonter des rêves brisés, et dans laquelle on a de plus en plus de mal à trouver sa place, est assez implacable, mais finalement assez optimiste. On évite la caricature dans ses situations insolites, Steve Carell tout en retenue mais en rajoutant de l’humour à l’instar de sa curieuse manière de courir, Toni Collette en mère courageuse et sans tabous et compréhensive, Alan Arkin en désinhibé iconoclaste et Greg Kinnear, enfermé derrière ses propres principes, sans oublier Paul Dano et Abigail Breslin finissent par former, malgré leurs personnalités diverses, un groupe très homogène très crédible. On aurait bien continué un petit brin de route, avec cette famille encombrée… Et mine de rien, ce joli conte cruel est véritable petit hymne à la vie.

CHACUN SA NUIT

Il y a avait eu une avant-première le 31 août, à l’UGC cité-Ciné, de « Chacun sa nuit » en présence de Pascal Arnold, Jean-Marc Barr, Lizzie Brocheré et Arthur Dupont. Le débat d’après film fut passionnant, Pascal Arnold présentant avec ardeur son film, Jean-Marc Barr se faisant plus discret, il filmait le débat pour un site internet, Lizzie Brocheré semblait un peu timide, mais Artur Dupont très énergique défendait avec superbe son rôle, avec une abnégation assez rare pour un si jeune comédien. La petite appréhension acquise par la vision d’une bande-annonce baignée par une lumière assez sombre – il y avait en fait un problème d’étalonnage sur ce format -, a très vite disparue. Pierre – Arthur Dupont – et Lucie –Lizzie Broccheré -sont frère et sœur, et vivent une adolescence insouciante formant une sorte de club fermé avec trois copains garçons. Assez libres, font de la musique rock, ils vivent sans tabous, croisant leurs histoires d’amours. Mais un jour Pierre, qui est un peu l’âme de ce groupe, ne rentre pas chez lui. Sa mère – Valérie Mairesse, à l’aise dans le registre dramatique on le sait depuis Bernard Favre et Tarkovsky -, une femme laissant un peu ses enfants autonomes -, et Lucie s’inquiètent… Même si le film n’est pas sans défaut, c’est une œuvre libre et riche, à découvrir donc au sein de notre cinéma qui en ce moment nous livre jours après jours des œuvres aseptisées. C’est un film fait à l’arraché, suite à la défection des capitaux américains pour un précédent projet de film en anglais avec Kathleen Turner et Geraldine Chaplin qui restera inabouti. En réaction, Pascal Arnold, trouve ce sujet d’après un fait divers réel, sur quelques-uns de ces « enfants terribles » chers à Cocteau, tous formidables – dont Pierre Perrier vut dans « Douches froides » -. Ce drame qui peut sembler difficilement compréhensible à  l’issue de la révélation finale. Arnold et Jean-Marc Barr qui a signé l’image à bout de bras à l’aide d’une caméra DV – il avait en main ce soir là d’ailleurs -, ont fait ce film avec la dernière énergie. Ils trouvent dans l’improvisation selon les conditions de tournage, à l’instar une certaine lumière donnant naissance à la formidable idée du générique des ombres des jeunes danseurs. Ces contraintes fut nombreuses comme celle de  trouver un comédien de dernière minute pour le rôle du jeune voyeur, suite à une désaffection d’un autre plus confirmé inquiet de cette méhode de tournage, qui semble a un curieux un mimétisme avec Barr. Citons aussi la chanson jouée à la guitarepar Arthur Dupont – décidément très doué, il est aussi chanteur et musicien -, de Georges Brassens, « Je me suis fait tout petit », superbe  moment du film, l’équipe ne savait même pas s’ils pouvaient avoir les droits de la chanson. Ils ont réalisé ce film avec énergie.

Arthur Dupont & Lizzie Brocheré

La situation est parfois confuse, ce qui est compréhensible il y avait un premier montage de 2h40. Mais ils n’ont pas hésité pas à couper le trop plein d’un montage inital de 2h40, quitte supprimer complétement le rôle de Jean-Marc Barr. Il jouait un des personnages de l’enquête -. Anecdote significative, son personnage s’appelant Philippe, Pascal Arnold lui avait proposé de coupé son rôle. La réponse du comédien fut « mais qui est Philippe ? », montrant la simplicité de l’homme. Les scènes sont alertes, les pièges d’un voyeurisme de quadragénaires sur des jeunes sont évités, il n’y a pas de complaisance. Ils aident à comprendre ses personnages, donnent parfois des pistes – l’idée du kamikaze -, mais ne surlignent et n’explique  jamais, nous laissant dans le vague, à chacun de se forger sa propre vision de l’histoire. Le réalisme ici de certaines scènes est remarquable – sans vouloir déflorer l’histoire, les scènes de la reconstitution ou de la crémation sont prenantes, et même plus impressionnantes que si on avait vu les véritables scènes du drame. L’insouciance du sexe – autre vision du sexe après « Too much flesh », face à ces jeunes n’est parfois qu’une façade face au charisme de Pierre, mais il y a ici une empathie avec les personnages. On peut prendre pour preuve le personnage de Jean-Christophe Bouvet, homosexuel partouzard et porté sur les jeunes éphèbes. Il y a toujours chez lui une perversité patente, et peut être à cause du souvenir de « La machine » de Paul Vecchiali (1977), où il jouait un pédophile, on finit par craindre son apparition au milieu du petit groupe. Mais il finit par gagner une profondeur, il faut le voir parler avec indulgence à la jeune Lucie, du piège ourdi par son ex-femme, il finit par donner une grande dignité à son personnage. A noter que Jean-Marc Barr et lui se connaissent depuis 1980. L’après débat dans le hall de l’UGC fut très intéressant en retrouvant la modestie de Lizzie Brocheré, l’enthousiasme d’Arthur Dupont, l’énergie de Pascal Arnold. C’était très plaisant de converser ensuite avec Jean-Marc Barr, alros plus disert. On peut retrouver une absence patente d’ego, une volonté de ne pas tomber dans les pièges de la starification. C’était passionnant de l’entendre, toujours souriant, sur les États-Unis, il est en fait très déçu par son pays natal, même s’il va retrouver son père souvent. Il fallait l’entendre parler du projet inachevé de Lars Von Trier tourné sur 6 ans – le tournage du film devait se dérouler sur plusieurs années, belle idée… – tout en rendant hommage à son mentor-. Loin de se cantonner dans l’idée du dogme du premier film de Jean-Marc Barr « Lovers », la collaboration de Pascal Arnold et Barr, après « Too mush flesh » et « Being light » se révèlent cohérente, exigeante, inventive et salutaire. Une sincérité à saluer.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacqueline Doyen

 

Jacqueline Doyen dans l’épisode #1 des « 40 coups de Virginie »

L’annonce de la mort de Jacqueline Doyen, née le 14 février 1930, à Paris nous confirme le site des « Gens du cinéma », au début du mois de septembre, plus chaleureux que l’absence d’hommage à la mort de certains seconds rôles, grâce aux informations du « Courrier de Mantes », journal de Mantes-la-Jolie (78) où elle est morte ce 3 septembre. Ces informations nous rappellent à notre bon souvenir ses rôles enlevés dans bien des comédies, et même parfois dans des petits films égrillards. A l’instar de son dernier rôle, une grande bourgeoise énergique dans « Sam suffit » (1991), elle faisait preuve d’une énergie fabuleuse. Dans « Vas-y maman » (Nicole de Buron, 1978), elle volait même la vedette au couple Annie Girardot-Pierre Mondy. Quoi de plus normal de jouer une mère d’une femme née en 1931, pour une comédienne née en 1930 !, en l’occurrence celle de la grande Annie. C’était l’une des bizarreries habituelles de certaines distributions dans notre cher cinéma français, mais sa composition et une coiffure poivre et sel pouvait faire la farce. Il fallait la voir se plaindre que sa fille ne l’appelle au téléphone que quand elle a besoin d’elle. Elle répond d’ailleurs dans une atmosphère enfumée, jouant aux cartes avec des amis de sa génération, et l’on sent très vite la roublardise de son personnage aimant à culpabiliser sa fille. S’occupant de ses petits enfants, elle a bien évidemment des rapports conflictuels avec son beau-fils, joué par Pierre Mondy, qui la raille constamment en l’appelant « Madame Fout la merde ». Suite à une habituelle scène énervée, elle répond au couple en désignant son beau-fils et en s’adressant à sa fille, « Je veux bien garder tes enfants, mais pas les siens ! ». Un vrai festival montrant les capacités de cette comédienne. Elle joue souvent des femmes de caractère, comme l’épouse narquoise de Jacques François qui campe un vieux général russe réactionnaire dans « Twist again à Moscou » (1986). Elle n’hésite pas à le contredire lors d’un banquet, quitte à lui jeter des boulettes de pain au visage, quand elle est en cours d’arguments. Le cinéma hélas fut pour elle assez peu imaginatif, sauf pour Louis Malle, l’utilisant comme l’une des silhouettes récurrentes de « Zazie dans le métro », où dans « Vie privée », où elle jouait une sorte de nounou chargée de s’occuper des états d’âmes du personnage joué par Brigitte Bardot. Mais elle marquait le moindre de ses petits rôles, comme celui de la postulante recalée pour cause de maturité, pour être vendeuse dans le « Sex-Shop » de Claude Berri (1972), elle repart dépitée, pensant pourtant que son expérience aux « Bains-douches » la légitimait dans cet emploi ! Dans « Les Mohicans de Paris » (1973) et sa suite « Salvator et les Mohicans de Paris » (1975, elle est l’habilleuse de Danielle Volle, un personnage « pète-sec » toujours à rouspéter, mais sur lequel on peut compter en cas de problème. Nous garderons le souvenir de ses savoureuses compositions dans quelques comédies franchouillardes aussi bien que soignées. Ludovic Vincent dans son hommage dans « Le courrier de Mantes » du 06/09/2006, la citait : « Le Dindon, ça j’en suis fière. Le reste, ce n’est pas grand-chose. Je ne suis pas une star. Même si j’aurais aimé être Simone Signoret. Mais il ne faut pas avoir la grosse tête… ».

A déplorer aussi ce mois de septembre, les morts des comédiens Bachir Touré et Nicolas Vogel – excellent chez Claude Sautet notamment – selon « La gazette du doublage », du culte (culturiste) Mickey Hargitay, célèbre M. Jayne Mansfield, du rféalisateur Rémy Belvaux – frère de Lucas – et du grand chef opérateur Sven Nykvist, dont on peut retrouver un portrait dans le très bon site Internet Encyclopedia of Cinematographers.

 Jacqueline Doyen dans « Salvator et les Mohicans de Paris »

Filmographie, établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme :1956 Le salaire du péché (Denys de la Patellière) – La roue (André Haguet) – 1957  L’étrange monsieur Stève (Raimond Bailly) –  Fernand clochard (Pierre Chevalier) – La bonne tisane (Hervé Bromberger) – Les œufs de l’autruche (Denys de la Patellière) – 1958  Asphalte (Hervé Bromberger) – 1960  Zazie dans le métro (Louis Malle) – 1961  Vie privée (Louis Malle) – 1962  Nous irons à Deauville (Francis Rigaud) – La vendetta (Jean Chérasse) (1) – Parigi o cara (Vittorio Caprioli) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – 1969  L’homme-orchestre (Serge Korber) – Une veuve en or (Michel Audiard) – 1970  Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques (Michel Audiard) – 1971  Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – 1972  Sex-Shop (Claude Berri) – 1973  Ursule et Grelu (Serge Korber) – OK Patron (Claude Vital) – Juliette et Juliette (Rémo Forlani) – On s’est trompé d’histoire d’amour (Jean-Louis Bertuccelli) – Comment réussir… quand on est con et pleurnichard (Michel Audiard) – 1974  Le rallye des joyeuses (signé Alain Nauroy, mais réalisé en fait par Serge Korber) – Sexuellement vôtre (Max Pécas) – Soldat Duroc, ca va être ta fête (Michel Gérard) -Hard Love / La vie sentimentale de Walter Petit (John Thomas [pseudonyme de Serge Korber]) – Salut les frangines / C’est si bon à 17 ans ( Michel Gérard) – Ce cher Victor (Robin Davis) – 1975  Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Indécences (Jack Régis [pseudonyme d’Alain Nauroy]) – Perversions / La grande perversion / Les amours difficiles (Peter Rafaël [pseudonyme de Raphaël Delpard]) – L’essayeuse (John Thomas, [pseudonyme de Serge Korber]) – 1976  Cours après moi que je t’attrape (Robert Pouret) – Le juge Fayard dit « Le Shérif (Yves Boisset) – Dis bonjour à la dame (Michel Gérard) – 1977  Monsieur Papa (Philippe Monnier) – Tendre poulet (Philippe de Broca) – Diabolo menthe (Diane Kurys) – 1978  Vas-y maman (Nicole de Buron) – Je vous ferai aimer la vie (Serge Korber) – Coup de tête (Jean-Jacques Annaud) – Le coup de sirocco (Alexandre Arcady) – Cause toujours… tu m’intéresses ! (Édouard Molinaro) – 1979  Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret) – Gros câlin (Jean-Pierre Rawson) – 1980  Pile ou face (Robert Enrico) – Voulez-vous un bébé Nobel ? (Robert Pouret) – Viens chez moi, j’habite chez une copine (Patrice Leconte) – 1981  La vie continue (Moshe Mizrahi) – Mille milliards de dollars (Henri Verneuil) – 1982  Better late than never (Ménage à trois) (Bryan Forbes) – Coup de foudre (Diane Kurys) – 1983  Charlots Connection (Jean Couturier) – Le garde du corps (François Leterrier) – 1984  The frog prince (Brian Gilbert) – Adieu Blaireau (Bob Decout) – 1986  Twist again à Moscou (Jean-Marie Poiré ) – Club de rencontres (Michel Lang) – 1987  Chouans ! (Philippe de Broca) – 1991  Sam suffit (Virginie Thévenet). (1) Nota : Jacqueline Doyen n’apparaît pas dans « La vendetta » (Jean Chérasse, 1962), bien que ce titre soit crédité dans sa filmographie de « L’ABC du cinéma ». Télévision notamment : 1973  Joseph Balsamo (André Hunebelle, série TV) – Les Mohicans de Paris (Gilles Grangier, série TV) – 1975  Salvator et les Mohicans de Paris (Bernard Borderie, série TV) – L’arc de triomphe (Jacques Samyn, captation) – 1976  Les cinq dernières minutes : Un collier d’épingles (Claude Loursais) – Comme du bon pain (Philippe Joulia, série TV) – Marions les vivantes (Gilles Grangier) – 1979  Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – Les 400 coups de Virginie (Bernard Queysanne, épisode 1) – Les amours de la belle époque : Mon oncle et mon curé (Jean Pignol) – 1980  Histoires de voyous : Le concierge revient tout de suite (Michel Wyn) – L’enterrement de monsieur Bouvet (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – 1981  La vie des autres : Vasco (Alain Quercy) – 1982  Au théâtre ce soir : Pieds nus dans le parc (Pierre Sabbagh) – 1986  La fille sur la banquette arrière (Marion Sarraut, captation) – Le dindon (Pierre Badel, captation) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Les enquêtes Caméléon : Un panier de crabes (Philippe Monnier) – 1988  La valise en carton (Michel Wyn, série TV) – 1989  La grande cabriole (Nina Companeez, série TV) – Les enquêtes du commissaire Maigret: L’amoureux de madame Maigret (James Thor) – 1991  Pas une seconde à perdre (Jean-Claude Sussfeld) – 1992  Tiercé gagnant (André Flédérick) – À vous de décider : Famille sacrée (Alain Wermus). Non daté : « Vivement dimanche » (1 épisode). Mise à jour du 30/08/2011 

FRAGMENTS D’UN DICTIONNAIRE AMOUREUX : JONATHAN ZACCAI

Photo « Ubba »

François Berléand se souvient de Jonathan Zaccaï, sur la pièce « L’enfant Do » de Jean-Claude Grumberg, mise en scène par Jean-Michel Ribes, comme d’un comédien délicieux et drôle, inquiet de son avenir, dans l’attente d’obtenir une réponse de François Favrat, pour jouer dans le film « Le rôle de sa vie ». Engagé sur ce film, il nous offre une nouvelle fois la confirmation de son grand talent, tenant jeu égal avec Agnès Jaoui et Karin Viard : il est Mathias Curval, un arboriculteur compétent, secret et lucide devant le jeu des apparences, partagé par l’amour pour une comédienne célèbre et pour une femme réservée qui dévoile un beau talent d’écriture en devenir, une performance pour un rôle formidablement juste. On découvre ce Belge, né le 22 juillet 1970 à Bruxelles, en 1990 dans « La révolte des enfants », où il tient le rôle de »Grande Gueule », fort caractère d’une maison de correction pour enfants et jeunes adultes. Ce lieu carceral, qui se veut humaniste, telle une « colonie paternelle », par son directeur utopiste – André Willms -, subit la loi d’un maton sadique joué avec délectation par Michel Aumont. « Grande Gueule », meneur évident d’une mutinerie, se retrouve dépassé par un adolescent raisonneur. La fougue de son interprétation laisse déjà présager la forte présence de Jonathan Zaccaï. Il retrouve ensuite un personnage de premier plan dans la co-production franco-polonaise « Coupable d’innocence » en maître-horloger, accusé à tort de l’assassinat d’un aristocrate, mais le film connaît une audience confidentielle. C’est avec « Petite chérie », en 1999, qu’il trouve l’un de ses meilleurs rôles, dans un personnage calculateur à froid, il faut le voir tel un oiseau de proie guetter sa prochaine victime, puis jetant son dévolu sur le personnage de Sybille (Corinne Debonnière), pour mieux exploiter son mal de vivre et subsister aux crochets de ses parents (Patrick Préjean et Laurence Février) qui trouvent malgré tout une satisfaction de voir enfin leur fille « casée ». Il est réellement impressionnant dans ce rôle, devenant de plus en plus odieux, même si au final, il ne se révèle pas le personnage le plus monstrueux du film… Suit un rôle plus romantique dans « Reine d’un jour » de Marion Vernoux, puis « Bord de mer » (caméra d’or à Cannes en 2002), où il joue avec brio un personnage de maître-nageur falot d’une station balnéaire, résigné sur son sort, en opposition avec le désir de changement de sa femme, Marie (Hélène Fillières). On le retrouve en professeur timide, objet de fascination d’un adolescent alors qu’il tombe amoureux de sa mère jouée par Ariane Ascaride, dans « Ma vraie vie à Rouen » d’Olivier Ducastel & Jacques Martineau. Dans « Le tango des Rashevski » comédie dramatique subtile sur la question de l’identité du judaïsme d’une famille unie, en frère non pratiquant du personnage de Nina (Tania Gabarski, propre fille du réalisateur), aimée d’Antoine, qui veut changer de religion en guise de preuve d’amour (Hippolyte Girardot). Jonathan fait preuve d’une belle énergie et d’humour dans ce film humaniste, superbe réussite dans la lignée des meilleures comédies de l’âge d’or du cinéma italien. A noter qu’il retrouve ce même thème de la mémoire au théâtre dans la pièce de Jean-Claude Grumberg, et bien que n’ayant jamais joué sur les planches depuis l’école, se retrouve très à l’aise face aux formidables François Berléand – qu’il retrouvera comme beau-père dans le film « Le plus beau jour de ma vie » – et Chantal Neuwirth, en jeune père chômeur.

Dans « Le plus beau jour de ma vie »

Il est désormais très demandé, en raison de la richesse de son registre. Dans « Les revenants « , au sujet original – une petite communauté se demande comment intégrer chez eux des zombies ! – il a une présence incroyable, en ancien mort inquiétant, mari de Géraldine Pailhas. Angoissant et sur actif, il apporte une atmosphère fantastique, dans un jeu minimaliste. Tour de force, il passe dans la même année du registre léger de la comédie de Julie Lipinski, à celui noir et lucide de Jacques Audiard. En jeune premier désinvolte dans « Le plus beau jour de ma vie », il forme un couple incertain avec Hélène de Fougerolles, avec un bel abattage. Ballotté par les événements, il subit les situations et les compromissions, avec de petites lâchetés – le mariage à l’église accepté au chevet de sa grand-mère -, et les influences des copains proches. Dans « De battre mon cœur, s’est arrêté », il est Fabrice, un marchand de biens, associé à Romain Duris et Gilles Cohen, aux méthodes violentes, et personnage veule, mari infidèle d’Aline – Aure Attika -. Il affronte ce rôle d’une antipathie redoutable avec panache et réalisme. Il est pressenti pour jouer dans le film de Steven Spielberg « Mossad » première version de « Munich », mais il ne participe finalement pas au casting final. Sa pratique de haut niveau du violon lui permet d’être l’interprète idéal de l’inventive comédie « Toi et moi », où il campe un musicien romantique tombant amoureux de Marion Cotillard. C’est sa troisième collaboration avec Julie Lopez-Curval, qui s’amuse à dynamiter les codes du roman-photo. Dans le téléfilm en deux parties « La blonde au bois dormant », hélas un peu conventionnel, il montre une nouvelle fois son grand talent, dans le rôle d’un policier bordelais dont la personnalité est assez trouble et qui finit par séduire le personnage joué par l’excellente Léa Drucker, qui recherche sa soeur disparue. Les rôles s’étoffent, comme dans « Vent mauvais », où il est un informaticien en intérim dans un supermarché, qui derrière une nonchalance apparente comprend les règles du lieu. Il est impressionnant dans « La chambre des morts » – il avait remplacé pour ce film son compatriote Jérémie Rénier au pied levé -, en ami de Gilles Lellouche révélant sa véritable personnalité au détour d’un accident. Entre violence et lâcheté, son jeu y est d’une grande force. Dans « Les yeux bandés », son personnage retrouve son frère de lait incarné par Guillaume Depardieu, après des années d’absence. Partagé entre sa nouvelle vie et la volonté de défendre son frère accusé de viol, il est rattrapé par son passé. Il retourne à l’ambiguïté dans « Élève livre » en professeur pervers utilisant son autorité pour se livrer à la transgression avec un jeune adolescent – Jonas Bloquet -. Il nous donne à nouveau une composition très fine face à ce rôle particulièrement périlleux -. Il excelle dans la comédie douce amère et subtile « Simon Konianski », sortie en 2009, en professeur de philosophie désoeuvré retournant vivre chez son père – Popeck dans son plus grand rôle -. A la ferveur d’un voyage initiatique qu’il fait avec son fils, il comprendra l’importance du vécu de son père, ancien déporté, par son histoire avec laquelle il se sentait encombré. Son personnage assez immature est à la fois drôle et émouvant. Toujour inventif Jonathan Zaccaï apporte beaucoup à ses personnages, l’idée de la minerve venant de lui selon le réalisateur Micha Wald. Ce comédien modeste et abordable, ne réalisant pas son entrée dans « la lumière » peut prétendre à une reconnaissance internationale. Audacieux, il est sans contexte un des meilleurs acteurs de sa génération. Chacun de ses films est une nouvelle occasion de montrer la subtilité de son jeu. Il a signé avec bonheur deux court-métrages dont une comédie déjantée avec « Sketches chez les Weiz » en 1999, mais aussi « Comme James Dean » qui reçoit le prix Orange 2005, ce qui devrait augurer chez lui de nouvelles belles perspectives.

Jonathan Zacccaï, photo © R. Schroeder

Filmographie : 1990  La révolte des enfants (Gérard Poitou-Weber) – 1991  Coupable d’innocence / Kiedy Rozum Spi (Marcin Ziebinski) – 1994  3000 scénarios contre un virus : L’attente (Daniel Vigne, CM) – 1995  Luc et Marie (Philippe Boon & Laurent Brandenbourger, CM) – 1999  Petite chérie (Anne Villacèque) – Sketches chez les Weiz (+ réalisation, CM) – Very basic instinct (Vanessa Zambernardi, CM) – 2000  Reines d’un jour (Marion Vernoux) – Les déclassés (Tony Baillargeat) – 2001  Mademoiselle Butterfly (Julie Lopez-Curval, CM) – Bord de mer (Julie Lopes-Curval) – Ma vraie vie à Rouen (Olivier Ducastel & Jacques Martineau) – Je suis venu pour elle (Ivan Taïeb) – 2002  Le tango des Rashevski (Sam Gabarski) – 2003  Le rôle de sa vie (François Favrat) – Les revenants (Robin Campillo) – 2004  Les parallèles (Nicolas Saada, CM) – Le plus beau jour de ma vie (Julie Lipinski) – De battre son cœur s’est arrêté (Jacques Audiard) – Entre ses mains (Anne Fontaine) – 2005  Toi et moi (Julie Lopez-Curval) – Paris je t’aime [épisode « Le 8 à 8 d’Angelina Jolie »] (Christoffer Boe, sketche coupé au montage final) – 2006  Vent mauvais (Stéphane Allagnon) – Les yeux bandés (Thomas Lilti) – Par amour (Aure Attika, CM) – 2007  La chambre des morts (Alfred Lot) – Élève libre (Joachim Lafosse) – 2008  Simon Konianski (Micha Wald) – 2009  Blanc comme neige (Christophe Blanc) – Quartier lointain (Sam Gabarski). Comme réalisateur : 1999  Sketches chez les Weiz, court-métrage – 2006  Comme James Dean, court-métrage.

Théâtre : 2002 L’enfant do de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Jean-Michel Ribes.

Télévision (notamment) : 1995 Highlander : Take by the night (Paolo Barzman) – 1996 Strangers : costumes – Lifeline – 1997 Sous le soleil (plusieurs réalisateurs) – 2005  La blonde au bois dormant (Sébastien Grall) – 2008  A New York thing (Une aventure New-Yorkaise) (Olivier Lecot).

Remerciements à Jonathan Zaccaï & François Berléand (Mise à jour du 10/08/2009)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gérard Brach

Gérard Brach en 1987 Son dernier scénario, « Minor », pour Jean-Jacques Annaud, se tourne en Espagne Ph Camera Press

Annonce de la mort du discret Gérard Brach, qui disait écrire des histoires compliquées avec des idées simples. C’est l’un des créateurs les plus singuliers du cinéma français, son univers était suffisamment riche pour s’adapter à des récits cosmopolites souvent chez de grands réalisateurs Danièle Parra et Pierre Laurenti le présentait ainsi : « Gérard Brach ne sort jamais de son appartement parisien. Le monde, il le parcourt en observant ses chats ou en jetant son regard clair au plus profond de nos angoisses. Sans principes, ni règles, il pratique l’art de rêver sous liberté contrôlée » (1). De ses névroses – il était à la fois agoraphobe et claustrophobe -, il pouvait installer des climats inquiétants à des récits d’angoisses ou picaresques « Je suis quelqu’un d’extrêmement angoissé qui en même temps n’est pas complètement sérieux. Ce sont souvent les plus angoissés qui manifestent le plus de fantaisie » (1). Souffrant de la tuberculose, le surréalisme l’aide à tenir de plusieurs années passées en sanatorium. Il fait la rencontre la plus importante rencontre de sa vie, avec le cinéaste Roman Polanski sur le tournage du film « L’amour à 20 ans » – il travaillait dans une agence de presse, et il s’occupait du sketch de Wajda -. Suivent une prolifique collaboration, ils collaborent aussi ensemble au curieux « Aimez-vous les femmes ? » de Jean léon, teinté d’humour noir avec Guy Bedos et Sophie Daumier. Avec lui, il aussi à l’aise dans des récits fantastiques – « Répulsion », « Le locataire » -, parodiques – le jubilatoire « Bal des vampires », d’aventures – le mésestimé « Pirates », ou dans les adaptations littéraires – « Tess ». Il pouvait aussi bien travail chez le rigoureux Michelangelo Antonioni, l’imaginatif Otar Iosseliani, que chez le corrosif Marco Ferreri, avant de suivre Jean-Jacques Annaud dans des films ambitieux. Ces dernières années, il aidait à l’écriture de nombreux jeunes metteurs en scène, Delphine Gleize par exemple. Comme réalisateur, il avait signé deux films en 1970, « La maison » avec le génial Michel Simon, et « Le bateau sur l’herbe », original récit d’un jeune homme oisif et désabusé qui achète un bateau pour gagner « L’île de Pâques », navire qui restera sur la pelouse de la maison familiale. On ne peut que déplorer la relative discrétion autour de la mort de cet auteur complet, bien à son image.

(1) « La revue du cinéma N°416 » en 1986.

Filmographie : Comme réalisateur-scénariste : 1969 Des bleuets dans la tête (CM) – 1970  La maison – Le bateau sur l’herbe – 1985  Le papillon et le dragon (CM, + musique). Comme scénariste : 1963  Les plus belles escroqueries du monde [épisode « La rivière de diamants »] (Roman Polanski) – Repulsion (Répulsion) (Roman Polanski) – Aimez-vous les femmes ? (Jean Léon, + musique) – 1965  Cul-de-sac (Id) (Roman Polanski) – 1966  Le vieil homme et l’enfant (Claude Berri) – G.G. passion (David Bailey, CM) – 1967  The fearless vampire killers (Le bal des vampires) (Roman Polanski) – Le départ (Jerzi Skolimowski) – La fille d’en face (Jean-Daniel Simon) – 1968  Wonderwall (Id) (Joe Massot) – La promesse (Paul Feyder & Robert Freeman) – 1972  Che ?/ What ? (Quoi ?) (Roman Polanski) – 1974  Chinatown (Id) (Roman Polanski, adaptation française seulement) – 1975  Emmanuelle 2 (Francis Giacobetti & Francis Leroi) – La table (Éric Brach, CM) – 1976  Le locataire (Roman Polanski) – 1977  Ciao maschio (Rêve de singe) (Marco Ferreri) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – 1978  Tess (Id) (Roman Polanski) – 1979  Chiedo asilo (Pipicacadodo) (Marco Ferreri) – Chère inconnue (Moshe Mizrahi) – 1980  Le cœur à l’envers (Franck Apprederis) – La guerre du feu (Jean-Jacques Annaud) – 1982  Identificazione di una donna (Identification d’une femme) (Michelangelo Antonioni) – Une pierre dans la bouche (Jean-Louis Leconte) – L’Africain (Philippe de Broca) – 1983  La femme de mon pote (Betrand Blier) – 1984  Équinoxe (Olivier Chavarot, CM) – Dagobert (Le bon roi Dagobert) (Dino Risi) – Maria’s lovers (Id) (Andreï Konchalovsky) – Les favoris de la lune (Otar Iosseliani) – Les enragés (Pierre-William Glenn) – Gaz el banat (Une vie suspendue / L’adolescente sucre d’amour) (Jocelyne Saab) – Les enragés (Pierre-William Glenn) – 1985  Le meilleur de la vie (Renaud Victor, collaboration scénaristique) – Jean de Florette (Claude Berri, + version TV) – Manon des sources (Claude Berri, + version TV) – Pirates (Id) (Roman Polanski) – 1986  Le nom de la rose (Jean-Jacques Annaud) – Fuegos (Alfredo Arias) – Où que tu sois (Alain Bergala) – 1987  Shy people (Le bayou) ((Andreï Konchalovsky)) – Frantic (Id) (Roman Polanski) – 1988  L’ours (Jean-Jacques Annaud) – Domino (Ivana Massetti) – 1990  I divertimenti della vita privata (Les amusements de la vie privée) (Cristina Comencini) – 1991  Un jour comme un autre (Sylvie Ballyot, CM) – City of joy (La cité de la joie) (Roland Joffé ) – L’amant (Jean-Jacques Annaud) – Bitter Moon (Lune de fiel) (Roman Polanski) – 1994  Le mangeur de lune (Daï Sijie) – 1995  Anna Oz (Éric Rochant) – 1998  Il fantasma dell’opera (Le fantôme de l’Opéra) (Dario Argento) – 2001  La nuit de noces (Éliette Abécassis, CM) –  La guerre à Paris (Yolande Zauberman) – L’idole (Samantha Lang) – 2003  Blueberry l’expérience secrète (Jan Kounen) – Pornografia (La pornographie) (Jan Jakub Kolski) – 2006  Sa majesté Minor (Jean-Jacques Annaud). Télévision : 1983  L’étrange château du docteur Lerne (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1985  Esclave et pharaons (Patrick Meunier) – 1987  Les idiots (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1988  Le sacrifice (Patrick Meunier) – 1990  La nuit des fantômes (Jean-Daniel Verhaeghe) – Cadavres exquis : Pour le restant de leurs jours (Peter Kassovitz). Interprétation : 1987  Les amoureux du cinéma (Philippe Le Guay, TV) – 1989  Cinématon N° 1094 (Gérard Courant, CM) – 1992  De domeinen ditvoorst (Thom Hoffman, documentaire).

JE VAIS BIEN, NE T’EN FAIS PAS

Avant-première le lundi 21 août dernier, du dernier film de Philippe Lioret, en sa présence et celles de Mélanie Laurent, Julien Boisselier et Kad Mérad. C’est l’adaptation du roman éponyme d’Olivier Adam, qui avait déjà fait l’objet d’une autre adaptation très réussie « Poids léger » de Jean-Pierre Améris. Il a co-signé l’adaptation avec le romancier, pour la petite histoire, c’est une émission de radio où l’auteur parlait de son livre, qui lui a donné l’idée d’adapter cette œuvre. Lili – Mélanie Laurent absolument remarquable -, rendre d’un séjour d’un mois en Espagne, avec son amie – Aïssa Maïga excellente -, accompagnée de son compagnon – Julien Boisselier, renouvelant son emploi habituel d’amoureux trentenaire -. Quand ses parents – Isabelle Renauld et Kad Mérad, probants -, viennent la chercher, elle sent rapidement que quelque chose ne va pas à la mine attristée de ses parents. Son frère jumeau Loïc, vient de fuguer sans donner de nouvelle. Il est coutumier de violentes disputes avec son père, mais cette fois là ils semblent avoir atteint un point de non-retour. Lili, très proche de son frère s’étonne de son silence, et s’inquiète, puis s’insurge devant la résignation et la passivité de ses parents devant cette disparition. Déstabilisée, par la situation dont elle n’a aucune responsabilité, elle sombre dans l’anorexie… Le réalisateur a trouvé la juste mesure entre le drame et l’émotion, sans une once de pathos. Après un parcours exemplaire comme ingénieur du son, il a réussit à faire une œuvre marquante en 5 films, en étant aussi bien à l’aise dans la comédie que dans le romanesque,  Lioret a un grand sens des non-dits, il instille une humanité à ses personnages. Avec sobriété et sans esbroufe, il nous tient en haleine, évitant ce qui pourrait être chez d’autres la simple exploitation de ficelles scénaristiques.

Mélanie Laurent & Philippe Lioret

Mélanie Laurent rayonne dans son rôle de jeune femme meurtrie, dépassée par sa souffrance, qui cherche des raisons d’exister avec la perte de son alter-ego, Loïc, musicien chanteur doué dont personne n’arrive à expliquer son comportement. C’est une étude de mœurs faite avec beaucoup de rigueur, sur la difficulté de communiquer au sein d’une famille – voir l’idée d’une émission TV animée par Patrick Sébastien, meublant ce vide affectif -. L’évocation de l’anorexie est faite avec beaucoup de respect et sans voyeurisme. Sentant la difficulté d’en parler dans une chambre d’hôpital. Mélanie Laurent a tourné ces scènes un mois après la fin des autres scènes, en devant respecter un régime très strict. Là où Philippe Lioret est remarquable, c’est par l’utilisation d’une comédienne conseillée par une assistante qui avait connu une jeune femme anorexique lors d’un tournage de court-métrage. L’acuité de son regard – elle partage la chambre de Lili – est simplement inoubliable, car il y a ici une véritable interprétation et ce fait il n’y a pas de misérabilisme dans ce personnage mutique.

Isabelle Renauld, Kad Merad & Mélanie Laurent

Isabelle Renauld et Kad Merad, en parents impuissants, sont remarquables de subtilité et de pudeur. Le reste de l’interprétation est à l’avenant, comme toujours chez Lioret, citons Jean-Yves Gautier saisissant en psychiatre déterminé, Blandine Pélissier en employée d’hôtel d’un abord réfrigérant ou Martine Chevallier en infirmière revêche. Le débat d’après film prolongeait le plaisir du film. Mélanie Laurent lumineuse porte le film avec une grande force. Philippe Lioret parlait avec une grande chaleur de son travail, Julien Boisselier lui a rendu un hommage particulièrement émouvant, en parlant de ses qualités de directeur d’acteurs et Kad Merad fidèle à lui-même faisait preuve de son humour habituel – en disant mais c’est un public polonais, il n’est donc pas nécessaire de lui parler -. Par un hasard de calendrier, on a découvert cette année la très riche palette de Merad, passant de la farce « Un ticket pour l’espace », « Essaye-moi », il était particulièrement émouvant dans « Les irréductibles » digne d’être dans la tradition des « grands excentriques du cinéma français », et dans son rôle de glandeur sympathique dans J’invente rien. Il prouve encore ici son grand talent de comédien, instillant de l’humour mais avec retenue, à l’exemple du moment où il manque de faire brûler sa viande. Il est assez difficile de parler du film, qualifié avec justesse de thriller social par son auteur, afin de le préserver, rendez-vous donc ce 6 septembre.

THE OFFICE VS LE BUREAU

Ricky Gervais

Sortie DVD de la série culte de la BBC « The office », soit 12 épisodes de 29 minutes de 2001 à 2002, + 2 épisodes plus long dans un spécial Noël de 2003, formant un épilogue. C’est l’occasion de découvrir l’univers de Ricky Gervais, humoriste anglais particulièrement mordant. On avait vu en début d’année sur TPS, « Extras », hilarante série sur deux figurants aigris, hantant les tournages, et bénéficiant de guest stars, succès précédent oblige, comme Samuel L. Jackson et Ben Stiller particulièrement désopilants et se parodiant eux-mêmes. Co-écrite avec Stephen Merchant, « The office » se présente sous la forme d’un reportage pris sous le vif, façon « Strip-tease » – émission belge culte passant régulièrement sur France 3 -, sur une plateforme de travail, dans les bureaux d’une importante société de ramettes de papier. Les caméras filment les employés, les suivant dans toutes les occasions, en boîte de nuit, lors du concours annuel de trivial poursuite ou dans une réunion catastophique animée par un intervenant extérieur. David Brent – Ricky Gervais dans un formidable numéro d’acteur -, un quadragénaire vulgaire, agité permanent, plaisante allégrement avec une lourdeur considérable, histoire dit-il de remonter le moral de ses subordonnés. Mais rien n’y fait,  une menace de licenciements planant sur eux, suite à une restructuration avec une autre branche de l’entreprise. Cabotin en diable, il ne supporte cependant pas toute dérision à son sujet. Il bénéficie d’une bêtise assez prononcée, lui évitant de voir le ridicule dont il fait preuve à chaque instant. Orgueilleux, machiste, un tantinet raciste, fêtard, il se voit comme quelqu’un de très sympathique. Il est flanqué d’un adjoint, réserviste à l’armée, psychorigide, conformiste et suffisant, nommé Gareth Keenan. Il est campé par le désopilant Mackenzie Cook, déjà excellent en Ragetti dans le pataud « Pirates des Caraïbes 2 », son côté grand blond efflanqué et suffisant est très efficace. Gareth a un rapport assez énervé avec son collègue Tim – brillant Martin Freeman – qui trompe son ennui en compagnie de la standardiste dont il tombe amoureux alors qu’elle est déjà en couple. Le petit monde du bureau, perplexe devant le numéro permanent de David Brent, ronge son frein, avec parfois une distante ironique, comme le désopilant et permanent numéro de pince-sans-rire du personnage de Keith – singulier Ewan MacIntosh -. Les situations sont très cocasses, nous vengeant allégrement de nos propres tracas de bureaux –fortement appréciable si vous oeuvrez comme moi dans ambiance panier de crabes  -. C’est ici une excellente radiographie du monde du travail, montrant le nivellement par le bas d’un travail de groupe. Il y a pourtant une émotion assez flagrante dans ce lieu clos, qui a pour épée de Damoclès le chômage, loin d’être consolé par la stupidité d’un petit chef.

François Berléand

Canal + a adapté à la lettre la série avec pour titre « Le bureau « , montant le peu de créativité de cette chaîne, loin d’être une HBO a la Française, malgré des séries comme « Engrenages » ou des téléfilms traitant de problèmes contemporains ou du XXème siècle – « Nuit noire », etc… -. C’est le tandem Nicolas et Bruno qui s’y colle, j’avoue n’avoir pas perçu l’humour de leurs « messages à caractère informatif ». La sortie DVD suivant de près celle de « The office », donne l’occasion de retrouver ce remake, après un passage réservé pour les abonnées – en pleine coupe du monde -, puis en clair les dimanches de cet été. Le duo me semble ici plus inspiré, même s’ils doivent énormément à l’œuvre de Ricky Gervais, qui est suffisamment forte, pour une transposition en France. A noter qu’il y avait déjà eu une adaptation américaine avec 2005, avec Steve Carell. Aucune référence n’apparaît sur la jaquette du DVD sur l’œuvre originelle, présentée comme une création originale, ce qui est assez désobligeant pour les vrais créateurs. Le duo reprennent strictement les mêmes histoires et les dialogues des 6 premiers épisodes et en adaptant les situations à la mentalité française. Mais il y a ici la formidable idée de prendre François Berléand dans le rôle du petit chef faussement sympathique. Ils n’hésitent pas à charger encore plus son personnage de Gilles Triquet, le rendant encore plus veule que celui de Ricky Gervais, ce qui nous vaut une réjouissante performance de Berléand. Il faut le voir faire preuve de veulerie, et son interprétation est suffisamment subtile, pour éviter le travers pour un acteur de se montrer plus malin que son personnage. Il faut voir ses regards caméras, tel un gamin pris au piège quand il a fait une bêtise, jouer façon Indochine des morceaux de sa composition dans un morceau d’anthologie ou sa manière de se complaire dans sa propre suffisance. A noter pour la petite histoire, qu’il avait une épaule cassée durant le tournage de la série, et qu’il avait eu du mal à mémoriser son dialogue, une suite continue d’enfilage d’idées reçues. Le reste de la troupe est excellent, comme Anne-Laure Balbir en standardiste hésitante, Benoît Carré reprenant avec bonheur le rôle de Gareth Keenan et Jérémie Elkaïm, apportant un décalage bienvenu, pour ne citer que les principaux. Connaissant un peu François Berléand, il m’a parlé d’un projet de suite pour cette série, avec cette fois ci, une histoire se démarquant de la version originale, avec un séminaire à l’étranger pour tout les employés de la COGIREP. Vivement la saison 2… On peut donc recommander vivement les 2 DVD pour ces 2 variations, riches en bonus, scènes coupées. On retrouve des similitudes entre Ricky Gervais et François Berléand, qui sont des trublions lors des tournages, plaisantant sans discontinuer, qui apportent leurs génies comiques à ce rôle riche en nuances.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Liliane Rovère

 

Cette grande égérie du Jazz a imprégné cet art de sa présence, Chet Baker avait décidé de se rendre en Europe en 1955, par amour pour elle.  » Elle fut également la compagne de Dexter Gordon, ce qui lui vaut une participation au trop sous-estimé « Autour de minuit » (1985) de Bertrand Tavernier à ses côtés. Elle était également amie de Charlie Parker et Dizzie Gillespie notamment. « Des nuits entières, à l’hôtel, à Saint-Germain-des-Prés, à apprendre à écouter cette musique avec ceux qui la faisaient. Ou au Birdland, à New York, où elle débarque en 1954, dans sa petite robe noire, avec les cheveux courts et les yeux charbonneux qui ont séduit Chet Baker. Dans son jeu, on pourrait percevoir la trace de cette imprégnation. Quelque chose dans sa voix grave, colorée d’un chuintement, dans la nonchalance ou dans l’élan. Un swing. Au fil de la conversation, on devine ce mouvement irrésistible qui peut nous conduire à habiter un autre monde. Ou à élire le monde de l’art, de la musique, de la littérature, comme sa propre maison. » Texte de présentation par Séverine Nikel, de l’émission sur France Culture en 2002 d’Anna Szmuc « Liliane Rovère, portrait d’une jazz lady ». Même si elle confiait dans cette émission, de sa voix chaude, vivre au rythme du jazz, rôle après rôle, on la remarque durablement dans ses prestations. Elle personnifie souvent des femmes que la vie n’épargne pas, mais qui garde une bonne humeur communicatrice. Après des cours chez René Simon, elle se lance dans la comédie. Elle participe activement au théâtre comme dans « L’avare », « la sonate des spectres », « La passion de Jeanne d’Arc selon Gilles de Rais », etc… Elle écrit et joue également comme dans « Lili », en 1992, dans une mise en scène de Jean Gilibert. Selon le journal « L’humanité du 6 octobre 1992 » : « c’est un spectacle qui «  bénéficie, pour le mini-programme de son spectacle, d’un dessin de Siné qui la montre se marionnettisant elle-même, tout en se fendant la tronche ou grimaçant au vinaigre. Sa « Lili » n’en finit plus de ne pas accepter de vieillir face au monde ravageur que les adultes font aux enfants. Le long d’un remblai de chemin de fer, la vie qui passe la porte à jacasser des naïvetés hargneuses : « Bonjour monsieur, comment ça va, vous vous portez bien pour un vieux. – Merci madame, vous aussi ? » Tout est dans ce « aussi » ». Son grand tempérament, révélé par Bertrand Blier, qui l’utilise superbement dans trois films. Dans « Calmos »,  provocation misogyne réalisé en 1975… l’année de la femme !, elle figure sous les ordres de Dora Doll irrésistible en général Bigeard au féminin, en militaire castratrice, dans un petit groupe de femme voulant violer le tandem désabusé Jean-Pierre Marielle-Jean Rochefort, paniqués par cette image de femme, elle fait partie des plus virulentes, transcendent l’évidente vulgarité de la situation. On la retrouve en serveuse d’un café dans « Préparez vos mouchoirs » (1977), consolant Gérard Depardieu, qui a laissé l’amour de sa vie qui sombre dans la neurasthénie – Carole Laure – trouver réconfort dans les bras de Patrick Dewaere. Depardieu la raille, en lui disant qu’elle a une gueule de « Bernadette », et avait beaucoup d’émotion, elle lui confit avec une belle sensibilité, comment avec cette gueule là, elle pouvait lui apporter en tendresses dans une autre occasion. Elle retrouve Depardieu, dans le chef d’œuvre de son auteur « Buffet froid » (1979), partageant la morosité de son chômeur de mari, essayant de subsister et de ne pas se résigner avec de croiser malencontreusement la route d’un assassin poète, superbement joué par Jean Carmet. Surprise, elle a même un premier rôle, dans ce que l’on présume être un nanar de premier classe – et que l’on aimerait voir – « Comment passer son permis de conduire », sorti en 1980, aux côtés du sympathique Claude Legros qui joue son mari malmené.

Dans « Voyages »

On ne la retrouve malheureusement ensuite que dans de courts rôles dans les années 80, mais qu’elle marque durablement comme dans « Prisonnières » (1988) où désespérée, elle montre à ses codétenues, la photo de ses enfants qu’ils l’ignorent superbement. Sa connaissance de l’Anglais, lui vaut de participer à plusieurs tournages de films américaines en France. Mais ses rôles deviennent de plus en plus important. En alternant des rôles de victimes ballottés par la vie, et des personnages à « grande gueule » Elle est toute désignée donc pour figurer la mère de Béatrice Dalle dans « La fille de l’air » (1992). Les rôles s’étoffent, elle joue une « maîtresse femme » initiant Vincent Cassel dans un rituel exhibitionniste avec Amy Romand dans « Adultère mode d’emploi » (1995) de Christine Pascal, où elle est particulièrement impressionnante. Hélas, France 2, dans un accès rigoriste particulièrement frileux, supprime carrément cette scène lors d’une diffusion TV, ce qui fit l’objet de quelques polémiques. On la retrouve ensuite, dans quelques rôles de belle-mère quelque peu encombrantes, comme dans « Le bleu de villes » (1998), où elle prépare le sévices redoutable de l’effroyable de gâteaux aux cerises non-dénoyautées, avec une perversité régulière, ou dans « Harry, un ami qui vous veut du bien », où ses manières déclenchent vitesse grand V la névrose du personnage de Sergi Lopez. Cédric Klapisch la choisit pour figurer l’épouse de Jean-Paul Belmondo, dans « Peut être », elle l’interprète idéale pour être à la hauteur de l’abattage du comédien. Elle est une figure assez autoritaire, à la tête d’une petite tribue perdue dans futur proche, d’un Paris recouvert de sable. Toujours avec humour, car elle fait preuve toujours d’une auto-dérision, comme en cliente à l’épilation, au verbe facile dans « Vénus, beauté (institut) » (1998). Elle personnifie souvent des personnages libres et culottés comme celui frondeur dans « Je vous trouve très beau » (2005) où elle poursuit de ses assiduités Michel Blanc, paysan esseulé, quelque peu paniqué par la dame. Et elle fait toujours preuve d’une belle humanité, comme son rôle dans « Passionnément » (1998) , sorte de variation du personnage de Véronique Silver, dans « La femme d’à côté », où elle personnifie la raison face aux tourments de la paisson du couple Gérard Lanvin-Charlotte de Gainsbourg, la secrétaire résignée de François Berléand dans « La fille de son père » (2000), ou la mère (trop) aimante de Jacques Gamblin dans « À la petite semaine » (2002). Elle peut aussi faire preuve de réserve, comme dans le personnage de la domestique dans « La captive » (1999).

Dans « Le fils de l’épicier »

Elle participe volontiers à de nombreux courts-métrages, n’hésitant pas à participer parfois au scénario. Elle trouve peut-être son meilleur rôle, dans « Voyages » (1998), magnifique film d’Emmanuel Finkiel. Il raconte dans le dossier de presse : « C’est Maurice Chevit qui nous a raconté en Pologne, alors que nous cherchions encore Régine, que Liliane Rovère parlait yiddish ; même son agent l’ignorait ! Elle était très émue de jouer ce rôle et de retrouver cette langue qu’elle ne parle plus depuis longtemps. Elle n’a jamais joué en Yiddish ! ». Elle est particulièrement touchante dans ce rôle de Régine, qui accepte un imposteur comme père, ne supportant pas la déception de retrouver un père perdu. Dernièrement, elle irrésistible dans « J’invente rien » (2005), en  inventrice iconoclaste. Il faut la voir nous faire adhérer à l’improbable présentation d’inventions insolites, comme la pizza par fax !, elle nous amène même dans une certaine dimension fantastique. Mais toujours dans la générosité et le désintéressement comme dans ce patin d’anthologie accepté par Kad Mérad, sous le regard bienveillant d’Elsa Zylberstein. Avec le « Fils de l’épicier », sorti en 2007, elle trouve le rôle jubilatoire de Lucienne, habitante d’une zone rurale désertique. Elle régale Nicolas Cazalé de son animosité, ce dernier remplaçant son père dans une épicerie ambulante. Elle lui a gardé une grande rancune, car enfant, il aimait avec ses petits camarades à la surprendre dans ses « galipettes ». A la moindre contrariété, elle refuse toute commande, se cabre, résiste, peste, lui renvoie ses quatre vérités à la figure, et finit par être carrément sur la défensive, un casque sur la tête après un malheureux accident de devanture. Mais derrière cette façade de femme revêche, se cache une grande, une gourmandise – il faut la voir découvrir des loukoums -, une générosité et un grand cœur inexploité. C’est une superbe performance pour cette comédienne qui alterne dans ce film, drôlerie et émotion. Suivent les retrouvailles avec son amour du jazz et Sam Karmann avec « La vérité ou presque ». Elle joue avec beaucoup de dignité et de pudeur, la fille d’une grande chanteuse de jazz disparue face à Karin Viard et André Dussollier. Gardienne du temple de la mémoire de sa mère, elle construit un personnage touchant, émaillé de souvenirs personnels, les photos de son personnage étant les siennes propres,  selon Sam Karmann. Elle est également remarquable en mère tendre et impuissante face aux difficultés de son fils campé par Vincent Lindon dans « Pour elle ». Elle tente d’aplanir les problèmes entre lui et son père taiseux – le très juste Olivier Perrier -. En mère parfaite, elle se réserve pourtant une zone d’ombre en doutant de l’innocence de sa belle-fille. Souhaitons qu’on lui propose toujours des rôles à sa mesure, elle saura de toute manière amener un note attachante, une gouaille, une drôlerie ou un appétit de vivre. Elle figure dans les indispensables du cinéma français, et personnellement je la mets volontiers dans mon petit panthéon des comédiens français les plus remarquables, catégorie des formidables.

Filmographie : 1969  Le portrait de Marianne (Daniel Goldenberg) – 1971  Une larme dans l’océan (Henri Glaser) – 1972  The day of the Jackal (Chacal) (Fred Zinnemann) – 1975  Calmos (Bertrand Blier) – Je t’aime, moi non plus (Serge Gainsbourg) – Monsieur Albert (Jacques Renard) – Andréa (Henri Glaeser) – Mon coeur est rouge (Michèle Rosier) – 1976  March or die (Il était une fois la légion) (Dick Richards) – 1977  Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier) – La jument vapeur (Joyce Buñuel) – 1979  Buffet froid (Bertrand Blier) – Comment passer son permis de conduire (Roger Derouillat) – La bande du rex (Jean-Henri Meunier) – 1981  Enigma (Id) (Jeannot Szwarc) –  1985  Pour quelques je t’aime de plus (Marc Adjadj, CM) – Autour de minuit / Round Midnight (Bertrand Tavernier) – 1986  Waiting for the moon (Jil Goldmilow) – 1987  De guerre lasse (Robert Enrico) – La troisième solution (Henri-Paul Korchia, CM) – 1988  Prisonnières (Charlotte Silvera) – Black mic-mac 2 (Marco Pauly) – 1989  La Révolution française : les années Lumière (Robert Enrico) – 1990  Does this mean we’re married ? (En france présenté comme téléfilm sous les titres : Les époux ripoux / Un drôle de contrat) (Carol Wiseman) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – 1995  Adultère, mode d’emploi (Christine Pascal) – Un samedi sur la terre (Diane Bertrand) – 1996  Artemisia (Agnès Merlet) – Sept étages sans ascenceur (Bruno Joly, CM) – Le sujet (Christian Rouaud, CM) – 1997  Lila Lili (Marie Vermillard) – 1998  De l’art ou du cochon (Yves Beaujour, CM) – Le bleu des villes (Stéphane Brizé ) – Vénus beauté (institut) (Tonie Marshall) – Voyages (Emmanuel Finkiel) – Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – Passionnément (Bruno Nuytten) – Peut être (Cédric Klapisch) – 1999  La captive (Chantal Akerman) – Les fantômes de Louba  (Martine Dugowson) – Harry, un ami qui vous veut du bien (Dominik Moll) – 2000  La fille de son père (Jacques Deschamps) – Laissez-passer (Bertrand Tavernier) – Recouvrance (Frank Saint-Cast & Anaïs Monnet, CM) – Ici (Jérôme Bouyer, CM) – 2001  Veloma (Marie de Laubier) – Bord de mer (Julie Lopes-Curval) – L’écharpe (Éric Le Roux, CM, + co-scénario) – 2002  L’idole (Samantha Lang) – Variété française (Frédéric Videau) – À la petite semaine (Sam Karmann) – Méprise (Éric Le Roux, scénario seulement) – 2003  Le souffle (Mathieu Vadepied, CM) – 2004  Alex (José Alcala) – L’origine du monde (Erick Malabry, CM) – 2005  Prozac tango (Michael Souhaité, CM) – Je vous trouve très beau (Isabelle Mergault) – J’invente rien (Michel Leclerc) – 2006  Le fils de l’épicier (Éric Guirado) – La vérité ou presque (Sam Karmann) – 2007  Vilaine (Jean-Patrick Benes & Allan Mauduit) – Pour elle (Fred Cavayé) – 2009  La grande vie (Emmanuel Salinger) – Agosto (Marc Picavez, CM) – 2010  Coup d’éclat (José Alcala) – 2011  Cino, l’enfant qui traversa la montagne (Carlo Alberto Pinelli) – Les chrysanthèmes sont des fleurs comme les autres (Yann Delattre, CM) – 2012  La ville lumière (Pascal Tessaud, CM) – 2014  Le combat ordinaire (Laurent Tuel) – Brooklyn (Pascal Tessaud). Comme réalisatrice-scénariste : 2009  Modus vivendi (CM). Voxographie : Le voyage en douce (Michel Deville) – 2001  La prophétie des grenouilles (Jacques-Rémy Girerd, animation) – 2009  Kerity la maison des contes (Dominique Monféry, animation) .

Télévision : (notamment) : 1964  Christine ou la pluie sur la mer (Maurice Chateau, CM) – 1969  Les cinq dernières minutes : Le commissaire est sur la piste / Sur la piste (Claude Loursais) – 1971  Le tambour du Bief (Jean Prat) – 1972  Raboliot (Jean-Marie Coldefy) – Les cinq dernières minutes : Chassé-croisé (Claude Loursais) – 1973  La chamaille (Jacques Pierre) – 1976  Hôtel Baltimore (Arcady) – Cinéma 16 : Esprit de suite (Jean Hennin) – 1978  Les grands procès témoins de leur temps : Le pain et le vin (Philippe Lefebvre) – Messieurs les jurés : L’affaire Moret (André Michel) – Médecin de nuit : Michel (Philippe Lefebvre) – 1979  Saint Colomban et moi (Hervé Baslé) –  Une femme dans la ville (Joannick Desclercs) – Julien Fontanes, magistrat : Une femme résolue (Bernard Toublanc-Michel) – 1980  Les dossiers éclatés : Le querellé ou la la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet) –  Une faiblesse passagère (Colette Djidou) – 1981  Sans famille (Jacques Ertaud) – Joëlle Mazart (Serge Leroy, série TV) – 1982  L’ours en peluche (Edouard Logereau) – 1983  Quidam (Gérard Marx) – 1984  Mistral’s daughter (L’amour en héritage)  (Douglas Hickox et Kevin Connor) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret se défend (Georges Ferraro) – 1985  Nazi hunter : The Beate Klarsfeld story (Beate Klarsfeld) (Michael Lindsay-Hogg) –  1986  Série noire : Mort aux ténors (Serge Moati) – 1989  Les sirènes de minuit (Philippe Lefebvre) – Le hérisson (Robert Enrico) – Renseignements généraux : Jeux dangereux (Philippe Lefebvre) – 1992  Les danseurs du Mozambique (Philippe Lefebvre) – 1993  C’est mon histoire : Soif de s’en sortir (Dominique Tabuteau) – 1994  Les grandes personnes (Daniel Moosmann) – Navarro : Le choix de Navarro (Nicolas Ribowski) – 1995  Chercheurs d’héritiers : Les gens de Faillac (Laurent Heynemann, pilote inédit de la série, mais diffusion tardive sur le câble) – L’avocate : Linge sale en famille (Philippe Lefebvre) – 1996  Les cinq dernières minutes : Mise en pièces (Jean-Marc Seban) – 1999  Mary Lester : Maéna (Christine Leherissey) – 2001  Demain et tous les jours après (Bernard Stora) – La crim’ : Le dernier convoi (Denis Amar) – 2002  Froid comme l’été (Jacques Maillol) – 2003  La nourrice (Renaud Bertrand) – La bastide bleue (Benoît d’Aubert) –  2004  La crim’ : Skin (Vincent Monnet) – Nature contre nature (Lucas Belvaux) – Les Montana : Dérapage (Benoît d’Aubert) – 2005  Retrouver Sara (Claude d’Anna) – 2009  Les Bougon (Sam Karmann) – Panique ! (Benoît d’Aubert) – 2011  Quand les poules auront des dents… (Bertrand Van Effenterre) – 2014  Détectives : Adjugé vendu (Renaud Bertrand) – Les yeux ouverts (Lorraine Lévy) – Dix pour cent (Cédric Klapisch, Lola Doillon et Antoine Garceau, mini-série).