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L’avant-première bordelaise de « Je préfère qu’on reste amis » du 15/02/2005, à l’UGC-Cité nous avait donné deux belles surprises, l’émotion de voir Annie Girardot nous présenter le film, et celle surprise de la visite de « l’épatant » Lionel Abelanski qui accompagnait la bonne humeur de Olivier Nakache et Éric Toledano. C’était un bonheur de voir sa modestie devant les compliments des spectateurs, de l’entendre parler de l’échec injuste du film de Steve Suissa « Le grand rôle », et de ne rien regretter sur le choix de ses rôles tout en envisageant d’autres perspectives. Ce qui caractérise Lionel, c’est l’énergie, il traversait la salle ce soir là, pour donner le micro aux spectateurs, nous régalant de sa bonne humeur. Puis en octobre 2006, toujours à l’UGC-Cité Bordeaux, il fallait le voir animer et improviser une chorégraphie disco avec Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Duquesne, Jean-Michel Lamy et Georges Gay, faisant même monter sur scènes des spectateurs enthousiasmés, suites aux réactions amusées de la salle. Il est toujours formidable, même si on le cantonne trop souvent dans le rôle du bon copain paumé – tel dans « Un petit jeu sans conséquence » dans lequel il reste digne en se retirant, alors que personne n’est à l’écoute de ses difficultés -. Il tire à chaque fois son épingle du jeu. Son meilleur rôle est peut-être celui de « Shlomo » un idiot céleste dans « Train de vie », qui lui vaut en 1999 d’être nommé aux Césars dans la catégorie du « meilleur espoir masculin ». Il est le copain « lourd » et insistant d’Yvan Attal dans « Ma femme est une actrice » – rôle qu’il tenait déjà dans la version court-métrage « I got a woman » -,  un improbable homme-sandwich et inventeur loufoque dans « Delphine 1, Yvan O », de Dominique Farruggia, policier obsédé par la traque des fumeurs de joints dans le cornichonesque « La beuze », l’assistant acariâtre et « borderline » dans « Mes amis » de Michel Hazanavicius et le voisin de palier serviable de Marie Gillain dans « Tout le plaisir est pour moi » d’Isabelle Broué. Il est à l’aise dans d’autres registres, tel le père odieux du téléfilm « La nourrice » de Renaud Bertrand, falot et manipulable.

Dans « La calvitude »

Mais il suscite toujours la sympathie, et arrive toujours à distiller de l’humour dans toutes les situations, comme dans le court-métrage « La calvitude » (Julien Weill, 2002), comédie dépressive, où un trentenaire abandonné par l’amour de sa vie, se retrouve dans le désarroi le soir de son anniversaire, mais finit par retrouver le goût de la vie quand une jolie caissière lui souhaite un chaleureux anniversaire en voyant sa carte d’identité présentée avec un chèque de paiement. Casanier et pantouflard, il joue le futur mari d’Anne Consigny, dans « Je ne suis pas là pour être aimé ». Neurasténique,  il se laisse dévorer par l’écriture d’un roman, quitter à abandonner son emploi de professeur. Égoïste et peu à l’écoute de celle qui prépare avec lui le mariage, dernière chance de se couple, il reste pantois quand cette dernière lui exprime ses inquiétudes dans le giron des beaux-parents. Il finit, enfin par déclarer enfin son amour lorsqu’il sent qu’elle perd sa joie de vivre mais sans la comprendre finalement. Une individualité fracassante ! En peu de scènes il réussit dans « Je préfère qu’on reste ami » épatant à faire exister son personnage de réprésentant en « bonbonnes d’eau », enfin « casé » rajoutant du désarroi à son meilleur ami campé formidablement par Jean-Paul Rouve. Du jeune marié bondissant, il devient, à la fois drôle et touchant, la victime de sa première crise conjugale. Il a une scène étonnante face à Gérard Depardieu (Enfin retrouvé depuis quelques films) qui le déstabiliste par son analyse de la situation.

Lionel Abelanski dans « Un petit jeu sans conséquence »

Dans « Poltergay », il est aussi drôle qu’émouvant. Le metteur en scène Éric Lavaine lui avait proposé initialement le rôle du bon copain de Clovis Cornillac, joué en fait par Alain Fromager. Soucieux de se renouveller, Lionel Abelanski, prefera tenir le rôle de « salopette », fantôme homosexuel taquin, mais qui se révèle au final très touchant. La scène des retrouvailles de son personnage, qui garde éternellement le physique qu’il avait à l’époque de sa mort avec son vieil amant, joué avec beaucoup d’humanité par Michel Modo, est particulièrement émouvante alors qu’elle pouvait à tout moment sombrer dans le scabreux. On le retrouve dans « Zone libre », premier film de cinéma de Christophe Malavoy, avec Tsilla Chelton et Jean-Paul Roussillon dans un registre plus dramatique. Il trouve également un rôle de premier plan dans « Je déteste les enfants des autres » (Anne Fassio, 2006), mais le film manque d’originalité. On lui doit pourtant de bon moments en père dévoué formant un couple fusionnel avec Valérie Benguigui. Mais la belle harmonie du couple va éclater durant les vacances, alors qu’il est émoustillé par le charme d’une « cagole ». Il campe également un Bernard Franck touchant qui cache une sensibilité derrière un brillant esprit teinté de cynisme dans « Sagan ». Il tire aussi son épingle du jeu, en vieux garçon amoureux de la nature et de Beauvais, sa ville natale, perdu dans la brousse dans « Safari ».  Tout comme dans « Train de vie », on attend un rôle à sa – dé – mesure, son « grand rôle » à lui en fait, il va continuer à nous surprendre.. A sa chaleureuse présence, on ne peut que répondre « Salut l’artiste » !

 

Filmographie : 1988  Romuald et Juliette (Coline Serreau) – 1993  Méprises multiples (Christian Charmetant, CM) – 1995  Douce France (Malik Chibane) – Le futur (Dominique Farrugia, CM) – I like she (Guillaume Moscovitz, CM) – Coup de vice (Patrick Lévy) – Un samedi sur la terre (Diane Bertrand) – Delphine : 1, Yvan : O (Dominique Farrugia) – 1996  Didier  (Alain Chabat) – La femme du cosmonaute (Jacques Monnet) – 1997  I got a woman  (Yvan Attal, CM) – La méthode (Thomas Bégin, CM) – Train de vie (Radu Mihaileanu) – 1998  Le voyage à Paris (Marc-Henri Dufresne) – Les parasites (Philippe de Chauveron) – Formidable (Gilles Cohen, CM) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – À table ! (Idit Cébula, CM) – Mes amis (Michel Hazanavicius) – 1999  Accidents (Pascal Laëthier, CM) – Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi) – 2000  Ces jours heureux (Olivier Nakache & Éric Toledano, CM) – En attendant (Serge Hazanavicius, CM) – Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – 2001  Ma femme est une actrice (Yvan Attal) – 2002  Varsovie-Paris (Idit Cébula, CM) – La beuze (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – La calvitude (Julien Weill, CM) – Bienvenue au gîte (Claude Duty) – Scotch (Julien Rambaldi, CM) – Spartacus (Virginie Lovisone, CM) – Mais qui a tué Pamela Rose ? (Éric Lartigau) – 2003  Double zéro (Gérard Pirès) – Le grand rôle (Steve Suissa) – Toute une histoire (Jean Rousselot, CM) – Tout le plaisir est pour moi (Isabelle Broué ) – Narco (Tristan Aurouet & Gilles Lellouche) – Alive (Frédéric Berthe) – 2004  Victor (Fabrice Michelin, CM) – Un petit jeu sans conséquence (Bernard Rapp) – Je préfère qu’on reste amis (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Cavalcade (Steve Suissa) – Je ne suis pas là pour être aimé (Stéphane Brizé) – 2005  Zone libre (Christophe Malavoy) – Une histoire de pieds (David & Stéphane Foenkinos, CM) – Mes voeux les plus sincères (Arnaud Cassand, CM) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Les yeux bandés (Thomas Lilti) – Je déteste les enfants des autres (Anne Fassio) – Atonement (Reviens-moi) (Joe Wright) – 2007  The Jerusalem syndrome (Stéphane Belaïsch & Emmanuel Naccache) – Sagan (Diane Kurys, + version TV) – Le secret de Salomon (David Charhon, CM) – La plus belle fille du monde (Stéphane Couston, CM) – Deux vies plus une… (Idit Cébula, rôle coupé au montage) – Ma fille a quatorze ans (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – 2008  Safari (Olivier Baroux) – Le concert (Radu Mihaileanu) – Kaparah Carpe (Jessica Vaturi Dembo, CM) – 2009  Protéger et servir (Éric Lavaine) – Imogène (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – Quartier lointain (Sam Gabarski) – 2010  Son souffle contre mon épaule (Emmanuel About, CM) – Un peu d’écume (Christel Delahaye, CM) – L’art de séduire (Guy Marzaguil) – Mais y va où le monde? (Serge Papagalli) – Beur sur la ville / Capitaine Khalid (Djamel Bensalah) – 2011  Les infidèles [épisode « La bonne conscience »] (Michel Hazanavicius) – Mais qui a re-tué Pamela Rose (Kad Merad & Olivier Baroux) – 2012  La banda Picasso (Fernando Colomo) – De l’autre côté du périph’ (David Charron) – 13 rue Mandar (Idit Cébula) – Boule et Bill (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – 2013  Kidon (Emmanuel Nakkachee) – Barbecue (Éric Lavaine) – Les vacances du petit Nicolas (Laurent Tirard).

Télévision : notamment : 1994  En garde à vue (Didier Albert, plusieurs épisodes) -1995  Tango, mambo et cha-cha-cha (Françoise Decaux Thomelet) -1996  Coeur de cible (Laurent Heynemann) – 1997  Combats de femme : harcelée (Nicolas Cuche) – Les marmottes (Jean-Denis Robert) – 2000  Contre la montre (Jean-Pierre Sinapi) – 2003  Le gang des poupées (Philomène Esposito) – Le grand plongeoir (Tristan Carné, variétés) – 2004  La nourrice (Renaud Bertrand) – Maigret chez le docteur (Claude Tonetti) – Le carmargais : Jean-Jean (William Gotesman) – 2005  Riquet (Bertrand Arthuys) – Les femmes d’abord (Peter Kassovitz) – L’homme qui voulait passer à la télé (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – La famille Zappon (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – 2006  Vive la bombe ! (Jean-Pierre Sinapi) – 2007  Nos enfants chéris (Benoît Cohen, saison 2) – 2009  Le grand numéro (Julien Weill) – 2010  Mademoiselle Drot (Christian Faure) – Au bas de l’échelle (Arnaud Mercadier) – 2012 À dix minutes des naturistes (Stéphane Clavier) – 2013  Myster Mocky présente : La curiosité qui tue (Jean-Pierre Mocky, CM) – La faute de l’abbé Viallard (Christian Faure). 

Théâtre : 1988/89 Un mouton à L’entresol, d’Eugène Labiche, mise en scène Gilles Cohen – 1990/91 Le mystère de la chambre jaune, de Gilles Cohen – 1992 Les petits marteaux, de Gilles Cohen – 1993 Le plus heureux des trois, d’Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Luc Revol – 1994 Quisaitout et Grobeta, de Coline Serreau, mise en scène Benno Besson – 1998 Germania 3, d’Heiner Müller, mise en scène Jean-Louis Martinelli – 1999/2000 Mariages et conséquences, d’Alan Ayckbourn, mise en scène de Catherine Allary – 2001/2002 Théâtre sans animaux, de Jean-Michel Ribes (+ captation TV) – 2003  Bash, de Neil La Bute, mise en scène de Pierre Laville – 2008  Geronimo, de David Decca, mise en scène Caroline Duffau & Serge Hazanavicius – 2009  Les Insatiables, d’Hanokh Levin, mise en scène Guila Braoudé – 2010  Miam-Miam, de et mis en scène d’Édouard Baer – 2011  La méthode Grönholm, de Jordi Galceran, mise en scène de Thierry Lavat.

Mise à jour du 05/02/2011