Il y aurait un domaine intéressant à explorer, ce sont les séries policières. Il y a eu un excellent livre à ce sujet “Meutres en séries, les séries policières de la télévision française” de Jacques Baudou & Jean-Jacques Schleret, il date de 1990. Si 15 ans après il devait y avoir une réédition gageons que ce livre doublerait de volume, on n’arrive même plus à les énumérer.
La télévision française policière est assez aseptisée, voire irréaliste (Roger Hanin, Pierre Mondy, policiers octogénaires, l’uniforme de Corinne Touzet, etc…), et nombreux sont les héros à avoir la peau dure (“Le commissaire Moulin”, depuis 1976). Les enquêteurs originaux ne durent pas (Julien Guiomar dans “Commissaire Chabert”, Patrick Catalifo dans “Novacek”. Il ne faut pas trop bousculer le public, Télérama précisait sur “Dolmen” – adieu donc les vieilles sagas familiales -, qu’Éric Summer est remplacé par Didier Albert, en raison d’une première version trop noire pour nos dealers de coca cola, le scénario prévu pour 5 épisodes est étiré pour en avoir un de plus, on en profite pour retourner dans les lieux touristiques de la Bretagne – lieu propice à la terreur voire les personnages de l’Ankou et de Patrick Le Lay, Brrrhhhh !!!! -. Et ça marche ! Restons pépère !
Pendant ce temps là, le polar si présent dans les écrans français déserte les écrans – à l’exception notable de “36 quai des Orfèvres” d’Olivier Marchal. C’était souvent la carte de visite pour un jeune metteur en scène, dommage… “La télévision française : La saison 2005” cordonné par Christian Bosséno vient de paraître. C’est un ouvrage indispensable – hélas, très mal distribué en Province -. On retrouve des analyses formidables. Cédric Legrand explique très justement sur un article sur “Malone” : “C’est une habitude : à la télé, les enquêtes se mènent en famille (“Diane”, “Sauveur Giordano” et “Malone”, donc), on concilie les contraintes quotidiennes “scènes de ménages, éducation des enfants” -, et dénonce que l’enquêteur, joué par Bernard Verley, “exécute de sang froid un braqueur à coup de fusil”, reproche souvent fait à Yves Renier, d’ailleurs. C’est donc un révélateur de nos sociétés, trouvant une résonance tragique, avec le “Shoot to Kill”, préconisé par Scotland Yard, sans parler de la démagogie d’un de nos plus remuants ministres.
“Les Montana”, dont la revue “Synopsis”, continue la tradition d’une famille de flic, et semble plus originale que la moyenne – excellente distribution Didier Flamand, Anne Caillon, Yvon Back -, mais l’effort de sortir du ronron habituel est assez rare “Crimes en séries”, bien ficelé, “P.J.”, mais qui semble tourner un peu à vide, et feu “Police district”, inventé par Olivier Marchal. Ce devrait être une sorte de nouvelle série B., mais pour avoir entendu quelques comédiens en parler, le temps de tournage est très bref, les situations peu inventives, et les clichés accumulés. Il y avait beaucoup de témoignages de scénaristes dans la revue “Synopsis” première version, où il fallait se battre avec les contraintes.
Je ne m’aventure que très peu dans ces séries – Je n’ai vu qu’un “Navarro”, dans ma vie, honte sur moi -, mais je contribue au sujet en rentrant les “guest stars” chaque semaine sur Internet Movie Data Base, via Voilà TV, qui propose même les programmes suisses et belges, histoire de sauvegarder une mémoire. Il est vrai que le système s’est considérablement simplifié, d’où l’apparition de nombreuses séries, à la fin des fiches d’acteurs. Le nouveaux épisodes et des rediffusions, – Paparoff, le J.A.P., Anne Le Guen – font le régal du câble, qui diffuse même quelques épisodes inédits. TPS rediffuse même “Les cinq dernières minutes” version Jacques Debary, puis Pierre Santini, et personne sauf Yvan Foucart ne rend hommage au bon “Ménardeau” joué par Marc Eyraud, qui vient de mourir.
Christine Citti
Mais l’une des rares séries que je suivais avec intérêt était “Les enquêtes d’Éloïse Rome”, mettant en vedette la formidable Christine Citti, elle a décidé d’arrêter la série, hélas, mais on peut comprendre de ne pas vouloir s’enfermer dans ce rôle – elle était d’ailleurs dans les premières saisons de P.J. La série est loin d’être réaliste, il a des clichés – Éloïse entend les voix faisant un bilan de la situation – et les personnages ne s’échappe que très peu des caractérisations de la “bible” du scénario… La date de tournage des derniers épisodes est de 2003.
Flanquée du fade Jean-Baptiste Martin – fils de Jacques Martin et Danièle Evenou -, on la devine meurtrie de ne pas avoir eu d’enfant, même si elle résout toutes les enquêtes, elle apporte toujours un côté maternel, et une empathie envers les suspects. Son personnage sort de la norme, elle a du caractère, boude, est gourmande. Christine Citti, est rayonnante et a beaucoup de charme, loin des canons de beauté imposés par nos médias. Elle dynamise la série, apporte une formidable humanité à son personnage, souhaitons-lui un joli parcours à venir. Elle a d’excellents partenaires comme Marc Berman, supérieur bougonneur, Sophie Mounicot – voir portrait dans l’index de ce blog -en médecin légiste acide, Smaïl Mekki jouant le mari psychiatre de cette dernière – personnage très absent de cette saison, dommage -, François Caron, en mari enseignant et aimant d’Éloïse, et Michel Melki – transfuge de l’univers de Philippe Clair ! – en agent de la main courante.
La dernière diffusion vient donc d’être diffusé en Juin-Juillet dernier. Il y a beaucoup de noms prestigieux en vedettes invitées, Michel Aumont en père trop aimant, Bernardette Lafont en mère d’Éloïse, Catherine Wilkening en employée intransigeante, et quelques revenants, comme Anicée Alvina – fantasme de pas mal de monde -, témoignant sur un écran vidéo, etc… , voir liste sur IMDB, si vous avez des compléments… Les scénarios de Philippe Setbon sans être transcendants sont efficaces, de même que la réalisation de Christophe Douchand. Sympathiquement habité par la lumineuse présence de Christine Citti.

Ce film de Nathalie Schmidt, d’après son spectacle théâtral et sorti en catimini en 2003, est diffusé en ce moment sur TPS. C’est un problème de voir un film où l’on reconnaît qu’il y a un ton, une originalité et de “rester à la porte”. Rose Bonbon (sic), superbe Julie Gayet pousse la chansonnette (pas plus faussement que beaucoup d’autes), rayonne d’un gnangnan acidulé, et attire par sa naïveté le bossu libidineux du coin – étonnant Fawzi Saïchi -. Son copain, Roger est une brute épaisse, le genre à écraser ses mégots dans ses crèmes de nuit et peu avare de coups, c’est Clovis Cornillac, formid comme d’hab. La rose tombe en voulant s’échapper des assiduités du bossu, sur Dubel, producteur combinard – Marc Barbé, surprenant dans un rôle virevoltant, loin de ses précédents films “taciturnus” -. Reste qu’aux pérégrinations de ce trio infernal, je décroche, et je me mets à me demander, que représente le tatouage au bras du Clovis, un lion sans crinière, Alain Juppé, le tigre d’Esso, un raton laveur. Si vous avez la réponse. Tombé pour la France, comme sous la mitraille, impossible de retourner au film. Pourtant les acteurs sont formidables, Clovis Cornillac s’est servi de ce rôle visiblement comme une sorte de répétition pour “Au suivant !” (imitations, jeux avec un flingue, etc…). 
Cédric Kahn, continue à nous surpendre, avec ce conte pour enfant, loin du réalisme fortement influencé par Maurice Pialat, de l’excellent « Bar des rails ». Il arrive sans pathos à faire un film louchant volontairement sur un esthétisme d’un certain âge d’or hollywoodien, en prenant le parti pris de la fausseté – comme dans “Feux rouges” ou les transparences étaient visibles, de mémoire voir son interview dans “Positif”-. Les nuits américaines sont visibles, le méchant joue aux croquemitaines – Nicolas Briançon toute bedaine dehors, courant comme un forcené -, et la neige retrouve la naïveté de certains clichés. Si l’on peut déplorer une bande annonce qui déflore trop le film, Kahn parle sobrement du deuil d’un enfant, du regard des autres, de la difficulté au travail du deuil (voire la réplique terrible à son grand-père, “Je peux monter faire des devoirs ?” avec cette impossibilité de réagir à un mal trop grand pour soi, son seul petit drame d’avant étant de ne pas avoir eu un vélo à Noël. Pour avoir, comme le personnage de Charly – attachant Roméo Botzalis -, avoir été orphelin de père très jeune – “envoyez les violons !” -, j’ai retrouvé assez justement cette angoisse sourde qui ne m’a jamais plus quitté – ” allons bon voilà qu’il raconte sa vie maintenant !” -, c’est un thème qui a très peu été abordé me semble t’il.
Affiche belge provenant des 
C’est une plaisante comédie policière franco-allemano-suisse, sur le mode de “Topkapi” film de Jules Dassin. Modèle de décontraction et d’ingéniosité – les alarmes de plusieurs banques déclenchées par des guignols sortant de leurs boîtes, faisant tourner les autorités en bourriques. Nicolas Gessner, a une œuvre européenne éparse et à redécouvrir (“Douze plus un”, “La petite fille au bout du chemin, etc…”. L’ambiance très bonne enfant est réjouissante, dominée par la classe de Claude Rich dans le rôle de Bernard Noblet qui devait jouer l’année d’après dans le même registre léger et malin dans « Les compagnons de la marguerite » de Jean-Pierre Mocky. Il est un caissier persifleur, d’une grande banque suisse et qui subit l’agressivité constante des riches clients, et les assauts d’un chef tatillon – Henri Virlojeux, impeccable -.
“Once more time” est la suite de 1970 inédite chez nous de “Salt and Pepper” – film de Richard Donner, sorti en 1968 -. Le film met en scène une partie du “Rat Pack”, Peter Lawford et Sammy Davis Jr., en propriétaire d’un night club exilé en Angleterre, et qui ont des ennuis avec les règlements locaux. Chris Pepper a un frère aîné qui est un Lord anglais, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau – Peter Lawford -, ce dernier daigne l’aider ainsi que son associé Charlie Salt – Sammy Davis Jr. -, à la condition qu’il retourne aux Etats Unis. Suit une histoire abracadabrante où Pepper prend la place de son frère assassiné, sans le dire à son ami Charlie, idée à la Pirandello “feu Mathias Pascal”, il peut voir ainsi l’estime que lui garde son ami. L’intérêt majeur de ce film est la présence de Jerry Lewis à la réalisation, qui a pris au pied levé la relève d’un metteur en scène qui venait de se désister, il ne joue d’ailleurs pas dans ce film. Mais il y a une sorte de mimétisme avec le personnage de Charlie., vraiment hilarant, présentant un corps comique avec une voix de crooner, il faut le voir, ivre, traverser une rue en réglant un ballet de freinage de voitures. Bizarrement le courant ne semble pas trop fonctionner entre deux comédiens, pourtant amis dans la vie, Sammy Davis Jr. tirant largement la vedette sur lui face à un Peter Lawford lymphatique et peu inspiré.

C’est la seconde adaptation du roman de Roald Dahl en 1964, faisant suite au “Willy Wonka & the Chocolate factory / Willy Wonka au pays enchanté” de Mel Suart, avec Gene Wilder dans le rôle titre. Charlie est un enfant pauvre échappé d’un roman de Charles Dickens. Ses parents ayant chacun ses parents, la famille n’arrive pas à subsister dans une société en voie de modernisation – L’époque est difficile à déterminer -. Charlie trouve donc un salut, dans l’image de la mystérieuse usine voisine, une chocolaterie royaume secret d’un certain Willy Wonka. Son rêve est de participer à un concours organisé par le propriétaire des lieux qui sort d’un mutisme de plusieurs années. Celui qui découvrira l’un des cinq tickets d’or que Wonka a caché dans les barres de chocolat de sa fabrication gagnera une vie de l’usine qui fonctionne sans ouvriers succeptibles de trahir les secrets de fabrication du génie de la confiserie. La visite de l’usine est une source de choix, pour l’essor de l’imaginaire burtonien, peuplée de créatures mystérieuses et de technologie avancée. On retrouve l’univers originel d’un “Edward aux mains d’argent”, féérique et noir, un régal visuel, il retrouve la force des grands contes de fées, et la noirceur inhérente aux grands classiques, et prouve qu’après “Big Fish” il a retrouvé de l’allant. Johnny Depp compose un personnage expressionniste et très inventif, à la hauteur de ses précédentes collaborations avec le metteur en scène. Entre Dorian Gray et Michael Jackson, il retrouve un personnage expressionniste sorte de dandy apeuré par les premiers signes de maturité et qui va s’humaniser en présence d’un enfant Charlie Bucket, – joué avec justesse par Freddie Highmore, – son jeune partenaire dans “Neverland” -.
Attention, nanar d’anthologie en ce moment sur CinéExtrême, le film sorti sous le titre de “Y a-t-il un pirate sur l’antenne ?” en juillet 1983, est diffusé ici sous le titre de “Superflic se déchaîne” et a connu en plus une diffusion DVD EN 2004 ! Le superflic c’est Paul Préboist, qui se nomme Harry Kossek, si vous aimez le charme suranné de l’humour de l’Almanach Vermot, vous allez vous régaler. L’autre inspecteur Harry arrive en fait à la 38ème minute du film, sinistre arnaque pour les amateurs de l’acteur !
Je fatigue, rien ne va en ce moment, je tente de m’abrutir en voyant la soirée Paul Préboist vendredi soir, sur CinéExtrême, deux nanars de haut vol, pire qu'”On a volé Charlie Spencer” de Francis Huster, c’est dire si c’est la forme ! – prochaine étape TF1 ! -. Aujourd’hui samedi au lieu de voir “L’avion” et “Charlie et la chocolaterie”, je file vers “Nouvelle-France”, réflexe d’ugecetiste – traduire par possesseur de la carte illimitée -, qui va voir le petit film sorti à la sauvette, ne devant, logiquement, rester qu’une semaine. Là arrive, une femme entre deux âges, avec une espèce de parfum mi-lavande, mi-naphtaline, douceâtre, écoeurant, le genre qui se parfume pour sortir. Elle aime à vous pourrir la vie, histoire d’exister un peu… Avatar, donc de la solitude qui est un joyeux drame, dans une grande ville aussi chaleureuse que Bordeaux – façon de parler, la température étant élevée, que l’on finit par regretter la pollution parisienne, si, si… -, mais c’est habituel de voir que dans une salle presque vide, une ésseulée vienne se coller à vous. Il y a t-il un sociologue dans la blogosphère ? Je compatis donc, et je ne vais pas me déplacer pour ça ! Et finalement cette petite gêne colle parfaitement au film, mélo larmoyant et pachydermique. Je fais l’expérience d’une guimauve en odorama, et c’est le seul intérêt de cette oeuvre indigeste. Suit le récit des grandes amoures contrariées, la petite histoire dans la grande histoire, gnagna – Québec, abandonnée aux griffes des Anglais, par les mauvaises grâces de Mme de Pompadour – c’est la toujours aussi belle Micky Sébastian -. Donc une pauvresse qui a eu sa fille à quinze ans et passe pour une sorcière car elle soigne les pécores avec des onguents, tombe amoureuse d’un local de l’étape riche héritier, mais voulant rester Français ! – non, mais ! -. Elle déclenche l’oeil noir de trois commères, dont la pauvre Monique Mercure, une des plus grandes comédiennes du cinéma canadien, et qui ici est réduite à l’état de figurante. 
“The nine lives of Tomas Katz” est un film anglais sorti en 2000, du cinéaste Ben Hopkins. Il n’y a ici aucun personnage au nom de Tomas Katz, ce qui annonce déjà un jeu de piste peu conventionnel. C’est une fable à la vision duquel on se demande si l’on n’a pris une substance psychotrope. Le postulat de départ est que l’éclipse solaire est en fait un signe annonciateur de fin du monde. Paco Rabane donne donc des idées de film. L’agité télévisé, sortant son numéro pathétiquement rodé atteignant les plus hautes sphères du ridicule. Pourquoi cet oiseau n’est-il toujours pas interné, mystère, mais au moins c’est évènement à au moins inspiré un artiste. A Londres, un vagabond sorti tout droit des “Trois lumières” de Fritz Lang – et d’une bouche d’égout -, prend possession des âmes et orchestre une sorte de Jugement Dernier, l’éclipse de 1999 étant un signe de fin du monde (Grand gourou Paco est passé par-là. C’est une oeuvre que l’on voit avec un certain sentiment de malaise, vu l’actualité tragique des attentats londoniens récents.