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CARNET TROUVÉ CHEZ LES FOURMIS (SUR IMDB)

IMDB : C’était 2000, « Les acteurs » de Bertrand Blier, viennent de sortir, évidemment le site incontournable pour un cinéphile est « Internet Movie Data Base ». Câblé depuis peu, c’est l’instrument idéal pour repérer le 36ème second rôle, scène 14, celui qui monte les escaliers dans un film hollywoodien de 1943. Mais côté français, c’était alors du très léger, les « Laurence » sont toutes créditées comme des acteurs !, pour certains films il n’y avait parfois qu’un seul nom d’acteur, par exemple Jean Gabin dans « Le drapeau noir flotte sur la marmite » de Michel Audiard, et rien sur le mythique – et unique film – de Jacques Martin « Na ! », etc… Et il y a une énormité de manques et une belle foule d’erreurs, volontaires ou non – Les membres de l’équipe du splendid crédités dans des films où ils ne figurent pas, et quelques mauvaises blagues -. Il y a peu d’informations sur les courts métrages et il y a deux ou trois téléfilms avant 1990, qui se battent en duel, « Les Perses » de Jean Prat, crédité comme un téléfilm américain ! ou un téléfilm de Serge Moati établit par un Allemand, deux titres de Jean-Christophe Averty et quelques séries recopiées d’un très bon livre de Jean-Jacques Jelot-Blanc.

J’envoie donc, alors, des informations, respectant la règle du crédit du générique, les autres figurant avec la mention « uncredited », pendant un certain temps ou un temps certain c’est selon… Et puis un jour on ne sait pas pourquoi ils commencent à prendre vos informations, sans interrogations, sans aucun échange, et de plus en plus rapidement, par regroupements sans doutes… Ils ont dû voir que j’étais un poil sérieux, de plus mon intérêt concernant les seconds rôles a fait que j’avais une mine d’informations, publiées – Les saisons cinématographiques,  les catalogues du CNC, génériques de vieux Télérama, Ciné-Revue – ou non. J’ai la fâcheuse manie de lister les génériques de films et de répertorier des éternels non crédités des génériques…

Et là c’est un boulevard qui s’offre à moi, IMDB devient une sorte de site perso, sauf que c’est la base la plus importante du monde… Il m’est impossible de savoir combien de temps j’ai passé sur cette base, je me dis que si un site à l’intelligence de se faire de l’argent avec les informations des internautes pourquoi pas. C’était à la base un site de cinéphile mais repris par le grand groupe « Amazon », pas de philanthropie donc -. Télérama avait publié un article très juste sur le sujet – il faudrait que je le retrouve… -,  comparant ces cinéphiles amoureux des listes, très justement à des fourmis. Chacun amenant sa petite pierre à l’édifice, dans un véritable travail de bénédictin,  avec une belle idée de partage. Il y a toujours une satisfaction à voir un internaute rajouter ensuite une information ou un commentaire à une fiche que vous avez créé. Notamment pour les télévisions, il y a toujours le douzième assistant du son, qui va rajouter son nom, omettant complètement ceux de ses collègues que ce qui me semble révélateur d’une certaine mentalité du cinéma français…

IMDB est donc devenu une sorte de monstre froid, un Moloch à nourrir, car il y a toujours quelque chose à faire, un court, un téléfilm recopié sur un Télérama consulté en bibliothèque, ou un téléfilm trouvé sur les sites de programmes TV – en rentrant ceux qui sortent largement avant la France en Belgique et en Suisse, pour des raisons de co-productions -… J’ai vu souvent des cinéphiles conserver ses propres informations pour soi, je me suis dit que c’était plus intéressant de les partager, le site restant gratuit -. De plus, l’anonymat qui me convenait parfaitement. Car les gestionnaires d’IMDB ne communiquent pas les noms des participants, hormis qu’ils vous citent désormais dans le « Top contributors » depuis 2003, sur le site. Le site évolue, et semble très compartimenté, il y a un responsable pour chaque rubrique – les titres étrangers notamment -. Certaines rubriques fastidieuses à compléter « guest-star » pour une série sont simplifiées depuis 20030 On peut depuis le début d’année dresser un générique complet d’un épisode de série. Il y a un forum pour les utilisateurs en cas de problèmes.

Reste que l’équipe du site s’ils acceptent volontiers vos infos, cloisonnent, ils refusent de communiquer la liste des autres participants, il y a peu de contact, sinon les rituels vœux de bonne année. Les 100 premiers, ont un accès gratuit à la version IMDP pro, – payante pour les autres -. Mais l’intérêt pour un non professionnel peut échapper et une ribambelle d’accusés réceptions des compléments, d’où l’intérêt de créer une adresse mail spécifique. Le seul message un peu personnel a été pour me demander si j’étais sûr de la participation de Myriam Mézières dans « La vie facile » un film de 1971, après un article, paru sur elle, dans « Les cahiers du cinéma ».

La participation à ce site peut apporter différentes satisfactions, le comédien Jean-Jacques Moreau me parlant d’un de ses amis lui ayant envoyé sa filmo venant d’ « Américains » et me citant des films dont j’avais créé la fiche comme « La soupe froide » (1974), et celle de revoir des informations reprises par des sites d’extrême orient. L’idée que ces informations sont consultables de n’importe quel coin du monde, est assez vertigineuse. Participer à une sauvegarde d’une certaine mémoire du cinéma, y compris des nanars, a tout de même sa petite importance. En créant, l’an dernier une fiche d’une série de courts-métrages « Mon meilleur Noël » en 1981, avec pléthore de débutants (Catherine Frot, Pierre Arditi, Robin Renucci, etc…), je me dis que peut-être telle « la madeleine de Proust » la lecture de la fiche réveillera quelques souvenirs émus chez quelques internautes.


Reste qu’il faut rester en vigilance constante, puis qu’atteint un certain seuil chacun peut aisément compléter la base, il y en a toujours un pour rajouter une erreur, de bonne foi : les catalogues de Raymond Chirat – non exempt d’erreurs – créditent à tort Henri Virlojeux dans « Horace 62 » et « Du grabuge chez les veuves » dans des rôles joués respectivement par François Darbon et Hubert De Lapparent, son nom revient régulièrement sur la base, ainsi que Françoise Arnoul, Brigitte Bardot et Roger Vadim dans « Le testament d’Orphée » (Jean Cocteau, 1959), noms figurant par erreur dans bien des dictionnaires.

. Il y a des petits malins qui s’amusent à mettre des erreurs, tel un inconnu – nom supprimé – qui figurait sous le personnage de « Le pute (sic) » dans tous les noms de films ayant « frite » dans le titre ! Si vous distinguez les homonymes, il y a trois Christian Barbier, et Georges Guéret n’est pas Georges Géret…, il y en aura toujours un peu pour refondre les noms. IMDB avait déjà fait mourir Gérard Brach, bien avant l’heure, ainsi que Luigi Comencini ! il serait trop laborieux de faire un listing exhaustif. Il suffit qu’un internaute rajoute la mentions mini à la série des « Vidocq » version Claude Brasseur, pour que la liste des « guests – vedettes invités » disparaissent. Donc on est toujours à la merci d’un autre indélicat ou non, plus les « bugs » fréquents comme Maurice Baquet qui avait un jour, complètement disparu de la base. Et l’erreur étant humaine, comme disait un de mes amis, si un jour je prenais un coup sur la tête, l’équipe du site continuerait à rentrer mes informations même si ça devient du parfait n’importe quoi.

On a bien compris que l’on doit une masse d’informations inédites aux internautes – je n’en connais que quelques autres, Jean-Marcel Erre, auteur du roman « Prenez soin du chien »,  Grégory Alexandre « ancien » nègre de Jean Tulard, la cinéaste Isabelle Broué et l’ami Jean-Louis Sauger… IMDB se garde bien de mettre tout ce petit monde en rapport, on ne sait jamais s’ils venaient à faire une base parallèle. Le site IMDB doit être une base de départ et n’est pas toujours fiable. Pour une filmographie ils datent à partir de la date de sortie par exemple, « Jet pilot / Les espions s’amusent » figure à l’année 1957, alors que le tournage date de 1950. Il est à déplorer une nouvelle catégorie de filmographes qui ne font que dresser des listes sans voir les films !, et vont dénigrer ensuite la base IMDB alors qu’ils ne font que du recopiage myope, ce qui est assez curieux. Autre exemple, pour un ami cinéphile participant aux « joutes du cinéma », je rentre régulièrement ses rôles et figurations, même s’il n’est jamais crédité à un générique… Résultat un figurant peut donc se retrouver bien placé dans un « Annuel du cinéma » par exemple, même s’il disparaît au montage. Certaines fiches restent mimalistes, comme celle de « Quand j’étais chanteur », où j’ai dû rajouter le nom de Jean-Pierre Gos, oublié alors qu’il y a un rôle important.

C’est donc en temps que « petite fourmi » et dans une idée de partage que j’ai pris l’habitude de travailler sur ce site, depuis plusieurs années maintenant. A l’instar du vieux garçon, décrit par Philippe Garnier dans l’article de « Libération » repris ici,  je tente de rentrer les téléfilms et des court-métrages, ce qui reste une goutte d’eau dans l’océan. Si jamais vous aviez des informations à me communiquer, surtout pour les dramatiques d’avant 1972, elles seraient bienvenues. Il y a aussi une interactivité salutaire, avec la base, puisque l’on peut rajouter de nombreux liens, histoire de faire connaître d’autres sites. IMDB doit donc beaucoup aux internautes et à quelques cas cliniques dont mézigue…

ARTICLE : LIBÉRATION

Zoom
IMDb, de la mine au filon
Il y a une quinzaine d’années, un étudiant lançait ce site cinéphile aujourd’hui incontournable.

Par Philippe GARNIER
mercredi 04 janvier 2006
Los Angeles correspondance

Cherchez trace d’un obscur film MGM dans lequel Robert Blake joue Corky, un mécanicien taré mais marié à CHARLOTTE RAMPLING (!) qui cherche à percer comme pilote de stock-cars, et bam, merci IMDb, non seulement vous apprenez que Ben Johnson, le transfuge de John Ford, était dedans, mais aussi plein de pilotes de course célèbres comme Jo Petty. Vous apprenez du même coup que, surprise, le film n’a plus jamais refait surface depuis sa sortie en 1972 sur le circuit des drive-in, et n’a jamais existé ni en VHS ni en DVD. Or on n’imagine pas vraiment la sortie imminente du coffret Robert Blake pour les fêtes («Kiss Kiss, Bang Bang, the Robert Blake Collection» ?). Et, IMDb étant réellement un site interactif, vous êtes immédiatement mis en contact avec un avocat texan défroqué qui ne peut pas CROIRE qu’on lui parle de ce film auquel il n’a pas songé depuis trente ans. «Non seulement je l’ai vu quand il est sorti, j’étais sur le TOURNAGE à Dallas, et sur le circuit de course près de Fort Worth…» Tout ça pour vous dire qu’il n’a pas de cassette du film.

Science et manies. Il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, la vie sans IMDb (www.imdb.com) , ou un monde sans ce site qui répertorie les plus infimes et futiles détails sur près de 471 000 films (du muet aux productions en cours), 1 200 000 personnes (du réalisateur au maquilleur, en passant par la distribution quasi complète), et enregistre plus de trente millions de visites chaque mois. On a autant de peine à se rappeler à quoi ressemblait le site, disons, au début 1996, quand on l’a découvert pour la première fois. L’entreprise existait depuis six ans sous forme embryonnaire, changeant aussi vite que les progrès techniques informatiques, mais venait de se mettre en société, sans pour autant améliorer son blase (Internet Movie Data Base, Ltd). On se souvient, après avoir frimé une semaine à peu de frais sur le plateau culture de Libé, dévoilant le clic magique aux collègues, et les répercussions. Le site n’avait alors pas grand-chose à voir avec celui d’aujourd’hui. Ses ressources étaient déjà impressionnantes, d’ampleur et d’exactitude, mais l’habillage restait spartiate.

A l’origine de ce succès industriel, il y a naturellement un cinéphage ou deux. Et tant qu’il y aura des vieux garçons, il y aura des listes. Qu’il s’agisse de rock ou de cinéma, le fanatique vieux garçon compile, classe, hiérarchise, compare. Col Needham était de ceux-là, un étudiant de Bristol (il a 38 ans maintenant) qui a un jour eu l’idée de mettre sa science au service de ses manies. Voulant partager ses génériques et ses listes avec d’autres fadas de la même eau, Needham, en octobre 1990, a commencé un newsgroup sur Usenet, un des réseaux préhistoriques, pré-World Wide Net, surtout connus des hackers et étudiants. L’entreprise de ces premiers chrétiens avait un nom encore plus tartignole, rec. arts. movies movie data base, trahissant bien ses origines boutonneuses et universitaires. C’est d’ailleurs l’université de Cardiff qui a un temps abrité cette banque de données en formation, jusqu’à ce que la demande d’espace explose, malgré la création de sites miroirs aux Etats-Unis et Royaume-Uni.

En 1993, révolution Number Nine : Needham adapte son site au Net et adopte une interface e-mail permettant une interactivité simple et essentielle au développement d’IMDb : il est désormais possible à tout utilisateur de corriger les fautes, ou combler les lacunes, sans avoir à jouer les cyber-Sherlock pour trouver à quel collaborateur du site s’adresser. Car c’est là la force de cette confrérie frapadingue, et la fascination qu’elle provoque : encore aujourd’hui, le bureau de Seattle qui lui sert à la fois de façade et de raison sociale, ne loge qu’une vingtaine de ses cent employés. Les autres, y compris le patron, sont dans le cyberspace. Needham, qui réside toujours à Bristol, n’a rencontré ses premiers collaborateurs qu’en 1996, une fois la décision prise de se mettre en société. Et encore aujourd’hui leurs noms demeurent secrets, provoquant toutes les curiosités.

Shazam ! Quand on demande à Kevin Brownlow, un des plus célèbres spécialistes du cinéma muet, s’il a un jour été «recruté», il rétorque qu’il n’a même pas l’Internet. Mais l’identité des contributors est devenue d’autant plus cruciale que le site a changé de peau du tout au tout, du jour où Needham a rencontré Jeff Bezos, en 1998. Le fondateur d’Amazon.com envisageait étendre son empire au-delà du livre ­ vendre du contenu audiovisuel. IMDb lui semblait être un support essentiel pour s’ouvrir le marché vidéo naissant. Non seulement IMDb vous indiquerait si le film existe en VHS ou DVD, et dans quel pays, mais vous seriez désormais à un clic du magasin, et à deux du chariot. Shazam ! Needham et ses mystérieux actionnaires ont accepté de se laisser acheter par Amazon, Bezos leur ayant assuré leur complète autonomie.

Mais, bien au-delà de l’habillage plus jazzy et des banderoles publicitaires, IMDb a irrémédiablement changé. L’utilisateur est aujourd’hui constamment confronté aux promos de toutes sortes, et aux «si vous avez aimé ceci, vous aimerez cela» (attrape-con si familier des piégés d’Amazon) ; invité de plus à participer à toutes sortes de referendums tarés, le meilleur de ci, le pire de ça, «et qu’en pensez-vous ?». C’est-à-dire, comme sur les télés du monde entier, le travesti de l’interactivité, en réalité l’invitation à la passivité.

Collusion. De la caverne des cent un nunuches qu’il était, IMDb est devenu un emporium de zombies qui se croient obligés de tartiner leur ego et leurs opinions sur tout. Si IMDb a perdu de son intégrité et de son exactitude (encore très remarquables, par les temps qui courent), c’est que le site est phagocyté par les blogueurs, ragoteurs et poseurs de canulars et autres véroles de l’époque. Mais aussi, plus grave, une grande partie d’IMDb est devenue une version en ligne de Variety ou du Hollywood Reporter, avec l’avantage d’être gratuit (mais une version «pro» payante existe aussi). Comme les magazines professionnels, le site est désormais truffé d’infos plus volontaristes qu’exactes ­ surtout en ce qui concerne les films en production, ou simplement «annoncés». Il est souvent utile pour un producteur d’annoncer un projet avec telle ou telle vedette, même si c’est du pipeau complet.

Et on retrouve aujourd’hui sur IMDb la même collusion insidieuse corporatiste qui a toujours fait les choux gras de Variety. Par exemple, si vous explorez le site au sujet de Capote, aucune mention n’est faite de l’AUTRE film sur l’écrivain, fait cette année aussi, et sur la même époque de sa vie (celle de De sang froid). C’est seulement si vous cliquez sur le titre du film, Infamous, que vous apprenez que Warner a un pareil oiseau sur les bras. Warner et Sony Classic ont probablement depuis conclu un pacte et décidé d’espacer et désassocier le plus possible les deux films. Mais ce silence radio, même par simple omission, est preuve que Hollywood peut encore tenir le couvercle sur quelques infos gênantes ou inopportunes. Et que, indépendance ou pas, IMDb roule surtout pour la promo des films. Maintenant, cliquez sur «cet article vous a-t-il été utile ?» Mais auparavant, n’oubliez pas de vous enregistrer et de participer au référendum de l’article le plus con de l’année.

CHANGEMENT D’HERBAGE, REJOUIT LES VEAUX…

« Le coin du cinéphage » prototype du blog foutraque est né en mars 2005, chez un autre hébergeur. Tout allait bien, mais la plate-forme a hélas fortement pâti d’une migration non préparée en janvier dernier, pour d’obscures raisons de sécurités. Les promesses n’engageant que ceux qui les reçoivent, comme le disait si bien l’ineffable Charles Pasqua, me voilà à changer d’herbage, après 9 mois à devoir vivre avec un électroencéphalogramme presque plat. Rien ne va fondamentalement changer sur le contenu, la platitude et les lieux communs régneront toujours en maîtres, mais l’ergonomie est ici beaucoup plus probante. Certaines rubriques vont être rapatriés ici…

Samedi 21 octobre dernier, c’était le 20ème anniversaires des joutes, à Toulouse. C’est l’occasion pour quelques amis cinéphiles de se retrouver pour discuter cinéma, se livrer à un petit jeu, loin des affres de la médiatisation. Cette association est née, suite à des retrouvailles d’anciens candidats du célèbre jeu de Pierre Tchernia, lors d’une émission spéciale. J’avais déjà relaté les précédentes éditions dans une note du 12 juin 2005. Désormais, cette réunion est à une période charnière de son histoire, mais il y a désormais un forum de rencontres: http://joutes-cinema.aceboard.fr/ , ou vous retrouverez des amoureux du cinéma très érudits, il est très rare que les questionnaires proposés ne trouvent pas une réponse, tant chacun a son époque de prédilection, ces coups de coeur. Les conversations fusaient, chacun rebondissant sur une réflexion. Le gagnant est à nouveau cette année l’ami Claude Baugée, qui a désormais son blog également chez « Canalblog », http://eeguab.canalblog.com/, Je l’ai suivi en voyant que ce cadre me correspondait mieux, suivi d’un basque au nom imprononçable et de Jackie Martel, collectionneur enthousiaste et que l’on retrouve souvent dans la foire des « Cinglés du cinéma », qui se déroule en début d’année à Argenteuil. Pour vous donner un petit goût à cette manifestation, je vous propose mon questionnaire, vous retrouverez les réponses dans le commentaire. La moyenne générale est de 8. Le forum des « Joutes » devrait désormais continuer à animer notre passion commune, vous pouvez nous retrouver, il suffit juste de s’inscrire.

Politique et cinéma :

1. Dans quel film, sorti en 1961, d’Henri Verneuil, avec Jean Gabin et Bernard Blier, retrouve t’on ce dialogue de Michel Audiard « Je suis un mélange d’anarchiste et de conservateur, dans des proportions qui restent à déterminer ».

2 Qui joue le rôle du président de la République de la France, dans « Les œufs brouillés » (Joël Santoni, 1975).

3 Titre du film militant de 1936, commandité par le Parti Communiste Français, pour s’opposer à la montée de groupuscules fascistes, et réalisé notamment par Jean Renoir, Jean-Paul Le Chanois et Jacques Becker..

4 Qui joue dans « État de siège », de Costa-Gavras, en 1972, le conseiller américain, Philip Michael Santos, enlevé à Montevidéo par un groupuscule révolutionnaire, les Tupamaros. 

5 Dans « Good night and good luck » de George Clooney, sorti en 2005, qui tient le rôle du sénateur Joseph McCarthy.

6 Film italien de 1973 de Mario Monicelli, avec Ugo Tognazzi, Claude Dauphin et François Périer, où un député et d’anciens généraux fascistes, fomentent un coup d’état.

7 Quel est le nom du réalisateur d’ « Ogro » (1979), où Gian Maria Volonté joue un terroriste basque, et qui vient de mourir en octobre.

8. Titre d’un film français de 1955, de Paul Carpita, sur des tensions avec des dockers marseillais, et qui fut interdit. Le film fut finalement diffusé en 1990, grâce à la réapparition de l’unique copie existante confisquée par la censure politique.

9. Film de Pascal Aubier, tourné en 1970, où Alain Cuny joue le rôle d’un révolutionnaire de salon, avec Bernadette Lafont et Fabrice Luchini.

10. Qui joue « Norma Rae », Martin Ritt (1977), une ouvrière qui lutte pour obtenir de meilleures conditions de travail, dans une usine de textile.

11. Titre du film de John Frankenheimer de 1964 , avec Burt Lancaster, Kirk Douglas et Frederic March, où un général, hostile à la politique de désarmement du Président des Etats-Unis, prépare un putsch..

12. Nom du réalisateur de « L’ombre rouge » (1981), avec Nathalie Baye, Claude Brasseur et Jacques Dutronc, sur la lutte indirecte des communistes français dans « La guerre d’Espagne ».

13 Film espagnol de Juan Antonio Bardem (1979), où l’on retrouve les interprètes français Madeleine Robinson et Jacques François, traitant de la tentative de coup d’État fomentée par les nostalgique du Franquisme en 1977.

14. Quel comédien, décédé en juillet dernier, joue le rôle d’Harry M. Rosenfeld, rédacteur en chef du journal où travaillent Dustin Hoffman et Robert Redford, dans « Les hommes du président » d’Alan J. Pakula (1976) et qui joue dans « Bulworth », joué et réalisé par Warren Beatty, en 1998, où un sénateur suicidaire fait ses discours en rappant et se met à dire la vérité.

15. Nom du co-réalisateur de la période politique des films de Jean-Luc Godard, membre du groupe « Dziga Vertov », pour notamment « Vent d’Est » (1969), « Vladimir et Rosa » (1971), « Tout va bien » (1972)… .

EN ATTENDANT EDY

Photos : source Tournage d’Edy

Vendredi soir, j’appelle François Berléand qui est ce soir là aux Sables d’Olonne, venu pour défendre Edy, malgré son épaule cassée, mais ce n’est pas le genre à se plaindre. J’avais demandé à  Guillaume Canet d’évoquer, lors de l’avant-première de « Joyeux Noël »,  l’épaule cassée de François Berléand au cours du tournage à Orly de son film « Ne le dit à personne ». C’était le mercredi 19 octobre, à 2 heures du matin… Bon camarade, l’acteur a précisé que dans une scène où il devait courir, François Berléand exténué, s’est donc – je cite – « écrasé comme une merde », le choc a été assez violent puisque l’équipe de réalisation, a entendu de loin un craquement de l’épaule du comédien. Pourtant il a continué le lendemain à tourner, même si les assurances autorisaient de différer le tournage d’un mois et demi.

Il se démène avec ce film « Edy » signé Stephen Guérin-Tillié, parfois dans des promos assez improbables de son ami Christophe Dechavanne, dans l’émission « Le certif », où il plaisante avec Patrick Bosso et Ophélie Winter, et se fait battre par… Élodie Gossuin, nouvelle bécasse prête à tout pour se faire connaître – politique + la ferme + présentation de l’émission la plus trash du moment sur la chirurgie esthétique dans une sous-6 (pas de Strasbourg, TF6 en fait). Il se fait vanner par Frédérique Bel dans « La minute blonde » sur Canal + et par Laurent Baffie dans « Tout le monde en parle »… Il a énormément d’humour et encore plus dans la vie. Il se désole de la réaction de la critique et de l’accueil un peu froid, pourtant c’est pour lui son meilleur film… Dans ses jugements il ne se trompe pas en général, il a une grande lucidité sur son métier. Je l’ai rencontré sur l’avant-première bordelaise des « âmes câlines », un spectateur me disait qu’il était décomposé quand j’avais fait un compliment sincère sur lui. Bref je l’admire beaucoup, et de le connaître un peu ça n’a rien arrangé. Non content de m’avoir invité au théâtre pour ses deux dernières pièces, j’ai assisté à un jour de tournage sur « Mon idole », la dernière scène de confrontation avec Guillaume Canet, tournée dans un lycée de Levallois-Perret, car il est impossible d’avoir une autorisation de tourner une scène de suicide sur Paris ! Je reviens enchanté, avec l’impression depuis d’avoir assisté à une sorte d’envol pour lui – en même temps qu’un saut simulé dans le vide -. Je pensais qu’il changerait avec son arrivée dans la popularité, il n’en est rien, il est resté simple, disponible et a même gardé son même numéro de portable. Depuis j’ai assisté à un tournage de Claude Chabrol grâce à lui, le rêve quoi.

François Berléand & Cyrille Thouvenin

En octobre 2004, un an tout juste, j’ai également vu deux jours de tournage d' »Edy » qui s’appelait alors « Requiems ». C’est d’autant plus appréciable, que je ne suis rien du tout, et petit provincial, je ne tenais d’ailleurs même pas cette chose insipide qui fait figure de blog. Depuis il me présente comme un dingo qui est resté une nuit entière à le voir se faire agresser dans un R.E.R., par trois vauriens. J’arrive devant un car loge, et je rencontre Stephan Guérin-Tillié les cheveux ras est très convivial, on parle du film de Steve Suissa « Le grand rôle » avec également François Berléand, film que j’ai beaucoup aimé, et il déplore un échec relatif au box-office. Je viens avec le drolatique libre de George Sanders « mémoires d’une fripouille » retrouver François Berléand toujours avenant. Il me présente Cyrille Thouvenin, tête rasée, très sympathique, ils se connaissent bien, il jouait son père dans « Les parents terribles ». Ils évoquent quelques souvenirs avant d’attaquer une scène assez difficile d’agression dans un train de banlieue. Edy Saïovici – nom en hommage au directeur du théâtre Tristan-Bernard – est un assureur trouble, défait il se fait chahuter par un trio de jeunes composé de Cyrille Thouvenin donc, Richaud Valls et Hubert Benhamdine – habitué des trains puisqu’il était dans la série « Le train » sur Canal +. Un wagon roulant est transformé pour accueillir toute l’équipe. Durant toute la nuit, le temps de plusieurs allez-retour, la mise en scène au cordeau est tenue de main de maître par Stephan Guérin-Tillié qui aidé du professionnalisme du chef opérateur Christophe Offenstein – que j’avais déjà vu sur le plateau de « Mon idole ». La scène se tourne une partie de la nuit, la tension monte rapidement entre les personnages et culmine sur un quai où Edy se fait violemment tabasser tourné en un plan séquence. Cette scène est particulièrement difficile pour François Berléand, le metteur en scène la voulant d’un seul tenant et sans la découper. S’il est vrai qu’il se définit souvent comme « un petit soldat » il se pli aux exigences du metteur en scène, jusqu’à arriver à la perfection. Harassé, il continue patiemment même s’il le faux sang coule et qu’il n’y a plus de chemise de rechange. J’assiste donc à une expédition incroyable avec des assistantes parties dans des recoins sombres du métro, pour trouver un robinet d’eau froide pour nettoyer les tâches parasites.  François repart exténué pendant que le trio rigolard continue à courir pour des plans de coupes. Curieux souvenir d’un tournage de nuit dans un métro parisien.

Stephan Guérin-Tillié & François Berléand

Second jours, on part vers une ville de la banlieue parisienne dans la Seine et Marne. Dans une zone industrielle, se tourne des scènes du bureau d’Edy. Toujours pince sans rire, François Berléand continue à plaisanter allégrement, faisant croire à l’équipe du tournage que le plateau voisin « La star’ac » se plaint que l’on utilise ses lignes par biais des talky-walkies, la bonne humeur règne toujours avec lui. Un hangar aménagé en bureau est le petit théâtre des opérations, Pascale Arbillot joue la secrétaire d’Edy. Cette lumineuse comédienne a une belle scène d’émotion face à un Berléand amoché qui reste imperturbable. Stephan Guérin-Tillié qui est aussi acteur, reste vigilant pour le jeu de ses ouailles. Un malencontreux bruit fait par une équipe un peu dissipée et il y a une disposition compliquée avec un aquarium, empêche malheureusement d’utiliser un grand moment d’émotion de la comédienne. Il enrage car il sait qu’il est difficile de retrouver parfois une intensité d’émotion, à cause d’un manque d’attention de l’équipe. Son expérience de comédien est suffisamment solide pour avoir une empathie avec ses congénères. A l’instar de Guillaume Canet, il impressionne par sa volonté de bien faire, de créer un univers singulier et pour être à la disposition de tous. En tant que spectateur d’une scène, on peut difficilement augurer du résultat final, mais gageons qu’ici le résultant final ne peut qu’être probant. Pour plus d’informations retrouvez le lien : Tournage d’Edy, du site de Stephan Guérin-Tillié.

COPINAGE

Amis Parisiens vous êtes des veinards : L’Etrange festival, au Forum des Images, Châtelet-les-Halles, 75001, se déroule jusqu’au 13 septembre. Ayez une pensée émue pour vos amis provinciaux sinistrés. Pour ma part ce blog fait une pause momentannée, ce qui présente l’avantage de vous éviter nombre de lieux communs et platitudes multiples mais ce n’est que partie remise…

Programme complet sur : L’étrange festival et Seconds couteaux.

ARTICLE : LIBÉRATION

Pépites de l’Etrange
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La quatorzième édition du festival décalé présente à Paris raretés décervelées et curiosités exquises par Philippe AZOURY et Alexis BERNIER
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mercredi 31 août 2005 (Liberation – 06:00)

Amis de l’oblique et du trash en goguette… ton festival chéri est de retour. Avec treize éditions aux compteurs et par ces temps de retour du rock et du film d’horreur, plus personne ne conteste l’intérêt d’un festival tournant le dos au bon goût. Depuis 1992, l’Etrange festival, créé dans la confidentialité par Gilles Boulanger, Frédéric Temps et Yves Montmayeur (parti depuis), peut s’enorgueillir d’avoir réhabilité l’enfer de la cinéphilie : des Japonais ecchymosés (Wakamatsu, Ishii, Miike, Masumura…), des Italiens au ketchup (Bava, Brass, Lenzi…), des Espagnols enchnoufés (Eloy de la Iglesia), des Mexicains satanistes (José Mojica Marins) ou des Amerloques paranoïaques (Norman Mailer, Kenneth Anger, Larry Cohen…) ­ le tout entrecoupé de performances goûteuses telles que l’homme qui faisait «l’anus solaire» ou la femme qui moulait sa vulve dans du chocolat (avant dégustation collective).

Maintenant, de semblables débordements ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval. On n’exhume pas tous les ans un visionnaire dérangeant sinon dérangé. C’est sans doute pour cela qu’est né l’an dernier l’Etrange musique, un surjet sonique pour retrouver la flamme des débuts (cette année, Durutti Column ou Red Crayola ­ on y revient ).

Sur le papier, cette nouvelle édition ne s’annonce pas forcément la meilleure. Il n’est pas certain par exemple que l’Allemand Christoph Schlingensief soit autre chose qu’un gros malin. Freakstars 3000, sa parodie des programmes décervelants de la maison Endemol, mêlant handicapés mentaux et téléréalité, ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Et ses «hommages» à Fassbinder, Pasolini ou Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse allemande) ne dépassent pas le pastiche outrancier fatigant à regarder. Signalons néanmoins la diffusion de son Hitler, la dernière heure (1989), qui devrait servir d’antidote à la (malheureuse) Chute.

Quant à la thématique «Autodéfense USA», allant du très malsain Droit de tuer au très new wave Class 1984, en passant par le multi-diffusé Justicier de New York, elle ne sent pas très bon. Surtout accompagnée d’une seconde thématique, consacrée à l’esclavage, sans doute pour souligner l’avant-première du Manderlay de Lars Von Trier.

Néanmoins, c’est la règle à l’Etrange festival : il ne faut pas avoir peur de se salir les mains pour extirper quelques pépites. Suivez le (s) guide (s) :

Labyrinthes imaginaires, de Shuji Terayama : anthologie en quatre volumes de quinze années d’activisme erotico-anar (l’Empereur Tomato Ketchup…), célébré en son temps par les Cahiers du cinéma, avant dégringolade dans la pantomime façon Avignon off.

Mondo Hollywood : extension psychédélique des documentaires «tabloïd» qui pullulaient dans les années 60 (Mondo Cane…) dans sa version intégrale. Le buvard comme si vous en preniez.

Hommage à Udo Kier : en présence de l’acteur au yeux d’acier, fils caché de Klaus Kinski et Helmut Berger.

«Carte blanche à Jean-Pierre Turmel» : grâce soit rendue au créateur du fanzine-label visionnaire Sordide sentimental pour son impeccable sélection, allant de Roberte (adaptation fétichiste de Pierre Klossowski) à X-Tro (remix electro de Rencontre du troisième type par un Anglais disparu depuis), sans oublier l’incunable Impressions de la Haute-Mongolie, de Salvador Dalí.

Karel Zeman : la République tchèque est honorée d’une quasi-intégrale du «Méliès de Gottwaldow» (1910-1989).

Démons contre fantômes, de Koruda Yoshiyuki : datant de 1968, un des fleurons de la rétrospective «Histoire de fantômes japonais» avec des spectres en peluche sortis du Muppet Show.

The Great Ectasy of Robert Carmichael, de Thomas Clay : découvert à Cannes où sa beauté froide a fait sensation, l’une des nombreuses avant-premières, signe que le festival, complet presque tous les soirs, est devenu une rampe de lancement. A ne pas rater non plus, The Piano Tuner of Earthquakes, des maniéristes frères Quay.

Massaker, de Monika Borgman, Lorkman Slim et Hermann Theissen : un documentaire libanais ou à la façon d’un exorcisme collectif. Le massacre de Sabra et Chatila conté par ses bourreaux trouvera-t-il, à l’Etrange festival, les oreilles historiennes à qui il s’adresse en priorité ? De même, Gloria Mundi, restauration du film de Nico Papatakis sur la torture en Algérie, quittera le registre du décalé pour une expérience autrement éprouvante.

To be continued…

RETOUR A YUMA

Conscient de mes limites et de la futilité de ce blog, salmigondis peu digeste et support idéal quand on n’a pas de prétention littéraire, j’ai au moins la petite satisfaction d’être le petit catalyseur d’un site prometteur : RETOUR A YUMA. Son créateur, Jean-Louis Sauger veillant très tard, il a dû trouvé ce titre à 3h10 (arf ! arf !). On causait beaucoup sur le forum des SecondsCouteaux.com, j’avais pris le pseudo du Compilateur, à cause de mon temps passé à alimenter la base de données d’IMDB et lui, celui de Gashade, en hommage à Warren Oates, l’un de ses comédiens de prédilection. 

A l’affiche Mes dates clés par Monte Hellman dans Libération mercredi 15 juin 2005

« 1937. A 5 ans, je suis si peureux et timide que mes parents décident de m’inscrire dans une classe d’initiation d’un cours d’art dramatique de Los Angeles. Ce qui était destiné à me donner un peu de courage et d’assurance m’a mis, en fait, le théâtre dans le sang. Je me suis senti comme mon héros de l’époque, W.C. Field, qui répétait à l’envi dans un de ses films : «Je suis marié à une superbe blonde…»

1952. Je finis mes études d’art dramatique et d’art visuel à UCLA, l’université de Los Angeles, quand je décide de faire un tour d’Europe. Six mois de bonheur et de découvertes : le cinéma en Angleterre, les intellectuels en France, l’art en Italie.

1953. Je rejoins comme acteur une petite troupe de théâtre à Greenville, en Californie, la Stump Town Company. A 21 ans, j’y joue, puis bientôt j’y dirige mes premiers spectacles.

1956. Un des membres de la troupe dégote un travail de monteur à Hollywood, pour les Artistes associés, mais il ne peut pas l’honorer, au dernier moment, à cause d’un autre engagement. Il m’offre sa place, que j’accepte avec l’enthousiasme du néophyte et la crainte de me faire dévorer tout cru par le système. Je travaille quelques mois comme un damné, sur des films dont j’ai tout oublié, même le titre, mais dans le laboratoire même où avaient été enregistrés les premiers sons du cinéma, pour le Chanteur de jazz.

1957. Avec ma troupe, je monte En attendant Godot, de Beckett, mais comme un western : Pozzo est un cow-boy du Texas et Lucky, un Indien. C’est un gros succès et un beau scandale.

1958. Toujours du montage, mais pour des cinéastes qui commencent à me marquer, autant par leur métier et leur amitié chaleureuse que par leur talent : Roger Corman, le pape de la série B, Harvey Hart, Phil Karlson, Sam Peckinpah.

1959. Roger Corman me propose de tourner moi-même mon premier film, bien évidemment une série B d’horreur, The Beast from Haunted Cave. A Hollywood, faire un film d’horreur est définitivement un péché et j’en suis très fier. J’ai la chance de travailler avec des acteurs géniaux. Cette expérience m’a profondément transformé : les films se font d’abord pour les acteurs que l’on dirige. Et c’est quand ils deviennent des amis que le film a le plus de chances d’être bon.

Eté 1960. C’est une coïncidence, mais elle est à la fois extraordinaire dans ma vie et productive pour mon travail : à quelques semaines d’intervalle, je lis Camus, l’Etranger, et je rencontre un jeune acteur inconnu sur le tournage d’un film de Corman, The Wild Ride : Jack Nicholson. Albert Camus, c’est une vision du monde qui m’explique soudain la manière dont je vois moi-même les choses. Nicholson, c’est une longue collaboration sur cinq films, dont mes deux westerns tournés coup sur coup dans l’Utah, The Shooting et l’Ouragan de la vengeance, où il donne aux films sa tension nerveuse.

1963. Naissance de ma fille, Melissa. A la clinique, dix minutes après l’accouchement, quand on me la confie dans les bras, le médecin lance, en comparant nos deux têtes : «Difficile de dire lequel est le bébé, lequel est le père…» L’expérience qui m’a le plus impressionné dans la vie.

1964. Au Player’s Ring Theater de Los Angeles, je remarque un acteur formidable dans une pièce prenante, Vol au-dessus d’un nid de coucou. C’est Warren Oates, qui va bientôt travailler avec Sam Peckinpah, puis avec moi : nous ferons quatre films ensemble. Avec Nicholson et lui, nous avions l’impression de former un trio irrésistible : être les rois du monde.

1966. Naissance de mon fils, Gerry. A ce moment-là, je tournais The Shooting. Il est très vite venu sur le tournage. Agé de quelques jours, il s’est tourné vers la caméra et lui a fait un signe.

1968. Rencontre avec Rudy Wurlitzer, l’écrivain de Nog et le scénariste qui me manquait pour aller plus loin. Nous écrivons tous les deux Macadam à deux voies, avec l’idée de croiser plusieurs choses : le paysage américain, les habitudes des jeunes gens, une course de voitures et l’esprit d’En attendant Godot. Comment faire une course où il ne se passe rien, une course la plus ralentie possible ?

1971. Tournage de Macadam à deux voies, dans une continuité absolue : l’histoire, c’est la durée d’un film. L’expérience la plus intéressante de ma vie. Les acteurs n’avaient pas lu le scénario et c’est comme si, sur le tournage, ils avaient été dans la vie. Ils ne savaient rien de ce qui allait se passer le lendemain. Je leur donnais les pages et les dialogues juste avant la nuit, mais ils ne les lisaient même pas. Car ils se sont mis à jouer le jeu au-delà de ce que j’espérais. Ce film reste pour moi comme une aventure, même s’il a été complètement sacrifié à sa sortie par le studio Universal. Soit le début et la fin immédiate de mon âge d’or hollywoodien !

1978. Je tourne en Espagne China 9, Liberty 37, mon «paella western» avec Warren Oates. C’est pour moi la découverte d’un pays et d’une culture : après la mort de Franco, il y eut là un clash inédit entre l’histoire et la modernité politique, et j’ai eu la chance d’en être le témoin. C’est un conflit fascinant et un pays que je continue d’aimer plus que les autres.

1991. Un jeune homme, fou de cinéma et qui a vu tous mes films, propose au studio un scénario qu’il aimerait que je tourne. Le cinéphile, c’est Quentin Tarantino et le scénario, Reservoir Dogs. Je le rencontre et je suis très impressionné par sa volonté, son savoir sur le cinéma et la vitesse hallucinante de sa parole. Il lui faudra quelques semaines, et un premier succès comme scénariste, pour prendre confiance et s’apercevoir qu’il veut diriger lui-même Reservoir Dogs. Même si j’ai été déçu de ne pouvoir travailler sur ce film, j’ai compris la décision de Tarantino. Nous sommes restés amis.

2005. Travail sur mon prochain film, Trapped Ashes, un film d’horreur à sketches que je dois mettre en scène aux côtés de Dario Argento et de Tobe Hooper. J’espère qu’il s’agit du début d’un nouveau chapitre dans ma vie de cinéaste. »

Il est bizarre de sentir des affinités, via la virtualité du web, une espèce d’amour commun du cinéma, du nanar décalé, des seconds rôles… Je finis donc par le rencontrer, via une visite à la capitale, magie du web… On commence rapidement une conversation, avec l’impression de continuer celle de la veille, alors que l’on ne se connaissait pas. Je finit par voir son grand oeuvre, un dictionnaire des grands seconds rôles américains, illustré par des captures d’écrans, je jubile à l’entendre parler de sa correspondance avec Jean-Patrick Manchette – « Les yeux de la momie » fait partie désormais de mes livres de chevets – ou des rôles de chacun, du – selon sa formule – « … type qui se gratte le nez au fond de la pièce, et vole la scène » .

Jean-Patrick Manchette en 1966 par son fils Doug Headline

source : Mollat

Suit une énorme frustration, de ne pas avoir son livre, dans ma bibliothèque, qui figurerait dans les incunables, mais oh joie, l’ami Jean-Louis a élaboré ce site, et désormais vous pouvez tous goûter à de l’humour de ce fils spirituel de Jean-Patrick Manchette, son excellente analyse des mauvais films. Vous pouvez donc désormais le mettre dans vos favoris, vous ne le regretterez pas !

Deux films de Monte Hellman, sortent à Paris et en province – Utopia à Bordeaux par exemple -, c’est l’occasion d’illustrer l’ouverture du site de l’ami Jean-Louis. Bon vent !

LES 19EME JOUTES CINEMATOGRAPHIQUES

The idle class / La classe oisive

Imaginez un petit groupe d’une quinzaine de personnes, traverser la France, venir à Grenoble, ville superbe, riante de soleil, pour aller s’enfermer une journée entière dans une grande salle assez sombre…

Est-ce un petit groupe obscur fomentant quelques complots, comme le retour de Danièle Gilbert sur le petit écran ? une mystérieuse secte adorant un gourou, acteur charismatique américain ?, des politiques préparant un coup d’état militaire à l’aide de trombones, Alexia Laroche-Joubert, préparant sa prochaine immondice pour Endémol ?. Et non, c’est pire, ce sont des cinéphiles en goguette.

Avec mes camarades, nous avons donc participé aux 19ème joutes du cinéma. L’esprit, retrouver l’esprit du jeu de Pierre Tchernia, « Monsieur cinéma », chacun prépare un questionnaire de 15 réponses, il a souvent un thème précis – la cécité au cinéma, en ce qui me concerne, les boissons, Les heures, les insectes, les villes, Jules Verne, les membres d’une famille, Marie-Antoinette, les enfants vedettes d’Hollywood, années 30/40, etc…- .

Le premier invité, en 1986 était Dominique Zardi, de mémoire – ne connaissant les joutes que depuis 2002 – il y a eu Blanchette Brunoy – dont le chaleureux souvenir a été évoqué -, Pierre Tchernia, bien sûr, Marcel Bluwal, Denys de la Patellière, Jean Parédés, Françoise Brion, Jacques Dumesnil, Alexandra Stewart, Howard Vernon, Jean Marais etc… Cette année, c’était Bertille Noël-Bruneau, touchante et souriante, héroïne de « La petite chartreuse » de Jean-Pierre Denis, venue avec sa mère.

C’est une initiative du chaleureux Joël Attard, personnalité bien connue des cinéphiles toulousains. La grande force des « Joutes », c’est d’exister en petit comité, loin des spots médiatiques, retrouver la même langage et un esprit bon enfant, sans subir un mauvais esprit de compétition. Les grands gagnants cette année sont Claude Baugée, suivi de prés de David Salfati – deux pointures !- , les questions se posent dont toute la journée – donc ici ce samedi 11 juin 2005 -, histoire de sonder votre érudition. C’est assez amusant de ne pas retrouver un titre que l’on a vu, alors que l’inverse…

Pour terminer la soirée, grâce à un invitation du directeur de la cinémathèque de Grenoble, précédant le film sénégalais « Mossane », film de Safi Faye de 1996, nous avons vu « The Idle class / La classe oisive » de Charles Chaplin. Force est de constater, que ce chef d’oeuvre de Charlot, a gardé sa drôlerie – il fallait entendre le rire de quatre enfants, présent ce jour là, c’est absolument indémodable -.

Je termine, en rendant hommage à Éric Moreau, l’un des joueurs, passionné par le cinéma américain, ancien garde républicain, il a traversé « Le miroir », pour vivre sa passion, en devenant intermittent du spectacle. Il est capable de discuter avec Quentin Tarantino, venu voir deux films d’Hugo Fregonese à la Cinémathèque, et de dédicacer un livre parlant de Charles Vanel à un Jean-Paul Belmondo ébaubi, sur le tournage de « L’aîné des Ferchaux ». C’est un passionné survolté, venu hier avec son fils, on pourra le voir dans « The pink panther », « Enfermés dehors », « Grabuge », « Fauteuil d’orchestre », etc…, en silhouettes et rôles parlants.

Cet esprit ludique perdure donc, c’est agréable de se narrer diverses histoires, on se sent moins seul d’avoir une passion réservée pour des happy-fews. L’année prochaine, il y aura le vingtième anniversaire à Toulouse, c’est une institution de discrétion, un pur bonheur, si vous êtes intéressé pour nous rejoindre, n’hésitez donc pas en juin 2006.

PHILIPPE GARREL

 Demain, c’est la première diffusion du beau film de Philippe Garrel « La naissance de l’amour », sur Cinéculte à 22h20, avec l’admirable Lou Castel.

J’apprécie beaucoup l’univers de Philippe Garrel dont je ne connais que quelques films : « Le révélateur « , »J’entends plus la guitare », « Le cœur fantôme »,  » Le vent de la nuit », notamment en collaboration avec Marc Cholodenko. « J’entends plus la guitare » m’a beaucoup marqué, l’admirable Benoît Régent y était prodigieux et c’est un de mes films de chevet. La beauté esthétique de ses films est étonnante…

J’ai une anecdote sur Philippe Garrel, c’était lors d’une avant-première du film « La naissance de l’amour », justement en 1993 au cinéma « L’Arlequin » présenté par Claude-Jean Philippe. Il y avait beaucoup de monde ce dimanche matin là, à « l’heure de la messe », Jean-Pierre Léaud présent ce jour là, avait disparu très vite, fidèle à sa réputation…

Malchance pour moi, arrivé au niveau de la caisse, il n’y avait plus de place. C’est alors que M. Garrel a décidé de me faire rentrer et de ce fait de rester debout durant tout le film pour laisser un cinéphile de plus voir son film. Je me souviens de sa silhouette dans l’obscurité de la projection, culpabilisant de le voir debout… J’ai discuté ensuite un peu avec lui, appréciant son humilité et la richesse de ses propos. Le souvenir de cette projection reste pour moi inoubliable, et ce blog me donne ici l’occasion de saluer sa générosité et son talent.

EURO BIS

A recommander chaudement les 9 premiers numéros du fanzine « Euro Bis » mine d’informations, sur le cinéma bis Européen, avec des dossiers épatants sur le « Western spaghetti », avec également des hommages (Léon Klimovsky, Emilio Salgari, Fernando di Léon), dossiers sérieux (OSS 117, Le guide des acteurs du western spaghetti), et des filmos des disparus récents (Wolfgang Preiss, Charles Rénier).

Les 9 premiers numéros sont toujours disponibles, voir lien EUROBIS. Précipitez-vous, c’est de la belle ouvrage.

Ce blog « portnawack » n’est finalement pas complétement vain, puisque j’ai rencontré un cinéphile formidable Jean-Louis, dit Gashade, qui a dans ses tablettes un bel ouvrage concernant les seconds couteaux américains, d’où de passionnantes conversations il y a peu sur Warren Oates, ou le formidable Timothy Carey, voir site officiel TimothyCarey.com, acteur fétiche de John Cassavetes et Stanley Kubrick, notamment.

Grâce à lui, j’ai pu découvrir un livre épatant, « Les yeux de la momie » (Rivages/Écrits noirs, 1997), recueil d’articles de Jean-Patrick Manchette, publiés dans « Charlie Hebdo » de 1979 à 1982. Manchette a une grande ouverture d’esprit, passant des grands classiques au cinéma bis (Lucio Fulci, notamment, désormais reconnu). Le ton est drôle, le style excellent, on se régale dès la préface d’Alain Carbonnier (l’anecdote sur Robert Bresson). C’est un livre indispensable, ludique, en avance sur son époque et oeuvre de précurseur.

ONCQUES NE M’EMMERDE

Dernier saut, à Paris, hier vendredi, toujours grâce à François Berléand, sur le tournage de « La comédie du pouvoir ». Archaïque comme je suis, n’ayant pas de portable, je me perds joyeusement deux bonnes heures, et arrive pour l’heure du repas. Là suit une belle conversation avec un François Berléand, très en verve et drôlissime, ainsi que la lumineuse Marilyne Canto et l’indispensable Yves Verhoeven, habitué des tournages de Claude Chabrol (« Madame Bovary », « Betty », « L’enfer », « La cérémonie », « Rien ne va plus ». Tous rivalisent de sympathie…

François Berléand reprend son rôle de grand patron mis en examen, Isabelle Huppert joue Jeanne, une femme juge, Marilyne Canto une juge également, Yves Verhoeven, un greffier nommé Janus ! et en plus il y a un de mes acteurs préférés Jean-François Balmer, barbu, venu par amitié, jouer un financier, nommé Baldi,  interrogé par Jeanne, ce dernier vous plonge dans son propre univers par sa seule présence.

Jean-François Balmer

Balmer a eu une longue collaboration avec Chabrol depuis « Le sang des autres » (1983), il a tourné « Madame Bovary » – où il était un formidable Charles Bovary,, « Rien ne va plus » et il l’a même eu comme partenaire dans « Polar » de Jacques Bral, ils formaient un couple homosexuel dans « Sam suffit » de Virginie Thévenet. Dernièrement dans un film de Jacques Grand-Jouan  – qui est passé ce jour lors du tournage, apportant trois bonnes bouteilles de vin à Claude Chabrol – : « Lucifer et moi », Claude Chabrol, qui joue l’homme de la rue, étrangle Balmer qui joue Lucifer ! Ce film en noir et blanc et caméra légère qui vient d’être terminé est assez incroyable, on y retrouve Pierre Etaix, mais aussi Orson Welles, Eugène Ionesco, Roland Dubillard, dans des images non montées tournées précédemment.

Jean-François Balmer a un beau dialogue face à Isabelle Huppert en juge stoïque, c’est un beau morceau de comédie sur la noirceur des affaires. Le chef opérateur Eduardo Serra impressionne toujours par sa discrétion et son professionnalisme. Et Claude  Chabrol aidé de la bonne humeur d’Aurore Chabrol et de Cécile Maistre. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser la question stupidissime, du pourquoi du surnom de « Chacha » que donne l’équipe à M. Chabrol. Cécile Maistre enfant, ne pouvant l’appeler « papa » – son père  étant François Maistre », vint le sobriquet de « Chacha » et qui reste désormais. François Berléand ayant terminé ses scènes du jour hélas – il va tourner ensuite « Le dernier harnais » film de Florence Moncorgé-Gabin. 

j’ai pu discuter avec Yves Verhoeven, formidable comédien, d’une grande modestie. Je lui parle de son portrait dans secondscouteaux.com et ses infos me permettent de lui faire une fiche pour Les gens du cinéma.

Yves Verhoeven

J’ai eu donc une belle discussion avec lui, je l’avais croisé avec son premier enfant et je n’avais pas osé l’aborder, et j’aurais pu le croiser sur le tournage d' »Edy » où il joue un inspecteur, ce qui est assez curieux finalement. Il me parle des vicissitudes de son métier, des belles rencontres comme Claude Miller, Guillaume Nicloux, Jacques Audiard et bien sûr « Chacha » que lui avait présenté Cécile Maistre, cette dernière l’ayant dirigé également  sur le court-métrage « L’acrobate » en 1997. Yves Verhoeven est lucide, très « bosseur » et humainement quelqu’un de bien en plus. Souhaitons-lui plein de beaux rôles, son registre le lui permettant, le moniteur de « La classe de neige » par exemple.

Seconde rencontre avec Jean-François Balmer, stature impressionnante et très abordable, on parle un peu de tout, en vrac, de son goût pour le théâtre et des comédiens – il était épatant en animateur de radio libre dans « Le quart d’heure américain », de ses rôles coupés de Napoléon dans « Le radeau de la méduse » – La même année que son Louis XVI dans « La Révolution française »,qui a connu un tournage difficile sur plusieurs années et sa scène avec Jacques Villeret dans « La gueule ouverte », une scène de beuverie coupée donc, mais que l’on retrouve dans la version DVD dont Jean-François a fait le commentaire. Il continue ses épisodes de « Boulevard du Palais », tant qu’il peut y apporter des répliques et des touches personnelles, un grand monsieur, exigeant, passionné et très abordable.

Marilyne Canto

Troisième rencontre avec Marilyne Canto, qui a attendu toute l’après-midi, pour une scène repoussée finalement, je lui parle de son exigence – elle m’a beaucoup touché dans « Le lait de la tendresse humaine » de Dominique Cabrera -, elle a des retours de ce fait par les metteurs en scènes désormais. Elle prépare un moyen métrage avec Antoine Chappey, comme réalisatrice après « Nouilles ». C’est une femme très attachante.

Le tournage se termine, Aurore et Claude Chabrol, s’éloignent, je serai bien resté à regarder la totalité du tournage, mais le clivage cinéphilie-réalité n’a qu’un temps. La figure sympathique de Claude Chabrol ne fait que me faire encore plus aimer son oeuvre, et j’ai envie de prendre la même devise qu’il citait dans son livre « Et pourtant je tourne » que je lui ai fait signer : « Oncques ne m’emmerde ». Bon vent à toute cette formidable équipe.

LA COMÉDIE DU POUVOIR

Grâce à l’amabilité coutumière de François Berléand, j’ai assisté aujourd’hui à une journée de tournage du dernier Claude Chabrol « La comédie du pouvoir ». Un rêve quoi !

Il y a une distribution de luxe, pour ce film dont le sujet est un scandale financier, outre François Berléand, on retrouve les habitués, Isabelle Huppert, Robin Renucci, Jean-François Balmer, Yves Verhoeven, Thomas Chabrol, Roger Dumas, Pierre Vernier…  Et il y a Pierre-François Dumeniaud qui a commencé, me confiait Chabrol, dans le ventre de sa mère enceinte dans « Le beau serge » !

Il y a aussi les nouveaux : Marilyne  Canto, Patrick Bruel, Jacques Boudet, Michèle Goddet, Jean-Christophe Bouvet, Jean-Marie Winling, Hubert Saint-Macary, etc…

Ce jour, seul François Berléand tournait son arrivée et sa sortie à la prison de la « Santé », et deux scènes d’arrivées en prison, dans une école voisine, adaptée en mini-studio pour l’occasion. Claude Chabrol, n’avait pas tourné à Paris, depuis « Rien ne va plus » en 1997.

L’atmosphère du tournage peut paraître étonnement sereine pour un néophyte comme moi – J’avais vu quelques jours de tournage de « Mon idole », et du premier film de Stéphan Guérin-Tillié grâce à François, ainsi que « Bon voyage ».

Chacha, au travail…

Aidé par ses deux anges gardiens, sa femme Aurore Chabrol et sa belle-fille, Cécile Maistre, et par la précision et le calme du chef opérateur Eduardo Serra, Chabrol s’évertue à donner une bonne ambiance, tout en faisant preuve de maîtrise. Il s’occupait autant des figurants, impose le respect aux passants, tout en distillant une ironie sur lui même constante.

La rue « Messier » même écrasée de soleil, est impressionnante et très surveillée. L’ambiance bon enfant détonnait donc sous ces hautes grilles. Grâce à un maquillage subtil et la formidable interprétation de François Berléand, son personnage nommé Humeau, d’arrogant se révèle seul et blessé à la sortie, souffrant d’un eczéma gênant. François a plaisanté comme à la coutumée, surtout dans la rituelle scène d’arrivée dans la prison, contournant ainsi l’incongruité de se retrouver à enlever son pantalon plusieurs fois de suites !

C’était donc un grand privilège de voir Claude Chabrol au travail, très abordable et de goûter à son humour, son érudition, son goûts pour les nanars – il m’a recommandé « De l’autre côté de Minuit » actuellement sur le câble avec Marie-France Pisier -. Il n’a d’ailleurs aucune indulgence sur lui-même, il déplorait avoir le sentiment de réussir le dernier plan de « Folies bourgeoises » – film qu’il dénigre allégrement -, avant de dire qu’à la récente vision du film sur le câble, il pense aujourd’hui le contraire.

J’ai eu la chance d’apprécier ses anecdotes, son côté subversif, entre deux prises, un grand moment de bonheur ! Merci M. Chabrol, merci François de m’avoir toléré auprès d’eux.

Note du 23/06/2005 :

France Inter a donné comme information ce jour que le film est basé sur l’affaire « Elf » et que le rôle inspiré par Roland Dumas est joué par… Roger Dumas. Par discrétion je n’avais pas donné cette information qui est désormais publique…