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PIERRE ETAIX, OU COMMENT ENFONCER LES PORTES PAR LA FORCE DE SES CONVICTIONS

En 1982, dans « Cinéma 82 » N° 278, Frantz Gévaudan titrait un article, Pierre Étaix, cinéaste maudit, déplorant la difficulté de ce cinéaste à faire œuvre de créateur. Jacques Tati, avait eu le même problème sur la fin de sa vie, son originalité trouvant des difficultés à s’exprimer dans le tout venant de la comédie française. Le génie de Pierre Étaix est reconnu heureusement, ses talents multiples n’en finissent pas de nous réjouir, comme en témoigne le magnifique ouvrage « Étaix dessine Tati » (Éditions ACR), paru en novembre 2007, montrant une contribution fructueuse entre ces deux artistes de 1954 à 1956. Mais plus de 25 ans plus tard que cet article, la malchance perdure, on pouvait espérer une meilleure diffusion de ses films après la restauration de « Yoyo » (1964), par la fondation Groupama Gan, qui fut représenté l’an dernier à la cinémathèque, voir le blog de Serge Toubiana. Les films d’Étaix, sont à la fois poétiques et dans la grande tradition du Splastick, Jerry Lewis ne manque pas de rendre hommage à ce grand créateur qui aime à se définir comme un clown  :  » deux fois dans ma vie, j’ai compris ce qu’etait le génie, la première fois en regardant la définition dans le dictionnaire et la seconde fois en rencontrant Pierre Étaix… » . Ces dernières années ont été difficiles pour lui, il n’a eu l’occasion que de faire une captation de sa pièce « L’âge de monsieur est avancé » (1987), pour la télévision, avec lui même, Nicole Calfan et Jean Carmet, et « J’écris dans l’espace », tourné pour le Futuroscope de Poitiers, avec un objectif grand angle, visant à utiliser le procédé Imax-Onimax. Mais nombre de ses projets furent avortés, notamment « Nom de Dieu », qu’il devait faire avec Coluche, mort avant le tournage. Le souci actuel est que Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière ont signé un contrat de confiance – un document de travail en fait -, avec le frère de leur avocate, ce dernier s’annonçant comme diffuseur de courts-métrages. Mais après 30 mois sans nouvelles, ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent plus diffuser leurs films, même si la femme de Paul Claudon, producteur décédé des 5 longs-métrages d’Étaix, a toujours les droits ! Un imbroglio assez incroyable, lire la revue de presse du site de soutien Les films d’Étaix. L’article de Charlie Hebdo que l’on peut y lire, émeut Laurent Ruquier, il convie donc Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière à s’exprimer devant cette incongruité dans « On n’est pas couché »  du 2 février dernier – rendons hommage à cet animateur, on n’imagine pas un Laurent Weil en faire de même – . Ils ne savent pas s’ils ont à faire à une société fantôme -, Étaix dévoile que ces déboires ne pouvaient arriver qu’à un clown… Alerté par l’excellent forum qui lui est consacré dans DVD Classik, j’ai profité de la rediffusion de « On n’est pas couché » sur TV5, pour apprécier l’élégance et l’humour de Pierre Etaix et de Jean-Claude Carrière. Il y avait un moment ahurissant quand Etaix évoque un certain ancien ministre de la culture, qu’il appelle « M. Nom de Dieu de Vabres », qui l’avait fait mourir dans l’un de ses discours… Selon Jean-Claude Carrière, Etaix lui a répondu avec humour par une lettre d’outre-tombe !

Je repensais au début de son entretien avec Éric Leguèbe dans son beau livre « Confessions, un siècle de cinéma français par ceux qui l’ont fait » (Ifranc éditions, 1995), une belle leçon de vie : « Je me souviens que quand j’ai commencé au music-hall, j’avais préparé un numéro auquel je croyais vraiment. J’étais persuadé qu’il ferait un triomphe. J’ai fait le levé de rieau. Personne n’a applaudi… Je me suis alors dit : « Mon Dieu dans quelle galère me suis-je donc embarqué ? Je me suis complètement fourvoyé. Pourtant, je suis sur que l’idée est la bonne ». Jour après jour je n’ai cessé de me répéter : « Il faut que je me batte. » Cela a duré trois ans, au cours desquels je me suis payé des bides monstrueux, au point de me demander ce qui m’arrivait, de douter de plus en plus. J’en étais arrivé à ne plus avoir envie de persévérer dans ce métier. Il devenait un pensum. J’ai tout remis en  cause. Je ne cessais pour autant de travailler sur mon idée, en avançant, en retardant les éléments. Finalement, Jacques Tati qui aallait présenter « Jour de fête » à L’Olympia, m’a pris pour son spectacle, m »y réservant un créneau idéal. La salle était comble. Et là, tout le monde a éclaté de rire. Quelle récompense, quelle joie, indescritibles. Enfin, j’ai pu me dire que je ne m’étais pas trompé, que ce que j’avais monté n’intéressait pas que moi. Vous savez, c’est très dur quand on est envahi par le doute. Cela dit, je plais ceux qui ne sont jamais harcellés par le doute. Mais il ne faut pas non plus que ce doute vous paralyse. Douter c’est très bien, uniquement dans la mesure où ça fait partie des choses de la vie. A partir du moment où ce sentiment prend le pas, plus rien ne rime à rien. Si toutes les portes autour de vous sont fermées, c’est le désespoir de la solitude. Alors ces portes, il faut les enfoncer par la force de vos convictions. C’est là, la grande leçon donnée par Boileau : cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Une idée, un sujet, ne vivent que tant que vous y travaillez. ». Il est alors utile et salutaire de faire oeuvre de passeur pour ce grand cinéaste trop malchanceux. Il y a une pétition importante à signer, http://www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix/ en contactant quelques amis cinéphiles, je m’aperçois qu’elle émeut beaucoup de personnes.  Au moins, il y a un peu matière à consolation par les commentaires laudateurs. Soyons optimistes, et aidons les à enforcer ces satanées portes par la force de ses convictions, pour ceux, nombreux, qui rêvent de (re)découvrir ses films.

BONNE ANNÉE QUAND MEME

Meilleurs voeux à tous en nous souhaitant quelques excellents films pour 2008 dans la lignée de « La graine et le mulet » et plein de comédies franchouillardes qui seront un véritable régal pour les amateurs de navets en 2058. Je ne résiste pas à vous montrer la photo de Mary Pickford figurant sur les voeux de Christian Grenier, créateur de l’excellente Encinémathèque .

LA MEILLEURE RÉVÉLATION COMIQUE DE L’ANNÉE

Ne cherchez plus la révélation comique du moment, c’est Philippe Besnier P.D.G. de feu Noos-Numéricable, qui affirme sans rire « Les ennuis c’est du passé ! », ce qui est tout de même une performance. La liste des griefs des abonnés depuis 2003, est interminable, mais la société a fait amende honorable, les promesses n’engageant que ceux  qui les reçoivent comme nous le disait notre bon Pasqua. Bon c’est de l’humour noir, teinté d’un léger sadisme. Ne vous fiez pas à ces faux airs de Jean-Louis Debré, la drôlerie de ses interventions est digne d’un Pierre Doris, pour goûter à cet humour, il faut cependant être client de sa société. Atteint d’une maladie chronique, la cinéphilie, j’avais opté pour l’offre tout ciné chez France Télécom Câble. Manque de bol, ce sont les ineffables de Numéricable qui ont pris la relève. Quand les chaînes ciné de TPS disparaissent, ils vous envoient un courrier, quelle aubaine votre offre évolue, vous payez la même somme, mais avez en plus dans l’offre ciné … TPS Foot – si ce n’est pas de la drôlerie à l’état pur… – Leurs clients mécontents et déçus du câble ont même une association, les pratiques commerciales de ce câble-opérateur étant souvent abusives. Prenons comme exemple, mézigue, je viens de déménager, ce qui explique le relatif silence de ce blog. On le sait le stress dans ces moments là est équivalent à celui qu’on subit d’un tremblement de terre, ce qui n’est pas faux. Par contre appeler le service client surtaxé de Numéricable pour déménager leur offre tient du supplice de Tantale. L’annonce est croquignolette, il faut donner son numéro de téléphone, mais s’il n’est pas chez Numéricable, il ne vous reconnaît pas… Mais rassurez-vous, vous entrez n’importe quoi la seconde fois, ça passe… La robote annonce le programme des réjouissances, à 0.34 centimes la minutes, l’attente étant facturée, évidemment on ne va pas vous encourager si vous avez un autre opérateur. Ne vous avisez pas d’oublier d’inscrire le code postal, un opérateur vous renvoie à la case départ. Evidemment, on se perd, certaines touches vous renvoyant sur des messages, si TF1 ne fonctionne pas c’est normal, les problèmes de telle ville seront réglés à la saint-glin-glin. La plateforme d’accueil est en Tunisie – interrogez les pour voir, au bout du quatrième appel n’aboutissant à rien, ils vous répondront, nous sommes, heu à Nant…erre- . En règle générale, j’ai une empathie avec ce type d’employé, souvent exploité, surveillé – une voix annonce que l’on risque d’être enregistré pour améliorer le service – humour, toujours de l’humour -. Mais épeler un nom basque se révèle un tantinet compliqué. La première fois, on me renvoie à un numéro à contacter, je fais répéter le numéro on ne sait jamais, et je tombe sur un site… érotique. La seconde fois, je tombe sur une opératrice, assez condescendante, qui me fixe un rendez-vous, après avoir insisté lourdement pour me placer ses offres téléphone et internet. Elle m’annonce que je ne peux conserver l’ancienne offre, et d’autorité me place celle à 44 euros. Point de rendez vous fixé, c’est normal, les placements ça use, résultat, 40 minutes passées pour aucun résultat ! – le temps d’attente est évolutif, et passe allégrement de 5 à 4 minutes, puis de 6 à 4, etc… Je grogne ensuite, et insiste pour que l’on me confirme le rendez-vous, j’attends qu’elle me le confirme, il y a des applications à valider, on me laisse souvent en rade, avec une musique horripilante comme compagnie. Elle finit par me donner un numéro, que je note, je lui demande si c’est celui d’un technicien, elle me dit « Mais c’est le vôtre » – sous entendu gros malin -. Je lui confirme que non et que tout de même je connais mon numéro… Le jour fixé, évidemment personne ne vient, re-appel, là je tombe sur un opérateur plus compréhensif, qui me confirme qu’il a bien le rendez-vous dans ses tablettes. Il me transmets vers un responsable de Champs sur Marne, qui me dénigre son technicien – vous savez ils ont leurs humeurs ! -, en gros, l’oiseau n’a pas trouvé l’entrée, il se barre me laissant un message dans la boîte aux lettres, me dit-il – vide évidemment -. Comme il a de plus clôturé son dossier, impossible de le retrouver et de remettre un rendez-vous... Il me dit de repasser par le chemin de croix du numéro ruineux. Je suis assez affable, voire couillon en général, je là, je m’énerve un peu, le sarcasme ne passant visiblement pas comme message – la même stratégie pour le service après-vente de la FNAC éminemment déficient aussi s’avère payant également -. Il me fixe un autre rendez-vous, je dois reprendre des disponibilités avec mon travail, et il m’annonce qu’il me fait une fleur ! Résultat toujours pas de télévision. Alors, un Philippe Besnier, qui déclare : « je récupère le passif mais on prend les responsabilités » sur Europe 1, et d’annoncer « un plan d’action global pour mettre fin aux dysfonctionnements » mériterait une émission entière des « Rois du rire ». Impossibilité de le joindre par contre pour le féliciter à son siège social, lui ou un responsable, si vous voulez faire une requête contactez le numéro audiotel !

Addenda du 12/11/2007 : Au troisième rendez-vous, Numéricable, soucieux d’appliquer l’adage jamais deux sans trois, ne vient évidemment pas. Je finis par comprendre qu’il serait plus aisé de préparer le débarquement que de déménager avec eux. Rebelote avec le service clientèle, deux grosses dizaines de minutes, il faut montrer à nouveau patte blanche avec mon nom à rallonge – Lucien, comment ?, non pas Lucien ! – Il n’y a pas d’autres points d’entrées, et il est impossible d’avoir un responsable, en gros, ils sont livrés à eux-même… Par deux fois, on me promet de me rappeler, j’attends toujours… On finit par me fixer… une quatrième date, pour mercredi, il n’y a pas d’autres rendez-vous, et il y a une impossibilité totale d’avoir une explication – les techniciens sont des sous-traitants, et vlan on se dédouane -. Je demande un responsable de la plateforme tunisienne, qui me dit « On s’excuse ! », et prend la mouche quand je lui réponds goguenard – « alors vous vous excusez vous même… » -. Pas moyen d’avoir un responsable du siège, ils poussent le vice jusqu’à faire figurer un faux numéro sur le site de l’AFNIC ! « Écrivez, on vous fera peut être un geste commercial ». Petit conseil pour les avoir prévoyez le budget du P.I.B. du Danemark pour les contacter et prenez deux semaines complètes de vacances. Je dois confesser que je commence à rire un peu moins…

LE COIN DU STRIP TEASE

En lisant l’un de mes blogs préférés, celui du docteur Orloff, je tombe sur ce questionnaire foncièrement original, je m’empresse d’y répondre en prenant pour bases les addendas formidables de 365 jours ouvrables, dans son excellent blog que je découvre. Histoire de briser le silence de ce fichu blog ces derniers temps… Promis, je ferai une note sur « Na ! » de Jacques Martin…

Plaisirs inavouables : Évidemment les nanars, la découverte de certains DVD de René Château, comme « C’est arrivé à 36 chandelles » ou « Les Duraton », et quelques parangons de la comédie franchouillarde genre Philippe Clair, les films de la Hammer heureusement reconsidérés désormais…

« EST CLASSIQUE CE QUI FAIT AUTORITE » (Paul Valéry)

Classiques ennuyeux : « Mort à Venise » – je sais, j’ai honte, mais il faudrait le revoir, et en salles plutôt qu’à la télévision –, 

Classiques de l’ennui, mais films adorés car dégageant une émotion tout à fait inattendue : « L’éternité et un jour » (Theodoros Angelopoulos), ce titre est d’ailleurs parfaitement adapté à ma vision du film en passant…

Classiques vus il y a tellement longtemps qu’on s’en souvient vraiment très mal : « La chevauchée fantastique » (John Ford).

PASSER A COTE

Vus trop jeune pour comprendre : « Le désert rouge » (Michelangelo Antonioni).

Vus en morceaux, et donc jamais d’une traite : « L’amour fou » de Jacques Rivette, c’est mieux que rien …

Vu à moitié : « Dans ma peau » (Marina de Van), tellement déstabilisé que je ne l’ai pas terminé, vu sur le câble.

« QUOI ! TU L’AS PAS VU ! »

Classiques jamais vus : « La maison du bonheur » (Robert Wise),

Film arty jamais vu : « Traité de bave et d’éternité » (Isidore Isou) –

Pas vu alors que le DVD est sur nos étagères depuis trois ans : « A l’ouest des rails », les films de Chantal Akerman des années 70, « La condition de l’homme » (Masaki Kobayashi).

Pas vu alors que tout le monde l’a vu : « Mission impossible » (version De Palma) –

Films Moby Dick (on rêve de le voir depuis des années et impossible à attraper avec les yeux : Les films de Pierre Etaix…

Pas vu un seul de leurs films :  Jacques Baratier, Elem Klimow.

Vu qu’un seul de leurs films :  Emile Couzinet (« Le don d’Adèle »).

Vu tous leurs films sauf un :  Jean-Pierre Mocky (« Le deal » « Le bénévole »), Philippe Clair (« Rodriguez au pays des Merguez »)…

Vu tous leurs films : Alain Resnais, Maurice Pialat, François Truffaut, David Lynch…

BIENVENUE DANS L’AGE INGRAT

Tout le monde les as vus entre 11 et 16 ans, sauf moi et toujours pas rattrapé depuis : « THX1138 » (Georges Lucas), « Jonathan Livingstone, le goéland » (Hall Bartlett).

Film que j’aurais adoré à l’adolescence mais vu (et apprécié) beaucoup plus tard : « Persona » (Ingmar Bergman)

Films qui m’ont fait entrer en cinéphilie : « Le charme discret de la bourgeoisie » – méchante baffe vue à la télé en 1981, et le souvenir amusé d’en avoir parlé avec des camarades à l’école. On ose imaginer ce type de film diffusé à 20h50 en dehors d’Arte, et encore…, « La nuit du chasseur ». J’en profite pour rendre hommage aux Patrick Brion, Frédéric Mitterrand, Michel Boujut, Claude Ventura, Anne Andreu, Claude-Jean Philippe, sans qui je ne serais pas cinéphile, passeurs télévisuels émérites dans une autre vie, quand la télé était un peu plus inventive.

Adorés à l’adolescence puis abandonnés : Les films de Brian de Palma (« Pulsions », « Blow out »).

Adorés à l’adolescence et auxquels on reste tout de même fidèles, malgré leurs coups de vieux manifeste et leurs poses évidentes : Mauvais sang (Léos Carax) –

Trop fashion à l’adolescence, et qui malgré mes craintes lors de leur revoyure récente, tiennent encore sacrément le coup : « Breakfast club » (John Hugues).

DES GOUTS ET DES COULEURS

Chefs d’oeuvres méconnus : « Mollenard » de Robert Siodmak, « Toni » de Jean Renoir, « Wanda » de Barbara Loden, « L’année des 13 lunes » (Rainer Werner Fassbinder).

Navets géniaux :  : « Les gorilles  » de Jean Girault – phléthore d’acteurs formidables -, « Oh, que mambo » de John Berry – film hallucinant, il faut voir Dario Moreno, transformé en « fée du logis » et  marié à la sublime Magali Noël, « Le défroqué » ahurissant film de Léo Joannon avec un Pierre Fresnay au sommet de son cabotinage. 

Films détestables : « Apocalypto » (Mel Gibson), « L’expérience interdite » (Joel Schumacher) – « private joke » -, « Le vieux fusil « (Robert Enrico), comme Pierrot/Orloff – j’ai toujours eu du mal avec les films prônant l’autodéfense -.

FAD (film anti-détestable) loin d’être fade : « A ma soeur » (Catherine Breillat) – « Sombre » (Philippe Grandrieux)

SEUL CONTRE TOUS

Tout le monde l’adore sauf moi : « Le projet Blair Witch », pour moi plus un canular qu’un film, je ne comprends pas comment on puisse avoir une montée d’adrénaline avec cette vaste fumisterie .

Doit être le seul à l’adorer : « I want to go home » (Alain Resnais- « Fédora » (Billy Wilder).

Tout le monde y pleure sauf moi, cœur de pierre : La fille de Ryan (David Lean), Sur la roude de Madison (Clint Eastwood) – honte sur moi –


HUMEURS ET EMOTIONS

Pleurer à chaque fois : L’incompris (Luigi Comencini) – Mar adentro (Alejandro Amenabar), mais je dois confesser un petit handicap, impossible de pleurer devant un écran en général.

Mourir de rire à chaque fois : « The party » de Blake Edwards », comme tout le monde, les films des frères Marx, « Les Monty Pythons », les « screwball comedy » en général, des années 40-50, « No sex last night », sommet du ridicule signée de la très surestimée Sophie Calle, Arielle Dombasle comparant les vaches à des animaux préhistoriques dans « L’arbre, le maire et la médiathéque » (Éric Rohmer).

Etre émoustillé à chaque fois : Les films où l’on retrouve Claudia Cardinale, de « Sandra » aux… « Pétroleuses ». Pour le reste voir ici.

ON NE S’EN LASSE PAS

Débuts dont je ne me lasse pas : « Buffet froid » (Bertrand Blier), « Le bal des vampires » (Roman Polanski).

Fins dont je ne me lasse pas : « Johnny s’en va t’en guerre » (Dalton Trumbo).

Vu, vu et revu, toujours avec le même plaisir : « La nuit du chasseur », « La maman et la putain », « Le charme discret de la bourgeoisie », « Shock corridor », « Les compagnons de la marguerite », « Frontière chinoise » (John Ford) – ce dernier pour en avoir parlé il y a peu avec le cinéaste Thomas Bardinet -.

Vu, vu et revu, mais jamais en salle (en amphi de fac, en ciné-club, sur les moniteurs du Forum des Images, sur You Tube)  : « Les contrebandiers de Moonfleet » (Fritz Lang), « Le salon de musique » (Satyajit Ray).

Vu qu’une seule fois, mais sûr et certain que je pourrais le voir et le revoir (d’ailleurs, j’ai déjà hâte) : « La tour des ambitieux » (Robert Wise) –

CRITIQUE DE LA CRITIQUE

Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l’un ni l’autre :  J’ai plutôt biberonné avec « Les cahiers du cinéma » – ah le petit journal central des « Cahiers » -, et je trouve un plaisir toujours renouvelé à lire la réédition des fameux cahiers jaunes, je dois cependant déplorer me détacher un peu de la dernière version « frodonisée ».  J’ai découvert au début des années 90, « Positif », que j’apprécie toujours autant. Je trouve ces deux revues complémentaires, reste que j’ai un drôle de rapports avec ces revues, ayant un problème de boîtes aux lettres, c’est un membre de ma famille qui les reçoit, je les lis parfois plusieurs mois après ! Je garde une énorme nostalgie de la « Revue du cinéma », – la version disparue des années 90, à ne pas confondre avec le titre homonyme que l’on trouve actuellement -.  avec sa célèbre couverture noire -par son éclectisme et sa pertinence. Je serais plutôt « Revue du cinéma », quand même la seule revue à évoquer les comiques ringards et Émile Couzinet.

Cinéastes trop vantés : Paul Greengrass, Joel Schumacher, Michael Bay, Paul Schrader, Luc Besson.

Cinéastes trop peu vantés : Raoul Ruiz, Jacques Rozier, Jean Grémillon, Joe Dante.

Cinéaste en courant alternatif (tour à tour détesté et apprécié) : Lars Von Trier de par son côté manipulateur dans ses mélos tire-larmes…

PANTHEON

Sainte trinité : Alain Resnais / Luis Buñuel / Jean Eustache

Bulle Ogier dans « L’amour fou »

NO VACANCY

Pierre Tchernia & Michel Serrault sur le tournage du « Viager »

La grande faucheuse nous enlève trois génies – dans le sens sens non galvaudé – du cinéma, Michel Serrault, Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, sans oublier le comédien allemand Ulrich Mühe. Et comme il faut bien prendre des vacances, rendez-vous pour quelques hommages à partir de la mi-Août. En attendant ne manquez pas les hommages rendus actuellement à Michel Serrault : « Nelly et M.Arnaud » sur France 3 ce soir, suivi d’un documentaire épatant « Michel Serrault, le portrait » à 22h55, et jeudi sur cette même chaîne l’excellent « Le viager » (« Faites-moi confiance ! ») suivi de « Garde à vue ». A bientôt.

LE FILS DE L’HOMME INVISIBLE EST UN FUMEUR DE GITANES

Peut-on revenir sur les polémiques actuelles concernant « Wikipédia » histoire d’apporter un peu d’eau au moulin contre ce site « work in progress » (1). Les failles de ce site en mouvement ont été signalées par des étudiants de Sciences-Po, quelques peu affabulateurs, rajoutant des erreurs ici ou là – sur les biographies de Pierre Assouline ou Tony Blair -. C’est un petit jeu, un tantinet pervers de « cheval de Troie » assez cavalier à vrai dire, mais nous rappelant que le web est source d’erreurs et de fausses informations. Citons l’exemple de la fiche concernant François Berléand. Un journaliste du « Nouvel observateur » avait fait une erreur dans sa biographie. Le comédien fumait alors des gitanes, résultat l’article imprimait que sa mère était gitane par un amalgame assez curieux ! Avec son humour habituel, il m’a confié que comme il fume désormais des cigarettes Malboro, il a peut être échappé au fait de ne plus être « Le fils de l’homme invisible », mais celui du cow-boy du même nom. Et bien évidemment un internaute a repris cette information dans le site de « Wikipédia », j’ai pu la corriger avant qu’elle ne se répande comme une trainée de poudre. C’est le même problème que j’évoquais sur le site d’IMDB, voir la note ici. Il y a désormais des filmographes – moi le premier d’ailleurs -, qui prennent ce site comme base de travail, il n’est pas rare de voir d’énormes erreurs reprises, mais qui peuvent me permettre de rectifier le tir par la suite. Par exemple, il y a le cas des titres français, sur « French imdb », « Les nerfs à vif » (1962) de Jack Lee Thompson avait pour titre « Cap de la peur » – traduction littérale de « Cap fear », même problème pour « Sandra » de Luchino Visconti (1965), devenant par les malices de la traduction, « Vagues étoiles de la grande ourse » (sic). Impossible de référencer toutes les erreurs vues sur ce site à mon petit niveau, mais le web génère le meilleur comme le pire. Mais il serait injuste de jeter complètement l’opprobre sur ce genre de site, il suffit parfois d’internautes avisés, comme sur « Wikipédia » notamment, quelques inconnus rajoutent les petits rôles du cinéma français, suite au visionnage du câble ou de DVD, qui peut se targuer de connaître par exemple Palmyre Levasseur dans « La vie à deux » (1958). Il faut donc faire preuve de vigilance mais aussi d’indulgence, quelques passionnés monomaniaques pouvant partager leurs passions. François Berléand vient lui de terminer hier le tournage de « Cash » d’Éric Besnard, qui bénéficie d’un scénario formidable, et il devrait entamer prochainement le tournage de « Cinéman » prochain film de Yann Moix, où il devrait camper un grand méchant… (1) « Libération du 9 juillet 2007, article de Frédérique Roussel ».

POUCE ! (OU COMMENT MANIFESTER SA MAUVAISE HUMEUR)

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Peut-on continuer à causer cinoche, alors que le vrai cirque médiatique se trouve désormais plus à l’Élysée qu’au festival de Cannes. Au programme, cumul des mandats, castings originaux en vue de déstabiliser une opposition exsangue, famille d’opérette se pâmant au possible et parité oblige des « fillonettes » qui succèdent aux « jupettes »… Ces dernières ne devraient donc pas piquer dans la « caisse » (arf-arf). Et là une question se pose, le petit Louis S. pourra-t-il percevoir ses indemnités spectacles pour ses précédentes prestations longtemps « floutées ». On est en campagne électorale mais tout de même… La majorité des Français en redemande tendance mélange des genres « poudre aux yeux »…. Histoire d’une « main basse » médiatique sur la démocratie – confère le cas Solly qui part sur TF1 -, gare à la gueule de bois… Avant de sombrer totalement dans l’aigreur, revenons donc un peu s’oxygéner au cinéma. Les temps sont toujours difficile, comme chantait Léo Ferré… Pour peu que « l’amor » et le « trepalium » ne vous donnent pas vraiment de satisfaction, transformant votre vie en désert de « Sergio » Gob(b)i, vous filez donc au cinéma pour vous consoler de votre morne existence. C’est bien connu, quand on n’aime pas la vie, on va au cinéma ! Et là, on vous soumet à une épreuve – d’accord il faut bien être puni pour avoir la carte UGC, mais tout de même -, le « doigt » de « La Société Générale » ! Dans « Signé Furax : La lumière qui éteint », célèbre feuilleton radio de Pierre Dac et Francis Blanche, il y a le supplice de « Bambino »… Les « babus » pratiquent la torture en passant en boucle la chanson rendue célèbre par Dalida… La victime n’a plus qu’une seule alternative devenir fou. L’adage publicitaire « plus c’est con, plus ça reste dans les mémoires », est ici à son apogée… On a l’habitude pourtant de ce type de malversation, comme les publicités radios – le lait « Candia » sur France Inter -. Elles sont d’une connerie abyssale, heureusement que l’humour de Guy Carlier vous venge un peu. Mes ces horreurs, en comparaison, deviennent des œuvres d’arts devant un sommet de la crétinerie « séguelesque ». Depuis avril 2006, cette « socgénitale » pub sévit dans les Multiplex – et à la télé mais on peut couper le son -, précédée d’un pseudo-documentaire, making off, ou les premiers pas interminables de jeunes qui débutent dans la vie active, complètement anémié, pour torcher un hippopotame, devenir garde du corps pour V.I.P. ou sauter à l’élastique. C’est hallucinent de fausseté, la mise en scène prise sur le vif, pseudo-zoom pour animer l’ensemble, confine au grotesque. La banque qui se prétend être là pour vous aider, décide de continuer à nous emmerder, en enchaînant par la pub. D’abord, il y a l’horrible musiquette, de « Rollin Dana » chantant « Winchester’s Cathedral », avec un son proche de l’agonie d’un chat écorché tendance nasillarde. Au bout de la 820 372ème écoute, vos neurones se font la malle, votre sang se glace, vous fermez les yeux, respirez un bon coup devant autant de cruauté. L’image n’est pas triste, un doigt levé géant qui marche – ce serait un pouce, mais après une minutieuse exploration du mien, je ne vois pas grand chose en commun -. Ca pourrait être aussi bien un majeur, le voir ainsi levé nous fait évidemment penser à un geste obscène. Et si c’était un doigt d’honneur géant, une variante des contraintes à la bancarisation chère à Pascal Thomas ? On imagine une provocation inconsciente, avec une cohorte d’huissiers en cas de surendettement. Une créature minaudante pend sa crémaillère. Elle a donc invité ce fameux doigt, lui permettant de s’installer et d’avoir son premier appartement… Le monstre manucuré lui s’agite, tape « l’incruste », il aide à porter les paquets, fait le D.J., remue d’une manière éhontée… Il n’a même pas l’excuse de l’ivresse, n’ayant pas de bouche on ne voit pas comment il peut se mettre à boire ! Plan final, la pièce est illuminée par un néon géant notifié « Parking » ! La jeune fille a intérêt à installer des doubles rideaux, mais gageons qu’elle risque de garder une solide rancune après quelques nuits blanches passées à dormir au dessus ou à côté d’un parking… La banque est certes prêteuse mais pas au point de pouvoir s’installer dans un endroit calme. Notre symbole phallique géant est par contre bien mieux disposé envers les riches, quand il accompagne de riches seniors golfeurs dans un avion. Si Nietzsche – ou Nike on ne sait plus à force – nous disait « Tout ce qui nous tue pas, nous rend plus fort », il y a des limites au supportable, depuis avril que l’on se farcie cette horreur ambulante. Le seul pouce que je souhaiterais voir c’est le film de Pierre Badel, avec Guy Bedos, de 1971, disparu de la circulation… Je propose de jeter le sieur Julien Trousselier – ineffable réalisateur de ces sinistres oeuvrette – au rang d’indignité nationale. Car la pub a cet avantage, on est pas obligé d’apposer son nom à ce bassinage généralisé. Heureusement qu’il a eu une parodie de « Groland » chez Canal+, pour nous sauver de cette indigestion… On a envie de crier « Pouce » !

J-1

Jour J-1… Seule certitude, Roland Cayrol, va nous expliquer dimanche soir la fiabilité de ses sondages, surtout s’il se trompe. C’est le grand gagnant de ses élections, moins il est crédible, plus il s’exprime ! La politique et le cinéma, n’étant jamais très éloigné, « Studio », nouvelle formule – comprendre version light -, nous propose les films préférés de 5 candidats – on y apprend que Nicolas S. et Segolène R. ont le même acteur préféré, Gérard Philipe -. Histoire d’être au niveau désolant de cette campagne,  « Je veux mettre mon bulletin dans ton urne » chante sans rire un fan de François Bayrou dans un petit bijou de propagande ! -. Petit jeu idiot des titres, histoire de se détendre un peu entendant dimanche.

François B. : La grande combine (Billy Wilder) / Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara)

Olivier B. : Le facteur s’en va-t-en guerre (Claude Bernard-Aubert) / L’ange ivre (Akira Kurosawa)

José B. : Astérix aux Jeux Olympiques (Frédéric Forestier) / Le voleur de feuilles (Pierre Trabaud)

Marie-George B. : Les longues vacances de 36 (Jaime Camino) /  Jamais je ne t’ai promis un jardin de roses (Anthony Page)

Frédéric F. : La dernière chasse (Richard Brooks) / Je me tiens, tu te tiens par la barbichette (Jean Yanne)

Arlette L. : Vive la sociale ! (Gérard Mordillat) / L’inspecteur ne renonce jamais (James Fargo)

Jean-Marie L.P. : Tais-toi quand tu parles (Philippe Clair) / Rendez-vous avec le déshonneur (R. McCahon)

Ségolène R. : Sartana, si ton bras gauche te gêne, coupe-le (Dick Spitfire) / Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman)

Nicolas S. : On se calme et on boit frais à Saint-Tropez (Max Pécas) / Fais-moi très mal… mais couvre-moi de baisers (Dino Risi)

Gérard S. : Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ? (Philippe Clair) / Les nains ont aussi commencé petit (Werner Herzog)

Philippe de V. : Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) / Y a t’il un Français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky)

Dominique V. : La chambre verte (François Truffaut) / Y aura-t-il de la neige à Noël ? (Sandrine Veysset)

« LES COUILLES EN OR » DE JEAN-PIERRE MOCKY

Un ami qui connaît bien Jean-Pierre Mocky, mais qui tient à être discret, m’a montré le fameux film pornographique « Les couilles en or », réalisé en 1973 ou 1974 par notre  bateleur… Quelle surprise…  il existe !  Pour être honnête, je ne croyais pas trop à son existence, pensant que c’était une affabulation de notre provocateur préféré. J’avais même poussé le vice jusqu’à vérifier dans les catalogues du CNC, qui répertoriait de manière exhaustive les génériques des films pornos de l’époque, s’il y avait bien un « Serge Bateman » –  son pseudo -, en vain… Mais il est vrai qu’il était le premier à avoir mis des inserts hards dans « L’ombre d’une chance » que j’avais déjà évoqué ici-même. Le palpitant s’emballe, découvrir cet incunable, qui circule sous le manteau sous forme d’une VHS au-delà de l’anémique, est une chance inouïe pour l’amateur de Mocky que je suis. Mocky en parlait dans son « M  le Mocky  » : « …Les Allemands payaient 400 000 francs pour un film porno. Je portais un masque. Sur mon T-shirt était brodée la tête de Batman. En trois jours nous avons bouclé « Les couilles en or ». Le film signé Serge Bateman m’a rapporté 2000 000 francs. Ce fut le tournage le plus chaste que j’ai jamais connu. Les candidates qui s’étaient présentées étaient à cent lieues des reines du porno. J’ai reçu entre autres, une fille de la Comédie Renaud-Barrault. La plus intéressante était une ouvrière d’une usine de roulements à billes, un physique pulpeux à la Viviane Romance. Elle me déclare tout de go : « J’ai un beau vagin »… ». » (sic !)  Il présentait aussi sur le veb ce film, comme un acte de révolte carrément hardcore, en réaction à la « libéralisation suffocante du porno sous Giscard » … Quelle énigme que ce film, car une petite légende, alimentée par Mocky lui-même, circulait allégrement… Le film était détruit par le mari très riche d’une des comédiennes, ayant acheté le négatif au producteur, à l’instar de celui d’Hedy Lamar, qui fit racheter toutes les copies du film « L’Extase » (Gustav Machaty, 1933), où la belle actrice figurait nue. Il  parlait hier encore de ce film, dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », avec son sens de la provocation habituel… L’histoire, Camille, un jeune cadre, aux allures – très vagues – de play-boy, fait part à son ami Édouard  – acteur à la pilosité épouvantable -, de son intention d’épouser la charmante – et très riche – Janine  – ce doit être l’actrice de chez « Renaud-Barrault », vu son « jeu » très statique -. Il met à profit ses fréquents déplacements pour dissimuler à son épouse actuelle cette nouvelle union. Jaloux du succès de son confrère, Édouard s’empresse d’apprendre la nouvelle à Laura – femme de Camille -, qui saisit l’occasion d’une revanche contre son mari. La bigamie fait désordre, mais dans un porno… Janine, naïve, se rend pour un examen pré-conjugal chez le docteur qui, chaud lapin, ne manque pas d’abuser de la situation… La distribution qui m’est strictement inconnue, a dû prendre des cours chez « l’endive’s Studio ». Il reste le côté sociologique de voir les mœurs de l’époque, l’épilation n’étant pas monnaie courante dans les années 70… Cela dit il est d’ailleurs difficile de tout voir, tant l’image est de mauvaise qualité – il est vrai que c’est une pièce de musée. Il m’a d’ailleurs semblé reconnaître vaguement la silhouette – habillée – de Paul Muller, tenant une couple de champagne, lors d’une partouze mondaine, mais les plans peuvent provenir d’un autre film…  Le film, il faut bien le dire, n’est pas très passionnant, ni même excitant on peut sauver quelques scènes de luxure et de sadisme, très anodines d’ailleurs. Seule une réplique libertaire est mémorable, une partouzeuse recouverte du drapeau français (!) et qui déclare – »…passer de la verge gauchiste à celle mollassonne de ce bourgeois, c’est comme si je me tapais CENSURED« – suit le nom d’un célèbre homme politique dont je tairais le nom par simple lâcheté… Sacré Mocky, omniprésent dans les médias – pas autant que François Berléand et l’ineffable Roland Cayrol, vendeur de poudre aux yeux – pardon, je veux dire sondage -, il n’a pas fini de nous surprendre. Il vient de commenter ses affiches dans « Mocky s’affiche » chez « Christian Pirot », dans un livre à la très riche iconographie, et a offert en avant-première à 13ème rue – chaîne que je n’ai pas, hélas -, la primeur de son dernier film « Le deal », avec Jean-Claude Dreyfuss, Jackie Berroyer et Jean-François Stévenin. En attendant la prochaine salve des films de Mocky en DVD, prévue le 25 avril prochain : « Les vierges », « Divine enfant », « Noir comme le souvenir », « Chut ! », « Le mari de Léon », et deux inédits en salles, « Les ballets écarlates » et « Touristes, oh yes ! ». Mais je doute fortement que ces « couilles en or« , sortent un jour en DVD !

MOCKY CIRCUS : LES FILMS DE JEAN-PIERRE MOCKY EN DVD

A l’heure où Jean-Pierre Mocky sort son nouveau livre que l’on annonce vachard « Cette fois je flingue », édité chez « Florence Massot présente »,  faisant suite à son « M. Le Mocky », il convient de saluer la collection des films de « l’oiseau mockyeur » en 35 DVD, édités chez Pathé.                      

Cette collection est un évènement pour reconsidérer l’œuvre de Jean-Pierre Mocky, soit 35 films de 1959 « Les dragueurs » à « Grabuge » sorti en 2005. Pour ma part, il y a mes deux préférés « Les compagnons de la marguerite » ( 1966 ) et « La grande frousse ou la cité de l’indicible peur ». Les bonus, assez courts, hélas, sont pourtant passionnants. Jean-Pierre Mocky donne la parole à ses comédiens de Michel Serrault à Dominique Zardi, et laisse passer la critique à son égard d’un Eddy Mitchell, par exemple, ce qui est tout à son honneur. C’est ici l’occasion de pouvoir rendre hommage à l’un de nos cinéastes les plus inventifs. Nous retrouvons donc ses meilleurs films comme « Solo », « L’albatros », etc… Mais on peut retrouver ses derniers films, souvent peu distribués comme « Les araignées de la nuit », « Le glandeur », « Grabuge », « La bête de miséricorde », qui même s’ils souffrent d’un budget modeste, nous offrent quelques scènes originales. Il ne faudrait pas le réduire à ses habituelles interventions dans quelques talk-shows pathétiques où on ne l’utilise qu’en « bon client » cabotin.

Vous pouvez retrouver une excellente analyse de ses films par l’équipe de « Artcancre, le cinoche des cancres ». et une interview croquignolette du réalisateur dans DVDrama. A lire deux articles ci dessous de Libération, dont un de 2004, où il parle des ses acteurs fétiches, dont l’hallucinant Jean-Claude Rémoleux.. Vivement la suite…

ARTICLES

LIBÉRATION

Portrait par Samuel Douhaire :   

Dans le tableau de famille du cinéma français, Jean-Pierre Mocky occupe une drôle de place. Celle, «nécessaire», disait Jean-Louis Bory de «l’affreux Jojo qui tire la queue du chat (…), annonce à table que la grande soeur couche avec le cousin militaire, pousse dans l’escalier le fauteuil roulant du grand-père paralytique, ( … ) glisse du poil à gratter dans tous les slips». Alors que ce sale gosse de 75 printemps prépare son 47e long métrage (un polar sur la malbouffe où il espère donner des petits rôles à José Bové et Bernard Tapie), Pathé lance les sept premiers titres d’une collection Mocky qui se présente comme une quasi-intégrale en DVD. Avec des images restaurées et des bonus parfois un peu chiches, même s’ils incluent toujours les bandes-annonces, toujours très inventives, du bonhomme. Dix autres films sont programmés pour l’automne puis, si les ventes sont jugées satisfaisantes, une dizaine de plus tous les mois. L’apothéose est attendue pour 2006 avec des raretés : ses courts métrages, ses «Hitchcock présente» (Myster Mocky, une série télé de 1991 jamais diffusée hormis en avant-programme dans son cinéma de quartier du Brady)… et même des extraits de son unique film porno, réalisé «en 1975 pour protester à ma manière contre la loi de Giscard autorisant les pornos, assure Mocky en rigolant. Les droits d’exploitation du film ont été achetés par le mari de la fille qui jouait dedans !». Si se promener dans la filmographie de Mocky ressemble beaucoup à un tour de montagnes russes, tout est bon ou presque dans cette première salve de DVD, qui propose aussi bien des comédies satiriques (Un drôle de paroissien, la Grande Lessive) que des polars politiques très sombres (Solo, l’Albatros). On y retrouve à leur meilleur les acteurs fétiches d’un cinéaste qui, en bon conteur jamais avare d’un bon mot, a ouvert pour nous sa boîte à souvenirs apparemment inépuisable…

Bourvil, l’ami fidèle. «Fernandel avait refusé le rôle d’Un drôle de paroissien, parce qu’il sortait des Don Camillo et qu’il en avait marre des films avec curés. C’est Marcel Aymé, dont j’étais proche, qui m’a conseillé Bourvil. Je dépose le scénario à midi dans sa boîte aux lettres et à une heure et demie, il me téléphone. Je vais le voir dans l’après-midi et, ensuite, on n’a pas arrêté de rigoler jusqu’à sa mort en 1970, même sur le tournage de l’Etalon où il était pourtant très malade. Le plus dur a été de négocier avec son agent, Trives, un type étonnant, une gueule cassée avec une jambe de bois. Il a engueulé Bourvil : « T’es pas un peu cinglé de faire ça ? »     Il faut dire que la clientèle de Bourvil, c’était celle du général de Gaulle, l’incarnation de la Normandie profonde. Alors, un rôle de bon catholique pilleur de troncs, ça faisait désordre…»

Francis Blanche, l’ami polygame. «On a fait dix films ensemble dont son dernier, Un linceul n’a pas de poches. Il est mort avant la postsynchronisation : c’est Roger Carel qui l’a doublé en imitant sa voix. Francis joue le rôle d’un républicain espagnol dont l’ultime phrase est : «Viva la muerte !»… Sur son lit de mort, Francis a dit à Jean Carmet : « Quel dommage que je n’ai pas fait plus de films avec Mocky ! » Comme beaucoup de comiques, il aimait tourner avec moi. Il avait l’impression de bosser avec un gars sérieux alors que, la plupart du temps, il tournait dans tellement de conneries… Son problème, c’est qu’il avait besoin d’argent pour entretenir ses quatre femmes.»

Jean-Claude Rémoleux, l’ami maousse. «A mes débuts comme acteur, j’ai tourné avec des grands seconds rôles, Pierre Larquey ou Saturnin Fabre, et j’ai toujours regretté que des trognes comme eux aient disparu des écrans. Il faut dire qu’aujourd’hui, les acteurs de premier plan n’ont pas le charisme d’un Jules Berry ou d’un Raimu : vu leurs physiques plutôt banals, un second rôle très typé risquerait de leur voler la vedette. Rémoleux, à la base, n’était pas un acteur. Il venait d’une famille très riche, actionnaire de Prisunic. C’était un type très important, mais complètement fou. Je l’ai repéré sur le plateau du Procès d’Orson Welles en 1962, où il jouait un flic. Un gros qui m’a heurté comme un ours en baragouinant… et que j’ai immédiatement engagé pour Un drôle de paroissien. Je l’ai utilisé dans 12 films, toujours comme un mastodonte ahuri : on dirait un phoque ! Même son enterrement s’est terminé par un gag : les croque-morts ont glissé sur le sol gelé et son cercueil est tombé à l’eau.»

Jean-Pierre Mocky, le faux ami. «Je n’aime pas jouer, je préfère mettre en scène. Mais quand l’acteur principal vous dit non et que les dates de tournage sont calées, vous êtes bien obligé de boucher les trous ! Dans Solo, j’ai remplacé Delon, dans l’Albatros, Trintignant, dans Un linceul n’a pas de poches Daniel Gélin, dans Vidange, Gérard Lanvin… On me reproche d’être narcissique, mais c’est parce que je ne peux pas faire autrement !»

( Libération le 14/05/2004 )


Auteur. Sept films décalés et foutraques, à l’image du réalisateur.

Eclectique Mocky
Par Samuel DOUHAIRE – vendredi 14 janvier 2005
La collection Mocky

Sept nouveaux titres:

les Dragueurs (1959), Snobs (1961), la Cité de l’indicible peur (1964),
les Compagnons de la marguerite (1966), l’Ibis rouge (1975), le Témoin (1978) et Y a-t-il un Français dans la salle? (1982). Pathé. 7 DVD, 19,99 € chaque.

Et sept qui font quatorze. La quasi-intégrale Jean-Pierre Mocky en DVD, lancée au printemps (Libération du 14 mai), s’enrichit de sept nouveaux titres, tous recommandables, dans un désordre chronologique bien à l’image du réalisateur foutraque. Cette deuxième salve (1) pioche en effet sans véritable vision d’ensemble dans vingt-trois années de carrière, depuis les Dragueurs, premier long métrage très Nouvelle Vague tourné en 1959, jusqu’à Y a-t-il un Français dans la salle ?, décapante séance de tir aux pigeons politique écrite avec Frédéric Dard en 1982. Au moins, il y en a pour tous les goûts : une satire sociale acharnée (Snobs), une dénonciation militante de la peine de mort (le Témoin), une comédie sur le mariage aussi charmante que surréaliste (les Compagnons de la marguerite), deux polars décalés (les très drôles l’Ibis rouge et la Cité de l’indicible peur, à l’ambiance proche du cinéma fantastique)…

Au-delà de leur diversité, ces titres sont très représentatifs du style Mocky : de l’humour au vitriol, de la rapidité presque pathologique et un défilé de «trognes» incroyables dans les seconds rôles, toujours très soignés. Visiblement, les acteurs ont autant de plaisir à tourner un film de Mocky que les spectateurs à le regarder. Ecoutez Michel Serrault, mort de rire quand il raconte ( hélas ! trop brièvement, comme la plupart des bonus de la collection ) la séquence de l’ascenseur avec Michel Galabru dans l’Ibis rouge. «Il faut avoir eu la chance de connaître ça au moins une fois dans sa vie», renchérit Jean-François Stévenin, qui admet toutefois avoir frôlé «150 crises cardiaques» sur le plateau de Y a-t-il un Français dans la salle ? : «Mocky fout un tel bordel» que, même quand il ne joue pas dedans, «c’est lui la star de son propre film». Et de ses propres DVD, serait-on tenté d’ajouter.
Chaque titre comporte un très court extrait de son autoportrait cinématographique, Mocky Story, et une présentation de l’histoire du film, dans laquelle il laisse libre cours à ses talents de conteur, voire d’affabulateur. Woody Allen a-t-il vraiment acheté des gags de Snobs ? Et un sorcier cantalou a-t-il vraiment jeté un sort à la pellicule parce qu’on lui avait refusé un rôle dans la Cité de l’indicible peur ? L’histoire est si belle qu’on la croirait tirée d’un film de Mocky.

(1) La suite est prévue, si les ventes sont jugées satisfaisantes par Pathé, à l’automne 2005.

Jean-Pierre Mocky parie sur le DVD pour la diffusion de ses films

LE MONDE DU 13 MARS 2005

Le maître de l’humour noir et de la comédie absurde, qui travaille sur trois projets, espère sortir en DVD, au rythme de sept par semestre, les quarante-sept longs métrages qu’il a déjà réalisés.
C’est un cas dans le cinéma français : alors qu’une partie de la profession se lamente sur les difficultés de financement des films, Jean-Pierre Mocky a, lui, trois titres dans ses tiroirs. Grabuge, avec Charles Berling et Michel Serrault, est l’adaptation d’un polar de Pierre-Alain Mesplède, Les Trottoirs de Belgrano (Gallimard, « Série noire » . Touristes, oh yes ! est une comédie quasi muette narrant les tribulations de fromagers hollandais invités à passer un week-end dans la banlieue parisienne. Enfin, Les Ballets écarlates sont, selon son auteur, un « mélodrame horrible ». Une femme dont l’enfant a disparu y tue les membres d’un réseau de pédophiles. Ces trois œuvres sont pour Mocky appelées à connaître des conditions de distribution diverses et parfois fort surprenantes.

Grabuge sera très classiquement distribué par Pathé. En ce qui concerne les deux autres films, rien n’est encore fait. « J’ai eu une proposition d’un grand magasin qui veut sortir Touristes, oh, yes ! directement en DVD, indique le réalisateur. Ils veulent que je sois le premier réalisateur connu à sortir directement en DVD ; il aurait un tirage de 300 000 exemplaires et serait vendu 4 euros ! Pour Les Ballets écarlates, fait sur un coup de colère mais difficile à sortir, on s’associerait avec une association de lutte contre les réseaux pédophiles pour présenter le film dans 400 villes françaises. Je m’intéresse à de nombreux sujets. Je pourrais faire des films-dossiers sur des sujets divers et trouver à chaque fois des sorties adaptées. » Et Mocky de finir un roman, Mister Flash, gentleman-gangster (Flammarion).

L’œuvre prolixe de Mocky se décline aujourd’hui aussi en DVD. Sept titres sont sortis récemment, tous représentatifs d’un moment de la carrière de l’auteur du Miraculé. « Pour chaque sortie de films, on fait un panachage. Ici, il y a quatre films en noir et blanc et trois films en couleurs, d’époques différentes. » Les Dragueurs sont, en 1959, le premier long métrage de Mocky. Centré sur un don Juan désabusé et malheureux (Jacques Charrier) qui initie un timide (Charles Aznavour) à l’art de la séduction, le film est imprégné de l’esprit de la Nouvelle Vague dans son désir de captation de la réalité du Paris nocturne.

Snobs (1962) imagine la rivalité entre les héritiers présomptifs d’une laiterie industrielle qui inaugurent, en un réjouissant mélange de trognes et de tics, la comédie absurde et antinaturaliste telle que la concevra le cinéaste. La Cité de l’indicible peur (1964), adaptée d’un roman de Jean Ray, invente ce genre spécifiquement « mockyen », une forme de fantastique absurde et comique qui se retrouvera dans des œuvres comme Litan ou Villes à vendre. Les Compagnons de la marguerite (1967) exaltent l’escroquerie anarchisante en peignant un employé de mairie qui s’amuse à transformer les états civils pour éviter les divorces coûteux.

L’Ibis rouge (1975) est une mixture où l’univers du réalisateur rejoint une forme de réalisme poétique. Le Témoin (1978) est un des chefs-d’œuvre de Mocky. L’humour noir, l’amour des acteurs s’y teintent d’une indéniable cruauté. Sordi y tient le rôle d’un restaurateur de tableaux accusé du meurtre d’une fillette, en fait assassinée par un notable incarné par Philippe Noiret. Il est condamné à mort et exécuté. « Avec Le Témoin, je n’ai pas voulu dépeindre la pédophilie au sens où on l’entend aujourd’hui, et qui désigne l’exploitation sexuelle de l’enfance, mais je voulais montrer qu’un adulte pouvait tomber amoureux d’un enfant. Sordi adorait le rôle, même si, à l’origine, c’est Gabin qui devait jouer son personnage. »

DES RÔLES INATTENDUS

Y a-t-il un Français dans la salle ?, adaptation en 1982 d’un roman de Frédéric Dard, est un jeu de massacre au cours duquel un politicien (Victor Lanoux) retrouve le chemin de la grâce en tombant amoureux d’une adolescente. C’est un bel exemple de la façon dont le cinéaste utilise, de façon toujours surprenante, les comédiens du cinéma français. Jean-François Stévenin et Jacques Dutronc sont étourdissants dans des rôles inattendus, conjurant le typage prédéterminé.

Pour Mocky, le DVD, c’est capital. « Beaucoup de mes films ont été interdits aux moins de 18 ans. Je les faisais pour des jeunes qui ne pouvaient pas les voir. Donc, la génération qui n’avait pas 18 ans dans les années 1970 ne les a pas vus ; les jeunes de 20 ans aujourd’hui, non plus. Ils sont enfin découverts grâce au DVD. Je voulais que ce soit dans une grande collection, c’est pour cela que mes films sortent chez Pathé. Un peu comme mon roman, qui sort chez Flammarion. » Les suppléments sont constitués d’entretiens avec Mocky et avec des acteurs. Quant au principe de montrer des scènes coupées au montage : « Je n’ai pas mis de scènes coupées, car celles qui m’auraient intéressé ont été détruites par les producteurs. Dans Les Dragueurs, il y avait une séquence finale où l’on revoyait Anouk Aimée. Le héros, qui était tombé amoureux d’elle, découvrait que c’était une prostituée et il montait avec elle. Mais le DVD de La Cité de l’indicible peur contient en supplément le prologue que les distributeurs m’avaient contraint de tourner. »

Au rythme de sept films par semestre, Mocky espère diffuser l’intégralité de son œuvre (47 films !) en peu de temps.

Jean-François Rauger

7 DVD (vendus séparément) : Les Dragueurs, Y a-t-il un Français dans la salle ?, L’Ibis rouge, La Cité de l’indicible peur, Les Compagnons de la marguerite, Le Témoin, Snobs. Ed. Fox-Pathé.

P.S. : Le cas Rémoleux :


Dominique Zardi & Jean-Claude Rémoleux en cuistot

L’une est figures les plus attachantes du bestiaire Mockien est Jean-Claude Rémoleux : Je ne résite pas de vous joindre l’hommage d’Olivier Assayas pour « Les cahiers du cinéma », lors de sa mort de en 1985. Notre ami Christophe Bier qui avait fait  une chronique dans »Mauvais genre » sur France Culture à son sujet, rappelait qu’il y avait une association sur ce comédien crée par Francis Kunz/Kafka pilier de l’équipe de « Groland », sur Canal +. A lire aussi l’excellent portrait à son sujet, par Armel de Lorme, dans l’indispensable @ide-mémoire.

J’avais rencontré Jean-Pierre Mocky et Patricia Barzyk lors d’une signature de son roman « Mister Flash ». Il était très chaleureux avec son groupe de fans, au Virgin Mégastore Bordeaux, le 13/05/2005. Un cinéphile de 23 ans avait évoqué… Rémoleux. La relève est assurée ! Ce dernier m’a même informé de l’existance d’un T-Shirt Rémoleux ! Si cette association voulait bien renaître de ses cendres…

LES CAHIERS DU CINÉMA

Hommage d’Olivier Assayas

« Tout de suite reconnaissable à sa large silhouette, son crâne chauve et sa mopie qui parfois semblait l’envelopper tout entier, il ne ouvait manquer de frapper par son improbable filet de voix, sa diction zozotante et hallucinée. Policier maladroit, écorchant « Marinella » comme en état de stupeur dans « La grande lessive », un des frères Robinhoude dans « La bourse et la vie » où il gémissait lamentablement sur sa banqueroute « Nous avons crû à une affaire mirobolante » , député Lacassagne dans « L’étalon  » où son aphonie l’empêchait de s’exprimer à la tribune (« Ve fuis un député muet » , on n’aurait pas fini d’énumerer les apparitions mémorables de Jean-Claude Rémoleux qui était bien sûr devenu un signe de reconnaissance, de complicité parmi le clan apparemment de plus en plus large des inconditionnels de Moky. On l’a vu chez Welles, dans « Le procès », on l’a vu chez Godard dans « Bande à part »  mais Rémoleux ne fut jamais acteur. Personnage de cinéma aussi bien à la ville qu’à l’écran il demeurera toujours irréductible à un rôle ou à plus forte raison à un emploi. Entier, monolitique, il était ce qu’il jouait sans distance, sans recul. En cela le rôle devenait Rémoleux et non l’inverse. On a ironisé sur Rémoleux. On a vu en lui un canular. C’est tout le contraire, non acteur Rémoleux était un être humain traversant le cinéma et l’émotion qu’on ne pouvait manquer d’éprouver en le retrouvant d’un film à l’autre était à la mesure de l’impossiblilité théorique rationnelle de sa présence. Il était toujours là contre tout. Olivier Assayas ( Cahiers du Cinéma N°369 Mars 85 )