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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Catherine Hosmalin

Elle suit des cours à l’école-atelier de Charles Dullin. Elle fait beaucoup de théâtre avec François Rancillac (« La nuit au cirque », « Amphitryon », « Le fils »), Danielle Chinsky (« La femme offensée », « Le décaméron des femmes) ». Elle connaît un grand succès dans son rôle de Mme Parpalaid dans « Knock ou le triomphe de la médecine », aux côtés de Fabrice Luchini de 2002 à 2004. Elle assure également la mise en scène de deux spectacles de Charlotte de Turckheim, « On m’a pas prévenue » (2004) – avec Valérie Benguigui  – et « Ça va nettement mieux » (2007). Elle fait ses débuts à l’écran dans le très subtil court-métrage de Roger Guillot, « La Goula » (1986). Elle est très émouvante dans le rôle d’une jeune femme de 22 ans assez forte et qui vit seule avec son père et son frère. Employée dans un supermarché, elle est la risée de ses collègues ricanant de ses rondeurs. Ils décident de parier avec la complicité d’un jeune sot, surnommé « P’tit cul », ce dernier se devant de la séduire. Eblouissante dans ce rôle effacé, elle reçoit une mention pour son interprétation dans les festivals de Clermont-Ferrand et de Genoble en 1987. On la perd un peu de vue, même si Roger Guillot lui reste fidèle. Elle retrouve ce registre sensible dans « Les demoiselles du 12 », où elle joue une employée des renseignements téléphoniques à Lorient. Le cinéma se l’arrache le plus souvent pour des rôles de fortes personnalités, à l’instar de Charlotte Maury-Sentier ou Franckie Pain. Elle figure souvent des personnages très réactifs, joviaux, auquel il convient de ne pas « marcher sur les pieds », sous peine de représailles vipérines, loin de son interprétation dans « La Goula ». Il faut la voir, dans le cadre d’une journée portes ouvertes, outrager la reine mère interprétée par Catherine Deneuve par son sans gêne dans « Palais royal ! » (Valérie Lemercier, 2004). Elle est aussi capable de sensualité, pour peu qu’un réalisateur ne la cantonne pas au second plan. On la retrouve dans une scène d’anthologie devant une caisse de supermarché dans « Le coût de la vie » (Philippe Le Guay, 2002) . Elle garde espoir dans l’adversité, malgré son surendettement. Pour la rééducation de son fils, elle se dit même prêt à tout, comme préparer des gâteaux ou même se prostituer… On la retrouve souvent dans des comédies, en contrôleuse SNCF suspicieuse dans « Les vacances de Mr. Bean », en aristocrate dégénérée dans « Les Aristo », ou en cuisinière joviale dans « Nos jours heureux ». Elle est remarquable dans « Deux vies plus une » (2006), beau film d’Idit Cébula, en femme de ménage d’une école maternelle et amatrice de potins. Elle jubile quand elle se retrouve au milieu d’une dispute homérique entre Emmanuelle Devos et Yvon Back, se dépêchant de s’isoler pour mieux dissimuler sa joie. Dans « Il y a longtemps que je t’aime » (2007), elle est une conseillère de réinsertion, soucieuse de bien faire, mais qui malgré sa bonne volonté va avoir du mal à attirer la sympathie du personnage joué par Kristin Scott Thomas, trop longtemps muré dans la souffrance. Elle est une femme médecin bornée qui par son trop grand respect du règlement participe au scandale du sang contaminé dans le téléfilm « Sa raison d’être ». Elle est attendrissante, en mère de famille chaleureuse réfugiée dans la cuisine pendant que sa fille organise une fête chez elle dans « Tellement proches » (2008). Elle sympathise et réconforte avec chaleur Vincent Elbaz, qui se sent mal à l’aise au milieu de plus jeunes. Elle est aussi très drôle en candidate à perpétuité au régime soumise à l’autorité de Clémentine Célarié dans « Victor » (2008). Elle personnifie la française moyenne dans « La rafle » en boulangère qui s’étonne de voir des enfants avec l’étoile jaune alors « qu’ils avaient l’air si convenables ». Si elle s’amuse de les voir jouer en faisant un jeu de mots sur les « bons aryens », elle se réjouit de la rafle sans aucune retenue. Dans « Mammuth » elle est la bonne copine de Yolande Moreau, prête à tout pour l’aider à se lancer dans une équipée sans grande sagacité afin de se venger du vol de portable du personnage de Serge Pillardosse joué par Depardieu. Elles sont parfaites dans ce couple à la gouaille jubilatoire. Cette belle blonde est assurément à ranger dans la catégorie des voleuses de scènes. Souhaitons-lui de retrouver un rôle où elle puisse susciter l’émotion comme dans « La Goula », car il est évident qu’actuellement on n’exploite pas toujours toutes les facettes de son talent et son grand charme.

Avec Hélène Vincent et Anne Brochet dans « Les irréductibles »

Filmographie : 1986  La Goula (Roger Guillot, CM) – 1988  Prisonnières (Charlotte Silvera) – Je j’ai dans la peau (Jean-Pierre Thorn) – 1989  La clé n’est pas dans le pot de géranium (Manuela Gourary, CM) – 1990  Un type bien (Laurent Bénégui) – 1992  La joie de vivre (Roger Guillot) – 1998  Superlove (Jean-Claude Janer) – Vénus beauté (institut) (Tonie Marshall) – 15 août (Patrick Alessandrin) – Mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs (Charlotte de Turckheim) – 1999  Les petits souliers (Olivier Nakache, CM) – En vacances (Yves Hanchar) – Total western (Éric Rochant) – 2000 Les filles du 12 (Pascale Breton, CM) – Reines d’un jour (Marion Vernoux) – 2001  Ma caméra et moi (Christophe Loizillon) – 2002  La patience d’une mère (Dodine Herry-Grimaldi, CM) – Varsovie-Paris (Idit Cebula, CM) – Le coût de la vie (Philippe Le Guay) – Chouchou (Merzak Allouache) – Moi César, 10 ans 1/2,  1m 39 (Richard Berry) – Mauvais esprit (Patrick Alessandrin) – 2003  Ces jours heureux (Olivier Nakache, CM) – La confiance règne (Étienne Chatiliez) – Illumination (Pascale Breton) – 2004   Le petit chevalier (Sami Lorentz, CM) – Palais royal ! (Valérie Lemercier) – 2005  Je préfère qu’on reste amis… (Éric Tolédano) – Les irréductibles (Renaud Bertrand) – Dikkenek (Olivier Van Hoofstadt) –  Nos jours heureux (Olivier Nakache & Éric Toledano) – Les Aristos (Charlotte de Turckheim) – 2006  Ma place au soleil (Éric de Montalier) – Mr. Bean’s hollyday (Les vacances de Mr. Bean (Steve Bendelack) – Deux vies… plus une (Idit Cébula) – 2007  Il y a longtemps que je t’aime (Philippe Claudel) – Louise Michel (Benoît Delépine & Gustave Kervern) – 2008  Tellement proches (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Victor (Thomas Gilou) – 2009  La rafle (Roselyne Bosch) – Mammuth (Benoît Delépine & Gustave Kervern) – En vacances (Yves Hanchar) – 2010  Il reste du jambon ? (Anne Depétrini, rôle coupé au montage) – Ni à vendre ni à louer (Pascal Rabaté) –  Case départ (Lionel Steketee, Fabrice Eboué & Thomas Ngijol) – 2011 Parlez moi de vous (Pierre Pinaud) – Mince alors ! (Charlotte de Turkheim) – Upgrade (Titre TV : Adieu Paris) (Franziska Buch) – 2012  La vraie vie des profs (Emmanuel Klotz et Albert Pereira Lazaro) – 2014  Chic ! (Jérôme Cornuau) – Le talent de mes amis (Jérôme Cornuau) – Qui c’est les plus forts ? (Charlotte de Turckheim) – 2015  La folle histoire de Max et Léon (Jonathan Barré) – Fleur de tonnerre (Stéphanie Pillonca-Kervern) – 2016  Arborg (Antoine Delelis, CM) – 2017  La deuxième étoile (Lucien Jean-Baptiste) – Un regard dans la nuit (Christophe Gand, CM) – Artem silendi (Franck Youch, CM) – Guy (Alex Lutz) – L’école est finie (Anne Depétrini).

Télévision : 1988  Drôles d’histoires / Mésaventures : Amour de vacances (Philippe Gallardi, CM) – 1988  Palace (Jean-Michel Ribes) – Piazza Navona : La vacanza (Roger Guillot) – 1990  Un destin cannibale (Roger Guillot) – Nouvelles de Marcel Aymé : Les bottes de sept lieues (Hervé Baslé) – 1991  Le décaméron des femmes (Marlène Bertin, captation) – 1993  Maigret se défend (Andrzej Kostenko) – 1994  Un été à l’envers (Roger Guillot) – 1997  La vie comme un dimanche (Roger Guillot) – 1998  L’échapée (Roger Guillot) – 2000  Un flic nommé Lecoeur : Sugar baby (Alain Tasma) – Avocats & Associés : Tractations (Denis Amar) – Les petites mains (Lou Jeunet) – 2001  Angelina (Claude d’Anna) –  2003  Blague à part : Bon sang de merde (Pascal Chaumeil, CM) – 2004  Knock ou le triomphe de la médecine (Laurent Preyale, captation) – 2005  Engrenages (Philippe Triboit, saison 1) – Vénus & Apollon : Soin défraîchi (Olivier Guignard) – 2006  La reine Sylvie (Renaud Bertrand) – La volière aux enfants (Olivier Guignard) – Chez Maupassant : Toine (Jacques Santamaria) – 2007  Sa raison d’être (Renaud Bertrand) – 2009  Le juge est une femme : Sous X (Denis Amar) – Maison close (Mabrouk El Mechri, série TV) – 2012  Comme un air d’autoroute (Franck Lebon) – 2013  Maison close (Mabrouk El Mechri et Jérôme Cornuau, saison 2) – 2014  Mongeville : Mortelle mélodie (Bruno Garcia) – Merci pour tout Charles (Ernesto Onà) – La trouvaille de Juliette (Jérôme Navarro) – 2015  La petite histoire de France (Jonathan Barré, mini-série) – 2016/2017  Scènes de ménage – 2017  Lebowitz contre Lebowitz : La raison du plus fort (Christophe Barraud) – Meurtres à… : Meurtres dans les Landes (Jean-Marc Thérin) – Nox (Mabrouk El Mechri, mini-série) – Myster Mocky présente : Modus operandi (Jean-Pierre Mocky, CM). 

EN COUP DE VENT #1

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Jean Abeillé

Petite rubrique « coup de vent », imaginée en créant quelques fiches pour « Wikipédia », histoire de saluer quelques comédiens souvent cantonnés dans des rôles qualifiés parfois péjorativement de seconds plans. Ils font pourtant souvent mouche à la moindre de leurs apparitions, au détour d’un plan dans le cinéma français, à l’instar d’Henri Attal et Dominique Zardi déjà évoqués ici, en attendant un petit hommage consacré à Bernard Musson. Quelques messieurs pour commencer. Vous pouvez trouver plus d’informations pour quelques uns d’entre eux dans le site Les gens du cinéma et dans les ouvrages évoqués ici. Pour les reconnaître il y a aussi l’indispensable trombinoscope de Thelin.

Jean Abeillé : Incroyable « speakerin » dans les émissions de « La 7 » qui devint « Arte » par la suite. Sa nochalance est très appréciée de Luc Moullet et Jean-Pierre Mocky.

Edmond Ardisson (1904-1983) : Membre régulier de la troupe de Marcel Pagnol, un tempérament méditerranéen constamment dans la sympathie. Il est le jardinier jovial prénommé Napoléon dans la célèbre « Demoiselle d’Avignon » à la télévision.

Philippe Brizard (1932-) : Malgré ses airs débonnaires, il faut parfois se méfier de lui comme son rôle de « Fanfan » dans la « Scoumoune » (1972), mais il incarne souvent l’ordre et l’autorité.

Paul Bisciglia : (1928). Ce prolifique comédien, spécialisé dans des seconds rôles, a près de 200 films à son actif. On le retrouve souvent dans des personnages souvent gouailleur, tel le comédien marié à Micha Bayard en quête de rôles dans « Le cinéma de Papa ». Il ne dédaigne pas des comédies égrillardes, et on le retrouve régulièrement chez Jean Rollin.

Pierre Collet (1914-1977) : Le planton dans « Les 5 dernières minutes » version Loursais-Souplex, un bon sens et une aptitude peu commune à être complètement dépassé par des personnalités loufoques. Une voix aussi, on retrouve souvent ce comédien solide dans des rôles d’hommes du peuple.

Georges Douking (1902-1977) : Une folie évidente, acteur fétiche de Pierre Chenal, qui a manqué de grands rôles à la fin de sa carrière. Il est le jardinier assassiné par Julien Bertheau dans « Le charme discret de la bourgeoise ».

Henri Lambert (1927-2003) : Comédien très physique, souvent cantonné dans des rôles de brutes ou d’hommes de main, on le retrouve parfois dans des rôles d’inspecteurs.

Robert Le Béal (1915-1996) : Archétype du monsieur distingué, fine moustache et flegme britannique, il fut le fils de Denise Grey dans « La boum » faisant curieusement beaucoup plus âgé qu’elle.

Rudy Lenoir (1913-1995) : Ce strasbourgeois est souvent employé dans des rôles d’officier S.S., de par sa stature et sa calvitie, mais Jean-Pierre Mocky l’intègre dans son bestiaire.

Sylvain Lévignac  (1929-1994) : Une silhouette massive, et un parcours solide de cascadeur. On le retrouve hélas beaucoup dans les rôles d’abrutis de service.

Roger Lumont (1934-) : Une rondeur, une voix – beaucoup de doublage -, cantonné souvent dans des rôles inquiétants, mais on le retrouve aussi dans des emplois plus bon enfant – le commissaire dans l’ineffable « Na ! » de Jacques Martin.

Max Montavon (1926-1983) : Caricature d’homosexuel tendance « grande folle » du comique français des années 60 à 1980. Il en fait tellement en policier maniéré, que son partenaire, Serge Gainsbourg n’arrive visiblement pas à contrôler son hilarité dans le film « Trop jolies pour être honnêtes » (1972).

Albert Michel (ou Albert-Michel)  (1909-1981) : Un prolifique archétype du français moyen, souvent odieux ou sans-gênes voire râleur, mais attachant au final.

Jean Ozenne (1998-1969) : Des personnages guindés souvent coincés dans des convenances, une raideur de notable ou de domestiques serviables. Mais avec lui, derrière une apparence austère, la folie n’est jamais loin, du fétichiste des bottines du « Journal d’une femme de chambre » version Buñuel au maître d’hôtel sarcastique lançant des « Mon Dieu » à la cantonade devant les énervements d’un De Funès dans « Le grand restaurant » (1966).

Jean-Pierre Rambal (1931-2001) : Un comédien lunaire, dont le souvenir un tantinet régressif est émouvant pour les vieux enfants qui l’ont vu en professeur Plumecousin dans l’émission « Brok et Chnok » dans les années 70 dans les « Visiteurs du mercredi ». Il fallait le voir en acteur incarnant un pompiste arrosant de fausse essence les seins dénudés de Miou-Miou dans « Josépha » (1981).

Jacques Robiolles : Le moindre rôle de fou lui était dévolu par la télévision française à l’instar d’un adorateur d’une secte animalière dans les excellents « Compagnons de Baal » en 1966. Il cabotine volontiers dans ses emplois. 

Yvon Sarray : Comédien attachant que l’on retrouve souvent dans des feuilletons historiques, mais le cinéma n’aura pas sû l’utilisé autrement que dans des silhouettes.

Jean Saudray (1928-2002) : Une silhouette austère souvent cantonnée dans des rôles « d’affreux », de bagnards, il était toujours impeccable dans des rôles souvent retords.

Sylvain (Jean Sylvain) (1906-1970) : Une silhouette austère pour des petits rôles de concierges ou d’homme du peuple, à ne pas confondre avec Sylvain Lévignac qui figure parfois avec ce même prénom.

Lionel Vitrant : Ce comédien devenu cascadeur par hasard sur « Le jour le plus long » (1961) , où il joue le parachutiste accroché en haut d’une église, paraît souvent dans des rôles plutôt taiseux comme le fidèle homme de main d’Alain Delon dans « Borsalino  Co » (1974). Son fils Olivier est également cascadeur.

To be continued…

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gilles Gaston-Dreyfus

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Le spectateur lui sera toujours redevable, la moindre de ses apparitions anime l’ensemble et nous amène dans un univers déjanté. Dans « Hellphone », il est irrésistible en proviseur « cartoonesque », amateur de poissons rouges, trônant dans un bureau, infatué de lui même pour finir par être malmené par la puberté de Jean-Baptiste Maunier dont un téléphone portable satanique est tombé amoureux – Christophe Lambert et son porte-clefs criant à tout bout de champ « I love you » dans le film homonyme de Marco Ferreri, peut aller se rhabiller… -. En œnologue surlignant sa compétence, hallucinant de roublardise, il arrive même à réveiller Russel Crowe dans le pachydermique « Une bonne année » en suscitant la méfiance, et dans « Incontrôlable » il est un médecin ayant gravi depuis longtemps la plus haute échelle de la folie, laissant Michael Youn sidéré d’avoir son corps qui parle avec la voix de Med Hondo.

Je vous propose simplement de lui porter un culte, l’acteur qui nous sauve de l’ennui  pour nous amener directement dans la jubilation.

Cela fait un petit moment qu’il nous est familier, on se souvient de ses mémorables scènes d’engueulades avec Catherine Frot dans « Escalier C », amusant Robin Renucci par leurs éternelles disputes. Yves Boisset en fait un moment l’un de ses acteurs fétiches.

C’est avec Édouard Baer qu’il connaît un regain de popularité, notamment avec le cultissime « Centre de visionnage » de l’émission « Nulle part ailleurs » sur Canal plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire » (sic ! ) de 1997 à 1999. Il fallait le voir en éternel rouspéteur, il incarne le sentencieux Me Morissard, qui a même droit à sa phrase culte : « Je suis une merde ! ». A l’aise dans l’univers Baerien, il nous livre toujours de véritables morceaux d’anthologies, en collaborateur fatigué dans « La Bostella » et en narrateur lunaire et envahissant dans « Akoibon ».

Il participe aussi à la série de Nicolas & Bruno « Cogip 2000 », version pré- « Bureau », il figure aussi dans l’originale émission « L’œil du cyclone », toujours pour Canal + et perturbe même sérieusement la campagne électorale 2007 – qui n’arrête pas de nous faire rire jaune d’ailleurs -, dans des détournements pour le site de Karl Zéro. Multicarte, il a une carrière prestigieuse au théâtre, avec les plus grands metteurs en scène, comme Jorge Lavelli, André Engel, Roger Planchon ou Bernard Murat. Il fut aussi le directeur de la compagnie théâtrale du « Chapeau ».

Il vient véritablement du moule cassé des « excentriques du cinéma français » chers à Raymond Chirat et Olivier Barrot, on l’aurait vu volontiers animer de sa folie quelques films des années 30 à 60. Le délire chez lui n’est jamais loin, et le rencontrer c’est une entrée directe dans l’insolite, comme son personnage de l’inconnu du cimetière dans « Je pense à vous ». Il est le convoyeur toujours en train de faire des quêtes et répondant au doux sobriquet de « Butagaz » dans « Le convoyeur » et le bon copain s’amusant de sa libido dans « Monique ».

On le retrouve aussi en président haineux sous perfusion qui ne s’exprime que par « borborygmes », et en fantôme homosexuel, trompant son éternel ennui en repassant sans cesse, tous les vêtements qu’il trouve.

On ne lui aura finalement pas souvent demandé d’être dans une tonalité « normale » à l’instar du père qui retrouve le goût de vivre dans « La maison de Nina » et du prof soucieux d’équitation dans « Danse avec lui », que l’on devine sensible et pudique, ne montrant pas sa joie de retrouver le personnage joué par Mathilde Seigner après des années d’absences.

Comme souvent pour les comédiens, c’est Bertrand Tavernier qui l’utilise avec le plus de subtilité, en lui offrant le rôle d’Yves Fontaine, dans « Holy Lola ». Il est un père adoptif rigoriste, maladroit et buté, s’évertuant à faire répéter l’alphabet à sa fille adoptive, braquant toute la petite communauté des Français cherchant à adopter au Cambodge. Trop probe finalement, il ne va pas comprendre une société de compromission qui le dépasse, et derrière une attitude sur la défensive, il n’arrive pourtant pas à cacher sa trop grande humanité. Dans « Cherche fiancé tous frais payé », il vole allégrement, avec Isabelle Gélinas, la vedette du couple Alexandra Lamy-Bruno Salomone. Dans le rôle du mari trop idéal pour ne pas cacher quelques failles, il excelle quand ses excès de boissons révèlent chez lui des penchants homosexuels. Dans « Cortex », il est un malade qui perd sa mémoire, mais qui reste avisé d’une situation trouble malgré son handicap. Dans «  »Hello Goodbye » », il est un médecin vivant en Israël et amateur de taxidermie, qui promet un peu trop rapidement un poste de gynécologue à notre Gégé Depardieu national un peu chloroformé. Il compose un « Beria » saisissant en deux scènes dans « Une exécution ordinaire ». Dans l’une, il se renseigne auprès d’un médecin prisonnier politique de l’état de santé de Staline, et dans l’autre, assez drolatique, il visionne avec ce dernier un film de John Wayne, avec une traduction simultanée décalée.

Au final, son apparence tranquille cache toujours quelques secrets bien gardés, comme le voisin de Kad Merad, qui semble très contrarié qu’il ait une inclinaison pour Christiana Reali dans « Le grand méchant loup », ou le père de famille qui a peur de ne pas y arriver dans « Tirez, la langue mademoiselle ». Il est toujours à l’aise dans le délire, en centurion ivrogne dans la quatrième mouture d’Astérix, ou le retraité qui termine « façon puzzle » dans « 9 mois ferme ».

Quoi qu’il en soit, nous avons beaucoup à attendre de ce fabuleux comédien, capable de toujours nous expédier dans de hautes sphères délirantes.

Gilles Gaston-Dreyfus

Gilles Gaston-Dreyfus dans « Bad timing »

Filmographie : 1983  La fiancée qui venait du froid (Charles Némès) – 1984  Escalier C (Jean-Charles Tacchella) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Edwige et l’amour (Cécile Decugis, CM) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987  Bernadette (Jean Delannoy) – La travestie (Yves Boisset) – 1988  Les cigognes n’en font qu’à leur tête (Didier Kaminka) – Radio corbeau (Yves Boisset) – L’étudiante (Claude Pinoteau) – Vampitreries (Éric Delatour, CM) – Envoyez les violons (Roger Andrieux) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – 1989  Chanson à ma mère (Deva-Sugeeta Fribourg, CM) – 1990  Déminage (Pierre-Oscar Levy, CM) – La double vie de Véronique ( Krzystof Kieslowski) – La tribu (Yves Boisset) – 1991  La gamine (Hervé Palud) – Les improductifs (Pierre Isoard, CM) – Mauvais garçon (Jacques Bral) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – Décroche, Pénélope ! (Sylvie Flepp & Didier Fontan, CM) – 1993  Neuf mois (Patrick Braoudé) – 1994  Interview (Benoît Di Sabatino, CM) – 1995  (Sic) (Matthieu Poirot-Delpech, CM) – Sept ans et  demi de réflexion (Sylvie Flepp, CM) – 1997  La vieille barrière (Lyèce  Boukhitine) – Qui va Pino va sano (Fabrice Roger-Lacan, CM) – 1998  Moi j’ai pas la télé (Raphaël Meltz & Pauline Bauer, CM) – Les frères Sœur (Frédéric Jardin) – 1999  Sur un air d’autoroute (Thierry Boscheron) – La Bostella (Édouard Baer) – 2000 Cy-belle (Grégory Baubeau, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – Un oiseau dans le plafond (Cécile Macherel, CM) – 2002  Pauvre de moi (Olivier Gorce, CM) –  L’esprit du jeu (Philippe Dorison, CM) – Bois ta suze (Thibault Staib, CM) – Monique (Valérie Guignabodet) – 2003  Le convoyeur (Nicolas Boukhrief) – Mariages ! (Valérie Guignabodet) – Holy Lola (Bertrand Tavernier) –  2004  Akoibon (Édouard Baer) – Sanctus (Alain Boegner, CM) – La maison de Nina (Richard Dembo) – 2005  Incontrôlable (Raffy Shart) – Roucoulements sourds et inquiets (Jean-Christophe Thormann, CM) – Enfermés dehors (Albert Dupontel) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Je pense à vous (Pascal Bonitzer) – A good year (Une grande année) (Ridley Scott) – Danse avec lui (Valérie Guignabodet) – Hellphone (James Huth) – Mr. Bean’s holiday (Les vacances de Mr. Bean) (Steve Bendelack) – 2007  Cherche fiancé tous frais payés (Aline Issermann) – Cortex (Nicolas Boukhrief) – Les dents de la nuit (Vincent Lobelle & Stephen Cafiero) – Hello Goodbye (Graham Guit) – Les vieux sont nerveux (Thierry Boscheron) – 2008  Sale timing (Olivier Barma, CM) – 2009  Une exécution ordinaire (Marc Dugain) – Gardiens de l’ordre (Nicolas Boukhrief) – Divorces (Valérie Guignabodet) – Un mystérieux mystère (Céline Macherel, CM, + scénario) – Machination (Arnaud Demanche, CM) – 2010  Station Pir (Gilbert Glogowski, CM) – 2011  Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (Laurent Tirard) – 2012  Le grand méchant loup (Nicolas & Bruno) – Tire ta langue, mademoiselle (Axelle Robert) – Neuf mois ferme (Albert Dupontel) – Parenthèse (Bernard Tanguy, CM). Voxographie : 2009  Logorama (H5 , Hervé de Crécy , François Alaux & Ludovic Houplain, CM, animation).

Télévision : 1984  Deux filles sur un banc (Alain Ferrari)-– 1986  À nous les beaux dimanches (Robert Mazoyer) – La dame des dunes (Joyce Buñuel) – 1987  Marie Pervenche : La dernière patrouille (Claude Boissol) – 1988  L’éloignement (Yves-André Hubert) – La belle anglaise : S’il vous plaît chauffeur – Palace (Jean-Michel Ribes) – 1989  Le retour d’Arsène Lupin : La robe de diamants (Nicolas Ribowski) – A tale of two cities (Un comte de deux villes) (Philippe Monnier) – 1990  Haute tension : Meutre en douces (Patrick Dromgoole) – Notre Imogène (Sylvain Madigan) – 1991  Navarro : Mort clinique (Gérard Marx) – Strangers dans la nuit (Sylvain Madigan) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – Aldo tous risques : Mascarade (Michel Lang) – 1992  Aldo tous risques : La guigne (Michel Lang) – 1993  L’affaire Seznec (Yves Boisset) – Charlemagne (Id) (Clive Donner) – Ascension express (Nicolas Ribowski) – 1994  Couchettes express (Luc Béraud) – 1995  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1996  Le galopin (Serge Korber) – Maigret a peur (Claude Goretta) – 1997  Une femme en blanc (Aline Issermann) – Navarro : Le parfum du danger (Nicolas Ribowski) – Un et un font six : Crise de confiance (Franck Appréderis) – Un et un fonx six : Ca passe ou ça casse (Franck Appréderis) – 1998  Une grosse bouchée d’amour (Michaëlla Watteaux) – Venise est une femme (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marc Eliot : Ces flics qu’on dit sauvage (Patrick Jamain) – 2001  Thérèse et Léon (Claude Goretta) – La mort est rousse (Christian Faure) – 2002  La kiné : Double drame (Aline Issermann) – 2003  Cogip 2000) (Nicolas & Bruno) – Louis Page : Un enfant en danger (Chantal Picault) – 2006  Sartre, l’âge des passions (Claude Goretta) – 2008  Central nuit : Comme des soeurs (Olivier Barma) – 2009  L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct) – 2010  Les Bleus : premiers pas dans la police (Chambre avec vue) (Olivier Barma) – 2012  Trafics (Olivier Barma & Laure Diaz, série) – Fais pas ci, fais pas ça (Saison 5) (Gabriel Julien-Laferrière) – 2013  Kaboul Kitchen (Frédéric Berthe & Frédéric Belekjdian).

Dernière mise à jour du 12/10/2013

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dominique Zardi

 Dominique Zardi dans "Les misérables" (Robert Hossein, 1982)

Dominique Zardi dans « Les misérables » (Robert Hossein, 1982)

« Au pays du cinéma, il possède la double nationalité. Tantôt chabrolien, tantôt mockyste. Il incarne dans les deux troupes la francité dans toute son horreur. Son crâne rasé et son allure de catcheur le renforcent dans le rôle du méchant d’opérette. Inutile de préciser que les deux grands cinéastes de l’anti-France ne  résistent jamais au plaisir de charger son personnage au maximum ». Telle était la définition de Dominique Zardi par Hervé Le Roux et Alain Philippon dans leurs « Fragments d’un dictionnaire amoureux » – dont j’ai repris le titre de manière éhontée pour faire cette rubrique -, dans « Les Cahiers du cinéma » N°408″ (Mai 1988). On peut dire de lui qu’il est connu, mais pas vraiment reconnu, car tout le monde connaît son visage, roux avec calvitie, désormais chauve et sa silhouette trapue. J’avais évoqué ses débuts, voir la fiche de ce blog consacrée à son ami Henri Attal, mais il est intéressant de s’occuper de son parcours « cavalier seul ». Il est difficile de l’éviter quand on suit le cinéma français, il prétend avoir arrêter de comptabiliser ses films à partir du N° 500.  On se demande d’ailleurs, si ce grand prolifique, n’avait pas le don de l’ubiquité, d’autant plus que volontiers bagarreur, il était à ses débuts, selon Claude Chabrol… interdit de séjour ! Sa filmographie est un véritable casse-tête, même s’il est vrai que son CV officiel reste très précieux pour les recherches, mais il est difficile de prétendre avec lui à l’exhaustivité d’autant plus qu’il avait déclaré à l’émission « Le club » sur « CinéClassic » en 1998, avoir fait une trentaine de film de dos ! – (1) d’où une tentative d’une seconde filmographie « dorsale » donc difficilement vérifiable -. Dans cette émission, il nous embrouille encore plus en parlant d’une participation au film « Malaria » de Jean Gourguet en 1942, – le sieur étant né en 1930, il avait donc 12 ans ! – face à Sessue Hayakawa, avec un débutant nommé… Jean-Pierre Mocky. Mais si on se met à penser qu’il affabule, il est vrai qu’il a souvent raison, on le voit finalement partout en passager du métro dans « Pickpockett » (1959) de Robert Bresson, qu’en voyageur dans une gare derrière Paul Newman, dans « Paris Blues » (1961), en badaud à deux reprises dans un décor de rue avec Brigitte Bardot dans « La vérité » (1960), un spectateur dans un cabaret dans « Strip-tease » (1962), etc… Il a toujours un art assez remarquable de se mettre en avant, même dans une scène de groupe. Au petit jeu de rajouter sur sa fiche IMDB des films oubliés de son CV, je n’avais trouvé après nombre de visionnages, que « Les yeux de l’amour » (Denys de la Patellière), où il suit Danielle Darrieux dans une gare – décidément ! -, ou dans « Les bonnes causes » (Christian-Jaque, 1962), en participant d’une audience au tribunal. Dans cette quête métaphysique d’optimiser sa filmographie, sans tomber dans l’extrême du dispositif barbare élaboré pour que Malcolm McDowell dans « Orange mécanique », pour qu’il garde les yeux ouverts, on finit par s’interdire de cligner de l’œil à la vision des films français de des années cinquante à 70, de peine de le manquer. Né à Belleville-près-Paris, selon sa formule, ses copains de classe lui disant « Ah ! t’es pas de Paris ! », il raconte que son parrain était le célèbre « Pierrot le fou ». Ironie du sort, il tournera dans le film homonyme de Jean-Luc Godard – qui n’a pas grand chose à voir, il est vrai avec le truand notoire -, avec le rôle titre Jean-Paul Belmondo qui fut le parrain de sa fille. L’homme multiplie « les casquettes » et est un auteur complet, conférencier passionné – pour l’avoir rencontre en avril 2004, il est très disert sur sa carrière, il m’avait évoqué le tournage de « Touristes, oh yes ! », de Jean-Pierre Mocky – toujours inédit -, où il me racontait la difficulté des comédiens de parler tous… hollandais, durant tout le film, pour une sorte d’hommage à Jacques Tati -. Il est d’ailleursamusant dans ce film disponible en DVD en guide sourd. Il faut l’entendre comme souvent dans les émissions de TV, ou les bonus DVD se présenter comme – exhausteur de goût -, voir l’anecdote de la gousse d’ail dans sa fiche « Wikipédia » qui répertorie de plus ses rôles. Il est également écrivain, « Le génie du judaïsme » (1971), « Dublin des étoiles  » (1972), « Le monde des truands » (Éditions Tatamis, 2008), etc…, quelques-uns uns de ses livres, dont certain serait dit-on controversé sont disponibles aux éditions « Dualpha », « Tendre ghetto, si le Marais m’était conté » (2003), « Les immortels de la boxe » (2003),  « Le génie du judaïsme » (2004, réédition de son livre de 1971), « L’Algérie des mirages » (2006). Passionné par la boxe il dirigea pendant vingt-huit ans la revue « Euro Boxes show », référence pour les amoureux de ce noble art. Il aussi acteur compositeur de chansons pour Claude Chabrol : – « La tabatière » dans « La femme infidèle », « Isabel » dans « La rupture », « Le petit chien » dans « Docteur Popaul », ect… »Capri petite île » virera même au culte dans « Le boucher » -,  Pierre Granier-Deferre –  « Le petit yoyo » dans « Noyade interdite » – , ou Jean-Pierre Mocky : – « O Manon » dans « La bête de miséricorde » -.

 

 

Dominique Zardi dans « Fleur d’oseille »

 

L’acteur est souvent cantonné dans les rôles de bagnards  – il se paiera le luxe de l’être dans plusieurs adaptations des « Misérables » d’après Victor Hugo chez Marcel Bluwal (1972), Robert Hossein (1982) et l’ineffable Josée Dayan (2000), dans cet emploi,  il paniquera dans une scène de déminage dans « Un nommé la Rocca » de Jacques Becker. On le retrouve très souvent dans des rôles d’affreux, tel l’admirateur odieux de Brigitte Bardot dans « Vie privée » (1961) de Louis Malle, ou le satyre harcelant Marlène Jobert dans « Le dernier domicile connu » (1968). Il déclarait à « Travelling Avant N°10 » : « On m’a donné les pires rôles dans le cinéma français : J’ai joué des psychopathes, des tordus, des tarés, des violeurs d’enfants, des assassins, des pourris, des tueurs aux abattoirs, j’ai fait des choses ignobles, j’ai tué des chiens, des cochons, des poules, des petites filles, des vieillards, j’ai fait des choses abominables… Jamais personne ne m’en a tenu rigueur… ». Mais il est aussi à l’aise dans la farce, en braconnier roublard dans « Le gendarme en balade », l’auto-stoppeur remuant, énervant Eddie Constantine, dans « Les femmes d’abord » (1963), le nageur idiot malmené par Johnny Hallyday dans le cornichonesque « Les poneyttes » (1967),  le notaire trop obséquieux pour être vraiment honnête dans « O.K. Patron » (1973) ou dernièrement le papy séquestré par un François Levantal d’anthologie dans « L’amour aux trousses » (2004). Il a même droit à sa réplique culte chez Michel Audiard dans « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages » : Blier : « J‘ai bon caractère mais j’ai le glaive vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse », Zardi : « C’est pas une métaphore, c’est une périphrase », un comparse : « Ah, fais pas chier ! »,  Zardi : « Ca c’est une métaphore ! ». Il fait finalement de belle rencontre notamment avec Jean-Pierre Melville, Claude Sautet –  pour 4 films -, Luc Moullet – voir son jubilatoire rôle de propriétaire combinard d’une salle de cinéma dans « Les sièges d’Alcatraz » (1988) .Maurice Ronet qui le citera avec chaleur dans son autobiographie, lui donnera l’un de ses meilleurs rôles dans « Bartleby » (1976), où avec Maurice Biraud, il forme un duo réjouissant d’huissiers mesquins. Trois metteurs en scènes en font l’un de leurs acteurs fétiches Pierre Granier-Deferre – 17 films et un téléfilm – qu’il qualifie de « demoiselle d’autrefois » ! en raison de ses bonnes manières, l’utilise souvent avec inventivité, on se souvient du clochard fou face à Yves Montand dans « Le fils » (1972), notamment. Claude Chabrol – 26 films et trois téléfilms -, l’emploi également très souvent, jusqu’à son rôle de gardien du musée dans « Au cœur du mensonge » en 1998. Il le sort très souvent de ses emplois habituels tel l’inspecteur soucieux dans « Que la bête meure » (1969), ou le chefaillon de la poste dans « Poulet au vinaigre » (1964). Il lui fera même jouer un sympathique marchand de ballons, que Stéphane Audran droguée par Jean-Pierre Cassel, finit par prendre pour Dieu, dans un délire psychédélique, dans l’étonnant « La rupture » (1970). Jean-Pierre Mocky – 39 films et deux courts-métrages – lui restera fidèle jusqu’à ces dernières années, il est l’un des supporters les plus virulents d’ « A mort l’arbitre ». Mais il lui donne souvent ces derniers temps des rôles de notables comme dans « Vidange », ou d’importants personnages comme dans « Tout est calme » et l’humanise parfois comme l’ouvrier au chômage qui tente de se suicider en se jetant dans la mer dans « Robin des mers ». On le retrouve dans les derniers films de Mocky, ne dédaignant pas jouer des rôles troubles, comme l’odieux pédophile voyeur dans « Les ballets écarlates ». Saluons ce comédien atypique, parfois virulent, délaissé selon sa formule par les « boutiques » de « Georges Cravenne » – Les Césars – et Bernard Pivot, l’un des comédiens les plus singuliers du cinéma français. Il convient de visiter son site officiel, d’où sont tirées les photos qui illustrent cette note. En juin 2007, paraît enfin son livre de souvenirs de cinéma « Le comédien fétiche du cinéma » – qui semblait faire peur aux éditeurs par son ton polémiste – aux éditions Dualpha. Le livre est réédité, légèrement remanié aux éditions Alphée – Jean-Paul Bertrand. On retrouve son mordant dans cet ouvrage riche en anecdotes et dévoilant quelques facettes de la personnalité de son compère Henri Attal. 

Bibliographie : « L’autre journal N°7 » décembre 1990.

« Travelling Avant » N°10 

 

Dominique Zardi dans le rôle de « Dieu » ! dans « La rupture » 

Filmographie : 1958  Christine (Pierre Gaspard-Huit) – La femme et le pantin (Julien Duvivier) – Pourquoi viens-tu si tard ? (Henri Decoin) – Maxime (Henri Verneuil) – Croquemitoufle / La femme des autres (Claude Barma) – 1959  Pickpocket (Robert Bresson) – Les bonnes femmes (Claude Chabrol) – Le trou (Jacques Becker) – Le dialogue des Carmélite (Philippe Agostini & R.L. Bruckberger) – Austerlitz (Abel Gance) – Tête folle (Robert Vernay) – À rebrousse-poil (Pierre Armand) – Les yeux de l’amour (Denys de la Patellière) – 1960  La vérité (Henri-Georges Clouzot) – Crack in the mirror (Drame dans un miroir) (Richard Fleischer) – Goodbye again (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les godelureaux (Claude Chabrol) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – Vive Henri IV, vive l’amour (Claude Autant-Lara) – Saint-Tropez Blues (Marcel Moussy) – Comment qu’elle est (Bernard Borderie) – 1961  Les trois mousquetaires : Les ferrets de la reine (Bernard Borderie) – Un nommé La Rocca (Jean Becker) – Ophélia (Claude Chabrol) – Un cheval pour deux (Jean-Marc Thibault) – Gigot (Gigot, le clochard de Belleville) (Gene Kelly) – Les Parisiennes [épisode : « Sophie »] (Marc Allégret) – Les petits matins (Jacqueline Audry) – Vie privée (Louis Malle) – 1962  Un chien dans un jeu de quille (Fabien Collin) – The longest day (Le jour le plus long) (Ken Annakin, Andrew Marton, Gerd Oswald, Bernhard Wicki & Darryl Zanuck) – Les ennemis (Édouard Molinaro) – Le monte-charge (Marcel Bluwal) – L’assassin est dans l’annuaire (Léo Joannon) – Paris Blues (Id) (Martin Ritt) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Dossier 1413 (Alfred Rode) – Les femmes d’abord (Raoul André) – L’empire de la nuit (Pierre Grimblat) – Landru (Claude Chabrol) – Le vice et la vertu (Roger Vadim) – Les vierges (Jean-Pierre Mocky) – L’aîné des Ferchaux (Jean-Pierre Melville) – Le doulos (Jean-Pierre Melville) – Les grands chemins (Christian Marquand) – Les bonnes causes (Christian-Jaque) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Un drôle de paroissien (Jean-Pierre Mocky) – À toi de faire, mignonne (Bernard Borderie) – Blague dans le coin (Maurice Labro) – Peau de banane (Marcel Ophuls) – Château de Suède (Roger Vadim) – Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Méfiez-vous Mesdames (André Hunebelle) – Coup de bambou (Jean Boyer) – La bande à Bobo (Tony Saytor) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode « L’homme qui vendit la Tour Eiffel »] (Claude Chabrol) – La ronde (Roger Vadim) – Faites sauter la banque (Jean Girault) – Le journal d’une femme de chambre (Luis Buñuel) – Des frissons partout (Raoul André) – L’assassin connaît la musique… (Pierre Chenal) – La mort d’un tueur (Robert Hossein) – 1964  Le Tigre aime la chair fraîche (Claude Chabrol) – La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Échappement libre (Jean Becker) – Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil) – Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – Fantômas (André Hunebelle) – Nick Carter va tout casser (Henri Decoin) – La grande frousse ou la cité de l’indicible peur (Jean-Pierre Mocky) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein) – Le majordome (Jean Delannoy) – Comartiment tueurs (Costa-Gavras) – Ces dames d’en mêlent (Raoul André) – Fifi la Plume (Albert Lamorisse) – 1965  Pierrot le fou (Jean-Luc Godard) – Hotel Paradiso (Paradiso, hôtel du libre-échange (Peter Glenville) – La grosse caisse (Alex Joffé) – Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Furia à Bahia pour O.S.S. 117 (André Hunebelle) – Le gendarme à New York (Jean Girault) – Fantômas se déchaîne (André Hunebelle) – La métamorphose des cloportes (Pierre Granier-Deferre) – Angélique et le Roy (Bernard Borderie) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – Masculin, féminin (Jean-Luc Godard) – Paris au mois d’Août (Pierre Granier-Deferre) -1966  La curée (Roger Vadim) – La ligne de démarcation (Claude Chabrol) – Brigade anti-gangs (Bernard Borderie) –  Monsieur le Président-Directeur Général (Jean Girault) – L’attentat (Jean-François Davy, inédit en salles) – Le scandale (Claude Chabrol) – Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – Le soleil des voyous (Jean Delannoy) – Fantômas contre Scotland Yard (André Hunebelle) –  Un idiot à Paris (Serge Korber) – Roger-la-Honte (Riccardo Freda) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le grand dadais (Pierre Granier-Deferre) – Les risques du métier (André Cayatte) – Les Poneyttes (Joël Le Moigne) – Les grandes vacances (Jean Girault, rôle coupé au montage ?) – Les biches (Claude Chabrol) – La petite vertu (Serge Korber) – Caroline Chérie (Denys de la Patellière) – Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvage (Michel Audiard) – Ho ! (Robert Enrico) – Le gendarme se marie (Jean Girault) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – Le cerveau (Gérard Oury) – La femme infidèle (Claude Chabrol) – L’amour (Richard Balducci) – L’amour c’est gai, l’amour c’est triste (Jean-Daniel Pollet) – 1969  Que la bête meure (Claude Chabrol) – Une veuve en or (Michel Audiard) – Delphine (Éric Le Hung) – Solo (Jean-Pierre Mocky) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause (Michel Audiard) – La horse (Pierre Granier-Deferre) – Les choses de la vie (Claude Sautet) – Dernier domicile connu (José Giovanni) – La promesse de l’aube / Promise at dawn (Jules Dassin) – Qu’est-ce qui fait courir les crocodiles ? (Jacques Poitrenaud) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Sortie de secours (Roger Kahane) – Les novices (Guy Casaril) – Ils (Jean-Daniel Simon) – Comme larrons en foire (Edmond Freess, CM) – Le gendarme en balade (Jean Girault) –Le cinéma de papa (Claude Berri) – Juste avant la nuit (Claude Chabrol) – L’albatros (Jean-Pierre Mocky) – Le cri du cormoran, le soir, au-dessus des jonques (Michel Audiard) –Max et les ferrailleurs (Claude Sautet) – On  est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – L’explosion (Marc Simenon) – 1971  La grande maffia (Philippe Clair) – Jo (Jean Girault) – Chut ! (Jean-Pierre Mocky) – L’odeur des fauves (Richard Balducci) – Les galets d’Étretat (Sergio Gobbi) – Une larme dans l’océan (Henri Glaeser) – 1972  Docteur Popaul (Claude Chabrol) – Elle cause plus… elle flingue (Michel Audiard) – Trop jolies pour être honnêtes (Richard Balducci) – La scoumoune (José Giovanni) – Le fils (Pierre Granier-Deferre) – Don Juan 73 ou Si Don Juan était une femme (Roger Vadim) – Le complot (René Gainville) – 1973  Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – Par ici la monnaie (Richard Balducci) – Deux hommes dans la ville (José Giovanni) – O.K. Patron (Claude Vital) – Nada (Claude Chabrol) – La race des seigneurs (Pierre Granier-Deferre) – Les quatre Charlots mousquetaires ! (André Hunebelle) – 1974  Les innoncents aux mains salles (Claude Chabrol) – Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – La cage (Pierre Granier-Deferre) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Adieu poulet (Pierre Granier-Deferre) – Andréa (Henri Glaeser) – L’intrépide (Jean Girault) – Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1976  Mado (Claude Sautet) – Dracula, père et fils (Édouard Molinaro) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – Bartleby (Maurice Ronet, téléfilm diffusé en salles) – Le pensionnat et ses intimités (Catherine Balogh [= René Gainville]) – 1977  L’homme pressé (Édouard Molinaro) – Violette Nozière (Claude Chabrol) – Comment se faire réformer (Philippe Clair) – 1978  Les réformés se portent bien (Philippe Clair) – Le témoin (Jean-Pierre Mocky) – 1979  Le piège à cons (Jean-Pierre Mocky) – Le toubib (Pierre Granier-Deferre) – Le mors aux dents (Laurent Heynemann) – L’associé (René Gainville) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Un mauvais fils (Claude Sautet) – 1981  Une étrange affaire (Pierre Granier-Deferre) – Pour la peau d’un flic (Alain Delon) – Tais-toi quand tu parles ! (Philippe Clair) – L’Étoile du Nord (Pierre Granier-Deferre) – Les misérables (Robert Hossein, + version TV) – Litan, la cité des spectres verts (Jean-Pierre Mocky) – 1982  Y a-t-il un français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky) – N’oublie pas ton père au vestiaire… (Richard Balducci) – Plus beau que moi, tu meurs (Philippe Clair) – 1983  L’ami de Vincent (Pierre Granier-Deferre) – On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – À mort l’arbitre ! (Jean-Pierre Mocky) – Le sang des autres (Claude Chabrol, + version TV) – 1984  Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir (Philippe Clair) – Y a pas le feu (Richard Balducci) – Poulet au vinaigre (Claude Chabrol) – 1985  Banana’s boulevard (Richard Balducci) – Le pactole (Jean-Pierre Mocky) – 1986  Masques (Claude Chabrol) – Cours privé (Pierre Granier-Deferre) – Le miraculé (Jean-Pierre Mocky) –1987  Noyade interdite (Pierre Granier-Deferre) – Le cri du hibou (Claude Chabrol) – Agent trouble (Jean-Pierre Mocky) – Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky) – La comédie du travail (Luc Moullet) – 1988  Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – Divine enfant (Jean-Pierre Mocky) – 1989  Les sièges de l’Alcazar (Luc Moullet, MM) – Jours tranquilles à Clichy (Claude Chabrol) – L’autrichienne (Pierre Granier-Deferre) – 1990  Madame Bovary (Claude Chabrol) – Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro) – 1991  Mocky story (Jean-Pierre Mocky, inédit) – Le huitième jour ou les pieds gelés (Roland Platte, CM) – La voix (Pierre Granier-Deferre) – Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – 1992  Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1993  Le petit garçon (Pierre Granier-Deferre) – 1994  Noir comme le souvenir (Jean-Pierre Mocky) – 1996  Jour de pêche (Brice Ansel, CM) – 1996  Alliance cherche doigt (Jean-Pierre Mocky) – 1997  Robin des mers (Jean-Pierre Mocky) – 1998  Au cœur du mensonge (Claude Chabrol) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999  Tout est calme (Jean-Pierre Mocky) – 2000 Vidocq (Pitof) – 2001  Les araignées de la nuit (Jean-Pierre Mocky) – La bête de miséricorde (Jean-Pierre Mocky) – 2002  Le furet (Jean-Pierre Mocky) – 2004  L’amour aux trousses (Philippe Chauveron) – Touristes ? oh yes ! (Jean-Pierre Mocky) – Les ballets écarlates (Jean-Pierre Mocky) – Grabuge !  (Jean-Pierre Mocky) – 2005  Le bénévole (Jean-Pierre Mocky) – 2006  Le deal (Jean-Pierre Mocky) – 2007 13 French Street (Jean-Pierre Mocky).

 

 

Dominique Zardi, Ingrid Bergman et Henri Attal… de dos dans « Aimez-vous Brahms? »

(1) Filmographie « dorsale » : 1945  La ferme du pendu (Jean Dréville) – 1946  La revanche de Roger La Honte (André Cayatte) – 1947  Carré de valets (André Berthomieu) – Le bateau à soupe (Maurice Gleize) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Maternité clandestine (Jean Gourguet) – 1954  La fille perdue (Jean Gourguet) – 1958  Cette nuit-là (Maurice Cazeneuve, figuration non confirmée) – La chatte (Henri Decoin, figuration non confirmée) – Le bossu (André Hunebelle, figuration non confirmée) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry, source sa fiche Wikipédia) – 1962  Charade (Id) (Stanley Donen, figuration non confirmée) – 1963   Carambolages (Marcel Bluwal) – 1965  Paris brûle-t’il ? (René Clément, figuration non confirmée) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, figuration non confirmée) – 1967  Jerk à Istambul (Francis Rigaud) – J’ai tué Raspoutine (Robert Hossein, figuration non confirmée) – 1970  Le boucher (Claude Chabrol, chanson seulement, « Capri petite île ») – Topaz (Alfred Hitchcock, rôle coupé au montage) – 1971  La décade prodigieuse (Claude Chabrol, chanson seulement « Pour moi mon chagrin ») – 1973  Le mâle du siècle (Claude Berri, rôle coupé au montage ?) – 1982  Surprise party (Roger Vadim , rôle coupé au montage ?) – La baraka (notifié « Aimé Prado » dans sa filmographie officielle) (Jean Valère) – 1988  La couleur du vent (Pierre Granier-Deferre) – 1989   Il gèle en enfer (Jean-Pierre Mocky, rôle coupé au montage ?).

Nota : crédité au générique, avec Henri Attal,  de « À nous quatre, Cardinal ! » (André Hunebelle, 1973), ils n’apparaissent pas dans ce second volet des « Quatre Charlots mousquetaires ».

 

 

 

Dominique Zardi dans « Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire »

Télévision(notamment) : 1953  Amédée et les hommes en rang (Jean-Claude Carrère, sous réserves) – 1963  Le scieur de longs (Marcel Bluwal) – 1964  L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – 1965  La famille Green (Abder Isker) – Docteur Grunel (Éric Le Hung) – Frédéric le guardian (Jacques R. Villa) – 1966  Antony (Jean Kerchbron) – La trompette de la Bérésina (Jean-Paul Carrère) – 1967 L’amateur / S.O.S. Fernand : Le coup de fil – Docteur Gundel (Éric Le Hung) – Pichi-Poï ou la parole donnée (François Billetdoux) – Vidocq :  L’auberge de la mère tranquille (Marcel Bluwal) – Malican père et fils : (épisode ?) –  Max le débonnaire : Le point d’honneur (Jacques Deray) – Jean de la Tour Miracle (Jean-Paul Carrère) – Lagardère : Les noces du bossu (Jean-Pierre Decourt) (1) – 1968  La boniface (Pierre Cardinal) – 1969  L’invité du dimanche : Claude Chabrol (Roger Kahane) – 1971  Les coups (Jacques Lefebvre) – Madame êtes vous libre ? (Jean-Paul Le Chanois) – 1972  Les misérables (Marcel Bluwal) – 1973  La ligne de démarcation : Guillaume (Jacques Ertaud) – Les nouvelles aventures de Vidocq : Les deux colonels (Victor Vicas) – 1974  Histoires insolites : Une invitation à la chasse (Claude Chabrol) – Les brigades du tigre : Ce siècle avait sept ans (Victor Vicas) – 1975  Jo Gaillard : Cargaison dangereuse (Christian-Jaque) –  Adieu Amédée (Jean-Paul Carrère) – 1976  Les brigades du tigre : L’homme à la casquette (Victor Vicas) – 1977  Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Richelieu (Jean-Pierre Decourt) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Au rendez-vous des Terre-Neuvas (Jean-Paul Sassy) – 1978  Claudine s’en va (Édouard Molinaro) – Il était un musicien : Monsieur Litz (Claude Chabrol) – 1979  Histoires insolites : Une dernière fois Catherine (Pierre Grimblat) – Le journal (Philippe Lefebvre) – Staline-Trotsky : Le pouvoir et la révolution (Yves Ciampi) – Fantômas : L’échafaud magique (Claude Chabrol) – 1980  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’affaire Saint-Fiacre (Jean-Paul Sassy, + chanson du film) – Les dossiers de l’écran : Le grand fossé (Yves Ciampi) – Jean Jaurès : vie et mort d’un socialiste (Ange Casta) – Arsène Lupin joue et perd (Alexandre Astruc) – 1981  Anthelme Collet ou le brigand gentilhomme (Jean-Paul Carrère) – Histoires extraordinaires : Le scarabée d’or (Maurice Ronet) – L’atterrissage (Éric Le Hung) – 1982  Démobilisation générale (Hervé Bromberger) – 1983  Médecins de nuit : Jo Formose (Stéphane Bertin) – La veuve veuve rouge (Édouard Molinaro) – Thérèse Humbert (Marcel Bluwal) – 1984  L’âge vermeil (Roger Kahane) – 1985  Music Hall (Marcel Bluwal) – 1986  Maguy : Aux armes mitoyens (Ariane Ardiani, CM) – 1988  Marc et Sophie : Agents très spéciaux (Georges Bensoussan, CM) – Tourbillons (Josée Dayan, mini-série) – À corps et à cris (Josée Dayan) – 1989  Les deux frères (Roger Kahane) – La goutte d’or (Marcel Bluwal) – 1991  Le gang des tractions : Le dernier round (Josée Dayan) – Myster Mocky : La méthode Barnol (Jean-Pierre Mocky, CM) (diffusé en 2007 par « 13ème rue » dans la collection « Mister Mocky présente… d’après les nouvelles d’Alfred Hitchcock) – 1992  Aldo tout risque : Direct au cœur (Claude Vital) – Tout ou presque (Claude Vital) – 1994  Tribunal : Terrain glissant (George Bensoussan, CM) – 1995  La rivière espérance (Josée Dayan) – La dernière fête (Pierre Granier-Deferre) – 1996  La nouvelle tribu (Roger Vadim) – 2000  Les misérables (Josée Dayan) – 2002  Michel Audiard et le mystère du triangle des Bermudes (François-Régis Jeanne & Stéphane Roux, documentaire DVD) – 2006  Mocky circus (Emmanuel Barnault, documentaire) – 2008  Myster Mocky présente : Dans le lac (Jean-Pierre Mocky, CM) – Myster Mocky présente : Témoins de choix (Jean-Pierre  Mocky, CM) – 2009  Myster Mocky présente : De quoi mourir de rire (Jean-Pierre Mocky, CM).

(1) il n’apparaît pas dans la version cinéma de la série, présenté en 1968, en deux parties sous le titre « Les aventures de Lagardère »

Mise à jour du 14/10/2009

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Olivier Gourmet

 

Désormais, il ne faut plus se lamenter qu’il n’y ait plus de comédiens d’envergure, on peut toujours compter sur le talent d’Olivier Gourmet. C’est grâce aux frères Dardenne que nous avons fait connaissance avec cet acteur wallon, dans « La promesse », où il incarne un père frustre. Il reçoit le prix d’interprétation à Cannes pour « Le fils » en 2002, où il campe un professeur de menuiserie s’attachant à un de ses élèves. Même son dos impressionne- on pourrait écrire des pages sur ce fait -, le public international y découvre cet homme au jeu à la fois physique et sensible. Il retrouvera les deux frères pour « Rosetta » en employeur de restauration rapide d’Émilie Dequenne, et en policier pour « L’enfant ». Sa stature imposante le prédispose à jouer des rôles forts, on se souviendra du truand menaçant et propriétaire d’une boîte de nuit dans « Sur mes lèvres » chez Jacques Audiard. Mais il est aussi à l’aise dans des rôles plus légers, en commissaire bon enfant dans « Mercredi folle journée », il campe un truculent Roger Richebé dans « Laissez-passer », réalisateur qualifié de manière définitive par Henri Jeanson de « Richebé…, pauvre C… « , ou un policier goguenard dans « Pour le plaisir ».  Il est vrai qu’au théâtre il privilégiait les rôles comiques. Il fait une composition saisissante dans « Nationale 7 », vision pas très tendre du monde du handicap de Jean-Pierre Sinapi. Il y joue un myopathe insupportable et ingérable, obsédé par l’idée d’avoir un rapport sexuel, malgré son diabète. Il est un proviseur autoritaire et rigoriste des années 70, dans « Les fautes d’orthographe » de Jean-Jacques Zilbermann, très dur avec son fils joué par le brillant Damien Jouillerot. Mais même dans ses interprétations les plus antipathiques, il y a toujours une dose d’humanité. S’il y a une constante dans ses rôles, c’est sans doute la grande dignité des personnages qu’il incarne. Il garde une grande fidélité au cinéma d’auteur, et, notamment, à Dominique Cabrera comme dans le superbe « Adieu » d’Arnaud des Pallières, où il incarne un homme qui n’aspire qu’à avoir une vie simple. Il trouve un de ses plus grands rôles dans « La petite chartreuse », beau film de Jean-Pierre Denis face à la toute jeune Bertille Noêl-Bruneau. Il y interprète un libraire austère qui retrouve le sens de la vie en voulant sauver du coma une petite fille qu’il a percuté avec sa fourgonnette. Il s’obstine à s’occuper d’elle, en lui faisant la lecture, malgré la méfiance de sa mère – la toujours juste Marie-Josée Croze, il est bouleversant de sensibilité. S’il ne dédaigne pas le cinéma commercial, c’est pour cautionner la qualité comme dans  « Les brigades du tigre » de Jérôme Cornuau, où il reprend le célèbre rôle du « colosse de Rhodez » popularisé par Pierre Maguelon, s’il n’est pas toujours à l’aise avec l’accent méridional, sa bonhomie étincelle. Il apporte également des beaux moments aux films de Bruno Podalydès « Le mystère de la chambre jaune » et « Le parfum de la dame en noir », tout en marquant l’évolution de son personnage qui finit par devenir assez opaque pour son entourage… On le retrouve en curé bourru mais compatissant dans « Jacquou le croquant », donnant du souffle à ce film qui en manque cruellement. Dans « Le couperet », il nous livre une de ses performances le plus saisissante, en homme blessé, en parfait état d’ébriété, victime du stratagème diabolique de José Garcia, un rôle bref, mais inoubliable…  L’homme est de plus d’une grande probité, ce qui est tout à son honneur, interrogé par le « Film français » : « c’est une industrie puante ! Aujourd’hui, on crée souvent l’événement autour de rien, et ça marche. Et pourtant, je reste persuadé que la France, qui m’a accueilli à bras ouverts, demeure le pays le plus ouvert en matière de culture ». (…)  « je constate une baisse de qualité des scénarios par rapport aux années précédentes ».  (…) « le cinéma dit d’auteur a vraiment de plus en plus de mal à exister. Si je prends par exemple les dix scénarios qui sont sur mon bureau, je crois qu’un seul parviendra à se faire (…). Il est regrettable que des jeunes auteurs talentueux soient obligés de se battre contre des moulins pour monter leurs projets. « . Source :  « Cinéma.fluctuanet ». 

 

dans « La petite chartreuse »

L’homme reste engagé, comme dans « Sauf le respect que je vous dois« ,

en employé qui se révolte contre le harcèlement moral. Il participe ainsi au téléfilm original de William Karel, « Poison d’avril », critique acerbe évoquant le rôle des médias le 21 avril 2002, alternant scènes d’archives télévisées avec des scènes de comédie. Il y incarne Charles, un rédacteur en chef d’une grande probité. Il ne pourra contrecarrer les plans d’un journaliste cynique incarné par Bruno Todeschini, prêt à tout pour faire de l’audience, quitte à abandonner l’éthique des choix éditoriaux de l’équipe qu’il a désormais en charge. Charles doit se rendre à l’hôpital au chevet de son père mourant, regrettant finalement le temps passé à son métier. Olivier Gourmet fait preuve à nouveau d’une grande  émotion, notamment dans les échanges avec une infirmière. Il est formidable dans « Congorama », comédie décalée, où il est un inventeur laborieux – rôle écrit pour Benoît Poelvoorde ! -, inventant un curieux robot-tondeuse. Ses rapports avec son père mutique et grabataire, incarné superbement par Jean-Pierre Cassel, sont très touchants. Il y fait preuve aussi de tendresse avec sa femme d’origine congolaise et son jeune fils. La révélation de sa véritable identité, il a été abandonné par des parents canadiens, finissent par ébranler ses habitudes. La rencontre fortuite avec un Canadien azimuté – Paul Ahmarani, étonnant – et … d’un émeu, finiront par faire basculer sa vie, montrant une partie peu glorieuse de sa personnalité. Dans ce film, il est d’une grande drôlerie, mais finit comme toujours par éveiller notre empathie avec son personnage. Il déclare dans « Le soir » du 17 janvier 2007 à Philippe Manche : « …On m’a rarement proposé des personnages qui ont autant de légèreté humoristique tout en ayant un véritable ressort humain… ». Pour incarner « Mon colonel » en 2006, dans le film de Laurent Herbiet, il perd 25 kilos pour incarner un militaire sec, austère, et déterminé durant la guerre d’Algérie. Il manipule une jeune recrue incarnée par Robinson  Stévenin, un idéaliste qui finit par céder à son autorité, quitte à nier ses propres convictions. Sa prestation évite tout manichéisme, pour ce personnage convaincu de bien faire, quitte à pratiquer la torture, finissant par s’arranger avec « son sens du devoir ». Il réalise là une de ses meilleures performances. On retrouve sa silhouette affûtée dans « Pars vite et reviens tard », où il incarne un crieur public, livrant des messages dans le quartier de Beaubourg à Paris. Il y est tellement crédible que l’on finit par s’étonner que ce type de personnage ne figure pas dans notre quotidien. Dans une scène de bistrot, avec Michel Serrault, un comédien de sa trempe, il donne à son personnage une intégrité, refusant de monnayer de mystérieux messages. Il est convaincant en impresario de Coluche partagé entre ses intérêts et de l’empathie dans « Coluche, l’histoire d’un mec ». Il a toujours une belle exigence en participant à des films originaux, avec son rôle de père taiseux et pris par son travail dans « Mon fils à moi » ou dans celui de l’époux d’Isabelle Huppert habitant près d’un tronçon d’autoroute dans « Home ». Il est convainquant en policier rongé par la culpabilité de ne pas avoir retrouvé le fils disparu de « Miou-Miou » dans « Pour un fils ». Il amène une complexité dans sa composition de Réaux dans « Vénus noire », forain jouisseur se servant du personnage de Saartjie Baartman, entre manipulation perverse et empathie, pour ses propres intérêts. Il montre également sa vis comica en employé d’une quincaillerie dans Bancs Publics et le prêtre enthousiaste de « Rien à déclarer ». Il est aussi à l’aise dans les polars noirs, en frère marginal de François Cluzet et Jonathan Zaccaï, s’occupant d’un chenil dans « Blanc comme neige » et le truand implacable de « Légitime défense ». Il est saisissant dans sa composition de manager survolté d’un comédien raté dans « Robert Mitchum est mort », dans la démesure, il trouve avec ce film original l’un de ses meilleurs rôles. L’homme garde les pieds sur terre, même le succès venant. Il reste attaché à sa Belgique natale, et continue à s’occuper de l’hôtel familial avec sa femme, dans un petit village des Ardennes, à Mirwart, depuis 1999. Régis Wargnier, rencontré lors d’une avant-première, m’a confirmé qu’il répond même au téléphone, et s’occupe des clients, mais ne propose plus désormais que les petits déjeuners, abandonnant les autres repas. Sa gamme et sa puissance de jeu étant absolument remarquable, et ses choix judicieux, c’est un comédien à suivre assurément… Génial dans son métier, et humainement remarquable.

dans « Mon fils à moi » DR

Filmographie : 1988  Hostel Party (Roland Lethem, CM) – 1991 Couru d’avance (Xavier Chitaens, CM) – 1995  Le huitième jour (Jaco Van Dormel) – La promesse (Luc et Jean-Pierre Dardenne) – 1997  Le bal masqué (Julien Vrebos) –  Sombre (Philippe Grandrieux) – Je suis vivante et je vous aime (Roger Kahane) – Le signaleur (Benoît Mariage, CM) -Toreros (Éric Barbier) – Cantique de la racaille (Vincent Ravalec) – Ceux qui m’aiment prendront le train (Patrice Chéreau) – 1998  Le voyage à Paris (Marc-André Dufresne) –  Rosetta (Luc et Jean-Pierre Dardenne) –  J’adore le cinéma (Vincent Canoo, CM) – Peut-être (Cédric Klapisch) – 1999  Nadia et les hippotames (Dominique Cabrera) (+ version TV : Retiens la nuit) – Princesses (Sylvie Verheyde) – Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi) –  De l’histoire ancienne (Orso Miret) – L’héritier (Philippe de Pierpont, CM) – Sauve-moi (Christian Vincent) – 2000  Mercredi, folle journée (Pascal Thomas) – Le lait de la tendresse humaine (Dominique Cabrera) – Petite sœur (Ève Deboise, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – 2001 Sur mes lèvres (Jacques Audiard) – Une part du ciel (Bénédicte Liénard) – Un moment de bonheur (Antoine Santana) – Le fils (Luc et Jean-Pierre Dardenne) – Peau d’ange (Vincent Perez) – Le temps du loup (Michael Haneke) – 2002  Le mystère de la chambre jaune (Bruno Podalydès) – Adieu (Arnaud des Pallière) –  Les mains vides (Marc Recha) – Trouble (Harry Cleven) – 2003  Pour le plaisir (Dominique Derrudderre) – Folle embellie (Dominique Cabrera) – Quand la mer monte (Yolande Moreau et Gilles Porte) – Les fautes d’orthographes (Jean-Jacques Zilbermann) – Le pont des arts (Eugene Green) – 2004  La petite Chartreuse (Jean-Pierre Denis) – Le parfum de la dame en noir (Bruno Podalydès) – Le couperet (Costa-Gavras) – L’enfant (Luc & Jean-Pierre Dardenne)  – Sauf le respect que je vous dois (Fabienne Godet) – 2005  Un homme ordinaire (Vincent Lannoo) – Mon fils à moi (Martial Fougeron) – Jaquou le croquant (Laurent Boutonnat) – Les brigades du tigre (Jérôme Cornuau) – Congorama (Philippe Falardeau) – Madonnen (Maria Speth) – Cow-boy (Benoît Mariage) – 2006  Mon colonel (Laurent Herbiet) – Madre e ossa (L’amour caché) (Alessandro Capone) – Pars vite et reviens tard (Régis Wargnier) – 2007  Go fast (Olivier Van Hoofstadt) – Mesrine : L’ennemi public N°1 (Jean-François Richet) – Home (Ursula Meier) – Bancs publics (Bruno Podalydès) – Coluche, l’histoire d’un mec (Antoine de Caunes) – Le silence de Lorna (Luc & Jean-Pierre Dardenne) – 2008  Pour un fils (Alix de Maistre) – Un ange à la mer (Frédéric Dumont) – Robert Mitchum est mort (Olivier Babinet & Fred Kihn) – Altiplano / Fragment of Grace (Jessica Woodworth & Peter Brosens) – 2009  Blanc comme neige (Christophe Blanc) – La vénus noire (Adbellatif Kechiche) – Le roman de ma femme (Djamshed Usmonov) – 2010  Rien à déclarer (Dany Boon) – Légitime défense (Pierre Lacan) – Le garçon à vélo (Jean-Pierre et Luc Dardenne) – L’exercice de l’État (Pierre Schoeller) – 2011  Montana (Stephan Streker) – Le guetteur (Michele Placido) – Hénaut président (Michel Muller) – 2012  Violette (Martin Provost) – Grand central (Rebecca Zlotowski) – SK1, la traque de Guy Georges (Frédéric Tellier) – 2013  La marche (Nadir Ben Yadir) – La tendresse (Marion Hänsel) – Terre battue (Stéphane Demoustier). Télévision : 1994  Maigret en vacances (Pierre Joassin) – 1995  Les Steenford, maîtres de l’orge (Jean-Daniel Verhaeghe) – Folle de moi / Y a pas de lézard (Pierre Joassin) – 1997  Papa est monté au ciel (Jacques Renard) – 2000  Dossier dopage : contre la montre (Jean-Pierre Sinapi) – 2006  Poison d’avril (William Karel) – Candidat libre (Jean-Baptiste Huber) – 2007  L’affaire Ben Barka (Jean-Pierre Sinapi) – 2012  Les anonymes – Ùn’ pienghjite micca (Pierre Schoeller, + diffusion en salles).

DOROTHÉE BLANCK PAR DOROTHÉE BLANCK

Dorothée Blanck dans « L’or du duc » de Jacques Baratier

Note du 4/02/2016 : Je suis très attristé d’apprendre la disparition de Dorothée Blanck sur la page facebook d’Agnès Varda Officiel : « Je considère que mon seul métier, c’était ni d’être une femme, ni une maîtresse, ni une mère de famille, mais une égérie. »
Dorothée Blanck vient de nous quitter : amoureuse dans « L »opéra-Mouffe » & modèle amie de Cléo dans « Cléo de 5 à 7 » chez Varda, qui l’avait repérée en danseuse à la Cigale dans « Lola » de Demy. Sa gentillesse, sa bonne humeur, ses yeux de chat vont nous manquer… » Je garderai en mémoire le souvenir de cette femme lumineuse aux multiples talents. Merci à Frédéric Norbert

En navigant sur le web, en cherchant des informations sur « L’or du duc » de Baratier, je découvrais le blog de la comédienne Dorothée Blanck, Le journal d’une dériveuse, montrant ses qualités d’observations et d’écritures, aussitôt il figurait dans mes favoris. On retrouve aussi ses textes et beaucoup de documents sur son site.  Puis Agnès Varda nous donna de ses nouvelles, en la retrouvant avec Corinne Marchand dans l’un des formidables boni du DVD de « Cléo de 5 à 7 ». Malicieusement, la réalisatrice lui fit redescendre la rue qu’elle arpentait dans le film, nommée… « Rue des artistes » à Paris. J’eu la bonne surprise de découvrir un jour un courriel de Dorothée après avoir fait une note sur « Cléo… », film que j’estime énormément. Grâce à nos échanges qui suivirent, j’eu le temps d’apprécier les qualités humaines de cette personne et son grand talent de plume. Profitant de nos échanges, je lui ai proposé de commenter sa filmographie, remarquable s’il en est. Ce qu’elle fit volontiers avec modestie et faconde, en annonçant sur son blog « C’est plus amusant d’écrire sur commande, et cela règle les problèmes d’identité: Lira…Lira pas… ». S’il elle n’avait fait que « Cléo de 5 à 7 » et les films de Jacques Demy, ça lui suffirait pour rester dans le coeur des cinéphiles. Mais le parcours de celle qui fut le modèle de Josef Von Sternberg pour une leçon de cinéma pour un documentaire d’Harry Kümel, est encore plus riche, et ainsi elle vous propose une réponse au court-métrage que lui a consacré Haydée Caillot « Qui êtes-vous Dorothée Blanck ? », en 1987. Elle n’a pas finit de nous surprendre…

Longs-métrages :

1953 Les Enfants de l’amour, (Léonide Moguy)

De ce mélo avec une ravissante Etckika Choureau larmoyante, je ne me souviens que des seins de Nadine Tallier. J’étais danseuse aux Capucines où elle menait la revue avec son charme canaille de titi parisien. Nos lits étaient côte à côte dans un grand dortoir. Nous avions toutes la même blouse grise de l’orphelinat, il faisait très chaud sur le plateau, elle s’éventait, je pouvais donc voir sa gorge parfaite. En dehors de ça, Léonide Moguy avait un charme slave auquel je n’étais pas insensible.

1954 La Reine Margot, (Jean Dreville).

Quelques danseuses du Mogador avait auditionné pour danser une Pavane. J’adore ces danses anciennes où l’on ne fait que des grâces, des révérences.

1955 French Cancan, (Jean Renoir) (1)

« … J’avais 15 ans et je donnais tous les soir à Mogador quand Renoir est venu nous auditionner pour son film « French-Cancan ». Après avoir vu toutes les danseuses de Paris, il en a retenu 24, je faisais partie du lot… Sur les 24, il y en avait 4 qui jouaient un petit rôle. Je faisais aussi partie des 4, mais j’ignorais tout de mon rôle. Je l’ai apris par le régisseur qui m’a annoncé que je devais tourner une scène nue dans un tub, j’étais mortifiée, mais de peur d’être renvoyée je n’ai pas osé dire non. (…) Il n’y a pas eu de scène du tub. Le jour du « costume », c’est-à-dire, le jour de la scène, j’ai vu Renoir et je lui ai avoué que cela me gênait beaucoup car j’étais une vraie « Jeune fille », et je me gardais pour l’homme que j’aimerais ! Il a dit : « O.k., je comprends, tu danserais dans le balais » (…) L’atmosphère était joyeuse et bon enfant. Comme nous avions toutes le même costume, Renoir craignait d’avoir oublié de nous dire « bonjour ». Alros, toute la journée, il nous retournait en disant : « Toi, je t’ai dit bonjour ! » et il nous embrassait de nouveau, ce qui d’ailleurs nous ravissait car nous étions bien entendue amoureuse de lui (…) Il était d’une politesse exquise, et dès qu’une femme entrait dans le studio ou à la cantine, il se levait pour la saluer. Mais sa courtoisie ne s’adressait pas qu’aux femmes. Pour saluer un machiniste, il traversait le plateau s’il le fallait…

1956 Elena et les hommes , (Jean Renoir) (1)

« Je me souviens que les figurants étaient presque au nombre de mille. Il était impossible aux principaux acteurs d »étre dans le champ de la caméra et l’opérateur, son fils Claude le lui a signalé. Alors Renoir a pris un porte-voix et s’est adressé à la foule des figurants qui encombrait le champ car tout le monde rêve d’être du film. « Vous êtes tous des artistes », leur a-t-il dit, « Alors, faites les choses comme vous le sentez, bougez, embrassez-vous, courrez, sautez ». Et le miracle s’est produit. Tous les figurants étaient tellement émus, qu’ils n’on plus encombré le devant du plateau sauf dans les limites qu’il fallait, et Renoir a pu filmer ses acteurs…

1959 Enigme aux Folies Bergère, (Jean Mitry).

J’ai rencontre Jean Mitry qui était alors critique de cinéma dans un cinéma d’art et essai que Jacques Loew fréquentait. Il en avait lui même été un certain temps le directeur. Nous avons tourné cette scène d’une loge de danseuses en train de se préparer au spectacle Aux Bouffes Parisiens, joli théâtre à l’italienne.

1960 Une femme est une femme, (Jean-Luc Godard)

Jean-Luc Godard avait vu Opéra Mouffe de Varda, il a imaginé me faire faire un pastiche de Belmondo dans à bout de souffle en streaptiseuse avec l’imper et le chapeau melon de celui-ci, en dessus j’avais un collant entier vert. Mais le temps a manqué pour cette improvisation, Godard tournait avec Anna Karina de jour dans une petite boite de nuit de Pigalle. Alors, il a demandé à Agnès de lui donner un plan de son film avec moi nue. C’est ainsi que je figure de dos dans la scopitone que regardent Jean paul Belmondo et Jacques  Brialy.

1961 Lola, (Jacques Demy)

Jacques Demy accompagnait Agnès Varda dans la rue, elle m’a présentée à lui et proposé de danser dans le film de celui-ci qui serait tourné à Nantes. J’ai tout de suite dit oui! Comme le costume que l’on me montrait au studio lors d’essai n’était pas particulièrement sexy, je me suis acheté une guépière et je l’ai agrémentée de bas résilles noirs et d’une rose sur une jarretière, mon cachet y passait mais c’était pour la gloire, nous étions une demi-douzaine de danseuses je voulais me démarquer. Quand arrivées à l’hôtel on nous a demandé de mettre nos costumes pour nous présenter à Demy, j’ai plaqué mes mains sur les hanches et bombé la poitrine. Agnès toute petite se trouvait là. J’ai demandé à la costumière ce qu’elle faisait là: « Comment, tu ne sais pas, C’est la femme de Jacques! » Génée, j’ai rengorgé mes avantages. Avec le charleston en musique de fond, cela a été un plaisir de tourner durant huit jours. Anouk Aimée fait partie de mon phantéon d’actrice et Corinne Marchand en simple collant noir et chapeau claque faisait rêver. Ce film est un bijou… 

1961 Cléo de cinq à sept, (Agnès Varda)

Agnès Varda, pendant que son mari tournait, elle écrivait Cléo. J’ai dû apprendre à conduire, je m’y suis reprise à deux fois avant d’avoir le permis, sinon je ne pouvait tourner ce rôle de modèle, métier que je pratiquais à l’époque. Les étrangères, sans carte de travail avait cette ressource pour vivre, dans les ateliers le massier passait avec un chapeau à la fin des poses pour rétribuer le modèle. Retrouver la superbe Corinne qui grande, généreuse, et très directe me traitait comme une petite soeur était aussi un plaisir. Mes scènes préférées sont celles où elle répète avec ses musiciens Serge Korber et Michel Legrand. Je revois le film il n’a pas pris une ride.

1962 Il segno del vendicatore, (Roberto Mauri)

Roberto Mauri, quand les cancans allaient bon train : »Voilà les concierges de la culotte! Il faut dire que nous étions à Gubbio, une petite ville moyennageuse tenue par les curés. Le moindre écart de conduite, la permission de tourner dans les lieux était otée. Pour ma part, j’étais sage comme une image car amoureuse d’un amant resté à Paris. Et puis l’équipe sicilienne n’otait pas son chapeau lors des repas et faisaitmine d’ignorer la gente féminine. La production ne donnait que des bouts de pellicules, si bien que ne sachant jamais le métrage qu’il y avait dans le magasin, il fallait retourner la scène sans savoir si l’on arriverait au bout; J’étais assignée à résidence avec mon passeport polonais, je devais me présenter chaque semaine au consulat à Rome; Quand quelqu’un est venu me proposer de jouer Maris-Madeleine, j’ai voulu d’abord retrouver Paris.

1962 Le Vice et la vertu, (Roger Vadim)

Roger Vadim Vadim lui aussi avait vu le court- métrage de Varda, il m’a convoquée ainsi que plusieurs vestales, filles enlevées par des allemands pour leur plaisir dans un chateau fort. A la cantine du studio Robert Hossein usait de son charme slave. Il m’a regardé: « Toi, je ne te fais pas la cour tu ne me croirais pas! » Vadim est un seigneur, il nous mettait sur le planning même s’il n’était pas sûr de nous faire tourner, c’est la seule fois où j’ai gagné de l’argent, manque de pot, je n’avais pas le temps de déposer mon cachet à la banque, à l’époque on recevait des enveloppes en liquides, un photographe indélicat hébergé par mon partenaire s’est chargé de me délester.

1963 Les Parapluies de Cherbourg, (Jacques Demy)

Jacques Demy à toujoujours fait référence dans tous ses films aux personnages des précédents, c’est ainsi qu’il m’a permit de remettre ma guépière dans une boite de nuit à Cherbourg.

1963 Le Journal d’un fou, (Roger Coggio)

J’avais vu Roger Coggio dans sa prestation au théâtre, génial. Je l’avais rencontré dans les couloirs du Trocadéro lorsqu’il jouait pour Vilar, moi, j’étais élève au Cours Dullin. Pour le film, il a voulu visualisr les personnages avec lesquels il dialoguait dans sa folie, nous étions donc des comparses muets. Sa mégalomanie a fait qu’il n’a mit personne au générique, les techniciens lui en ont voulu et le film a quitté l’affiche jusqu’à ce qu’il fasse un générique. Un an a passé, le film n’a plus été distribué en France, ma mère l’a vu au Canada

1964 Ces dames s’en mêlent, (Raoul André)

C’est Serge Valin, connu lors de French Cancan,le plus réputé des premiers assistants qui m’encourageait face à Eddy Constantine,   » Soit plus chatte! Encore plus chatte! » J’en ai tellement fait que je n’ai jamais osé aller voir le film de Raoul André.

1965 L’Or du duc, (Jacques Baratier)

Je n’avais pas de rôle dans l’Or du Duc, Baratier filmait des gags au fur et à mesure qu’il les trouvait au bistrot le soir, cela se rajoutait sur le plateau, le producteur fâché lorsqu’il m’y  voyait: Vous avez encore passé la soirée avec Baratier, vous allez  finir par  me couter cher! Une fille qui se douche dans un immeuble en construction et qui reçoit le jet des laveurs de vitres; Une malle offerte par Jacques Dufilho vient des Indes pour le maharaja joué par Pierre Brasseur, une  femme nue est dedans; Puis je fais la danse du ventre déguisée en  indienne toujours pour Pierre Brasseur lequel meurt du coeur; Une soirée parisienne très snob avec Dutilho j’ai une perruque et un costume 1920; Une jeune fille à vélo double un autobus dans lequel se trouve Claude Rich, Monique Tarbès et leur famille dans le film, ainsi qu’une belle  passagère Elsa Martinelli. Jacques Baratier voulait un petit personnage multiple à la Helsapoppin qui n’a rien à faire dans le scénario mais apparait et disparait.

1965 La Métamorphose des cloportes, (Pierre Granier-Defferre)

Je ne sais plus comment j’ai atterri sur ce plateau, je crois que le journaliste avec qui je vivais alors, Gilles Durieux, connaissait le metteur en scène. Lorsque celui-ci à demandé à Lino Ventura sur qui il fallait rester à la fin du plan,celui-ci a répondu: « Sur la petite bien sûr! » Ma soeur qui n’a fait aucune remarque sur ma courte prestation était jalouse que j’ai pù approcher Lino Ventura…

1965 Pleins feux sur Stanislas, (Jean-Charles Dudrumet)

Je me souviens que j’ai complètement occulté ce film car Jacques Sternberg y jouait son propre rôle d’auteur dramatique. Dans la loge il y avait une petite blonde très sexy dans ses cuissardes sur des jambes grêles et une grosse bouche. J’ai tout de suite su que je serais cocue. Sternberg a disparu puis est venu me trouver: « laissez-moi encore une quinzaine, voir si j’en ai toujours envie! » Je n’ai jamais disputé le bout de gras, j’ai pris mes cliques et mes claques et suis partie travailler en Suisse.

1965 Lady L, (Peter Ustinov)

C’est Margot Cappelier qui faisait les beaux jours du casting des petits rôles pour les films américains tournés en France à l’époque.Toujours une floppée de starlettes pour un boxon célèbre Le One….. Catherine Allégret était si belle à seize ans, un vrai Renoir, j’en étais jalouse. et Peter Ustinov :  « De toi, je ne connais que le dos! »  Ces dames se disputaient les créneaux devant la caméra en plan américain, je n’avais pas envie de me battre. Je me disais qu’un comédien doit être bon de dos.

1967 J’ai tué Raspoutine, (Robert Hossein)

Robert Hossein rencontré sur le plateau « Du Vice et de la Vertu » m’a fait l’honneur d’interprêter le Tsarine qui acceuille Gagliostro. Au cinéma, je n’ai pas vu passer la scène, peut-être y a t-il eu des coups de ciseaux au montage!

1967 Les Demoiselles de Rochefort, (Jacques Demy)

Toujours par réminiscence, Demy m’a fait descendre à Rochefort pour dire une seule phrase à Gene Kelly: » Vous avez de la chance »! Celui ci n’a pas voulu me faire cadeau du plan, il se retournait comme un danseur et j’étais de trois-quart dos. Alors Demy me dit : » Tu t’en va lentement en arrière, en le regardant! Comme ça je t’aurais dans le champ! En bon professionnel,  Kelly me dit: « Chérie, tu n’es pas gentille! » Alors, j’ai lâché, je suis partie droit devant moi, tel un soldat. Il m’a remercié par un baise main: »tu dines avec moi, ce soir? -Non! Je reprends le train! » Quand je pense qu’en le voyant à l’écran je le trouvais si sexy… Lors d’une projection privée, François Chalais qui était devant moi s’est retourné  » Excusez-moi Dorothée, j’ai éternué, je ne vous ai pas vu passer! »

1969 A Quelques jours près, (Yves Ciampi)

Je me souviens avoir fait des essais, Corinne Marchand qui avait refusé cette épreuve à eu le rôle. Le lendemain l’assistant m’a téléphoné, que je ne l’apprenne pas par les journaux, j’ai ri, « Au moins, avec votre franchise on pourra se dire bonjour lorsqu’on se rencontrera dans la
rue! » (c’était Yves Boisset) Je ne me souviens de rien d’autre.

1969 Une Femme douce, (Robert Bresson)

Je suis une infirmière qui soigne Dominique Sanda dans le fond du décor derrière un paravent. Bresson m’a mise au générique, comme nous n’étions que trois en tout, tout le monde a pensé que j’avais eu un grand rôle et qu’il avait été coupé.

1970 Peau d’âne, (Jacques Demy)

Je vais finir par croire que j’étais sa mascotte, ce qu’il avait dit
lorsqu’il m’a fait venir pour Les Demoiselles.

1971 Hellé, (Roger Vadim).

( Je ne sais plus quoi!)

1993 La lumière des toiles mortes, (Charles Matton).

Le titre est si triste, j’ai eu peur pour son impact commercial. Toujours le plan
unique, j’ai été la femme d’un seul plan dans les grands films, et j’avais
le rôle titre dans les courts-métrages…

2001 Tanguy (Étienne Chatiliez)

Ils ont demandé à des habitués de la « Brasserie Lipp » de figurer, nous avons été payés comme figurants, j’ai vu le film, je ne suis pas dans le champ.

Les herbes folles (Alain Resnais, 2008)

Rôle d’une passagère

Jours de France (Jérôme Reybaud, 2015)

Court-métrages :

L’Opéra-mouffe, (Agnès Varda 1957)

Agnès Varda cherchait » un nu froid » Le contraire d’une » streepteaseuse », elle est allé voir du côté des peintres. Je posais dans l’atelier de Roederer à la grande Chaumière, il m’a présentée; je venais de voir le film d’Ingmar Bergman « Elle n’a dansé qu’un seul été » J’avais été très émue par la les deux amoureux dans l’herbe. » Est-ce que ce sera aussi pur? – Ce ne sera pas pareil mais aussi pur que ça! m’a répondu Agnès Varda. »  Pour les scènes de lit avec José Varela, Agnès nous a demandé: « Vous êtes des dauphins, retournez-vous l’un sur l’autre en jouant comme eux! »

Fabliau, (Annie Tresgot 1957)

Une bleuette tournée au bois de Boulogne avec deux amoureux. Annie, beaucoup plus tard a fait un très beau documentaire sur l’école de Strasber- Kasan. C’est une leçon extraordinaire de voir ces vedettes Hollywoodiennes se ressourcer au milieu de débutants.

La leçon de beauté, (Fernand Aubry 1961)

Un documentaire sur le maquillage et les masques. à force de m’épiler, j’ai perdu mon côté sauvageonne et pris dix ans d’âge. Aubry voulait une image à la Hollywood. Heureusement, Agnès a mit le « holla! » pour le rôle de modèle de peintre dans  » Cléo de cinq à sept ». Le plaisir que j’ai eu a été de présenter les masques en improvisant des attitudes pour les photographes italiens dans les arenes. On se sent protégé derrière un masque,on ose tout.

Concerto pour violoncelle, (Monique Lepeuve 1962)

J’étais une jeune fille qui passe par tous les trous des instruments de musique, façon de présenter ceux-ci; le film a été à Locarneau, je n’ai rien vu, ce que c’est que de jouer les passe-muraille.

Coup de feu à 18h, (Daniel Costelle 1962)

Oui, c’est ce polar que j’ai joué avec l’acteur américian parisien Jess Hann, scénarisé par Philippe Labro.

L’Annonciation, (Philippe Durand 1963)

Philippe revenait de la guerre d’algérie, il était légèrement subversif et dénonçait « les barres, cités dortoirs » Il m’avait enduite de glaise, ne permettant plus qu’un cri. On s’est fai huer au festival de Tours.  Jean-Claude Averty avait aussi fait les frais de cette vindicte avec « Les petits vieux de Nanterre. » Nos retraités étaient filmés lors d’une sortie du samedi, revenant à la maison de retraite passablement éméchés, tentant encore de bousculer leurs camarades féminines dans le fossé avec le litron sous le bras. Cela a été un tollé.

Plus qu’on ne peut donner, (François Chevassu – Claude Aveline 1963)

Une jeune fille aime un jeune homme joué par Gilles Durieux mon partenaire à la ville comme à l’écran à ce moment là. Le jeune homme porte un masque qu’il refuse d’enlever avant le mariage, demandant une pleine confiance à sa fiancée. Celle-ci craque, le garçon se suicide, elle enlève le masque pour voir le pur visage de son futur, intact de tout tare.

Le producteur, Bromberger voulait faire tourner sa femme, le réalisateur a résisté, le film à été gelé.

Le Maître, (Paul Carotti, 1963)

C’est le scénario d’un écrivain Jacques Cousseau qui joue son propre rôle. Il avait écrit chez Gallimard, « le chien gris »

La Folie avec Jacques Dufilho (Éric Duvivner, film d’entreprise) 1964

Nous avons tourné cette histoire de stop sur les routes du Midi, une femme prend plusieurs fois Dufilho dans sa voiture, à chaque fois, celui-ci joue une autre forme de folie, c’était une démonstration pour des médecins. J’ai été surprise et charmée par le raffinement de cet acteur. Mais lors des prises, comme tout comique, tant qu’il n’avait pas fait rire sa partenaire, il se jugeait mauvais, et quand je riais, je ne pouvait pas être à l’écran… Visible sur Canal-U

Entends-tu la mer ?, (Jacques Rouland 1966)

Je ne sais pourquoi, Rouland qui est un grand marchand d’art a refusé de me donner la fiche technique, il préfère oublier cet épisode. A Etretat, sur le haut de la falaise, je devais simuler une femme prête à se suicider, l’assistant, couché au sol, me retenait par les chevilles afin
que je ne m’envole pas par le vent, la caméra placée en contre bas  sur le sable.

Faire quelque chose, (César Polognio 1966)

Je venais de quitter le domicile conjugal, ce jeune portugais m’a hébergée dans sa mansarde, sous prétexte de calins du matin, il fouinait sous mon oreiller et finissait par: tu n’aurais pas un ticket de métro?

L’Espace vital, (Patrice Leconte 1969)

Bruno Nuytten qui avait tourné pour Jacques Ledoux (cinémathèque belge) le reportage sur le tournage de von Sternberg m’a présenté à Patrice Leconte. je n’ai jamais vu le film, le réalisateur n’en à guère de copie, à cette époque, il n’y avait pas de cassettes, les tirages coutant chers, seul le producteur détenait la pellicule et partait avec en cas de faillite, c’est pour ça qu’il n’y a pas de témoignages des courts tournés dans ce temps là. J’en ai tournés 26, et les trois-quart, je ne les ai jamais vus.

Pour que Jeanne et Pierre, (René Gilson 1984)

Je ne sais même pas si Gilson a fait tirer ce film au labo.

Qui êtes-vous Dorothée Blanck ?, (Haydée Caillot 1987)

Nous avions fait notre stage de montage au studio Eclair, ensemble avec Haidée. Nous courions avec les bobines dans les couloirs pour satisfaire l’étalonneur vedette Pierre…qui riait des facéties d’Haidée laquelle en bonne marseillaise avait une tchatche redoutable. Quant on a tourné ensemble, on a moins rit, Sternberg me disait: « Elle veut que vous soyez née d’elle! » C’est toujours un rapport de force entre le créateur et sa créature, et je ne me suis jamais laissée faire même par mes amants aimés, alors avec les femmes…
( Documentaire de fiction, 27mn)

L’Anniversaire de Paula, (Haydée Caillot 1993)

C’est Eric Rhomer qui a produit le film d’Haidée, il avait été interessé par le premier. J’ai adoré tourner dans le froid, le vent, c’est salvateur.

François vous aime, (Frédéric Tachou 1993)

Frédéric Cousseau était copain de Tachou. C’est le grand-père âgé de 80 ans de l’autre Frédéric qui à acceuilli toute l’équipe du petit-déjeuner au souper, nous faisant la tambouille, j’étais sous le charme, je l’aidais pour la vaisselle.

Commerce, (Philippe-Emmanuel Sorlin 1998)

Personnage troublant et pervers que ce Sorlin, impossible de communiquer, sauf s’il a besoin de vous charmer, comme beaucoup de metteurs en scène qui ne s’embarrassent pas de vos désiratas.

Problèmes de hanche, (Frédéric Tachou 2003)

Tachou s’est inspiré de la vie de deux comédiennes, l’une ancienne bourge et l’autre toujours bohémienne, nous avons joué nos rôles sur l’écran comme dans la vie.

Première prise, kino de Christian Laurence, Festival Off-Court Trouville 2004 avec Christian Cardon

2 femmes, kino de Jean Antoine Charest, Festival Off-Courts Trouville 2005), avec Lucie Muratet

Cléo de 5 à 7 : Souvenirs et anecdotes (Agnès Varda, bonus DVD, 2005)

Les petits sablés (Cloé Micout) (Kino off-courts Trouville, 2006), avec Diane Dassigny et Dorothée.

La mort vous aime aussi, (Simon Laganière & Carol Courchesne-Marco Andréoni – Documenteur Trouville 2007) visible sur MySpace

Une fois de plus (Sandra Coppola, 2009) visible sur MySpace

Voyageuse (Sergueï Vladimirov, 2010) visible sur MySpace

Naufragée (Juliette Chenais, 2010)

7 kinos, cuvée 2011, à Off-Courts -Trouville :

Quelques premières fois (Kristina Wagerbauer, 2011)

Contaminés (Dorothée de Silguy, 2011)

La méthode du docteur Blousemental (Anne Revel, 2011)

À tous mes Jules (Émilie Rosas, 2011)

Tiamoti kino (Alexis Delamaye, 2011)

Sois belle et tais-toi (Sido Nie, 2011)

Excuse(s)-moi (Stephen Morel-Mogan, 2011)

Red Tales : Mad Tales (Hugues Fléchard, 2012)

La fin de la pellicule (Laetitia Lambert, 2014)

Fantômes (Ariane Boukerche, 2015)

Télévision :

Le Mariage de Figaro (Marcel Bluwal, 1961)

Télé mon droit et Décor pour un auteur (1966)

Leçon d’éclairage, Joseph von Stenberg (RTF) 1968 (repris dans l’émission « Cinéma, Cinéma » de Michel Boujut, en 1985)

Les dossiers de Jérôme Rendax : Pola, (Jean-Paul Carrère 1966)

Anna, (Pierre Koralnik, 1967) (Comédie musicale de Serge Gainsbourg)

(1) Sur Jean Renoir : extraits d’un article de « Ouest-France », propos confiés à Dominique Wallard.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Annie Grégorio

Annie Grégorio, photo source « Artmedia »

Si vous êtes nostalgiques des grands excentriques du cinéma français, ne vous lamentez plus, voici Annie Grégorio ! Un tempérament qui très souvent s’ingénie à voler les scènes à ses partenaires qui font parfois pale figure face à elle. Le grand public l’avait peut être découvert dans « Le petit théâtre de Bouvard » sur Antenne 2, de 1986 à 1988, fameux vivier de talents grâce à la grande intuition de Philippe Bouvard. Sa drôlerie constante l’amène évidemment à tourner dans beaucoup de comédies, dans des caractères forts, dans des personnages hauts en couleurs méridionaux ou du sud-ouest. Dans « Désiré » (1995) captation cinématographique de Sacha Guitry, elle reprend le rôle d’Adèle campé déjà au cinéma par Pauline Carton. Elle tire son épingle du jeu, d’une distribution prestigieuse, mais hélas, elle va être cantonnée assez souvent dans ce rôle de bonne à tout faire à la langue bien pendue. Dans un autre remake d’un des chefs d’œuvres de Marcel Pagnol « Le Schpountz » (1999), elle forme un couple très drôle avec Ticky Holgado dans son rôle de Tante Clarisse, dans une adaptation contemporaine d’Albert Algoud assez vaine finalement. Elle ne trouve au cinéma que très peu de rôles à la mesure de son talent, mais elle est particulièrement remarquable dans la comédie décalée de Claude Duty : « Bienvenue au gîte », en femme énergique mais un peu cyclothymique, qui reçoit un couple de parisiens (Marina Foïs et Philippe Harel) partis s’installer dans la France profonde. Sa prestation est un absolu régal. Le théâtre lui ouvre heureusement d’autres horizons. Elle retrouve souvent Roger Louret comme metteur en scène, pour des adaptations de grands classiques de Marivaux et  Molière dans les années 80. Consécration, elle est excellente dans la pièce « Théâtre sans animaux », elle obtient en 2002, le Molière de la meilleure comédienne dans un second rôle.  La télévision la demande souvent, elle est une des héroïnes récurrentes de la série « Un homme en colère » pour TF1. Elle campe Mitzi Goldberg, une policière déterminée, aidant Richard Bohringer, un journaliste indigné, dans son combat pour la vérité. C’est finalement dans les téléfilms, qu’elle montre aussi des fêlures dans ses personnages. Si elle apparaît comme sympathique et rassurante, elle peut avoir un jardin secret assez inquiétant comme dans le subtil « Ambre a disparu » avec Miou-Miou en 2003. Elle est jubilatoire dans l’un des épisodes des « Inséparables » avec Michel Boujenah et Charles Berling, il faut la voir déclamer une poésie érotique, voire salace, devant un public médusé de villageois dans une kermesse de village. Dans « Monsieur Léon », (2006), elle joue la bonne de Michel Serrault, qui joue un grand-père « père tranquille » et médecin sous l’occupation. Si l’œuvre est assez formatée, les échanges entre elle et un Michel Serrault sobre et grandiose sont très toniques. Elle renvoie son mari complaisant avec les Allemands, et s’attache aux humeurs de son employeur. Arrive Yvon, le petit-fils du docteur, qui va réveiller sa fibre maternelle, quelle appelle son « petit poulet ». Elle tourne dans le film de Claude Miller « Un secret », mais hélas son rôle est coupé au montage, mais par hommage du metteur en scène, elle figure au générique final. Elle y incarnait Léone, une femme recueillant le personnage joué par Patrick Bruel, et qui disserte sur la vie avec faconde à la naissance de son second fils. Elle trouve également un rôle à sa mesure dans « La prophétie d’Avignon », Florence Broizat salue sa composition dans Télérama N°3007 : « …Annie Grégorio est excellente dans son rôle de commissaire franche du collier… ».Elle domine la distribution pléthorique de « Musée haut, musée bas », en épouse volubile de Daniel Prévost qui exècre Picasso. Cette comédienne qui marque durablement la moindre de ses apparitions, devrait beaucoup nous surprendre, pour peu que les metteurs en scènes  deviennent un peu plus imaginatifs à son égard.

Avec Marina Foïs dans « Bienvenue au gîte »

Filmographie : 1984  Tranches de vie (François Leterrier) – 1986  Cours privé (Pierre Granier-Deferre) – Manège (Jacques Nolot, CM) – 1988  Périgord noir (Nicolas Ribowski) – 1989  L’alligator (Laurent Bounhick, CM) – 1991  Caty (Alain Minier, CM) – Vincennes Neuilly (Pierre Dupouey) – Le zèbre (Jean Poiret) – 1993 Les ténors (Francis de Gueltz, inédit en France) – 1995  Désiré (Bernard Murat) – Fantôme avec chauffeur (Gérard Oury) – Les aveux de l’innocent (Jean-Pierre Améris) – 1996  Fallait pas ! (Gérard Jugnot) – Les sœurs Soleil (Jeannot Szwarc) – 1997  Une fée m’habite (Pierre Core, CM) – La voie est libre (Stéphane Clavier) – 1998  Un pur moment de rock’n’roll (Manuel Boursinhac) – Le Schpountz (Gérard Oury) – 1999  À vot’service [épisode : « La station service »] (Laurence Katrian, inédit en salles) – 2001  Le cœur sur la main (Marie-Anne Chazel, CM) – C’est la vie (Jean-Pierre Améris) – 2002  Bienvenue au gîte (Claude Duty) – 2003  Tout l’univers (Fabrice Benchaouche, CM) – Au secours, j’ai 30 ans ! (Marie-Anne Chazel) – 2004  Victoire (Stéphanie Murat) – L’antidote (Vincent de Brus) – 2005  Comme un air… (Yohann Gloaguen, CM) – 2006  Un secret (Claude Miller, rôle coupé au montage) 2007 Modern love (Stéphane Kazandjian) – Musée haut, musée bas (Jean-Michel Ribes) – 2009  Tête de Turc (Pascal Elbé) – 2013  Brèves de comptoir (Jean-Michel Ribes) – Saint-Loin-la-Mauderne (Stéphane Meunier).

Télévision: 1984  L’arbitrage du ravi (Maurice Failevic) –  L’ombre des bateaux sur la ville (Jacques Krier) – 1985  Main basse sur l’automobile (Dominique Guymont) – 1987  Bonjour M. Pic (Maurice Failevic) – 1988  Les enquêtes du commissaire Maigret : La morte qui assassina (Youri) – 1989  Bébé express (François Dupont-Midi) – 1990  Les fossoyeurs de la nuit (Éric Le Hung) – 1993  Les années FM (Emmanuelle Dubergey) – 1994  Maigret se trompe (Joyce Sherman Buñuel) – 1995  L’allée du roi (Nina Companeez) – 1996 Un printemps de chien (Alain Tasma) – Un petit grain de folie (Sébastien Grall) – L’orange de Noël (Jean-Louis Lorenzi) – 1997  L’amour à vif (Jean-Pierre Améris) – 1998  Un homme en colère : Un silence coupable (Caroline Huppert) – Un homme en colère : L’affaire Caroline) – Le refuge : Entre chien et loup (Christian François) – 1999  Chère Marianne : La sous préfète (Pierre Joassin) – Tramontane (Henri Helman) – Mary Lester : Maéna (Christiane Leherissey) –  Un homme en colère : Mort d’un juge (Larence Katrian) – Un homme en colère : Une femme réduite au silence / Sous l’aile du corbeau (Dominique Tabuteau) – Un homme en colère : Meurtre pour deux (Dominique Tabuteau) – Un homme en colère : Un amour sans limite (Élisabeth Rappeneau) – Un homme en colère : La peur de l’autre (Didier Albert) – 2000 Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – Un homme en colère : L’ange déchu (Didier Albert) – Un homme en colère : La seconde maman (Marc Angelo) – Un homme en colère : Pour un monde meilleur (Didier Albert) – 2001  Joséphine, ange gardien : La comédie du bonheur (Dominique Baron) – Un homme en colère : Une mort si douce (Marc Angelo) – 2003  Ambre a disparu (Denys Granier-Deferre) – 2004  Maigret en meublé (Laurent Heynemann) – 2005  Les courriers de la mort (Philomène Esposito) – Merci, les enfants vont bien : Ca déménage (Stéphane Clavier) – Merci, les enfants vont bien : Restons zen ! (Stéphane Clavier) – Les inséparables : Tout nouveau, tout beau (Élisabeth Rappeneau) – 2006  Joséphine, ange gardien : Un passé pour l’avenir (Philippe Monnier) – Marie Besnard, l’empoisonneuse (Christian Faure) – Monsieur Léon (Pierre Boutron) – Merci les enfants vont bien ! : Vive les mariées (Stéphane Clavier) – Merci les enfants vont bien ! : Coup de foudre (Stéphane Clavier) – L’étrangère (José Pinheiro) – Les diablesses (Harry Cleven) – 2007  La prophétie d’Avignon (David Delrieux) – Merci les entans vont bien ! [épiosde 5 et 6] (Stéphane Clavier) – Adrien (Pascale Bailly) – 2008  De feu et de glace (Joyce Buñuel) – 2009  Mourir d’aimer (Josée Dayan) – Folie douce (Josée Dayan) – Clem : Pilote (Joyce Buñuel) – Au siècle de Maupassant : Contes et nouvelles du XIXème siècle : On purge bébé (Gérard Jourd’hui) – 2010  Le sang des Atrides (Bruno Gantillon) – Chez Maupassant : Mon oncle Sosthène (Gérard Jourd’hui) – Clem : Bienvenue à Valentin (Joyce Buñuel) – Clem : Vive les vacances : (Joyce Buñuel) – Clem : C’est la rentrée (Joyce Buñuel) – Ripoux anonymes : Une paire d’as (Pilote) (Claude Zidi & Julien Zidi) – Les nouvelles brèves de comptoir (Jean-Michel Ribes, captation) – 2011  Les enquêtes de La Violette : Le tombeau d’Hélios (Bruno Gantillon) – Week-end chez les Toquées : Week-end en famille (Laurence Katrian) – Week-end chez les Toquées : Mon coeur est à papa (Emmanuel Jeaugey) – Clem : La famille c’est sacrée (Joyce Buñuel) – Clem : La mutation (Joyce Buñuel) – Clem : La guerre des familles (Joyce Buñuel) – 2012  Week-end chez les Toquées : L’art de la fuite (Emmanuel Jeaugey) – Week-end chez les Toquées : Une cigogne à la Grenouille (Emmanuel Jeaugey) – Les enquêtes de La Violette : Le secret des andrônes (Bruno Gantillon) – Week-end chez les toquées : Un parfum de liberté (Vincent Giovanni) – 2013  Les enquêtes de La Violette : Le commissaire est dans la truffière (Bruno Gantillon) – Théâtre sans animaux (Jean-Michel Ribes, captation).

Mise à jour du 05/04/2014

Fragments d’un dictionnaire amoureux ; François Berléand

François Berléand dans "Insoupçonnable"

François Berléand dans « Insoupçonnable »

 

« C’est un acteur tellement bon que quoi qu’on écrive, il y a forcément un rôle pour lui … », déclarait le cinéaste Pierre Jolivet à « Studio » lors du tournage du « Frère du guerrier ». Ce prodigieux comédien est de plus spirituel, perfectionniste et modeste, parfois féroce. Il est désormais tout simplement l’un des comédiens majeurs de son temps.

Ce jeudi 8 novembre, marque la parution du livre de souvenirs de François Berléand « Le fils de l’homme invisible« , sur son enfance singulière, dont il a fait souvent l’évocation dans les médias. C’est l’occasion d’actualiser un texte de mon ancien blog. J’avais commencé à le repérer dans « Les mois d’Avril sont meurtriers », peu dupe des directives nationales et philosophant sur l’humanité, prétendant que la chair de l’homme se rapproche du veau !.

Depuis son rôle de praticien hors normes dans « Septième ciel » il ne cesse de surprendre. Je l’ai suivi avec constance, avant de le rencontrer lors de l’avant-première du trop méconnu « les âmes câlines » en présence de Thomas Bardinet. On s’est trouvé des « atomes crochus »  – nous avons été marqués par les deux seul titre de Jean-René Huguenin, mort prématurément, lui par « La côte sauvage », moi par son « journal ». Et de le connaître un peu, n’a rien arrangé à mon admiration. Le succès ne semble pas l’avoir changé – Didier Flamand parlait de sa traversée du miroir, lors d’une émission de radio, il a gardé son humour ravageur et il continue à ne pas avoir de « plan de carrière ».

Attiré par le théâtre, il découvre tardivement qu’il est le petit-fils d’un metteur en scène russe de théatre, Micha Berliand, mort en déportation, et que sa grand-mère était comédienne. Mais personne dans sa famille n’en avait jamais parlé. « J’ai demandé la permission à mon père dedevenir comédien : – Bien, m’a-t-il dit, tu reprends le flambeau. Quel flambeau? Il m’a appris que mon grand-père avait dirigé un théâtre à Odessa, qu’il avait traduit Pirandello en russe et en hébreu » (1). Il suit, en 1973, les cours de Tania Balachova. Elle connaissait son grand-père, et « au détour d’une phrase, a déclaré que si je devais faire carrière un jour ce ne serait pas avant 40 ans… cette phrase m’a longtemps inhibé… » (2).

Puis, il manque de participer à la création du « Splendid », suite à une proposition de Josiane Balasko, pour s’engager dans la troupe de Daniel Benoin, au théâtre Sorano à Vincennes. Ceci, grâce à son meilleur ami de toujours, Hubert Saint-Macary, pour des créations collectives pendant 7 ans. C’est l’occasion pour eux de jouer de grands textes, et pour qui, avec une bonne dose d’autodérision « On a surtout réussi à faire fuir une génération de spectateurs ! » (2). Suit une belle carrière au théâtre avec Antoine Vitez (Hernani), Brigitte Jacques, Stéphan Meldeg, Sophie Loucachevcky etc….

Il commence à tourner des petits rôles : Pour la télévision, on le reconnaît en invité d’une soirée dadaïste dans la saga « Au plaisir de Dieu » (1977) avec Sacha Briquet, et en gendarme dans la série « Messieurs les jurés ». Au cinéma il est un jogger essoufflé aux côtés de David Gabison et Jacques François dans « Elles ne sont pas des anges, nous non plus » (1980).

Il rencontre également Alain Cavalier, pour « Martin et Léa », en 1977, son premier rôle de policier – un soupçonneux, indulgent la première fois -, face à Xavier Saint-Macary. C’est début d’une série, tel en 1982, un inspecteur de la mondaine dans « La Balance » : « Quand on réussit un rôle de flic, on vous demande souvent d’en refaire un autre » (3). En 1980, il retrouve Cavalier, dans le rôle d’un homme qui tente de gruger Jean Rochefort qui recherche sa mère dans une gare dans « Un étrange voyage ».

En 1982, il tourne pour Marc Jolivet, un film à petit budget : « Ôte-toi de mon soleil » où il profite d’une totale liberté de jeu pour expérimenter des techniques différentes, et même de participer au piano à la musique du film. En visualisant le grand nombre de rushes, il étudie la manière de progresser. C’est aussi l’occasion de rencontrer le frère de Marc, Pierre – dont il deviendra l’acteur fétiche pour 8 films -. Ce dernier le dirige avec justesse dans « Strictement personnel » (1984), puis en beau-frère encombrant « Le complexe du kangourou » (1986) et en homosexuel poursuivant Éric Métayer de ses assiduités dans »À l’heure où les grands fauves vont boire » (1992)…

Sa présence sur les plateaux est diffcile pour lui à cette époque : « Au tout début de macarrière, quand j’arrivais sur un tournage, j’avais un trac fou. J’étais mal. Je n’avais qu’une envie : c’est que le studio explose ou que la caméra tombe en panne pour pourvoir repartir… » (3). De ces années de second rôle, François Berléand m’a raconté une anecdote sur « Camille Claudel » (1987-88) dans lequel il tient le rôle d’un médecin de quartier durant les fameuses inondations parisiennes. Son propre fils, alors enfant, se retrouve à jouer avec Isabelle Adjani. Peu impressionné par la star, il lui demande si elle est aussi connue que son père. Isabelle répond «oui» et le fiston rétorque : « Alors, t’es pas connue ! ».

En 1986, l’importance des rôles grandit. Tel l’étrange collectionneur de timbres dans « La femme secrète », de Sébastien Grall, avec lequel il retravaille deux fois. Il progresse dans la hiérarchie en devenant le supérieur désabusé de Jean-Pierre Marielle dans l’excellent « Les mois d’avril sont meurtriers » de Laurent Heymann (qui l’emploiera souvent à la télévision).

Louis Malle, de retour des Etats-Unis, le remarque dans « Madame de Sade » mis en scène par Sophie Loucachevsky (dans le rôle d’une femme) et l’engage pour deux films en lui demandant humblement des renseignements sur le théâtre depuis son absence. Il joue un prêtre, que l’on devine travaillé par quelques pulsions, dans « Au revoir les enfants » (1987). Aussi, le notaire amoureux transi du personnage de Miou-Miou dans « Milou en mai » (1989). C’est l’occation à la troupe de faire quelques blagues à Paulette Dubost, jouant une morte en plein mai 1968.. Pour palier son trac habituel, François Berléand aime faire des farces et des plaisanteries sur les tournages. « Sur les plateaux de cinéma c’est un boute-en-train, intenable potache » (4).

Il se révèle très à l’aise dans la comédie. Notamment: en détective qui passe son temps à dormir dans « Suivez cet avion » (1989) et l’amoureux de Véronique Genest, ne voulant pas trop s’occuper de la fille de cette dernière, mais étant toujours présent dans l’adversité. Il est drôle et touchant en pion amoureuxdu théâtre, comédien en difficulté dans « Tableau d’honneur » (1991),- tournant une improbable publicité et collant un élève qu’il trouve sympathique, uniquement pour gagner un peu plus d’argent -. Les premières bonnes critiques de cinéma arrivent avec ce rôle. Mais la reconnaissance tarde un peu: on le cantonne souvent dans des rôles de policiers et de militaires et la critique semble le redécouvrir sans cesse…

Il personnifie le Général Montholon dans « L’otage de l’Europe » (1988), dirigé par le grand cinéaste polonais Jerzy Kawalerowicz qui dirige en Bulgarie une distribution brillante: Roland Blanche, Vernon Dobtcheff, Didier Flamand etc… avec l’aide d’un interprète. L’authenticité de la reconstitution de la captivité de Napoléon à Saint-Hélène, fait de ce film une œuvre à redécouvrir.

Il sera dirigé par Didier Flamand qu’il retrouve, dans un court-métrage culte « La vis » (1993), en employé d’un grand centre commercial, dont les personnages parle un curieux Espéranto. Il reste disponible chaque année à de jeunes réalisateurs de courts-métrages, qui ne renâclent pas sur les heures supplémentaires. Citons particulièrement « Liste rouge » (2000), avec Marc Citti, où il est brillant en chauffeur de taxi témoin impuissant d’une situation cocasse, et l’astucieux « Toi vieux » (2004), où il joue le personnage plus âgé de Jérémie Rénier, de retour… du futur .

En 1991, il fait une rencontre décisive avec Nicole Garcia dans la pièce « Le partage de midi » de Paul Claudel. Elle le dirigera successivement dans « Place Vendôme » (1997) et « L’adversaire » (2001) : « Elle m’a « relooké » – l’idée de porter la barbe c’est elle – et elle m’atoujours bien conseillé ». Ils seront partenaires en 2003 pour Josée Dayan, pour l’adaptation « Les parents terribles », de Jean Cocteau, avec Jeanne Moreau et Cyrille Thouvenin.

Dans les années 90, il participe à des téléfilms de qualité. Il est, par exemple le traître cauteleux de « Pardaillan », distillant une perfidie réjouissante. On le retrouve cuisinier, suspect idéal dans le pilote de « Crimes en série : Le silence du scarabée » avec Pascal Légitimus, ou le boiteux aigri dans « Le garçon d’orage ». Dans « Victoire ou la douleur des femmes » de Nadine Trintignant, il a un court rôle de médecin juif en fuite, mais il est prodigieux d’humour ravageur – ça manière de dire que les « Allemands ont une dangereuse tendance à se rapprocher ! » -.

Les belles rencontres continuent avec Bertrand Tavernier, en flic peu dupe de la naïveté du personnage de Marie Gillain dans « L’appât » (1994). Aussi en « sublime ganache », militaire borné dans « Le capitaine Conan » (1995). Puis vient Jean-Pierre Améris; avec le maire de village dans « Le bateau de mariage » (1992) et le père impuissant devant la détresse de sa fille dans « Mauvaises fréquentations » (1998). Il tiendra un rôle similaire dans « Vivante » (2001).

Il endosse volontiers des personnages contrastés: les deux jumeaux diamétralement opposés dans le méconnu « Dormez je le veux ! » (1997); ou à nouveau deux flics déjantés dans « La mort du chinois » (1997) et « Le sourire du clown » (1998). Quelle que soit l’importance de la durée de ses rôles, il arrive toujours à faire exister un personnage, tel celui, muet, du dîneur victime d’un quiproquo dans « L’homme idéal » (1996) ou le psy imperturbable de « L’homme de ma vie » (1998).

Dans « Les âmes câlines » DR

Deux films avec Vincent Lindon donnent un coup d’accélérateur à son parcours. Il faut avouer qu’il s’agit de deux superbes compositions : celui du policier tenace mais fragile dans « Fred » (1996) et celui – avec une présence charismatique – du docteur spécialiste de l’hypnose qui guérit la frigidité du personnage de Sandrine Kiberlain, et de manière peu conventionnelle,

dans « Le 7ème ciel » (1997). Ensuite, Catherine Breillat l’engage en directeur d’école séducteur, initiant Caroline Ducey au sado-masochisme dans « Romance » (1999) où il prouve à nouveau son grand talent dans la composition. Trois films qui marquent un tournant important dans son parcours.

Pierre Jolivet lui reste fidèle. Il sera l’avocat associé de Gérard Lanvin dans le remake de « En cas de malheur »: « En plein cœur » (1998). Il retrouve Benoît Jacquot en « protecteur » d’Olivier Martinez dans « L’école de la chair » (1998). Il rencontre Bertrand Blier pour « Les Acteurs » (1999) et se retrouve en homme de la rue – le réalisateur avait hésité de lui confier ce rôle, la notoriété arrivant et la plupart des comédiens jouant leurs propres rôles -, volant Maria Schneider à Pierre Arditi qui part se consoler dans les bras de Jean-Claude Brialy ! Il donne une distance ironique dans son rôle de châtelain étrange dans l’exercice de style « Promenons-nous dans les bois » (1999).

En 2000, il compose un salaud d’anthologie dans « Le prince du Pacifique », en militaire fou furieux, colonialiste et despote. Caricature obligée du film d’action, la moindre de ses apparitions est jubilatoire, mais le film est un échec financier. À noter bien que n’ayant pas encore la cinquantaine, il ne dédaigne pas jouer le thème du vieillissement alors que d’autres comédiens plus âgés l’évitent soigneusement : tel le patient au début de « Comment j’ai tué mon père » (2000), ou le truand usé dans un climat qui se veut « Tarantinesque » dans « HS » (2000).

Pour Pierre Jolivet, il devient un réjouissant assureur escroc dans « Ma petite entreprise », taraudé par ses origines slaves, incapable de voir l’amour que lui porte le personnage de Catherine Mouchet. Il obtient pour ce rôle le César 2000 du meilleur second rôle.

Il devient l’interprète principal de deux films : « La fille de son père » (2000) de Jacques Deschamps, en personnage qui s’invente une paternité – profitant de la démission du vrai père de Natacha Régnier, joué par Frédéric Pierrot -. En 2001, Il est remarquable en peintre bohème et dragueur embarqué dans situations délirantes, dans « Les âmes câlines », une mise en scène loufoque et inventive de Thomas Bardinet. Il tient cette même année, le rôle d’un informaticien génial berné par la belle Delphine Rollin, dans « Une employée modèle », mais le film est assez décevant.

Avec « Stardom » de Gabriel Arcand (1999) et « Casanova » pour la télévision, il re-joue en anglais dans « The transporteur » (2001) de Louis Leterrier (fils de François Leterrier). Il y est un commissaire niçois narquois, face à l’imperturbable Jason Statham et Qui Shu vedette à Hong Kong. Il déclare assumer lui même une cascade… la marche arrière de sa voiture !. Il retrouve son personnage de Tarconi en 2004, pour une suite tournée à Miami où il arrive à tirer son épingle du jeu malgré un semblant de rôle.

En 2002, il est remarquable en abbé souffrant de maux d’estomac dans « Le frère du guerrier ». Une idée récurrente dans la distribution de tous les rôles de François Berléand pour Pierre Jolivet qui se rapproche avec humour avec la B.D. « le combat des chefs » en hommage à « Astérix ». Il y retrouve aussi Vincent Lindon et Guillaume Canet – son partenaire dans « Trait d’union », « Pardaillan », « En plein coeur » et « Narco »- .

Guillaume Canet l’engage dans son premier long métrage « Mon idole ». Un coup d’essai transformé en coup de maître et l’occasion de prouver toute la gamme de son talent. Dans le rôle de Jean-Louis Broustal, en célèbre producteur de télévision, François alterne entre antipathie et bonhomie, en cynique « deus ex machina », fuyant quelques démons. Il y est manipulateur, drôle et pathétique, cyclothymique pouvant passer allègrement du proche au distant, parfois touchant – scène de la photographie de sa mère au milieu d’anonymes -, souvent féroce. Du très grand art et il manque de peu de emporter le César du meilleur acteur en 2003. Il retrouvera son metteur en scène dans « Ne le dis à personne », sorti en 2006, habile adaptation de l’oeuvre d’Harlan Coben, mais hélas pour le rythme du film, quelques scènes d’une guerre des polices avec Brigitte Catillon, et quelques tocs de son personnage doivent disparaître sur la table de montage.

Avec Diane Kruger dans « Mon idole »

Par les hasards du calendrier, de nombreux films sortent avec François Berléand en 2003 et 2004: On le retrouve en victime du destin pathétique dans la comédie noire « En territoire indien ». En escroc spécialiste en faux jetons de casino, et victime de tachycardie après avoir bu le café explosif de Sylvie Testud dans « Filles uniques » – rôle d’une incroyable drôlerie, on en redemande – et en responsable d’un supermarché en mal de paternité dans « Les amateurs ».

En convoyeur déjanté – avec la réplique choc « ça va charcler ! » – à la gâchette facile dans « Le convoyeur ». Sur un mode moins délirant, il est l’irrésistible ancien mari en « panne » de Nathalie Baye dans « Une vie à t’attendre » et le garagiste qui devient héros national pour s’être accusé d’un crime dans une comédie noire de Dominique Deruddere : « Pour le plaisir ».

En pleine canicule 2003, il tourne « Les choristes », film qui devient un véritable phénomène de société. Brillant remake de la « Cage aux rossignols » de Jean Dréville, François Berléand est un directeur d’école autoritaire nommé Rachin, vindicatif et sournois – il s’est inspiré des rôles de Louis De Funès). Il contribue largement avec Gérard Jugnot au succès de ce film (il faut le voir s’énerver dans la scène fameuse du « pion, pion, pion… »-. Succès qui se confirme en DVD et qui vaut à Christophe Baratier une nomination aux Oscars, comme meilleur film étranger.

En parallèle, il poursuit aussi sa carrière théâtrale: dans « L’enfant-do » en 2002, où vieux père de famille, il converse avec un ours en peluche géant. Dans la saison 2003-2004, il est remarquable dans « Café chinois », pièce d’Ira Lewis. Il retrouve son camarade de classe, et partenaire dans « La balance » et « le joueur de violon » (1993) dans la formidable réussite adaptée et mise en scène par Richard Berry (un projet vieux de 10 ans). Dans son rôle de photographe raté et blasé, Berléand excelle en personnage aigri et blessé, face à Berry, touchant en auteur nerveux, vivant mal une situation précaire.

Tourné en 2002, juste après « Mon idole », le film « Je suis votre homme » de Danièle Dubroux, présenté sur le marché du film du festival de Berlin, sort le 25 août 2004 sous le titre d’ »Éros Thérapie ». Il est le mari de Catherine Frot, rendu amnésique – ou feignant de l’être – parce que sa femme vit une relation avec Isabelle Carré. Il se réfugie dans le garage de sa maison familiale et conclut que faire l’amour avec sa femme est une sorte d’inceste ! Il retrouve Jacques François dans son dernier rôle, prodigieux en père dépassé par les évènements. En octobre 2004, sort le subtil « Grand rôle » qui malheureusement ne rencontre pas son public. Il y tient le rôle payant de l’agent zélé et survolté de jeunes comédiens.

 

Dans « Edy » Dans « Narco » sorti en novembre 2004, premier film de Tristan Aurouet et Gilles Lellouche, il campe à nouveau un personnage cynique. C’est un riche éditeur, manquant de flair, – il refuse de publier Yann Queffélec dans son propre rôle -. Son personnage est décalé et pitoyable. Se prenant pour un nouvel Lenny Bruce, il monte sur scène dans l’ombre d’un talent. Il faut le voir s’engouffrer dans sa somptueuse limousine, content de sa prestation, malgré un « bide » saignant. Il joue également le mari volage mais aimant et fatigué du personnage d’Isabelle Huppert dans « Les sœurs fâchées », et un aventurier blasé, père dupersonnage d’Hélène de Fougerolles dans « Le plus beau jour de ma vie ». Il est irrésistible en rusé fauché, pour faire payer la note d’un restaurant au personnage de Michel Duchaussoy, ou raviver sa flamme avec son ancienne femme jouée par Marisa Berenson. Dans le morne « Quartier V.I.P. », il incarne un financier incarcéré, roublard et manipulateur, instrumentalisant un gardien de prison joué par un minéral Johnny Hallyday. Avec le premier film de Stephan Guérin-Tillié, « Edy » il trouve un de ses meilleurs rôle en assureur à bout de course. Il déclare volontiers que ce film reste son préféré.Il y a une constante chez lui, c’est sa manière d’humaniser ses personnages, même les pires crapules, à l’instar de son pathétique Gilles Triquet, petit chef rigolard et incompétent, dans « Le bureau » pour Canal+ , heureuse adaptation française de la série culte de la BBC, « The office ». Sa prestation de roi prêtre à céder sa fille à quelques princes pour retrouver la fortune dans « Aurore » de Niels Tavernier, et celle du paysan bourru, façon Gabin dernière manière dans « Le passager de l’été » de Florence Moncorgé-Gabin, jubilant comme un gosse en étant un des premiers à avoir son propre tracteur, confirme qu’il apporte toujours une empathie avec ses personnages.  Claude Chabrol l’engage une première fois pour « L’ivresse du pouvoir », en lui offrant un de ses meilleurs rôles en PDG détendant de son piédestal, et payant de sa personne en lieu et place de plusieurs personnalités corrompues. Il vient de terminer son second tournage avec lui, pour « La fille coupée en deux », tourné à Lyon avec Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, Mathilda May, Caroline Sihol, Didier Bénureau, Jean-Marie Winling, Hubert Saint-Macary et Édouard Baer.  Pour François Berléand, les projets se bousculent, il est demandé partout et ce n’est que justice. Les honneurs tombent avec la remise le 12 janvier 2006 des insignes de chevalier de la Légion d’Honneur des mains du ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres, mais il garde les pieds sur terre « Je sais que l’on peut tutoyer les étoiles, et malgré tout, redescendre en une seconde… » (5) Il devrait continuer à nous réserver beaucoup de surprises, son « minimum » étant le « maximum » de beaucoup d’autres. Salut l’artiste !Citations :1) (Le Point, avril 2004). 2) (Studio, octobre 1999). 3) (La lettre des comédiens N°15-16). 4) (Marie-Hélène Martin, Libération du 24/08/2004). 5) (Studio, novembre 2005).

   

François Berléand dans « Un territoire indien »

Filmographie : 1977  Martin et Léa (Alain Cavalier) – 1980  Un étrange voyage (Alain Cavalier) – On n’est pas des anges… elles non plus (Michel Lang) – 1981  Les hommes préfèrent les grosses (Jean-Marie Poiré ) – 1982  La balance (Bob Swaim) – Stella (Laurent Heynemann) – Ote-toi de mon soleil (Marc Jolivet) + musique – 1984  Marche à l’ombre (Michel Blanc) – La voix de son maître ou deux jours dans la vie de M. Léon (Patrick Zeyen, CM) –  Signé Charlotte (Caroline Huppert) – Strictement personnel (Pierre Jolivet) – 1985  Le souffleur (Franck Le Witta, inédit) – 1986  Le complexe du kangourou (Pierre Jolivet) – La femme secrète (Sébastien Grall) – Les mois d’avril sont meurtriers (Laurent Heynemann) – 1987  Au revoir les enfants (Louis Malle) – Histoires de familles (Marion Lary, CM) – Poker (Catherine Corsini) – Camille Claudel (Bruno Nuytten) – 1988  Jours de vagues (Alain Tasma, CM) – Jeniec Europy (L’otage de l’Europe) (Jerzy Kawalerowicz) – 1989  Suivez cet avion (Patrice Ambard) – L’orchestre rouge (Jacques Rouffio) – Perdue (Marion Lary, CM) – Un père et passe (Sébastien Grall) – Milou en mai (Louis Malle) – Elle aima, fut aimée et mourut (Serge Lalou, CM) – 1990  Sans rires (Mathieu Amalric, CM) – Copie conforme ou la sœur d’Albert (Jean-Claude Marchant, CM) – 1991  Tableau d’honneur (Charles Némès) – 1992  Le bateau de mariage (Jean-Pierre Améris) – À l’heure où les grands fauves vont boire (Pierre Jolivet) – 1993  La vis (Didier Flamand, CM) – Le joueur de violon (Charles Van Damme) – 1994  3000 scénarios contre un virus : Poisson rouge (Cédric Klapisch, CM) –  Les Milles – Le train de la liberté (Sébastien Grall) – Une belle âme (Éric Besnard, CM) – Chacun pour soi (Stéphane Brisset, CM) –  L’appât (Bertrand Tavernier) – 1995  Fugueuses (Nadine Trintignant) – Capitaine Conan (Bertrand Tavernier) – Un héros très discret (Jacques Audiard) – 1996  Ultima hora (Laurence Meynard, CM) – Gorille, mon ami (Emmanuel Malherbe, CM) – L’homme idéal (Xavier Gélin) – Fred (Pierre Jolivet) – 1997  Place Vendôme (Nicole Garcia) – Dormez, je le veux ! (Irène Jouannet) – La mort du Chinois (Jean-Louis Benoît) – Le pari (Didier Bourdon & Bernard Campan) – C’est déjà Noël (Siegfried, CM) – Bonjour (Bruno Herbulot, CM) – Le septième ciel (Benoît Jacquot) -1998  Mauvaises fréquentations (Jean-Pierre Améris) – Romance / Romance X (Catherine Breillat) – Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – L’homme de ma vie (Stéphane Kurc) –  L’école de la chair (Benoît Jacquot) – En plein cœur (Pierre Jolivet) – Tout le monde descend (Laurent Bachet, CM) – Le sourire du clown (Eric Besnard) – Ma petite entreprise (Pierre Jolivet) – Innocent (Costa Natsis) – Coup de lune (Emmanuel Hamon, CM) – 1999  Les acteurs (Bertrand Blier) –  Promenons-nous dans les bois (Lionel Delplanque) – La débandade (Claude Berri) – Une pour toutes (Claude Lelouch) – Trait d’union (Bruno Garcia, CM) – Stop (Rodolphe Marconi, CM) – Stardom / Quinze moments (Denys Arcand) – Six-pack (Alain Berberian) – 2000  Vivante (Sandrine Ray) – Comment j’ai tué mon père (Anne Fontaine) – HS – Hors service (Jean-Paul Lilienfeld) – Le prince du Pacifique (Alain Corneau) – Recrutement (Didier Lauret, CM) – Liste rouge (Jérôme Bonnell, CM) – Pas d’histoires ! : Cyrano (Vincent Lindon, CM) – La fille de son père (Jacques Deschamps) – Parce que notre besoin de consolation (Jacques Fontanel, CM) – 2001  Le transporteur ( The transporter ) (Louis Leterrier & Corey Yuen) – En territoire indien (Lionel Epp) – Requiem(s) (Stéphane Guérin-Tillié, CM) – Grand oral (Yann Moix, CM) – Le frère du guerrier (Marc Jolivet) – Féroce (Gilles de Maistre) – Une employée modèle (Jacques Otmezguine) – Les âmes câlines (Thomas Bardinet) – L’adversaire (Nicole Garcia) – 2002  La mentale (Manuel Boursinhac, non crédité ) –  Remake (Dino Mustafic) –  Langue de cuivre (Aurélien Cabat, CM) – Mon idole (Guillaume Canet) – Je suis votre homme (Danièle Dubroux) –  Filles uniques (Pierre Jolivet) – Les amateurs (Martin Valente) – 2003  Le convoyeur  (Nicolas Boukrief) – La chaîne du froid (Hervé Lavayssière, CM) – Une vie à t’attendre (Thierry Klifa) – Le grand rôle (Steve Suissa) – Pour le plaisir (Dominique Deruddere) – Les choristes (Christophe Barratier) –  Méprise (Éric Le Roux, CM) – Narco (Tristan Arouet & Gilles Lellouche) – 2004  Le plus beau jour de ma vie (Julie Lipinski) – Les sœurs fâchées (Alexandra Leclère) – Toi vieux (Pierre Coré, CM) – Gemo 13 (Stéphane Rybojad, inédit) – Quartier VIP (Laurent Firode) – The transporter 2 (Louis Leterrier & Corey Yuen) – Edy (Stephan Tillié-Guérin) – 2005  L’ivresse du pouvoir (Claude Chabrol) – Le passager de l’été (Florence Moncorgé-Gabin) – Au royaume des cendres (Michaël Massias, CM) – Ne le dis à personne (Guillaume Canet) – Aurore (Nils Tavernier) – Pablo, mon père et moi (Stéphanie Tchou Cotta, CM) – 2006  Je crois que je l’aime (Pierre Jolivet) – Pur week-end (Olivier Doran) – Fragile(s) (Martin Valente) – La fille coupée en deux (Claude Chabrol) – 2007  Cash (Éric Besnard) – 15 ans et demi (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – La différence c’est que c’est pas pareil (Pascal Laethier) – 2008  Transporter 3 (Olivier Megaton) – Le concert (Radu Mihaileanu) – Le siffleur (Philippe Lefebvre) – 2010  Au bistro du coin (Charles Nemes) – Un jour mon père viendra  (Martin Valente) – Escalade (Charlotte Silvera) – Blanche nuit (Fabrice Sébille) – 2011  Une vie de chien (Cyril Ethan Robert, CM) – La vie d’une autre (Sylvie Testud) – Un bonheur n’arrive jamais seul (James Huth) – Dead Man Talking (Patrick Ridremont) – 2012  La stratégie de la poussette (Clément Michel) – Max (Stéphanie Murat) – 12 ans d’âge (Frédéric Proust) – 2013  Palais de justesse (Stéphane de Groodt, CM) – Faim de vie (Jessica-Salomé Grunwald, CM) – 2014  Entre amis (Olivier Baroux) – 2015  Vicky (Denis Imbert) – 2016  C’est tout pour moi (Ludovic Colbeau-Justin). Voxographie : 2012  The Lorax (Le Lorax) (Chris Renaud & Kyle Balda, version française).

Divers : 2004, Participation aux « nouveaux refus » proposés en bonus du DVD du film de Laurent Baffie : « Les clefs de bagnole »

Dans « Le bureau »

Télévision : 1977  Au plaisir de Dieu (Robert Mazoyer) – 1978  Hamlet (Renaud Saint-Pierre, captation) – 1980     La cantatrice chauve (Alexandre Tarta, captation) – 1982  Messieurs les jurés : L’affaire Tromsé (Jean-Marie Coldefy) – Elle voulait faire du cinéma (Caroline Huppert) -1985  Meurtres pour mémoire (Laurent Heynemann) – 1987  Série noire : Main pleine (Laurent Heynemann) – 1989  Ceux de la soif (Laurent Heynemann, inédit) – 1990  La belle anglaise : La course contre la montre (Jacques Besnard) – En un mot / La valise en Karbau (Laurent Heynemann, CM) – Flash, le reporter / Libre comme l’air (Philippe Triboit) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – 1991  Le piège (Serge Moati) – La femme de l’amant (Christopher Frank) – Feu Adrien Muset (Jacques Besnard) – 1992  Le bal (Jean-Louis Benoît) – Papa veut pas que je t’épouse / Mariage express (Patrick Volson) – La place du père (Laurent Heynemann) – 1993  Julie Lescaut : Harcèlements (Caroline Huppert) – Avanti (Jacques Besnard) – Pas si grand que ça ! / Le baby sitter (Bruno Herbulot) – Des héros ordinaires : La porte du ciel (Denys Granier-Deferre) – Entre chien et loups (Caroline Huppert) – Cherche famille désespérément (François Luciani) – 1994  Une page d’amour (Serge Moati) – La fidèle infidèle (Jean-Louis Benoît) – 1995  Madame le consul : Pili, prince des rues (Bertrand Van Effenterre) – Tous les hommes sont menteurs / Transports (Alain Wermus) – Un si joli bouquet (Jean-Claude Sussfeld)  – Madame le consul : Les disparues de la Sierra Madre (Joyce Buñuel) – 1996  Anne Le Guen : Les raisons de la colère (Stéphane Kurc) – Les Cordier, juge et flic : Refaire sa vie (Bruno Herbulot) – Le garçon d’orage (Jérôme Foulon) – Un homme (Robert Mazoyer) – Pardaillan (Édouard Niermans) – La parenthèse (Jean-Louis Benoît) – J’ai rendez-vous avec vous (Laurent Heynemann) – Le juge est une femme : La fille aînée (Pierre Boutron) – 1997  Commandant Nerval : Opération simulacres (Arnaud Sélignac) – Crimes en série / Le profileur : Le silence du scarabée (Patrick Dewolf, pilote) –  Un flic presque parfait (Marc Angelo) –  La grande béké (Alain Maline) – 1998     Victoire ou la douleur des femmes (Nadine Trintignant) – Un morceau de soleil / L’été de mes 16 ans (Dominique Cheminal) – Fleurs de sel (Arnaud Sélignac) – Baby Blues- Le boiteux (Paule Zadjermann) – 1999  Ces forces obscurent qui nous gouvernent (Olivier Doran) – Passeur d’enfant au Portugal (Franck Apprédéris) – 2000  L’héritière (Bernard Rapp) – 2001  Il Giovane Casanova (Le jeune Casanova) (Giacomo Battiato) – 2003  Les parents terribles (Josée Dayan) – 2005/06 Le bureau (Nicolas & Bruno) – 2007  Chez Maupassant : Le petit fût (Claude Chabrol) – Faisons un rêve (Bernard Murat, captation en direct) – 2008  Tailleur pour dames (Bernard Murat, captation en direct) – Le gendre idéal (Arnaud Sélignac) – Batailles (Jean-Michel Ribes, captation) – La vraie vie d’Omar & Fred (Tristan Carné, divertissement) – 2009  L’évasion (Laurence Katrian) – Les associés (Alain Berliner) – L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct, présentation seulement) – Le pot de colle (Julien Seri) – Le gendre idéal 2 (Arnaud Sélignac) – 2010  Sentiments provisoires (Emmanuel Murat, captation en direct) – Le grand restaurant (Gérard Pullicino, divertissement) – Vieilles canailles (Stéphane Kurc) – Main basse sur une île (Antoine Santana) – 2011  Insoupçonnable (Benoît d’Aubert) – La chartreuse de Parme (Cinzia TH Torrini) –  2011/2012  Le transporteur (Andy Mikita, série) – 2012  Le dindon (Emmanuel Murat, captation en direct) – Zak (Arthur Benzaquen & Denis Thybaud, saison 3) – Crime d’état (Pierre Aknine) – Surveillance (Sébastien Grall) – Au cabinet (Camille Saféris, CM, série) – 2014  La clef des champs (Bertrand Van Effenterre) – Peplum (Philippe Lefebre) – 2015  Dix pour cent : François (Lola Doillon) – La main du mal (Pierre Aknine) – 2016  Du vent dans les branches de Sassafras (Emmanuel Murat, captation en direct). Voxographie TV : 2002  Mission banquise : Le voyage immobile (Emilio Maillé, documentaire, récitant) – 2015  J’parle pas aux cons, ça les instruit (Yves Riou, documentaire, récitant) – 2016  Le crunch toute une histoire (Félicien Taris, documentarire, récitant).

Théâtre  : 1973 à 1980 : une dizaine de spectacles avec Daniel Benoin, dont :  Les corbeaux de Henri Baecque, Théâtre Daniel Sorano, Vincennes / Deutch requiem de Pierre Bourgeade, Théâtre Daniel Sorano, Vincennes / La mandore de Romain Weingarten,  Théâtre Daniel Sorano, Vincennes /  La cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, Comédie de Saint-Etienne /  Cache ta joie de Jean-Patrick Manchette,  Théâtre de Paris / 1982  Aldebert le botaniste de Van Chamisso – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot /  1983   Déshabillage de Jean-Michel Rabeux  – Mise en scène : Jean-Michel Rabeux – Théâtre National de Cergy Pontoise / 1985  Mme de Sade de Mishima –  Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot et Athénée / 1986  Les désossés de Sirjacq – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de Chaillot / 1988  Judas Pilate de Paul Claudel – Mise en scène : Sophie Loucachevsky – Théâtre National de la Villette – 1990   La dame de chez Maxim’s de Feydeau – Mise en scène : Alain Françon – Théâtre du Huitième à Lyon – 1991 Partage de Midi de Paul Claudel – Mise en scène : Brigitte Jacques – Théâtre de l’Atelier et tournée en France /  L’empire de Michel Deutsch – Mise en scène : Michèle Foucher – Théâtre des Amandiers à Nanterre / 1992  Brûlez tout de Lanford Wilson – Mise en scène : Stephan Meldeg – Théâtre de La Bruyère /  1994-1995  Le retour de Harold Pinter – Mise en scène : Bernard Murat – Théâtre de l’Atelier – Tournée 1999-2000  Biographie : Un jeu de Max Frisch – Mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia – Théâtre de Nice, Théâtre de l’Aquarium à Paris, Théâtre de la Commune à Aubervilliers et en tournée /  2002  L’enfant Do, de Jean-Claude Grumberg –   Mise en scène : Jean-Michel Ribes – Théâtre Hébertot / 2003/2004  Café Chinois, d’Ira Lewis – Mise enscène : Richard Berry – Théâtre de la Gaîté Montparnasse, + tournée province 2005 / 2007  L’arbre de joie, de Louis-Michel Colla et David Khayat – Mise en scène de Christophe Lidon / 2008  Batailles, de Jean-Michel Ribes et Roland Topor – Mise en scène : Jean-Michel Ribes (Rond-Point) – 2009  Sentiments provisoires, de Gérald Aubert – Mise en scène : Bernard Murat (Théâtre Edouard VII) – 2011 – 2013 : Quadrille de Sacha Guitry – Mise en scène : Bernard Murat (Théâtre Édouard VII, + tournée) – 2012  Le dindon, de Georges Feydeau : Mise en scène Bernard Murat (Théâtre Édouard VII, + captation) – Bons baisers de Manault, de Manault Deva (Théâtre La Bruyère, lecture) – 2013  ina d’André Roussin – Mise en scène Bernard Murat (Théâtre Édouard VII) – 2014  Deux hommes tout nus de Sébastien Thiéry – Mise en scène Ladislas Chollat, (Théâtre de la Madeleine).  Mise en scène théâtre : 1986  William de Bernard Crombey – Co-mise en scène avec Hubert Saint-Macary – Bataclan  

Nota :   On lui attribue très souvent les films de son presque homonyme François Berland dont la voix est connue (Le « Nicolas » des  « Carnets de Monsieur Manatane » par exemple). Pour la petite histoire, ils sont tout deux au générique du film de Gabriel Arcand « Stardom » sans avoir de scènes communes.    

Bibliographie :   « La lettre des Comédiens » N° 15/16 Décembre-Janvier 1999 : « François Berléand, comédien de notre temps » par Stéphane Copeau et Jean-Jacques Jouve. 

Sur les avatars du plagiat de la contre-façon, lire Dvdrama, un site pas très classe

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Daniel Emilfork

Daniel Emilfork dans son dernier film : « Faut que ça danse » 

Annonce de la mort de Daniel Emilfork, le cinéma ne lui aura pas donné de rôles à la mesure de son talent. Le cinéma français, notamment, était sans doute trop réducteur pour apprécier les subtilités de son jeu, et son phrasé si spécial. Il était pourtant un inoubliable « Le Kanak » dans « Chéri-Bibi », face à Hervé Sand, qui lui confèrera en 1975 une grande notoriété. Un grand monsieur avec un fort sens de l’autodérision quand il parlait de son visage de gargouille. J’avais eu la chance de le voir jouer en 2000 sa pièce « Pueblo Horno », un monologue sobre mais poignant, où il évoquait avec beaucoup de sensibilité son enfance au Chili. Il était né d’une famille russe et de culture juive. Il citait sa maîtresse parlant de lui comme « Ni noir, ni blanc, mais gris, juif ». Une enfance difficile, son frère devint proche du régime de Pinochet, il souffrait de sa bisexualité et il avait perdu un talon dans une voie ferrée de son village suite à une tentative de suicide à 17 ans. Il commence à s’intéresser au théâtre avec Alejandro Jodorowski. Il s’exile en 1949, dans le plus complet dénuement. Il fint par suivre les cours de Tania Balachova, suite à une rencontre décisive avec l’EPJD, prônant l’enseignement par le jeu dramatique. Il y rencontre « une autre grenouille » (1) –  un bibelot représentant une grenouille joueuse de golf était son totem, dans son modeste appartement -, en la personne de la comédienne Denise Péron. Elle devient sa femme et lui donnera une fille Stéphanie Loïk, également comédienne. Les premiers engagements arrivent, avec les petits rôles à la télévision du temps des « Buttes Chaumont », ou au cinéma comme dans « Frou-Frou » en 1954, où on le reconnaît en invité d’un bal masqué. Les débuts sont difficiles, il aimait à raconter son permier rôle, le grand méchant loup dans une adaptation du « Petit Chaperon rouge » : « Un jour, il ôte son masque en pleine représentation et des centaines d’enfants se mettent à hurler, il en rit encore ». (1) Il tente de trouver ses marques, il est très vite engagé : « Marc Allégret m’avait vu au théâtre et me proposa le rôle d’un professeur de violon un peu hystérique dans « Future vedettes » (…) J’avais une seule scène, avec Bedos, et en arrivant au studio, j’avais préparé ma propre mise en scène. Alors , je dis : « Voilà comment je vois la chose… » On m’a tout de suite arrêté. Tout le monde rigolait. Je ne comprenais pas pourquoi ! Je ne connaissais rien à la hiérarchie qu’il y avait alors au cinéma… Et ça m’a fait beaucoup souffrir. Vous savez, quand j’ai démarré, on vous serrait la main par rapport au petit fric qu’on gagnait. C’était horrible ». (2) Mais il tire toujours son épingle du jeu, même en barman volubile face à Marina Vlady dans « Sophie et le crime », où il est doublé… par Jacques Jouanneau ! C’est le théâtre qui lui apporta le plus de satisfactions, notamment avec Patrice Chéreau qui le dirige dans le rôle titre de « Richard II », il lui demande ensuite d’être son coach pour « Troller », avant de le placer à la tête de l’école des Amandiers. Il n’avait pas voulu se laisser enfermer dans des rôles souvent improbables de vampires – il semble se caricaturer dans sa composition « draculesque » dans « Au service du diable », selon un rédacteur du livre-somme « Cinéma Belge » (1999) – ou de truands inquiétants.  Il craque un jour devant Alain Robbe-Grillet qui l’employa à deux reprises dans « Trans Europe Express », et dans l’onirique « Belle captive » : « Contrairement à ce que vous croyez, je ne peux pas avoir une gueule de gangster : quand vos ancêtres grimpaient aux arbres, les miens lisaient le Talmud » (1). Il est vrai que le cinéma n’a pas eu beaucoup d’imagination à son sujet. C’était un personnage au phrasé très spécial, assez curieux avec un comportement de diva, selon Jean-Pierre Jeunet, prêt à faire des procès à tout le monde au moindre prétexte, mais aussi très touchant car blessé par la vie, comme il le confiait dans le commentaire du DVD du film « La cité des enfants perdus ». Son rôle de Krantz, savant fou et voleur de rêves d’enfant, sera l’un de ses meilleurs rôles, il refusera cependant le rôle tenu par Serge Merlin dans « Amélie Poulain ». Mais il est aussi bien à l’aise dans la farce, comme dans son inoubliable composition de « libellule », prenant une incroyable posture d’insecte dans le « Casanova de Fellini » ou son rôle d’Egyptien servile dans « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ ». Il aura pourtant avec Jacques Baratier une collaboration fructueuse, du joueur de luth dans « Goha le simple » (1956), en passant par « La poupée » d’après Jacques Audiberti et « L’or du duc » (1965). Son côté inquiétant est souvent utilisé, de l’espion joueur d’ocarina dans l’internationale distribution des « Espions » de Clouzot, à l’étrange propriétaire d’un hôtel meublé « Meurtres à domicile ». Mais à un sentiment de menace, il pouvait conférer une drôlerie incroyable, que l’on songe à son rôle de tueur dans « Ballade pour voyou ». Il y joue un convoyeur, répondant au doux nom de « Molok » chargé de récupérer une valise noire auprès du personnage joué par Laurent Terzieff. Il ne cesse en l’escortant de lui dire « Comment va votre sœur ? », alors que Terzieff lui répond, complètement interloqué qu’il est fils unique. Molok en fait ne parle pas français, et ne fait que répéter la seule phrase qu’il connaît en français pour l’avoir entendu dans une méthode assimil ! C’est l’occasion d’un formidable moment de cocasserie. Il était prompt à participer à des films expérimentaux, ou onirique comme dans « Taxandria » de Raoul Servais. Il pousse même le radicalisme jusqu’à ne prêter que son corps et sa gestuelle pour personnifier la Mort dans « Le passage », comme me confiait René Manzor, rencontré lors d’une avant-première. Il était ravi que l’on n’utilise pas, pour une fois, son singulier visage. Il reste exigeant dans ses choix de rôles et tient à suivre son parcours sans compromission, il fut d’ailleurs renvoyé du tournage de « Voir Venise et crever « . : « À tel point qu’un jour, pendant un tournage à Venise, j’ai savonné une réplique. Le metteur en scène (qu’il ne citera pas, par élégance… ou par mépris !), offusqué vint me dire : « Emilfork, vous, un professionnel ! ? » La moutarde me monte au nez et je lui ai répondu : « Écoutez, je crois que j’ai dit cette même phrase vingt fois – Que voulez-vous dire ? – Que ce script est une merde. Et vous et moi, on le fait pour le fric. Et on a tort. » (2) C’était l’un de mes acteurs préférés, et je m’aperçois qu’il est difficile de lui rendre véritablement justice. C’est finalement sa fille qui en a le mieux parlé : « Il a été incroyablement sous-employé. Les gens ont peur de lui alors que c’est un grand professionnel. Je pense que ce n’est pas en France qu’il aurait dû aller ». (1). Selon ce même article, il disait avoir achevé un roman autobiographique « Le Batracien », qu’il ne souhaitait publier qu’après sa mort. On le retrouve une dernière fois, éblouissant en médecin militaire dans « Faut que ça danse » de Noémie Lvovsky, en voisin du personnage de Salomon, superbement campé par Jean-Pierre Marielle. Il faut le voir lui donner son diagnostic en créant une véritable panique, lui parler de l’incongruité d’avoir une vie sexuelle à son patient âgé, un grand moment délirant et jubilatoire. François Jonquet lui a consacré un formidable livre « Daniel » (Sabine Wespieser éditeur, 2008). C’est une belle évocation d’une étonnante rencontre. À lire le compte rendu de Pierre Assouline sur son Blog. Vous pouvez consulter un portrait original à son sujet : Portrait d’un prince hors-norme. En 2007, Christophe Bier a réalisé un excellent documentaire à son sujet « Gargouille de charme – Daniel Emilfork, contre les apparences », avec les témoignages de sa fille Stéphanie Loïk, et de Jacques Baratier, Jean-Claude Dreyfus, Michael Lonsdale, Daniel Mesguich, Michel Meurger, Pierre Philippe, Jean-Louis Roy, diffusé sur CinéCinémaClassik le 30 octobre 2010.

(1) Libération du 17/02/1998. (2) Studio N°108 – Mars 1996, « Le K Emilfork… » par Thierry Valletoux.

Daniel Emilfork © François-Marie Banier

CV, établi avec Christophe Bier

Filmographie : 1954  Frou-Frou (Augusto Genina) – Futures vedettes (Marc Allégret) – 1955  Sophie et le crime (Pierre Gaspard-Huit) – 1956  Notre-dame de Paris (Jean Delannoy) – Saint on jamais ? (Roger Vadim) – 1957  Une Parisienne (Michel Boisrond) – Goha (Jacques Baratier) – Les espions (Henri-Georges Clouzot) – Maigret tend un piège (Jean Delannoy) – Sans famille (André Michel) – Le temps des œufs durs (Norbert Carbonnaux) – 1958  Le joueur (Claude Autant-Lara) – Les motards (Jean Laviron) – 1959  Du rififi chez les femmes (Alex Joffé ) – Pantalaskas (Paul Paviot) –1960  Le bal des espions (Michel Clément) – 1961 Le triomphe de Michel Strogoff (Victor Tourjansky) – Seul… à corps perdu (Jean Maley) – La poupée (Jacques Baratier) – Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – 1962  Les bricoleurs (Jean Girault) – Ballade pour un voyou (Claude-Jean Bonnardot) – 1963  L’assassin viendra ce soir (Jean Maley) – OSS 117 se déchaîne (André Hunebelle) –  Château en Suède (Roger Vadim) – Des frissons partout (Raoul André ) – Voir Venise et crever (André Versini) –  1964  – Le commissaire mène l’enquête [épisode « Fermez votre porte »] (Fabien Collin & Jacques Delile) – What’s new Pussycat ? (Quoi de neuf Pussycat ?) – Lady L (Id) (Peter Ustinov) – 1965  L’or du duc (Jacques Baratier) – Dis-moi qui tuer (Étienne Périer) – The liquidator (Le liquidateur) (Jack Cardiff) – 1966  Trans-Europ-Express (Alain Robbe-Grillet) – Lotosblüten für Miss Quon (Coup de Gong à Hong Kong) (Jürgen Roland) – 1967  L’inconnu de Shandigor (Jean-Louis Roy) – 1969  Midi-Minuit (Pierre Philippe)1971 Kill (Id)Au service du diable / Le château du vice / La nuit des pétrifiés (Jean Brismée) – 1972 Travels with my aunt (Voyages avec ma tante) (Georges Cukor) –  1975  Il Casanova di Fellini (Le Casanova de Fellini) (Federico Fellini) – 1977  Who is killing the great chefs of Europe ? (La grande cuisine, ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs) (Ted Kotcheff) – 1978  The thief of Bagdad (Le voleur de Bagdad) (Clive Donner) (Téléfilm diffusé en salles en Europe) – Subversion (Stanislav Stanojevic, inédit) – 1979  L’extraordinaire ascension de Maurice Bellange (Bruno Decharme, CM) – 1982  Meutres à domicile (Marc Lobert) – Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – La belle captive (Alain Robbe-Grillet) – 1985  Pirates (Id) (Roman Polanski) – 1986  Le passage (René Manzor, silhouette de la mort seulement) – 1987  Niezwykla podróz Baltazara Kobera (Les tribulations de Balthazar Kober) (Wojciech J Has)  – 1990  Artcore oder Der Neger (Heinz Peter Schwerfel, film expérimental) – 1993  De Vliegende Hollander (Le Hollandais volant) (Jos Stelling) – L’écriture de Dieu / Die Inschrift des Gottes (Heinz-Peter Schewerfel, CM) – 1994  Lou n’a pas dit non (Anne-Marie Miéville, voix seulement) –  Taxandria (Raoul Servais) – 1996  La cité des enfants perdus (Marc Caro & Jean-Pierre Jeunet) – 1997  Babel (Gérard Pullicino, voix seulement) – 1998  Les frères Sœur (Frédéric Jardin) – 2001  Pat (Harold Vasselin, CM) – 2006  L’homme de la lune ((Serge Elissalde, film d’animation, CM, voix) – Faut que ça danse (Noémie Lvovsky).

Daniel Emilfork dans « Chéri-Bibi »

Télévision : 1955  Crime et châtiment (Stellio Lorenzi) – 1956  La chemise (René Lucot) – Le revizor (Marcel Bluwal) – Cece (Bernard Hecht) – 1959  Cristobal de Lugo (Jean-Paul Carrère) – 1960  Le fils du cirque (Bernard Hecht) – Un beau dimanche de septembre (Marcel Cravenne) – 1961  Youm et les longues moustaches (Yves-André Hubert) – Le massacre des innocents (Roland Bernard) – Le musée hanté – 1962  Magic Story – L’inspecteur Leclerc enquête : Feu monsieur Serley (Jean Lavrion) – L’esprit et la lettre : Candide ou l’optimisme (Pierre Cardinal) – 1963  Babaji et le roi Pataf (Anne-Marie Ullmann) – La caméra explore le temps : La conspiration du général Malet (Jean-Pierre Marchand) – 1964  Le héros et le soldat (Marcel Cravenne) – 1965  L’école de la médisance (François Gir) – La part du pauvre (Éric Le Hung) – 1967  Mars : mission accomplie (Edmond Tyborowski) – Signé Alouette (Jean Vernier) – 1968  Les bas-fonds (Jean-Paul Carrère) – La prunelle (Emond Tyborowski)- Graf Yoster gibt sich die Ehre (Le comte Yorster a bien l’honneur : Johann and co) (HW Schwarz) – 1970  Reportages sur un squelette ou Masques et bergamasques (Michel Mitrani) – Le dernier adieu d’Armstrong (Gilbert Pineau) – Allô police : La pantoufle de jade (Daniel Leconte) – Jumbo ein elefantenleben / Jumbo jet (Michael Phflegar) – Rendez-vous à Badenberg (Jean-Michel Meurice) – 1971  Romulus le grand (Marcel Cravenne) – 1972  La cantonade (Pierre Philippe) – 1973  Le canari (Peter Kassovitz, voix du récitant) – 1974  Chéri-Bibi (Jean Pignol) – Le comte Yoster a bien l’honneur : Un petit détail – 1977  Double détente (Claude-Jean Bonnardot) – Zwei himmlische Töchter : Ein Sarg nach Leech (Michael Phflegar) – 1980  Porporino (André Flédérik, captation) – 1981  Caméra une première : Square X (Jean Kerchbron) – 1986  Riviera (Alan Smithee [John Frankenheimer]) – 1987  Trakal (épisode N ° 4) (Gilles Bastianelli) – La poupée – Les mystères de l’agence K (Gérald Frydman) – La dernière fuite (Yves Turquier & François Verret, CM, + conception, [ captation spectacle dansé ]) – 1988  La fée Carabine (Yves Boisset) – M’as-tu vu : Le trésor des Cardeillac (Éric Le Hung) – Sueurs froides : Mort en copropriété (Arnaud de Sélignac) – 1990  Un film sur Georges Pérec [deux parties :  « Te souviens-tu de Gaspard Wincker ? » & « Vous souvenez-vous de Gaspard Wincker ? » (Catherine Binet, récitant présent à l’image) – 1991  The first circle (Le premier cercle) (Sheldon Larry) – 2001  Les archives de Jean-Pierre Jeunet (vidéo) – 2005  Les rois maudits (Josée Dayan).

 

Daniel Emilfork dans « Les amants puérils » (source, le documentaire « Gargouille de charme »)

Théâtre : 195?  Le petit chaperon rouge – Les méfaits du tabac, d’Anton Tcheckhov – L’autoclète, d’Alfred Jarry. Mise en scène de Pierre Alec Quains. Théâtre de la Huchette. 1951 La Tour de Nesle, d’après Alexandre Dumas fils. Mise en scène Pierre-Alec Quains – 1952 Doña Rosita de Federico Garcia Lorca. Mise en scène Claude Régy. Théâtre des Noctambules. – 1954 La matinée d’un homme de lettres. Théâtre de la Huchette- La peur de Georges Soria. Mise en scène Tania Balachova. Théâtre Monceau – Les Trois Sœurs de Tchekhov. Mise en scène Sacha Pitoëff. Théâtre de L’Oeuvre. – 1955  Homme pour homme. Théâtre de l’Oeuvre. – Les poissons d’or, de René Aubert. Mise en scène d’André Villiers. Théâtre en Rond. -1956 Les amants puérils de Crommelynck. Mise en scène Tania Balachova. Théâtre des Noctambules. – 1958 Ubu-Roi d’Alfred Jarry, au TNP – 1961 Dommage qu’elle soit une putain de John Ford. Mise en scène Lucchino Visconti.- Miracle en Alabama, de William Gibson. Mise en scène de François Maistre. Théâtre Hébertot. – 1965  L’autre royaume, de Marc Desclozeaux. Théâtre de Poche-Montparnasse. Mise en scène seulement. – Zoo story, d’Edward Albee. Mise en scène seulement. 1966 Hélas ! Pauvre Fred de James Sanders. Mise en scène Daniel Emilfork. Théâtre de Lutèce. – 1968 Le Manteau d’astrakan de Pauline Macauly. Mise en scène Daniel Emilfork. Comédie de Paris. – 1970 Richard II deWilliam Shakespeare. Mise en scène Patrice Chéreau. Théâtre de L’Odéon. – 1973 Toller, scènes d’une révolution allemande. Mise en scène Patrice Chéreau TNP Villeurbanne et Théâtre de L’Odéon – 1974 Zalmen ou la folie de Dieu d’Elie Wiesel. Mise en scène Daniel Emilfork. Nouvelle Comédie.- 1979 Kafka, Théâtre complet. Mise en scène André Engel. Théâtre National de Strasbourg. – 1980 Archéologie. Mise en scène Christiane Cohendy. Le Lucernaire – Porporino, de Domique Fernandez. Festival d’Aix en Provence. 1981  Les fiancés de Loches. Théâtre de Boulogne Billancourt. 1983. Lulu au Bataclan de Franck Wedekind. Mise en scène André Engel. – 1983 Minetti de Thomas Bernhard. Mise en scène Gilles Atlan. Festival d’Avignon.- 1986 Marat-Sade de Peter Weiss. Mise en scène Walter Le Moli. MC93 Bobigny. – 1987  Mindadoo Mistiru, mise en scène de François Verret. Festival de danse d’Aix en Provence – 1988 La Journée des chaussures de Denise Péron, Daniel Emilfork, Frédéric Leidgens. Festival d’Avignon et Nanterre-Amandiers. – 1991 Pas là de Samuel Beckett. Mise en scène Jean-Claude Fall. Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. – Voyage à Weimar, de Dominique Guilhard. Théâtre de la Bastille. – Le voyage, spectacle en 2 parties composé d’une reprise d' »Archéologie » et de la création de « Domus », de Daniel Emilfork & Frédéric Leidgens. Théâtre Paris-Villette. – 1997 Comment te dire de La Métaphore à Lille, puis au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis – 2000 Pueblo Horno de Daniel Emilfork. Théâtre Le Lucernaire. – 2003  Lettre ouverte à Renée Saurel de et mis en scène de Daniel Emilfork.

Mise à jour du 05/11/2010

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Lionel Abelanski

© R.SCHROEDER – source Zelig

L’avant-première bordelaise de « Je préfère qu’on reste amis » du 15/02/2005, à l’UGC-Cité nous avait donné deux belles surprises, l’émotion de voir Annie Girardot nous présenter le film, et celle surprise de la visite de « l’épatant » Lionel Abelanski qui accompagnait la bonne humeur de Olivier Nakache et Éric Toledano. C’était un bonheur de voir sa modestie devant les compliments des spectateurs, de l’entendre parler de l’échec injuste du film de Steve Suissa « Le grand rôle », et de ne rien regretter sur le choix de ses rôles tout en envisageant d’autres perspectives. Ce qui caractérise Lionel, c’est l’énergie, il traversait la salle ce soir là, pour donner le micro aux spectateurs, nous régalant de sa bonne humeur. Puis en octobre 2006, toujours à l’UGC-Cité Bordeaux, il fallait le voir animer et improviser une chorégraphie disco avec Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Duquesne, Jean-Michel Lamy et Georges Gay, faisant même monter sur scènes des spectateurs enthousiasmés, suites aux réactions amusées de la salle. Il est toujours formidable, même si on le cantonne trop souvent dans le rôle du bon copain paumé – tel dans « Un petit jeu sans conséquence » dans lequel il reste digne en se retirant, alors que personne n’est à l’écoute de ses difficultés -. Il tire à chaque fois son épingle du jeu. Son meilleur rôle est peut-être celui de « Shlomo » un idiot céleste dans « Train de vie », qui lui vaut en 1999 d’être nommé aux Césars dans la catégorie du « meilleur espoir masculin ». Il est le copain « lourd » et insistant d’Yvan Attal dans « Ma femme est une actrice » – rôle qu’il tenait déjà dans la version court-métrage « I got a woman » -,  un improbable homme-sandwich et inventeur loufoque dans « Delphine 1, Yvan O », de Dominique Farruggia, policier obsédé par la traque des fumeurs de joints dans le cornichonesque « La beuze », l’assistant acariâtre et « borderline » dans « Mes amis » de Michel Hazanavicius et le voisin de palier serviable de Marie Gillain dans « Tout le plaisir est pour moi » d’Isabelle Broué. Il est à l’aise dans d’autres registres, tel le père odieux du téléfilm « La nourrice » de Renaud Bertrand, falot et manipulable.

Dans « La calvitude »

Mais il suscite toujours la sympathie, et arrive toujours à distiller de l’humour dans toutes les situations, comme dans le court-métrage « La calvitude » (Julien Weill, 2002), comédie dépressive, où un trentenaire abandonné par l’amour de sa vie, se retrouve dans le désarroi le soir de son anniversaire, mais finit par retrouver le goût de la vie quand une jolie caissière lui souhaite un chaleureux anniversaire en voyant sa carte d’identité présentée avec un chèque de paiement. Casanier et pantouflard, il joue le futur mari d’Anne Consigny, dans « Je ne suis pas là pour être aimé ». Neurasténique,  il se laisse dévorer par l’écriture d’un roman, quitter à abandonner son emploi de professeur. Égoïste et peu à l’écoute de celle qui prépare avec lui le mariage, dernière chance de se couple, il reste pantois quand cette dernière lui exprime ses inquiétudes dans le giron des beaux-parents. Il finit, enfin par déclarer enfin son amour lorsqu’il sent qu’elle perd sa joie de vivre mais sans la comprendre finalement. Une individualité fracassante ! En peu de scènes il réussit dans « Je préfère qu’on reste ami » épatant à faire exister son personnage de réprésentant en « bonbonnes d’eau », enfin « casé » rajoutant du désarroi à son meilleur ami campé formidablement par Jean-Paul Rouve. Du jeune marié bondissant, il devient, à la fois drôle et touchant, la victime de sa première crise conjugale. Il a une scène étonnante face à Gérard Depardieu (Enfin retrouvé depuis quelques films) qui le déstabiliste par son analyse de la situation.

Lionel Abelanski dans « Un petit jeu sans conséquence »

Dans « Poltergay », il est aussi drôle qu’émouvant. Le metteur en scène Éric Lavaine lui avait proposé initialement le rôle du bon copain de Clovis Cornillac, joué en fait par Alain Fromager. Soucieux de se renouveller, Lionel Abelanski, prefera tenir le rôle de « salopette », fantôme homosexuel taquin, mais qui se révèle au final très touchant. La scène des retrouvailles de son personnage, qui garde éternellement le physique qu’il avait à l’époque de sa mort avec son vieil amant, joué avec beaucoup d’humanité par Michel Modo, est particulièrement émouvante alors qu’elle pouvait à tout moment sombrer dans le scabreux. On le retrouve dans « Zone libre », premier film de cinéma de Christophe Malavoy, avec Tsilla Chelton et Jean-Paul Roussillon dans un registre plus dramatique. Il trouve également un rôle de premier plan dans « Je déteste les enfants des autres » (Anne Fassio, 2006), mais le film manque d’originalité. On lui doit pourtant de bon moments en père dévoué formant un couple fusionnel avec Valérie Benguigui. Mais la belle harmonie du couple va éclater durant les vacances, alors qu’il est émoustillé par le charme d’une « cagole ». Il campe également un Bernard Franck touchant qui cache une sensibilité derrière un brillant esprit teinté de cynisme dans « Sagan ». Il tire aussi son épingle du jeu, en vieux garçon amoureux de la nature et de Beauvais, sa ville natale, perdu dans la brousse dans « Safari ».  Tout comme dans « Train de vie », on attend un rôle à sa – dé – mesure, son « grand rôle » à lui en fait, il va continuer à nous surprendre.. A sa chaleureuse présence, on ne peut que répondre « Salut l’artiste » !

 

Filmographie : 1988  Romuald et Juliette (Coline Serreau) – 1993  Méprises multiples (Christian Charmetant, CM) – 1995  Douce France (Malik Chibane) – Le futur (Dominique Farrugia, CM) – I like she (Guillaume Moscovitz, CM) – Coup de vice (Patrick Lévy) – Un samedi sur la terre (Diane Bertrand) – Delphine : 1, Yvan : O (Dominique Farrugia) – 1996  Didier  (Alain Chabat) – La femme du cosmonaute (Jacques Monnet) – 1997  I got a woman  (Yvan Attal, CM) – La méthode (Thomas Bégin, CM) – Train de vie (Radu Mihaileanu) – 1998  Le voyage à Paris (Marc-Henri Dufresne) – Les parasites (Philippe de Chauveron) – Formidable (Gilles Cohen, CM) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – À table ! (Idit Cébula, CM) – Mes amis (Michel Hazanavicius) – 1999  Accidents (Pascal Laëthier, CM) – Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi) – 2000  Ces jours heureux (Olivier Nakache & Éric Toledano, CM) – En attendant (Serge Hazanavicius, CM) – Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – 2001  Ma femme est une actrice (Yvan Attal) – 2002  Varsovie-Paris (Idit Cébula, CM) – La beuze (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – La calvitude (Julien Weill, CM) – Bienvenue au gîte (Claude Duty) – Scotch (Julien Rambaldi, CM) – Spartacus (Virginie Lovisone, CM) – Mais qui a tué Pamela Rose ? (Éric Lartigau) – 2003  Double zéro (Gérard Pirès) – Le grand rôle (Steve Suissa) – Toute une histoire (Jean Rousselot, CM) – Tout le plaisir est pour moi (Isabelle Broué ) – Narco (Tristan Aurouet & Gilles Lellouche) – Alive (Frédéric Berthe) – 2004  Victor (Fabrice Michelin, CM) – Un petit jeu sans conséquence (Bernard Rapp) – Je préfère qu’on reste amis (Éric Toledano & Olivier Nakache) – Cavalcade (Steve Suissa) – Je ne suis pas là pour être aimé (Stéphane Brizé) – 2005  Zone libre (Christophe Malavoy) – Une histoire de pieds (David & Stéphane Foenkinos, CM) – Mes voeux les plus sincères (Arnaud Cassand, CM) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Les yeux bandés (Thomas Lilti) – Je déteste les enfants des autres (Anne Fassio) – Atonement (Reviens-moi) (Joe Wright) – 2007  The Jerusalem syndrome (Stéphane Belaïsch & Emmanuel Naccache) – Sagan (Diane Kurys, + version TV) – Le secret de Salomon (David Charhon, CM) – La plus belle fille du monde (Stéphane Couston, CM) – Deux vies plus une… (Idit Cébula, rôle coupé au montage) – Ma fille a quatorze ans (François Desagnat & Thomas Sorriaux) – 2008  Safari (Olivier Baroux) – Le concert (Radu Mihaileanu) – Kaparah Carpe (Jessica Vaturi Dembo, CM) – 2009  Protéger et servir (Éric Lavaine) – Imogène (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – Quartier lointain (Sam Gabarski) – 2010  Son souffle contre mon épaule (Emmanuel About, CM) – Un peu d’écume (Christel Delahaye, CM) – L’art de séduire (Guy Marzaguil) – Mais y va où le monde? (Serge Papagalli) – Beur sur la ville / Capitaine Khalid (Djamel Bensalah) – 2011  Les infidèles [épisode « La bonne conscience »] (Michel Hazanavicius) – Mais qui a re-tué Pamela Rose (Kad Merad & Olivier Baroux) – 2012  La banda Picasso (Fernando Colomo) – De l’autre côté du périph’ (David Charron) – 13 rue Mandar (Idit Cébula) – Boule et Bill (Alexandre Charlot & Franck Magnier) – 2013  Kidon (Emmanuel Nakkachee) – Barbecue (Éric Lavaine) – Les vacances du petit Nicolas (Laurent Tirard).

Télévision : notamment : 1994  En garde à vue (Didier Albert, plusieurs épisodes) -1995  Tango, mambo et cha-cha-cha (Françoise Decaux Thomelet) -1996  Coeur de cible (Laurent Heynemann) – 1997  Combats de femme : harcelée (Nicolas Cuche) – Les marmottes (Jean-Denis Robert) – 2000  Contre la montre (Jean-Pierre Sinapi) – 2003  Le gang des poupées (Philomène Esposito) – Le grand plongeoir (Tristan Carné, variétés) – 2004  La nourrice (Renaud Bertrand) – Maigret chez le docteur (Claude Tonetti) – Le carmargais : Jean-Jean (William Gotesman) – 2005  Riquet (Bertrand Arthuys) – Les femmes d’abord (Peter Kassovitz) – L’homme qui voulait passer à la télé (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – La famille Zappon (Amar Arhab & Fabrice Michelin, variétés) – 2006  Vive la bombe ! (Jean-Pierre Sinapi) – 2007  Nos enfants chéris (Benoît Cohen, saison 2) – 2009  Le grand numéro (Julien Weill) – 2010  Mademoiselle Drot (Christian Faure) – Au bas de l’échelle (Arnaud Mercadier) – 2012 À dix minutes des naturistes (Stéphane Clavier) – 2013  Myster Mocky présente : La curiosité qui tue (Jean-Pierre Mocky, CM) – La faute de l’abbé Viallard (Christian Faure). 

Théâtre : 1988/89 Un mouton à L’entresol, d’Eugène Labiche, mise en scène Gilles Cohen – 1990/91 Le mystère de la chambre jaune, de Gilles Cohen – 1992 Les petits marteaux, de Gilles Cohen – 1993 Le plus heureux des trois, d’Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Luc Revol – 1994 Quisaitout et Grobeta, de Coline Serreau, mise en scène Benno Besson – 1998 Germania 3, d’Heiner Müller, mise en scène Jean-Louis Martinelli – 1999/2000 Mariages et conséquences, d’Alan Ayckbourn, mise en scène de Catherine Allary – 2001/2002 Théâtre sans animaux, de Jean-Michel Ribes (+ captation TV) – 2003  Bash, de Neil La Bute, mise en scène de Pierre Laville – 2008  Geronimo, de David Decca, mise en scène Caroline Duffau & Serge Hazanavicius – 2009  Les Insatiables, d’Hanokh Levin, mise en scène Guila Braoudé – 2010  Miam-Miam, de et mis en scène d’Édouard Baer – 2011  La méthode Grönholm, de Jordi Galceran, mise en scène de Thierry Lavat.

Mise à jour du 05/02/2011