
Annonce de la mort du décorateur Bernard Evein, indissociable de l’œuvre Jacques Demy. Il est mort dans “L’île de Noirmoutier” alors que se déroule en ce moment à la Fondation Cartier l’exposition “L’île et elle”, œuvre d’Agnès Varda, dont il fut, ironie du sort, aussi le collaborateur. Il avait témoigné pour elle sur l’œuvre de Jacques Demy dans deux de ses documentaires “Les demoiselles ont eu 25 ans” (1993) et “L’univers de Jacques Demy” (1995). Après des études à l’école des Beaux-Arts à Nantes, il entre à l’IDHEC, section décoration, dont il ressort diplômé en 1951. Il travaille en collaboration avec le décorateur Jacques Saulnier, avant d’être associé aussi à la nouvelle vague, on se souvient de son œuvre particulièrement colorée. J’ai le souvenir de magnifiques maquettes vues dans un numéro de Télérama, conçues pour un film de Jacques Demy, situé dans Saint-Pétersbourg qui resta hélas inabouti faute de financements. Il était l’un des plus grands de sa profession.
Filmographie : 1952 La danseuse nue (Pierre Louis, assistant décorateur) – 1957 Le bel indifférent (Jacques Demy, CM) – 1958 Les amants (Louis Malle) – Les quatre cents coups (François Truffaut) – Les cousins (Claude Chabrol) – 1959 À double tour (Claude Chabrol) – La sentence (Jean Valère) – Les jeux de l’amour (Philippe de Broca) – Les scélérats (Robert Hossein) – 1960 Zazie dans le métro (Louis Malle) – Les grandes personnes (Jean Valère) – L’amant de cinq jours (Philippe de Broca) – Lola (Jacques Demy, + costumes) – Une femme est une femme (Jean-Luc Godard) – L’année dernière à Marienbad (Alain Resnais, costumes seulement) – 1961 Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – Vie privée (Louis Malle) – Les spet péchés capitaux [épisodes « L’avarice » (Claude Chabrol) & « La luxure » (Jacques Demy, + petit rôle)] – Le combat dans l’île (Alain Cavalier) – 1962 Les dimanches de Ville d’Avray (Serge Bourguignon) – Le jour et l’heure (René Clément) – La baie des anges (Jacques Demy, + costumes) – 1963 Le feu follet (Louis Malle) – Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy) – 1964 Aimez-vous les femmes ? (Jean Léon) – L’insoumis (Akaub Cavalier) – Comment épouser un premier ministre (Michel Boisrond) – 1965 Viva Maria ! (Louis Malle) – Paris au mois d’Août (Pierre Granier-Deferre) – Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (William Klein) – 1966 Les demoiselles de Rochefort (Jacques Demy) – Le plus vieux métier du monde [épisode « Mademoiselle Mimi »] (Philippe de Broca) – Seven times Seven (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica) – 1967 Adolphe ou l’âge tendre (Bernard Toublanc-Michel) – 1969 Sweet hunters (Tendres chasseurs/ Ternos Caçadores) (Ruy Guerra) – L’aveu (Costa-Gavras) –1970 Le bateau sur l’herbe (Michel Drach) – 1973 L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Le grand bazar (Claude Zidi) – Le hasard et la violence (Philippe Labro) – La merveilleuse visite (Marcel Carné, directeur artistique seulement) – 1975 Zerschossene Traüme (L’appât) (Peter Patzak) – L’alpagueur (Philippe Labro) – 1976 Néa (Nelly Kaplan) – Le jouet (Francis Veber) – 1977 La vie devant soi (Moshe Mizarahi) – 1978 Lady Oscar (Jacques Demy) – 1979 Tous vedettes (Michel Lang) – Chère inconnue (Moshe Mizrahi) – 1980 Une merveilleuse journée (Claude Vital) – 1982 Une chambre en ville (Jacques Demy) – 1984 Notre histoire (Bertrand Blier) – 1986 La rumba (Roger Hanin) – Thérèse (Alain Cavalier) – 1988 Trois places pour le 26 (Jacques Demy).

Catherine Deneuve & François Dorléac dans “Les demoiselles de Rochefort”
ARTICLE / LE MONDE du 10.08.2006
Bernard Evein, décorateur de cinéma et de théâtre, est mort mardi 8 août, dans l’île de Noirmoutier (Vendée). Il était âgé de 77 ans. Né à Saint-Nazaire le 5 janvier 1929, Bernard Evein fut le condisciple du futur cinéaste Jacques Demy à l’école des Beaux-Arts de Nantes, avant de le retrouver au titre de décorateur de huit de ses films, dont Lola (1961), Les Parapluies de Cherbourg (1964), Une Chambre en ville (1982). Bernard Evein, césarisé pour les meilleurs décors de films à six reprises entre 1977 et 1989, collabora également avec Louis Malle (Les Amants, 1958 ; Zazie dans le métro, 1960 ; Le Feu follet, 1963), François Truffaut (Les 400 coups, 1959), Claude Chabrol (A double tour, 1960), Alain Cavalier (Le Combat dans l’île, 1961 ; L’Insoumis, 1964 ; Thérèse, 1986), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, 1961), Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1962), William Klein (Qui êtes-vous Polly Magoo, 1966), ou Francis Veber (Le Jouet, 1976). Une carrière qui parle d’elle-même, et qui fut complétée au théâtre par ses collaborations avec notamment le metteur en scène Jean-Louis Barrault et Jean-Luc Tardieu.
SUD-OUEST
Evein, grand du cinéma, par Thomas La Noue
Décédé avant-hier à Noirmoutier des suites d’une longue maladie à 77 ans, Bernard Evein était l’homme qui avait osé mettre en couleurs le cinéma français, et quelles couleurs ! Débutant à la fin des années cinquante, époque où le noir et blanc était la règle et la couleur l’exception, il travaille avec les jeunes réalisateurs annonçant la nouvelle vague. Le décor onirique et la robe de plumes de Delphine Seyrig dans « L’Année dernière à Marienbad », d’Alain Resnais (en noir et blanc), c’est lui. Il n’avait pas fini de surprendre. La couleur en vedette. Au début des années soixante, il collabore avec Claude Chabrol (« A double tour » et Louis Malle (« Les Amants », « Vie privée », « Viva Maria » . En toute complicité avec les chefs opérateurs Henri Decae, Jean Rabier ou Ghislain Cloquet, il introduit une notion nouvelle : la couleur n’est plus seulement un argument commercial et une commodité technique permettant de faire « plus vrai que le noir et blanc », elle devient le principe même du décor. « En-chanté ». C’est bien sûr avec Jacques Demy que Bernard Evein va donner toute la mesure de son talent. Les deux enfants de Nantes sont sur la même longueur d’onde et Evein va faire éclater les couleurs et transfigurer les lieux ordinaires dans les films « en-chanté » de Demy. Première expérience avec « Les Parapluies de Cherbourg » et aboutissement trois ans après avec « Les Demoiselles de Rochefort », ce chef-d’oeuvre en forme d’hommage à la comédie musicale. Il faut s’imaginer ce qu’était la ville il y a quarante ans. Grise, terne, semblant vouée à un inexorable déclin, elle avait déserté son patrimoine historique et architectural et somnolait sur les bords de la Charente. Demy et Evein vont l’investir, la repeindre en rose, orangé, jaune, bleu, vert, la livrer aux danseurs. En un mot, lui offrir une autre vie. Le film sera (et reste) un immense succès, et la collaboration entre les deux hommes se poursuivra avec notamment « Peau d’âne », « Trois places pour le 26 », « Jacquot de Nantes ».

Annonce de la mort de Mako, figure familière du cinéma américain, le 21 juillet dernier, des suites d’un cancer. Il faisait partie de ce type de comédiens comme Philip Ahn, Keye Luke ou James Hong, distribué dans tous les rôles asiatiques possibles et imaginables par Hollywood, dans trop de discernements parfois. Ce Japonais né à Kobe en 1933, de son vrai nom Makoto Iwamatsu, avait suivi ses parents partis aux USA en 1941, travailler pour l’Office of War. Il rejoint l’armée des États Unis au début des années 50, puis fut naturalisé citoyen américain en 1956. Formé au “Pasadena Playhouse”, il joua de nombreux spectacles sur Broadway. En 1965, il crée la “East West Players”, une prestigieuse troupe orientale. Son rôle le plus connu reste celui du jeune coolie Poo-Han, qui se fait lyncher par les siens pour être suspecté de collaboration avec les Américains, performance qui lui vaut d’ailleurs une nomination à l’oscar du meilleur second rôle en 1966 et une autre aux Golden Globes en 1967. Robert Wise l’avait découvert lors d’une représentation de Rashomon. En 1966 il rencontre Bruce Lee pour l’un des épisodes du “Frelon vert”, qui connu en 1974 une diffusion dans les salles de cinéma. Karatéka doué, il participe souvent à des films d’arts martiaux, souvent avec Chuck Norris qui l’appréciait beaucoup, il joue d’ailleurs de grand maître de Jackie Chan dans “Le Chinois” (Robert Clouse, 1981). Il a beaucoup de télévision à son actif, il apparaît régulièrement en “guest star” dans des séries comme “Colombo”, “Hawaïï, police d’état”, etc… Il prête aussi sa voix dans des jeux vidéos ou des dessins-animés. On se souvient aussi de son rôle impressionnant de sorcier dans “Conan le barbare” (John Milius, 1982) et sa suite. On l’avait revu dernièrement dans le rôle de l’amiral Yamamoto dans l’affligeant “Pearl Harbour” de l’ineffable Michael Bay en 2001 et cette année dans un court rôle dans l’académique “Mémoires d’une Geisha”.. A noter qu’il a son étoile dans la mythique “Walk of fame”. 


Annonce du décès du comédien Daniel Rialet, à l’âge de 46 ans, d’une crise cardiaque. Il était très populaire et très sympathique, avec son partenaire et ami Christian Rauth. à la télévision pour avoir été l’un des “mulets” de “Navarro”, depuis sa première diffusion en 1989, l’un des moniteurs des “Monos” sur France 2 en 1998, et le curé de “Père et maire” sur TF1 depuis 2002, dont un épisode sera diffusé sur la semaine prochaine le 19 avril intitulé “Une seconde chance”. Il avait eu une attaque en avril dernier. Il était l’époux de la comédienne Carole Richert et père de deux enfants. Après avoir fait le conservatoire national supérieurs des arts dramatiques, de 1984 à 1987, il n’avait fait que très peu de cinéma : “Zone rouge” (Robert Enrico, 1985), “Le grand chemin” (Jean-Louis Hubert, 1986), “Fréquence meurtre” (Élisabeth Rappeneau, 1987), “Baxter” (Jérôme Boivin, 1988), “Cherokee” (Pascal Ortéga, 1990) et “Bonimenteurs” (Emmanuel Descombes, CM, 1995). On se souvient de son rôle dans l’astucieux court-métrage oscarisé de Sam Karmann “Omnibus” en 1993, Palme d’or à Cannes, où il était très drôle en passager de train, inquiet de perdre son travail suite à un changement d’horaires, ne pouvant que lui provoquer le retard de trop. On le retrouve aussi dans un autre court-métrage de qualité, “Requiems” (Stéphan Tillé-Guérin, 2001), prémisse du film “Edy” – où la situation était reprise sur mode plus comique avec Laurent Bateau -. Face à François Berléand, il jouait un quidam aux prises avec un tueur. A la télévision on l’avait vu dans plusieurs téléfilms, tels “Pépita” (Dominique Baron, 1993), “Les allumettes suédoises” (Jacques Ertaud, 1995), “Une femme en blanc” (Aline Issermann, 1996), aux côtés de Sandrine Bonnaire, et dans sa suite “La maison des enfants” (Issermann, 2002), “La tribu” (Gérard Marx, 1996), “L’aubaine” (Aline Issermann, 2000) et dans le pilote de “Mademoiselle Joubert” (Vincenzo Marano, 2005). Il avait joué également au théâtre à ses débuts – “Tête d’or” de Claudel, “La traversée de l’empire” d’Arrabal, etc… -. Nos pensées vont à sa famille. 




Série noire pour le monde du doublage avec la mort de Lita Recio, voir le journal de
Annonce également de la mort du réalisateur Henri Colpi. Il débute comme l’un des plus célèbres monteurs du cinéma français – “Le mystère Picasso”, “Hiroshima mon amour, etc…”. On lui devait “Une aussi longue absence” (1960), qui est le plus beau rôle de Georges Wilson, en clochard amnésique qui ne reconnaît pas son ancienne femme, une patronne de bistrot – admirable Alida Valli -, et “Heureux qui comme Ulysse”, dernier rôle de Fernandel traversant la Provence avec son cheval. On lui doit une adaptation plaisante de “L’île mystérieuse” pour la TV, dont une version courte a été diffusé en salles, avec Jess Hahn, Gérard Tichy et Omar Sharif en capitaine Némo, et quelques feuilletons dans les années 60-70. A noter qu’il avait monté dans les années 80, le film de 1922 d’André Antoine : “L’hirondelle et la mésange” resté inédit. Un artisan trop discret comme le disait René Prédal sur l’article qui suit. 
