Capture d’écran d’Armand Meffe dans « Quentin Durward »
Annonce de la mort d’Armand Meffre par le site des Gens du cinéma, le 22 janvier dernier à l’âge de 79 ans. Jacques Marquis dans le numéro 1253 de Télérama, du 19/01/1974, faisait de lui un portrait très juste : « J’ai déjà vu cette tête-là quelque part. C’était à la télé ; il y en avait plein le petit écran de ce colosse barbu et de son quintal d’intarissable bonhomie. C’était dans un de ces seconds rôles dont on se souvient longtemps. Parce qu’ »il », avait si bien la tête de l’emploi. Mais, voyez comme on est ingrat, je n’ai pas la mémoire des noms. Renseignement pris, il s’appelle Armand Meffre, il a quarante-cinq ans, le cheveu court et frisé, la barbe épaisse et la silhouette prospère. Compagnon admiratif de « L’illustre Maurin », c’est un familier de la télévision (…). Méconnu malgré tout. Au théâtre, il a joué tous les grands auteurs classiques et contemporains. Il a adapté pour la radio des œuvrés italiennes. Il écrit. Il joue du violon. Et il parle…. Pas très bavard sur sa jeunesse, craignant le mauvais folklore. Mais naturellement loquace dès qu’il évoque ses rôles, les comédiens, le théâtre, et son Midi. Car ce comédien singulier, paysan d’origine et de constitution, prétend que si dans son métier on ne se préoccupe que de soi-même, on en arrive vite à ne plus faire que des grimaces. ». On apprend dans ce même numéro, son parcours atypique: il a débuté à l’âge de 27 ans, alors qu’il était agriculteur dans le Vaucluse. Il se confie ainsi : « On faisait le vin, les cerises et les asperges. Ça me plaisait. Mais j’ai toujours refusé toute fatalité. Je faisais du théâtre amateur, dans mon village, avec l’instituteur. Pendant que les autres troupes d’amateurs jouaient du Max Régnier ou du théâtre de boulevard, nous montions Marivaux, Jules Romains. C’était tout de même autre chose. Et puis je disais des poèmes. Je me souviens être allé à Cavaillon pour un radio-crochet avec des poèmes de Jehan Rictus ! Le gars, pas dupe du travail qu’il faisait m’a dit : « Tu vas te faire étendre mais, par contre, tu devrais faire du théâtre ». Un jour, des gens qui campaient dans mon village m’ont entendu dire des poèmes et m’ont conseillé d’aller voir [Roger] Planchon à Lyon (…) Il m’a engagé à la première audition et il m’a confié tout de suite des rôles importants : Paolo Paolini, d’Adamov, Georges Dandin (de Molière). J’ai joué Ionesco, Brecht, Beckett ». Le cinéma l’engage parfois, mais c’est surtout à la télévision qu’il connaît une formidable popularité, notamment dans la série « Le théâtre de la jeunesse ». On le retrouve ainsi dans le rôle du truculent marin Pencroft dans « L’île mystérieuse » (1963) aux côtés de Georges Géret et Michel Etcheverry – le DVD est disponible chez Koba Vidéo -. Il est aussi un père qui garde sa dignité malgré la mort de sa fille face à Guy Tréjan dans « Tribunal de l’impossible : La bête du Gévaudan » (1967), et un ecclésiastique goguenard dans « Quentin Durward » (1971). Mais il restera soucieux de ne pas se laisser enfermer dans des rôles de provençaux, même si son talent lui permettait d’illustrer la Provence de Marcel Pagnol comme celle de Jean Giono dans des adaptations. Il répond ainsi à la question « Votre accent méridional ne vous a pas gêné pour obtenir certains rôles ? » : « Non, dans la vie je m’exprime avec mon accent et j’y tiens. Mais j’ai horreur de la spécialisation. J’aurais très bien pu jouer la carte du Méridional. Or, ce qui est étonnant, c’est que pendant dix ans, n’ayant joué que des auteurs classiques ou contemporains, chaque fois que je me présentais pour un rôle de Méridional, on ne voulait pas de moi. Il a fallut que je joue un Marseillais dans « La clé des cœurs » à la télévision pour qu’on me confie des rôles de Méridionaux ». Il aimait aussi à se diversifier, comme écrivain, auteur de pièces de théâtre, scénariste pour la télévision et peintre : « Je n’ai jamais voulu courir le cacheton. Mais la liberté coûte cher. Je préfère la payer le prix. Et puis ma peinture après tout je la vends ». Il conclue ainsi l’entretien : « L’important c’est de rentrer sur une scène ou sur un plateau avec l’idée qu’au moment où l’on joue, on doit vous regarder. Sinon, ce n’est pas la peine d’entrer. Moi quand j’entre en scène je me dis que je suis le plus fort ». A lire un portrait très complet à son sujet sur le site Le répertoire des auteurs de théâtre. Sur le site des Gens du cinéma, on peut retrouver deux hommages par Yvan Foucart au sujet de Magali de Vendeuil et de Marie Glory décédées également en janvier.
Capture d’écran d’Armand Meffre et Guy Tréjan dans « La bête du Gévaudan »
Filmographie : 1959 Par-dessus le mur (Jean-Paul Le Chanois) – 1961 Le combat dans l’île (Alain Cavalier) – 1964 Monsieur (Jean-Paul Le Chanois) – La vieille dame indigne (René Allio) – 1968 Sous le signe du taureau (Gilles Grangier) – 1969 Heureux qui comme Ulysse… (Henri Colpi) – Trop petit, mon ami (Eddy Matalon) – Soleil O (Med Hondo) – 1972 Le moine (Ado Kyrou) – 1973 Le boucher, la star et l’orpheline (Jérôme Savary) – 1974 Verdict (André Cayatte) – 1976 Le pays bleu (Jean-Charles Tacchella) – 1979 Retour à Marseille (René Allio) – 1982 Le braconnier de Dieu (Jean-Pierre Darras) – Le grain de sable (Pomme Meffre) – 1984 J’ai rencontré le Père Noël (Christian Gion) – 1985 Jean de Florette (Claude Berri) – Manon des sources (Claude Berri) – 1987 Charlie Dingo (Gilles Béhat) – 1995 Le paradis des infidèles (Azize Kabouche, CM) – 1997 Charité Biz’ness (Thierry Barthes & Pierre Jamin). Télévision (notamment) : 1961 Le dernier petit ramoneur (Gérard Pignol, série TV) – Flore et Blancheflore (Jean Prat) – Le théâtre de la jeunesse : Un bon petit diable (Jean-Paul Carrère) – Les mystères de Paris (Marcel Cravenne) – 1962 Le théâtre de la jeunesse : Un pari de milliardaire (Marcel Cravenne) – 1963 Le théâtre de la jeunesse : L’île mystérieuse (Pierre Badel) – Le théâtre de la jeunesse : L’enfance de Thomas Edison (Jean-Christophe Averty) – 1964 Le théâtre de la jeunesse : Un matelot de nulle part (Marcel Cravenne) – 1965 Ubu roi (Jean-Christophe Averty) – Le théâtre de la jeunesse : Marie Curie : Le radium (Pierre Badel) – Sylvérie ou les fonds hollandais (Michel Ayats) – 1966 Le théâtre de la jeunesse : La clef-des-cœurs (Yves-André Hubert) – Le théâtre de la jeunesse : L’homme qui a perdu son ombre (Marcel Cravenne) – Le théâtre de la jeunesse : La belle Nivernaise (Yves-André Hubert) – L’Arlésienne (Pierre Badel) – 1967 Le tribunal de l’impossible : Le bête de Gévaudan (Yves-André Hubert) – L’affaire Lourdes (Marcel Bluwal) – Le voleur d’enfants (Bernard Hecht) – Une aventure de Sherlock Holmes (Jean-Paul Carrère) – 1968 Les contes du chat perché (Arlen Papazian) – Sarn (Claude Santelli) – Le théâtre de la jeunesse : Ambroise Paré : Les victoires (Jacques Trébouta) – Cinq jours en automne (Pierre Badel) – 1969 Fortune (Henri Colpi) – En votre âme et conscience : L’affaire Fieschi (Claude Dagues) – La librairie du soleil (Edmond Tyborowski) – Mesure pour mesure (Marcel Bluwal) – 1970 Maurin des Maures (Claude Dagues) – Le tribunal de l’impossible : Un mystère contemporain (Alain Boudet) – Le chien qui a vu Dieu (Paul Paviot) – Les lettres de mon moulin (Pierre Badel) – 1971 Les nouvelles aventures de Vidocq : Échec à Vidocq (Marcel Bluwal) – & Les trois crimes de Vidocq (Marcel Bluwal) – Quentin Durward (Gilles Grangier) – Tang (André Michel) – Le voyageur des siècles : Le bonnetier de la rue Tripette (Jean Dréville) – 1972 Dimanche volé (Gérard Chouchan) – Paix à ses cendres (Guy Lessertisseur) – Alberte (Sverre Udnaes) – 1973 L’éducation sentimentale (Marcel Cravenne) – L’hiver d’un gentilhomme (Yannick Andréi) – L’illustre Maurin (Claude Dagues) – 1974 Les faucheurs de marguerites (Marcel Camus) – 1975 Azev : Le tsar de la nuit (Guy Lessertisseur) – 1976 Les lavandes et le réseda (Jean Prat) – Le sanglier de Cassis (Carlo Rim) – 1980 Un jour de presqu’hiver (Christian Marc) – La fin du Marquisat d’Aurel (Guy Lessertisseur) – Colline (Lazare Iglésis) – 1981 Le chèvre d’or (Jean Dasque) – Ursule Mirouët (Marcel Cravenne) – 1982 Vivre ma vie (Georges Ferraro) – Bonbons en gros (François Dupont-Midy) – 1984 Série noire : Cœur de hareng (Paul Vecchiali) – Cinéma 16 : Un village sous influence (Alain Boudet) – 1989 Il professore : Diva (La diva et le professeur) (Steno) – Il professore : Polizza droga (Steno) – 1990 L’ami Giono : La solitude de la pitié (Marcel Bluwal) – L’ami Giono : Joffroy de la Maussan (Marcel Bluwal) – La mort de Danton (Guy Seligmann) – 1993 Young Indiana Jones chronicles (Les aventures du jeune Indiana Jones) : Paris 1908 (René Manzor & Carl Schultz) – 1994 La grande collection : Goupil-mains rouges (Claude Goretta) – 1996 Dans un grand vent de fleurs (Gérard Vergez) – La comète (Claude Santelli) – 1997 Des mouettes dans la tête (Bernard Malaterre) – 1998 La clé des champs (Charles Nemes) – Divers : 1997 Marciel monte à Paris (Marc Hollogne, pièce de cinéma-théâtre). Scénariste TV : 1976 Les lavandes et la liberté (Jean Prat) – Batailles pour les lavandes (Jean Prat) – 1979 La fin du Marquisat d’Aurel (Guy Lessertisseur) – 1985 Le soleil des autres (Guy Jorré). Remerciements à Armel de Lorme.
Merci
Heureusement que vous êtes là pour célébrer dignement le départ de tous ces bons serviteurs du cinéma!
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Bonjour
Bonne et belle journée hivernale! Pascal.
A bientôt sur mon blog. Bravo pour le vôtre.
Toute une époque qui s’en va…
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