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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Martin

Annonce de la mort de Jacques Martin, le 14 septembre dernier, à Biarritz. Évidemment il est important de rendre hommage à cet homme cultivé, qui pariait sur l’intelligence du spectateur, respect totalement perdu de vue – Patrick Le Lay est passé par là -. Il débute à la télévision en 1961 avec « Dimanche en France » sur Télé Strasbourg. Il avait bousculé avec Jean Yanne, la télévision du début des années 60, notamment avec « Un égale 3 » en 1964. Le sketch désormais célèbre de Napoléon transformé en champion cycliste, qu’ils jouaient avec Paul Mercey et Lawrence Riesner, sonna le glas de cette émission. Cette même année il escalade la façade de « Radio Luxembourg ». En 1969, il co-anime avec Danièle Gilbert – qu’il surnomme la « Grande Duduche » -, « Midi-Magazine ». En 1975, il connaît un énorme succès public sur TF1 avec « Le petit rapporteur », resté culte depuis. En 1977, il passe de TF1 à France 2, anime « Bon dimanche » jusqu’en 1978, présente « L’école des fans » – si souvent parodiée -, « Thé dansant »,  « Si j’ai bonne mémoire » (1983), « Le monde est à vous » (1987), etc… L’arrêt assez brutal de « Sous vos applaudissements » en 1998, suite à ses problèmes de santé – il fut remplacé par Jean-Claude Brialy -, semble l’avoir fortement meurtri. Ce surdoué dans la drôlerie, capable d’écrire une chanson sur un coin de table « Et vlan, passe-moi l’éponge »,  d’interpréter des opérettes, variait les plaisirs et était un découvreur de talents (Pierre Bonte, Piem, Virginie Lemoine, Laurent Gerra et même Julien Courbet). Louons Laurent Ruquier, de lui avoir rendu hommage, à l’instar de l’annonce de la mort d’Anne-Marie Carrière, dans une télévision rapidement et ingrate. Le cinéma emploie parfois son tempérament comme acteur. Il figure l’animateur de radio trottoir dans « L’amour avec des si » (Claude Lelouch, 1963) – il le retrouvera l’année suivante avec « La femme spectacle » -, le compagnon de beuverie bavard de Jean-Claude Brialy dans « Comment épouser un premier ministre » (Michel Boisrond, 1964), un chanteur lyrique dans « Qui êtes-vous Polly Maggoo ? » (William Klein, 1965), un garde mobile constamment assommé dans « Monsieur le Président-directeur-général » (Jean Girault, 1966), un vendeur dans « Érotissimo » (Gérard Pirès, 1968), l’ami de Claude Berri qui le convainc de transformer sa libraire en sex-shop dans « Sex-shop » (Claude Berri, 1972), et un patron de boîte de nuit qui emploie Romy Schneider dans « La passante du sans-souci » (Jacques Rouffio, 1981). Il trouve même un rôle de premier plan dans le téléfilm « Le rescapé de Tikeroa » (Jean L’Hôte, 1981), où il est un gendarme français qui veut faire preuve d’autorité dans un archipel de Tahiti en 1939, au début de la seconde guerre mondiale. Il joue même son propre rôle dans « Les cinq dernières minutes », épisode « Les feux de la rampe » (Daniel Losset, 1995), dans un épisode ou le commissaire Massard – Pierre Santini – enquête sur l’assassinat d’une danseuse lors d’un enregistrement de l’émission du dimanche au Théâtre de l’Empire. Mais la vraie curiosité de son parcours cinématographique, reste son seul film comme réalisateur « Na ! » qu’il écrit, interprète et met en musique. C’est grâce à Christophe Bier que j’ai vu cet incunable, paru en VHS chez « Film à film », resté invisible de nombreuses années à la télévision, d’ailleurs. Il mérite que l’on s’y arrête un peu, ironie du sort j’avais crée une ébauche de fiche du film sur « Wikipédia » après l’avoir fait sur IMDB avant l’annonce de sa mort. Le film réalisé en 1972, n’avait pas fait recettes, Jacques Martin déclarait parfois devoir continuer à faire de la télévision pour payer ses dettes. Le film contemporain de « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de son ami Jean Yanne, fait preuve du même mauvais esprit, même s’il est moins mordant, narre les mésaventures de personnes âgées en révolte contre la Sécurité Sociale.

Affiche de « Na ! » source « Les gens du cinéma »

LE COIN DU STRIP TEASE

En lisant l’un de mes blogs préférés, celui du docteur Orloff, je tombe sur ce questionnaire foncièrement original, je m’empresse d’y répondre en prenant pour bases les addendas formidables de 365 jours ouvrables, dans son excellent blog que je découvre. Histoire de briser le silence de ce fichu blog ces derniers temps… Promis, je ferai une note sur « Na ! » de Jacques Martin…

Plaisirs inavouables : Évidemment les nanars, la découverte de certains DVD de René Château, comme « C’est arrivé à 36 chandelles » ou « Les Duraton », et quelques parangons de la comédie franchouillarde genre Philippe Clair, les films de la Hammer heureusement reconsidérés désormais…

« EST CLASSIQUE CE QUI FAIT AUTORITE » (Paul Valéry)

Classiques ennuyeux : « Mort à Venise » – je sais, j’ai honte, mais il faudrait le revoir, et en salles plutôt qu’à la télévision –, 

Classiques de l’ennui, mais films adorés car dégageant une émotion tout à fait inattendue : « L’éternité et un jour » (Theodoros Angelopoulos), ce titre est d’ailleurs parfaitement adapté à ma vision du film en passant…

Classiques vus il y a tellement longtemps qu’on s’en souvient vraiment très mal : « La chevauchée fantastique » (John Ford).

PASSER A COTE

Vus trop jeune pour comprendre : « Le désert rouge » (Michelangelo Antonioni).

Vus en morceaux, et donc jamais d’une traite : « L’amour fou » de Jacques Rivette, c’est mieux que rien …

Vu à moitié : « Dans ma peau » (Marina de Van), tellement déstabilisé que je ne l’ai pas terminé, vu sur le câble.

« QUOI ! TU L’AS PAS VU ! »

Classiques jamais vus : « La maison du bonheur » (Robert Wise),

Film arty jamais vu : « Traité de bave et d’éternité » (Isidore Isou) –

Pas vu alors que le DVD est sur nos étagères depuis trois ans : « A l’ouest des rails », les films de Chantal Akerman des années 70, « La condition de l’homme » (Masaki Kobayashi).

Pas vu alors que tout le monde l’a vu : « Mission impossible » (version De Palma) –

Films Moby Dick (on rêve de le voir depuis des années et impossible à attraper avec les yeux : Les films de Pierre Etaix…

Pas vu un seul de leurs films :  Jacques Baratier, Elem Klimow.

Vu qu’un seul de leurs films :  Emile Couzinet (« Le don d’Adèle »).

Vu tous leurs films sauf un :  Jean-Pierre Mocky (« Le deal » « Le bénévole »), Philippe Clair (« Rodriguez au pays des Merguez »)…

Vu tous leurs films : Alain Resnais, Maurice Pialat, François Truffaut, David Lynch…

BIENVENUE DANS L’AGE INGRAT

Tout le monde les as vus entre 11 et 16 ans, sauf moi et toujours pas rattrapé depuis : « THX1138 » (Georges Lucas), « Jonathan Livingstone, le goéland » (Hall Bartlett).

Film que j’aurais adoré à l’adolescence mais vu (et apprécié) beaucoup plus tard : « Persona » (Ingmar Bergman)

Films qui m’ont fait entrer en cinéphilie : « Le charme discret de la bourgeoisie » – méchante baffe vue à la télé en 1981, et le souvenir amusé d’en avoir parlé avec des camarades à l’école. On ose imaginer ce type de film diffusé à 20h50 en dehors d’Arte, et encore…, « La nuit du chasseur ». J’en profite pour rendre hommage aux Patrick Brion, Frédéric Mitterrand, Michel Boujut, Claude Ventura, Anne Andreu, Claude-Jean Philippe, sans qui je ne serais pas cinéphile, passeurs télévisuels émérites dans une autre vie, quand la télé était un peu plus inventive.

Adorés à l’adolescence puis abandonnés : Les films de Brian de Palma (« Pulsions », « Blow out »).

Adorés à l’adolescence et auxquels on reste tout de même fidèles, malgré leurs coups de vieux manifeste et leurs poses évidentes : Mauvais sang (Léos Carax) –

Trop fashion à l’adolescence, et qui malgré mes craintes lors de leur revoyure récente, tiennent encore sacrément le coup : « Breakfast club » (John Hugues).

DES GOUTS ET DES COULEURS

Chefs d’oeuvres méconnus : « Mollenard » de Robert Siodmak, « Toni » de Jean Renoir, « Wanda » de Barbara Loden, « L’année des 13 lunes » (Rainer Werner Fassbinder).

Navets géniaux :  : « Les gorilles  » de Jean Girault – phléthore d’acteurs formidables -, « Oh, que mambo » de John Berry – film hallucinant, il faut voir Dario Moreno, transformé en « fée du logis » et  marié à la sublime Magali Noël, « Le défroqué » ahurissant film de Léo Joannon avec un Pierre Fresnay au sommet de son cabotinage. 

Films détestables : « Apocalypto » (Mel Gibson), « L’expérience interdite » (Joel Schumacher) – « private joke » -, « Le vieux fusil « (Robert Enrico), comme Pierrot/Orloff – j’ai toujours eu du mal avec les films prônant l’autodéfense -.

FAD (film anti-détestable) loin d’être fade : « A ma soeur » (Catherine Breillat) – « Sombre » (Philippe Grandrieux)

SEUL CONTRE TOUS

Tout le monde l’adore sauf moi : « Le projet Blair Witch », pour moi plus un canular qu’un film, je ne comprends pas comment on puisse avoir une montée d’adrénaline avec cette vaste fumisterie .

Doit être le seul à l’adorer : « I want to go home » (Alain Resnais- « Fédora » (Billy Wilder).

Tout le monde y pleure sauf moi, cœur de pierre : La fille de Ryan (David Lean), Sur la roude de Madison (Clint Eastwood) – honte sur moi –


HUMEURS ET EMOTIONS

Pleurer à chaque fois : L’incompris (Luigi Comencini) – Mar adentro (Alejandro Amenabar), mais je dois confesser un petit handicap, impossible de pleurer devant un écran en général.

Mourir de rire à chaque fois : « The party » de Blake Edwards », comme tout le monde, les films des frères Marx, « Les Monty Pythons », les « screwball comedy » en général, des années 40-50, « No sex last night », sommet du ridicule signée de la très surestimée Sophie Calle, Arielle Dombasle comparant les vaches à des animaux préhistoriques dans « L’arbre, le maire et la médiathéque » (Éric Rohmer).

Etre émoustillé à chaque fois : Les films où l’on retrouve Claudia Cardinale, de « Sandra » aux… « Pétroleuses ». Pour le reste voir ici.

ON NE S’EN LASSE PAS

Débuts dont je ne me lasse pas : « Buffet froid » (Bertrand Blier), « Le bal des vampires » (Roman Polanski).

Fins dont je ne me lasse pas : « Johnny s’en va t’en guerre » (Dalton Trumbo).

Vu, vu et revu, toujours avec le même plaisir : « La nuit du chasseur », « La maman et la putain », « Le charme discret de la bourgeoisie », « Shock corridor », « Les compagnons de la marguerite », « Frontière chinoise » (John Ford) – ce dernier pour en avoir parlé il y a peu avec le cinéaste Thomas Bardinet -.

Vu, vu et revu, mais jamais en salle (en amphi de fac, en ciné-club, sur les moniteurs du Forum des Images, sur You Tube)  : « Les contrebandiers de Moonfleet » (Fritz Lang), « Le salon de musique » (Satyajit Ray).

Vu qu’une seule fois, mais sûr et certain que je pourrais le voir et le revoir (d’ailleurs, j’ai déjà hâte) : « La tour des ambitieux » (Robert Wise) –

CRITIQUE DE LA CRITIQUE

Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l’un ni l’autre :  J’ai plutôt biberonné avec « Les cahiers du cinéma » – ah le petit journal central des « Cahiers » -, et je trouve un plaisir toujours renouvelé à lire la réédition des fameux cahiers jaunes, je dois cependant déplorer me détacher un peu de la dernière version « frodonisée ».  J’ai découvert au début des années 90, « Positif », que j’apprécie toujours autant. Je trouve ces deux revues complémentaires, reste que j’ai un drôle de rapports avec ces revues, ayant un problème de boîtes aux lettres, c’est un membre de ma famille qui les reçoit, je les lis parfois plusieurs mois après ! Je garde une énorme nostalgie de la « Revue du cinéma », – la version disparue des années 90, à ne pas confondre avec le titre homonyme que l’on trouve actuellement -.  avec sa célèbre couverture noire -par son éclectisme et sa pertinence. Je serais plutôt « Revue du cinéma », quand même la seule revue à évoquer les comiques ringards et Émile Couzinet.

Cinéastes trop vantés : Paul Greengrass, Joel Schumacher, Michael Bay, Paul Schrader, Luc Besson.

Cinéastes trop peu vantés : Raoul Ruiz, Jacques Rozier, Jean Grémillon, Joe Dante.

Cinéaste en courant alternatif (tour à tour détesté et apprécié) : Lars Von Trier de par son côté manipulateur dans ses mélos tire-larmes…

PANTHEON

Sainte trinité : Alain Resnais / Luis Buñuel / Jean Eustache

Bulle Ogier dans « L’amour fou »

MORT DE LOIS MAXWELL

Annonce de la mort le 29 septembre dernier de  Loïs Maxwell, à  Fremantle en Australie, où elle vivait avec sa fille, des suites d’un cancer, à l’âge de 88 ans. Cette comédienne née au Canada, a connu un renom international en campant le personnage de l’œuvre de Ian Fleming en jouant la secrétaire de « M » – souvent incarné par Bernard Lee -. Elle avait postulé dans ce rôle suite à des problèmes de santé de son mari. Elle écornait un peu l’archétype de la secrétaire austère, elle se livrait à un petit jeu de séduction verbal avec les James Bond successifs, Sean Connery, George Lazenby et Roger Moore. La popularité de ce rôle, à l’instar de Desmond Llewelyn, l’enferme dans ce rôle. Inévitablement, elle se retrouve à reprendre cet emploi dans des parodies. Dans l’ineffable « Opération frère cadet », elle est face à l’ectoplasmique Neil Connery, propre frère de Sean Connery. C’est un film à voir absolument, même en VF, et où l’on retrouve ses partenaires « jamesbondiens » d’infortunes, Daniela Bianchi, Bernard Lee et Adolfo Celi. Elle se retrouve même face aux Charlots dans « Bons baisers de Hong Kong », film plus divertissant cependant, traînant dans le sillage de Bernard Lee. Le rôle de la célèbre miss, fut repris dernièrement par Samantha… Bond !, succédant à Pamela Salem (« Jamais plus jamais ») et Caroline Bliss  (« Tuer n’est pas jouer », « Permis de tuer »), sans oublier Barbara Bouchet, le temps d’une parodie dans « Casino Royale » (1967). En dehors de ce rôle, elle a reçu le golden-globe de la meilleure révélation pour « That Hagen girl » en 1947. Elle avait débuté très tôt, enfant, elle avait même participé à un émission radiophonique enfantine au Canada, sous le pseudonyme de Robin Wells, en cachette de ses parents. Elle s’engage en 1942 avec les comédiens de l’armée canadienne. Partant au Royaume-Uni, elle entre dans la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art, aidée par Lady Mountbatten . Pour la petite histoire elle y croise Roger Moore, qu’elle retrouvera dans « Vivre et laisser mourir », elle deviendra d’ailleurs une amie fidèle. Elle a également tourné dans un rôle d’infirmière dans le « Lolita » de Kubrick. Elle avait tenté aussi sa chance en Italie pour quelques films à la fin des années 40. On la retrouve une dernière fois, aux côtés de Jeremy Irons dans un film d’autodéfense, le médiocre « Vengeance secrète ». Un parcours de vie assez étonnant finalement, caché derrière un rôle emblématique.


Filmographie : 1946  A Matter of Life and Death (Une question de vie et de mort) (Michael Powell & Emeric Pressburger) – Spring song (En Belgique : « La chanson du printemps ») (Montgomery Tully) – 1947  That Hagen Girl (Peter Godfrey) –  1948  The Decision of Christopher Blake (La décision de Christopher Blake) (Peter Godfrey) –  The Dark Past (La fin d’un tueur) (Rudolph Mate) – Corridor of Mirrors (L’étrange corridor) (Terence Young) – The Big Punch (En Belgique : « La main de fer ») (Sherry Shourds) –  1949  Kazan (Will Jason) – The Crime Doctor’s Diary (Seymour Friedman) – Amori e veleni (Les mousquetaires de la reine) (Giorgio Simonelli) – 1950 Domani è troppo tardi / Demain, il sera trop tard (Léonide Moguy) – 1951  Lebbra bianca (La cité des stupéfiants) (Enzo Trappani) – 1952  Il filo d’erba (Vittorio Vassatti) – The Woman’s Angle (En Belgique : « L’amant inconnu ») (Leslie Arliss) – Women of Twilight (Les filles de la pénombre) (Gordon Parry) – Scotland Yard Inspector / Lady in the fog (Sam Newfield) – 1953  Aida (Clemente Fracasi) – Man in Hiding / Mantrap (Terence Fisher) – 1954  La grande speranza / The Great Hope (Tonnerre sous l’Atlantique) (Duilio Coletti) – 1955  Passport to Treason (L’ennemi invisible) (Robert S. Baker) – 1956  Time Without Pity (Temps sans pitié) (Joseph Losey) – Satellite in the Sky (Les premiers passagers du satellite / En Belgique « Satellites dans le ciel ») (Paul Dickson) – The High Terrace (Henry Cass) – 1957  Kill Me Tomorrow (Meurtre sur un air de rock) (Terence Fisher & Francis Searle) – 1959  Face of Fire (John Brahm) – 1960  The Unstoppable Man (Terry Bishop) – 1962  Lolita (Id) (Stanley Kubrick) – Dr.No (James Bond contre Dr. No) (Terence Young) – 1963  The Haunting (La maison du diable) (Robert Wise) –  From Russia with Love (Bons baisers de Russie) (Terence Young) – Come Fly With Me (Les filles de l’air) (Henry Levin) –  1964  Goldfinger (Id) (Guy Hamilton) – 1965  Thunderball (Opération Tonnerre) (Terence Young) – 1967  You only live twice (On ne vit que deux fois) (Lewis Gilbert) – OK Connery ! / Operation Kid Brother (Opération frére cadet) (Alberto de Martino) –  1969  On Her Majesty’s Secret Service (Au service secret de sa majesté) (Peter Hunt) –  1970  The Adventurers (Les mâles / Les derniers aventuriers) (Lewis Gilbert) – 1971  Endless Night (La nuit qui ne finit pas) (Sidney Gilliat) – Diamonds Are Forever (Les diamants sont éternels) (Guy Hamilton) – 1973  Live and Let Die (Vivre et laisser mourir) (Guy Hamilton) – 1974  The Man with the Golden Gun (L’homme au pistolet d’or) (Guy Hamilton) – 1975  Bons baisers de Hong Kong (Yvan Chiffre) – 1976  Ragtime Summer / Age of Innocence (Allan Bridges ) – 1977  The Spy Who Loved Me (L’espion qui m’aimait) (Lewis Gilbert) – 1979  Moonraker (id) (Lewis Gilbert) –  Lost and Found (L’amour sur béquilles) (Melvin Frank) – 1980  Mr. Patman (Id) (John Guillermin) – 1981  For Your Eyes Only (Rien que pour vos yeux) (John Glen) – 1983  Octopussy (Id) (John Glen) – 1984  A View to Kill (Dangereusement vôtre) (John Glen) – 1985  The blue man / Eternal evil (George Mihalka) – 1988  Martha, Ruth & Edie (Norman Bailey & Deepa Mehta) – 2001  The Fourth Angel (Vengeance secrète) (John Irvine). 

Fragment d’un dictionnaire amoureux : Ingmar Bergman

 

On reprend… désolé mais je vais continuer à vous embêter un peu plus souvent…

 

Annonce de la mort d’Ingmar Bergman en juillet dernier. Le cinéaste a marqué durablement l’histoire du cinéma, influençant par son souffle de liberté la « Nouvelle vague », à l’instar de l’image du jeune Antoine Doinel volant les photos sensuelles d’Harriet Andersson tirées du photogramme de « Monika ». Il a influencé un grand nombre des ses confrères… Citons l’exemple de Woody Allen qui avait parodié « Persona » dans « Guerre et amour », cité par la présence d’une affiche de « Face à face » dans le hall d’un cinéma dans « Annie Hall », avant de faire un film « à la manière de… » bergmanienne avec « Intérieurs » en 1978. La représentation de « L’angst » de Bergman, les tourments existentiels de l’homme de la difficulté de vivre en couple toucheront aux grandes interrogations de chacun d’entre nous et fera de son œuvre l’une des plus prodigieuse du 7ème art. il est finalement assez vain de vouloir d’évoquer ici la richesse de ses films. De la difficulté de parler de films quand ils vous touchent vraiment… Il naît le 14 juillet 1918 à Uppsala, une ville universitaire. Il racontera dans son superbe livre « Lanterna magica », sa jeunesse rigoriste, quand il accompagnait son père un pasteur luthérien dans ses tournées sacerdotales. Il s’éloigne de sa famille pour suivre des cours à l’université et se consacre à des mises en scènes de théâtre amateur. Il crée en 1942 sa première pièce comme auteur pour « Le théâtre des étudiants », « La mort de Gaspard ». La neutralité de la Suède durant la seconde guerre mondiale, face aux atrocités de la guerre, oblige les intellectuels de Stockolm à se réunir dans un des quartiers de Stockolm, Gamla Stan, créant un courant de pensée qui influencera Bergman. En 1944, il devient metteur en scène de théâtre professionnel. Carl-Anders Dymling administrateur de la « Svenk Filmindustri », lui fait écrire son premier scénario « Tourments » que réalisera Alf Sjoberg. Il débute comme réalisateur à 27 ans, en 1945 avec ‘Crise’. Il trouve très vite un rythme de créateur soutenu en faisant des mises en scène de théâtre l’hiver, et en réalisant des films l’été. Influencé par les films muets et le cinéma français de Julien Duvivier et Marcel Carné – ‘Il pleut sur notre amour’ -, il trouve cependant très vite son style, malgré quelques critiques assez négatives à ses débuts.  Il connaît une vie privée assez compliquée, il fut l’époux de la danseuse Elsie Fisher en 1940, de l’animatrice de théâtre Ellen Bergman, de la journaliste Gun Grut, de la pianiste Kabi Lareteï, l’une de ses muses l’actrice norvégienne Liv Ullmann, interprétant souvent des personnages tourmentés et la pianiste Ingrid von Rosen en 1971. Nombre de ses comédiennes connurent grâce à lui une réputation internationale, certaines comme Gunnel Lindblom et Liv Ullman se lanceront dans la réalisation. D’Harriet Anderson, éblouissante de sensualité, d’Ingrid Thulin sa « porte-parole », de Bibi Andersson personnifiant souvent la révolte. L’amour des femmes, pour compenser dit-on un peu vite le souvenir d’une mère trop aimante. Le sublime « Persona » fut même inspiré au réalisateur alors hospitalisé par deux photos de Bibi Andersson et Liv Ullmann. Ses acteurs connaissent également la célébrité, du réalisateur du muet Victor Sjöström, Max Von Sydow, Gunnar Bjrörnstrand ou Erland Josephson. Son cinéma s’attarde à discerner ce qui se cache derrière le masque protecteur de l’être humain, tout en mettant en valeur la sensualité de ses actrices. De manière clinique, il nous aide à vivre en analysants nos états d’âmes. Son œuvre est d’une richesse inouïe passant des comédies comme « Sourires d’une nuit d’été » – à redécouvrir l’amusant « L’œil du diable » avec un étonnant Jarl Kulle en Don Juan -, lui apportant une consécration internationale, à « Monika » distribué en catimini dès 1954 dans un circuit de production érotiques ! La nouvelle vague dont Jean-Luc Godard, le salue dès 1958. Ses œuvres connaissent une mode en France, sortant dans le désordre de « La nuit des forains », au « Septième sceau » qui connaît très vite un statut de chef-d’œuvre. La cinémathèque française lui consacre une rétrospective en 1958 également. Il rencontre le chef opérateur Sven Nykvist avec « La nuit des forains », qui contribué à la richesse de son cinéma. Les interrogations métaphysiques sont le dénominateur de bien de ses films avec « Les fraises sauvages », avant de passer à « un cinéma de chambre », avec les deux trilogies « A travers le miroir » / « Les communiants » / « Le silence » et « Persona » / « L’heure du loup » / « La honte ». Des œuvres grandioses, qui ne l’empêchent pas d’exceller dans l’illustration de « La flûte enchantée », opéra de Mozart.

 

 

En 1976, en raison de problèmes avec le fisc suédois, il s’exile à Munich, malgré son refus de faire des films hors de la Suède. Le projets abondent, il envisage un temps l’adaptation du roman de Louis Pauwels « L’amour monstre », histoire de travailler avec Jeanne Moreau qui lui avait écrit une lettre manifestant son enthousiasme pour son œuvre. Il signe des mises en scènes de théâtre à Munich, et tourne même « L’œuf du serpent » une commande de Dino de Laurentis, influencée par l’expressionnisme allemand, avec David Carradine. Il annonce faire ses adieux au cinéma avec sa saga familliale « Fanny et Alexandre ». Il reste cependant très actif, comme écrivain (« Lanterna magica », « Images »), scénariste (« Les meilleures intentions », « Infidèle » inspiré de sa vie privée et signé par Liv Ullmann. Et à l’instar d’un Roberto Rosselini, il tourne pour la télévision, histoire d’expérimenter un nouveau média comme il avait fait avec « Le rite », notamment avec la grande réussite « Sarabande », (2003), suite des « Scènes de la vie conjugale » à apprécier en DVD dans sa version intégrale TV  chez MK2.  Ironie du sort pour celui qui ne reçu jamais une palme d’or au festival de Cannes, pour l’un des ses films. Il avait cependant le prix du 50ème anniversaire en 1997 – on crée pour lui en 1956 le prix de l’humour poétique pour « Sourires d’une nuit d’été ». C’est à Fårö, petite île de la Baltique qu’il rendit célèbre avec son œuvre et qui fut son refuge qu’il décède le 29 juillet 2007 à 89 ans.Un distributeur a édité 3 coffrets de son œuvre en DVD, le premier comprend « Le septième sceau » – « Sourires d’une nuit d’été » – « Les communiants » – « L’oeil du diable » – « Ville portuaire » – « Le silence » – « Tourments » – « Sensualité » –écrit par Bergman, mais réalisé par Gustav Molander – « Vers la joie » – « La source » , le second « Cris et chuchotements » – « L’attente des femmes » – « Une leçon d’amour » – « Les fraises sauvages » – « La fontaine d’Arethuse » – « L’heure du loup » – « Le visage » – La honte », et le troisième « Scènes de la vie conjugale » – « La nuit des forains » – « Rêves de femme » – « Après la répétition » – « Le rite » – « Monica » – « Jeux d’été » – « Persona « . On peut donc profiter de la majorité de ses œuvres opportunément remises sur le marché, et vérifier que la réputation d’hermétisme du cinéaste est loin d’être fondée. Pour appréhender son œuvre, on pourra conseiller deux livres hélas épuisés, « Ingmar Berman par Jorn Donner » (Cinéma d’aujourd’hui, Seghers, 1970), « Ingmar Bergman, filmo 5 » (Édilig, 1983), L’excellent double numéro de la revue Positif N°497/498 de juillet 2002 , ou encore « Ingmar Bergman, mes films sont l’explication de mes images » par Jacques Aumont (Cahiers du cinéma, auteurs, 2003). A consulter l’excellente analyse de son oeuvre sur le site du ciné-club de Caen et un site suédois très riche « Ingmar Bergman face to face » qui propose des textes en anglais.

 

 

 

 

 

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Filmographie : Réalisateur-scénariste : 1945  Kris (Crise) – 1946 Det regnar på vår kärlek (Il pleut sur notre amour) – Skepp till India land (L’éternel mirage / Le port des filles, + cameo) – 1947   Musik i Mörker (Musique dans la nuit) – 1948  Hamnstad (Ville portuaire) – Ffängelse (La prison) – 1949  Törst (La fontaine d’Arethuse / La soif) – Till glädge (Vers la joie) (+ cameo) – 1950  Sånt händer inte här (Une telle chose ne se produirait pas ici) – Sommarlek (Jeux d’été) – 1951  Kvinnors väntan (L’attente des femmes, + cameo) – 1952  Sommaren med Monika (Monika / Un été avec Monika) –  1953  Gycklarnas afton (La nuit des forains) – 1954  En lektion i kärlek (Une leçon d’amour) – 1955  Kvinnodröm (Rêves de femmes) – Sommarnattens leende (Sourires d’une nuit d’été) (+ lyriques) – 1956  Det sjunde inseglet (Le septième sceau)  (+ lyriques) – 1957  Herr Sleeman kommer – Smultronstället (Les fraises sauvages) – Nnära livet (Au seuil de la vie) (+ conseiller technique) – 1958  Ansikte (Le visage) – Venetianskan (TV) – Rabies (TV) – 1959  Jungfrukällan (La source) (+ production) – Oväde (TV) – 1960  Djävulens öga (L’oeil du diable) – 1961  Såsom i en spegel (À travers le miroir) – 1962  Nattvardsgästerna (Les communiants) – Ett drömspel (TV) – 1963  Tystnaden (Le silence) – För att inte tala om alla dessa kvinnor (Toutes les femmes) – 1965  Stimulantia [[épisode « Daniel »]] (+ directeur de la photographie]] – Persona (Id) (+ production) – Don Juan (TV) – 1966  Vargtimmen (L’heure du loup) –  1968  Skammen (La honte) – Rriten (Le rite) (TV) (+ cameo) – 1969  En passion (Une passion) (+ voix du récitant) –  Fårödokument 1969 (documentaire) – 1971  The touch / Beröringen (Le lien) (+ production) – 1972  Viskningar och rop (Cris et chuchotements) – 1973  Scener ur ett äktenskap (Scènes de la vie conjugale) – Misantropen (Le misanthrope) (TV) – Trollflöjten (La flûte enchantée) (TV, diffusé en salles) – Il ballo (CM) –  1976  Ansikte mot ansikte (Face à face) – The serpent’s egg / Das schlangenei (L’œuf du serpent) – 1978 Höstsonaten / Autumn sonata (Sonate d’automne) – 1979 Fårö-dokument 1979 – 1980  Aus dem leben der marionetten (De la vie des marionnettes) (+ production) – 1982  Fanny och Alexander (Fanny et Alexandre) (+ version TV) – 1983  Eifter repetitionen (Après la répétition) –  Hustruskolan  (TV) – 1984  Karin ansikte (Le visage de Karin) (CM) –  1985  Fanny och Alexander (documentaire) –  1986   De två saliga (TV) – 1991  Markisinnan de Sade (TV) – 1993  Backanterna (TV) – 1995  Sista skriket (TV) – 1997  Larmar och gör sig till (En présence d’un clown) (+ cameo)  – 2000  Bildmakarna (TV) – 2002  Saraband (Sarabande) (TV).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

 

MORT DE JOSÉ-LUIS DE VILLALONGA

José Luis de Villalonga en 2006

Annonce de la mort de José Luis de Villalonga, le 30 août dernier.

Filmographie : 1958  Les amants (Louis Malle) – 1960  L’ennemi dans l’ombre (Charles Gérard) – Vive Henri IV… vive l’amour ! (Claude Autant-Lara) – Les mauvais coups (François Leterrier) – Breakfast at Tiffany’s  (Diamant sur canapé) (Blake Edwards) – 1961  Les parisiennes [épisode : « Sophie » (Marc Allégret) – L’affaire Nina B. (Robert Siodmak) – Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda) – Le rendez-vous de minuit (Roger Leenhardt) – 1962  La loi des hommes (Charles Gérard) – Les bonnes causes (Christian-Jaque) Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil) – 1963  Behold a pale horse (Et vint le jour de la vengeance) (Fred Zinnemann) – 1964  Le corniaud (Gérard Oury) – Il magnifico cornuto (Le cocu magnifique) (Antonio Pietrangeli) – I tre volti [épisode « Gli amanti celebri »] (Mauro Bolognini) – Darling (Id) (John Schlesinger) – Giulietta degli spiriti (Juliette des esprits) (Federico Fellini) – 1965  Una vergine per il principe (Une vierge pour le prince) (Pasquale Festa Campanile) – Tecnica di un omicidio (Technique d’un meurtre) (Frank Shannon   [Franco Prosperi] – 1966 L’homme qui trahit la mafia (Charles Gérard) – 1970  Mir hat es immer spaβ gemacht (Will Tremper) – Sapho ou la fureur d’ aimer (Georges Farrel) – 1971  Le casse (Henri Verneuil) – Le viager (Pierre Tchernia) – 1972  Les anges (Jean Desvilles) – 1974  Trop c’est trop (Didier Kaminka) – 1975  Le bon et les méchants (Claude Lelouch) – 1976  Chi dice donna, dice donna [épisode : «Donne d’ affari »] (Tonino Cervi) – 1977  La vieja memoria (Jaime Camino) – 1979  Voltati Eugenio (Eugenio) (Luigi Comencini) (+ version TV) – 1980   Une femme au bout de la nuit (Daniel Treda) – C’ era una volta la legge (Moto massacre) (Stelvio Massi) – Patrizia (Patricia, un voyage pour l’amour) (Hubert Frank) – Dos y dos, cinco (Lluis Josep Comerón) – Patrimonio nacional (Luis Garcia Berlanga) – 1981  Scarab / Escarabajos asesinos (Steven-Charles Jaffe) – National III (Luis Garcia Berlanga) – Femmes (Tana Kaleya & Deva Tanmayo) – 1984  Poppers (Vidéo : S.A.D.E.) (José Maria Castellvi) – 1985  Tex Willer e il signore degli abissi (Tex et le seigneur des abysses) de Duccio Tessari) – 1988  La diputada (Javier Aguirre) – 1989  Blood and Sand / Sangre y arena (L’indomptée / Du sang dans l’arène) (Javier Elorrieta) – 1991  El largo invierno / El llarg hivern (Jaime Camino). Télévision (notamment) : 1962  L’aigle à deux têtes (Philippe Ducrest) – 1963  Premier amour (Jean Prat) – 1966  Plainte contre X (Philippe Ducrest) – 1967  Le chevalier tempête (Yannick Andréi) – 1968  Le corso des tireurs (Philippe Ducrest) – 1970  Reportage sur un squelette ou masques et bergamasques (Michel Mitrani) – 1973  La duchesse d’Avila (Philippe Ducrest) – 1992  Fantômes en héritage (Juan Luis Buñuel) – 1997  Hostal Royal Manzaranes (plusieurs épisodes).

ARTICLE /

MADRID (AP) – L’écrivain et acteur espagnol José Luis de Vilallonga, qui avait notamment partagé l’affiche avec Audrey Hepburn dans « Diamants sur canapé », est décédé jeudi à son domicile sur l’île de Majorque. Il avait 87 ans. Personnalité haute en couleurs de l’aristocratie espagnole, Vilallonga avait travaillé comme journaliste pour l’agence de presse espagnole EFE ainsi que pour les magazines Paris Match, Marie-Claire et Vogue. Il était l’auteur d’une biographie officielle du roi Juan Carlos publié en 1993. Dans « Diamants sur canapé » (« Breakfast at Tiffany’s ») de Blake Edwards (1991), il interprétait le rôle de José da Silva Pereira, le milliardaire brésilien que prévoit épouser l’excentrique Holly Golightly, jouée par Audrey Hepburn. Marquis de Castellbell et Grand d’Espagne, il avait également tourné dans « Juliette des esprits » (1965) de Federico Fellini ou encore « Les Amants » (1958) de Louis Malle. Sa mort a été annoncée par les autorités de l’île de Majorque. Vilallonga s’était marié à trois reprises: il avait épousé l’aristocrate britannique Priscilla Scott-Ellis (1945-1972), Syliane Stella Morell (1974-1995) et en 1999 la journaliste Begona Aranguren. Il laisse derrière lui deux enfants nés de son premier mariage, John et Carmen, ainsi qu’un fils adopté, Fabricio. Le roi Juan Carlos a fait part de sa tristesse à l’annonce de son décès.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Michel Serrault

Dans « Le bénévole »

Annonce de la mort de Michel Serrault, le 29 juillet dernier. L’équipe des « Gens du cinéma » nous précise qu’il est mort à Vasouy, dans le « Calvados », d’une polychondrite atrophiante, une maladie rare, qui expliquait le nez cassé du comédien ces dernières années. Ce grand comédien, avait une gamme de jeu particulièrement impressionnante. Aussi bien à l’aise dans la comédie – il adulait les clowns de Grock aux Fratellini – que dans l’ambivalence, Michel Audiard aimait à dire de lui : « Serrault, quand il vous regarde, on ne sait jamais s’il fixe un bouton sur le nez ou s’il va froidement vous tirer une balle dans la tête ». (1) C’était un comédien soucieux de son travail, avec une forte personnalité à l’instar de l’anecdote de sa manière de faire craquer les coutures, d’un costume trop serré sur les essayages de film de Claude Sautet, « Nelly et Monsieur Arnaud ». Il témoignait sur son travail ainsi : « …Quand un metteur en scène veut me rencontrer, je lui demande d’abord pourquoi venez-vous me chercher ? N’y a-t-il pas quelqu’un à Paris de plus qualifié que moi pour jouer ce rôle ? Il a quelqu’un qui est bien, l’avez-vous vu dans… ? En général cela agace. Si on me dit « Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout », je réponds : « Alors vous n’avez pas besoin de moi ». Je ne veux pas être coauteur, mais je veux avoir le droit en tant qu’acteur de mettre simplement une petite couche de couleur… » (2). Son caractère était réputé difficile de par sa grande exigence : « …Mais j’ai des problèmes quand je rencontre des metteurs en scènes qui n’ont aucun univers. Parce que je ne sais pas où je mets le pied. Et le spectateur non plus ne saura pas où il les met ». (2) Il rentre à 16 ans au centre du spectacle, rue blanche à Paris. Il est refusé au conservatoire. Il reste trois ans à la rue blanche au « Théâtre de la comédie française ». Il fait une rencontre prépondérante avec le comédien Jean Le Goff – il saluait avec ferveur sa mémoire dans le documentaire « Michel Serrault, le portrait », diffusé cette année -, qui détecte ses qualités de comédiens et lui fait profiter de sa culture. En 1946, il fait connaissance de son presque homonyme Jean-Marie Serreau, comédien et directeur de troupe avec lequel il fait sa première tournée en Allemagne. Il continue à participer à des spectacles dans le cadre de son service militaire à Dijon dans l’aviation. A son retour il participe au second spectacle de Robert Dhéry, il fera d’ailleurs avec la troupe des Branquignols, son premier film en 1954 « Ah ! les belles bacchantes », dans un petit rôle de trompettiste – l’une de ses grandes passions – ,… film interdit au moins de 16 ans en raison de la présence de quelques danseuses légères. Il retrouvera Dhéry en 1961, en clochard loufoque dans « La belle américaine ». Il commence des numéros dans des cafés-théâtres comme « La tomate » dont les directeurs étaient Robert Rocca et Jacques Grello, lieu où Henri-Georges Clouzot le remarque et lui confie le rôle d’un pion pas très sympathique dans « Les diaboliques ». C’est en 1952, qu’il fait une rencontre décisive avec Jean Poiret, le 11 janvier 1953, ce duo comique débute dans le cabaret « Chez Gilles » avec le sketche culte « Le retour de Jerry Scott ». Cet humour nonsensique fait très vite merveille, le cinéma se les arrache, il faut les voir en duo de policiers plus prompt à s’échanger des adresses de restaurant que de résoudre une enquête sur un trafiquant de drogue dans « Cette sacrée gamine » (1956), par exemple. Consécration Sacha Guitry les remarque à la télévision dans « 36 chandelles » et décide de confier à ces débutants des rôles prévus pour Guitry lui même et Michel Simon, avec le très acerbe « Assassins et voleurs » (1956). Ils sont formidables dans ces personnages amoraux. En 1958 il épouse Junita Saint-Peyron, dite Nita, qui fut parfois sa partenaire. Le couple aura deux filles, Caroline, qui mourra tragiquement en 1977, à l’âge de 19 ans dans un accident de voiture et Nathalie, comédienne et réalisatrice de courts-métrages – « Faciles » (1998), « Saturday night frayeur » (2002) -. Il transcende très vite au cinéma son emploi de français moyen. Il participe à une belle série de « nanars », il disait en parlant de ces films, qu’il faisait alors ces gammes : « …Certains de mes films n’ont jamais vu le jour. « Le petit monstre » de Jean-Paul Sassy par exemple, produit par un marchand de bretelles, est sans doute resté dans les tiroirs de sa boutique… » (1) Mais ces comédies restent absolument réjouissantes, voire jubilatoires, de par la complicité visible des comédiens formés à la dure école du cabaret, avec des complices, comme Darry Cowl, Francis Blanche ou Louis de Funès – il faut le voir franchouilliser à outrance avec ce dernier dans « Nous irons à Deauville » – . En 1963, il trouve l’un de ses meilleurs rôles d’alors avec « Carambolages » où il composait un jubilatoire policier borné nostalgique de la gestapo. Le dialogue est signé Michel Audiard, et il reste l’un de ses interprètes les plus admirables, cette rencontre augurera quelques un de ses beaux rôles dans les années 80, « …il m’avait aimé dès le début pour ce que j’allais devenir » (3). En 1966, il excelle en policier malgré lui dans l’un des plus grands films de Jean-Pierre Mocky, « Les compagnons de la marguerite » (4). Mocky trouve en lui un de ses plus grands interprètes lui confiant des rôles inquiétants, le député « respectable » dont l’image est ternie par les frasques de son frère dans « Un linceul n’a pas de poche » (1974), l’assassin tourmenté dans « L’ibis rouge » (1975), un entrepreneur véreux dans « Le roi des bricoleurs » (1976), l’insupportable supporter vindicatif dans « A mort l’arbitre » (1983), l’enquêteur muet des assurances dans « Le miraculé » (1986), où il retrouve son compère Jean Poire. Serrault suit Mocky dans sa folie, ne résistant pas à se transformer, à aller très loin dans l’absurde. Il lui restera fidèle du maire manipulateur au physique de gargouille dans « Ville à vendre » (1991), du pique-assiette déguisé en écossais dans « Bonsoir » (1992), le mafioso toqué dans « Le furet » (2002), au commissaire ambigu dans « Grabuge ! », jusqu’à « Le bénévole » en 2005. Les premiers rôles dramatiques arrivent dans les années 70, comme celui du maître chanteur pince sans rire dans « La main à couper » où il terrorise avec cynisme Léa Massari, il montre à nouveau la subtilité de son jeu. Pierre Tchernia son ami de toujours lui offre l’occasion d’exprimer son génie avec son increvable « Viager » en 1971, où il excelle dans la composition, d’un homme trouvant le goût à la vie en passant de 60 ans à 100 ans. Il faut aussi citer l’excellent « La gueule de l’autre » (1979) – adaptation de la pièce « Opération Lagrelèche », l’une des création du comédien, où il retrouve Jean Poiret, et où il est formidable dans un double rôle. On le retrouve en employé timoré d’une entreprise de sécurité dans « Bonjour l’angoisse » (1987). Pour la télévision Tchernia, lui propose quelques excellentes adaptations de l’œuvre de Marcel Aymé. En 1972, il intègre le bestiaire de Jean Yanne cinéaste, pour une joyeuse galerie de français moyens, qui vont parfois jusqu’à la traitrise comme dans « Tout le monde il est beau… ». En 1973 il crée avec Jean Poiret, la célèbre pièce « La cage aux folles », qui malgré quelques polémiques au départ, connaît un énorme succès. Curieusement, il n’existe que quelques extraits filmés, on peut déplorer qu’il n’existe pas une captation de cette pièce. Il rencontre enfin un metteur en scène conforme à la singularité de ses interprétations avec Bertrand Blier, avec l’archétypal voisin encombrant dans « Préparez vos mouchoirs » (1977). Il est remarquable dans la scène d’introduction de « Buffet froid » (1979) en quidam assassiné – il faut l’entendre comparer mourir… à un robinet qui se vide. Sa courte prestation non créditée instille un climat unique au reste du film, montrant tout le désarroi du monde en très peu de scènes. Il ne retrouvera Blier qu’en 1999 , avec « Les acteurs », à noter que le cinéaste le « soigne » particulièrement en soulignant sa mauvaise humeur permanente qu’il oppose avec le bon caractère de Jean-Paul Belmondo, ou ses habitudes à vouloir toujours rester au devant de la scène (5). Le comédien se prête allégrement à ce réjouissant jeu de massacre.

Dans « Le naïf aux 40 enfants »

Ce n’est qu’en 1978, qu’un film est adapté de « La cage aux folles », réalisé avec brio par Édouard Molinaro, Ugo Tognazzi – qui refusa de jouer en français -, remplaçant Jean Poiret en raison d’une co-production avec l’Italie. Le film connaît deux suites, Serrault montrera derrière la loufoquerie de son personnage, une grande humanité et une grande sensibilité, il recevra d’ailleurs le César du meilleur acteur, ce qui est assez rare pour un rôle dit comique. Il gagne en Italie le David Donatello 1979, du meilleur acteur. Fort du succès de « La cage aux folles », il y tourne « Le coucou », avec Tomas Milian, où il joue le rôle d’un coiffeur hétérosexuel obligé de jouer les « Zaza Napoli » pour fidéliser la clientèle. Au début des années 80, Federico Fellini l’envisage pour tourner dans « E la nave va », rôle tenu finalement par Freddie Jones. Toujours en Italie, il tournera un Risi mineur « Dagobert » (1984) – à noter que ce grand croyant s’amuse, à l’instar du film « Le libertin » (1999), avec les travers de la religion -., et avec Luigi Comencini avec « Joyeux Noël, bonne année » (1989), qui le couple avec Virna Lisi. En 1978 il fait une rencontre déterminante avec Christian de Chalonge qui lui donnera un étonnant contre-emploi en austère directeur d’une banque dans « L’argent des autres » (1978). Pour ce réalisateur, il sera le commanditaire trouble de Jacques Perrin dans « Les quarantièmes rugissants » (1981) , il composera un inquiétant docteur Petiot, tout en rajoutant une dose assez inédite de farce et de fantastique dans l’un de ses meilleurs rôles dans le film éponyme (1990), en 1996, il reprendra le rôle de Sacha Guitry pour « Le comédien » (1996), film osant aller jusqu’à un côté expérimental, et en début d’année il fut un admirable Harpagon dans « L’avare » pour France 3, téléfilm qui ne fut pourtant que quatrième des audiences – allez vous plaindre que la qualité déserte le service public après ça… Avec « L’associé » (1979) , il trouve l’un de ses meilleurs rôles, malgré la fade réalisation de René Gainville, avec le rôle d’un homme s’inventant un associé, seul moyen pour lui de faire valoir son sens des affaires. Claude Chabrol l’emploie en chapelier fou dans « Les fantômes du chapelier » (1982), le laissant aller dans l’outrance pour l’une des meilleurs adaptations de l’œuvre de Simenon. Il y est extraordinaire face à Charles Aznavour composant un tailleur le suivant comme son ombre. Il ne retrouvera Chabrol que pour « Rien ne va plus » (1997) où il compose avec Isabelle Huppert un croquignolet couple d’escrocs prêts à toutes les extravagances. Claude Miller, le pousse à aller dans l’opacité de l’âme humaine avec « Garde à vue » (1981) en le faisant incarner un notaire se qualifiant de médiocre soupçonné de meurtre et de pédophilie  et en détective poursuivant le fantôme de sa fille dans « Mortelle randonnée » (1982). Ces films bénéficient du brio de des dialogues  « dernière manière » de Michel Audiard, qui retrouve en Serrault un formidable interprète avec « On ne meurt que deux fois » de Jacques Deray, une des meilleures composition de l’acteur en policier désabusé. Le comédien continue à varier les univers en passant de l’austère M. Arnaud dans « Nelly et Monsieur Arnaud » – le mimétisme avec son réalisateur Claude Sautet est absolument remarquable -, ex homme de loi et affairiste louche, au picaresque film « Le bonheur est dans le pré » en père de famille ballotté par les événements et phagocyté par un copain encombrant joué par Eddy Mitchell. On pouvait espérer avec sa composition de peintre dans « Artemésia » pour Agnès Merlet, qu’il participe à des œuvres de jeunes metteurs en scènes. Il le fit finalement assez peu, même si sa prestation de tueur froid dans le très bon « Assassin(s) » de Mathieu Kassovitz, le fait participer à un de ses meilleurs films. Il le défendit d’ailleurs avec énergie contre quelques polémiques à Cannes, comme une proposition. Si on le cantonne assez souvent dans des rôles de grands-pères grognons ces dernières années, lui qui fut un formidable Paul Léautaud dans « Comédie d’amour » (1989). Il excelle toujours pourtant, en paysan désabusé face à Mathilde Seigner, dans « Une hirondelle fait le printemps », en paisible retraité paisible dont la morne vie bascule avec l’arrivée d’une petite fille dans « Le papillon », le villageois ardennais qui refuse de fuir l’invasion allemande dans « Les enfants du pays », et qui ne sait que faire de l’arrivée de tirailleurs africains, ou le docteur résistant « père tranquille » dans « Monsieur Léon » téléfilm diffusé sur TF1. Il est particulièrement remarquable dans le mésestimé « Mode de Marty » (1999), en grand malade claquemuré dans le silence, il arrive avec ce rôle muet – il ne s’exprime qu’en voix off – et quasi paralysé à incarner la détresse d’un homme en fin de vie. Dans un « coeur oublié », il incarne à la télévision un brillant Fontenelle (1965-1757), écrivain doté d’un brillant esprit découvrant l’amour sur le tard. En définitive il faudrait commenter toute sa filmographie, car il ajoute toujours à la moindre de ses compositions, un talent jamais dementi.


Pour finir par une touche plus personnelle, je garderai un excellent souvenir de sa venue à Bordeaux lors de l’avant-première du film de Christian Carion, « Le bonheur est dans le pré ». Il avait fait un numéro remarquable sur la scène – quelques esprits chagrins trouvaient qu’il en faisait trop -. J’ai eu la chance d’avoir un début très plaisant de conversation avec lui, il était très accessible, avant de me faire neutraliser avec la dernière énergie avec une virago bordelaise qui souhaitait l’entretenir également en s’improvisant véhicule d’auto-tamponneuse. Le comédien m’avait fait l’impression de tenir à son public.

Nota : (1)     « Michel Serrault par Jean-Jacques Jelot-Blanc », collection « Têtes d’affiches » (Éditions Pac, 1985). (2)     « Sautet par Sautet », de N.T. Bihn & Dominique Rabourdin (Éditions La Martinière, 2005). (3)     « Positif N°358 », décembre 1990. (4) La première rencontre avec Jean-Pierre Mocky, semble bien dater de 1966, et non de 1962 avec « Les vierges » – j’avais retiré ce titre en complétant sa filmographie sur sa fiche « Wikipédia », un internaute l’a rajouté en évoquant la page 178 de son livre « Vous avez dit Serrault ? », où le comédien raconte qu’il avait accepté de faire de la figuration en accompagnant Jean Poiret. Si Jean-Jacques Jelot-Blanc parle bien, dans son livre de 1985, de la participation de Michel Serrault en tant que figurant dans ce film, il précise pourtant que l’intéressé n’en gardait aucun souvenir. On ne le retrouve d’ailleurs ni  dans la version câblée et ni dans celle du DVD désormais disponible chez « Pathé ». (5) Le comédien aimait à occuper l’écran, à l’instar de l’anecdote racontée par Féodor Atkine dans le bonus du DVD de « Ville à vendre » de Mocky. En dehors de toutes les règles que peuvent imposer une script, Serrault réussissait à tourner autour de l’axe de la caméra. Il arrivait de la sorte, à se retrouver à la fois dans le champ et dans le contrechamp !

Filmographie : 1954   Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac) – Les diaboliques (Henri-Georges Clouzot) – 1955  Cette sacrée gamine (Michel Boisrond) – 1956  La vie est belle (Roger Pierre & Jean-Marc Thibault) – La terreur des dames (Jean Boyer) – Assassins et voleurs (Sacha Guitry) – Adorables démons (Maurice Cloche) – 1957  Le naïf aux quarantes enfants (Philippe Agostini) – 1957  Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) –  Ça aussi c’est Paris (Maurice Cloche, CM) – Clara et les méchants (Raoul André) – 1958  Porte océane (Ado Kyrou, CM) – Nina (Jean Boyer) – Oh ! Qué mambo (John Berry) – Musée Grévin (Jacques Demy, CM) – Messieurs les ronds de cuir (Henri Diamant-Berger) – 1959  Vous n’avez rien à déclarer ? (Clément Duhour) – 1960  La Française et l’amour [épisode : « Le divorce »] (Christian-Jaque) – Candide ou l’optimisme du XXème siècle (Norbert Carbonnaux) – Ma femme est une panthère (Raymond Bailly) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry & Pierre Tchernia) – La gamberge (Norbert Carbonnaux) – 1962  Le repos du guerrier (Roger Vadim) – Nous irons à Deauville (Francis Rigaud) – Les quatre vérités [épisode « Le corbeau et le renard »] (Hervé Bromberger) – Un clair de lune à Maubeauge (Jean Chérasse) – Clémentine chérie (Pierre Chevalier) – Comment réussir en amour (Michel Boisrond) – 1963  L’inconnue dans la cité (Claude Guillemot, CM) – Carambolages (Marcel Bluwal) – Comment trouvez-vous ma sœur ? (Michel Bosirond) – Bébert et l’omnibus (Yves Robert) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – Les durs à cuire ou comment supprimer son prochain sans perdre l’appétit (Jack Pinoteau) – 1964  La chasse à l’homme (Édouard Molinaro) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl & Maurice Delbez) – Le petit monstre (Jean-Paul Sassy & Georges Mathiot, inédit) – La bonne occase (Michel Drach) – Moi et les hommes de quarante ans (Jacques Poitrenaud) – Les combinards (Jean-Claude Roy) – Cent briques et des tuiles (Pierre Grimblat) – 1965  La tête du client (Jack Poitreaud) – Le lit à deux places [épisode « Le monsieur de passage »] (François Dupont-Midy) – Le caïd de Champignol (Jean Bastia) – Quand passent les faisans (Édouard Molinaro) – Bon week-end / Les enquiquineurs (Roland Quignon) – Les baratineurs (Francis Rigaud) – 1966  Le roi de cœur (Philippe de Broca) – Du mou dans la gâchette (Louis Grospierre) – Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky) – 1967  Le grand bidule (Raoul André) – Le fou du Labo 4 (Jacques Besnard) – A tout casser (John Berry) – Ces messieurs de la famille (Raoul André) – 1969  Un merveilleux parfum d’oseille (Renaldo Bassi) – Appelez-moi Mathilde (Pierre Mondy) – Qu’est-ce qui fait courir les crocodiles ? (Jacques Poitrenaud) – Ces messieurs de la gâchette (Raoul André) – 1970  La liberté en croupe (Édouard Molinaro) – Le cri du cormoran, le soir au dessus des jonques (Michel Audiard) – 1971  Le viager (Pierre Tchernia) – 1972  Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne) – Un meutre est un meutre (Étienne Périer) – La belle affaire (Jacques Besnard) – Moi, y’en a vouloir des sous (Jean Yanne) – 1973  Le grand bazar (Claude Zidi) – Les gaspards (Pierre Tchernia) – Les Chinois à Paris (Jean Yanne) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – La main à couper (Étienne Périer) – 1974  Un linceul n’a pas de poches (Jean-Pierre Mocky) – C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (Jacques Besnard) – 1975  L’ibis rouge (Jean-Pierre Mocky) – Opération Lady Marlène (Robert Lamoureux) – La situation est grave mais pas désespérée (Jacques Besnard) – 1976  Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1977  Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier) – 1978  L’agent des autres (Christian de Chalonge) – La cage aux folles (Édouard Molinaro) – L’esprit de famille (Jean-Pierre Blanc) – 1979  L’associé (René Gainville) – La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – Buffet froid (Bertrand Blier) – Il lupo e l’agnello (Le coucou) (Francesco Massaro) – 1980  Pile ou face (Robert Enrico) – La cage aux folles 2 (Édouard Molinaro) – Malevil (Christian de Chalonge) – 1981  Garde à vue (Claude Miller) – Les 40e rugissants (Christian de Chalonge) – Nestor Burma, détective de choc (Jean-Luc Miesch) – 1982  Les fantômes du chapelier (Claude Chabrol) – Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – Mortelle randonnée (Claude Miller) – 1983  Le bon plaisir (Francis Girod) – À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky) – 1984  Dagobert (Le bon roi Dagobert) (Dino Risi) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985  On ne meurt que deux fois (Jacques Deray) – La cage aux folles 3, « elles » se marient (Georges Lautner) – Mon beau-frère a tué ma soeur (Jacques Rouffio) – 1986  Le miraculé (Jean-Pierre Mocky) – 1987  Ennemis intimes (Denis Amar) – En toute innocence (Alain Jessua) – Bonjour l’angoisse (Pierre Tchernia) – 1988  Ne réveillez pas un flic qui dort (José Pinheiro) – 1989  Comédie d’amour (Jean-Pierre Rawson) – Buon natale… buon anno (Joyeux Noël, bonne année) (Luigi Comencini) – Docteur Petiot (Christian de Chalonge, + producteur délégué) – 1990  La vieille qui marchait dans la mer (Laurent Heynemann) – 1991  Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – Room service (Georges Lautner) – 1992  Vieille canaille (Gérard Jourd’hui) – Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1995 Nelly et Monsieur Arnaud (Claude Sautet) – Le bonheur est dans le pré (Étienne Chatiliez) – Beaumarchais, l’insolent (Édouard Molinaro) – 1996  Assassin(s) (Mathieu Kassovitz) – Artemisia (Agnès Merlet) – Rien ne va plus (Claude Chabrol) – Le comédien (Christian de Chalonge) – 1998  Article premier (Mathieu Kassovitz, CM) – Le monde de Marty (Denis Bardiau) – Les enfants du marais (Jean Becker) – 1999  Le libertin (Gabriel Aghion) – Les acteurs (Bertrand Blier) – 2000  Belphégor, le fantôme du Louvre (Jean-Paul Salomé) – Une hirondelle a fait le printemps (Christian Carion) – Vajont (La folie des hommes) ((Renzo Martinelli) – 2002  Le furet (Jean-Pierre Mocky) – Le papillon (Philippe Muyl) – Vingt-quatre heures d’une vie d’une femme (Laurent Bouhnick) – 2003  Albert est méchant (Hervé Palud) –  Ne quittez pas ! (Arthur Joffé, voix seulement) –  2004  Grabuge! (Jean-Pierre Mocky) – 2005  Joyeux Noël (Christian Carion) – Les enfants du pays (Pierre Javaux) – Le bénévole (Jean-Pierre Mocky) – Antonio Vivaldi, un prince à Venise (Jean-Louis Guillermou) – 2006  Pars vite et reviens tard (Régis Wargnier).

Divers : 2004 : Participation aux « nouveaux refus » proposées en bonus du DVD du film de Laurent Baffie : « Les clefs de bagnole ».

 

Télévision : 1954  Ce qu’a vu le vent d’est (Marcel L’ Herbier) – 1955  Knock ou le triomphe de la médecine (Marcel Cravenne) – 1956  Mon bébé (Marcel Cravenne) – Sur un air de cabaret (Alexandre Tarta, divertissement, CM) – 1957  L’habit vert (Marcel Cravenne) – Un ami d’autrefois : Alphonse Allais (André Hugues, divertissement) – 1957  Un ami d’autrefois : Rip (André Hugues, divertissement) – 1958  Monsieur Badin (François Chatel, CM) – Télé variétés (François Chatel, divertissement) – 1959  Ceux de 1900 (Jean-Paul Carrère, divertissement) – L’Anglais tel qu’on le parle (Marcelle Cravenne) – La malle volante (Marcel Cravenne) – 1961  On purge bébé (Marcel Bluwal) – 1964  Les fables de la fontaine : Le loup et les chiens – 1966  Quand épousez-vous ma femme (Jean Dauriac, sous réserves) – 1967  Monsieur Badin (François Chatel, CM) – Au théâtre ce soir : Pour avoir Adrienne (Pierre Sabbagh) – Cette nuit-là à Bethléem (André Fey, sous réserves) – 1968  Le bourgeois gentilhomme (Pierre Badel) – 1972  Aujourd’hui à Paris (Pierre Tchernia) – 1977 Les folies d’Offenbach (Michel Boisrond) – Le passe-muraille (Pierre Tchernia) – 1978  La grâce (Pierre Tchernia) – 1982  Le voyageur imprudent (Pierre Tchernia, cameo) – 1991  L’huissier (Pierre Tchernia) – Héloïse (Pierre Tchernia) – 1992  Le secret du petit milliard (Pierre Tchernia) – 1995  Tel est Serrault (Jean-Luc Prévost, documentaire) – 2000  Un coeur oublié (Philippe Monnier) – 2003  L’affaire Dominici (Pierre Boutron) – Épreuves d’artistes (Gilles Jacob & Samuel Faure, documentaire, images d’archives tournées au Festival en 1997) – 2004  Michel Serrault, le portrait (Gérard Jourd’hui, documentaire) – 2006  Mocky circus (Emmanuel Barnault, documentaire) – Monsieur Léon (Pierre Boutron) – L’avare (Christian de Chalonge).


©   Le coin du cinéphage

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Ulrich Mühe

Annonce de la mort du comédien Ulrich Mühe des suites d’un cancer de l’estomac, à l’âge de 54 ans, le 22 juillet dernier. Cet acteur originaire de l’ex-RDA, avait un parcours théâtral particulièrement impressionnant. Son visage nous était familier depuis quelques films comme « Schtonk ! », comédie mordante sur un faussaire écrivant de faux carnets d’Hitler, ou dans le beau film de Costa-Gavras, « Amen » où il incarne un officier nazi chantre de l’extermination et de la solution finale. Michael Haneke, l’emploie, il est impressionnant en père de famille victime de la violence gratuite de deux jeunes BCBG, où il retrouve sa propre femme Susanne Lothar. Depuis 1998, il était le héros d’une série télévisée “Der letzte zeuge” (“Le dernier témoin”) – 73 épisodes selon IMDB -, où il jouait un médecin légiste habile à résoudre les affaires criminelles, série hélas présentée ces derniers temps en version française sur Arte, dans un souci aberrant de devenir une sous « France 3 ». Il venait de connaître une consécration internationale avec sa très subtile composition de son personnage de Gerd Wiesler, un espion tatillon de la Stasi, dont le comportement va changer suite aux écoutes répétées d’un auteur de théâtre. Il reçoit pour cette prestation le prix du meilleur acteur aux European Film Awards et le prix du meilleur acteur aux German Awards. Son humanité nous permettait d’accepter son évolution, même si il avait été reproché au film qu’aucun officier de la Stasi, n’avait eu pareille trajectoire. Il avait été en conflit en 2006 avec son ex-femme Jenny Gröllmann, qu’il accusait d’être complice avec la Stasi qui le surveillait, ce qu’elle avait nié peu avant sa mort. « La vie des autres » récompensé d’un oscar du meilleur film étranger, doit lui devoir beaucoup de son succès.

Filmographie : 1982  Olle Henry (Ulrich Weiss) – 1984  Die frau und der fremde (Rainer Simon) –  Hälfte des Lebens (La moitié de la vie) (Hermann Zschoche) – 1985 Sansibar oder der letzte grund (Bernhard Wicki) – 1986  Das spinnennetz (La toile d’araignée) (Bernhard Wicki) – 1989  Hard days, hard nights (Horst Königstein) – Sehnsucht (Jürgen Brauer) – 1990  Benny’ s Video (Id) (Michael Haneke) – Die zeit ist aus den fugen (Christoph Rüter, documentaire) – Schtonk ! (Id) (Helmut Dietl) – Rönnes Reise (Karin Reiss, CM) – 1993 Engelchen (Petit ange) (Helke Misselitz) – 1994 Der blaue (Lienhard Wawrzyn) – 1995  Rennschwein Rudi Rüssel (Rudi, le petit cochon) (Peter Timm) – 1996 Funny Games (Id) (Michael Haneke) – Peanuts – Die bank zahlt alles (Carlo Rola) – Nikolaikirche (L’église Saint-Nicolas) 1997  Das Schloβ/Das Schloss (Le château) (Michael Haneke) – Feuerreiter (Hölderlin, le cavalier de feu) (Nina Grosse) – Sterben ist gesünder (Gert Steinheimer) – 1998  Sieben Monde (Peter Fratzscher) – 1999  Straight Shooter (Titre TV : « Tueur d’élite ») (Thomas Bohn) – 2000  Goebbels und Geduldig (Kai Wessel) – 2001  Amen. (Amen) (Costa-Gavras) – 2003  Hamlet X (Herbert Fritsch) – Spy Sorge (Masahiro Shinoda) – 2004  Schneeland (Au pays de la neige) (Hans W. Geissendörfer) – 2005  Das leben der Andersen (La vie des autres) (Florian Henckel Von Donnersmarck) – 2006  Mein Führer – Die wirklich wahrste wahrheit über Adolf Hitler (Dani Levy) – 2007  Nemesis (Nicole Mosleh) – Verwehte (Tobias Dörr, CM). Télévision (notamment) : 1982  Der mann und seine name (Vera Loebner) – 1985  Das Buschgespenst (Vera Loebner) – 1986 Schauplatz « Spinnennetz » (Jürgen Haase) – 1998-2007 Der Letze Zeuge (Le dernier témoin) (plusieurs réalisateurs) – 2006  Peer Gint (Id) (Uwe Janson).

NO VACANCY

Pierre Tchernia & Michel Serrault sur le tournage du « Viager »

La grande faucheuse nous enlève trois génies – dans le sens sens non galvaudé – du cinéma, Michel Serrault, Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, sans oublier le comédien allemand Ulrich Mühe. Et comme il faut bien prendre des vacances, rendez-vous pour quelques hommages à partir de la mi-Août. En attendant ne manquez pas les hommages rendus actuellement à Michel Serrault : « Nelly et M.Arnaud » sur France 3 ce soir, suivi d’un documentaire épatant « Michel Serrault, le portrait » à 22h55, et jeudi sur cette même chaîne l’excellent « Le viager » (« Faites-moi confiance ! ») suivi de « Garde à vue ». A bientôt.

LE FILS DE L’HOMME INVISIBLE EST UN FUMEUR DE GITANES

Peut-on revenir sur les polémiques actuelles concernant « Wikipédia » histoire d’apporter un peu d’eau au moulin contre ce site « work in progress » (1). Les failles de ce site en mouvement ont été signalées par des étudiants de Sciences-Po, quelques peu affabulateurs, rajoutant des erreurs ici ou là – sur les biographies de Pierre Assouline ou Tony Blair -. C’est un petit jeu, un tantinet pervers de « cheval de Troie » assez cavalier à vrai dire, mais nous rappelant que le web est source d’erreurs et de fausses informations. Citons l’exemple de la fiche concernant François Berléand. Un journaliste du « Nouvel observateur » avait fait une erreur dans sa biographie. Le comédien fumait alors des gitanes, résultat l’article imprimait que sa mère était gitane par un amalgame assez curieux ! Avec son humour habituel, il m’a confié que comme il fume désormais des cigarettes Malboro, il a peut être échappé au fait de ne plus être « Le fils de l’homme invisible », mais celui du cow-boy du même nom. Et bien évidemment un internaute a repris cette information dans le site de « Wikipédia », j’ai pu la corriger avant qu’elle ne se répande comme une trainée de poudre. C’est le même problème que j’évoquais sur le site d’IMDB, voir la note ici. Il y a désormais des filmographes – moi le premier d’ailleurs -, qui prennent ce site comme base de travail, il n’est pas rare de voir d’énormes erreurs reprises, mais qui peuvent me permettre de rectifier le tir par la suite. Par exemple, il y a le cas des titres français, sur « French imdb », « Les nerfs à vif » (1962) de Jack Lee Thompson avait pour titre « Cap de la peur » – traduction littérale de « Cap fear », même problème pour « Sandra » de Luchino Visconti (1965), devenant par les malices de la traduction, « Vagues étoiles de la grande ourse » (sic). Impossible de référencer toutes les erreurs vues sur ce site à mon petit niveau, mais le web génère le meilleur comme le pire. Mais il serait injuste de jeter complètement l’opprobre sur ce genre de site, il suffit parfois d’internautes avisés, comme sur « Wikipédia » notamment, quelques inconnus rajoutent les petits rôles du cinéma français, suite au visionnage du câble ou de DVD, qui peut se targuer de connaître par exemple Palmyre Levasseur dans « La vie à deux » (1958). Il faut donc faire preuve de vigilance mais aussi d’indulgence, quelques passionnés monomaniaques pouvant partager leurs passions. François Berléand vient lui de terminer hier le tournage de « Cash » d’Éric Besnard, qui bénéficie d’un scénario formidable, et il devrait entamer prochainement le tournage de « Cinéman » prochain film de Yann Moix, où il devrait camper un grand méchant… (1) « Libération du 9 juillet 2007, article de Frédérique Roussel ».

À L’INTÉRIEUR

En cette période de disette cinématographique, on ne peut que se jeter sur ce film comme la misère sur le bas clergé de notre cinéma hexagonal. Le 8 juin dernier, il y avait eu une avant-première du film en présence des deux réalisateurs Alexandre Bustillo et Julien Maury. Ils aiment le cinéma de genre et ne jouent pas à rigoler avec les codes, ce qui est hautement honorable ces derniers temps. Il y a cependant une volonté évidente de désarçonner le spectateur, à l’instar d’un Gaspar Noé et d’une Marina de Van. Le résultat est divers pour les spectateurs, les rigolards sont parfois de sortie histoire de conjurer la peur – ce qu’ils assument -, les autres suivent le spectacle de manière plus calme, se laissant prendre par une mise en scène énergique. Pour Alexandre Bustillo, ancien journaliste à Mad Movies, la seule violence intolérable du film provient de scènes d’archives, lors de mouvements sociaux dans les banlieues. Le procédé est loin d’être gratuit, une menace sourde pèse sur la ville, laissant une mère de famille enceinte, qui a perdue son mari dans un accident dans une inquiétude sourde la veille de son entrée à l’hôpital pour son accouchement. Elle se réfugie chez elle un soir de Noël. Et bien évidemment une inconnue rode devant la porte. La bonne idée ici c’est d’avoir féminisé le slasher, ce qui installe un curieux malaise face à nos propres tabous sur la maternité. L’intruse c’est Béatrice Dalle dans un registre proche du « Trouble every day » de Claire Denis, dans une composition forte et névrotique. Ils ne tarissent d’ailleurs pas d’éloge sur cette comédienne et souhaitent continuer à travailler avec elle. Le film a de grandes qualités, les deux cinéastes sont cinéphiles, il y a donc un petit jeu des références qu’ils assument, de l’appareil photo de « Fenêtre sur cours » d’Hitchcock aux murmures du prénom de l’héroïne échappés à l’œuvre de Dario Argento. Ils citent aussi bien « Les innocents » (1961) de Jack Clayton, que la série des « Halloween », l’étonnant « Giallo », publié il y a peu en DVD chez « Neopublishing », « Folie meurtrière » (Tonino Valerii, 1972), surprenante réussite du genre, ou au mésestimé « Mort un dimanche de pluie » (Joël Santoni, 1986). L’utilisation d’une villa existante est habile – pour la petite histoire, elle est souvent louée pour des tournages, c’était là par exemple qu’habitaient André Dussollier et Martine Chevallier dans « Ne le dis à personne » -. Les scènes d’agressions sont d’ailleurs réellement angoissantes. Seule la salle de bain est un décor de studio.

Julien Maury & Alexandre Bustillo

Les cinéastes ne rechignent donc pas sur les effets gore, arrive à faire naître une angoisse par le jeu des apparitions-disparitions, les maquillages probants, de l’utilisation du cadre et des lumières. Alysson Paradis en héroïne quelque peu malmenéE et blessée par la vie est particulièrement convaincante, il y a de plus un effort sur la distribution pour incarner des archétypes, limites caricaturaux, de Nathalie Roussel, méconnaissable en mère de famille, Nicolas Duvauchelle terminant en pantin désarticulé, François-Régis Marchasson en patron secourable, ou Aymen Saïdi, seul personnage sympathique du film finalement dont le destin bascule par la seule raison d’un « délit de faciès ». Autre présence très forte, c’est celle de Dominique Frot – sœur de Catherine -, dont le rôle a pourtant été un peu coupé au montage, installant un certain malaise en infirmière givrée au début du film, c’est une comédienne toujours surprenante, elle réussit ici une prestation particulièrement glaçante. Ce film est donc une sorte d’expérimentation, sur le thème archi-battu du « survival », le générique a d’ailleurs été fait de manière artisanale avec une plaque en verre et quelques viscères. On ne peut que louer l’ensemble, malgré quelques flottements ici ou là, mais il est clair que ces deux jeunes metteurs en scène ont un sacré talent avec un budget très modeste et un manque d’expérience au préalable. Le film n’a été interdit qu’au moins de 16 ans, ce qui est important pour la rentabilité du film, on connaît celle de moins de 18 ans pour « Saw III », que l’on dit pourtant moins dérangeant. Il convient donc de les encourager ce tandem de cinéastes, que l’on risque évidement  de retrouver à l’instar d’un Alexandre Aja, aux États-Unis. 

Pour info, sur « 13ème rue » chaîne, que je n’ai pas hélas, il y a ce mardi à 22h50 « Mister Mocky présente… d’après les nouvelles d’Alfred Hitchcock » dans le cadre des « Mardis Mocky ». C’est une série de trois courts-métrages inédits de 1991, pour une question de droits je crois », avec ce soir « La méthode Barnol » avec Jean Poiret, Roland Blanche, Dominique Zardi. L’histoire : « Un homme d’une quarantaine d’années ne supporte plus la présence du père de son épouse chez lui. Pour hériter de la maison, il décide de monter un stratagème… ». Souhaitons que ce courts et les deux suivants « La vérité qui tue » et « Dis-moi qui tu hais », sortent dans la collection Mocky en DVD.

Le cinéaste australien Richard Franklin est mort le 11 juillet dernier à Melbourne (Australie) d’un cancer de la prostate. On lui doit quelques films fantastiques dont « Patrick » (1978) sur la télékinésie étonnant film, grand prix au festival d’Avoriaz ou « Link » (1985), avec Elisabeth Shue et Terence Stamp, histoire d’un chimpanzé cobaye trop évolué, sans oublier une suite en 1983, dispensable sans être indigne au célèbre « Psychose » d’Hitchcock avec le retour de Vera Miles, confère les informations sur Senseofcinema.