Annonce de la mort de Jacques Martin, le 14 septembre dernier, à Biarritz. Évidemment il est important de rendre hommage à cet homme cultivé, qui pariait sur l’intelligence du spectateur, respect totalement perdu de vue – Patrick Le Lay est passé par là -. Il débute à la télévision en 1961 avec « Dimanche en France » sur Télé Strasbourg. Il avait bousculé avec Jean Yanne, la télévision du début des années 60, notamment avec « Un égale 3 » en 1964. Le sketch désormais célèbre de Napoléon transformé en champion cycliste, qu’ils jouaient avec Paul Mercey et Lawrence Riesner, sonna le glas de cette émission. Cette même année il escalade la façade de « Radio Luxembourg ». En 1969, il co-anime avec Danièle Gilbert – qu’il surnomme la « Grande Duduche » -, « Midi-Magazine ». En 1975, il connaît un énorme succès public sur TF1 avec « Le petit rapporteur », resté culte depuis. En 1977, il passe de TF1 à France 2, anime « Bon dimanche » jusqu’en 1978, présente « L’école des fans » – si souvent parodiée -, « Thé dansant », « Si j’ai bonne mémoire » (1983), « Le monde est à vous » (1987), etc… L’arrêt assez brutal de « Sous vos applaudissements » en 1998, suite à ses problèmes de santé – il fut remplacé par Jean-Claude Brialy -, semble l’avoir fortement meurtri. Ce surdoué dans la drôlerie, capable d’écrire une chanson sur un coin de table « Et vlan, passe-moi l’éponge », d’interpréter des opérettes, variait les plaisirs et était un découvreur de talents (Pierre Bonte, Piem, Virginie Lemoine, Laurent Gerra et même Julien Courbet). Louons Laurent Ruquier, de lui avoir rendu hommage, à l’instar de l’annonce de la mort d’Anne-Marie Carrière, dans une télévision rapidement et ingrate. Le cinéma emploie parfois son tempérament comme acteur. Il figure l’animateur de radio trottoir dans « L’amour avec des si » (Claude Lelouch, 1963) – il le retrouvera l’année suivante avec « La femme spectacle » -, le compagnon de beuverie bavard de Jean-Claude Brialy dans « Comment épouser un premier ministre » (Michel Boisrond, 1964), un chanteur lyrique dans « Qui êtes-vous Polly Maggoo ? » (William Klein, 1965), un garde mobile constamment assommé dans « Monsieur le Président-directeur-général » (Jean Girault, 1966), un vendeur dans « Érotissimo » (Gérard Pirès, 1968), l’ami de Claude Berri qui le convainc de transformer sa libraire en sex-shop dans « Sex-shop » (Claude Berri, 1972), et un patron de boîte de nuit qui emploie Romy Schneider dans « La passante du sans-souci » (Jacques Rouffio, 1981). Il trouve même un rôle de premier plan dans le téléfilm « Le rescapé de Tikeroa » (Jean L’Hôte, 1981), où il est un gendarme français qui veut faire preuve d’autorité dans un archipel de Tahiti en 1939, au début de la seconde guerre mondiale. Il joue même son propre rôle dans « Les cinq dernières minutes », épisode « Les feux de la rampe » (Daniel Losset, 1995), dans un épisode ou le commissaire Massard – Pierre Santini – enquête sur l’assassinat d’une danseuse lors d’un enregistrement de l’émission du dimanche au Théâtre de l’Empire. Mais la vraie curiosité de son parcours cinématographique, reste son seul film comme réalisateur « Na ! » qu’il écrit, interprète et met en musique. C’est grâce à Christophe Bier que j’ai vu cet incunable, paru en VHS chez « Film à film », resté invisible de nombreuses années à la télévision, d’ailleurs. Il mérite que l’on s’y arrête un peu, ironie du sort j’avais crée une ébauche de fiche du film sur « Wikipédia » après l’avoir fait sur IMDB avant l’annonce de sa mort. Le film réalisé en 1972, n’avait pas fait recettes, Jacques Martin déclarait parfois devoir continuer à faire de la télévision pour payer ses dettes. Le film contemporain de « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de son ami Jean Yanne, fait preuve du même mauvais esprit, même s’il est moins mordant, narre les mésaventures de personnes âgées en révolte contre la Sécurité Sociale.
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